Retournons au ciel, ou redescendons sur terre, ce qui en alchimie revient un peu au même, et retrouvons Julien Champagne au porche central de Notre Dame de Paris. Bonjour, Julien...
La planche VI de l'édition originale du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli que vous avez dessinée comporte deux médaillons, l'un à gauche intitulé La Salamandre - Calcination, et à droite le second qui est appelé Préparation du Dissolvant Universel.
Ces médaillons font dans l'édition Pauvert de 1964 (troisième édition du Mystère) l'objet de clichés et y portent les numéros VIII et IX respectivement.
Nous avons déjà approché la salamandre dans un post précédent, consacré à l'hotel du Bourgtheroulde à Rouen (Champagne et la salamandre, 1er mars 2006).
Voici ce que Fulcanelli en dit cette fois:
"Une femme, aux longs cheveux mouvants comme des flammes, vient ensuite. Personnifiant la Calcination, elle presse sur sa poitrine le disque de la Salamandre "qui vit dans le feu et se nourrit du feu."
Ce lézard fabuleux ne désigne pas autre chose que le sel central, incombustible et fixe, qui garde sa nature jusque dans les cendres des métaux calcinés, et que les Anciens ont nommé Semence métallique.
Dans la violence de l'action ignée, les portions adustibles du corps se détruisent; seules les parties pures, inaltérables, résistent et, quoique très fixes, peuvent s'extraire par lixivation."
Mais notre Adepte ajoute aussitôt, peut-être parce qu'il en a beaucoup dit, qu'il s'agit là de l'expression spagyrique de la calcination, et qu'il faut bien distinguer entre la calcination vulgaire des laboratoires chimiques, et celle que l'Initié opère dans le cabinet des philosophes.
Il reviendra plus loin dans Le Mystère des Cathédrales sur le thème de la salamandre, à propos du combat singulier des corps chimiques, dont la combinaison procure le dissolvant secret, et qui est notamment illustré par le combat de la rémore et de la salamandre décrit par le "philosophe hermétique" De Cyrano Bergerac.
Fulcanelli ajoute dans son livre que nous découvrirons bientôt d'autres figures se rapportant soit à la fabrication, soit aux qualités de ce feu secret enclos dans une eau, qui constitue le dissolvant universel.
"Or, précise t-il aussitôt, la matière qui sert à le préparer fait précisément l'objet du quatrième motif: un homme expose l'image du Bélier et tient, de la dextre, un objet qu'il est malheureusement impossible de déterminer aujourd'hui.
Est-ce un minéral, un fragment d'attribut, un ustensile ou encore quelque morceau d'étoffe? Nous ne savons. Le temps et le vandalisme ont passé par là.
Toutefois, le Bélier demeure, et l'homme, hiéroglyphe du principe métallique mâle, en présente la figure. Cela nous aide à comprendre les paroles de Pernety: "Les Adeptes disent qu'ils tirent leur acier du ventre d'Ariès, et ils appellent aussi cet acier leur aimant."
Il y aurait sans doute encore bien des choses à dire, cher Julien, sur le dissolvant universel, qui est selon toute vraisemblance un des secrets du Grand OEuvre.
Mais je préfère, et j'espère que vous en serez d'accord, laisser sur ce sujet le dernier mot à Fulcanelli, qui toujours dans Le Mystère des Cathédrales, conclut ainsi:
"Le mercure vulgaire, dépourvu d'agent propre, pourrait devenir une eau utile à l'OEuvre. Le servus fugitivus dont nous avons besoin est une eau minérale et métallique, solide, cassante, ayant l'aspect d'une pierre et de liquéfaction très aisée.
C'est cette eau coagulée sous forme de masse pierreuse qui est l'Alkaest et le Dissolvant universel."
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