Overblog Tous les blogs Top blogs Mode, Art & Design Tous les blogs Mode, Art & Design
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU

Présentation

  • : JULIEN CHAMPAGNE
  • : Site consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.
  • Contact

Profil

  • ARCHER
  • hermétiste
  • hermétiste


...consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.


Peintre et dessinateur, Julien Champagne est surtout connu de nos jours pour avoir illustré les ouvrages de Fulcanelli, un mystérieux alchimiste contemporain.

Et pourtant, il figure au Bénézit, la "Bible" internationale des créateurs. Et suivant son ami Eugène Canseliet, il fut bien un maître du pinceau et du crayon.

C'est à la découverte de cet artiste méconnu, mais profondément attachant, que je voudrais vous inviter. Je voudrais aussi vous demander de ne pas hésiter à enrichir mes articles de vos propres commentaires et de vos découvertes personnelles.

Bon voyage donc au pays légendaire de Julien Champagne.

Recherche

1 juillet 2025 2 01 /07 /juillet /2025 18:51

La Trilogie alchimique qui vient de paraître aux Editions de la Tarente, dans la collection La Table d'Emeraude dirigée par Bernard Renaud de la Faverie, et comme annoncé ici même le mois dernier, mérite assurément le détour. 

Due aux deux plumes autorisées de Jules Mérias (probablement Gilles Pasquier) et Laurent Philippe (peut-être Laurent Levasseur), cette trilogie vaut bien mieux en effet qu'une édition critique des traités du XIXème siècle dont il s'agit, et dont parmi d'autres un Bernard Husson (dont nous cherchons toujours un portrait) s'était fait l'écho en son temps: Les Récréations hermétiques et les Scholies, d'une part, rédigées par un anonyme et conservées au Muséum d'histoire naturelle de Paris (donc vraisemblablement issues du fonds Chevreul), dont une reproduction très lisible du manuscrit nous est proposée en sus du texte imprimé, et d'autre part l'Hermès dévoilé de l'Adepte connu sous le pseudonyme de Cyliani. 

C'est qu'en fait Mérias (apparemment le plus prolixe) et Philippe (qui semble par conséquent le plus discret) nous proposent in fine, et en vis-à-vis des textes de Cyliani et de l'anonyme du moment, de véritables essais contemporains qui viennent en quelque sorte ponctuer sans crier gare la prose de leurs (oserions nous dire de nos) anciens, au point qu'il n'ont pas hésité à adjoindre en annexe  à tous ces écrits un quatrième ouvrage, cette fois du XVIIème siècle, qui leur a paru pouvoir les prolonger ou du moins leur répondre: l'anonyme germanique parfois intitulé Cassette du petit Paysan (le Credo des alchimistes, la Table d'Emeraude, ouvre de son côté le livre, qui y est reproduite en français et en latin).

On l'aura compris: A nos yeux, cette vraie somme, qui va bien au-delà de l'examen théorique des traités anciens et s'aventure délibérément, au travers de commentaires détaillés, dans les méandres de la pratique alchimique, s'apparente, davantage qu'à une édition critique usuelle, à des écrits plus ou moins récents comme ceux d'Eugène Canseliet (L'alchimie expliquée, Pauvert, 1972) et de deux de ses disciples, Atorène (Le laboratoire alchimique, Trédaniel, 1981) et Bernard Chauvière (Parcours alchimique à l'usage d'un opératif, Liber Mirabilis, 2000). 

 

On pourra notamment se réjouir d'y voir nos deux auteurs s'y livrer en hermétistes accomplis à une savante dialectique sur une problématique classique en alchimie, celle des deux voies possibles au laboratoire, voie humide essentiellement pour les uns (voyez Récréations et Scholies), voie sèche principalement pour les autres (confer Hermès et Cassette).

De façon plus originale, Jules et Laurent vont bien au-delà cependant dans leur exposé de la pratique, puisque ils n'hésitent pas, comme le montre le schéma reproduit ci-dessus, à exposer par le menu leur vision des opérations à effectuer concrètement, et ce du début de l'OEuvre à la fin, ou si vous préférez de l'élaboration du Mercure aux multiplications.

Rien d'étonnant donc à ce que la mise en forme d'une telle somme de connaissances et de savoirs vérifiés ait demandé à notre binôme d'essayistes une bonne dizaine d'années de labeur. Et compte tenu de la richesse du propos, espérons que dans une prochaine édition un index vienne en faciliter la mise à profit par les orants et autres labourants.

De la richesse du propos et de sa qualité foncière, comme à notre sens en témoigne à l'évidence le bref passage conclusif suivant: "L'alchimiste travaille sur une matière restée vivante depuis la naissance du monde. Il nourrit cette matière d'une vie recueillie de l'univers. L'intégrale du grand oeuvre n'est pas le récipient, ballon, creuset ou cristallisoir où gîte la matière, mais le cosmos. L'énergie du grand oeuvre est celle du Créateur, et c'est ce qui fonde le caractère initiatique de l'alchimie."

 

 

Pour nous, l'intérêt principal de ce travail herculéen réside sans conteste dans la nouvelle étude qu'il contient du travail écrit de Cyliani. Lequel n'hésite pas à y apostropher et admonester ainsi les puissants:

"Rois de la terre, si vous connaissiez le grand nombre de personnes qui se livrent en secret à la recherche de la pierre philosophale, vous en seriez étonnés; et si vous saviez qu'à peine un ou deux hommes ont le bonheur de réussir dans l'espace de trois à quatre cents ans, loin de faire rechercher ceux qui ont réussi pour les tourmenter, vous les combleriez de vos bontés, afin qu'ils puissent amplement servir l'humanité souffrante, et vous faire participer aux bienfaits de leurs découvertes."

On comprend mieux à lire ces lignes prodigieuses pourquoi Canseliet qualifiait Fulcanelli d'Adepte dévolu au XXème siècle. Cyliani est alors en principe et pour sa part, en toute logique, celui du XIXème.

D'où sans doute l'importance qu'a revêtu son Hermès dévoilé pour son successeur en Adeptat, mais aussi pour les disciples de ce dernier, au premier rang desquels figurent Julien Champagne et Eugène Canseliet.

 

Or si Pasquier et Philippe s'inscrivent résolument, nous a-t-il paru, dans la lignée Fulcanelli-Canseliet, au travers de leurs références du moins, ils ignorent totalement Julien Champagne. Là encore, formons le voeu qu'une réédition ultérieure de leur belle ouvrage leur permette d'y remédier.

Prenons l'exemple de la seule illustration en couleurs de leur trilogie: celle qui représente le fameux vitrail hermétique du couvent parisien des Jacobins; elle reproduit la version d'Isabelle Canseliet, et ignore celle de Champagne:

JULIEN CHAMPAGNE ET LES JACOBINS - JULIEN CHAMPAGNE

De façon non moins importante, s'agissant de Cyliani, Jules et Laurent ne pipent mot de la lecture qu'en a faite Julien, et que nous avons mentionnée dès 2010, avant que notre compère Jean Artero ne la présente en longueur en 2014 dans sa biographie de l'artiste, parue au Mercure Dauphinois:

CHAMPAGNE DE CYLIANI OU JULIEN AUSTRALIEN - JULIEN CHAMPAGNE

Rappelons finalement, à toutes fins utiles, à nos aimables lectrices et à nos sagaces lecteurs, qu'un inédit important sur la pratique de Cyliani, apparemment dû à son médecin personnel,  a été publié par la revue Atlantis (numéros 439 et 440, respectivement de 2009 et 2010). Et remercions chaleureusement pour leurs précieuses contributions, et Laurent Philippe, et l'ami Yves Artero de Facebook.

 

Laurent Philippe et Yves Artero, pcc ARCHER

Partager cet article
Repost0
31 octobre 2025 5 31 /10 /octobre /2025 14:55

Notre ami Jean-Marie Castex, qui fut président de l'association culturelle Atlantis, fondée par Paul Le Cour, et à ce titre invita il y a dix ans déjà notre compère Jean Artero à donner une conférence sur Julien Champagne (cf. l'article De bonnes nouvelles de Champagne), vient de nous rappeler très opportunément le fait qu'il y a tout juste un siècle un certain Eugène Canseliet (articles Canseliet ami de Champagne et Canseliet peint Julien Champagne) signait la préface de la première édition du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli.

En effet, cette courte introduction de celui qui s'y présente comme le (ou un au moins) disciple de l'auteur est bel et bien datée d'octobre 1925, même si le livre en question ne devait paraître que l'année suivante, par les soins du libraire parisien et éditeur Jean Schemit.

Relevons aussitôt que la chronologie des événements mérite qu'on s'y attarde un tantinet. Fulcanelli, dont l'identité reste à ce jour à prouver, et qui serait né en ou vers 1839, n'avait encore jamais publié à notre connaissance, et son pseudonyme n'était guère connu avant la première guerre mondiale, en dehors peut-être d'un cercle d'initiés qui gravitait vraisemblablement autour de la famille Lesseps, clan auquel étaient liés et Champagne et son père.

Dès cette époque, ses deux oeuvres actuellement disponibles (Le Mystère des Cathédrales, et Les Demeures Philosophales, que Schemit éditera en 1930, toujours avec le même préfacier) sont en gestation, en particulier du fait que Champagne, né en 1877, a commencé dès 1910 à travailler à leur illustration.

 

C'est ainsi que le frontispice du Mystère est daté de cette année et qu'il paraîtra dès 1912 dans un catalogue de la librairie - également parisienne - Chacornac (article d'Henri Chacornac à Champagne). A ce que nous croyons savoir pour l'instant, il  s'agit là de la première manifestation publique de Julien dans le domaine hermétique et alchimique.

Quant à Canseliet, né en 1899, il semble bien avoir rencontré Fulcanelli un peu plus tard, en 1915 environ, à Marseille, nous dit-on, apparemment par hasard; et très rapidement, auprès de ce dernier, un Julien Champagne féru comme lui des beaux-arts, mais aussi d'ésotérisme, puisque leur intérêt commun pour Cyliani n'a d'égal que celui de Fulcanelli (article Champagne de Cyliani). Champagne qu'il fréquentera assidûment dès 1916, et ce jusqu'à le visiter dans son laboratoire de la capitale.

