Grâce à Pierre Delaroche, nous avons pu prendre connaissance, dès sa publication il y a quelques jours déjà, de l'essai que Gégroire Brissé vient de faire paraître chez Dervy, en ce début d'année 2024: Comment lire Fulcanelli.
Titre ô combien alléchant, et livre qui nous a d'autant plus intéressé que nous avons rapidement découvert en le feuilletant, en préalable à sa lecture, que son auteur ne comptait pas s'appesantir sur la question de l'identité de notre Adepte de prédilection.
En outre on ne peut pas dire que son rédacteur découvre ni l'alchimiste du Mystère des Cathédrales et des Demeures Philosophales, ni surtout l'alchimie, puisque ce vaillant sexagénaire ou ce dynamique septuagénaire, dirons nous, a oeuvré au fourneau, apprend-on ci-dessous, dès 1974.
Assez curieusement d'ailleurs, il est réputé avoir commencé par la pratique, puis s'être tourné vers la théorie, ce qui nous semble être un cheminement pour le moins original. Toujours est-il qu'il a déjà fait paraître suite à ses divers travaux hermétiques plusieurs ouvrages parfaitement estimables, dont un Traité de la voie sèche (Mercure Dauphinois, 2006) et un mémoire consacré à François Cambriel (Cosmogone, 2021).
Plus récemment encore, notre Grégoire nous a gratifiés d'une synthèse sur Les alchimistes anglais et la naissance de l'Empire britannique (Dervy, 2023). Or il nous semble que ce dernier opuscule en date et celui qui nous occupe présentement ont un trait commun, et que c'est ce dernier qui nous fournit la clef de la thèse de Brissé, s'agissant de l'alchimie en général et de Fulcanelli en particulier. Et que ce fil rouge, si l'on peut dire, est magnifiquement illustré par le sous-titre de son nouvel opus: Alchimie & diplomatie.
Pour lui en effet, l'ésotérisme alchimique est non seulement diplomatique au sens fulcanellien, en référence à la Science double de l'hermétisme par rapport à la science exotérique du vulgaire, ce que la cabale traditionnelle permet de mettre en exergue tout en dissimulant au commun des mortels ce qui doit l'être absolument, mais recèle aussi une dimension politique, que Grégoire Brissé (GB) s'est attaché à dégager en Angleterre puis en France, dans ses deux derniers memoranda.
On retrouve ici, croyons nous, la même veine talentueuse qui est celle (sur Fulcanelli toujours) d'un Roger Facon ou qui fut celle hier (notamment à propos du cabaret du Chat Noir) d'un Richard Khaitzine. Relevons au passage que GB ne cite, nous est-il apparu, aucun des "fulcanellistes" qui l'on précédé en publiant eux aussi le résultat de leur étude du créateur des Demeures et du Mystère.
Or notre propre point de vue est qu'il aurait grandement gagné à le faire (et peut-être pourra-t-il se rattraper sur ce point dans une édition ultérieure de son pensum) car il aurait ainsi, selon nous, pu beaucoup mieux nous convaincre qu'il n'y arrive pour l'instant de l'intérêt qu'il y a probablement à examiner le rapport entre politique et alchimie, ou si on veut la dimension politique de l'oeuvre -sinon de la personne- de Fulcanelli.
J'en prendrai volontiers de mémoire pour exemples l'accointance de ce dernier avec Pierre Dujols, qui nous approche (s'agissant des temps anciens) des Valois, mais aussi de la persistance supposée du "galetas du Temple", ou pour ce qui concerne plus spécifiquement le monde contemporain de sa proximité avec le clan Lesseps.
Il n'en demeure pas moins que ses références historiques témoignent d'une érudition sérieusement travaillée, ce qui nous fait d'autant plus regretter le peu de considération dont il témoigne vis-à-vis d'un Eugène Canseliet et d'un Julien Champagne, le premier étant supposément "pontifiant", et le second un "mystificateur" (Fulcanelli lui-même serait simplement un "conservateur", ce qui peut à l'inverse être considéré ici ou là comme un compliment). Finalement, pour cet écrit, qui reste malgré tout de qualité (nous avons apprécié notamment cette étude qu'il renferme comme d'autres et après eux de la géographie fulcanellienne), un intitulé tel qu'"Une lecture de Fulcanelli" aurait d'après nous été plus approprié.
Excellente année, cher Grégroire Brissé, et de grâce ne dissuadez plus de pratiquer l'alchimie les hermétistes qui veulent se lancer dans cette aventure. Enfin, sachez qu'à mon humble avis, l'Elixir ou l'Or potable ne sont pas plus identiques à la Pierre philosophale que ne l'est celle des Philosophes. Et excellente année à vous également, bien entendu, chers lecteurs et non moins chères lectrices!
Comment lire Fulcanelli ? - Hiram.be
Fulcanelli vu par Grégoire Brissé - Hiram.be
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