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  • : Site consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.
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...consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.


Peintre et dessinateur, Julien Champagne est surtout connu de nos jours pour avoir illustré les ouvrages de Fulcanelli, un mystérieux alchimiste contemporain.

Et pourtant, il figure au Bénézit, la "Bible" internationale des créateurs. Et suivant son ami Eugène Canseliet, il fut bien un maître du pinceau et du crayon.

C'est à la découverte de cet artiste méconnu, mais profondément attachant, que je voudrais vous inviter. Je voudrais aussi vous demander de ne pas hésiter à enrichir mes articles de vos propres commentaires et de vos découvertes personnelles.

Bon voyage donc au pays légendaire de Julien Champagne.

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20 février 2025 4 20 /02 /février /2025 22:49

S'il existe, il se peut que parfois au moins le hasard fasse bien les choses. Lors d'une mise à jour récente de nos données d'accès à Retronews, plateforme de la Bibliothèque Nationale de France (BNF) autorisant la consultation d'archives relatives aux organes de presse, nous avons eu l'idée de former une requête relative à Julien Champagne en général.

Interrogation trop peu ciblée, en fait, et nous avons dû battre en retraite devant le nombre très considérable de réponses. Resserrant alors notre propos sur "Julien Champagne artiste", nous avons obtenu aussitôt le résultat pertinent qui suit.

Il s'agit (cf. ci-dessous) d'un petit article daté du 15 avril 1937 dans le vénérable Journal des débats politiques et littéraires (1789-1944). Signé par un certain G.G. que nous n'avons pas identifié pour l'instant, il prend explicitement appui sur un article d'Eugène Canseliet paru en novembre 1936 dans la revue Atlantis fondée comme vous savez par Paul Le Cour (et donc sauf erreur dans sa livraison portant le numéro 68) .

Cet article intitulé Les trois flèches de la Rédemption peut être retrouvé dans le recueil Alchimie, études diverses de Symbolisme hermétique et de pratique Philosophale, publié par Pauvert en 1964 (puis de nouveau en 1978).

Comme G.G., Canseliet y fait ouvertement référence au sigle reproduit ci-après du parti politique socialiste de l'époque, la Section Française de l'Internationale Ouvrière (SFIO), alors au pouvoir dans le cadre du premier "Front populaire", le président du Conseil (premier ministre) de l'époque n'étant autre que Léon Blum. 

 

Pour le reste, quand on parcourt et ce numéro du Journal des Débats et le recueil Alchimie, on voit que les deux scripteurs sont bien en accord, ou si l'on préfère que le discours d'Eugène a été bien lu et correctement repris par...G.

C'est ainsi que s'agissant de Julien Champagne en particulier ce dernier cite pratiquement sans le dire l'article du premier dans Atlantis:

"Si le vandalisme révolutionnaire, qui nous fait déplorer tant de pertes irréparables, a supprimé le vitrail initiatique, nous pouvons néanmoins en admirer l'exacte reproduction en couleurs dans le premier ouvrage de Fulcanelli. Nous la devons à notre vieil ami défunt Julien Champagne qui l'a réalisée superbement, d'après l'image coloriée due à un hermétiste portant le nom de Chaudet. Celui-ci, en l'année 1787, devant l'original qui existait encore, s'appliqua donc à sa petite peinture que nous jugeons utile de présenter maintenant au lecteur" (Canseliet).

"Si le vandalisme révolutionnaire, qui nous fait déplorer tant de pertes irréparables, a supprimé le vitrail, nous pouvons en voir néanmoins l'exacte reproduction en couleurs dans l'ouvrage de Fulcanelli "Le Mystère des Cathédrales." Nous la devons au scrupuleux artiste Julien Champagne qui en fit une copie sur une planche peinte datée de 1787 et exécutée d'après l'original même par un nommé Chaudet" (G.).

Quant au vitrail dont il s'agit, je me permets de vous renvoyer, sans aucune vergogne, à notre pensum qui lui fut consacré ici même il y a déjà quelques années: 

JULIEN CHAMPAGNE ET LES JACOBINS - JULIEN CHAMPAGNE 

Evidemment G.G. suit également Eugène Canseliet, presque mot pour mot encore, s'agissant du symbolisme des trois flèches en question: "Les trois flèches SFIO sont les trois flèches de la Rédemption", conclut-il ainsi, après avoir argumenté de la façon suivante: "Symbole hermétique, ces trois flèches sont la représentation du trident de Poséidon, de Neptune, et plus particulièrement des trois clous qui fixèrent sur la croix le corps pantelant de Jésus."

Mais contrairement à l'ami puîné de Julien Champagne, il omet d'expliciter en quoi nous avons bien affaire à une Rédemption alchimique. "Dans le labeur alchimique, le rôle de l'agent mâle, pénétrant la matière grave, est toujours figurée par la lance ou l'épée...Le sceptre du dieu marin parle plus précisément encore par ses trois pointes évoquant les trois opérations dont chacune est scellée par l'étoile magique et après lesquelles la terre ouverte laissera jaillir l'eau blanche et pure...Semblablement l'esprit se trouve-t-il frappé, puisque incorporé à la matière élue" (E.C.).

Et le "bon maître de Savignies" de rapprocher, comme nous l'avons vu autrefois (confer Julien Champagne et les Jacobins), ce qui précède des deux figures ci-dessous, illustrant le traité intitulé Harmonie chymique et attribué à David Lagneau.

Les deux écussons hermétiques en question sont tous deux assortis de commentaires et réputés émaner tous deux de monuments parisiens; celui de gauche de l'église du couvent des Jacobins est similaire au vitrail aux "trois flèches"; celui de droite est dit provenir du cimetière des Innocents, près des Halles, et démontrer "tout ce que Flamel a démontré". 

"Images et texte, en conclut Eugène Canseliet, qui nous montrent à quel point cet écu était répandu dans le vieux Paris, sculpté, peint ou constitué en vitrail, avec variantes allégoriques dont nous avons ici l'exemple, au canton de la pointe dextre. Sur l'un les vers s'agitant au sein de leur liquide; sur l'autre, les lourds épis d'une céréale issant de la terre. Solution et putréfaction indispensables à la germination et à la végétation futures, toujours accompagnées de cette chaleur que figure, à senestre, une sorte de feu follet."

 

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20 janvier 2025 1 20 /01 /janvier /2025 18:48

Honneur soit ici rendu aux restaurateurs de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui vient heureusement de rouvrir ses portes au public, après des travaux dignes d'admiration, suite à l'effroyable incendie survenu il y a plus de cinq ans.

Notons cependant que les tours en restent provisoirement inaccessibles à notre connaissance, et qu'il est donc pour l'instant impossible à tout un chacun d'y monter et d'y admirer, en particulier, l'alchimiste qui y veille toujours sur le chemin de ronde, après restauration, bien sûr.

Car celui qu'on a parfois nommé indument "le Juif errant" a bien été, semble-t-il, déposé puis reposé après reconstitution, ainsi qu'en font foi les deux illustrations du début et de la fin de notre article du jour, qui nous ont été signalées par Lorfol. La première témoigne de sa dépose, et la dernière de sa reconstruction d'après l'original et un modèle en résine verte, et donc de véridique viridité.

Honneur derechef, par conséquent, à nos modernes frimasons, dignes héritiers de leurs ancêtres médiévaux, dont Fulcanelli avait bien avant nous (et infiniment mieux) loué le labeur, aussi bien dans son Mystère des Cathédrales que dans ses Demeures Philosophales:

"Les Frimasons, ou francs-maçons du moyen âge, "logeurs du bon Dieu", édifièrent les chefs-d'oeuvre argotiques que nous admirons aujourd'hui" (Mystère). "Les cathédrales gothiques ont leur façade construite d'après les lignes essentielles du symbole alchimique de l'esprit et leur plan est calqué sur l'empreinte de la croix rédemptrice. Elles présentent toutes, à l'intérieur, ces hardies croisées d'ogives, dont l'invention appartient en propre aux frimasons, constructeurs éclairés du moyen âge" (Demeures).