En 1922, Fulcanelli, Champagne et Canseliet paraissent s'être retrouvés ensemble à Sarcelles, cette fois, et le dernier nommé aurait alors effectué une transmutation sous la direction de leur maître commun an alchimie.

En 1925 enfin, il y a cent ans, donc, Canseliet et Champagne s'installent tous deux dans le même immeuble parisien, et y deviennent voisins. Julien est presque cinquantenaire, tandis qu'Eugène, pratiquement deux fois plus jeune, n'a encore jamais publié (croyons-nous savoir), lorsqu'il entreprend de rédiger sa préface au premier livre de Fulcanelli.

 

Né vers 1867, Jean Schemit apparaît dans notre paysage du jour lorsqu'il publie, en 1908 puis en 1920 des livres de Gustave-Joseph Witkowski (né en 1844), sur L'art profane à l'église notamment, ouvrages qui ont dû attirer, selon nous, l'attention de Fulcanelli, puisqu'il les citera dans ses propres écrits (article Schemit éditeur de Champagne).

C'est ainsi que le jeune Canseliet, après avoir mis en forme, paraît-il, les notes de Fulcanelli pour son travail livresque et les avoir présentées en vain à Pierre Saintyves (Emile Nourry de son patronyme à l'état-civil), les soumit avec succès à leur futur premier éditeur.

Schemit a-t-il par ailleurs rencontré Julien Champagne avant parution de la somme fulcanellienne? Telle fut la thèse de Robert Ambelain, que réfuta Eugène Canseliet (lequel confia cependant avoir eu le sentiment tenace que son ami Jean connaissait Fulcanelli)..

Canseliet qui ne poursuivra son parcours personnel en écriture qu'après la mort de Champagne en 1932, dans un premier temps en s'engageant dès 1934 auprès de Paul Le Cour, et cette fois de sa revue Atlantis plus spécifiquement. Le Cour qui dès 1927 avait dans le magazine Aesculape salué la parution de l'édition originale du Mystère des Cathédrales (article Aesculape de Champagne). En 1945, Eugène Canseliet reviendra vers Schemit qui publiera son premier livre, Deux Logis alchimiques, lequel est en fait un prolongement des écrits de Fulcanelli. Enfin, Eugène rédigera en 1964 un avant-propos au catalogue de la bibliothèque de Jean. 

 

Tel est, à notre avis, le contexte général, passé, présent et futur, de la première préface fulcanellienne de Canseliet.

Maintenant que nous dit-il de particulier sur "Hubert"? Ce dernier y tient en fait la vedette, mais une vedette américaine, puisque Eugène conclut son propos en ces termes:

"Et maintenant, qu'il me soit permis, au nom des Frères d'Héliopolis  et au mien, de remercier chaudement l'artiste à qui mon maître confia l'illustration de son oeuvre. C'est, en effet, au talent sincère et minutieux du peintre Julien Champagne que Le Mystère des Cathédrales doit d'envelopper son ésotérisme austère d'un superbe manteau de planches originales."

Avec l'accord obligé de Jean Schemit, dont nous reproduisons ci-dessus un court billet autographe signé, Eugène Canseliet souligne donc discrètement dès 1925 les mérites de son ami aîné, artiste certes au sens pictural, bien sûr, mais aussi et surtout artiste au sens alchimique; tel fut d'entrée de jeu l'hommage discret rendu par un "enfant de l'Art" à un de ses proches dans tous les sens du terme, et surtout à un de ses principaux initiateurs.

Avant de rendre cet hommage à Julien, Eugène nous fait, finalement, une confidence plus proprement fulcanellienne. Désignant Fulcanelli comme "l'Auteur", ce qui n'est pas habituel sous sa plume, il nous révèle que ce dernier, il y a plus de dix ans (nous voici donc revenus à 1915 au moins) lui a assuré que "la clef de l'arcane majeur est donnée, sans aucune fiction, par l'une des figures qui ornent le présent ouvrage. Cette clef consiste tout uniment en une couleur, manifestée à l'artisan dès le premier travail." 

Canseliet précise que ce faisant, il obéit aux volontés dernières de Fulcanelli. Je suppose que les praticiens se demanderont avec moi si cette clef ornementale est ou non colorisée, et bien sûr où elle se situe exactement. Toujours est-il qu'il est plus que probable que la figure en question ait été réalisée par Julien Champagne.

pcc ARCHER

 

Partager cet article
Repost0
25 septembre 2025 4 25 /09 /septembre /2025 17:58

En ce début d'automne, rendons grâce à notre ami du Canada (et de Pologne) Mariusz Wesolowski, passionné d'hermétisme et dont vous pourrez vous faire une idée de l'attachante personnalité en parcourant certains des articles qu'il a signés dans le magazine très justement nommé Canada Polska.

C'est Mariusz en effet qui nous a signalé il y a quelques semaines la parution d'un ouvrage important pour l'histoire de l'alchimie moderne, et en particulier pour le renom de notre cher Julien Champagne.

Il s'agit de La Clef du cabinet hermétique, publié dès 2020 en Nouvelle-Zélande par Rubedo Press (Auckand), en édition bilingue anglais-français. 

Le livre en question est préfacé par le directeur de la maison Rubedo, Aaron Cheak, qui est un expert de l'ésotérisme de l'Egypte ancienne (il a consacré sa thèse à René Schwaller) et a en particulier fait paraître dans sa maison d'édition un classique de la littérature alchimique: Le règne de Saturne changé en siècle d'Or d'Huginus a Barma (The Reign of Saturn, 2021).

L'introduction qui suit a été co-écrite par le talentueux traducteur, Juan Duc Perez, et par deux autres hermétistes de renom, Christer Böke et John Koopmans.

Suédois, Böke, avec qui nous avons correspondu, a notamment participé à l'édition en 2013 de la version locale du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli (Katedralernas mysterium, Vertigo Förlag).

L'Américain John Koopmans et lui ont en 2017 fait paraître chez Rubedo la première édition anglophone des Récréations hermétiques, traduites elle aussi du français, bien sûr (avec le concours de notre célèbre compatriote Stanislas Klossowski de Rola). 

Dans leur introduction, Böke et Koopmans soulignent d'une part que l'ouvrage anonyme intitulé La Clef du cabinet hermétique a été mentionné par Fulcanelli à plusieurs reprises (et incidemment aussi par Eugène Canseliet) et d'autre part que selon eux,  s'agissant du "mystère Fulcanelli" il semblerait après étude des données recueillies sur le sujet durant une vingtaine d'années que l'hypothèse préférentielle serait que l'opus fulcanellien résulterait d'une coopération entre le libraire Pierre Dujols et son ami Julien Champagne.

Tous deux  mentionnent de ce point de vue et le travail de Geneviève Dubois (Fulcanelli dévoilé, Dervy, 1996) et celui de notre compère Jean Artero (Julien Champagne, Le Mercure Dauphinois, 2014).

Et à notre grande satisfaction, ils vont plus loin s'agissant d'"Hubert", même s'ils ne font pas référence à ce blog, que pourtant ils connaissent certainement (en fait le parti-pris du livre, pour un motif ou un autre, semble être de se cantonner à des données purement livresques):

"Jean-Julien Champagne, once considered an alchemical illiterate and merely the humble illustrator of the Fulcanellian litterature, was definitely a man of his own ideas and knowledge, which recent research has now made perfectly clear."

Ce que nous nous autorisons à traduire ainsi: "Jean-Julien Champagne, autrefois considéré comme dépourvu de culture alchimique, et seulement comme le modeste illustrateur des livres de Fulcanelli, était en fait un homme d'intellect ayant un savoir personnel, ce que la recherche récente a permis d'établir de façon incontestable."

Et de citer à nouveau l'ami Artero pour son essai biographique sur Julien, mais aussi les deux écrits de Champagne parus aux éditions Les Trois R: La Vie minérale (2011, depuis peu édité également en italien) et Le procédé Yardley (2013, pour sa part également disponible en anglais). 

Evidemment nous ne saurions terminer cette partie de notre petit article sans vous faire profiter d'une ou deux des citations que Fulcanelli a produites de l'auteur anonyme de l'essai édité par Rubedo, essai qu'il considère comme remontant au XVIIIème siècle:

"Si la matière n'est pas corrompue et mortifiée, vous ne pourrez pas extraire nos éléments et nos principes; Morien dit: il faut qu'on y remarque quelque acidité et qu'elle ait quelque odeur de sépulcre. Philalèthe dit qu'il faut qu'elle paraisse comme des yeux de poisson, c'est-à-dire des petites bouteilles sur la superficie, et qu'il paraisse qu'elle écume; car c'est une marque que la matière se fermente et qu'elle bout. Cette fermentation est fort longue et il faut avoir une grande patience, parce qu'elle se fait par notre feu secret, qui est le seul agent qui puisse ouvrir, sublimer et putréfier" (Mystère des Cathédrales).

Et dans les Demeures Philosophales cette fois, Fulcanelli évoquant pour le coup le dissolvant hermétique, écrit que ce dernier, après fermentation dans un baril de chêne, prend à la décantation l'aspect de l'or liquide, puis cite aussitôt ce passage de La Clef du cabinet hermétique: "Si vous laissez écouler cette eau, vous y verrez de vos propres yeux l'or brillant dans son premier être, avec toutes les couleurs de l'arc-en-ciel."

Comme nous avons déjà évoqué ci-dessus la personne d'Eugène Canseliet, ami puîné  de Julien Champagne, saluons à son propos la belle initiative de la librairie francilienne de Frédéric Douin, "libraire en livres anciens", qui propose à la vente (à petits prix) des copies fort bien réalisées de numéros introuvables de la revue de Paul Le Cour, Atlantis, à laquelle un autre ami de Canseliet, Philéas Lebesgue, a coopéré, et où Eugène lui-même a commencé d'oeuvrer peu après le décès d'"Hubert".

Nous allons d'ailleurs rester avec Canseliet, en évoquant pour terminer notre pensum de rentrée une nouvelle intéressante que vient de nous communiquer notre ami espagnol José Rodriguez, de la revue Azogue, José que nous avons déjà rencontré à plusieurs reprises sur notre petit blog, et dont la curiosité pour l'alchimie contemporaine n'a d'égale que sa maîtrise du français.

