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  • : JULIEN CHAMPAGNE
  • : Site consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.
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...consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.


Peintre et dessinateur, Julien Champagne est surtout connu de nos jours pour avoir illustré les ouvrages de Fulcanelli, un mystérieux alchimiste contemporain.

Et pourtant, il figure au Bénézit, la "Bible" internationale des créateurs. Et suivant son ami Eugène Canseliet, il fut bien un maître du pinceau et du crayon.

C'est à la découverte de cet artiste méconnu, mais profondément attachant, que je voudrais vous inviter. Je voudrais aussi vous demander de ne pas hésiter à enrichir mes articles de vos propres commentaires et de vos découvertes personnelles.

Bon voyage donc au pays légendaire de Julien Champagne.

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24 avril 2007 2 24 /04 /avril /2007 21:19


En cette soirée de la Saint Fidèle, je reviens un peu vers Julien Champagne pour un bref article que je dois une fois de plus à Walter Grosse, dont vous connaissez déjà le site consacré à Fulcanelli:

http://www.fulgrosse.com/

Son dernier article en date porte notamment sur le produit d'un recensement effectué en 1926, dont il a publié une partie des résultats :

http://www.fulgrosse.com/article-6434752.html

Il s'agit ici des résultats de ce recensement qui concernent le 59bis de la rue Rochechouart, à Paris, où à l'époque habitaient au 6ème étage, Julien Champagne, Eugène Canseliet et un certain Grappelli, dont nous avons déjà évoqué la mémoire et qui n'est autre que le père de Stéphane Grappelli:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-3733333.html

A juste titre, Walter Grosse fait remarquer que le Champagne dont il est question dans l'extrait ci-dessus du recensement est prénommé Jean, et est dit être né en 1876 dans le département de la Somme, enfin est présenté comme chimiste.

Le doute semble donc permis, puisque l'artiste Julien Champagne est en fait de 1877 et que sa naissance a eu lieu dans le département de la Seine:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-2258329.html
http://www.archerjulienchampagne.com/article-2241312.html

N'oublions pas tout de même que "notre" Champagne s'appelait officiellement Jean Julien....Quant à sa qualité de chimiste, elle ne surprendra pas les lecteurs de ce site.

Je reconnais cependant que les rubriques "Somme" et "1876" sont plus difficiles à expliquer, mais je ne crois guère pour l'instant à l'existence d'un Jean Champagne distinct de Julien Champagne.

En théorie, des erreurs du scripteur ne sont pas forcément à écarter. Mais je suis assez tenté de me rallier tout bonnement à l'hypothèse d'une nouvelle facétie d'"Hubert".

Champagne occupait apparemment le studio 5, et le couple Canseliet le 18. Et oui, le couple, puisque outre le "comptable" Eugène apparaît ici Germaine Hubat, sans profession.

Cette tourangelle que Canseliet épousera en 1937 pourrait selon Walter Grosse avoir cependant exercé le métier de journalière.

Elle serait aussi peut-être la détentrice réelle du domicile. Enfin, toujours d'après Walter, elle aurait avec Eugène participé aux soins donnés à Julien Champagne lors de sa maladie hélas fatale de 1931-1932.

Pour terminer sur une note optimiste, je voudrais enfin saisir cette occasion de vous signaler l'apparition d'un blog dédié justement... à Eugène Canseliet:

http://canseliet.over-blog.com/



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8 avril 2007 7 08 /04 /avril /2007 16:45


Voici sans doute un tournant de ce blog: Julien Champagne est de nouveau retrouvé dans ses oeuvres, et donc reconnu en tant qu'artiste.

Merci encore une fois à notre petit cousin acadien, grâce à qui nous l'avons repéré cette fois, dans un musée parisien.

Et quel musée, ma foi! Un musée qui lui convient finalement très bien, où il a sa place avec d'autres, le musée historique de Paris, bref le musée Carnavalet, qui entre autres singularités présente celle d'être gratuit.

Car il y est en bonne compagnie! Celle de l'Amazone Natalie Clifford Barney, notamment, qu'il a dû côtoyer:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-4849361.html

Mais aussi pour remonter dans le temps celle de Sainte Geneviève, sainte parisienne, et de cette peinture hermétique en dépot de l'église Saint-Merry, qu'Eugène Canseliet, ami de Champagne, décrivit dans la revue Atlantis (N°223, 1964), et finalement celle des Saints-Innocents, chers à Nicolas Flamel, dont une représentation de l'enclos médiéval est clichée dans les Trois anciens traités d'alchimie du même Canseliet (Pauvert, 1975).

Ainsi donc la Réunion des musées nationaux (RMN) a eu l'heureuse idée de rendre disponible sur son site deux "nouveaux" dessins de Jean Julien, ainsi qu'elle l'appelle:

http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CSearchT.aspx?V=CSearchT&SID=22S39UWP1R24O&E=S_22S39UWP1R24O&NoR=500&New=T
http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CSearchZ.aspx?o=&Total=2&FP=65472107&E=22S39UWP1R24O&SID=22S39UWP1R24O&New=
T&Pic=2&SubE=2C6NU0GE0ID0
http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CSearchZ.aspx?o=&Total=2&FP=65472107&E=22S39UWP1R24O&SID=22S39UWP1R24O&New=
T&Pic=1&SubE=2C6NU0GEP8YG


L'attribution à Julien Champagne de ces oeuvrettes, qui n'ajoutent guère à sa gloire, mais laissent augurer d'autres découvertes, ne fait pas de doute dans l'esprit des experts de la RMN:

Il s'agit bien dans les deux cas de Jean Julien Champagne (1877-1932). De ce point de vue, toute homonymie semble exclue. Mais ce Julien est-il bien le notre?

Si c'est bien le cas, ce sont là sans doute oeuvres de jeunesse ou de commande, sinon alimentaires, puisqu'elles sont toutes deux répertoriées comme estampes lithographiques du XIXème siècle.

A mon avis, l'attribution à Champagne est certainement plausible. Même si je ne peux vous offrir pour l'instant de reproduction de meilleure qualité, la signature habituelle: J. Champagne est bien visible au bas des deux travaux.

Il semble que ces deux gravures fassent partie d'une série consacrée aux "soirées parisiennes", ce qui permet encore une fois d'espérer d'autres exhumations. C'est du moins l'impression, si j'ose m'exprimer ainsi, que nous laisse leur numérotation.

J'observerai enfin qu'il peut paraître symbolique qu'"Hubert" ait eu ainsi la faveur de passer des "fêtes de banlieue" aux soirées mondaines, telles que ce "concert à la chaussée d'Antin".

Le dit concert est au demeurant proposé ailleurs sur la "toile":

http://www.scholarsresource.com/browse/work/2144593323
http://imagecache2.allposters.com/images/BRGPOD/18870.jpg
Suivant la RMN, Julien Champagne aurait ici dessiné d'après Henri de Montaut (1825-1890/1897).
Mais qui est ce Montaut?

Vous aurez noté comme moi l'incertitude très fulcanellienne qui plane sur son année de décès...On le dit aussi parfois né "vers" 1825, voire en 1829 ou 1840.

Le Dictionnaire des illustrateurs le nommerait ainsi: Henri de Montaut (ou De Hem ou Monta ou Hy) et ajouterait qu'il aurait oeuvré entre 1860 et 1905, cette dernière année pouvant également être celle de sa mort....

L'ordre de la légion d'honneur fait mention quoiqu'il en soit d'un Henri Antoine Victor de Montaut, né en 1829 à Paris.

Ce qu'il y a d'un peu plus certain, c'est qu'en bon Parisien, Montaut s'intéressa de près à la vie de la capitale, qu'elle fût tragique, comme au moment de la Commune de 1870-1871, ou frivole: cette curieuse illustration pour La vie parisienne est de 1879 - ou 1882!

http://www.artandarchitecture.org.uk/fourpaintings/manet/paris/corsetrie.html
Un deuxième point concerne son attrait pour les rives...de la Méditerranée, qu'elles soient françaises (Voyage au pays enchanté, 1880), ou grecques, ou encore égyptiennes.

