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  • : Site consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.
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...consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.


Peintre et dessinateur, Julien Champagne est surtout connu de nos jours pour avoir illustré les ouvrages de Fulcanelli, un mystérieux alchimiste contemporain.

Et pourtant, il figure au Bénézit, la "Bible" internationale des créateurs. Et suivant son ami Eugène Canseliet, il fut bien un maître du pinceau et du crayon.

C'est à la découverte de cet artiste méconnu, mais profondément attachant, que je voudrais vous inviter. Je voudrais aussi vous demander de ne pas hésiter à enrichir mes articles de vos propres commentaires et de vos découvertes personnelles.

Bon voyage donc au pays légendaire de Julien Champagne.

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1 novembre 2006 3 01 /11 /novembre /2006 14:42


D'après Walter Grosse, c'est en 1913 que les parents de Julien Champagne emménagèrent aux Charmettes de Villiers-le-Bel, dont nous voyons ici une carte postale animée de 1910.

Ce quartier de Villiers, commune actuellement située dans le Val d'Oise (95) et ayant autrefois appartenu au département de Seine et Oise, paraît avoir émergé dans les dernières années du XIXème siècle, voire au début du XXème:

http://www.p-simple.com/charmettes.htm

"En 1893, se constitua une société d'épargne en participation, nommée "la Garenne", dont le but était l'acquisition de terrains à bâtir.

En 1897, cette société ayant réuni un capital suffisant, acquit à Gonesse un terrain qu'elle partagea en 100 lots. En 1907, deux propriétaires à la Garenne formèrent une société anonyme ayant pour objet l'acquisition d'un terrain à Arnouville. Le champ, situé au lieu-dit la Butte Saint-Blin, fut partagé en 64 parcelles.

Sur le territoire de Villiers-le-Bel, la terre à brique s'épuisant, l'activité de l'entreprise Bastin se ralentit. En 1908, M. Lejoint se rendit acquéreur de 7 hectares de terrains fouillés de la briqueterie. Il s'occupa de faire niveler le sol, de tracer des avenues, puis il fit un lotissement de 200 unités; il donna à ce quartier le nom de "Charmettes", et un nom à chaque avenue 

Nous ne connaissons pas les modalités d'installation de la population, elles ne durent pas être très différentes de celles des lotissements voisins. Il nous faudra attendre 1919 pour voir se constituer une association syndicale des propriétaires de terrains aux Charmettes."

Dans l'histoire de l'art, Villiers est en particulier connu par les pêchers en fleur de l'impressionniste américain Childe Hassam (1859-1935), dont le tableau ci-dessous remonte à 1887.


Ce peintre est donc pratiquement contemporain des parents de Julien Champagne, tous deux nés en 1854: Alphonse Champagne, cocher, décédé dans les années 1920, et Pascaline Quinot, sans profession, morte semble-t-il dans les années 1930, après son fils

C'est aux Charmettes qu'en 1921 Eugène Canseliet fit en aquarelle le portrait de son ami Julien Champagne, portrait que nous avons déjà reproduit (Canseliet peint Julien Champagne, 5 février 2006).

Rien en tout cas dans ces lieux champêtres, au nom certes rousseauiste, mais dont la modestie reste...foncière, et la genèse liée aux aléas de l'ère industrielle, ne vient confirmer l'hypothèse d'une origine "bourgeoise" de la famille de Julien Champagne (Décès de Julien Champagne, 23 mars 2006, Julien Champagne en famille, 5 avril 2006).



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29 octobre 2006 7 29 /10 /octobre /2006 14:38


Dampierre-sur-Boutonne en Belgique? Non, bien sûr et pourtant c'est à une séquence belge que je vous convie en ce dimanche automnal de la Saint Narcisse...

Retournons donc pour commencer en cette demeure philosophale enchanteresse, sinon enchantée, et certes "trop tôt laissée" (Frustration de Champagne, 10 octobre 2006).

Le petit livre peu connu dont j'ai reproduit la couverture et qui est consacré à Dampierre présente à mon avis plusieurs particularités, et en outre un intérêt singulier.

D'abord, il a été tiré en 1982 à 500 exemplaires hors commerce numérotés (le même tirage sans doute que celui de l'édition originale du second livre de Fulcanelli).

Ensuite, il a été réservé à une population précise, regroupant pour l'essentiel une promotion de l'Ecole Centrale de Paris, celle de 1929, à laquelle appartenait Jacques Texier (1906-1979), ancêtre des propriétaires actuels du château de Dampierre.

Notons en passant que d'après ce livret, Jean-Louis Hedelin, neveu de Jacques Texier, aurait fait partie de la "promo" 58 de l'Ecole Centrale.

Enfin, contrairement à ce que laisse entendre la couverture, Jacques Texier, dont la photo reproduite ici est annexée à l'ouvrage, n'est pas l'auteur direct de l'oeuvre, qui est plutôt un recueil de textes destinés à honorer sa mémoire.

Certes, on y trouve en particulier des reproductions de certaines de ses conférences sur le château, mais l'initiateur, le concepteur et le réalisateur  du recueil est vraisemblablement un des camarades de promotion de Jacques, Etienne Spire, d'Aix-en-Provence.

Toujours pas de belge, donc. Mais avant de partir pour Bruxelles et Gant, faisons une halte en Champagne.


Entre autres mérites, le travail d'Etienne Spire présente en effet celui-ci, qui nous interpelle directement, qu'il reproduit plusieurs des planches dessinées par Julien Champagne pour Fulcanelli, certaines pourvues de sa signature, comme ci-dessus, et d'autres non.

Sont ainsi signées les planches XXV et XXVIII des Demeures Philosophales, tandis que les planches XXIX et XXXII sont également reproduites, sans qu'y apparaisse le nom de Julien Champagne.

Sur ces planches, on pourra se reporter, en plus de mon dernier courrier en date traitant de Dampierre, que j'ai déjà mentionné, à trois de ceux qui l'ont précédé sur le même sujet: De Diane de Poitiers à Champagne, 26 août 2006, Infortune de Champagne, 3 septembre 2006, et Constance de Champagne, 8 septembre 2006.

Ces dessins illustrent en fait le texte d'une conférence prononcée par Jacques Texier au Rotary Club de Saint-Jean d'Angely:

"Une demeure alchimique aux confins de Saintonge et du Poitou: le Château de Dampierre-sur-Boutonne."

Outre d'alchimie en général, Texier y traite de Coulonges-sur-l'Autize, situé à 50 kilomètres seulement de Dampierre, et donc de Louis d'Estissac.

Sa présentation consécutive des caissons de sa demeure suit de très près l'interprétation qui en est proposée par Fulcanelli.




Mais qui est Jacques Texier, dont une notice biographique est insérée dans "Jacques Texier raconte..."?