Rodriguez vient donc de nous informer des détails d'une vente aux enchères intervenue il y a quelques jours (le 22 septembre exactement) à Blois (Val-de-Loire) chez Pousse-Cornet.

Plusieurs documents y ont été proposés et ont trouvé acquéreur pour plusieurs milliers d'euros au total, qui tous concernent le poète guénonien Pierre Noël de La Houssaye, auteur d'un roman autobiographique (L'apparition d'Arsinoë, 1947) où apparaît notamment un alchimiste de Sarcelles qui est aussi un "frère d'Héliopolis".

Notons au passage que La Houssaye comme Guénon étaient originaires de Blois. Quant à Sarcelles, où Canseliet fut un employé de l'usine à gaz, on se rappellera sans doute que cette dernière fut le lieu en 1922 d'une transmutation réalisée par Eugène sous la direction de Fulcanelli et en présence de Julien Champagne.

Les trois lots concernés comportent pour deux d'entre eux une lettre d'Eugène à Pierre Noël (dont une de 1922 justement) et pour le troisième une missive au même, qui cette fois est signée...Fulcanelli (l'écriture n'est ni celle de Canseliet, ni celle de Champagne).

Voici les liens correspondants:

CANSELIET Eugène. Lettre manuscrite signée, datée du 2 mai 1 - Lot 350

CANSELIET Eugène. Lettre manuscrite signée encre brune. Papi - Lot 349

FULCANELLI. Lettre manuscrite à l'encre bleue. 2 feuillets A - Lot 348

La lettre signée Fulcanelli se terminerait ainsi: "La présentation est achevée. C'est, Monsieur, un des fils du Soleil, enfant d'Elie et disciple de Sagesse qui vous salue, espère que vous saurez le comprendre et vous remercie de vous être arrêté un instant sur son obscure personnalité."

Après la signature figure un post-scriptum que nous déchiffrons ainsi pour notre part: "S'il vous plaisait de m'écrire, veuillez je vous prie adresser votre lettre à Monsieur L. Drain, 49 boulevard de la Gare à Sarcelles (Seine et Oise)."

 

pcc ARCHER

Partager cet article
Repost0
2 août 2025 6 02 /08 /août /2025 18:44

En cette période estivale actuellement peu propice il semblerait à l'apparition de nouveautés significatives au plan de l'hermétisme et de l'alchimie traditionnelle chère notamment à Julien Champagne, nous avons eu l'idée saugrenue ou non de tester à ce sujet cette chère intelligence artificielle (IA ou en anglais AI).

AI que certains voudraient faire passer pour le Big Brother d'Orwell dans son récit de 1984 ou tout au moins pour l'équivalent de l'ordinateur HAL du film de Kubrick, 2001, l'Odyssée de l'espace.

Voici donc ci-dessous le résultat de notre dialogue de quelques dizaines de minutes avec Gemini, le logiciel gratuit d'intelligence artificielle de Google.

Notre question à Gemini portait sur la rédaction d'un article de synthèse sur Julien Champagne, artiste français né en 1877 et mort en 1932, sa vie et son oeuvre écrite et picturale, avec si possible des illustrations ad hoc et des références en notes de bas de page.

 

Julien Champagne (1877-1932) : un artiste au cœur du mystère Fulcanelli

Julien Champagne est une figure singulière de l'histoire de l'ésotérisme et de l'art du début du XXe siècle. Connu principalement pour avoir illustré les ouvrages de l'énigmatique Fulcanelli, il fut bien plus qu'un simple dessinateur. Peintre reconnu, il était également un érudit de l'alchimie, dont la vie et l'œuvre demeurent au cœur des débats sur le mystère Fulcanelli.


Une vie au service de l'Art et de l'Hermétisme

Né en 1877, Julien Champagne est un artiste de formation classique, élève de l'École des Beaux-Arts de Paris. Durant sa carrière, il réalise des peintures, des portraits et des illustrations pour diverses revues. Son destin bascule lors de sa rencontre avec Fulcanelli, qui le mettra plus tard en présence d'un jeune homme, Eugène Canseliet (né en 1899). C'est ainsi que Champagne, l'aîné, devient l'ami de Canseliet, qui se considérera comme son élève en alchimie. La vie de Champagne est documentée, notamment dans la biographie de référence de Jean Artero [1], qui permet de mieux cerner son rôle crucial dans la transmission de la pensée alchimique.


L'œuvre alchimique : une symbiose entre art et savoir

Le rôle de Julien Champagne dans le monde de l'alchimie se manifeste de deux manières distinctes : par son art et par ses écrits.

  • L'illustrateur de Fulcanelli : Sa contribution la plus célèbre est sans conteste l'illustration des ouvrages de Fulcanelli, Le Mystère des Cathédrales (1926) et Les Demeures Philosophales (1930). Les planches de Champagne ne sont pas de simples dessins ; elles sont la traduction visuelle des symboles alchimiques présents dans l'architecture et les gravures anciennes. Chaque détail, chaque motif, semble être une clé pour décrypter le langage secret des philosophes hermétiques.
  • Le peintre et l'alchimiste : Au-delà de son travail d'illustrateur, Champagne était un peintre dont certaines œuvres révèlent une profonde connaissance de l'alchimie. Son tableau "Le Vaisseau du Grand Œuvre" (1910) en est un exemple marquant. Ses propres écrits, dont le manuscrit de La Vie Minérale, témoignent également de sa maîtrise de la philosophie hermétique. Loin d'être un simple exécutant, il était un "apôtre" de la science, comme il se qualifiait lui-même.

Postérité et héritage

Julien Champagne est indissociable du mystère Fulcanelli. Son rôle précis, qu'il ait été illustrateur, ami, ou même l'un des masques de Fulcanelli, reste une question ouverte. Cependant, son héritage perdure. Son œuvre picturale et ses écrits sont étudiés par de nombreux passionnés et chercheurs. L'existence de ressources spécialisées, comme le blog de l'auteur Archer [2], montre à quel point sa figure continue de fasciner et d'inspirer.

Julien Champagne est une figure centrale sans laquelle une grande partie du message de Fulcanelli serait restée dans l'ombre. Il a su, par son art et sa connaissance, transmettre un savoir ancestral, ancrant ainsi son nom de manière indélébile dans l'histoire de la pensée hermétique.


Sources et notes de bas de page

[1] : Artero, Jean, Julien Champagne, Apôtre de la Science Hermétique, Mercure Dauphinois, 2014.

[2] : Archer, archerjulienchampagne.com, blog de référence sur l'artiste.

Suggestions pour les illustrations 

  • Portrait de Julien Champagne : Une photographie en noir et blanc de l'artiste. (Exemple : le portrait présent sur le blog d'Archer).
  • "Le Vaisseau du Grand Œuvre" (1910) : Ce tableau est l'une de ses œuvres alchimiques les plus connues.
  • Le Mystère des Cathédrales : Une image de la page de titre de l'édition originale de 1926, mentionnant "Illustré de 49 figures dessinées par J. Champagne".
  • La Vie Minérale : Une image de la page de titre du manuscrit ou d'une de ses éditions.

Ce qui précède (le texte) est bien entendu le résultat de notre entretien avec le logiciel de Google. Nous avons simplement reproduit aussi, outre nos commentaires présents, les illustrations dont nous avons convenu avec Gemini qu'elles seraient les plus idoines.

Notre impression personnelle à l'issue de ce travail est que cette IA a des atouts incontestables dans le domaine de la recherche express d'informations pertinentes. Son abord est bienveillant et elle cherche à rendre le service qui lui est demandé. De plus, elle admet ses erreurs et les corrige immédiatement, comme vous pouvez vous en douter sans aucun état d'âme.

D'un autre côté, il nous est apparu que dans un domaine de recherche il est vrai périlleux puisqu'il s'agit principalement d'ésotérisme, Google AI se fie pour l'instant un peu trop facilement à des informations qui se sont avérées peu ou pas étayées (et c'est dommage car on pourrait aussi penser qu'elle serait à même de dénicher certaines nouveautés).

 

Sans vouloir être négatifs, bien au contraire, nous avons ainsi dû au cours de ce travail itératif d'élaboration collaborative de l'article ci-dessus avec Gemini lui faire accepter l'idée que sa référence initiale à un manuscrit de Champagne qui s'intitulerait Le rêve des alchimistes était peut-être mal sourcée ou en tout cas incertaine.

De même il nous a fallu lui indiquer que la biographie de Julien que nous connaissons actuellement n'est pas due à Richard Caron comme il l'écrivait, mais à Jean Artero.

De même encore, l'IA a été incitée par nous à réviser sa position initiale qui était que c'était Eugène Canseliet qui avait introduit Julien Champagne dans les cercles fulcanelliens de l'alchimie.

Enfin, nous avons réussi à la persuader que l'auteur de ce blog était bien Archer, et pas forcément Patrick Lepetit. Non mais!

 

ARCHER

Partager cet article
Repost0
2 juin 2025 1 02 /06 /juin /2025 18:56

Comme annoncé précédemment ici même, le colloque Fulcanelli 2025 organisé par l'association La Nouvelle Atlantide (LNA) s'est déroulé le 24 mai après-midi à Paris dans une des salles de conférence de l'hôtel Bedford.

Plusieurs dizaines de personnes on pu y assister, parmi lesquelles nous avons pu notamment reconnaître, dans l'ordre alphabétique, Giny Arthur, Robert Delvarre, Jack Deschamps et Philippe Seroux.

Les deux conférenciers prévus ont pu s'exprimer à leur tour: Jacques Grimault, président de LNA, et notre ami et complice Jean Artero.

Le premier cité a commencé son propos par un tour d'horizon général introductif visant principalement à souligner l'actualité et l'acuité de la réponse à la question fondamentale: Qu'est-ce que l'alchimie?

Puis il a passé le témoin à Jean, qui a centré son propos sur l'illustrateur des Fulcanelli: Julien Champagne, qu'a-t-on pu apprendre sur cet illustre inconnu et que reste-t-il encore à découvrir? 