Mais il doit surtout sa célébrité à son travail d'illustration des livres de Jules Verne, et ce dès les années 1865, en particulier De la terre à la lune:

http://jv.gilead.org.il/rpaul/
http://jv.gilead.org.il/evans/illustr/
http://jv.gilead.org.il/zydorczak/zzie03.htm

Et puisque je vous parlais d'entrée de jeu de tournant pour ce blog, permettez-moi de conclure là dessus, en bon ouroboros.

Ce blog continue, mais voici sans doute mon dernier courriel régulier. Oh j'ai encore dans ma manche plusieurs articles déjà pensés, qui je l'espère paraîtront tôt ou tard. Mais je suis appelé à d'autres tâches que celle-ci, et je ne reviendrai vous entretenir de Julien Champagne dans les prochaines semaines et les prochains mois qu'en cas de fait nouveau.

Celui de ce jour en est un, et pas anodin. Il en annonce d'autres, et pourquoi pas une reparution des Fulcanelli illustrés par Champagne? Parallèlement, je compte bien continuer de me tenir à votre écoute, et améliorer un peu les courriels déjà en ligne, ce que j'ai déjà commencé à faire, qu'ils soient anciens (Allainguillaume par exemple) ou récents (par exemple Hillel-Erlanger).

Mais la bonne nouvelle est là, et c'est l'essentiel: L'oeuvre de Julien est revenue au grand jour, et puisque ce 8 avril est celui de Pâques, réjouissons nous surtout qu'un autre J.C. soit ressuscité.

http://www.ocarm.org/news/esp0800.htm
A très bientôt, et Joyeuses Pâques!

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1 avril 2007 7 01 /04 /avril /2007 19:31


Aimez-vous, mais aimez-vous Arturo Perez Reverte? Moi j'adore, et pas seulement parce qu'il cite Fulcanelli dans ses premières obras:

http://www.livres-online.com/-Perez-Reverte-Arturo-.html

Toujours est-il que son "Tableau du maître flamand" pourrait fort bien s'appliquer à Julien Champagne.

Voici pourquoi, et voici pourquoi en outre on ne regarde jamais d'assez près une peinture, notamment celles se rapportant à l'alchimie.

Considérons ensemble si vous le voulez bien la couverture du Fulcanelli dévoilé de Geneviève Dubois:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-2709452.html
http://www.archerjulienchampagne.com/article-3405546-6.html

J'avais en son temps qualifié ce tableau de "possible autoportrait":

http://www.archerjulienchampagne.com/article-1784265.html

Mais voilà...

 

 

Dans un autre ouvrage édité par la même Geneviève, Ces hommes qui ont fait l'alchimie du XXème siècle (1999), le même tableau, hélas reproduit en noir et blanc, figure également, mais d'étrange manière.

D'abord, il est tout retourné, ce portrait, flamand ou pas.

Ensuite, il fait apparaître bien mieux que précédemment un écusson jouxtant la belle reproduction de Julien Champagne dans sa maturité.

Donc cette belle ouvrage était antérieurement tronquée...et peut-être l'est-elle toujours.


Bien entendu le blason dont il s'agit est de lecture aisée, au premier abord. Nous avons ici affaire au symbole du mercure cher aux alchimistes.

Mais pourquoi ce fond rouge, pourquoi ce noeud en forme d'alpha qui surmonte la pièce d'héraldique, pourquoi enfin cette étoile à cinq branches au beau milieu du cercle central?

Cette astérie moins commune en alchimie que sa cousine à six pétales me paraît d'ailleurs ornée d'un grain médian...Illusion d'optique?

Voici en tout cas ce que je me suis laissé dire, en l'attente d'éventuelles précisions sur cette énigmatique peinture:

Champagne n'est pas l'auteur du tableau, et ce dernier pourrait bien n'être que la partie d'un tout.
Série de portraits?

Si c'est le cas, il y en aurait au moins trois, le soufre et le sel rejoignant le mercure. Mais peut-être y en a-t-il davantage, et pourquoi pas autant que de métaux planétaires?

Maintenant, qui a peint Julien? Peut-être quelqu'un de l'entourage du Docteur Rouhier:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-3112353.html

Voici ce qu'en écrit entre autres Dubois dans son Fulcanelli:

"Alexandre Rouhier avait publié chez Véga l'ouvrage "De l'architecture naturelle", dont il était l'auteur principal, avec la participation de Marcel Nicaud."

http://www.sacredscience.com/archive/PetrusPages.htm
http://www.sacredscience.com/archive/PetrusPreface.htm


Ne manquons pas quoiqu'il en soit de comparer le motif ci-dessus, qui figure dans De l'architecture naturelle, à celui que Julien Champagne consacra dès 1910 aux métaux planétaires:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-2376922.html

Ce motif vient d'être début 2009 utilement reproduit par Ibrahim dans son site si pertinemment consacré à La rue de l'alchimie.

http://hermetism.free.fr/Julien_Champagne_Metaux_planetaires.htm

D'après certain témoignage, le portrait ci-dessus de Julien Champagne serait en fait précisément l'oeuvre de Marcel Nicaud, et il ferait partie d'une série de sept (autant que de métaux planétaires), à laquelle le Grand Lunaire d'Alexandre Rouhier ne serait pas étranger.

Parmi les sept peintures figurerait celle d'une femme, et une autre représentant Eugène Canseliet.


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25 mars 2007 7 25 /03 /mars /2007 14:56


Dans son ouvrage sur La quête alchimique de R.A. Schwaller de Lubicz (Archè, 2006), qui a suscité notre dernier article en date, Emmanuel Dufour-Kowalski  affirme à propos du récit Voyages en Kaléïdoscope:

"Vers 1919, à Paris, Madame Erlanger, alias Claude Lorrey, dont le salon avait été fréquenté par les Lesseps, Roussel et Champagne, faisait dire à l'un des personnages de son roman...

"Comtesse Véra, vous ne dispenserez pas une parcelle de sourire à qui vous est inutile.  Vous répudiez ce qui vous gêne. Et ce qui vous augmente, vous le gardez jalousement. Jupitérienne!"

Gageons qu'Irène Hillel-Erlanger, puisqu'il s'agit ici d'elle et de son livre principal, se range résolument du côté de Grâce, la rivale de Véra dans le coeur du philosophe visionnaire Joël Joze, et donc préfère la charis à la science sans conscience.

Il y aurait donc eu, quoiqu'il en soit, une relation entre le salon des Lesseps et celui d'Irène, les habitués de l'un fréquentant aussi le deuxième, il va sans dire. En voulez vous des confirmations?

En voici trois, de Jacques Simonelli, critique d'Hillel, d'abord:

http://ornithorynque.hautetfort.com/archive/2005/03/07/la_musique_des_hauts-fonds.html

"Irène Hillel-Erlanger (1878-1922), descendante d'une famille antique de rois et de rabbins, tenait un salon fréquenté par les jeunes surréalistes et des écrivains et artistes comme Larbaud, Saint-John Perse ou encore Van Dongen."

Ajoutons-y entre autres Paul Valéry et Anna de Noailles, en 1918-1919, puis en 1919-1920 Louis Aragon, Jean Cocteau et Tristan Tzara et autres "dadaïstes."

Ensuite, de Roland Soyer, disciple d'André Savoret (1898-1981), druide et alchimiste:

http://www.livres-mystiques.com/Temoignage/formation/formatio.html

Roland dit ainsi de son maître André:

"Après la disparition d'Irène Hillel-Erlanger et du célèbre Fulcanelli qu'il avait également connus, il devint l'ami de Philéas Lebesgue et Eugène Canseliet."

Enfin de Richard Khaitzine, qui dans le numéro 3 de 1997 de la revue martiniste L'Initiation affirme tout simplement:

"Elle fréquenta le 22 de l'avenue Montaigne" (résidence des Lesseps). Curieusement, il ne reprendra pas ce point dans son Fulcanelli et le cabaret du Chat Noir (Ramuel, 1997), où pourtant il est bien question d'Irène.