Si nous devenons ce que nous sommes, si nous sommes ce que nous devenons, pourquoi ne pas rappeler que nous sommes également issus d'une lignée, avant éventuellement de la prolonger?

Jacques est né à Saint-Jean d'Angely, où son père était médecin. L'un de ses ancêtres fut d'ailleurs maire de cette commune. Il fut notamment président-fondateur de la Route des Trésors de Saintonge, dont le château de Dampierre fait partie.

Il hérita de ce château, qui était la propriété de son père, le docteur Jean Texier, décédé en 1953.

Dès 1938 Jean publia un livre sur Dampierre où à propos des caissons du logis il affirmait clairement: "Nulle part en France, sauf en petit, dans la chapelle de l'Hôtel Lallemant à Bourges, on ne trouve sembable décoration."

Dévasté pendant la seconde guerre mondiale, sa demeure était une ruine en 1946. "Restaurer Dampierre, c'est en somme l'oeuvre de ma vie" (Jacques Texier).

 

DSC04954.champagne


Et de nous narrer l'histoire mouvementée du château, qui s'ouvre dans la notice d'Etienne Spire par une citation que je crois significative:

"Sur le mur de la galerie Renaissance, se voit l'inscription suivante: "Si tu viens partager notre lumière blonde, salut. Mais si tu veux la partager longtemps, ne viens qu'avec ton coeur. N'apporte rien du monde, et  ne raconte pas ce que disent les gens."

Savez-vous que ces quatre vers se trouvent aussi, avec de légères variantes, à la porte d'entrée de la villa Arnaga, maison-musée d'Edmond Rostand à Cambo, non loin d'Hendaye et Sare, en pays basque?

http://www.chateaux-france.com/arnaga/

 

arnaga.champagne



Soit, mais la Belgique? Nous y venons. Etienne Spire s'est évidemment lui aussi passionné grâce à Jacques Texier pour l'histoire de Dampierre, et avec un complice, François Petit, dont le nom doit être également cité, a cherché à compléter sa connaissance du château.

C'est ainsi qu'il est entré en correspondance avec un historien bruxellois, Paul Meurisse de Saint-Hilaire.

Ecrivain très connu en particulier outre-Quiévrain, ce dernier a en effet publié  chez Copyright et  Roussel (Belgique, diffusion Edisud, Nice), en 1977, puis Laffont, en 1992, un ouvrage intitulé précisément Le mystère des labyrinthes.

Il y qualifie Fulcanelli de présomptueux, ce que je trouve arrogant, mais surtout y affirme que l'Adepte qui fit réaliser les caissons de Dampierre fut Louis de Laval-Montmorency, seigneur de Boisdauphin.

Laval aurait laissé sa signature dans un caisson, reproduit ci-dessus, celui au labyrinthe, justement, qui est accompagné de la devise latine FATA VIAM INVENIENT (les destins trouveront leur voie).

Meurisse précise simplement que, veuf en 1554 de Claude de la Jaille, ce Montmorency devint archevèque d'Embrun en Dauphiné.

Le même Saint-Hilaire fait également un rapprochement entre les caissons alchimiques du château, et d'une part le traité sur La toison d'or de Salomon Trismosin, d'autre part les hiéroglyphes de la Grand Place de Bruxelles ( voir ses essais Histoire secrète de Bruxelles, réédition Albin Michel, 1998 et Lecture alchimique de la Grand Place de Bruxelles, Editions du Cosmogone, 2002).

Last but not least, Paul, dans une lettre de 1982 à Etienne Spire, précise qu'il existe d'excellents dessins des caissons de Dampierre, autres que ceux de Julien Champagne. Ils seraient "exposés dans le grand escalier de la mairie de Saintes.

Ces caissons sont les rescapés en partie (sic) de la destruction de l'aile du château." On espère en savoir plus sur ce point, car il semble étayer ainsi partiellement ce que nous croyions déjà savoir (Julien Champagne dans pierre, 21 mai 2006). Ces dessins semblent bien exister ou avoir existé à Saintes, à la mairie ou dans un musée...


Pour critiquer un wallon, rien de tel qu'un flamand. Dans son livre publié en 1992 par Dronghene et l'association de ses amis, et dont je donne la page de garde: Alchimie, Dampierre 1538, Wally Van de Velde, alias Thobra, écrit:

"Un certain Saint-Hilaire conclut que le labyrinthe qui figure sur un des caissons serait l'emblême de Boisdauphin. On le retrouve dans l'album de Claude Paradin, Les devises héroïques (Anvers, 1563). Mais fut-il vraiment l'inspirateur du plafond? On ne sait rien de ses relations avec les seigneurs de Dampierre ni surtout de son attirance à l'alchimie."

Né en 1938, Thobra est gantois. C'est un peintre, avant toute chose, mais il fut très tôt fasciné et par l'alchimie et par Dampierre:

http://members.lycos.nl/guiver/newpage48.html

Et il est aussi cinéaste. En 1979, on le voit acteur de son propre film, L'apprenti alchimiste. Il aurait eu "par voie surnaturelle" la révélation de la présence en Boutonne, en 1538, d'un Adepte dont il prétend retracer le parcours.

Dans son ouvrage, il se livre lui aussi à un historique et à un examen alchimique des caissons du château, qu'il agrémente de la reproduction de certaines de ses oeuvres.

J'en ai extrait une, qui fait partie d'un tarot très personnel à l'auteur, et qui me semble représenter le fou cher aux disciples d'Hermès.

Assez justement je trouve, Wally Van de Velde l'appelle lui De Dwaas (L'Innocent). Vous aurez sans doute noté comme moi que cet innocent, ce fol qui se croit sage, et qui chemine rose en main, est hermaphrodite.


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24 octobre 2006 2 24 /10 /octobre /2006 11:56


Oui, j'espère que Paul Chacornac vit toujours au milieu de ses précieux livres, de tous ceux la "Bibliothèque Chacornac" dont on peut d'ailleurs se demander ce qu'elle a pu devenir.

J'ai voulu acquérir un des ouvrages de Paul que je n'ai pas encore lu, Le comte de Saint-Germain, et j'ai eu le bonheur d'en trouver une édition ancienne (Chacornac Frères, 1947) un peu patinée par les ans, certes, mais cela fait partie de son charme.

La chance m'a d'autant plus souri que mon livre contient une dédicace autographe de l'auteur, et sur lui un article découpé dans un journal non référencé mais qui ressemble à L'Aurore (non, pas le traité alchimique d'Henri de Lintaut, le quotidien de Pierre Lazareff).

Je pense que cet article, assorti d'une photo de Paul Chacornac, est postérieur à 1951. Après mes deux autres courriers sur la famille Chacornac (Champagne au pays Chacornac, 3 juin 2006 et D'Henri Chacornac à Champagne, 26 juillet 2006) voici donc de nouvelles précisions sur cette librairie du quai Saint-Michel qui employa le jeune Julien Champagne, et où en 1905 il rencontra peut-être Fulcanelli.