 

Dans son sympathique ouvrage Notre-Dame de Paris, les symboles des pierres (Salvator, 2024), l'historienne de l'art d'inclination catholique Paule Amblard n'est pas loin d'adopter un point de vue qui rejoint en partie celui de Fulcanelli:

"Le monument, écrit-elle ainsi, est un grand livre à lire qui interroge le visiteur, comme le sphinx d'Egypte, et lui parle de la vie sur la terre comme au ciel." Toutefois pour notre auteur, ou notre auteure, ou notre autrice, comme il vous plaira, la lecture symbolique de ce livre renvoie plutôt à une alchimie qui serait uniquement spirituelle: 

"Il ne s'agit pas de faire de l'or à partir du plomb, mais de trouver l'or en soi, autrement dit de découvrir son être spirituel."

Bien qu'elle cite en sa bibliographie sélective Le Mystère des Cathédrales (et même le livre de Jacques Troger: Le symbole oublié, trésors et secrets alchimiques de Notre-Dame de Paris, Massanne, 2012), Paule s'appuie davantage à notre avis sur les interprétations moralisantes d'un Emile Mâle, dont elle mentionne également la somme intitulée L'art religieux du XIIIe siècle en France (dans son édition Klincksieck de 2021).

C'est ainsi notamment que pour elle l'alchimie trônant au centre du "portail royal" serait plutôt une Cybèle, voire une figuration de la science de la rhétorique. Notons également qu'Amblard reproduit in petto l'alchimiste des gargouilles du toit de Notre-Dame, déjà évoqué ci-dessus, et que nous retrouverons ci-après, tel que...dessiné par Julien Champagne; et tout de même, non sans citer Fulcanelli à son propos, croit judicieux pour adoucir le trait, sans doute, de le qualifier de "philosophe", ce qui ne manquera certes pas de réjouir tous les hermétistes et autres cabalistes et "Philosophes de Nature" de Paris, de France, de Navarre, et d'ailleurs.

Comme on nous en a recommandé la lecture, nous voudrions également vous commenter la parution à la fin de l'année dernière de L'alchimie de l'être d'Alain Mucchielli (La Tarente, 2024 donc). Cette fois, notre...auteur est un chimiste (et un médecin) d'obédience explicitement maçonnique.

A mon humble avis, le sous-titre de son ouvrage que l'on pourra trouver fouillé et même érudit (et qui est préfacé par Jean-Marie Pierret) a été extrêmement bien choisi: L'alchimie de l'être dont il est ici question est en fait une sorte de quête de la transmutation personnelle à partir de l'étude active des symboles alchimiques tels que repris par la franc-maçonnerie (spéculative, oserons nous ajouter) et de l'approche jungienne desdits symboles.

Le point commun entre Amblard et Mucchielli me paraît être, par conséquent, que pour eux l'alchimie ne saurait être valablement opérative: Ora, oui, Labora(toire) que nenni.

La franc-maçonnerie, pour Alain, est donc en fait une "héritière tardive de l'alchimie spirituelle". L'alchimie antique et médiévale aurait été surtout une proto-chimie teintée (si on peut dire) de magisme et le rationalisme du XVIIe siècle puis les Lumières du XVIIIe auraient conduit au début de la fin (et même à la fin, en fait) de l'alchimie.

Sans doute peut on en inférer que la validité persistante de sa symbolique, telle qu'adoptée par la maçonnerie, s'explique d'une part par le caractère englobant (universel) de notre culture gréco-latine puis judéo-chrétienne et d'autre part par la pertinence du concept jungien des archétypes, nouveaux universaux.

On l'aura deviné, pour notre franc-maçon, il est douteux, tout compte fait, que les frimasons médiévaux aient eu l'intention générale de transmettre un message d'ordre hermétique et alchimique. 

Il s'inscrit donc délibérément en faux contre l'approche fulcanellienne, qu'il ne méconnait certes pas: "Selon Fulcanelli et son adepte (sic) Canseliet, architectes, graveurs et enlumineurs auraient suivi la même voie."

Et Mucchielli de trancher sans ambiguïté (et au fait sans faire référence à Julien Champagne): "Il convient de mentionner Eugène Canseliet et surtout son "maître" Fulcanelli qui parvient à nous immerger dans des projections intéressantes de son inconscient sur les statues, façades et monuments qui l'entourent. Son interprétation originale et personnelle lui permet de révéler des dimensions cachées et symboliques des éléments architecturaux des cathédrales, transformant sa perception quotidienne en une exploration mystique et révélatrice de son inconscient."

Qu'en termes élégants ces choses là sont dites! En caricaturant un peu, on pourrait aboutir à l'image d'un doux rêveur, voire d'un doux dingue, ce qu'à Dieu ne plaise, bien sûr. Mais Alain Mucchielli fait tout de même l'honneur insigne à Fulcanelli de l'inclure dans sa bibliographie, alors que son préfacier n'a droit comme référence qu'à une note de bas de page (Jean-Marie Pierret, article L'alchimie, l'art de la transmutation, in Cahiers Villard de Honnecourt, n°112, 2019). 

A notre biochimiste qui est manifestement un hellénisant distingué, ainsi qu'à notre historienne de l'art, on serait donc tenté de rappeler si besoin était, bien sûr, l'origine grecque du terme symbole: sumbolon ou "objet coupé en deux dont les parties réunies à la suite d'une quête permettent aux détenteurs de se reconnaître." Polysémie intrinsèque du symbole, par conséquent, qui peut être (ou non) religieux, et à la fois philosophique, moral, artistique, scientifique, alchimique, maçonnique...

Ni Paule Amblard ni Alain Mucchielli ne nous ont paru s'être inspirés d'un ouvrage pourtant bien connu et remarquable dans le domaine qui nous occupe: Théories et symboles des alchimistes d'Albert Poisson, paru en 1891 dans la Bibliothèque Chacornac et maintes fois réédité. Poisson qui fut aussi un praticien de l'Art et qui, après bien d'autres (tels Nicolas Flamel, Esprit Gobineau de Montluisant, Louis-Paul-François Cambriel), et avant Fulcanelli, était persuadé du caractère alchimique de certains monuments médiévaux, en particulier parisiens.

 

Quant à la dialectique oratoire-laboratoire, on ne peut que les renvoyer tous deux (et nous renvoyer nous-mêmes) à la vigoureuse apostrophe d'un Claude d'Ygé, si proche de l'alchimie fulcanellienne, apostrophe dont nous nous sommes déjà fait l'écho:

 

"Que ceux qui pensent que l'alchimie est strictement de nature terrestre, minérale et métallique, s'abstiennent. Que ceux qui pensent que l'Alchimie est uniquement spirituelle s'abstiennent. Que ceux qui pensent que l'Alchimie est seulement un symbolisme utilisé pour dévoiler analogiquement le processus de la "Réalisation spirituelle", en un mot, que l'homme est la matière et l'athanor de l'OEuvre, qu'ils abandonnent" (in Nouvelle Assemblée des Philosophes Chymiques, Dervy, 1954 et 1972, puis Bailly, 1991).
 
Pour ne pas conclure et comme il vient d'être question de la Grèce antique, de sa culture et de sa langue, si chère à Fulcanelli, je voudrais citer finalement une historiette du grand Esope, telle que remise à son goût par l'écrivain américain contemporain Ambrose Bierce, puisque l'édition française de ses Fables (Clancier-Guénaud, 1988) vient opportunément de me venir dans les mains. Elle est intitulée La Vérité et le voyageur et en voici le texte:
 
"Un homme qui traversait un désert y rencontra une femme. Qui êtes-vous, demanda l'homme, pourquoi demeurez vous dans l'horreur de ces lieux? Mon nom est Vérité, répondit-elle. Je vis dans le désert pour y accueillir ceux qui suivent mon culte, quand ils se retirent du monde! Tôt ou tard, ils y viennent tous. Pourtant, dit l'homme en regardant tout autour, on ne peut pas dire que la densité de l'habitat soit excessive."
 