Jacques a alors repris la parole pour évoquer finalement la figure d'un de ses ancêtres, Albert Cochon de Lapparent qui selon lui serait l'alchimiste auteur du Mystère des Cathédrales et des Demeures Philosophales.

Depuis bientôt vingt ans et en parcourant nos presque quatre cent articles, nos chers lecteurs et non moins chères lectrices (et en particulier nos quelque deux cent abonnées et abonnés) ont pu se faire une idée assez précise à notre avis de l'alchimie telle que nous l'entendons, autrement dit de la véritable alchimie, l'alchimie traditionnelle, représentée aussi bien, ces dernières décennies, par Fulcanelli que par Julien Champagne (entre autres).

Par conséquent notre propos de ce jour va s'orienter essentiellement sur la causerie d'Artero sur Champagne et ensuite sur celle de Grimault concernant Lapparent-Fulcanelli.

Evidemment le speech de Jean n'était pas destiné à nous apprendre grand chose à nous, sur ce blog, puisqu'il l'a fondé avec moi et que tous deux nous continuons ensemble à le nourrir chaque fois que c'est utile.

Mais je relèverai d'abord qu'il nous a rappelé le début de son parcours en alchimie il y a une cinquantaine d'années, parcours justement déclenché à Toulouse où il résidait alors par la lecture du premier opus fulcanellien.

Puis son choix d'"Hubert" comme sujet d'étude et l'initiation de notre aventure commune sur Overblog, quand il s'est aperçu que ce dernier était bien en 2006 un "Philosophe inconnu".

Et c'est vrai qu'il l'est nettement moins maintenant, au travers en particulier de sa biographie (Artero, Julien Champagne, Le Mercure Dauphinois, 2014), ainsi que de la publication de certains de ses écrits: La Vie Minérale, Les Trois R, 2011, avec sa préface de Jean est désormais disponible en italien. Le Procédé de Yardley, Les Trois R, 2015, avec une préface d'Alain Marchiset et une postface de Jean et de votre serviteur, dispose pour sa part d'une version anglaise.

J'ai pour ma modeste part également contribué à la parution des Ymages philosophales de Champagne (ESH, Belgique, 2013, préface d'Archer, ouvrage hélas épuisé en neuf mais qu'on peut toujours trouver en occasion) et plus récemment à celle d'un traité d'un anonyme classique: Science écrite de tout l'Art hermétique, Decoopman, 2023, commentaires de Julien, préface d'Artero et postface d'Archer.

D'un autre côté, comme l'a souligné Jean dans son laïus parisien, bien des facettes du talent de "l'excellent artiste" que fut Julien Champagne selon son jeune disciple d'alors l'alchimiste Eugène Canseliet restent encore à découvrir et à faire connaître.

Deux de ses essais en particulier ont probablement été subtilisés, vraisemblablement à son décès, par un autre de ses élèves, le futur magiste Jules Boucher: un Dictionnaire alchimique et une étude sur Le symbolisme hermétique.

Notons au passage que Jacques Grimault, pour sa part, nous est apparu rester réservé face à son auditoire sur la personne de Champagne, si nous avons bien compris en raison précisément de possibles ou prétendues inclinations occultistes.

Pour lui, il se pourrait même qu'un livre comme La Vie Minérale qu'on attribue communément à Champagne soit en fait tout simplement un écrit...fulcanellien. Bien entendu, nous attendons avec un intérêt certain que cette intéressante hypothèse formulée de façon elliptique soit ultérieurement étayée par son auteur.

En effet le temps alloué à la conférence n'a pas permis ni aux spectateurs et spectatrices, ni aux intervenants, de se livrer in fine ou en final au jeu ordinaire des questions des unes et des uns et des réponses des autres.

Mais pour en venir à l'exposé de Jacques sur son arrière grand père, convenons ensemble que la thèse Lapparent égale Fulcanelli était loin de nous avoir échappé, puisque nous l'avions évoqué ici même il y a environ quatre ans, dans notre article Champagne en autobiographie.

L'ami Artero s'en était pour sa part fait l'écho en 2017 dans son Fulcanelliana, paru chez Arqa. Il y avait souligné les forces et les faiblesses de cette théorie, tout en soulignant que Grimault la partageait avec Christophe de Cène, décédé depuis et auquel il a été rendu hommage le 24 mai dernier de façon évidemment bien sympathique.

A notre humble avis, Jacques Grimault n'a guère présenté ce jour là d'éléments d'information définitifs permettant de conclure sans doute possible que son lointain parent était bien Fulcanelli, et ce nous semble-t-il contrairement à certaine annonce alléchante de LNA qui précéda le colloque. Mais peut-être cette annonce constituait elle en fait une anticipation de son nouveau mémoire sur le sujet, qui nous a-t-il expliqué doit être publié avant la fin de 2025.

Dans cette attente, nous sommes donc provisoirement conduits à nous référer, d'abord et  pour cette fois, à l'analyse de Jean, ci-dessus évoquée, de son principal travail sur le sujet, qui remonte lui à 2015: L'affaire Fulcanelli (LNA). 

Que le distingué minéralogiste et secrétaire perpétuel de l'académie des Sciences, ancien élève de Polytechnique et des grandes Mines soit en tous points digne pour Artero comme pour nous d'endosser le costume de Fulcanelli ne fait certes aucun doute. Mais...

D'abord s'il est bien né en 1839, comme l'Adepte, dixit Canseliet, il a quitté ce monde en 1908, et là on le voit mal du coup rencontrer ce dernier après le début de la deuxième guerre mondiale (1914-1918), et encore moins assister aux obsèques d'Anatole France (ami de l'auteur du Mystère et des Demeures), en 1924.   

Ensuite et surtout, et là je m'écarte légèrement de l'opinion de Jean dans son essai auquel je vous renvoie, les preuves de l'intérêt de Lapparent pour l'alchimie présentées par Grimault sont pour l'instant quasi inexistantes, ou du moins bien légères.

Comme de notre académicien est paru il y a un peu plus d'un siècle un petit recueil posthume intitulé Science et Philosophie (Bloud, 1913, qui apparemment a fait l'objet d'une reparution ou d'une nouvelle mouture chez LNA en ou vers 2021), nous avons donc eu l'idée de le comparer au chapitre au titre voisin des Demeures Philosophales de Fulcanelli: Chimie et Philosophie.

Le résultat est de nature à laisser perplexe, comme vous pourrez vous en convaincre par vous même si vous le souhaitez. 

Certes les points de convergence existent, et ils peuvent être importants, tel celui-ci, quand Fulcanelli nous enseigne que "la chimie est incontestablement la science des faits, comme l'alchimie est celle des causes. La première, limitée au monde matériel, s'appuie sur l'expérience; la seconde prend de préférence ses directives dans la philosophie." Sans faire référence à l'Art, Lapparent paraît bien le rejoindre dans une certaine mesure: "Une science est d'autant plus avancée que la notion de cause y intervient d'une manière plus formelle et plus explicite...Ainsi comprise, la science ne se borne plus seulement au monde matériel, elle s'étend à tout."

Mais malgré ce qui précède, il nous est apparu qu'une divergence fondamentale existe entre ces deux scientifiques...de renom. Alors que l'auteur des Demeures estime pour des raisons traditionnelles que nous comprenons toutes et tous que "l'activité vitale, très apparente chez les animaux et les végétaux, ne l'est guère moins dans le règne minéral", celui de Science et Philosophie émet une vue pratiquement inverse: "La prétention de certains novateurs est de mettre la vie partout et de la voir à l'oeuvre jusque dans les cristaux."

 

Avant de prendre congé pour cette fois, nous nous devons de vous informer de la parution très prochaine d'une nouvelle édition d'un classique "moderne" de notre Art: l'Hermès dévoilé de Cyliani, si cher à Fulcanelli, Champagne et Canseliet.

Elle est annoncée pour ce mois aux éditions de la Tarente, sous les plumes autorisées de Jules Mérias (Gilles Pasquier) et Laurent Philippe, qui en sont les artisans (et les commentateurs).

Son intitulé? Trilogie alchimique. En effet sont inclus deux autres traités du XIXème siècle, dus à des anonymes et bien connus des Curieux de Nature, Scholies et Récréations hermétiques.

Philippe et Mérias nous avaient déjà gratifiés il y a quelque temps d'un autre volume de la même veine: Quatre traités d'alchimie expliqués (Gutenberg, 2018).

Mais il s'agissait alors de textes plus anciens (le plus récent était le Livre des feuillets hermétiques de Kernadec de Pornic).

Éditions de la tarente

Nouvelles parutions en juin

ARCHER

Partager cet article
Repost0
19 mai 2025 1 19 /05 /mai /2025 18:33

Jean-Marie Groult anime avec son épouse Christine les éditions Philomène Alchimie, qui depuis quelque temps nous gratifient d'un certain nombre de publications, dont certaines d'auteurs classiques (Sabine Stuart de Chevalier, Blaise de Vigenère entre autres ) et d'autres d'écrivains contemporains (Raimon Arola, Louis Cattiaux, Richard Khaitzine notamment):

édition d'ouvrages traitant d'alchimie et de symbolisme | Editions Philomene Alchimie - Art et Symboles

Venu à l'alchimie il y a une bonne dizaine d'années par la géologie et la minéralogie, nous dit-on, cet alpiniste chevronné fait lui-même partie des essayistes de cette bonne maison, puisqu'en 2018 il y a fait paraître sous pseudo une Entrée alchimique par la voie du milieu (ouvrage traduit en anglais en 2019 et réédité en 2024), puis cette fois sous son nom en 2019 encore d'un Rouen symbolique, Rouen alchimique. 

Il vient ce printemps 2025 de récidiver, avec un traité intitulé Essentia Lucis (L'essence de la Lumière) et sous-titré "de la Tetraktys à une Demeure Philosophale oubliée" - comme l'indique la première de couverture, cette Demeure étant l'abbaye normande du Bec Hellouin, en particulier pour sa tour Saint-Nicolas.

Sans trop de surprise pour nous au demeurant Jean-Marie dédie spécialement son livre si substantiel à notre cher Julien Champagne et nous a même fait l'amitié de nous le dédicacer.