Mais qui était Irène Hillel-Erlanger, alias Claude Lorrey?

http://www.genami.org/Personnages-celebres/fr_Camondo.php

Issue d'une famille de banquiers israélites de Constantinople (Turquie), les Camondo, Irène Hillel-Manoach, dont voici un rare portrait, épousa en 1902 le compositeur d'opéras Camille Erlanger (1863-1919), dont un portrait figure ci-dessous. Elle devait en divorcer en 1912.

A propos de ce portrait, Serge Hutin, dans sa notice sur L'alchimie au XXème siècle (Alpha International, 1995) avance l'hypothèse qu'Irène Hillel fut le modèle réel du tableau de Julien Champagne intitulé le Vaisseau du Grand OEuvre.

 

1905CE.f1.champagne


Quoiqu'il en soit, de l'union de Camille et d'Irène naquit un fils resté célibataire, Phillipe Erlanger (1903-1987), journaliste et historien, dont une photo figure également ci-dessous.

Nous avons déjà rencontré Philippe comme biographe de Diane de Poitiers:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-3647621.html

Il fut également le chroniqueur de nombre de souverains, dont Charles VII, roi de Jacques Coeur, et son nom reste attaché à la fondation du festival du film à Cannes. Comme nous le verrons, "bon sang ne saurait mentir."


En 1909, Irène publie à Bruges, sous son pseudonyme "parlant", un recueil de Poésies ( chez Verbeke, imprimeur de la N.R.F.), suivies de diverses adaptations de Shakespeare, Marlowe, Keats et Shelley. La même année, chez le même éditeur paraissent Deux poèmes: Ode à la douleur, et Pan et Psyché.

Suivra en 1910, chez Grasset cette fois, le recueil des Stances, sonnets et chansons. Les Amantes. In solitudine cordis. Impressions et paysages. Feuilles. Airs et arabesques. Enfin, en 1913 est paru chez Figuière La chasse au bonheur.

Sur tous ces écrits édités à petit tirage et devenus rarissimes, donnons la parole à André Savoret:

http://www.livres-mystiques.com/partieTEXTES/ASavoret/Psyche/hermetis.html

André commente ainsi le recueil Poésies (1909):

"J'ai justement sous les yeux l'un de ces recueils dont je tairai la dédicace pour ne révéler que la devise de l'ex-libris: "Siccat Flamma Lacrismas"....

L'allégorie liminaire qui ouvre le recueil est un morceau hermétique non équivoque, à la fois mystérieux et précis dans ses allusions:

"L'écorce sans éclat de la grenade close
Recèle un pur trésor lucide et savoureux
Le miel, rayon brillant, parmi l'ombre se pose;
Et dans l'obscurité, bien souvent tu reposes,
Eau limpide et glacée, cristal délicieux.

L'ivoire et le carmin des roses qui se fanent
Embaument d'un parfum plus doux la paix du soir;
Et, sereine beauté, loin du regard profane,
Rëve de marbre lisse et de splendeur diaphane,
De la blanche statue au fond du temple noir.

Sous le feu du soleil, à la lueur de l'ourse,
Le pélerin gravit des sentiers sourcilleux.
Mais, parvenu enfin au terme de sa course,
En un jardin secret, il trouvera la source,
La grenade et la rose et le temple d'un dieu."

 

pe.champagne

 

N'hésitant pas dans son article à qualifier Hillel d'alchimiste et même d'Adepte, André Savoret y souligne le curieux destin du livre le plus célèbre de notre auteur, seul publié sous son vrai nom et après la première guerre mondiale.

Sitôt parus en 1919 chez Georges Crès, les Voyages en Kaléidoscope "disparurent de la circulation, ainsi que toute l'édition commerciale de l'ouvrage. Seuls quelques exemplaires dédicacés peuvent de loin en loin passer des bibliothèques particulières chez quelque bouquiniste.

Livre singulier dont la gangue baroque dissimule ou protège une dizaine de pages précieuses, constituant le témoignage que laisse traditionnellement tout Adepte au temps de sa métamorphose, soit selon le sort commun aux mortels, soit  - et c'est sans doute le cas ici - en un
avatar d'un tout autre ordre."

Heureusement, ces singuliers Voyages à la Jonathan Swift, ou à la Jules Verne, diront certains, ont suffisamment survécu à ces orages, qu'ils fussent ou non désirés, et ont ainsi précocement attiré l'attention surréaliste de Louis Aragon, qui leur consacra dès 1919 un article dans la revue Littérature, mais aussi celle plus alchimique d'un certain Fulcanelli, qui les cite en 1930 dans ses Demeures Philosophales:

"C'est pourtant lui, ce primitif sujet des sages, vil et méprisé des ignorants, qui est le seul, l'unique dispensateur de l'eau céleste, notre premier mercure et le grand Alkaest.

C'est lui le loyal serviteur et le sel de la terre que Mme Hillel-Erlanger appelle Gilly, et qui fait triompher son maître de l'emprise de Véra.

Aussi l'a-t-on nommé le dissolvant universel, non pas qu'il soit capable de résoudre tous les corps
de la nature, mais parce qu'il peut tout dans ce petit univers qu'est le Grand OEuvre."


Disciple de Fulcanelli et ami de Julien Champagne, Eugène Canseliet n'a pas manqué d'évoquer à son tour l'OEuvre d'Irène, et ce précisément à propos de Champagne, comme en témoigne ce passage déjà cité de ses Alchimiques mémoires (La Tourbe des Philosophes, N°15-16, 1981):

http://www.archerjulienchampagne.com/article-1849668.html

"De nombreux souvenirs m'attachaient à Julien Champagne, principalement ceux de l'ancien temps de ma jeunesse heureuse, ceux aussi de l'avenue Montaigne et des fameux Voyages en Kaléidoscope."

Lui aussi sensible à l'hermétisme de ces Voyages, dans un autre numéro de La Tourbe (N°6, 1979), il rapproche cet ouvrage du poème alchimique médiéval de Jean de Lafontaine, La Fontaine des Amoureux de Science:

"L'auteur raconte qu'il découvrit une fontaine qui me rappelle, avenue Montaigne, la source jaillissante, la salutaire, tant semblable à celle du poète hermétique:

D'eaue tres clere, pure et fine,
Qui estoit soubs une aubespine.

Là, vers l'artiste errant, deux belles dames viennent, lesquelles aussi je retrouve dans la suave Grâce et la fière Véra des Voyages en Kaléidoscope, "la même personne sous deux aspects":

Amy, i'ay nom congnoissance;
Voicy Raison que i'accompaigne,
Soit par monts, par vaux, par campaigne;
Elle te peult faire moult saige.

Le même couple féminin régnait, en l'hotel de la comtesse Véra, duquel les salons connurent leur époque glorieuse, avec les années folles et le vivant Surréalisme des Lettres et des Arts.

Assurément, mieux valait que, de bon lignage, on y choisît de soulever le Rideau de Bure, plutôt que le Rideau d'Or-fin, car dans la Salle du Trésor, "seuls sont pénétré les Simples."


Qu'ajouter à cela?

"Peu d'amis visitent la Maison entière, haute et vaste derrière sa façade ancienne. Il faut une permission spéciale rarement accordée."

http://www.archerjulienchampagne.com/article-3365786.html

Fort heureusement,  depuis leur première et éphémère mise en vente, les Voyages d'Irène Hillel ont fait l'objet de rééditions plus ou moins récentes: D'abord, ...grâce à Jean Laplace aux éditions grenobloises de La Tourbe, en 1977:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-3402402.html

Je reproduis ci-dessus la photo de la couverture de cette publication bien sûr épuisée maintenant. Puis en 1984 La Table d'Emeraude l' a reprise, avec une belle introduction d'André Coia-Gatié.

La dernière réédition actuelle est celle des éditions Allia (1997), avec une remarquable étude écrite "à la lueur de l'ours" par Jacques Simonelli, déjà mentionné, qui fait notamment état de l'amitié qui existait entre Irène Hillel d'une part, et d'autre part Valery Larbaud et Léon-Paul Fargue, ainsi que de l'influence de Guaïta sur son oeuvre.

Enfin, une nouvelle réimpression est prévue en 2007 par MCOR Christienne.