A propos de Fulcanelli et de livres , nous voudrions enfin, avant de vous quitter pour cette fois, vous informer que nous venons d'apprendre, du côté d'un des éditeurs de notre compère Jean Artero (Arqa), que s'il reste encore à la vente quelques exemplaires de son Fulcanelliana (2017), notamment consacré à ses confrères "fulcanellistes", son Présence de Fulcanelli (2008 et 2022), voué lui principalement à l'examen du caractère essentiel du Mystère des Cathédrales et des Demeures Philosophales, est hélas sur le point d'être épuisé, peut-être même définitivement dans sa version papier.
 

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6 janvier 2025 1 06 /01 /janvier /2025 13:12

Tous nos voeux pour cette nouvelle année, chers amis et chères amies de Julien Champagne et de l'alchimie pérenne.

Je vous souhaite en particulier de reprendre à votre compte la déclaration d'intention autrefois formulée par le grand Jacques Brel de la Mancha: "Des rêves à n'en plus finir et l'envie furieuse d'en réaliser quelques-uns."

A propos de rêves, si on nous avait dit il y a presque vingt ans maintenant que ce modeste blog compterait environ deux décennies plus tard quelque 375 articles, nous ne l'aurions peut-être pas cru. Et ici il importe que vous compreniez bien que c'est d'abord à vous que nous rendons hommage, car "Julien Champagne" n'existerait plus depuis belle lurette, sans votre intérêt général de lecteurs, vos commentaires judicieux et parfois les informations idoines que vous nous confiez.

Mais quoi qu'il en soit, en ces temps magiques et royaux d'Epiphanie christique et donc chrétienne, il nous a paru bon de commencer l'année que l'on dit nouvelle par quelques précisions complémentaires sur le fameux "traîneau à hélice" cher à la fois à "Hubert" et à son mentor Bertrand de Lesseps:

CHAMPAGNE ET LE TRAINEAU A HELICE - JULIEN CHAMPAGNE

Sur ledit traîneau, son tenant et ses aboutissants, je ne peux que vous conseiller également la lecture du sagace petit livret que l'ami Jean Artero lui a partiellement consacré (Alchimie de Lesseps, Arqa, 2010 et 2011), livret qui semble hélas -presque- définitivement épuisé, et qui est donc en train de devenir une rareté:

CHAMPAGNE EN ARQA - JULIEN CHAMPAGNE

Enfin, sur l'étroitesse des liens entre Bertrand de Lesseps et Julien Champagne, vous pouvez entre autres vous reporter à une de nos publications les plus précoces:

CHAMPAGNE ET BERTRAND DE LESSEPS - JULIEN CHAMPAGNE

Mais comme on dit, il est temps d'en venir au fait du jour: L'évocation de l'invention de Bertand et Julien dans le livre que nous venons d'acquérir de Florette Lartigue, et qui est consacré à son mari: Jacques-Henri Lartigue, la traversée du siècle (Bordas, 1990, 1992, 1993...).

Proche du tout Paris et notamment pour ce qui nous concerne de Kees van Dongen et du clan Lesseps, Lartigue avait déjà retenu notre attention par son approche de l'hélicoïdal glisseur à Chamonix dans le courant de l'année fatidique de début du premier conflit mondial:

DE J HENRI LARTIGUE A J JULIEN CHAMPAGNE - JULIEN CHAMPAGNE

 

Mais Flore Ormea, née en 1921 et native de Beausoleil, figurez-vous, qui rencontra son futur époux en 1942, nous livre dans son ouvrage de nouveaux détails sur l'aventure chamoniarde du célèbre photographe:

D'abord en sous-texte du cliché ci-dessus, que certes nous connaissions déjà, elle fait ainsi s'exprimer celui qui deviendra dans un premier temps son compagnon:

"Tout à coup, en face de nous, de Lesseps (le fils de Ferdinand), arrive sur le traîneau à hélice d'hélicoptère, qu'il a inventé. Je fais plusieurs photographies et le prends en cinéma en marche et à l'arrêt. Ensuite, il me demande si je veux monter avec lui! J'installe le cinéma, le règle bien: Plitt n'aura qu'à tourner la manivelle pendant que nous passerons devant lui."

Et Florette (que l'on voit ci-dessous avec Jacques-Henri) d'ajouter aussitôt, pour sa part: "Cette photographie est le tirage d'une image de ce film tourné à Chamonix le 17 janvier 1914. Plitt est le surnom que Jacques a donné à Monsieur Folletête, le secrétaire d'Henri Lartigue, l'ami et le compagnon de Jacques pendant des années."

Enfin, dans le corps du texte cette fois, Florette Lartigue présente ainsi le contexte ad hoc: "L'année 1914 s'ouvre sur de nouvelles vacances de neige, à Chamonix cette fois...Jacques y fait une rencontre sensationnelle:"

(Pour moi, elle donne alors à nouveau la parole à ce dernier pour ce qui suit). "De Lesseps! Le fameux! Celui qui a inventé un glisseur à hélice aérienne. Il a, paraît-il, fabriqué un traîneau à hélice comme celle du glisseur avec des grands skis à la place des roues.

Tant pis pour ma timidité: je vais lui dire que je serai vraiment content de pouvoir lui faire des photos et...il accepte volontiers.

Il me donne rendez-vous pour demain sur la route des Bossons! J'ai déjà rencontré plusieurs Lesseps car celui du canal de Panama a eu beaucoup de fils. Celui-ci, je ne l'avais jamais vu."

 

La marche à l'Etoile annuelle des Rois mages s'achevant comme il se doit par leur présentation au Sauveur, voyons pour terminer une partie de ce qu'en relate Fulcanelli dans Le Mystère des Cathédrales:

"C'est une figure radiée, à six pointes (digamma), dite Etoile des Mages, qui rayonne à la surface du compost, c'est-à-dire au-dessus de la crèche ou repose Jésus, l'Enfant-Roi."

Quant à la fameuse galette dite des Rois, l'Adepte précise notamment, derechef dans son premier livre publié, qui est, rappelons le, comme le second, illustré par Julien Champagne:

"Il n'est pas jusqu'à la pâte de la galette qui n'obéisse aux lois de la symbolique traditionnelle. Cette pâte est feuilletée, et notre petit baigneur y est inclus à la façon d'un signet de livre. Il y a là une intéressante confirmation de la matière représentée par le gâteau des Rois."

pcc ARCHER

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26 novembre 2024 2 26 /11 /novembre /2024 17:17

Dans ce blog initié en 2006, nous avons eu tôt fait de croiser la route de l'égyptologue hétérodoxe et hermétiste Jacques Grimault (voir notamment notre article Champagne en Atlantis en 2009, et plus récemment nos contributions intitulées Champagne en autobiographie et Alkemia de Champagne).

Il vient cet été de se signaler à nouveau à notre vigilante attention, au travers de la publication de quatre livrets, tous parus de juin à août 2024, si l'on en croit Amazon, où on peut se les procurer, et tous édités par son association de La Nouvelle Atlantide.

A tout seigneur, tout honneur, donc commençons notre modeste recension par Le Fulcanelli de Wikipédia rectifié par un alchimiste (Grimault himself, pensons nous), puisque est reproduit en couverture le frontispice du Mystère des Cathédrales, où comme vous pouvez le constater apparaît le nom de Julien Champagne.

Maître Jacques tient aussitôt parole et reproduit la version la plus récente de l'entrée fulcanellienne des Wikipèdes avec des interpolations critiques (et même très critiques) de son cru. Voici donc à notre sens une première démarche originale et dont l'utilité pour les chercheurs et autres étudiants ès Fulcanelli ou ès alchimie ne saurait être mésestimée.