Le titre de l'article, qui n'est pas signé, est un peu à la mode du temps: Cinquante ans d'occultisme ont fait de Paul Chacornac un guide précieux pour les explorateurs de l'au-delà.

En voici quelques extraits, qui commencent par une visite guidée de la librairie:

"Le visiteur est reçu dans la boutique par Louis Chacornac, et sa soif de connaissance trouve le plus souvent à s'alimenter sur les rayons chargés de livres qui en garnissent tous les murs.

Mais les habitués, les initiés, pourrait-on dire, connaissent le chemin du saint des saints, ce bureau calfeutré où Paul Chacornac travaille au milieu des ouvrages les plus rares, que seuls quelques privilégiés sont admis à feuilleter.

Les Chacornac, originaires d'une très vieille famille du Puy, sont libraires à Paris depuis 1880. Mais ce n'est qu'en 1894 qu'Henri Chacornac, sur les conseils de son beau-père, Jules de Lerminat, commença à s'intéresser aux sciences occultes.

Il fut encouragé et aidé dans sa tâche par les meilleurs occultistes de l'époque, notamment par Albert Poisson et Papus, et par ce grand seigneur bibliophile qu'était René Philippon.

Le jeune Paul Chacornac avait dès l'âge de quinze ans était admis en 1899 à travailler avec son père, auquel il devait succéder à sa mort, en 1908.

Tout ce qui a un nom dans l'occultisme fréquente alors la librairie, et lorsqu'il en prend la direction, il décide d'abandonner ce qui n'est pas ésotérisme. Il établit alors son premier catalogue spécialisé.

Le libraire fait bientôt une large place à l'éditeur. Depuis 1905 déjà les Chacornac éditent une des revues les plus importantes de l'époque, Le Voile d'Isis.

Revue qui paraît  encore, sous le titre d'Etudes Traditionnelles que lui a donné René Guénon lorsqu'il en prit la direction en 1936.

Et Paul Chacornac écrit. Il publie en 1926 un remarquable ouvrage sur Eliphas Lévi, bientôt suivi par une étude documentée sur le fameux comte de Saint-Germain.

Entre temps, il s'est passionné pour l'astrologie et compose un ouvrage qui fait depuis autorité: L'Astrologie au XVème siècle.

Il publiera d'ailleurs chaque année ces fameux éphémérides que tous les amateurs d'astrologie connaissent bien.

Aujourd'hui encore, il prépare un important ouvrage consacré à la mystérieuse personnalité du père Yves de Paris, capucin célèbre pour avoir publié en 1654, sous le pseudonyme de François Allaeus, un prophétique traité d'astrologie.

Paul Chacornac a encore bien d'autres projets, mais depuis sa rencontre en 1925 avec René Guénon, il s'est uniquement attaché aux doctrines spriritualistes.

Mort au Caire en 1951, Guénon a laissé un grand nombre d'articles que Paul Chacornac, qui a déjà édité Aperçus sur l'Initation, se propose de réunir en volumes.

Dans la boutique du quai Saint-Michel, cependant, où pénétrèrent tant de célébrités, du docteur Maxwell au colonel de Rochas, continuent de défiler les meilleurs spécialistes de l'occultisme.

Louis Chacornac, qui s'était davantage passionné pour le cyclisme - il fut champion de France en 1911 - que pour l'occultisme, a rejoint son frère dans la vieille maison familiale depuis plusieurs années déjà.

Mais curieusement aucun des trois enfants de Paul Chacornac n'a manifesté jusqu'ici de goût pour l'ésotérisme, qu'il s'agisse de ses deux garçons ou de sa fille.

Personne, cependant, parmi les habitués du vieux bureau encombré de livres ne veut penser qu'un jour ce haut lieu de l'occultisme moderne puisse à jamais disparaître et ses richesses dispersées au hasard de quelque vente."

Hélas...mais Jean ayant bien pleuré, voici revenu le tour de Jean qui rit, où du moins sourit. J'ai pu mettre la main sur le numéro XXXIV de la revue Initiation & Science (1955), où Sonia Bentkowski-Lavritch a écrit une page d'éloge de Louis Chacornac, qui venait de décéder. Après celui de Paul, je voudrais bien pouvoir prononcer également celui de son frère.

Mais pour l'instant me manque un portrait de lui...La charité, messieurs dames, la charité, bonnes gens!




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22 octobre 2006 7 22 /10 /octobre /2006 12:43


Toujours grâce à Walter Grosse, voici des documents autographes d'Eugène Quignolot, adressés très vraisemblablement à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris pour y recommander Julien Champagne et Mariano Ancon.

Ne trouvez-vous pas qu'ils sentent le muguet? Parfum d'intemporel, comme diraient en choeur André Hardellet et Guy Béart.

Toujours est-il que nous sommes ici en 1897, et que le distingué professeur de dessin aux écoles municipales de Paris, par ailleurs officier d'académie, c'est-à-dire sans doute titulaire de l'ordre des palmes académiques, peut s'enorgueillir d'avoir là deux élèves de qualité.

Il est vrai qu'un certain Georges Braque en était un autre (Julien Champagne et Georges Braque, 21 octobre 2006). Et une certaine Marie Laurencin...


D'après Commanducci:

http://www.comanducci.it/Italiano/index.asp

Braque fut un élève de Quignolot en 1900 ou environ, donc rien n'interdit de penser qu'il cotoya et connut et Champagne et Ancon.

Peut-être n'est-il pas sans intérêt de noter également que Comanducci estime que Quignolot fut "actif" principalement de 1888 à 1918.

Une vingtaine d'années plus tôt, un groupe d'impressionnistes se manifesta dans le XVIIème arrondissement de Paris, qui selon le Quid 2006 reçut le nom de "groupe de Batignolles":

http://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_des_Batignolles

Le tableau de Fantin-Latour (1836-1904): Un atelier aux Batignolles (1870), actuellement visible au musée d'Orsay à Paris, en est un vivant témoignage et illustre bien la qualité artistique à l'époque et de ce lieu et de ce milieu.

On y retrouve "la bande à Manet", appelée par Emile Zola les "actualistes". Outre ce dernier, y figurent Edouard Manet, mais aussi Claude Monet, Auguste Renoir, Frédéric Bazille...

Comme par hasard, le photographe Nadar s'y est trouvé associé.


Quant à Julien Champagne (J.C), on peut penser que les cartouches ci-dessus, qu'il dessina selon Geneviève Dubois, datent des années 1890 ou 1900, c'est-à-dire de son aprentissage aux Batignolles ou aux Beaux Arts.