Mais bien sûr nous n'en avons pas fini avec Julien Champagne, puisque le modèle de son tableau éponyme du Vaisseau du Grand OEuvre, conçu par Fulcanelli, et réalisé dès 1910, fut une proche de Claude Lorrey.

Dans ses Deux Logis Alchimiques, où dès 1945 il consacra un subtantiel déveoppement aux Voyages, Eugène Canseliet s'est exprimé sur ce point particulier , et a produit en 1979 une photo de ce modèle, prise en 1913, un modèle qui fut proche de Paul Eluard, appartenant à la meilleure société, et qui "fréquentait chez Mme Erlanger".

Nous avons d'ailleurs à plusieurs reprises examiné la question de son identité civile, qu'il s'agisse de Louise Barbe, d'Henriette Roggers ou de quelqu'un d'autre encore:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-1742426.html
http://www.archerjulienchampagne.com/article-1855487.html
http://www.archerjulienchampagne.com/article-2457592.html
http://www.archerjulienchampagne.com/article-3573552.html
http://www.archerjulienchampagne.com/article-3578054.html

Une de nos aimables correspondantes se demande au demeurant et de façon audacieuse mais plausible si ce modèle ne serait pas tout bonnement Hillel-Erlanger en personne. Raison de plus pour dénicher un nouveau portrait d'Irène, semble-t-il.

En tout cas, voilà qui illustre à nouveau la proximité de Julien Champagne et de Mme Erlanger.


Avant d'en terminer, peut-être provisoirement avec cette gente dame, disons deux mots tout de même de l'illustre illustrateur de ses Voyages.

Comme nous l'avons vu, Kees Van Dongen (1877-1968), puiqu'il s'agit de lui, fréquentait le salon d'Irène. Je vous en propose ci-dessus une photographie.

Né comme Raymond Roussel la même année que Julien Champagne, il est donc plus que probable qu'il l'ait connu.

http://perso.orange.fr/j.bailly/fr/avandongen.htm
http://www.roussard.com/artistes/nouveaux/vandongen.html
http://www.chez.com/alanek/index_NS.htm

Sa rencontre avec "le grand monde" semble remonter à 1913 au moins:

http://peinturesetpoesies.blog50.com/archive/2006/07/11/kees-van-dongen.html

Ce fauviste d'origine néerlandaise se fit un temps le peintre des jeunes femmes de la bourgeoisie et de l'aristocratie qu'il côtoya, comme en témoigne cet étonnant portrait de "la femme au chapeau noir" (1908). Il aurait d'ailleurs semble-t-il réalisé en outre un portrait d'Irène, qui aurait été une de ses amies.

J'ai également retenu de Kees un tableau que l'on pourra au choix considérer comme particulièrement scabreux ou hautement symbolique, qui fut présenté en 2005 lors d'une exposition qui lui fut consacrée à Nice.

Ce tableau nous introduit en effet à la personnalité d'une autre proche d'Hillel, Germaine Dulac, dont vous pouvez voir ici deux portraits.


Car pour Irène Hillel-Erlanger, que l'on fait parfois décéder en 1920, sitôt les Voyages publiés et consumés, il y eut un "après Kaléidoscope".

Et cet après s'appelle en particulier Germaine Dulac (1882-1982), féministe et surréaliste, entrée en septième art dès 1915.

http://cinema.fluctuat.net/germaine-dulac.html
http://la_pie.club.fr/forgenot/dulac.htm
http://revista.cisc.org.br/ghrebh8/artigo.php?dir=artigos&id=antonia_lant

Irène Hillel fut en 1916 la co-fondatrice de la première entreprise de Germaine, la bien nommée D.H. Films.

Elle fut en suite la scénariste de quatre ou cinq de ses productions, ce qui lui vaut aujourd'hui encore de figurer aux archives du cinéma:

http://french.imdb.com/name/nm2206647/

Parmi les autres scénaristes de Dulac se trouve un certain Antonin Artaud (1896-1948), auteur tourmenté et génial qui écrivit en particulier en 1938 un essai retentissant sur Le théatre et son double, où transparaît sa connaissance de l'alchimie.

Il semble que ses partisans n'apprécièrent guère, lors de sa sortie, la vision que Dulac entérina de son scénario du Clergyman et la coquille, dont l'ambiance générale rappelle passablement le deuxième tableau reproduit de Van Dongen. En voici un enregistrement, si vous voulez vous en faire une idée par vous-même:

http://video.google.com/videoplay?docid=-7436093386944527955

Et découvrir une autre époque, celle de 1926-1927, et donc de l'édition première du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli.

Dans un numéro de 1985 de la revue Tempête chymique, Isabelle Canseliet écrit:

"Il se pourrait bien qu'Irène Hillel-Erlanger ait été reçue chez Fulcanelli. Raymond Roussel le fut bien, qui était de la même génération, du même milieu social et qui est mort d'une mort non moins mystérieuse que la sienne.

Il y a comme une parenté singulière entre ces deux patriciens lettrés, en exil au sein du Tout-Paris, et qui peut-être sans s'être jamais rencontrés, se trouvaient à l'unisson."

De cet unisson témoigne bien me semble-t-il cette photo d'Irène dédicacée en 1910 à Germaine, qui la représente dans son intimité avec son fils Philippe:


ihe1910.Champagne.jpg




pcc ARCHER

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18 mars 2007 7 18 /03 /mars /2007 15:50

Emmanuel Dufour-Kowalski vient de publier en 2006 aux éditions milanaises Archè un livre consacré aux conférences de René Schwaller: La quête alchimique, dont je me permets de vous recommander la lecture, pour plusieurs raisons.

La première est naturellement que nous en apprenons un peu plus sur Schwaller, ainsi que sur ses relations connues et inconnues, des peintres Hans (Jean) Arp et Henri Matisse au poète Jean Cocteau, en passant par l'historienne Marie-Madeleine Davy.

La seconde est que l'auteur est manifestement très au fait de ce qui est advenu de l'héritage matériel de la famille Schwaller. Il n'ignore rien semble-t-il et du rôle joué par la dame de compagnie d'Isha Schwaller, Thérèse Collet, ni des diverses péripéties liées à la création de l'association Bozawola, exécuteur testamentaire de Lucie Lamy, la belle fille de Schwaller, de même qu'Olivier Robichon et son frère en furent les légataires universels.

Enfin, Kowalski s'explique sur la constitution des archives Ta-Meri (terre aimant du ciel), du nom du dernier groupe fondé par les Schwaller, archives à lui léguées de son vivant par Olivier Robichon, et qu'il anime désormais.

A la lecture de cet imboglio de la fin du groupe de Louxor, on comprend mieux l'étrange silence de la fondation Pierre de Coubertin, supposée détentrice d'un "fonds Lucy Lamy", dès lors qu'elle elle l'objet sur ce point de sollicitations privées.

Sur tous ces points, vous voudrez bien vous reporter à mes posts précédents, tels que: Julien Champagne et Lucie Lamy (21 août 2006), et André Vandenbroeck gomme Champagne (29 août 2006):

http://www.archerjulienchampagne.com/article-3603422.html
http://www.archerjulienchampagne.com/article-3672613.html

Qualifiant Schwaller et Champagne de lucifériens, ce qui me paraît pouvoir prêter à confusion, Dufour est également disert sur le groupe du Grand Lunaire, que nous avons déjà rencontré:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-3112353.html

Il estime visiblement que l'influence sur ce groupe auquel aurait appartenu Champagne de l'oeuvre de la baronne Elisa Lotus de Païni, auteur des Trois totémisations publiées par Chacornac en 1924, ne doit pas être sous-estimée.

Selon EDK, ce Lunaire qu'il appelle Grand ou Très Haut, fut composé en partie par le cénacle de Schwaller à sa villa Hiéra de Saint-Rémy-lès-Chevreuse, et il cite parmi les membres du groupe
Julien Champagne, Jules Boucher et Alexandre Rouhier.

J'ai également trouvé très révélateurs les passages de cet ouvrage où Emmanuel confirme notre intuition sur les rapports entre la pensée de Dina et le cercle fulcanellien auquel participèrent Schwaller et Champagne.

