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  • : Site consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.
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...consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.


Peintre et dessinateur, Julien Champagne est surtout connu de nos jours pour avoir illustré les ouvrages de Fulcanelli, un mystérieux alchimiste contemporain.

Et pourtant, il figure au Bénézit, la "Bible" internationale des créateurs. Et suivant son ami Eugène Canseliet, il fut bien un maître du pinceau et du crayon.

C'est à la découverte de cet artiste méconnu, mais profondément attachant, que je voudrais vous inviter. Je voudrais aussi vous demander de ne pas hésiter à enrichir mes articles de vos propres commentaires et de vos découvertes personnelles.

Bon voyage donc au pays légendaire de Julien Champagne.

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9 mai 2024 4 09 /05 /mai /2024 20:38

En mai fais ce qu'il te plaît, nous recommande un adage selon nous très alchimique. Retrouvons donc avec grand plaisir notre correspondant et ami hispanisant Zaporogue, déjà rencontré récemment (voir Mondanités de Champagne).

Cette fois, je voudrais saisir l'occasion qui m'est ainsi offerte de le remercier pour nous avoir signalé un article bien intéressant de l'estimable journal parisien Le Temps (ancêtre du quotidien Le Monde, sauf erreur) paru à l'été 1932, quelques semaines avant le décès de notre cher Julien Champagne:

Le Temps 7 juillet 1932 - (7-juillet-1932) | RetroNews - Le site de presse de la BnF

Dans une chronique intitulée Autour de l'athanor, le journaliste et homme de lettres Henry Bidou (1873-1943) nous y entraîne au domicile d'un banquier dénommé Lionel Hauser (1868-1958), photographié ci-dessus en famille, qui fut un cousin éloigné, ami et financier du célèbre écrivain Marcel Proust (1871-1922), ce dernier étant par ailleurs un lecteur assidu dudit Bidou Henry - Lionel, lui, était aussi de la famille du philosophe Henri Bergson (1859-1941)...

Chronique au demeurant spécialement intéressante, puisque si l'athanor d'Hauser nous est présenté comme inactif depuis un certain temps, la bibliothèque du banquier s'avère particulièrement riche, nous explique Bidou, en ouvrages alchimiques, ainsi qu'en livres sur l'alchimie.  

 

Riche en effet, elle l'était, nous explique-t-on, de plus de mille livres imprimés et de plus de cent manuscrits (1200 et 150 respectivement, pour être précis), de Nicolas Flamel ou Basile Valentin à Johann Conrad Barchusen, Michel Maier, Guillaume Salmon  et  Louis Figuier notamment

Mais Lionel n'est pas pour autant un simple collectionneur puisque selon son interlocuteur il se fait, au cours de leur conversation à bâtons rompus qui les conduit à ouvrir certains des ouvrages mentionnés ci-dessus, un défenseur et illustrateur de la pensée des anciens alchimistes, et n'hésite pas à expliquer pourquoi et comment, selon lui, cette science qui a été cachée de tous temps, gardait encore tout son intérêt au XXème siècle.

Aux noms d'alchimistes précédemment cités, ajoutons maintenant celui d'Albert Poisson, hermétiste contemporain dont un manuscrit au titre très fulcanellien faisait aussi partie de la collection de l'amateur éclairé d'alchimie (cf. notre petit pensum intitulé Julien Champagne et les monuments alchimiques).

La bibliothèque hermétique de Lionel Hauser, qui n'est pas sans nous rappeler ce qu'Eugène Canseliet nous a rapporté de celle de Fulcanelli, semble avoir été dispersée en 1934 par la multinationale américaine d'origine britannique Sotheby's, mondialement connue pour ses ventes d'oeuvres d'art et d'objets de collection:

Catalogue of the very extensive and important library of early books and manuscripts relating to alchemy & the occult & physical sciences, the property of M. Lionel Hauser ... and of four important mediaeval manuscripts, the property of a gentleman which will by sold by auction, by messrs. Sotheby and Co ... on Monday, the 16th of April, 1934 and two following days .. - Catalog - UW-Madison Libraries (wisc.edu)

Mais ne quittons pas Eugène Canseliet trop précipitamment, puisque lui aussi, nous confie-t-il, a eu accès (avant Henry Bidou) à la bibliothèque de Lionel Hauser. Cette confidence, il nous l'a faite dans un numéro de la revue Initiation & Science (le XLV de 1958), quand, à propos des oeuvres de Nicolas Flamel, d'Antoine-Joseph Pernety, de Denis Molinier, et de Kernadec de Pornic, il nous indique, s'agissant tout spécialement de celle de ce dernier, en avoir pris copie "il y a trente cinq ans, rue de la Victoire (à Paris, ndlr), sur l'exemplaire de la riche bibliothèque alchimique réunie par notre ami le banquier Lionel Hauser et dispersée à Londres."

Canseliet a donc vu la bibliothèque de Hauser vers 1922 ou 1923, soit au moment de la transmutation de Sarcelles, dont il fut acteur et Julien Champagne témoin, et presque à l'époque où ils résidaient tous deux dans un même immeuble parisien de la rue Rochechouart (1925 ou environ). Et il l'a vue fréquemment, ajoute-t-il finalement, cette fois à propos d'Altus et de son Livre Muet (Pauvert, 1967). Si on le lit bien, il paraît cette fois nous renvoyer à "plus de quarante années" plus tôt, c'est-à-dire avant 1927 (l'édition originale du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli est parue chez Schemit en 1926).

Outre Canseliet, Hauser pourrait avoir eu comme visiteur (et peut-être inspirateur) de sa collection d'ouvrages d'alchimie un autre ami de Champagne, en la personne de René Schwaller (1887-1961). Ce dernier aurait bénéficié de ses subsides après leur rencontre en 1913, puis au cours de la première guerre mondiale (1914-1918) et par gratitude, pourrait on dire, aurait conseillé son bienfaiteur dans le domaine de l'hermétisme (voir à ce sujet l'ouvrage d'Alexandra Charbonnier sur Milosz, L'Âge d'Homme, 1996, et le livre en italien de Schwaller, Adamo Uomo Rosso, Mediterranee, 2006).

Enfin, souhaitons après tout cela que la famille de Lionel Hauser puisse avoir la satisfaction de voir revenir à elle un tableau de Marie-Madeleine qui lui fut subtilisé par les Allemands, cette fois au cours de la seconde guerre mondiale (1939-1945). Peint par le Néerlandais Adriaen van der Werff (1659-1722), il faisait toujours aux dernières nouvelles l'objet d'un litige avec la société d'enchères londonienne (et internationale) Christie's. En ce joli mois de mai, mois de Marie, espérons que notre voeu soit exaucé, et que cette représentation de "la petite fiancée du Christ", avec sa dimension peut-être alchimique, si on en croit Brigitte Barbaudy (dans son Marie-Madeleine et le Grand-OEuvre, MCOR, 2004), ou le regretté Richard Khaitzine (Marie-Madeleine et Jésus, MCOR, 2005), retrouve enfin son (ou sa) propriétaire légitime.

Voici, quoiqu'il en soit, que nous est ainsi finalement offerte, grâce à Marie encore, une Madeleine toujours verte, véridique, mais chaste et donc partiellement vêtue, au parfum viride et par conséquent printanier, et bien sûr éminemment...proustienne. 

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