Ils témoignent, précise Dubois, de "son intérêt pour le Moyen Äge".


quignolot1896.champagne


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21 octobre 2006 6 21 /10 /octobre /2006 19:10




Quel rapport entre Julien Champagne et le peintre cubiste  Georges Braque (1882-1963)? Et bien ce dernier et "Hubert" ont été, semble-t-il, des élèves du dessinateur Eugène Quignolot.

Quignolot, qui n'est pas jusqu'à nouvel ordre inscrit au Bénézit, avait au tournant du XXème siècle  un atelier municipal de dessin aux Batignolles, dans le XVIIème arrondissement de Paris.

En 1900, Braque suit les cours du soir de ce dernier:

http://www.pascalpolar.be/repartistes/braque/bio_braque.html
http://www.adherents.com/people/pb/Georges_Braque.html
http://www.collegesherbrooke.qc.ca/~bourgech/automne99/6110t/brodeurmagaly/braque/html/biovie.html


Mais qui est Quignolot? De lui, nous savons peu de chose, finalement, son "portrait de jeune homme au béret" (1918) a été adjugé en 2005 aux enchères du Crédit...Municipal de Toulouse:

http://www.credit-municipal.com/catalogue_ancien.php?page=104439&v=1

D'après Walter Grosse, dont le site consacré à Fulcanelli:

http://www.fulgrosse.com/

est toujours aussi précieux, c'est Quignolot qui aurait recommandé à l'école des beaux arts de Paris et Julien Champagne et son ami Mariano Ancon.


Et il produit à ce sujet des documents émanant de la dite école, qui effectivement me semblent convaincants.

Et qui nous permettent de progresser dans la connaissance des condisciples de Julien Champagne:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-1926044.html


Parmi ceux-ci figure donc désormais un certain Georges Braque dont nous pouvons admirer ici et l'oiseau bleu et la femme à la mandoline.

Et Mariano Ancon, me direz-vous?


Né en 1881, ce dernier, né Mariano Julien Ancon, était le fils de Mariano Ancon (né en 1839) et de Justa Berrueta, de dix ans sa cadette.

Mariano père était ébéniste de profession, et compte tenu de son année de naissance, Walter Grosse n'exclut pas à ce jour que dernier, dont il pense que Julien Champagne a fait la connaissance en 1905,  pourrait avoir été Fulcanelli.



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16 octobre 2006 1 16 /10 /octobre /2006 19:32


Retournons pour la cinquième fois ce soir au manoir lexovien de la salamandre (Champagne lexovien, 17 avril 2006, Champagne et le manoir de Lisieux, 28 août 2006, Etoile de Champagne, 23 septembre 2006, Champagne et l'homme à l'écot, 25 septembre 2006).

La planche IX de l'édition originale des Demeures Philosophales de Fulcanelli, illustrée par Julien Champagne, porte le titre suivant: Baphomet - Combat de l'Homme et du Griffon.

Elle est remplacée dans l'édition Pauvert par un cliché qui porte le numéro XII, et qui pourrait bien avoir servi de support à "Hubert" pour son dessin.


"Sur le pilier médian du premier étage, commente Fulcanelli, on remarque un groupe assez intéressant pour les amateurs et les curieux du symbolisme.

Bien qu'il ait beaucoup souffert et s'offre aujourd'hui mutilé, fissuré, corrodé par les intempéries, on en peut, malgré tout, discerner encore le sujet.

C'est un personnage serrant entre ses jambes un griffon dont les pattes, pourvues de serres, sont très apparentes, ainsi que la queue du lion prolongeant la croupe, détails permettant, à eux seuls, une identification exacte.

De la main gauche, l'homme saisit le monstre vers la tête et fait, de la droite, le geste de le frapper."

Pour l'Adepte dévolu au XXème siècle, ce motif est l'un des emblèmes majeurs de la science hermétique, celui qui couvre la préparation des matières premières de l'OEuvre.

"Tandis que le combat du dragon et du chevalier indique la rencontre initiale, le duel des produits minéraux cherchant à défendre leur intégrité menacée, le griffon marque le résultat de l'opération...

Du combat que le chevalier, ou soufre secret, livre au soufre arsenical du vieux dragon, naît la pierre astrale, blanche, pesante, brillante comme pur argent, et qui apparaît signée, portant l'empreinte de sa noblesse, la griffe, ésotériquement traduite par le griffon, indice certain d'union et de paix entre le feu et l'eau, entre l'air et la terre."

Et Fulcanelli de nous livrer toute une série de précieuses indications sur la manière dont il s'agit d'opérer pour parvenir au résultat escompté:

"Si vous désirez posséder le griffon - qui est notre pierre astrale -, en l'arrachant de sa gangue arsenicale, prenez deux parts de terre vierge, notre dragon écailleux, et une de l'agent igné, lequel est ce vaillant chevalier armé de la lance et du bouclier...

De même, les maîtres nous conseillent d'employer aussi un filet délié ou un rets subtil, pour capter le produit au fur et à mesure de son apparition.

L'artiste pèche, métaphoriquement, le poisson mystique, et laisse l'eau vide, inerte, sans âme: l'homme, en cette opération, est donc censé tuer le griffon. C'est la scène que reproduit notre bas-relief."

On voit bien que Mulciber pourrait avoir raison  quand il rapproche cette sculpture de la lame de la force dans le tarot, force que nous avons évoquée en son temps à propos du mausolée de François II à Nantes (Champagne force aimant, 11 mars 2006, De François II à Julien Champagne, 27 septembre 2006).


J'aurais tout aussi bien pu intituler cet article-ci Baphomet de Champagne. En effet, le grotesque qui surplombe la scène précédemment étudiée retient également l'attention de Fulcanelli:

"Sculptée au-dessus du groupe de l'homme au griffon, vous remarquerez une énorme tête grimaçante, agrémentée d'une barbe en pointe.

Les joues, les oreilles, le front en sont étirés jusqu'à prendre l'aspect d'expansions flammées. Ce masque flamboyant, au rictus peu sympathique, apparaît couronné et pourvu d'appendices cornus, enrubannés, lesquels  s'appuient sur la torsade du fond de corniche.

Avec ses cornes et sa couronne, le symbole solaire prend la signification d'un véritable Baphomet, c'est-à-dire de l'image synthétique où les Initiés du Temple avaient groupé tous les éléments de la haute science."

Pour l'Adepte, on y retrouve d'abord la fusion mystique des natures de l'OEuvre, que symbolisent les cornes du croissant lunaire posées sur la tête solaire. Mais il y voit aussi un sens apocalyptique, préfigurant les derniers chapitres du Mystère des Cathédrales comme des Demeures Philosophales, et sans doute ceux de son troisième livre non paru, le Finis Gloriae Mundi:

"On n'en est pas moins surpris de l'expression étrange, reflet d'une ardeur dévorante, que dégage cette face inhumaine, spectre du dernier jugement.