Pour lui, Schwaller subit dès 1917 l'influence de Dina, alias Aor Mahamet Aliah, qui, présent dans le cénacle des soeurs Barney, signera avec René une plaquette intitulée Nécessité, destinée aux futurs Veilleurs:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-3697984-6.html
http://www.archerjulienchampagne.com/article-4849361-6.html


Pour en venir plus précisément à Julien Champagne lui-même, toutes les photos que je vous propose ce jour, de lui comme de René Schwaller, sont dites par Dufour-Kowalski dater de 1931.

Elles auraient été prises chez les Schwaller, au Mas de Cocagne, près de Grasse.  DK note à juste titre "le regard de Champagne, et sa fine perspicacité, dans l'éclair de la rétine". Voici bien un portrait d'Hubert qui ne ressemble pas forcément à ceux que nous avons vus jusqu'alors.

Je n'exclus d'ailleurs pas qu'il s'agisse de notre homme. Mais ces yeux clairs me semblent être une vraie nouveauté. Et puis, comme le souligne encore Emmanuel, "Champagne mourra l'année suivante à Paris". Or cet homme paraît être d'une grande vitalité, et en pleine santé.

Où est l'ivrogne que l'on nous a décrit ici ou là? Comment concilier cette image avec le "Champagne âgé" que nous connaissons par ailleurs? Et même avec le croquis de Schwaller?

Et enfin avec cette citation d'Eugène Canseliet, déjà produite, dans le numéro 15-16 de la revue La tourbe des philosophes, en 1981:

"Le progrès du mal avait été inexorablement lent et douloureux, depuis son début presque soudain, en cette belle journée de 1930."? Nous voici de nouveau, pour reprendre l'expression de l'auteur de La quête alchimique, devant "un mystère."


Et en voici un autre encore, dont le Mas de Cocagne semble regorger:

"C'est là qu'en 1931 et 1932, écrit EDK, auront lieu les dernières tentatives opératoires de l'Opus alchemicum."

Pour lui, elles auraient été couronnées de succès, Schwaller-Fulcanelli conduisant les opérations réalisées par Champagne, et une transmutation aurait eu lieu.

En témoignerait ce ténébreux cliché de "la pierre recouverte de l'enduit de cire, sous l'abat-jour."

Il est vrai que Schwaller, alias Aor, était lui-même un homme secret, à l'instar de cet ésotérisme qui fut finalement le fil conducteur de sa vie. En 1941, il considérait ainsi que la science hermétique est "une synthèse de tous les aspects du monde et de la vie.

Ne serait-elle considérée que dans ce sens, son étude vaudrait la peine. Elle présente une sorte de transmission mystérieuse à travers les temps, les mêmes phrases souvent se retrouvent chez les alchimistes moyenâgeux et dans les textes retrouvés en Egypte."

Et l'année précédente, il affirmait déjà:

"Les cathédrales nous sont plus proches que les temples d'Egypte, croyons-nous. Mais nous sommes indécrottables..."


Quoiqu'il en soit, en 1931 Julien Champagne, sain d'esprit et également ou non de corps, rédige un testament par lequel nous apprenons notamment qu'il compte léguer à Eugène Canseliet son fichier, "qu'il lui destine et où il trouvera des documents et des renseignements utiles pour ses travaux."

Qu'est devenu ce fichier?


pcc ARCHER

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11 mars 2007 7 11 /03 /mars /2007 21:32

elsdg.champagne

 

Dans mon pensum d'il y a quelques semaines sur Guaïta:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-5348400.html

je n'avais pas pu aller aussi loin que je le souhaitais dans mes commentaires sur l'exemplaire récemment vendu par la librairie parisienne L'Intersigne de l'ouvrage La Clef de la Genèse, ouvrage provenant de la bibliothèque de Jules Boucher et annoté par Julien Champagne.

Me voici désormais muni de l'autorisation d'aller cette fois un tantinet plus avant, et donc en mesure de vous communiquer certaines des informations que j'avais pu recueillir en consultant ce livre avant que n'intervienne sa vente.

Voici d'abord, et les gourmets appelleront peut-être cela une mise en bouche, un des ex-libris de Jules Boucher qui s'y trouve, et qui serait l'oeuvre de Julien Champagne:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-4567408.html
http://www.archerjulienchampagne.com/article-3715710.html

Bien que de qualité moyenne sur ce cliché, cette oeuvrette m'a paru digne de reproduction tant elle ressemble à celle décrite auparavant (mon article ci-dessus indiqué du 2 septembre 2006) et est donc publiée ici pour la première fois à ma connaissance.



Les deux autres extraits que j'ai l'honneur et le plaisir de vous proposer maintenant sont en fait deux annotations de Julien Champagne qui figurent en marge de ce livre. Je les ai retenues parce que dans les deux cas Julien n'a pas hésité, de nouveau, à les signer Fulcanelli, pour une raison ou une autre.

Il y a sur ce point plusieurs explications possibles, sachant que je récuse de plus en plus l'idée de l'identité Fulcanelli-Champagne.

On pourrait aussi penser à un faux postérieur, par exemple de Jules Boucher. Enfin, je mentionnerai l'hypothèse d'une affabulation de Champagne, sans toutefois écarter la thèse d'une citation de Fulcanelli par "Hubert", après tout le livre de Guaïta est paru en 1920.

Mais trêve de suppositions pour l'instant, faisons place aux faits. Voici d'abord une première assertion de Guaïta:

"Au laboratoire, et dans leur acception la plus large, le Mercure est une fumée blanche, le Soufre une graisse agglutinante, et le Sel un acide.

L'Azoth des Sages, synthèse des trois, consiste en un menstrue, l'Alchaëst ou dissolvant des métaux, qui ramène ceux-ci à leur première substance et met leur sperme androgynique en liberté."




Et Champagne-Fulcanelli, soulignant  "l'Azoth" et "l'Alchaëst ou dissolvant des métaux" s'exclame:

"Erreur! L'alcaest n'est pas l'Azoth. Il y a entre eux la différence du mercure vulgaire au mercure philosophique. Il suffit de cuire l'azoth pour obtenir la pierre, tandis que l'alcaest est seulement le premier dissolvant.

Par l'action de l'alcaest sur le métal on obtient l'humide radical qui fournira ensuite l'azoth."

Deuxième passage de Guaïta:

"Cependant, sous l'influence combinée de la chaleur et du temps, une série de phénomènes parfaitement déterminés se manifeste dans l'oeuf.

Les phases de volatilisation partielle, de fixation et de déliquescence de la matière alternent comme il convient, tandis que cette matière affecte successivement des teintes caractéristiques, dont l'apparition dans l'ordre voulu atteste à l'adepte qu'il n'a pas dévié du droit chemin.

Les couleurs principales se succèdent dans l'ordre suivant: le noir (corruption, tête de corbeau), le blanc (ablution, terre blanche feuillée, petit Elixir), et le rouge (grand Elixir ou pierre philosophale),etc."



Marquant tout ce passage,  Fulcanelli-Champagne apprécie ainsi:

"L'auteur n'a pas pénétré le grand secret de la coction. Ce n'est pas ainsi qu'elle s'opère et au surplus, l'artiste ne voit jamais les couleurs décrites.

Personne n'a jamais révélé cette connaissance et peu de philosophes l'ont sue. Une seule couleur apparaît: le noir. Les autres n'existent qu'à l'état de symboles et non d'apparences physiques."


Auteur entre autres d'un ouvrage sur Paracelse (CAL, 1970), Guy Bechtel, aujourd'hui âgé de 76 ans, est un fin connaisseur de l'occulte et notamment de l'alchimie. Il nous a en particulier gratifié en 1974 d'un entretien avec Eugène Canseliet sur Fulcanelli qui hélas est resté en partie confidentiel (en partie seulement, puisque son résultat figure partiellement au chapitre Fulcanelli de ses Grands livres mystérieux, CAL, 1974).

Passionné aussi par "maître Stanislas", comme il l'appelle, Bechtel nous a concocté voici quelques années un essai bourré d'érudition et d'humour sur la bibliothèque de Guaïta, qu'il qualifie de façon très intéressante à mon sens de "pérégrine."

