Voici sans doute un tournant de ce blog: Julien Champagne est de nouveau retrouvé dans ses oeuvres, et donc reconnu en tant qu'artiste.
Merci encore une fois à notre petit cousin acadien, grâce à qui nous l'avons repéré cette fois, dans un musée parisien.
Et quel musée, ma foi! Un musée qui lui convient finalement très bien, où il a sa place avec d'autres, le musée historique de Paris, bref le musée Carnavalet, qui entre autres singularités présente celle d'être gratuit.
Car il y est en bonne compagnie! Celle de l'Amazone Natalie Clifford Barney, notamment, qu'il a dû côtoyer:
http://www.archerjulienchampagne.com/article-4849361.html
Mais aussi pour remonter dans le temps celle de Sainte Geneviève, sainte parisienne, et de cette peinture hermétique en dépot de l'église Saint-Merry, qu'Eugène Canseliet, ami de Champagne, décrivit dans la revue Atlantis (N°223, 1964), et finalement celle des Saints-Innocents, chers à Nicolas Flamel, dont une représentation de l'enclos médiéval est clichée dans les Trois anciens traités d'alchimie du même Canseliet (Pauvert, 1975).
Ainsi donc la Réunion des musées nationaux (RMN) a eu l'heureuse idée de rendre disponible sur son site deux "nouveaux" dessins de Jean Julien, ainsi qu'elle l'appelle:
http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CSearchT.aspx?V=CSearchT&SID=22S39UWP1R24O&E=S_22S39UWP1R24O&NoR=500&New=T
http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CSearchZ.aspx?o=&Total=2&FP=65472107&E=22S39UWP1R24O&SID=22S39UWP1R24O&New=
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http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CSearchZ.aspx?o=&Total=2&FP=65472107&E=22S39UWP1R24O&SID=22S39UWP1R24O&New=
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L'attribution à Julien Champagne de ces oeuvrettes, qui n'ajoutent guère à sa gloire, mais laissent augurer d'autres découvertes, ne fait pas de doute dans l'esprit des experts de la RMN:
Il s'agit bien dans les deux cas de Jean Julien Champagne (1877-1932). De ce point de vue, toute homonymie semble exclue. Mais ce Julien est-il bien le notre?
Si c'est bien le cas, ce sont là sans doute oeuvres de jeunesse ou de commande, sinon alimentaires, puisqu'elles sont toutes deux répertoriées comme estampes lithographiques du XIXème siècle.
A mon avis, l'attribution à Champagne est certainement plausible. Même si je ne peux vous offrir pour l'instant de reproduction de meilleure qualité, la signature habituelle: J. Champagne est bien visible au bas des deux travaux.
Il semble que ces deux gravures fassent partie d'une série consacrée aux "soirées parisiennes", ce qui permet encore une fois d'espérer d'autres exhumations. C'est du moins l'impression, si j'ose m'exprimer ainsi, que nous laisse leur numérotation.
J'observerai enfin qu'il peut paraître symbolique qu'"Hubert" ait eu ainsi la faveur de passer des "fêtes de banlieue" aux soirées mondaines, telles que ce "concert à la chaussée d'Antin".
Le dit concert est au demeurant proposé ailleurs sur la "toile":
http://www.scholarsresource.com/browse/work/2144593323
http://imagecache2.allposters.com/images/BRGPOD/18870.jpg
Suivant la RMN, Julien Champagne aurait ici dessiné d'après Henri de Montaut (1825-1890/1897).
Mais qui est ce Montaut?
Vous aurez noté comme moi l'incertitude très fulcanellienne qui plane sur son année de décès...On le dit aussi parfois né "vers" 1825, voire en 1829 ou 1840.
Le Dictionnaire des illustrateurs le nommerait ainsi: Henri de Montaut (ou De Hem ou Monta ou Hy) et ajouterait qu'il aurait oeuvré entre 1860 et 1905, cette dernière année pouvant également être celle de sa mort....
L'ordre de la légion d'honneur fait mention quoiqu'il en soit d'un Henri Antoine Victor de Montaut, né en 1829 à Paris.
Ce qu'il y a d'un peu plus certain, c'est qu'en bon Parisien, Montaut s'intéressa de près à la vie de la capitale, qu'elle fût tragique, comme au moment de la Commune de 1870-1871, ou frivole: cette curieuse illustration pour La vie parisienne est de 1879 - ou 1882!
http://www.artandarchitecture.org.uk/fourpaintings/manet/paris/corsetrie.html
Un deuxième point concerne son attrait pour les rives...de la Méditerranée, qu'elles soient françaises (Voyage au pays enchanté, 1880), ou grecques, ou encore égyptiennes.
Mais il doit surtout sa célébrité à son travail d'illustration des livres de Jules Verne, et ce dès les années 1865, en particulier De la terre à la lune:
http://jv.gilead.org.il/rpaul/
http://jv.gilead.org.il/evans/illustr/
http://jv.gilead.org.il/zydorczak/zzie03.htm
Et puisque je vous parlais d'entrée de jeu de tournant pour ce blog, permettez-moi de conclure là dessus, en bon ouroboros.
Ce blog continue, mais voici sans doute mon dernier courriel régulier. Oh j'ai encore dans ma manche plusieurs articles déjà pensés, qui je l'espère paraîtront tôt ou tard. Mais je suis appelé à d'autres tâches que celle-ci, et je ne reviendrai vous entretenir de Julien Champagne dans les prochaines semaines et les prochains mois qu'en cas de fait nouveau.
Celui de ce jour en est un, et pas anodin. Il en annonce d'autres, et pourquoi pas une reparution des Fulcanelli illustrés par Champagne? Parallèlement, je compte bien continuer de me tenir à votre écoute, et améliorer un peu les courriels déjà en ligne, ce que j'ai déjà commencé à faire, qu'ils soient anciens (Allainguillaume par exemple) ou récents (par exemple Hillel-Erlanger).
Mais la bonne nouvelle est là, et c'est l'essentiel: L'oeuvre de Julien est revenue au grand jour, et puisque ce 8 avril est celui de Pâques, réjouissons nous surtout qu'un autre J.C. soit ressuscité.
http://www.ocarm.org/news/esp0800.htm
A très bientôt, et Joyeuses Pâques!
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