Toujours dans son Alchimie expliquée (Pauvert, 1972), Eugène Canseliet reproduit, à nouveau en
planche hors texte, cette gravure qu'il intitule en index "médaillon de Viollet-le-Duc (encore lui) à
Notre-Dame de Paris."
Voici ce qu'il en écrit également, cette fois au dos de la planche: "L'éternelle alchimie est immuable sur son trône et reçoit, contre sa poitrine, l'échelle du Livre muet, au long de laquelle montent et descendent les messagers, dans leur désir de s'abreuver aux ondes supérieures et célestes."
Cette gravure n'est pas signée, du moins dans cette version, par Julien Champagne, mais elle est
bien de lui, puisque Canseliet dans le texte de son ouvrage la présente ainsi:
"Au sentiment de l'Adepte Fulcanelli, c'est l'alchimie, elle-même, qui reçoit l'investigateur, sous le porche central, dit encore du Jugement, à Notre Dame de Paris. Bien dégagée, en ronde bosse, d'un cercle pris sur le pilier trumeau, elle est assise et sa tête touche aux ondes du ciel.
On la peut admirer, dans l'édition de Jean-Jacques Pauvert, grâce au parfait cliché photographique de Pierre Jahan, ainsi que dans les deux premiers tirages de 1926 et 1956, avec le saisissant dessin de Julien Champagne, que nous avons repris en illustration de notre propos."
Quelques lignes plus loin, il rend d'ailleurs à ce dernier cet hommage émouvant: "Au reste ce serait, de notre part, une très grande ingratitude, que nous ne dissions pas combien nous devons au dessinateur du Maître, pour le maniement du crayon et du pinceau qui, il est vrai, nous furent tant familiers dès notre prime jeunesse."
Le livre de Fulcanelli dont il s'agit ici est bien entendu Le Mystère des Cathédrales, réédité par Pauvert en 1964, et réimprimé en 1970.
Voici donc finalement ce qu' y explique, au chapitre Paris, Fulcanelli lui-même, à propos du même bas-relief: "Le pilier trumeau, qui partage en deux la baie d'entrée, offre une série de représentations allégoriques des sciences médiévales.
Face au parvis, -et à la place d'honneur, - l'alchimie y est figurée par une femme dont le front touche les nues.
Assise sur un trône, elle tient de la main gauche un sceptre, -insigne de souveraineté, - tandis que la droite supporte deux livres, l'un fermé (ésotérisme), l'autre ouvert (exotérisme).
Maintenue entre ses genoux et appuyée contre sa poitrine se dresse l'échelle aux neufs degrés, - scala philosophorum, - hiéroglyphe de la patience que doivent posséder ses fidèles, au cours des neuf opérations successives du labeur hermétique.
"La patience est l'eschelle des Philosophes, nous dit Valois, et l'humilité est la porte de leur jardin; car quiconque persévèrera sans orgueil et sans envie, Dieu lui fera miséricorde." Amen.
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