Guaïta en effet, non seulement voyageait avec certains de ses livres, mais encore avait pris soin de disperser sa bibliothèque de son vivant, entre Paris et sa Lorraine natale en particulier. Sage prudence d'ésotériste? Nous sommes ainsi de toute façon d'emblée éclairés sur le pluriel apposé par notre écrivain  à la fin de l'intitulé de son étude au mot bibliothèques.

Et en tout cas, les "notules" de Bechtel, comme il les a bien modestement intitulées, raviront selon moi tous les curieux ou studieux de l'arcane, et au-delà tous les bibliophiles avertis.  A condition qu'ils se hâtent, car de ce petit monument de savoir, courageusement édité en 1998 par Alain Marchiset, qui ne se contente pas d'être un fameux libraire, il ne subsiste plus à ma connaissance que quelques exemplaires neufs.


C'est de ce tirage "strictement limité" qu'est extraite la photo ci-dessus, celle qui ouvre notre article de ce jour provenant d'un catalogue Chacornac de 1912 que vous avez sans doute gardé en mémoire:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-3308771.html

Et puisque cette soirée de la sainte Rosine est décidémment placée sous le...signe des coïncidences qui n'en sont pas, j'espère que vous goûterez comme moi cette citation d'une partie de la conclusion de Bechtel parvenu au terme de son labeur, et philosophant sur la théorie des signatures chère à un certain Hohenheim:

"Même si ta quête est vaine, tu seras, toi, payé au centuple de ta peine: il n'est point d'objectif plus grand dans une vie que de régler les rapports des signes entre eux.


Certains appellent cela Musique, d'autres Poésie..." Et nous, cher Guy Bechtel, Alchimie.



In cauda venenum,

(HA)RCHER

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4 mars 2007 7 04 /03 /mars /2007 13:41

Que devient, dirait Antoine Blondin, un singe en hiver? Un singe de nature en tout cas, entendez un alchimiste, il attend le printemps, qui est un peu pour lui un nouveau matin, le matin du renouveau.

Mélancolique attente? Pas forcément. D'un de nos "arpents de neige" du Canada (dixit cette fois Voltaire), issant d'une de nos cabanes locales du bord de l'eau de la belle province, un des nombreux cousins et des non moins talentueuses cousines que tout Français a par delà le Gulf Stream m'a signalé voici déjà quelques semaines un album de rock endiablé ou si vous voulez angélique:

Winter Songs, joli titre, après tout l'alchimie est art de musique. Publiées en 1979, ces chansons hivernales attirent d'abord l'oeil par une pochette directement inspirée du recueil alchimique de Salomon Trismosin, qui passe pour avoir été le maître de Paracelse: Splendor Solis, et c'est vrai qu' un soleil d'hiver, c'est au moins aussi beau qu'un soleil d'été.

http://en.wikipedia.org/wiki/Winter_Songs

Remasterisées en 2003, les Winter Songs en question sont en fait l'oeuvre du groupe Art Bears, là  encore tout un programme, l'étoile ursine ou polaire étant celle qui doit guider dans sa quête tout "enfant de science."

http://en.wikipedia.org/wiki/Art_Bears

Alors me direz-vous, vous faites dans la musique constestataire, maintenant? Et bien, c'est vrai que le rock, ou roc cabalistiquement, est comme l'alchimie, pour citer maintenant Eugène Canseliet, "obligatoirement contestataire".

N'est-ce pas finalement un des meilleurs moyens de se situer aussi dans une saine tradition, celle qui conteste vigoureusement les temps modernes à la Charlie Chaplin. Oh, contestataire, Art Bears l'est au plus haut point....


Sa figure de proue est peut-être Chris Cutler, Américain né en 1947, qui outre les tambours et percussions a écrit et arrangé ces airs avec Fred Frith:

http://en.wikipedia.org/wiki/Chris_Cutler
http://calyx.club.fr/mus/cutler_chris.html


Sa voix heureusement féminine, ensuite, est l'Allemande Dagmar Krause, apparue en 1950 sur la scène du monde:

http://calyx.club.fr/mus/krause_dagmar.html



Enfin, voici le Britannique Fred Frith, déjà nommé, à propos de qui je serais fortement tenté d'écrire ce que Julien Champagne disait de Raymond Roussel: "la classe", puisqu'il est de 1949:

http://en.wikipedia.org/wiki/Fred_Frith

A lui les compositions, les airs de guitare et de violon (autre point commun avec Champagne) et de xylophone.

Pour compléter ce petit tableau cosmopolite, ajoutons que les Winter Songs ont été, en 1978, enregistrées en Suisse.

Bien, me répondrez-vous, voilà qui est gentil, mais tout de même, l'argument est un peu mince. Pas sûr, tenez, regardez ces dessins de Graham Keatley spécialement réalisés pour l'occasion et extraits du dernier coffret CD d'Art Bears:

http://www.rermegacorp.com/Merchant2/merchant.mvc?Screen=PROD&Product_Code
=ReRABox&Category_Code=&Store_Code=RM

En fait, Chris Cutler y déclare expressément avoir été inspiré par le Mystère des Cathédrales de Fulcanelli, illustré par "Hubert".

Chris semble aussi avoir eu accès à une thèse non publiée de Francesc  X. Puerto, sur laquelle on aimerait en savoir plus, et son attention aurait été attirée sur Fulcanelli par une dame E.M. Thomas,
qui lui aurait fourni des clichés faits par elles de certaines cathédrales de France.

Et de fait, nous voici et devant la cathédrale de Nantes (curieusement réservée aux Demeures Philosophales, que Cutler connaît également) et devant celles de Paris et surtout d'Amiens.


Allons donc, quelques dessins et une affirmation gratuite, me lanceront les derniers sceptiques. Non, non et non, voyez plutôt les textes de certaines de ces bluettes. Nantes, d'abord:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-2121006-6.html


FORCE

The
Dead Tower
Cracked
Like Phanes' Egg
Where She
Hauled forth the Snake
With wings

The walls breached
Gripped by Satan's
Tail as
She
Contains the
Winter
Spewing forth
The
Spring



Et puis, tenez, Amiens, même si ce quadrilobe n'est pas dans Fulcanelli, comment ne pas souligner le H de l'esprit qui souffle sur cet ermite hermétique?

THE HERMIT

The hermit sits
Before the fire
Abd toasts a fish
Upon a fork

His hand is raised
To sleet and sun
His shoes doffed to
Oblivion

Time passes by
A snowflake in
A summer sky

Amiens encore:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-3361883.html



FIRST THINGS FIRST

Two dead trees
Strain to each pole
Alone
Divided ever
Underneath
One sky

Can they revive

Amiens for ever:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-2423403.html


THREE WHEELS

The double wheel
Of the sun
Rolls in the sky

Out steps the days
I watch them
Wet and dry
Twice turning as
The months go by

Am I Ezechiel sleeping
Do I dream this
Wheel
Revolving a wheel
Within a wheel

Or is it real

A wheel which moves
And is unmoving
Which is both
Being and
Becoming which is
Both flow
Arrested flow
Decay and growth

A philosophic
Wheel a wheel
Which is itself the
Passage from
Not Knowing into
Knowing

Et puis finalement Paris:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-3391825.html

THE BATH OF STARS

He steps from a crucible
Held by an angel

The angel is poised
To hurl a stone
Toward him the boy

All is encompassed in the night
When twelve stars shine


Art bears...alchemy. L'alchimie, l'Art par excellence, est ici véhiculée par l'harmonie. Comment, vous voyez mais n'entendez pas?

Alors, listen, ou plutôt: Oyez!

http://allmusic.com/cg/amg.dll?P=amg&sql=10:ylf3zfiheh4k



ARCHER

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25 février 2007 7 25 /02 /février /2007 14:51


Carême prenant, je vais incontinent vous entraîner pour la septième fois à l'hotel Lallemant de Bourges.