Malheureusement, si Jacques Grimault reconnaît bien à Julien Champagne le sérieux de son savoir hermétique, il le présente aussi comme un dépravé, d'une manière que pour notre part nous trouvons abusive. De même, il a un peu tendance (nous semble-t-il) à mépriser systématiquement ceux qui sont après tout ses confrères en études fulcanelliennes ("comme toujours chez les fulcanellistes, aucune preuve concrète"). Pour une approche plus nuancée desdits fulcanellistes (dont Grimault), nous vous renvoyons donc au travail substantiel de l'ami Jean Artero (Fulcanelliana, Arqa, 2017).

Pour nous, en fait, la partie la plus pertinente du présent travail de Jacques est constituée par le développement final qu'il y propose, s'agissant de sa compréhension de l'alchimie. Donnant, fictivement ou non, la parole à un Philosophe anonyme, Grimault en produit une missive dont je voudrais extraire pour vous cette phrase magnifique: "La citadelle alchimique, si elle est presque imprenable, contient en vérité un trésor: la vie elle-même."

Le second opuscule produit par Jacques Grimault (cette fois sous son nom) devrait selon moi vous intéresser autant que le premier, chers amis et chères amies. Cette Chronologie générale de l'affaire Fulcanelli pourrait bien elle aussi constituer pour nous tous une sorte de "boite à outils" méthodologique. Outre un rappel historique détaillé année par année, il propose en effet (comme quelque part le bouquin d'Artero mentionné ci-dessus)  une liste des principaux "fulcanellisables", et surtout il la complète par une série de tableaux analytiques les répartissant suivant des critères précis:

Naissance ou non en 1839 (année supposée de naissance de Fulcanelli), Polytechnicien ou pas (Fulcanelli est présumé avoir été taupin), place dans l'économie et la société (Fulcanelli est présenté comme ayant appartenu à un milieu aisé et plutôt "en vue")...

Evidemment et donc sans surprise nos lectrices comme nos lecteurs auront probablement deviné en considérant ce qui précède que Grimault Jacques en conclut sans barguigner à la pertinence solitaire de son hypothèse de prédilection: Fulcanelli aurait été un de ses parents, le scientifique Albert Auguste Cochon de Lapparent. Pour l'anecdote, j'ai été ravi d'apprendre de Jacques, qui plus est preuve à l'appui, que ce Lapparent a fait changer son patronyme, qui au départ était celui de L'Apparent.

 

Dans la huitième livraison de la revue trimestrielle d'alchimie traditionnelle dénommée Alkemia, dirigée par Grimault encore et toujours, et dont on peut penser qu'il est en fait l'homme orchestre, puisqu'aucune contribution n'est signée, il est insisté particulièrement sur le cas du fulcanellisable de feu Richard Khaitzine, Alphonse Jobert, dont vous aurez compris que notre Jacques rejette la candidature avec des arguments qui peuvent paraître rejoindre ceux de Jean Artero. Pour notre part, nous reconnaissons volontiers que les autres items abordés, il est vrai le plus souvent au travers de textes anciens (le Mutus Liber et la Rosée, le Mercure et le Feu, la Pierre) sont ceux qui nous ont le plus intéressé.

Last but not least, ce cher Grimault nous a finalement gratifiés ces derniers mois d'un petit Dossier des transmutations alchimiques qui n'est pas non plus sans mérite, et très honnêtement au demeurant, se réfère explicitement à l'essai bien connu de  Bernard Husson sur le sujet.

Nous avons été surpris à l'inverse de constater que n'y est pas abordée la transmutation de 1922 à Sarcelles, à laquelle ont participé et Fulcanelli, et ses disciples Julien Champagne et Eugène Canseliet, alors que cet événement notoire figure bien (cf. ci-dessus) dans la Chronologie de  l'affaire Fulcanelli. Chronologie dans laquelle Jacques Grimault mentionne également et expressément les deux oeuvres actuellement parues de Julien Champagne: Le Procédé Yardley et La Vie Minérale (dans les deux cas aux éditions Les Trois R, 2011 et 2015). Depuis 2023 les éditions Decoopman ont également publié ses commentaires au traité classique (et anonyme) intitulé Science écrite de tout l'art hermétique. 

Reprenant notre pensum d'hier et puisque nous sommes en la Saint Séverin, nous voudrions avoir une pensée publique pour l'alchimiste Séverin Batfroi (1946-2024) dont nous avons vu récemment sur la page Facebook de notre autre compère Yves Artero qu'il nous a quittés il y a peu.

Séverin connaissait et appréciait ce blog et nous avions correspondu un temps avec lui il y a bien des années maintenant, hélas. Comme son ami également disparu Guy Béatrice, il avait été un des principaux élèves français d'Eugène Canseliet, après le décès duquel il avait pris ses distances avec ce qu'il appelait plaisamment le "marigot" alchimique et s'était sauf erreur orienté vers une approche plus exclusivement spirituelle du Savoir (celle de l'islam soufique).

On lui doit plusieurs ouvrages de valeur, dont ses Alchimiques métamorphoses du Mercure universel (Guy Trédaniel, 1977), largement consacré aux fresques du monastère de Cimiez, sur les hauteurs de Nice, et chez le même éditeur son Alchimie et révélation chrétienne (1976), essai dont il nous avait confié préférer une version ultérieure: La Voie de l'alchimie chrétienne (Mercure Dauphinois, 2005). 

 

 

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11 octobre 2024 5 11 /10 /octobre /2024 18:38

Dans son blog bien connu des internautes, Serge Caillet se présente à nous comme un historien de l'occultisme: Serge Caillet - Bloc-notes d'un historien de l'occultisme

Parmi ses nombreux ouvrages, on peut citer effectivement Monsieur Philippe, l'ami de Dieu, Dervy, 2013, ou encore La tradition martinésiste, Le Mercure Dauphinois, 2021.

En fait, l'école dont il nous semble se réclamer est principalement celle du martinisme, même s'il aurait dans un premier temps, nous explique-t-on, rencontré l'alchimie grâce à ses lectures de Jacques Bergier, avant de devenir l'élève et le collaborateur de Robert Amadou (sur ce dernier voir notamment notre article Champagne et le secrétaire de Fulcanelli). 

De cet engagement, il nous paraît que son nouvel ouvrage sur Robert Ambelain, le théosophe clandestin (éditions de la Tarente, 2024), témoigne une nouvelle fois si besoin était: Robert Ambelain, le théosophe clandestin (latarente.fr) 

Ce titre de théosophe clandestin a été au demeurant décerné à Ambelain par son "compagnon" Amadou, nous explique Caillet, lequel a aussi été un proche de Robert. Voyez d'ailleurs sur Ambelain notre modeste contribution:  (Julien) Champagne à l'ombre de Robert Ambelain.

Vous y constaterez notamment que ce dernier, auteur après la mort de Julien d'un livre inspiré par Fulcanelli (Dans l'ombre des cathédrales, 1939) distinguait bien à l'époque ce dernier de son illustrateur, Champagne donc. Il n'est pas certain à notre connaissance que Robert et Julien se soient connus, mais Serge Caillet nous explique qu'après le décès de ce dernier (1932), Ambelain fit la connaissance (en 1935) d'un proche de Champagne, Jules Boucher, lequel était à l'inverse convaincu de l'identité Fulcanelli-Champagne (à propos de Boucher, vide Champagne et Jules Boucher et Initiation de Champagne).

Comme nous nous intéressons ici surtout à l'auteur du Mystère des Cathédrales et des Demeures Philosophales ainsi qu'à notre artiste de prédilection ("Hubert", donc), tout ce qu'a écrit notre historien de l'occultisme sur le groupe du Grand Lunaire (ou Très Haut Lunaire) à propos d'Ambelain nous a forcément passionnés, puisqu'en firent partie et Champagne et son disciple d'alors Eugène Canseliet, et Jules Boucher.