Il n'est pas même jusquà la barbe, hiéroglyphe du faisceau lumineux et igné projeté vers la terre, qui ne justifie quelle connaissance exacte de notre destinée le savant possédait."

Puis Fulcanelli revient sur le sens microcosmique et alchimique de cet emblème.

"On peut dire, sans trop divulguer, que le soufre, père et teinturier de la pierre, féconde la lune mercurielle par immersion, ce qui nous ramène au baptème symbolique de Mété exprimé par le mot baphomet."

Et il cite un passage de la Bibliographie générale des Sciences occultes de "l'érudit et savant philosophe" Pierre Dujols (Julien Champagne et le libraire du Merveilleux, 19 avril 2006), ouvrage pourtant non publié à ma connaissance:

"Comme les Templiers, les Ophites avaient deux baptèmes: l'un, celui de l'eau ou exotérique; l'autre, ésotérique, celui de l'esprit ou du feu. Ce dernier s'appelait baptème de Mété."

Et il conclut en affirmant que le baphomet apparaît donc bien comme l'hiéroglyphe complet de la science, figurée ailleurs dans personnalité du dieu Pan, image mythique de la nature en pleine activité. Et il se réfère encore à Magophon:

"Mété était une divinité androgyne figurant la nature naturante...Proclus dit textuellement que Métis ou Natura germinans était le dieu hermaphrodite des adorateurs du Serpent...le Baphomet était l'expression païenne de Pan."

Mais pour lui la mystique chrétienne véhicule le même message; ainsi par exemple du mythe du Graal:

"Le sang qui bouillonne dans le saint calice est la fermentation ignée  de la vie génératrice...Le Pain et le Vin du sacrifice mystique, c'est le feu dans la matière, qui, par leur union, produisent la vie."



Avant de clore, peut-être provisoirement, ce chapitre Lisieux, il me reste à remercier, outre Mulciber, Alejandro, à qui nous devons ces deux belles gravures romantiques sur Lisieux, la première étant de Robida, et la seconde extraite de l'essai de Challamel sur "le manoir de François 1er":

http://eaj1es.aceblog.fr



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14 octobre 2006 6 14 /10 /octobre /2006 19:45


Voici sans doute avec celui de notre ami espagnol Otero (Julien Champagne et le Bec Hellouin, 24 août 2006) et bien sûr celui de Geneviève Dubois un des meilleurs livres sur Fulcanelli qui soient parus à ce jour.

Ma fée Clochette à moi me souffle d'ailleurs dans l'oreille que cette série-là n'est pas prête de s'achever. Elle pourrait même s'allonger dans les prochains mois et les prochaines années.

Mais est-il de mauvais livres sur cet alchimiste? Personnellement je ne le crois pas, s'y intéresser c'est un peu déjà comme une sorte de grâce, à mon avis, un peu du même genre que celle qui nous pousse en général à l'étude de l'alchimie...

Quoiqu'il en soit, le travail de Frédéric Courjeaud: Fulcanelli, une identité révélée (Claire Vigne, 1996) s'avère remarquable à plusieurs égards, comme au demeurant bien d'autres de cet éditeur dont on peut à bon escient selon moi regretter la disparition prématurée.

On n'est pas forcé pour autant d'adhérer de façon inconditionnelle à la thèse de Courjeaud, qui finalement nous propose d'identifier Fulcanelli à l'astronome Camille Flammarion (1842-1925).

Il n'en demeure pas moins qu'il a su mettre...en lumière certains aspects peu connus de la biographie et de l'oeuvre d'un homme dont l'attrait pour l'ésotérisme était connu, certes, mais dont beaucoup ignoraient jusqu'à ce que Frédéric l'écrive que ce "ponte" de la Société Astronomique de France avait aussi participé à une toute autre aventure: celle de la Société Alchimique de France.

Autre SAF donc, dont la juxtaposition à la première s'avère conforme, il nous faut bien le noter, à l'esprit qui est celui même de l'hermétisme: "as above, so below."

J'avais d'ailleurs - il y a déjà dix ans, comme le temps passe, aurait mélancoliquement  constaté Robert Brasillach - eu le plaisir de m'entretenir de son livre avec Frédéric Courjeaud, qui en me recevant chez lui m'a fait le plaisir de me le dédicacer.

Bref, un auteur sympathique, et un livre méritoire dont on peut regretter qu'il n'ait pas eu plus d'écho, ni de suite connue, car notre professeur d'histoire nous propose là une étude admirablement construite et particulièrement bien écrite sur les divers "fulcanellisables".

Et avant de coaguler sur Camille Flammarion, il se livre à un vigoureux solve des prétendants que pour lui il convient d'écarter résolument.

Parmi ceux-ci, car bien entendu nous y arrivons sans coup férir, un certain Julien Champagne, que Courjeaud appelle Jean-Julien Champagne, et auquel il consacre tout un chapitre de son essai.

Hélas, trois fois hélas, Frédéric dans ces quelques pages déploie toute son énergie à pulvériser - sans doute à juste titre - la thèse soutenue par Robert Ambelain puis par Geneviève Dubois selon laquelle Fulcanelli est Champagne.

Et de ce point de vue, d'ailleurs, il est convaincant à mes yeux. Mais voilà, il est manifeste dès le début de son argumentation qu'il ne s'est pas vraiment soucié de faire des recherches sur le peintre:

"De J.J. Champagne, nous savons peu de choses." Et notre ami enchaîne approximations et erreurs.

"Il serait surprenant qu'un enfant né en proche banlieue parisienne, d'une famille aisée, ait attendu l'âge de sept ans pour admirer une cathédrale gothique." Soit, mais Julien Champagne, dont le père était cocher, est-il vraiment issu d'un milieu bourgeois?

"Il étudia les Beaux-Arts", exact, mais quelle imprécision!

"Il  fit partie du groupe des Veilleurs dans les années (dix neuf cent) vingt, où il rencontra certainement Schwaller de Lubicz." Oui, il fut dans l'orbite de ce groupe, mais sa rencontre avec Schwaller remonte à 1913.

Et pour finir, le poncif que pour ma part je trouve pour le moins réducteur: " La fin de sa vie fut misérable, minée par l'alcool, la drogue et la gangrène, qui l'emporta au mois d'août 1932." Imagine-t-on un instant son ami Eugène Canseliet conserver son estime à un tel déchet?

Dans sa hâte simplificatrice, Frédéric Courjeaud va même jusqu'à cautionner sur Julien Champagne les affirmations d'Ambelain qu'il dénonce par ailleurs:

"Ces renseignements peu glorieux sur l'exacte personnalité de Champagne nous sont donnés par Ambelain."

Quel dommage, quelle tristesse! En définitive, Coujeaud, avec d'excellentes intentions sans aucun doute, non seulement ne nous apporte rien de neuf sur notre peintre et dessinateur, mais contribue bien involontairement, je l'admets volontiers, à son occultation.