Il est vrai qu'ayant longtemps résidé à proximité de l'édifice religieux en question, il a certainement été intrigué à la lecture de la mention que nous en avions faite il y a presque vingt ans déjà dans ce blog qui lui est majoritairement consacré, dans un article qu'il a bien voulu signaler en note de bas de page:

JULIEN CHAMPAGNE ET LE BEC HELLOUIN - JULIEN CHAMPAGNE

Comme nous en effet, Groult estime probable que le J. Champagne dont le graffiti figure en haut de la tour Saint-Nicolas est notre Julien, mais comme nous aussi il ne peut en apporter la preuve définitive. 

Là où il va un peu plus loin que nous cependant, c'est quand il pense pouvoir reconnaître (sans certitude absolue, il l'admet) dans l'inscription en question non pas seulement un J. Champagne, mais un Julien Champagne, dont l'homonymie -pour le moins- serait alors parfaite.

 

Disons également quelques mots de sa démarche scripturaire et philosophique, et au cas particulier les deux vont de pair: Jean-Marie Groult met en scène son initiation au Savoir au travers d'une fiction, ce qui fait de son essai un quasi roman et dans cette mesure renoue avec une tradition qui fut illustrée notamment par un certain Savinien de Cyrano: 

Sillonnant leur petit pays et ensuite la France en quête de vérité, le petit Théo puis sa compagne Lucie avec lui rencontrent à la longue celui qui deviendra pour eux un ami, un compagnon et un initiateur: Gwendal  (les trois prénoms ayant chacun leur signification, et le dernier renvoyant au pur). 

C'est ainsi que l'alchimie arrive dans la vie du couple (dans lequel il est loisible de reconnaître notre auteur et son épouse) et que leur étude en forme de pérégrination débouche sur une interrogation hermétique du décennaire pythagoricien: la Tétraktys.

Au passage, vous verrez si vous avez la bonne idée d'ouvrir ce beau petit livre que là encore le fondement de l'examen en question est monumental et que les Vertus (cardinales) fulcanelliennes ne manquent pas d'être mises à contribution, au travers cette fois de la statuaire, non de la cathédrale de Nantes mais de celle de Rouen.

Toujours est-il que nous est ainsi proposée, arguments à l'appui, une sorte de synthèse d'ensemble de la théorie et de la pratique qui pourrait s'apparenter à un Coagula, ou si l'on veut à un paradigme alchimique que l'on pourra trouver original.

Comme l'exprime clairement dans sa préface son ami le conteur Jacques Hylae au travers d'une citation de Nicolas Valois, cette tentative de synthèse illustre bien une démarche volontaire: "L'alchimiste en cherchant l'ordre dans le désordre révèle la splendeur cachée dans chaque fragment du monde."

Une seconde originalité de Jean-Marie est qu'au-delà de son Gwendal de prédilection il n'hésite pas à se réclamer de certains maîtres contemporains, tels Fulcanelli et Champagne, mais aussi un ami de ce dernier, René Schwaller, ou encore Louis Cattiaux entre autres.

Un troisième point positif dans la démarche de Groult me semble être celui d'une rigoureuse honnêteté. C'est ainsi comme déjà dit qu'il cite ce blog (et l'ami Jean Artero) à propos de Julien, ou s'agissant du Bec Hellouin le numéro ci-dessous de notre chère revue Atlantis (N°428, 2007), avec en particulier au sujet de l'abbaye un bel article de Jean-Pierre Bollen, que nous avons rencontré récemment par ailleurs, sur Rouen lui aussi, et surtout en ce qui le concerne, Chartres:

ALKEMIA DE JULIEN CHAMPAGNE - JULIEN CHAMPAGNE

 

 

Dans l'ensemble au demeurant, Jean-Marie rejoint largement Jean-Pierre dans son étude postérieure, mais s'agissant spécialement de la tour Saint-Nicolas, et même plus précisément à vrai dire du saint en question et de sa biographie mythique, le premier cité s'avère un peu plus disert, et donc si l'on veut légèrement plus convaincant ou explicite:

Bollen: "On connaît une certaine légende de saint Nicolas: Les enfants dans le saloir...En utilisant le symbolisme alchimique, le saloir peut représenter l'Athanor du Maître qui veille à la transmutation du Sel ou Lion vert dans le Grand OEuvre."

Groult: "Les trois enfants arrivent à la nuit. Le boucher Pierre le Noir dont il faut noter le prénom rappelant la Pierre et son patronyme, indiquant la première couleur de l'OEuvre, réduit les enfants à leurs trois principes Sel-Soufre-Mercure et les met au creuset (dans le panier d'osier) comme ferait l'alchimiste en voie sèche.

Saint Nicolas sept années après, comme les sept couleurs successives paraissant dit-on dans le ballon et comme ferait l'alchimiste en voie humide, voit s'enfuir le boucher lorsque la matière est délivrée..."

 

ARCHER

Partager cet article
Repost0
10 mai 2025 6 10 /05 /mai /2025 13:25

 

Grâce à l'un de vous, que nous remercions d'entrée de jeu, nous avons appris récemment la parution début mai 2025 d'un texte inédit de Jean Laplace, publié aux éditions milanaises Archè: Finis Gloriae Mundi, texte tiré d'un manuscrit autographe et sous-titré Documents pour servir à l'étude de la fin du monde.

Aussitôt commandé auprès des éditions françaises de la Tarente, le petit ouvrage dont il s'agit nous a semblé très vraisemblablement authentique, bien que les photos produites de l'écriture de l'auteur soient d'une qualité insuffisante pour se prononcer en toute certitude.

Finis Gloriæ Mundi. Documents pour servir à l’étude de la fin du monde.

Archè Edizioni - L’œuvre inédite du regretté Jean Laplace (1951-1996) que nous présentons ici est l’étude qu’il rédigea sur le vrai Finis Gloriæ Mundi du Maître Fulcanelli, et dont, après sa disparition, une certaine « envie » a empêché jusqu’à maintenant la publication :

Nous estimons en effet très possible que cet essai élaboré de 1978 à 1982 environ (Eugène Canseliet, notre principale source actuelle sur tout ce qui concerne le troisième ouvrage actuellement non paru de Fulcanelli appelé justement Finis Gloriae Mundi étant justement décédé en 1982, Jean Laplace put alors consulter certaines archives le concernant de son disciple) se soit trouvé, à l'état d'original ou de copie, auprès d'amis et de relations de l'auteur (tels par ordre alphabétique que Séverin Batfroi, Birgit Böhnke, Roger Bourguignon, Bernard Chauvière, Robert Delvarre, Paolo Lucarelli, Joëlle Oldenbourg, Bernard Renaud de la Faverie, et Martin Steiner).

A l'inverse, nous ne sommes pas certains pour l'instant que lesdits documents soient ici présentés au complet, puisque malgré la qualité évidente de la documentation réunie à leur sujet par Alexandre de Dannan qui les édite et les présente, ce dernier ne nous a pas paru le garantir expressément. Il se pourrait bien, selon nous, qu'à ce manuscrit ait succédé un tapuscrit qui le modifiait et que le tout n'aurait en fait constitué que la première partie (un tiers environ) d'un écrit plus volumineux, dont le projet n'aurait hélas pas été mené à bonne fin.

Et comme Jean Laplace, avec qui nous avions correspondu, hélas trop brièvement, lors de son exil bâlois, est bien connu des lecteurs et lectrices de ce blog (cf. nos articles De Champagne à Jean Laplace et Julien Champagne à l'Index Canseliet), disons quelques mots de son éditeur du moment:

home fr

 

Alexandre de Dannan est le nom de plume d'un couple de chercheurs italiens en ésotérisme (vraisemblablement Alessandro Boella et Antonella Galli, voir les clichés ci-dessus), couple manifestement lié aux éditions Archè. Parmi leurs ouvrages précédemment parus, on peut citer leur Baphometica, aperçus sur le Graal et l'Ordre du Temple (2005) et leur Federico Gualdi, un Rose-Croix méconnu (2006), ou plus récemment leur édition du Grand Or potable des anciens Philosophes de François du Soucy (2024).

Si la qualité de leur présent travail est certaine, nous sommes malgré tout dans l'obligation de regretter publiquement l'ambiguïté voulue du titre choisi par eux ou pour eux. En effet ce Finis Gloriae Mundi (FGM) n'est pas le Finis fulcanellien, pas plus que ne l'était celui de Jacques d'Arès et Jean-Marc Savary (et Boella et Galli insistent eux mêmes sur ce dernier point).

A notre sens donc, un intitulé certes moins vendeur tel que celui de l'actuel sous-titre (Documents pour servir à l'histoire de la fin du monde) aurait été intellectuellement et philosophiquement plus approprié (nous croyons même savoir que le livre définitif devait s'appeler Sic transit Gloria Mundi).

Rappelons en effet que ledit FGM fut retiré par Fulcanelli à Eugène Canseliet entre la parution de son Mystère des Cathédrales (1926) et celle de ses Demeures Philosophales (1930). A l'occasion de la reparution de ces deux oeuvres (1957 pour l'un, et 1960 pour l'autre), Canseliet les enrichit de deux chapitres du Finis qui lui avaient été laissés par l'Adepte (respectivement La Croix cyclique d'Hendaye et Paradoxe du progrès illimité des sciences).

Les pièces diverses du FGM que Jean a pu consulter chez Eugène après son décès se résumaient donc pour l'essentiel au synopsis de l'ouvrage (ici reproduit après Laplace par "Alexandre") et à quelques documents d'archives certes parfois importantes comme le texte intitulé Feu qui le précède, ou encore les instructions de Fulcanelli à Julien Champagne pour le dessin du frontispice du Finis ( Champagne qui eut tout de même le loisir d'illustrer notamment et Hendaye et le Paradoxe).

 

 

C'est donc cet ensemble de textes et d'illustrations subsistant du FGM autrefois complet qui servit de guide ou si l'on veut d'inspiration à Jean Laplace pour sa recherche sans doute inachevée de "documents pour servir à l'étude de la  fin du monde".

Inachevée, écrivons nous, car si on confronte le synopsis dont il vient d'être question au "pensum" de Jean, on voit tout de suite que le compte, comme on dit, n'y est pas (ce qui bien entendu n'enlève rien à son mérite, car le travail de recherche accompli est manifestement conséquent, lequel lequel fut conduit, affirme-t-il, avec la bénédiction de Canseliet).