Notre dernière visite commune en ce logis alchimique remonte si je ne me trompe pas au 17 septembre 2006 (Champagne en chapelle):

http://www.archerjulienchampagne.com/article-3904333.html

Je vous propose en ce jour de trêve dominicale non pas de nous arrêter de progresser, mais de revenir sur nos pas. On dit parfois qui n'avance pas recule, c'est vrai, mais il y a des progressions circulaires, ou si vous préférez en spirale. Et puis dans le labyrinthe de Thésée, le fil d'Ariane indique bien et l'aller, et le retour.

Bref, au-delà du Minotaure, pourquoi ne pas inscrire nos pas dans ceux d'un certain Jean-Jacques Mathé?

Hélas, il semble bien que Jean-Jacques, qui fut un disciple de Bernard Husson, nous ait quitté tout récemment.

Mais il est après tout, tout comme Jean-Julien Champagne, un inconnu...illustre. Son rare ouvrage sur l'hotel Lallemant, publié en 1976 aux éditions belges du Baucens (ou du beau sens, sises à Braine-le-Comte) est si peu accessible qu'il n'est même pas cité dans le livre pourtant postérieur de Michel Bulteau: L'hotel Lallemant de Bourges (Garancière, 1984).

Et pourtant Bulteau n'est pas n'importe qui, puisque outre cet estimable bouquin, il nous a notamment gratifié, également, d'un remarquable Le Plessis-Bourré, alchimie et mystères (Livre-Essor, 1983).


Pour en rester un moment aux éditions du Baucens, elles nous ont par ailleurs donné aussi dès 1974 une publication francophone de l'essai de l'allemand Rudolf von Sebottendorff sur "l'ancienne franc-maçonnerie turque" et ses rapports avec l'alchimie:

http://freemasonry.bcy.ca/anti-masonry/sebottendorff_r.html
http://www.bibliotecapleyades.net/sociopolitica/sociopol_thule06.htm

Quant à Mathé lui-même, il n'apparaît guère à ma connaissance sur le devant de la scène alchimique qu'en quelques occasions:

D'abord dans le recueil Alchimie des Cahiers de l'Hermétisme (Albin Michel, 1978, puis Dervy, 1996), où il fournit une très fouillée bibliographie de l'alchimie depuis 1945;

Ensuite dans l' excellent essai déjà cité de Luis Miguel Martinez Otero consacré à Fulcanelli: Une biographie impossible (Obelisco, Barcelone, 1986, et Arista, 1989):

"Notre ami Bernard Allieu, éditeur émérite de Grasset d'Orcet et prochain auteur d'un Index général de l'oeuvre de Fulcanelli que nous attendons avec impatience, insistait lors d'un dîner célèbre au restaurant Au coq hardi, aux alentours de Bayonne, en compagnie du critique et auteur, mais surtout bon alchimiste, auquel nous devons tant, - et nous avons ainsi nommé Jean-Jacques Mathé -, insistait donc sur l'idée que l'alchimie est l'étude des mécanismes de la mort."


Et Otero de contester cette approche, en se référant à la maxime de Martin Ruland, chère à Eugène Canseliet: L'alchimie est avant tout "separatio impuri a substantia puriore." Au fait, Jean-Jacques Mathé n'aurait-il pas été libraire à Bayonne?

Quoiqu'il en soit, je vous suggère à partir de là de comparer ce qui figure dans mon précédent article sur l'hotel Lallemant à ce que présente Mathé dans son opuscule, dont j'ai extrait les clichés joints, qui tous se rapportent aux caissons dessinés par Julien Champagne.

Nous pourrons ainsi établir ensemble, mais chacun pour ce qui nous concerne, concordances et discordances dans les présentations et interprétations, suivant une méthode dont le moins que l'on puisse avancer est qu'elle est classique en alchimie.

C'est pour celà que les emblèmes se trouvent dans cet article présentés dans le même ordre que naguère: Les comparaisons devraient ainsi en être facilitées, en théorie du moins.

"EMBLEME XXVII

Livre ouvert en flammes.

"Cet emblème allégorise, dit Canseliet, la liquation de la matière au début du Grand-OEuvre, exactement la séparation de la lumière d'avec les ténèbres par l'intervention du fer ouvrant, avec l'aide du feu, le grand Livre de la Nature."

Ce livre est également représenté dans le Livre d'Heures du même Jean Lallemant, mais il y est fermé par sept sceaux appendus et la couverture porte l'inscription: .DELAR.PRIVS. Que je sois détruit auparavant.

Nous attirons également l'attention du lecteur sur le voisinage immédiat au Saint-Esprit qui représente le creuset...


EMBLEME XXVI

Le Saint-Esprit.

"Le Saint-Esprit, dit Fulcanelli, est toujours figuré par une colombe en plein vol, les ailes étendues selon un axe perpendiculaire à celui du corps, c'est-à-dire en croix. Car la croix grecque et celle de Saint André ont, en hermétisme, une signification exactement semblable."

...La croix est également le hiéroglyphe du creuset, le signe de la umière, et, par extension, celui de l'illumination...

EMBLEME XXV

Faucon grilleté et igné empiétant un crâne qu'il becquette.

C'est là le soufre métallique. En dépit de sa qualité ignée, il ne brûle pas, mais putréfie. Remarquons au passage que le faucon - falco - vient de falx, la faux qui est l'emblème de Saturne...


EMBLEME XXII

Enfant ailé se disposant à faire tourner un moulinet par traction d'une ficelle; le moulinet surmonté d'une croix grecque.

Il s'agit du tour de main nécessaire à la séparation dans le premier oeuvre...


EMBLEME XXIII

Grenade posée dans un vase d'orfèvre ardent et surmontée de l'inscription 3R.

La grenade représente la matière première préparée et le signe 3R symbolise les trois réitérations du premier oeuvre...


EMBLEME XXIV

Enfant ailé chevauchant un cheval de bois et faisant claquer un fouet.

Le Ludus puerorum avait été explicité par Salomon Trismosin en sa Toyson d'or, mais Eugène Canseliet est revenu sur cette question dans ses commentaires du Mutus Liber et nous y renvoyons le lecteur.

Nous citerons toutefois sa traduction d'un fragment de l'antique traité dans lequel on traite du travail des femmes et du jeu des enfants:

"Or le triple jeu des enfants doit précéder le travail des femmes. Car les enfants jouent en trois choses. En premier lieu avec les vieux murs, secondement avec l'urine, troisièmement avec les charbons."



JJ pcc

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18 février 2007 7 18 /02 /février /2007 14:36


Nous en savons désormais un peu plus sur l'homme qui selon Geneviève Dubois pourrait bien avoir été l'initiateur de Julien Champagne en alchimie: Félix "Krishna" Gaboriau (voir notre article
Gaboriau et Champagne du 6 mars 2006).

Notre source est ici la même que celle qui nous a permis de découvrir que le frontispice du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli dessiné par Champagne a été publié dès 1912 par la maison d'édition Chacornac dans une bibliographie de l'occulte réalisée par Sédir ( post Champagne en 1912 du 17 juillet 2006).

Le portrait ci-dessus est tiré du même catalogue, obligeamment mis à notre disposition par un libraire ami de Paris, déjà mentionné dans ces lignes, et que je tiens à remercier à nouveau.

J'ajoute que je lui suis non moins reconnaissant, ainsi qu'à son alter ego photographe, de l'excellent café colombien grâce à eux dégusté en agréable compagnie, au cours d'un entretien des plus intéressants et productifs.

Vous aurez noté, sans doute, que sur notre cliché la date de naissance de Félix diffère quelque peu de celle pronostiquée jusqu'alors.

"Krishna" est également présenté cette fois comme le fondateur de la revue Le Lotus rouge, alors qu'il est par ailleurs supposé être son repreneur.

Gaboriau est encore réputé ici avoir été le traducteur d'un célèbre traité de Corneille Agrippa, De la philosophie occulte.

En nous reportant à la page considérée du catalogue, nous pouvons constater que cette traduction, "la première complète en français", est parue en deux volumes en 1910 et 1911.

Cette édition est celle des frères Chacornac, et fait l'objet au même endroit d'un éloge de l'alchimiste Phaneg. Elle "comprend de nombreuses figures magiques".