Compte tenu de notre connaissance certes limitée du sujet mais qui est tout de même bien réelle (relisons ensemble Champagne au Grand Lunaire, Très Haut Champagne et Julien Champagne sur Vega) nous avons été quelque peu surpris que Serge n'émette aucun doute sur la dimension "luciférienne" du Lunaire, et à l'inverse paraisse s'interroger sur le fait qu'un Robert Ambelain ou un Alexandre Rouhier aient pour le moins eu quelques liens avec lui.

A contrario, nous nous nous réjouissons que comme nous ici même (cf. Maryse Choisy et Julien Champagne, Champagne entre chien et chat), Caillet mette à son tour le projecteur sur l'Association pour la Rénovation de l'Occultisme Traditionnel (AROT) où et Ambelain et Boucher ont pu jouer un rôle de direction comme de rédaction vers le milieu des années 1930, en particulier au travers du magazine Consolation.

Que l'AROT soit ou non émanée du Lunaire, et l'affirmative ne nous surprendrait pas outre mesure, Serge Caillet a encore le mérite de remarquer à son propos qu'un certain Claude d'Ygé (confer de Claude d'Ygé à Champagne) en a lui aussi fréquenté le cercle de qualité.

Lablatinière a ainsi, écrit-il, publié dans le magazine ci-dessus mentionné, avant, nous rappelle-t-il encore, de rejoindre après 1945 Eugène Canseliet dans la revue des époux Lavritch (Jean et Sophie ou Sonia), Initiation, Magie et Science, puis Initiation et Science (voyez Julien Champagne à l'Omnium Littéraire et Réimpressions de Champagne).

Enfin, nous ne pouvions rester insensibles, évidemment, au fait que l'historiographe d'Ambelain ait écrit, à propos de notre compère Jean Artero et de son livre sur Julien que son essai de 2014 peut être considéré comme fondamental. Venant de lui, c'est un beau compliment. Qu'il en soit ici chaleureusement remercié, même si notre petit blog n'est pas cité dans sa somme considérable sur le "théosophe clandestin."

Nous venons également d'apprendre avec un peu de retard, mais comme dirait Charles Perrault, avec aussi un plaisir extrême, que l'ami Bernard Allieu vient très opportunément de rééditer au printemps dernier le traité d'alchimie classique capital qu'est le Mutus Liber d'Altus, avec les commentaires de Magophon (Pierre Dujols, encore un proche de Champagne):

Éditions Les Trois R - Fiche LE LIVRE D'IMAGES SANS PAROLES (MUTUS LIBER) (les3r.fr)

Cette petite et discrète mais sérieuse maison d'édition des 3R qu'il dirige avec une constance rare est donc de nouveau à l'honneur, après avoir entre autres publié deux ouvrages de Julien, La Vie minérale et Le manuscrit Yardley (Champagne et la Vie minérale, Champagne au grand R, Champagne et le manuscrit Yardley).

La Vie minérale dont la première édition aux 3R avait d'ailleurs attiré l'attention d'un certain Serge Caillet, qui s'en était fait l'écho sur son blog: Décidément, le macrocosme est petit.

 

 

Autres éditeurs de talent, et autre bonne nouvelle, pour terminer. Nous avons déjà croisé à plusieurs reprises la route de Bernard Renaud de la Faverie, libraire (La Table d'Emeraude à Paris, où Claude d'Ygé oeuvra après 1945), puis directeur de revue alchimique (La Tourbe des Philosophes) et finalement responsable éditorial des éditions Dervy (voir en particulier Champagne avant la Grande guerre et Julien en Paginanda).

Il est cette année à l'initiative  d'une autre parution, cette fois chez Venus d'ailleurs, autre maison que nous avons là aussi rencontrée, et même récemment (Julien Champagne pour Bernard Roger, Selena de Champagne).

D'obédience surréaliste, Venus d'ailleurs vient en effet de faire reparaître il y a a peu La Pierre Philosophale de l'écrivain, poète et peintre mauricien Malcolm de Chazal, un court essai sur la mythologie de l'ancienne Isle de France, qui avait été publié en 1950 à très peu d'exemplaires.

La pierre philosophale – VENUS D'AILLEURS (venusdailleurs.fr)

Peut-être le moment est il venu pour nous de rendre hommage à cet hermétiste de talent que fut Chazal (1902-1981), descendant d'une famille d'origine forézienne et dont un ancêtre, François de Chazal de la Genesté (1731-1795), aurait fondé sur cette île au XVIIIème siècle une société hermétique d'orientation rosicrucienne (Fulcanelli le cite comme un Adepte de l'alchimie).

Malcom s'est surtout fait connaître en littérature après la Seconde Guerre mondiale et ses écrits attirèrent en particulier sur lui l'attention d'André Breton, bien que Chazal déclinât toujours de rejoindre l'école surréaliste.  Parmi ses essais j'ai particulièrement apprécié L'homme et la Connaissance (Pauvert, 1974), qui me l'a fait découvrir, et plus tard Sens plastique (Gallimard, 1985).

Dans sa préface à La Pierre Philosophale, Patrick Lepetit, auteur pour sa part chez Selena d'une synthèse sur Surréalistes et alchimie (2023), nous apprend que Chazal considérait la nature comme "signature de Dieu", et pourtant on m'avait dit que l'alchimie n'était guère présente dans La Pierre.

 

A sa lecture, je m'en étais rapidement convaincu, du moins jusqu'au moment où j'ai abordé le "dernier mot" qui conclut l'opuscule, comme une sorte de testament, si l'on veut, et dont je m'en voudrais d'omettre de vous donner finalement un aperçu: 

"Une suprême vérité se dégage de l'arcane de la roche: la pierre philosophale.

La pierre philosophale est le geste condensé de l'esprit qui met en une seule forme toutes les formes vivantes et qui dans l'universalité des formes retrouve la Forme Unique, - livrant ainsi la vérité quintessentielle mythique dernière, qui est la fusion du Tout."

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14 septembre 2024 6 14 /09 /septembre /2024 13:18

Comme l'an dernier, peu de faits nouveaux sont venus cet été à notre connaissance concernant l'alchimie fulcanellienne telle qu'on peut l'appréhender, principalement au travers de la vie et de l'oeuvre de Julien Champagne et de ses nombreuses relations.

Notre frustration aurait donc continué une nouvelle fois d'être grande si sur Facebook Enrique Corzo ne s'était derechef signalé à notre attention en revenant il y a quelques heures sur le plus célèbre tableau de notre peintre favori: Le Vaisseau du Grand OEuvre (1910):

(1) Facebook

Fulcanelli | Facebook

Délaissant peu ou prou la dimension ésotérique de cette merveilleuse composition, Enrique a concentré son propos sur la question de l'identité de la dame qui lui a servi de modèle, identité sur laquelle nous nous sommes nous même interrogés à plusieurs reprises et qui nous paraît encore mal établie à ce jour.

Pour lui, il s'agirait ici tout bonnement de la princesse Louise d'Orléans (1882-1958), dont il nous présente deux photos d'époque que je reproduis ci-dessus et ci-dessous.

Bien entendu, il affirme que Louise, épouse de Charles de Bourbon, aurait posé devant "Hubert" avec l'assentiment ou à l'instigation de son mari, dont on se souvient qu'il est son Fulcanelli ou si l'on veut son "fulcanellisable" (et  celui de son père Javier; voyez notre récent article Champagne au Bourbon).

C'est ainsi que Corzo estime que Louise de Bourbon serait bien plutôt que Louise Barbe la mystérieuse L.B. dudit Vaisseau.

Connaissant la rigueur et la précision du trait de Julien Champagne, ancien élève de l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, j'avoue que l'aplomb de l'ami Enrique Corzo dans cette affaire m'a quelque peu laissé pantois, quand il nous permet candidement de nous rendre compte par nous-même des ressemblances mais aussi des différences physiques entre Louise d'Orléans et la présumée "Dame Nature" du chef-d'oeuvre de notre artiste, dissemblances au demeurant rapidement relevées in situ par Thomas Dufresne.