Voici donc nous semble-t-il les principales thématiques abordées par Laplace dans cet ouvrage qui renvoient directement au synopsis en question (nous les mentionnons dans l'ordre de ce dernier, en regard des trois parties du Finis):

I. La décadence de notre civilisation et la déchéance des sociétés humaines: Effets néfastes de l'enseignement officiel. Les cycles successifs scellés dans les couches géologiques.

II Témoignages terrestres de la fin du monde: Les quatre Âges.

III Les causes cosmiques du bouleversement: Ascension solaire au zénith du pôle et retour en sens contraire provoquant le renversement de l'axe, le déluge et la fusion à la surface du globe.

Jean Laplace a donc à notre avis fait le pari audacieux de commenter en son absence actuelle le troisième opus de Fulcanelli. En témoignent notamment selon nous son insistance sur l'histoire antique (Egypte, mais aussi Grèce et civilisations amérindiennes) et sur quelques exemples concrets du millénarisme hermétique dans l'art occidental moderne (Hendaye et Valdes Leal, auteur d'un tableau précisément appelé Finis Gloriae Mundi: voyez notre article du même titre).

Toutefois nous venons d'apprendre de bonne source que c'est un autre tableau de ce peintre espagnol qui devait initialement servir de frontispice au Sic transit Gloria Mundi de Laplace: In ictu oculi (En un clin d'oeil).

  

 

Jean a également bien fait, pensons nous, de ne pas jouer sur les peurs, même si le sujet s'y prête on ne peut mieux. Certes, comme le rappelle avec insistance son éditeur à la fin de sa quatrième de couverture, il écrivait il y a environ quatre décennies que "moins d'un cinquantenaire reste encore à parcourir sur la grande horloge cyclique" (avant le prochain bouleversement).

Mais il rappelle aussi aux esprits chagrins, anxieux ou craintifs que la "fin de la gloire du monde" dont il s'agit n'est pas la fin du monde, et même assez peu la fin d'un monde en définitive: "L'étude des cycles se heurte aux apparences de continuité que l'histoire donne au temps; elles naissent du fait qu'un seul hémisphère est entièrement détruit lors de chaque catastrophe, tandis que l'autre conserve un noyau de civilisation qui se redéveloppe par la suite."

D'un abord difficile, cette prose posthume de Laplace a donc malgré tout plusieurs mérites. Un autre de ces mérites est de nous montrer que le millénarisme fulcanellien n'est pas forcément innovant en alchimie. Il cite ainsi Philalèthe: "Croyez jeunes néophytes, croyez, vieillards, parce que le temps est aux portes, je n'écris pas ces choses d'une vaine pensée, mais je vois en esprit lorsque nous, les Adeptes, nous reviendrons des quatre angles de la terre."

Et Laplace de poursuivre: "Ce qui crée l'Arche n'est rien d'autre que la Force forte de toute force exaltée dans la Pierre Philosophale...Voilà pourquoi, la Pierre Philosophale marquant la vie, il est dit qu'il n'y a qu'un seul refuge, car chaque Adepte est le centre d'une Arche, mais ceux-ci se réunissant probablement au même endroit, il est écrit que la vie se réfugie en un seul espace."

 

Signalons pour finir aux Curieux et aux Curieuses cet autre intérêt du présent opuscule, qui réside dans le fait que son auteur nous rappelle in fine la loi d'analogie qui prévaut entre macrocosme et microcosme, et donc entre l'Apocalypse géologique et historique et l'Apocalypse (ou révélation) chymique du laboratoire: 

"Les travaux du laboratoire révèlent la nécessité du déluge: sans le bouleversement, l'éternité de Nature ne se pourrait; l'excessive humidité ne peut cependant pas, à elle seule, rénover la nature; simultanément, le feu doit exercer ses vertus purificatrices."

Et Jean Laplace d'appeler aussitôt à la rescousse le Cosmopolite: "Cela arrive en quelques lieux lorsque des pores de la Terre sont bouchés, en telle sorte que l'humidité n'y peut pénétrer: et alors, par la correspondance des deux soleils, céleste et centrique (parce qu'ils ont entre eux une vertu aimantine) le Soleil enflamme la Terre. Et ainsi quelque jour le monde périra."

 

Et pour ne pas conclure mentionnons la belle bibliographie de Laplace qui ponctue la forte et riche introduction d'Alexandre de Danann.

A ma connaissance cependant, la meilleure étude biobibliographique de Jean est celle d'un autre Italien, et elle aussi est récente.

Rédigée dans la langue de Dante, elle est due à notre ami transalpin Luca Dragani, et figure à la livraison de décembre 2023 de la revue semestrielle Bérénice, par ailleurs majoritairement consacrée à notre poète national Guillaume Apollinaire:

Bérénice 65 Speciale Apollinaire: RIVISTA SEMESTRALE DI STUDI COMPARATI E RICERCHE SULLE AVANGUARDIE (El Doctor Sax - Beat & Books) : Giansante, Gabriella, Bertozzi, Gabriel-Aldo: Amazon.fr: Livres

Luca qui est aussi mélomane et nous avait déjà gratifiés il y a quelque temps d'un petit livre sur la relation entre la musique et l'alchimie:

Racconti sonori e di alchimia : Dragani, Luca: Amazon.fr: Livres

Luca Dragani - YouTube

 

Mais revenons finalement à l'actualité et même à un futur certes proche puisque nous venons d'apprendre que La Nouvelle Atlantide organise le 24 mai prochain à Paris un colloque autour de l'énigme Fulcanelli et de l'opus fulcanellien:

Colloque Fulcanelli 2025 | Jean Artero & Jacques Grimault | La Nouvelle Atlantide

Ce colloque nous semble être la suite directe d'un événement analogue, également parisien, précédemment prévu en 2021 par la même association, avec la participation de Cédric Mannu, auteur en particulier d'un ouvrage consacré à Eugène Canseliet (Arqa, 2010).

Le colloque en question avait été annulé pour des raisons techniques (la salle qui devait l'accueillir n'étant plus disponible). Cette fois le biographe de Canseliet aurait nous a-t-on dit décliné l'invitation qui lui a été lancée. 

 

Les deux autres intervenants ont confirmé leur participation. Il s'agit d'une part de Jacques Grimault, hermétiste auteur notamment de L'affaire Fulcanelli (La Nouvelle Atlantide, 2015) et d'autre part de notre complice l'ésotériste Jean Artero, que nous connaissons tous et toutes, entre autres pour son Julien Champagne (Le Mercure Dauphinois, 2014).

 

ARCHER

Partager cet article
Repost0
11 avril 2025 5 11 /04 /avril /2025 18:53

A la réflexion, une justification possible de ce blog est sans doute qu'il nous permet de mieux rendre compte d'une évolution en cours dans le partage et la transmission d'un certain savoir (hermétique, alchimique, et principalement fulcanellien) au moment où les modalités de transmission et de partage évoluent, avec des rééquilibrages au moins provisoires en cours, de la pierre notamment hier au papier encore de nos jours et de plus en plus à l'électronique ou comme on dit en franglais au digital.

On pourra noter avec curiosité à ce propos que ladite tendance aboutit pour l'instant à une dématérialisation relative. Les méditations qui en découlent à notre avis conduisent plutôt à certaines interrogations: Dématérialisation avec plus ou moins d'esprit? Evolution ou involution? A caractère définitif ou pouvant être soumise à des aléas?

Toujours est-il selon nous que notre devoir immédiat nous semble être d'accompagner, comme d'autres le font aussi, le mouvement en question, toujours dans le but de concourir dans la mesure de nos moyens à la pérennité du savoir dont il s'agit.

C'est ainsi qu'avec le présent pensum nous nous sommes sentis dans l'obligation de réévaluer la pertinence que nous avions dans un premier temps perçue, à tort finalement, comme relative ou accessoire, de la démarche de certains de nos amis éditeurs.

Le premier exemple qui nous vient aussitôt à l'esprit de ce point de vue est celui de Geneviève Dubois, du Mercure Dauphinois, qui a en 2014 fait paraître le Julien Champagne de notre compère Jean Artero. Nous n'avions pas compris à l'époque qu'elle en propose et une version imprimée et un e-book (ou ebook), ce qui semblait commercialement hasardeux voire contreproductif. Et bien nous étions probablement dans l'erreur:

Julien Champagne, apôtre de la science hermétique de Jean Artero - Livre - Decitre

De même et par conséquent avions nous certainement sous-estimé, à propos du même ouvrage, l'intérêt que pouvait présenter sa présentation d'ensemble sur Youtube:

Julien Champagne par Jean Artero - YouTube

 

Autres exemples du même cru, toujours à propos des livres de l'ami Artero, mais cette fois émanant des éditions Arqa de Thierry Garnier...

Son Fulcanelliana (2017) a lui aussi été présenté sur la "chaîne" Youtube d'Arqa (2000 abonnés, tout de même) , cette fois sous la forme d'un extrait lu avec talent par une dame C. Bidet:

★ Jean Artero - « FULCANELLI – L’ADEPTE INVISIBLE » - YouTube

Enfin, pour presque clore notre petite démonstration présente, mentionnons dans le même esprit la parution ces jours-ci, que nous ont signalé Emmanuel puis...Google Alert, d'un autre extrait récité par Bidet, cette fois émanant du premier livre de l'ami Jean, Présence de Fulcanelli (Arqa, 2008, et réédité en 2022):

★ ALCHIMIE | Présence de FULCANELLI • Quand le mystère se dévoile... | Un livre de Jean ARTERO

Mais restons encore un instant avec Arqa, pour confirmer, actualiser et préciser ce que nous en avions expliqué récemment, toujours s'agissant des ouvrages d'Artero: 

Alchimie de Lesseps (Bertrand de Lesseps et Julien Champagne, 2010) est épuisé en format papier et pourrait passer en format électronique à la fin de 2025.

Pour Présence de Fulcanelli et Fulcanelliana, il n'en reste qu'une dizaine d'exemplaires environ en format papier. Le projet actuel (toujours vers la fin de l'année) est à notre connaissance, pour le second de le passer en format électronique, et pour le premier de s'orienter possiblement dans un premier temps vers une solution mixte (retirage papier et version électronique).