Pour reprendre son expression même: Solve!



Et pour terminer sur une note positive, voici sur Camille Flammarion deux passages percutants du livre de Thierry Emmanuel Garnier: Sur les remparts de Saint Jean d'Acre (Arqa, 2005).

Le premier est de Thierry lui-même:

"Camille Flammarion, astronome français certes, mais aussi grand hermétiste et médium hors pair étudia dans Les Phénomènes de la Foudre (Paris, 1905) les propriétés de celle-ci.

Il indique page 240 de son ouvrage qu'un des effets les plus curieux produits sur les métaux qu'elle frappe, concerne la polarité magnétique que la foudre communique à des objets de fer et d'acier, quels qu'ils soient.

L'aimantation occasionnée dans certains cas étant si forte que certains objets foudroyés étaient capables de soulever trois fois leur poids.

Ces précisions de détail n'étant pas sans un rapport certain avec diverses expérimentations que le savant mena à Juvisy-sur-Orge et dont il ne fit jamais officiellement état."

Le second extrait du même livre serait dû à "AA":

"Qui peut encore supposer qu'il eût été envisageable de pratiquer l'autopsie d'une biographie pour jeter en pâture à la foule ignorante le message non altéré de l'universelle Rose+Croix et des authentiques  Frères d'Héliopolis.

Camille Flammarion fut de ceux qui surent préserver jusqu'à la transparence l'ubiquité de son anonymat."

 

FC.champagne

 





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10 octobre 2006 2 10 /10 /octobre /2006 19:30


D'un château l'autre, eût introduit Louis-Ferdinand Céline: Après Léré, Dampierre-sur-Boutonne, où nous voici devant la dernière série des caissons de la galerie haute qui aient été dessinés et publiés par Julien Champagne.

Septième série, donc, après la sixième qui a fait l'objet de mon article Champagne au colloque Canseliet du 29 septembre 2006, et série qui constitue la planche XXXII de l'édition originale des Demeures Philosophales de Fulcanelli.

Dans l'édition Pauvert, la même planche également dessinée porte le numéro XXXIV. Détaillons-en les emblèmes.


"Dans ce bas-relief, commente Fulcanelli, Cupidon, l'arc d'une main et de l'autre une flèche, chevauche la Chimère sur un amas de nuages constellés.

Le phylactère qui souligne ce sujet indique qu'Eros est ici le maître éternel: .AETERNVS.HIC.DOMINVS."

Personnification mythique de la concorde et de l'amour, Eros est, par excellence, le seigneur, le maître éternel de l'Oeuvre.

"Lui seul peut réaliser l'accord entre des ennemis qu'une haine implacable pousse sans cesse à s'entre-dévorer."

C'est donc le médiateur qu'incarne ici Cupidon. Quant à la Chimère, la mythologie nous apprend qu'elle portait trois têtes différentes: une de lion, l'autre de chèvre et la troisième de dragon.

"En analysant le symbole dans l'ordre des apparitions successives, la première place appartient au dragon...notre matière initiale, le sujet même de l'art."

Enfant du sujet des sages, le lion vient ensuite mais témoigne dès sa naissance d'une inconcevable aversion pour sa mère.

"De ce contact étroit et prolongé du soufre-lion et du dissolvant dragon se forme un être nouveau, représenté par la chèvre, ou si l'on préfère la Chimère elle-même."

Cette chèvre n'est autre que le mercure philosophique, issu de l'alliance du soufre et du mercure principes, lequel possède toutes les facultés requises pour devenir le fameux bélier à toison d'or.


"Nous retrouvons ici un motif déjà rencontré ailleurs et surtout en Bretagne. C'est une hermine, figurée à l'intérieur d'un petit enclos que limite une claie circulaire, symbole particulier de la reine Anne."

Son épigraphe, précise Fulcanelli, renferme le même sens et emploie presque les mêmes mots que la fameuse devise de l'Ordre hermétique de l'Hermine: Malo mori quam foedari, je préfère la mort à une souillure.

"L'inscription gravée sur le phylactère de notre caisson porte: .MORI.POTIVS.QUAM.FEDARI. Plutôt la mort que la souillure. Belle et noble maxime d'Anne de Bretagne."

Mais dans l'ésotérisme de l'Art sacré, poursuit l'Adepte, l'hermine, image du mercure philosophique, signale la netteté absolue d'un produit sublimé, que l'adjonction du soufre, ou feu métallique, contribue à rendre plus éclatant encore.

"L'hermine pure et blanche apparaît ainsi comme un emblème expressif du mercure commun uni au soufre-poisson dans la substance du mercure philosophique."

Quant à la clôture, elle nous révèle quels signes extérieurs constituent le meilleur critérium d'obtention du produit secret, ou mercure animé, à l'issue d'une préparation canonique.

"Le caractère propre du mercure est précisément d'affecter à sa surface un réseau de lignes entre-croisées, tressées à la manière des paniers d'osier, d'autant plus apparentes que la matière est plus pure."

Cette purification progressive, simple mais fastidieuse, est cependant le préalable indispensable de la réussite.

"Quoiqu'on fasse ou qu'on veuille tenter, jamais l'esprit ne demeurera stable dans un corps immonde ou insuffisamment purifié."

La devise, toute spirituelle, qui accompagne notre hermine, le proclame: Plutôt la mort que la souillure.


"Quatre cornes d'où s'échappent des flammes, avec la devise: .FRVSTRA. Vainement."

C'est pour Fulcanelli la traduction lapidaire des quatre feux de la coction. Mais il met aussitôt en garde les débutants pressés:

"Nous devons prévenir les artistes qui tenteront de réaliser l'OEuvre en soumettant l'amalgame philosophique aux températures croissantes des quatre régimes du feu, qu'ils seront infailliblement victimes de leur ignorance et frustrés du résultat escompté."

Et de conseiller de considérer avant toute chose le rapport que les Sages ont établi entre le feu et le soufre.

"Les quatre degrés de l'un doivent infailliblement corrrespondre aux quatre degrés de l'autre."

Enfin, il renvoie à la minutieuse description de la coction par Philalèthe, dont il fait remarquer qu'au lieu d'être directe, comme on le croit généralement, elle comporte plusieurs phases ou régimes, simples réitérations d'une seule et même technique.

"A notre avis, ces paroles représentent ce que l'on a dit de plus sincère sur la pratique secrète des quatre degrés du feu."


"Près de l'arbre aux fruits d'or, un dragon robuste et trapu exerce sa vigilance à l'entrée du jardin des Hespérides.

Le phylactère particulier à ce sujet porte, gravée, cette inscription: .AB.INSOMNI.NON.CVSTODITA.DRACONE. En dehors du dragon qui veille, les choses ne sont pas gardées."

