On ne présente plus Cédric Mannu. Et pourtant...N'eût été la bienveillante sagacité d'un Bertrand Favière, nous aurions pu omettre de prendre connaissance avec vous des derniers ouvrages du talentueux et incontournable biographe d'Eugène Canseliet (Arqa, 2010) et du fulcanelliste distingué de L'Adepte contemporain (Shopmybook, 2013), que nous avons déjà rencontré ici même à plusieurs reprises.
Grâce à l'excellente librairie lyonnaise Cadence (Eklectic) que nous ne recommanderons jamais assez à nos distingués lecteurs et à nos non moins érudites lectrices, nous avons donc pu nous procurer, sur les conseils avisés de notre ami ci-dessus mentionné, deux de ses plus récents opus. Son Grasset d'Orcet et l'alchimie (Media Eternité Sacré, 2023) que nous nous devons naturellement de vous signaler, et surtout, pour ce qui nous concerne directement, son Eugène Canseliet et le voyage en Espagne (MES encore, 2023 toujours):
MANNU Cedric Eugène Canseliet et le voyage en Espagne Librairie Eklectic (eklectic-librairie.com)
C'est pour l'essentiel de ce dernier essai que nous voudrions vous entretenir brièvement ce jour. En nous ressentant en accord avec Cédric dans l'ensemble, précisons le d'emblée.
C'est ainsi que nous pourrions tout à fait faire notre cette remarque rédigée en préambule à son développement: "Dans la pratique au fourneau, déjà, Eugène Canseliet nous confiait dans ses écrits de surprenantes révélations autour du "Miroir de l'Art"". Précisons (ce que Mannu ne fait pas) que ledit Miroir permet justement d'accéder - selon feu l'alchimiste de Savignies - à une dimension différente de l'espace-temps, dimension qui peut expliquer certains aspects de son périple espagnol, en particulier sa rencontre de 1952 avec un Fulcanelli de 113 ans à l'état-civil, mais dont le physique était celui d'une personne d'âge mûr.
Pour nous, Cédric Mannu a encore raison de nous rappeler que le voyage en question a dans un premier temps fait l'objet d'une fiction, Canseliet s'étant confié à son sujet à l'écrivain Claude Seignolle (confer son Invitation au château de l'étrange, Maisonneuve & Larose, 1969 et surtout sa version augmentée que reproduit CM, chez Walter Beckers, en 1974).
Mannu prend aussi position sur le lieu supposé de la rencontre, "dans les faubourgs de Séville", suivant Jorge Camacho et Bernard Roger, nous dit-il, et approuve la localisation proposée par Javier Corzo Sanchez (dans son livre La identidad de Fulcanelli, Editorial Circulo Rojo, 2016, ouvrage étudié comme ceux d'autres fulcanellistes - dont Cédric - par l'ami Jean Artero dans son Fulcanelliana (Arqa, 2017).
A la villa aujourd'hui détruite qui nous est ainsi proposée, j'avoue que pour ma part je tends à préférer l'hacienda campagnarde photographiée naguère par feu Patrick Rivière, hacienda que sauf erreur ne mentionne pas Cédric Mannu.
Enfin, il est peut-être un peu dommage que notre auteur du jour ne s'appesantisse pas un tant soit peu, quand il traite des tableaux sévillans de Juan de Valdès Leal et du Finis Gloriae Mundi fulcanellien, sur les travaux de feu Jean Laplace, comme ceux que nous avions abordés dans ce blog il y a maintenant quelques années:
DE CHAMPAGNE A JEAN LAPLACE - JULIEN CHAMPAGNE (archerjulienchampagne.com)
JULIEN CHAMPAGNE ET LE FINIS GLORIAE MUNDI - JULIEN CHAMPAGNE (archerjulienchampagne.com)
A l'inverse, s'agissant cette fois de l'énigme Fulcanelli, à laquelle CM se réfère également, nous nous devons de noter qu'il nous semble voir juste quand il rappelle qu'"après notre travail sur Eugène Canseliet nous avons proposé l'idée d'un collège à l'origine du phénomène, donc plusieurs personnes travaillant de concert." Et qu'il a encore raison, par conséquent, quand en citant favorablement le travail de notre compère Jean Artero sur Julien Champagne (Le Mercure Dauphinois, 2014), il conclut qu'"on ne peut pas circonscrire Fulcanelli à la seule identification" avec ce dernier, quelque "fort singulière et prometteuse qu'elle puisse être."
Un peu en marge de notre sujet principal, je dois avouer que dans ce livret Cédric est par contre plus conventionnel à mon avis quand il aborde justement les relations de Champagne et Canseliet avec le Grand Lunaire (voir nos articles immédiatement précédents). En grossissant un peu le trait, pour Mannu, le GL était magiste (malgré Gino Sandri, qu'il mentionne pourtant) et Julien Champagne en était un pilier, contrairement à Eugène Canseliet.
Tout cela mériterait sans doute, pour nous en tout cas, d'être quelque peu nuancé. En ce qui concerne la participation certaine au premier cercle du Grand Lunaire, telle qu'elle ressort des tableaux désormais connus de Marcel Nicaud en 1947, nous citerons dans l'ordre alphabétique Robert Ambelain, Jules Boucher (dont vous trouverez ci-dessus le portrait aimablement communiqué par Fecit), Julien Champagne et Alexandre Rouhier.
Enfin, pour ce qui est des tableaux attestés mais non produits à ce jour, ce sont jusqu'à preuve du contraire (et toujours dans le même ordre) les portraits d'Eugène Canseliet, Maryse Choisy et Marcel Nicaud.
En addendum, finalement, je m'en voudrais de ne pas mentionner le travail sérieux sur l'alchimie en général dont vient de nous gratifier le vétérinaire et homéopathe Denis Crépin, féru de théologie et de catharisme, et dont l'éclectisme est donc visiblement une des qualités.
Même s'il mentionne à peine Fulcanelli (et pas du tout Julien Champagne ou Eugène Canseliet), son Alchimie, L'âme du monde (Geuthner, 2022), au titre éloquent, mérite assurément le détour, malgré telle ou telle affirmation malheureuse selon nous, par exemple celle-ci: "Il n'existe pas de relation de cause à effet entre les phénomènes cosmiques et les événements terrestres et en particulier humains."
Alchimie, l'âme du monde - De la Perse et de... de Denis Crépin - Grand Format - Livre - Decitre
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