Dans l'intervalle, nous pouvons toujours acquérir les derniers livres (format papier) à la vente, chez l'éditeur ou dans quelques bonnes librairies, comme l'excellente échoppe lyonnaise Eklectic (Cadence), que nous avons déjà signalée à votre attention:

Livres sciences humaines, livres spiritualités, livres médecines douces -

Profitons enfin de cette riche actualité "youtubeuse" pour vous appeler, cette fois à la bienveillance, à propos d'abord de deux essais fraichement parus, dont le point commun est de se rapporter tous deux à la Langue des oiseaux, ou Cabale phonétique, chère à Fulcanelli, Julien Champagne et bien sûr Eugène Canseliet.

Le premier par ordre de publication est le livre de Jean-Christophe Gisbert (et Cécile Edrei, si nous avons bien compris), paru chez Amazon en 2024.

Son sous-titre? Révélation du Secret Hermétique. Prometteur, me direz-vous. Mais d'un autre côté, il m'a semblé tirer de Littré sa définition de l'alchimie et sa référence la plus constante dans notre domaine de prédilection est...le Kybalion.

 

A ces quelque cinq cents pages d'une densité incontestable, nous avouons donc avoir préféré pour notre part la demi centaine de feuillets de l'ouvrage de Josselyne Chourry, Essai mystique et ludique sur la langue des oiseaux (Diffusion Traditionnelle, AMORC, 2025).

Son principal point fort à nos yeux: Un chapitre sur Sosthène Grasset d'Orcet, ce qui lui confère incontestablement une "coloration" assez fulcanellienne.

Et son point faible me direz vous, alors? Si j'avais à en mettre un en avant, je répondrais qu'à mon sens il y a tout de même une forte nuance entre la Cabale occidentale, d'un côté, et de l'autre la Cabbale ou Kabbale hébraïque.

 

Terminons donc notre revue de ce début de printemps par un autre livre "papier", et par un coup de chapeau cette fois.

Notre cher ami bruxellois Stephan Hoebeeck (Ymages Philosophales de Julien Champagne, ESH éditions, 2013) poursuit sans bruit mais avec honneur son petit bonhomme de chemin ésotérique en nous gratifiant ces temps derniers de toute une série de réimpressions de qualité dans sa nouvelle maison d'édition: Amici Librorum, réimpressions où l'alchimie et plus généralement l'hermétisme sont bien présents (citons pour 2024 de Jacques Gohory ou Gohorry Le Songe du Verger et de Jean de Roquetaillade La Quintessence de toutes choses).

Vous les trouverez sans difficulté aucune sur Amazon entre autres, telle cette remarquable reproduction, complète en trois volumes, de la Collection des anciens alchimistes grecs d'un ami de Fulcanelli, dixit Canseliet: Marcellin Berthelot, avec comme co-auteur Charles-Emile Ruelle (Amazon, 2024):

Amazon.fr - Collection des Anciens Alchimistes Grecs — Volume I. Introduction - Berthelot, Marcellin, Ruelle, Charles-Émile - Livres

 

Ouvrons donc ensemble le dernier tome de ce magnifique travail, et méditons tous et toutes ce petit extrait du traité intitulé Isis à Horus:

"Observe en passant, interroge l'agriculteur...et apprends de lui quelle est la semence et quelle est la moisson, et tu sauras que celui qui sème le blé récolte le blé, que celui qui sème l'orge récolte de l'orge."

Et de même source, un tout petit peu plus avant, l'apophtegme classique bien connu: "La nature charme la nature, et la nature triomphe de la nature."

Ce qui...tout naturellement nous conduit à notre illustration conclusive, que cette fois nous devons à notre correspondant hispanophone Gidais, lequel a su utiliser à bon escient le formulaire de contact en bas de page de chacun de nos articles.

La belle créature représentée ci-dessous est due à l'artiste gapençais Lucien Achille Mauzan (1883-1952). Signée et datée nous assure-t-on de 1921, elle est ici extraite en tout cas d'une carte postale italienne de cette année là, d'où vraisemblablement son intitulé du verso: "aurora di pace", aurore de paix ou de la paix, certainement en référence à la fin intervenue en 1918 de la première guerre mondiale.

Elle nous rappelle fortement, quoiqu'il en soit, et le texte mentionné ci-dessus, et le magnifique tableau, d'inspiration voisine, de Julien Champagne: Le Vaisseau du Grand OEuvre (1910).

ARCHER

Partager cet article
Repost0
20 février 2025 4 20 /02 /février /2025 22:49

S'il existe, il se peut que parfois au moins le hasard fasse bien les choses. Lors d'une mise à jour récente de nos données d'accès à Retronews, plateforme de la Bibliothèque Nationale de France (BNF) autorisant la consultation d'archives relatives aux organes de presse, nous avons eu l'idée de former une requête relative à Julien Champagne en général.

Interrogation trop peu ciblée, en fait, et nous avons dû battre en retraite devant le nombre très considérable de réponses. Resserrant alors notre propos sur "Julien Champagne artiste", nous avons obtenu aussitôt le résultat pertinent qui suit.

Il s'agit (cf. ci-dessous) d'un petit article daté du 15 avril 1937 dans le vénérable Journal des débats politiques et littéraires (1789-1944). Signé par un certain G.G. que nous n'avons pas identifié pour l'instant, il prend explicitement appui sur un article d'Eugène Canseliet paru en novembre 1936 dans la revue Atlantis fondée comme vous savez par Paul Le Cour (et donc sauf erreur dans sa livraison portant le numéro 68) .

Cet article intitulé Les trois flèches de la Rédemption peut être retrouvé dans le recueil Alchimie, études diverses de Symbolisme hermétique et de pratique Philosophale, publié par Pauvert en 1964 (puis de nouveau en 1978).

Comme G.G., Canseliet y fait ouvertement référence au sigle reproduit ci-après du parti politique socialiste de l'époque, la Section Française de l'Internationale Ouvrière (SFIO), alors au pouvoir dans le cadre du premier "Front populaire", le président du Conseil (premier ministre) de l'époque n'étant autre que Léon Blum. 

 

Pour le reste, quand on parcourt et ce numéro du Journal des Débats et le recueil Alchimie, on voit que les deux scripteurs sont bien en accord, ou si l'on préfère que le discours d'Eugène a été bien lu et correctement repris par...G.

C'est ainsi que s'agissant de Julien Champagne en particulier ce dernier cite pratiquement sans le dire l'article du premier dans Atlantis:

"Si le vandalisme révolutionnaire, qui nous fait déplorer tant de pertes irréparables, a supprimé le vitrail initiatique, nous pouvons néanmoins en admirer l'exacte reproduction en couleurs dans le premier ouvrage de Fulcanelli. Nous la devons à notre vieil ami défunt Julien Champagne qui l'a réalisée superbement, d'après l'image coloriée due à un hermétiste portant le nom de Chaudet. Celui-ci, en l'année 1787, devant l'original qui existait encore, s'appliqua donc à sa petite peinture que nous jugeons utile de présenter maintenant au lecteur" (Canseliet).

"Si le vandalisme révolutionnaire, qui nous fait déplorer tant de pertes irréparables, a supprimé le vitrail, nous pouvons en voir néanmoins l'exacte reproduction en couleurs dans l'ouvrage de Fulcanelli "Le Mystère des Cathédrales." Nous la devons au scrupuleux artiste Julien Champagne qui en fit une copie sur une planche peinte datée de 1787 et exécutée d'après l'original même par un nommé Chaudet" (G.).

Quant au vitrail dont il s'agit, je me permets de vous renvoyer, sans aucune vergogne, à notre pensum qui lui fut consacré ici même il y a déjà quelques années: 

JULIEN CHAMPAGNE ET LES JACOBINS - JULIEN CHAMPAGNE 

Evidemment G.G. suit également Eugène Canseliet, presque mot pour mot encore, s'agissant du symbolisme des trois flèches en question: "Les trois flèches SFIO sont les trois flèches de la Rédemption", conclut-il ainsi, après avoir argumenté de la façon suivante: "Symbole hermétique, ces trois flèches sont la représentation du trident de Poséidon, de Neptune, et plus particulièrement des trois clous qui fixèrent sur la croix le corps pantelant de Jésus."

Mais contrairement à l'ami puîné de Julien Champagne, il omet d'expliciter en quoi nous avons bien affaire à une Rédemption alchimique. "Dans le labeur alchimique, le rôle de l'agent mâle, pénétrant la matière grave, est toujours figurée par la lance ou l'épée...Le sceptre du dieu marin parle plus précisément encore par ses trois pointes évoquant les trois opérations dont chacune est scellée par l'étoile magique et après lesquelles la terre ouverte laissera jaillir l'eau blanche et pure...Semblablement l'esprit se trouve-t-il frappé, puisque incorporé à la matière élue" (E.C.).

Et le "bon maître de Savignies" de rapprocher, comme nous l'avons vu autrefois (confer Julien Champagne et les Jacobins), ce qui précède des deux figures ci-dessous, illustrant le traité intitulé Harmonie chymique et attribué à David Lagneau.

Les deux écussons hermétiques en question sont tous deux assortis de commentaires et réputés émaner tous deux de monuments parisiens; celui de gauche de l'église du couvent des Jacobins est similaire au vitrail aux "trois flèches"; celui de droite est dit provenir du cimetière des Innocents, près des Halles, et démontrer "tout ce que Flamel a démontré". 

"Images et texte, en conclut Eugène Canseliet, qui nous montrent à quel point cet écu était répandu dans le vieux Paris, sculpté, peint ou constitué en vitrail, avec variantes allégoriques dont nous avons ici l'exemple, au canton de la pointe dextre. Sur l'un les vers s'agitant au sein de leur liquide; sur l'autre, les lourds épis d'une céréale issant de la terre. Solution et putréfaction indispensables à la germination et à la végétation futures, toujours accompagnées de cette chaleur que figure, à senestre, une sorte de feu follet."

 

ARCHER

Partager cet article
Repost0
20 janvier 2025 1 20 /01 /janvier /2025 18:48

Honneur soit ici rendu aux restaurateurs de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui vient heureusement de rouvrir ses portes au public, après des travaux dignes d'admiration, suite à l'effroyable incendie survenu il y a plus de cinq ans.