Fulcanelli indique alors que le dragon est choisi comme représentant hiéroglyphique de la matière minérale brute avec laquelle on doit commencer l'OEuvre. C'est dire, enchaîne-t-il, le soin qu'il faut apporter à l'étude des signes extérieurs et des qualités capables d'en permettre l'identification.

"Chargé de surveiller l'enclos merveilleux où les philosophes vont quérir leurs trésors, le dragon passe pour ne jamais sommeiller. Ses yeux ardents demeurent constamment ouverts.

Il ne connaît ni repos ni lassitude et ne saurait vaincre l'insomnie qui le caractérise et lui assure sa véritable raison d'être."

A cette vitalité perpétuelle et latente du dragon et donc du sujet s'ajoute leur caractère uniformément bien peu engageant:

"La cristallisation spéciale de celui-ci se trouve clairement indiquée par l'épiderme écailleux de celui-là."

Semblables sont les couleurs, car la matière est noire, ponctuée de rouge ou de jaune, comme le dragon qui en est l'image. Quant à la qualité volatile du minéral élu, nous la voyons traduite par les ailes membraneuses dont le monstre est pourvu.

"Parce qu'il vomit, dit-on, quand on l'attaque, du feu et de la fumée, et que son corps finit en queue de serpent, les poètes l'ont fait naître de Typhon et d'Echidna...Le dragon tient du premier sa nature chaude, ardente, sulfureuse, tandis qu'il doit à sa mère sa complexion froide et humide, avec la forme caractéristique des ophidiens."

A l'exclusion des autres minéraux et des autres métaux, il conserve les principes nécessaires à l'élaboration du Grand OEuvre.

"Il en est le dépositaire, le conservateur vigilant, et notre Adepte parle en sage lorsqu'il enseigne qu'en dehors de cet être solitaire les choses philosophales ne sont pas gardées, puisque nous les chercherions vainement ailleurs."


"Un cygne, majestueusement posé sur l'eau calme d'un étang, a le col traversé d'une flèche. Et c'est sa plainte ultime que nous traduit l'épigraphe de ce petit sujet agréablement exécuté:

.PROPRIIS.PEREO.PENNIS. Je meurs par mes propres plumes."

L'oiseau, en effet, fournit l'une des matières de l'arme qui servira à le tuer.

"Ce bel oiseau, ajoute Fulcanelli, dont les ailes sont emblématiques de la volatilité, et la blancheur neigeuse l'expression de la pureté, possède les deux qualités essentielles du mercure initial ou de notre eau dissolvante."

Il doit être vaincu par le soufre, - issu de sa substance et que lui-même a engendré, - afin d'obtenir après sa mort ce mercure philosophique, en partie fixe et en partie volatil, que la maturation subséquente élèvera au degré de perfection du grand Elixir.

"Tous les auteurs enseignent qu'il faut tuer le vif si l'on désire ressusciter le mort...

Le bon artiste n'hésitera donc pas à sacrifier l'oiseau d'Hermès, et à provoquer la mutation de ses propriétés mercurielles en qualités sulfureuses, puisque toute transformation reste soumise à la décomposition préalable et ne peut se réaliser sans elle."


"Deux cornes d'abondance s'entrecroisent sur le caducée de Mercure. Elles ont pour épigraphe cette maxime latine:

.VIRTVTI.FORTVNA.COMES. La fortune accompagne la vertu."

C'est, explique Fulcanelli, de la vertu secrète du mercure philosophique, figuré par l'image du caducée, que l'auteur de ces symboles entend parler.

"Les cornes d'abondance traduisent l'ensemble des richesses matérielles que la possession du mercure assure aux bons artistes.

Par leur croisement en X, elles indiquent la qualité spirituelle de cette noble et rare substance, dont l'énergie brille comme un feu pur, au centre du corps exactement sublimé."

Sur le caisson de Dampierre, insiste-t-il, les deux serpents montrent des têtes canines, l'une de chien, l'autre de chienne, version imagée des deux principes contraires, actif et passif, fixe et volatil, le chien de Corascène et  la chienne d'Arménie d'Artéphius, mis au contact du médiateur figuré par la baguette magique, qui est le feu secret.

"Ce sont ces mêmes serpents qu'Hercule enfant étouffe dans son berceau, les seuls agents dont l'assemblage, le combat et la mort, réalisés par l'entremise du feu philosophique, donnent naissance au mercure hermétique vivant et animé."

Comme ce double mercure possède double volatilité, les ailes du pétase, opposées à celles des talonnières sur le caducée, servent à exprimer ces deux qualités réunies.


Voici maintenant les tables de la loi hermétique, sur lesquelles on lit une phrase française, singulièrement présentée: .EN.RIEN.GIST.TOVT.

"Devise primordiale, avance Fulcanelli, que se plaisent à répéter les philosophes anciens, et par laquelle ils entendent signifier l'absence de valeur, la vulgarité, l'extrême abondance de la matière basique d'où ils tirent tout ce qui leur est nécessaire."

Aux yeux du sage, le fer, ce paria de l'industrie humaine, est incomparablement plus noble que l'or et l'or plus méprisable que le plomb...ou le cuivre. Ce souverain n'a de riche et précieux que le vêtement, qui dissimule un corps inerte.

"Dépouillé de son manteau, il révèle alors la bassesse de ses origines et nous apparaît comme une simple résine métallique, dense, fixe et fusible, triple qualité qui le rend impropre à la réalisation de notre dessein."

C'est donc non pas à l'or mais à la pierre brute et vile qu'il convient de s'adresser, sans répugnance pour son aspect misérable, son odeur infecte, sa coloration noire, ses haillons sordides.

"Ce sont précisément ces caractères peu séduisants qui permettent de la reconnaître, et l'ont fait regarder de tout temps comme une substance primitive, issue du chaos originel, et que Dieu, lors de la Création et de l'organisation de l'univers, aurait réservée pour ses serviteurs et ses élus."

Tirée du Néant, elle en porte l'empreinte et en subit le nom: Rien.

"Mais les philosophes ont découvert qu'en sa nature élémentaire et désordonnée, faite de ténèbres et de lumière, de mauvais et de bon rassemblés dans la pire confusion, ce Rien contenait Tout ce qu'ils pouvaient désirer."


"La lettre majuscule H surmontée d'une couronne n'offre plus aujourd'hui qu'une inscription en partie martelée, mais qui se lisait autrefois:

.IN.TE.OMNIS.DOMINATA.RECVMBIT. En toi repose toute puissance."

La lettre H, commente Fulcanelli, ou du moins le caractère graphique qui lui est apparenté, a été choisi par les philosophes pour désigner l'esprit, âme universelle des choses, ou ce principe actif et tout-puissant que l'on reconnaît être, dans la nature, en perpétuel mouvement, en agissante vibration.