Je ne résiste pas à l'envie de partager celle-ci avec vous, qui figure effectivement au-dessus de l'entrée du catalogue qui est consacrée au livre d'Agrippa, même si je ne peux vous garantir
qu'elle en est issue:


Pour en revenir au Lotus rouge, "revue des hautes études", il semble n'avoir eu que deux ans d'existence, de 1887 à 1889.

Notre catalogue Chacornac, décidémment fort bien fourni en informations utiles, nous en donne un aperçu du contenu.

Les numéros 2 et 3 comprennent un article sur L'élixir de vie. Dans les livraisons 7-12 se trouve un portrait de Paracelse. Les 21 à 23 incluent une reproduction de la Lettre philosophique du Cosmopolite.

Enfin, dans le numéro 24 je relève une présentation de Michel Maier qui n'est pas mentionnée dans la bibliographie de Sédir. Gaboriau y fait ses adieux aux lecteurs de sa revue, qu'il affirme expressément avoir fondée.

Il déclare prendre ses distances d'avec la Société Théosophique, et, remerciant entre autres son administrateur, M. Froment, se réfère explicitement à la philosophie alchimique:

"Un alchimiste me comprendra lorsque je dirai que notre Soleil a une Lune qui est elle-même hermaphrodite."

"Ainsi nous présenterons aux hommes les faces agréables de notre prisme psychique, de notre pierre angulaire, en attendant le jour béni où, les deux faces se confondant, sera réalisée la circulature du quadrant dans le triangle équilatéral de la très sainte Trinité."

Et il affirme finalement: "les livres de science courent les rues, un autre livre est partout: la Nature."


 

Dans son Fulcanelli et le cabaret du Chat Noir, Richard Khaitzine cite un passage de la biographie de Papus de Christophe Beaufils et Marie-Sophie André, suivant lesquels "quelques connections entre le milieu du Lotus, et par conséquent la Société Théosophique et le Chat Noir peuvent être invoquées".


 


Le chansonnier Maurice Mac-Nab, par exemple, avait pour frère ce Donald Mac-Nab qui, tout en collaborant au Lotus, menait avec Gaboriau une série d'expériences occultes dans sa "chambre rouge" de la rue Lepic."

chatnoir.champagne.jpg

Ingénieur des arts et manufactures, Donald a effectivement écrit dans le Lotus rouge, et dans le dernier numéro de cette revue Gaboriau lui-même nous confirme sa parenté avec le chansonnier du Chat Noir.

 

 

 

ARCHER

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11 février 2007 7 11 /02 /février /2007 14:04


Une indication de plus sur une possible "British connection" de Julien Champagne et de Fulcanelli: Nous voici donc de retour, un an après presque jour pour jour, à Edinburgh:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-1861874.html

Dans mon article précédent sur le gnomon du palais royal écossais (Julien Champagne au cadran solaire, 12 février 2006), je ne crois pas avoir fait mention des lignes qu'y consacre Geneviève Dubois dans son Fulcanelli dévoilé (Dervy, 1992 et 1996):

"Quant au cadran solaire d'Holyrood qui fait l'objet d'un chapitre dans les Demeures Philosophales, d'aucuns se sont empressés d'y voir la preuve de l'appartenance de Fulcanelli à un milieu aristocratique.

En effet, et nous pouvons en témoigner, il n'est pas possible d'accéder à ce monument qui se trouve dans les jardins privés de la famille royale d'Angleterre. Nous avons simplement pu obtenir une photocopie du dessin à la bibliothèque d'Edimbourg."

Cette inaccessibilité du gnomon a été contestée. Quoiqu'il en soit, la gravure reproduite par Dubois est superbe, et je vous l'offre à mon tour. Mais laissons Geneviève poursuivre son argument:

"Nous restons persuadés que René Schwaller qui fut membre de la Société Théosophique a communiqué une photographie ou un dessin à Julien Champagne par le canal de la théosophe Lady Caitness. "

Intéressante hypothèse, sur laquelle nous reviendrons peut-être. Champagne aurait connu Lady Caitness ou Caithness? Lui aussi semble avoir été un temps un familier de la Société Théosophique, mais nous ne savons rien de ses éventuelles relations avec Schwaller avant 1913.

"Lady Caitness réunissait dans son hotel particulier de l'avenue Wagram tout le milieu ésotérique de l'époque. Elle avait d'ailleurs été à l'origine de la création de l'Eglise gnostique et représentait en France la Société Théosophique.

Son époux était Lord James Barogill, chef du clan Sinclair et 14ème comte de Caitness. Il fut inhumé en l'ancienne chapelle royale de Marie Stuart à Holyrood.

Lady Caitness était très introduite dans le milieu mondain anglais, elle vouait un culte à Marie Stuart dont elle se croyait la réincarnation depuis, qu'en l'abbaye d'Holyrood, elle avait eu une expérience avec la défunte reine."

C'est tout? C'est tout, pour l'instant en tout cas. Mais, supposition pour supposition, je m'en vais maintenant vous en proposer une seconde, qui d'ailleurs n'est pas forcément contradictoire de la première.


Il était une fois...une American Lady nommée Mary Alice Morse (1851 ou 1853-1911), originaire du Massachussets:

http://en.wikipedia.org/wiki/Alice_Morse_Earle
http://womenshistory.about.com/od/writers19th/p/alicemorseearle.htm

Mariée à un new-yorkais, Henry Earle en 1874, elle changea son nom en celui de Alice Morse Earle, sous lequel elle est connue comme écrivain.

Après la mort de son mari, elle effectua plusieurs voyages en Europe et en 1909 se rendit en Egypte, mais au cours de la traversée vécut un naufrage qui à la longue lui fut fatal.

Cette féministe était aussi une passionnée des "good old times", et en particulier des jardins à l'anglaise, et de sa vingtaine de livres je vous suggère de retenir pour l'instant:

Old time gardens, Mc Millan, London & New York, 1901 et
Sun dials and roses of yesterday, idem, ibidem, 1902.

Elle disait par exemple, à propos des jardins:

"Half the interest of a garden is the constant exercise of the imagination. You are always living three, or indeed six, months hence. I believe that people entirely devoid of imagination never can be really good gardeners. To be content with the present, and not striving about the future, is fatal."

Comme vous l'avez deviné, elle évoque dans le second ouvrage cité le gnomon d'Edinburgh, et elle aussi en propose un dessin que je reproduis également.

Esquissant son histoire, elle précise qu'il fut restauré sur instructions de la reine Victoria, et qu'il fut copié dans un certain nombre d'endroits.

1902...Voilà un livre disponible à Londres et donc presque sur "le continent" qui aurait fort bien pu tomber entre les mains de Fulcanelli et de Julien Champagne, ne croyez-vous pas?


Il a été très opportunément reproduit en 1971 et 1984 par Charles Tutlle (Rutland, Vermont, Etats-Unis, et Tokyo, Japon).

Quelques petits détails pour terminer, qui peuvent avoir leur importance. D'abord, le sous-titre du livre est "parlant":

"Garden delights which are here displayed in very truth and are moreover regarded as emblems".

Ensuite et enfin, voici quelques titres de chapitres qui j'espère achèveront de vous convaincre: Rosa solis, rose plate and rosee. Emblem of the rose in English history. Et "last but not least":

The Rosicrucians.


Non seulement Miss Earle n'ignore pas la Real history of the  Rosicrucians de Waite, mais elle se réfère expressément au renouveau rosicrucien de 1892-1893 à Paris, se moquant gentiment au passage du Sar Péladan...

Une dernière citation d'Alice, qui me paraît bien avoir traversé le miroir:

"Whether the Rosicrucians were all alchemists, or whether the alchemists were a physical branch of the Rosicrucians, matters little.

The art and mystery of alchemy formed an important part of this as of all the mystic religions.

When scoffers say in triumph that the Rosicrucians could never have turned base metal into gold, else they would have transformed the world with their wealth, the true "grooms" answer that when they had acquired the power of transmutation into gold, these adepts had ceased to desire wealth."

holywoodcouleur.champagne.jpg
Et si j'ose dire pour couronner le tout, voici un portrait de Marie Stuart, reine d'Ecosse et des Ecossais, peint au XIXème siècle par un certain J. Champagne:



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