Notons cependant que les tours en restent provisoirement inaccessibles à notre connaissance, et qu'il est donc pour l'instant impossible à tout un chacun d'y monter et d'y admirer, en particulier, l'alchimiste qui y veille toujours sur le chemin de ronde, après restauration, bien sûr.

Car celui qu'on a parfois nommé indument "le Juif errant" a bien été, semble-t-il, déposé puis reposé après reconstitution, ainsi qu'en font foi les deux illustrations du début et de la fin de notre article du jour, qui nous ont été signalées par Lorfol. La première témoigne de sa dépose, et la dernière de sa reconstruction d'après l'original et un modèle en résine verte, et donc de véridique viridité.

Honneur derechef, par conséquent, à nos modernes frimasons, dignes héritiers de leurs ancêtres médiévaux, dont Fulcanelli avait bien avant nous (et infiniment mieux) loué le labeur, aussi bien dans son Mystère des Cathédrales que dans ses Demeures Philosophales:

"Les Frimasons, ou francs-maçons du moyen âge, "logeurs du bon Dieu", édifièrent les chefs-d'oeuvre argotiques que nous admirons aujourd'hui" (Mystère). "Les cathédrales gothiques ont leur façade construite d'après les lignes essentielles du symbole alchimique de l'esprit et leur plan est calqué sur l'empreinte de la croix rédemptrice. Elles présentent toutes, à l'intérieur, ces hardies croisées d'ogives, dont l'invention appartient en propre aux frimasons, constructeurs éclairés du moyen âge" (Demeures).

 

Dans son sympathique ouvrage Notre-Dame de Paris, les symboles des pierres (Salvator, 2024), l'historienne de l'art d'inclination catholique Paule Amblard n'est pas loin d'adopter un point de vue qui rejoint en partie celui de Fulcanelli:

"Le monument, écrit-elle ainsi, est un grand livre à lire qui interroge le visiteur, comme le sphinx d'Egypte, et lui parle de la vie sur la terre comme au ciel." Toutefois pour notre auteur, ou notre auteure, ou notre autrice, comme il vous plaira, la lecture symbolique de ce livre renvoie plutôt à une alchimie qui serait uniquement spirituelle: 

"Il ne s'agit pas de faire de l'or à partir du plomb, mais de trouver l'or en soi, autrement dit de découvrir son être spirituel."

Bien qu'elle cite en sa bibliographie sélective Le Mystère des Cathédrales (et même le livre de Jacques Troger: Le symbole oublié, trésors et secrets alchimiques de Notre-Dame de Paris, Massanne, 2012), Paule s'appuie davantage à notre avis sur les interprétations moralisantes d'un Emile Mâle, dont elle mentionne également la somme intitulée L'art religieux du XIIIe siècle en France (dans son édition Klincksieck de 2021).

C'est ainsi notamment que pour elle l'alchimie trônant au centre du "portail royal" serait plutôt une Cybèle, voire une figuration de la science de la rhétorique. Notons également qu'Amblard reproduit in petto l'alchimiste des gargouilles du toit de Notre-Dame, déjà évoqué ci-dessus, et que nous retrouverons ci-après, tel que...dessiné par Julien Champagne; et tout de même, non sans citer Fulcanelli à son propos, croit judicieux pour adoucir le trait, sans doute, de le qualifier de "philosophe", ce qui ne manquera certes pas de réjouir tous les hermétistes et autres cabalistes et "Philosophes de Nature" de Paris, de France, de Navarre, et d'ailleurs.

Comme on nous en a recommandé la lecture, nous voudrions également vous commenter la parution à la fin de l'année dernière de L'alchimie de l'être d'Alain Mucchielli (La Tarente, 2024 donc). Cette fois, notre...auteur est un chimiste (et un médecin) d'obédience explicitement maçonnique.

A mon humble avis, le sous-titre de son ouvrage que l'on pourra trouver fouillé et même érudit (et qui est préfacé par Jean-Marie Pierret) a été extrêmement bien choisi: L'alchimie de l'être dont il est ici question est en fait une sorte de quête de la transmutation personnelle à partir de l'étude active des symboles alchimiques tels que repris par la franc-maçonnerie (spéculative, oserons nous ajouter) et de l'approche jungienne desdits symboles.

Le point commun entre Amblard et Mucchielli me paraît être, par conséquent, que pour eux l'alchimie ne saurait être valablement opérative: Ora, oui, Labora(toire) que nenni.

La franc-maçonnerie, pour Alain, est donc en fait une "héritière tardive de l'alchimie spirituelle". L'alchimie antique et médiévale aurait été surtout une proto-chimie teintée (si on peut dire) de magisme et le rationalisme du XVIIe siècle puis les Lumières du XVIIIe auraient conduit au début de la fin (et même à la fin, en fait) de l'alchimie.

Sans doute peut on en inférer que la validité persistante de sa symbolique, telle qu'adoptée par la maçonnerie, s'explique d'une part par le caractère englobant (universel) de notre culture gréco-latine puis judéo-chrétienne et d'autre part par la pertinence du concept jungien des archétypes, nouveaux universaux.

On l'aura deviné, pour notre franc-maçon, il est douteux, tout compte fait, que les frimasons médiévaux aient eu l'intention générale de transmettre un message d'ordre hermétique et alchimique. 

Il s'inscrit donc délibérément en faux contre l'approche fulcanellienne, qu'il ne méconnait certes pas: "Selon Fulcanelli et son adepte (sic) Canseliet, architectes, graveurs et enlumineurs auraient suivi la même voie."

Et Mucchielli de trancher sans ambiguïté (et au fait sans faire référence à Julien Champagne): "Il convient de mentionner Eugène Canseliet et surtout son "maître" Fulcanelli qui parvient à nous immerger dans des projections intéressantes de son inconscient sur les statues, façades et monuments qui l'entourent. Son interprétation originale et personnelle lui permet de révéler des dimensions cachées et symboliques des éléments architecturaux des cathédrales, transformant sa perception quotidienne en une exploration mystique et révélatrice de son inconscient."

Qu'en termes élégants ces choses là sont dites! En caricaturant un peu, on pourrait aboutir à l'image d'un doux rêveur, voire d'un doux dingue, ce qu'à Dieu ne plaise, bien sûr. Mais Alain Mucchielli fait tout de même l'honneur insigne à Fulcanelli de l'inclure dans sa bibliographie, alors que son préfacier n'a droit comme référence qu'à une note de bas de page (Jean-Marie Pierret, article L'alchimie, l'art de la transmutation, in Cahiers Villard de Honnecourt, n°112, 2019). 

A notre biochimiste qui est manifestement un hellénisant distingué, ainsi qu'à notre historienne de l'art, on serait donc tenté de rappeler si besoin était, bien sûr, l'origine grecque du terme symbole: sumbolon ou "objet coupé en deux dont les parties réunies à la suite d'une quête permettent aux détenteurs de se reconnaître." Polysémie intrinsèque du symbole, par conséquent, qui peut être (ou non) religieux, et à la fois philosophique, moral, artistique, scientifique, alchimique, maçonnique...

Ni Paule Amblard ni Alain Mucchielli ne nous ont paru s'être inspirés d'un ouvrage pourtant bien connu et remarquable dans le domaine qui nous occupe: Théories et symboles des alchimistes d'Albert Poisson, paru en 1891 dans la Bibliothèque Chacornac et maintes fois réédité. Poisson qui fut aussi un praticien de l'Art et qui, après bien d'autres (tels Nicolas Flamel, Esprit Gobineau de Montluisant, Louis-Paul-François Cambriel), et avant Fulcanelli, était persuadé du caractère alchimique de certains monuments médiévaux, en particulier parisiens.

 

Quant à la dialectique oratoire-laboratoire, on ne peut que les renvoyer tous deux (et nous renvoyer nous-mêmes) à la vigoureuse apostrophe d'un Claude d'Ygé, si proche de l'alchimie fulcanellienne, apostrophe dont nous nous sommes déjà fait l'écho:

 

"Que ceux qui pensent que l'alchimie est strictement de nature terrestre, minérale et métallique, s'abstiennent. Que ceux qui pensent que l'Alchimie est uniquement spirituelle s'abstiennent. Que ceux qui pensent que l'Alchimie est seulement un symbolisme utilisé pour dévoiler analogiquement le processus de la "Réalisation spirituelle", en un mot, que l'homme est la matière et l'athanor de l'OEuvre, qu'ils abandonnent" (in Nouvelle Assemblée des Philosophes Chymiques, Dervy, 1954 et 1972, puis Bailly, 1991).
 
Pour ne pas conclure et comme il vient d'être question de la Grèce antique, de sa culture et de sa langue, si chère à Fulcanelli, je voudrais citer finalement une historiette du grand Esope, telle que remise à son goût par l'écrivain américain contemporain Ambrose Bierce, puisque l'édition française de ses Fables (Clancier-Guénaud, 1988) vient opportunément de me venir dans les mains. Elle est intitulée La Vérité et le voyageur et en voici le texte:
 
"Un homme qui traversait un désert y rencontra une femme. Qui êtes-vous, demanda l'homme, pourquoi demeurez vous dans l'horreur de ces lieux? Mon nom est Vérité, répondit-elle. Je vis dans le désert pour y accueillir ceux qui suivent mon culte, quand ils se retirent du monde! Tôt ou tard, ils y viennent tous. Pourtant, dit l'homme en regardant tout autour, on ne peut pas dire que la densité de l'habitat soit excessive."
 
A propos de Fulcanelli et de livres , nous voudrions enfin, avant de vous quitter pour cette fois, vous informer que nous venons d'apprendre, du côté d'un des éditeurs de notre compère Jean Artero (Arqa), que s'il reste encore à la vente quelques exemplaires de son Fulcanelliana (2017), notamment consacré à ses confrères "fulcanellistes", son Présence de Fulcanelli (2008 et 2022), voué lui principalement à l'examen du caractère essentiel du Mystère des Cathédrales et des Demeures Philosophales, est hélas sur le point d'être épuisé, peut-être même définitivement dans sa version papier.
 

ARCHER

Partager cet article
Repost0