Après notre post récent sur les mystères de Séville selon Cédric Mannu (cf. notre Julien Champagne et Valdes Leal), nous retrouvons ce dernier avec plaisir, puisqu'il vient de nous informer de la reparution de son essai consacré à Fulcanelli et intitulé L'Adepte Contemporain, essai dont nous vous avions déjà signalé l'existence il y a une dizaine d'années (voyez l'article intitulé Ymages de Champagne).
Curieusement d'ailleurs, ces Ymages étaient consacrées à un livre préfacé par nous, et dont la couverture comme celle de la nouvelle mouture de l'ouvrage de Cédric comporte une une reproduction de l'écu final du Mystère des Cathédrales (premier livre paru du maître de Julien Champagne, qui dessina l'écu, et d'Eugène Canseliet, qui mit en forme ce chef d'oeuvre de l'Art hermétique).
Précisons d'emblée, avant d'entrer plus avant dans le vif du sujet, que cette nouvelle édition de l'étude de Mannu (ou si l'on veut de C. De Man) a été réalisée au début de 2023 par Books on Demand, sive BoD, pour Media Eternité Sacré, que Cédric gère semble-t-il avec Marie-Ange Mannu, avec aussi, apprenons nous in fine, "l'aimable participation de la librairie Cadence" de Lyon, et donc singulièrement de son libraire actuel, Dorian Jullien (en photo ci-dessus).
Livre - L'Adepte Contemporain - C. de Man - Media Éternité Sacré (sacre.tv)
Pour la vente en ligne, relevons le fait que Cadence porte l'heureuse dénomination d'Eklectic:
Comme nous avons pu comparer les deux versions de L'Adepte contemporain, celle initialement éditée par Shop My Book en 2013 et la nouvelle, notre constat premier est que cette dernière est dans l'ensemble identique sur le fond à la première, mais que cette révision se caractérise aussi par une augmentation significative du propos.
C'est ainsi notamment que tout en maintenant globalement son assertion argumentée selon laquelle Fulcanelli ne serait autre que notre Gustave Eiffel national, l'auteur passe en revue en guise d'introduction, nous semble-t-il, les principales autres hypothèses formulées ici ou là au sujet de l'identité de l'Anonyme fulcanellien.
Ce qui le conduit logiquement, selon nous, à faire (favorablement) état des travaux de notre compère Jean Artero sur Fulcanelli, notamment son Fulcanelliana (Arqa, 2017). On voudra bien, par conséquent, nous excuser de nous y référer à notre tour, sachant que l'intérêt de la recherche effectuée par "De Man" n'y est pas mise en doute.
Pour Jean, cependant, à l'époque en tout cas, rien ne permettait dans la démonstration alors conduite de conclure à un quelconque intérêt d'Eiffel pour l'alchimie. De même, la chronologie fulcanellienne de Canseliet (Canseliet sur qui s'appuie principalement Mannu) ne plaide guère en faveur d'Eiffel (né par exemple en 1832, alors que la naissance de Fulcanelli se situerait en ou vers 1839).
Mais il est vrai que pour Cédric, et Artero l'avait bien relevé en son temps, l'hypothèse Gustave n'est avancée que de façon relative, dans la mesure où on n'a pas, en l'espèce, voulu déroger à "la règle du mystère."
Pour en presque terminer sur cette publication si notable, mentionnons aussi parmi d'autres ajouts (en annexes cette fois), ceux de deux "Demeures Philosophales":
- la tour Eiffel, suivant une démonstration par ailleurs en ligne (pas si convaincante, à notre point de vue) de Jean-Paul Héber,
- l'hôtel particulier appelé La Rose du Ciel à Marseille, vu (plus sérieusement, selon nous) par feu notre ami Christophe de Cène (cf. notamment Champagne avant la grande guerre et Champagne de Bartholdi).
Sauf erreur de notre part, c'est au demeurant dans cet ajout provenant en fait de l'ami Christophe que notre blog Julien Champagne est mentionné. Nouvelle preuve en tout cas de "l'éclectisme" de Cédric Mannu, cet ajout final provient d'un essayiste dont le fulcanellisable favori n'est pas Gustave Eiffel, mais Albert de Lapparent, Lapparent qui est d'ailleurs aussi celui de Jacques Grimault (vide de nouveau sur tout cela le Fulcanelliana de Jean Artero).
Mais puisque nous avons mentionné plus haut l'écu final du Mystère de Fulcanelli, rendons pour terminer la parole à Mannu, qui s'exprime ainsi à son sujet: "Canseliet a décrit le blason avec précision: "Le tirage de l'édition princeps, dans son illustration, ne possédait que trois images en couleurs, celle en cul-de-lampe final y comprise...Ceci en effet n'est pas sans relever du langage des oiseaux que, sur champ de gueules, cette céréale surmontant l'hippocampe, tous deux d'or et issant en champagne du même."
Il a bien sûr laissé une "faute", indice difficile pour qui ne connaît pas parfaitement l'héraldique. L'orge -céréale maîtresse- qui indique la présence de l'or philosophique naissant et qui permet à l'Artiste de s'écrier: "Or, j'ai!", tant il a oeuvré pour ce Soufre."
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