J'ai donc cherché de mon côté à découvrir d'autres clichés de la belle princesse. En voici par conséquent deux autres, qui je le reconnais humblement me laissent passablement perplexe. Celui du haut ne plaide guère à mon sens pour la thèse de notre estimable chercheur espagnol, mais celui du bas, à l'inverse...

Quoiqu'il en soit, Alain Inaudi a bien eu raison de faire aussitôt remarquer sur la page Facebook de notre compère Yves Artero qu'on aimerait en savoir plus, notamment sur les liens éventuels entre l'aïeule de feu le roi Juan Carlos d'Espagne et le poète français bien connu Paul Eluard:

Facebook

Voyez à ce sujet notre articulet de 2006 intitulé Julien Champagne, où d'ailleurs il est précisé que Jean Laplace, s'exprimant sur notre égérie picturale du moment, indiqua avoir été frappé par le titre de noblesse qui était le sien, et ce bien sûr sans la nommer.

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9 mai 2024 4 09 /05 /mai /2024 20:38

En mai fais ce qu'il te plaît, nous recommande un adage selon nous très alchimique. Retrouvons donc avec grand plaisir notre correspondant et ami hispanisant Zaporogue, déjà rencontré récemment (voir Mondanités de Champagne).

Cette fois, je voudrais saisir l'occasion qui m'est ainsi offerte de le remercier pour nous avoir signalé un article bien intéressant de l'estimable journal parisien Le Temps (ancêtre du quotidien Le Monde, sauf erreur) paru à l'été 1932, quelques semaines avant le décès de notre cher Julien Champagne:

Le Temps 7 juillet 1932 - (7-juillet-1932) | RetroNews - Le site de presse de la BnF

Dans une chronique intitulée Autour de l'athanor, le journaliste et homme de lettres Henry Bidou (1873-1943) nous y entraîne au domicile d'un banquier dénommé Lionel Hauser (1868-1958), photographié ci-dessus en famille, qui fut un cousin éloigné, ami et financier du célèbre écrivain Marcel Proust (1871-1922), ce dernier étant par ailleurs un lecteur assidu dudit Bidou Henry - Lionel, lui, était aussi de la famille du philosophe Henri Bergson (1859-1941)...

Chronique au demeurant spécialement intéressante, puisque si l'athanor d'Hauser nous est présenté comme inactif depuis un certain temps, la bibliothèque du banquier s'avère particulièrement riche, nous explique Bidou, en ouvrages alchimiques, ainsi qu'en livres sur l'alchimie.  

 

Riche en effet, elle l'était, nous explique-t-on, de plus de mille livres imprimés et de plus de cent manuscrits (1200 et 150 respectivement, pour être précis), de Nicolas Flamel ou Basile Valentin à Johann Conrad Barchusen, Michel Maier, Guillaume Salmon  et  Louis Figuier notamment

Mais Lionel n'est pas pour autant un simple collectionneur puisque selon son interlocuteur il se fait, au cours de leur conversation à bâtons rompus qui les conduit à ouvrir certains des ouvrages mentionnés ci-dessus, un défenseur et illustrateur de la pensée des anciens alchimistes, et n'hésite pas à expliquer pourquoi et comment, selon lui, cette science qui a été cachée de tous temps, gardait encore tout son intérêt au XXème siècle.

Aux noms d'alchimistes précédemment cités, ajoutons maintenant celui d'Albert Poisson, hermétiste contemporain dont un manuscrit au titre très fulcanellien faisait aussi partie de la collection de l'amateur éclairé d'alchimie (cf. notre petit pensum intitulé Julien Champagne et les monuments alchimiques).

La bibliothèque hermétique de Lionel Hauser, qui n'est pas sans nous rappeler ce qu'Eugène Canseliet nous a rapporté de celle de Fulcanelli, semble avoir été dispersée en 1934 par la multinationale américaine d'origine britannique Sotheby's, mondialement connue pour ses ventes d'oeuvres d'art et d'objets de collection:

Catalogue of the very extensive and important library of early books and manuscripts relating to alchemy & the occult & physical sciences, the property of M. Lionel Hauser ... and of four important mediaeval manuscripts, the property of a gentleman which will by sold by auction, by messrs. Sotheby and Co ... on Monday, the 16th of April, 1934 and two following days .. - Catalog - UW-Madison Libraries (wisc.edu)

Mais ne quittons pas Eugène Canseliet trop précipitamment, puisque lui aussi, nous confie-t-il, a eu accès (avant Henry Bidou) à la bibliothèque de Lionel Hauser. Cette confidence, il nous l'a faite dans un numéro de la revue Initiation & Science (le XLV de 1958), quand, à propos des oeuvres de Nicolas Flamel, d'Antoine-Joseph Pernety, de Denis Molinier, et de Kernadec de Pornic, il nous indique, s'agissant tout spécialement de celle de ce dernier, en avoir pris copie "il y a trente cinq ans, rue de la Victoire (à Paris, ndlr), sur l'exemplaire de la riche bibliothèque alchimique réunie par notre ami le banquier Lionel Hauser et dispersée à Londres."

Canseliet a donc vu la bibliothèque de Hauser vers 1922 ou 1923, soit au moment de la transmutation de Sarcelles, dont il fut acteur et Julien Champagne témoin, et presque à l'époque où ils résidaient tous deux dans un même immeuble parisien de la rue Rochechouart (1925 ou environ). Et il l'a vue fréquemment, ajoute-t-il finalement, cette fois à propos d'Altus et de son Livre Muet (Pauvert, 1967). Si on le lit bien, il paraît cette fois nous renvoyer à "plus de quarante années" plus tôt, c'est-à-dire avant 1927 (l'édition originale du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli est parue chez Schemit en 1926).

Outre Canseliet, Hauser pourrait avoir eu comme visiteur (et peut-être inspirateur) de sa collection d'ouvrages d'alchimie un autre ami de Champagne, en la personne de René Schwaller (1887-1961). Ce dernier aurait bénéficié de ses subsides après leur rencontre en 1913, puis au cours de la première guerre mondiale (1914-1918) et par gratitude, pourrait on dire, aurait conseillé son bienfaiteur dans le domaine de l'hermétisme (voir à ce sujet l'ouvrage d'Alexandra Charbonnier sur Milosz, L'Âge d'Homme, 1996, et le livre en italien de Schwaller, Adamo Uomo Rosso, Mediterranee, 2006).

Enfin, souhaitons après tout cela que la famille de Lionel Hauser puisse avoir la satisfaction de voir revenir à elle un tableau de Marie-Madeleine qui lui fut subtilisé par les Allemands, cette fois au cours de la seconde guerre mondiale (1939-1945). Peint par le Néerlandais Adriaen van der Werff (1659-1722), il faisait toujours aux dernières nouvelles l'objet d'un litige avec la société d'enchères londonienne (et internationale) Christie's. En ce joli mois de mai, mois de Marie, espérons que notre voeu soit exaucé, et que cette représentation de "la petite fiancée du Christ", avec sa dimension peut-être alchimique, si on en croit Brigitte Barbaudy (dans son Marie-Madeleine et le Grand-OEuvre, MCOR, 2004), ou le regretté Richard Khaitzine (Marie-Madeleine et Jésus, MCOR, 2005), retrouve enfin son (ou sa) propriétaire légitime.

Voici, quoiqu'il en soit, que nous est ainsi finalement offerte, grâce à Marie encore, une Madeleine toujours verte, véridique, mais chaste et donc partiellement vêtue, au parfum viride et par conséquent printanier, et bien sûr éminemment...proustienne. 

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24 avril 2024 3 24 /04 /avril /2024 23:29

Après notre post récent sur les mystères de Séville selon Cédric Mannu (cf. notre Julien Champagne et Valdes Leal), nous retrouvons ce dernier avec plaisir, puisqu'il vient de nous informer de la reparution de son essai consacré à Fulcanelli et intitulé L'Adepte Contemporain, essai dont nous vous avions déjà signalé l'existence il y a une dizaine d'années (voyez l'article intitulé Ymages de Champagne).

Curieusement d'ailleurs, ces Ymages étaient consacrées à un livre préfacé par nous, et dont la couverture comme celle de la nouvelle mouture de l'ouvrage de Cédric comporte une une reproduction de l'écu final du Mystère des Cathédrales (premier livre paru du maître de Julien Champagne, qui dessina l'écu, et d'Eugène Canseliet, qui mit en forme ce chef d'oeuvre de l'Art hermétique).

Précisons d'emblée, avant d'entrer plus avant dans le vif du sujet, que cette nouvelle édition de l'étude de Mannu (ou si l'on veut de C. De Man) a été réalisée au début de 2023 par Books on Demand, sive BoD, pour Media Eternité Sacré, que Cédric gère semble-t-il avec Marie-Ange Mannu, avec aussi, apprenons nous in fine, "l'aimable participation de la librairie Cadence" de Lyon, et donc singulièrement de son libraire actuel, Dorian Jullien (en photo ci-dessus).

Livre - L'Adepte Contemporain - C. de Man - Media Éternité Sacré (sacre.tv)

Pour la vente en ligne, relevons le fait que Cadence porte l'heureuse dénomination d'Eklectic:

MANNU Cedric Fulcanelli, l´Adepte Contemporain (édition 2024, tirage limité) Librairie Eklectic (eklectic-librairie.com)

Comme nous avons pu comparer les deux versions de L'Adepte contemporain, celle initialement éditée par Shop My Book en 2013 et la nouvelle, notre constat premier est que cette dernière est dans l'ensemble identique sur le fond à la première, mais que cette révision se caractérise aussi par une augmentation significative du propos.

C'est ainsi notamment que tout en maintenant globalement son assertion argumentée selon laquelle Fulcanelli ne serait autre que notre Gustave Eiffel national, l'auteur passe en revue en guise d'introduction, nous semble-t-il, les principales autres hypothèses formulées ici ou là au sujet de l'identité de l'Anonyme fulcanellien.

Ce qui le conduit logiquement, selon nous, à faire (favorablement) état des travaux de notre compère Jean Artero sur Fulcanelli, notamment son Fulcanelliana (Arqa, 2017). On voudra bien, par conséquent, nous excuser de nous y référer à notre tour, sachant que l'intérêt de la recherche effectuée par "De Man" n'y est pas mise en doute.

Pour Jean, cependant, à l'époque en tout cas, rien ne permettait dans la démonstration alors conduite de conclure à un quelconque intérêt d'Eiffel pour l'alchimie. De même, la chronologie fulcanellienne de Canseliet (Canseliet sur qui s'appuie principalement Mannu) ne plaide guère en faveur d'Eiffel (né par exemple en 1832, alors que la naissance de Fulcanelli se situerait en ou vers 1839).

Mais il est vrai que pour Cédric, et Artero l'avait bien relevé en son temps, l'hypothèse Gustave n'est avancée que de façon relative, dans la mesure où on n'a pas, en l'espèce, voulu déroger à "la règle du mystère."

 

Pour en presque terminer sur cette publication si notable, mentionnons aussi parmi d'autres ajouts (en annexes cette fois), ceux de deux "Demeures Philosophales":

- la tour Eiffel, suivant une démonstration par ailleurs en ligne (pas si convaincante, à notre point de vue) de Jean-Paul Héber, 

- l'hôtel particulier appelé La Rose du Ciel à Marseille, vu (plus sérieusement, selon nous) par feu notre ami Christophe de Cène (cf. notamment Champagne avant la grande guerre et Champagne de Bartholdi).

Sauf erreur de notre part, c'est au demeurant dans cet ajout provenant en fait de l'ami Christophe que notre blog Julien Champagne est mentionné. Nouvelle preuve en tout cas de "l'éclectisme" de Cédric Mannu, cet ajout final provient d'un essayiste dont le fulcanellisable favori n'est pas Gustave Eiffel, mais Albert de Lapparent, Lapparent qui est d'ailleurs aussi celui de Jacques Grimault (vide de nouveau sur tout cela le Fulcanelliana de Jean Artero).

Mais puisque nous avons mentionné plus haut l'écu final du Mystère de Fulcanelli, rendons pour terminer la parole à Mannu, qui s'exprime ainsi à son sujet: "Canseliet a décrit le blason avec précision: "Le tirage de l'édition princeps, dans son illustration, ne possédait que trois images en couleurs, celle en cul-de-lampe final y comprise...Ceci en effet n'est pas sans relever du langage des oiseaux que, sur champ de gueules, cette céréale surmontant l'hippocampe, tous deux d'or et issant en champagne du même." 

Il a bien sûr laissé une "faute", indice difficile pour qui ne connaît pas parfaitement l'héraldique. L'orge -céréale maîtresse- qui indique la présence de l'or philosophique naissant et qui permet à l'Artiste de s'écrier: "Or, j'ai!", tant il a oeuvré pour ce Soufre."

 

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2 avril 2024 2 02 /04 /avril /2024 18:22

L'ami Phil Leroux, que nous venons de rencontrer dans notre article immédiatement précédent, a également appelé récemment notre attention sur divers ouvrages concernant L'alchimie de La cathédrale de Chartres, dont un qui vient de paraître en ce début d'année 2024 chez Alkemia éditions, et qui porte précisément ce titre.

Il s'agit là hélas d'un ouvrage posthume de Jean-Pierre Bollen, décédé peu avant que son livre à l'état de projet soit en 2017 parvenu à Pierre-Alexandre Nicolas, qui dirige cette Alkemia avec sa compagne Salima Boudieb, lequel l'a, ainsi que cette dernière, comprenons nous, mis en forme, corrigé, préfacé, et finalement publié, ce qui constitue sans doute une bonne action.

En effet, nous pouvons de ce fait faire notre profit de quelques cinq décennies de recherches de l'auteur sur l'édifice chartrain, recherches d'un radiesthésiste qui fut aussi, semble-t-il, un amoureux de Science et, nous dit-on, un alchimiste opératif.

Au demeurant, nous avions déjà rencontré Bollen au cours du déjà long périple de ce blog, à propos d'une autre cathédrale alchimique, celle de Rouen, au coeur de cette Normandie qui lui fut si chère et à laquelle la regrettée revue Atlantis consacra en 2011 une de ses couvertures (cf. notre petit pensum intitulé Rentrée de Champagne).

De même Nicolas est pour nous tout sauf un inconnu, puisqu'il a aussi participé d'une façon ou d'une autre à divers colloques dont nous nous sommes fait l'écho ici même (voyez nos deux articulets Champagne au colloque Canseliet et Champagne au colloque Fulcanelli).

Au passage, notons encore que dans le numéro de la revue Atlantis que nous venons de mentionner figure également un certain Yonnel Ghernaouti, qui vient de consacrer tout un développement à l'étude que nous allons maintenant vous commenter brièvement:

Lumières de Chartres : Le secret alchimique des bâtisseurs dévoilé… - Journal de la Franc-maçonnerie 450.fm

Pour nous, Bollen s'inscrit, s'agissant de Chartres, parmi les meilleurs spécialistes de la cathédrale chère entre autres à Charles Péguy, aux côtés d'un Louis Charpentier, qu'il mentionne en bibliographie, ou d'un CELJ, cher Phil Leroux, qu'à l'inverse il ne semble pas connaître.

A la suite de Fulcanelli, qu'il appelle curieusement Fulcanelli-Champagne, Bollen a dans notre esprit le grand mérite d'élargir le spectre des cathédrales françaises dont la dimension alchimique ne doit pas être ignorée, en rapprochant des églises de Paris et d'Amiens, celles de Rouen et désormais de Chartres.

 

 

C'est ainsi par exemple que, comme à Rouen précédemment, il rapproche tel médaillon chartrain (photographié ci-dessous) de tel autre de Notre-Dame de Paris, et que pour nous limiter au fameux "combat des Natures" fulcanellien, il écrit à propos de la discorde du porche sud (voué selon la symbologie classique aux vices et aux vertus): 

"Un homme et une femme se disputent et en viennent aux mains. Aux pieds de l'un, un pot est tombé et se vide d'un liquide auprès d'une Pierre. A Notre-Dame, dans la même scène, on distingue la Pierre Philosophale qui chute à mi-hauteur entre les deux personnages." Nous pouvons à ce sujet précis nous référer à notre Champagne à l'entrée du Sanctuaire (2006).

Jean-Pierre nous intéresse également quand il nous dit que certaines scènes ésotériques de Chartres ont été martelées, non pas comme on le croit d'habitude par mécréance ou simplement désir de nuire (par les "racailles" de l'époque, donc) mais parfois par souci de voiler des détails trop explicites pour les profanes, aux yeux des initiés, bien sûr; et sur ce point particulier, nous aimerions disposer de quelques témoignages ad hoc d'autres experts. A l'inverse, nous le suivons pour notre part sans hésiter quand il critique vertement telle ou telle restauration qui est en fait une altération, peut-être due à l'esprit du temps (une des Vierges noires chartraines a ainsi...blanchi).

Enfin, nous nous devons de témoigner ici personnellement qu'il a raison de convoquer à propos de Chartres certaines manifestations telluriques, qu'on peut ou non, comme on voudra, relier à la Vouivre. Nous pouvons de notre côté certifier les avoir ressenties en bonne compagnie au puits des Saints-Forts de la cathédrale, il y a (hélas) déjà bien longtemps.

Le hasard, qui selon certains n'existe pas, fait parfois bien les choses, selon d'autres. En effectuant quelques recherches sur ce qui précède, nous sommes tombés en arrêt devant un autre Alkemia, un périodique celui-là, une "revue d'alchimie vraie", publiée sous la direction de Jacques Grimault, qu'on ne présente plus (cf. Julien Champagne en Atlantis: et oui, Atlantis encore et toujours!).

Dans sa septième livraison, parue en 2022, vous pourrez constater ci-dessous qu'il est rendu hommage à Julien Champagne (décédé en 1932) et à son jeune ami Eugène Canseliet (mort en 1982) en une sorte d'anniversaire, ni notre compère Jean Artero, ni Geneviève Dubois, ni Cédric Mannu (entre autres) n'ayant de leur côté, nous explique-t-on, publié à cette occasion. 

Alkemia édite donc en solo un extrait d'un nouvel opus à paraître dudit Grimault Jacques, qui sera paraît-il intitulé Fulcanelli: L'Enquête définitive, opus que nous attendons donc dès à présent avec tout l'intérêt et toute la patience requis. L'hommage rendu à Canseliet comme à Champagne est au demeurant tout relatif, le premier étant supposément vaniteux, et le second prétentieux, selon Grimault évidemment. Mais on ne saurait nier qu'il est rendu, si on ne veut pas être taxé de malhonnêteté.

D'autant qu'on trouvera aussi dans l'hommage en question plusieurs passages des plus intéressants, notamment sur la façon d'interpréter les illustrations des ouvrages d'alchimie, comme le frontispice du Mystère des Cathédrales fulcanellien ou le tableau de Julien dénommé Le Vaisseau du Grand OEuvre, commandé par Fulcanelli, affirme Jacques, ou dixit Eugène "dont Fulcanelli ordonna la pensée". A propos de ce tableau, Jacques Grimault estime que son modèle pourrait être une cousine de Champagne, Marguerite (dite Louise) Barbe de Saint-Acheul.

Amazon.fr - Alkemia 7, revue d'alchimie vraie, sous la direction de Jacques Grimault - Grimault, Jacques - Livres

 

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28 mars 2024 4 28 /03 /mars /2024 17:49

Restons encore un peu à Séville, cette fois en compagnie d'Enrique Corzo de Porras et de son ouvrage si documenté La identidad de Fulcanelli Parte II (2021 et pour la première version révisée, 2022), ouvrage imprimé par Amazon qui le commercialise également:

Amazon.fr - La identidad de Fulcanelli: Parte II - Corzo de Porras, Enrique - Livres

De façon éminemment sympathique à nos yeux, cet ingénieur de formation reprend à son compte le travail précédent de son père Javier Corzo Sanchez (La identidad de Fulcanelli, Circulo Rojo, 2016), qu'il essaye d'étayer encore, et d'actualiser bien sûr.

C'est en fait un des principaux points forts de ce nouvel essai que ses nombreuses références fournies, y compris s'agissant de ce blog, qui est dûment mentionné dans son livre, et à plusieurs reprises, ou encore de certaines publications de notre compère Jean Artero (il fait plusieurs fois mention de sa publication sur Julien Champagne).

A l'inverse, il est sans doute un peu dommage qu'il paraisse ignorer bien des éclaircissements de Jean sur Fulcanelli (Présence de Fulcanelli, et, qui plus est, par la suite Fulcanelliana, où Artero traite notamment de la thèse commune à Javier et à Enrique Corzo).

 

Pour le père comme pour le fils, en effet, Fulcanelli ne serait autre que Carlos (Charles) de Bourbon (1870-1949).

Et Enrique de dépenser à son tour des trésors d'érudition et d'imagination pour tâcher de nous persuader, chronologie et historique à l'appui, que par conséquent Fulcanelli ne peut certainement pas être venu au monde environ trente ans plus tôt que son "fulcanellisable." De même, après d'autres, comme Grégoire Brissé récemment, il s'efforce de rapprocher les lieux fulcanelliens de ceux fréquentés par l'infant dont il se fait lui aussi le chantre.

C'est ainsi par exemple que pour lui comme pour son père et plus récemment Cédric Mannu, le voyage espagnol d'Eugène Canseliet a eu pour cadre telle villa sévillane aujourd'hui détruite ou non, ce dont pour notre part nous nous permettons de douter quelque peu.

S'agissant de Julien Champagne enfin, notre auteur du jour nous semble un peu hésitant, pour dire le moins. Son assertion au demeurant très argumentée selon laquelle "Hubert" aurait pour environ la moitié des illustrations du Mystère des Cathédrales et des Demeures Philosophales travaillé d'après des cartes postales nous paraît bien anecdotique. Et surtout il nous paraît curieux qu'ayant lu sur cet artiste et alchimiste et ce blog et le livre de Jean Artero, il se livre à une appréciation qu'on peut trouver caricaturale de l'illustrateur des Fulcanelli, en s'appesantissant de préférence sur tous ses défauts, réels ou supposés. Tenons-nous bien, pour Corzo Champagne aurait été en fait un "Judas" pour son maître en alchimie... 

Grâce à lui, cependant, nous voudrions terminer notre article du moment par deux notes très positives. D'abord, le catalogue de la récente exposition sur Surréalisme et alchimie (voir notre Selena de Champagne) vient de paraître. Dénommé A flanc d'abîme, il nous semble tenir toutes ses promesses:

à flanc d’abîme – VENUS D'AILLEURS (venusdailleurs.fr)

On peut notamment en faire l'acquisition auprès d'une librairie qui est aussi une association, et dont le nom vaut le détour à lui seul: La Rose impossible.

La Rose Impossible | HelloAsso

 

Ensuite et finalement, l'ami Phil Leroux vient d'attirer notre attention sur un film dans lequel on voit un traîneau à hélice qui ressemble à s'y méprendre à une des versions de celui de Julien Champagne et Bertrand de Lesseps: 

https://youtu.be/1-KRkRwPUBI

Il s'agit du long métrage La reine des neiges de David Wu (2002), avec comme monarque attitrée Bridget Fonda. A mon humble avis, et en l'absence peut-être momentanée de toute indication sur la provenance de l'apparition en question, on pourrait envisager une certaine accointance avec les clichés ad hoc de Jacques Henri Lartigue:

DE J HENRI LARTIGUE A J JULIEN CHAMPAGNE - JULIEN CHAMPAGNE (archerjulienchampagne.com)

Joyeuses Pâques à chacun et à chacune.

 

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