"C'est l'indication du premier échelon de l'échelle des sages, scala philosophorum, de la connaissance acquise de l'agent hermétique, promoteur mystérieux des transformations de la nature minérale, et celle du secret retrouvé de la Parole perdue."

Cet agent était jadis désigné, entre les Adeptes, sous l'épithète d'aimant ou d'attractif.

"Le corps chargé de cet aimant s'appelait lui-même Magnésie, et c'est lui, ce corps, qui servait d'intermédiaire entre le ciel et la terre, se nourrissant des influences astrales, ou dynamisme céleste, qu'il transmettait à la substance passive, en les attirant à la manière d'un aimant véritable."

Quant à la couronne qui complète ce signe important, c'est la couronne royale des élus.

"Notre couronne est précisément le domicile d'élection de l'esprit. C'est une misérable substance, ainsi que nous l'avons dit, à peine matérialisée, mais qui le renferme en abondance."

C'est là ce que les philosophes antiques ont fixé dans leur corona radiata, décorée de rayons en saillie, laquelle n'était attribuée qu'aux dieux ou aux héros déifiés.

"Ainsi expliquerons-nous que cette matière, véhicule de la lumière minérale, se révèle, grâce à la signature rayonnante de l'esprit, comme la terre promise réservée aux élus de la Sapience."


"C'est un symbole ancien et souvent exploité que nous rencontrons en ce lieu: le dauphin entortillé sur le bras d'une ancre marine.

L'épigraphe latine qui lui sert d'enseigne en donne la raison: .SIC.TRISTIS.AVRA.RESEDIT. Ainsi s'apaise cette terrible tempête."

Sous le nom de dauphin, d'échénéide ou de rémora, ce poisson, rappelle Fulcanelli, caractérise le principe humide et froid de l'OEuvre, qui est le mercure, lequel se coagule peu à peu au contact et par l'effet du soufre, agent de dessication et de fixité.

"Ce dernier est ici figuré par l'ancre marine, organe stabilisateur des vaisseaux, auxquels il assure un point d'appui et de résistance à l'effort des flots."

La longue opération qui permet de réaliser l'empâtement progressif et la fixation finale du mercure offre une grande analogie avec les traversées maritimes et les tempêtes qui les accueillent.

"C'est une mer agitée et houleuse que présente en petit l'ébullition constante et régulière du compost hermétique...Le dauphin nage à la surface des flots impétueux, et cette agitation dure jusqu'à ce que le rémora, hôte invisible des eaux profondes, arrête enfin, comme une ancre puissante, le navire allant à la dérive."

Une pellicule couvre toute la superficie, et, s'épaississant, s'affermissant chaque jour, marque le triomphe de la terre sur l'eau, du sec sur l'humide, et l'époque du nouveau Phénix.

"Dans le bouleversement général et le combat des éléments s'acquiert cette paix permanente, l'harmonie résultant du parfait équilibre des principes, symbolisés par le poisson fixé sur l'ancre: sic tristis aura resedit."

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En guise d'addendum, notons que la série suivante, dernière et huitième des caissons alchimiques du château de Dampierre-sur-Boutonne ne comporte selon Fulcanelli qu'un seul caisson consacré à la science d'Hermès.

Ce caisson n'est pas reproduit dans les Demeures Philosophales et il ne semble pas qu'il ait été dessiné par Julien Champagne.

"Il représente des roches abruptes dont la silhouette sauvage se dresse au milieu des flots. Ce tableau lapidaire porte pour enseigne: .DONEC.ERVNT.IGNES. Tant que durera le feu."

Allusion, d'après l'Adepte, aux possibilités d'action que l'homme tient du principe igné, âme ou lumière des choses, unique facteur des mutations matérielles.

"Des quatre éléments de la philosophie antique, trois seulement figurent ici: la terre, représentée par les rochers, l'eau par l'onde marine, l'air par le ciel du paysage sculpté. Quant au feu, animateur et modificateur des trois autres, il ne semble exclu du sujet que pour mieux souligner sa prépondérance."

Et Fulcanelli de développer une magnifique méditation sur l'élément feu, que je regrette d'abréger, mais j'en profite pour vous inciter à lire ce véritable morceau de bravoure, digne de figurer  dans toute anthologie, fût elle littéraire, scientifique ou hermétique:

"Tant que durera le feu, la vie rayonnera dans l'univers...tant que durera le feu, la matière ne cessera de poursuivre sa pénible ascension vers l'intégrale pureté...Tant que durera le feu, l'homme sera en rapport direct avec Dieu, et la créature connaîtra mieux son Créateur."

Et il martèle finalement:

"Ce que nous devons surtout retenir, comme ayant la priorité dans la science qui nous intéresse, c'est la haute vertu purificatrice que possède le feu.

Principe pur par excellence, manifestation physique de la pureté même, il signale ainsi son origine spirituelle et découvre sa filiation divine."

 

 

 

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8 octobre 2006 7 08 /10 /octobre /2006 18:23


Dans son livre Fulcanelli dévoilé (Dervy, 1992 et 1996), Geneviève Dubois affirme que Julien Champagne séjourna un certain temps près de Bourges:

"En 1921 Jean-Julien Champagne est invité à venir travailler sur le tracé d'un plan de réfrigirateur au chateau de Léré, dans le Berry.

Cette demeure appartient à Pierre, l'un des fils de Ferdinand de Lesseps."

Rappelons au passage que Serge Hutin identifiait précisément Fulcanelli à Pierre de Lesseps (revue Le monde inconnu N°118, 1990).

"Le constructeur du canal de Suez, précise Dubois, avait acheté cette propriété laissée à l'abandon avec l'argent provenant de la vente d'un bien situé près de Paris et appartenant à sa belle-mère.

Il fit cultiver les terres, construisit une ferme modèle et restaura le vieux chateau, possession d'Agnès Sorel."

Geneviève a apparemment tiré ces dernières informations d'un article de Ferdinand de Lesseps: Trente ans de ma vie, paru en 1887 dans la Nouvelle Revue. Curieux tout de même, de voir apparaître dans ce paysage la favorite de Charles VII, que l'alchimiste Jacques Coeur fut accusé d'avoir empoisonnée, alors qu'il fut au moins son ami.

A Léré, poursuit Dubois, "J.Champagne enseigne également le dessin. Il utilise aussi, à volonté, le laboratoire mis à sa disposition pour continuer ses expériences alchimiques.

Mais il reste peu de temps dans le Berry puisqu'en 1922 il revient à Paris."

Une autre version de ce séjour dans le Cher de Julien Champagne se trouve dans le "dossier Fulcanelli" du numéro IX des Cahiers de la revue La tour saint Jacques (numéro spécial Parapsychologie, 1962), sous la plume de Robert Ambelain:

"En 1921, Ferdinand de Lesseps fit construire au chateau de Leroi un laboratoire d'alchimie destiné à son propre fils qui commença à y travailler avec Champagne pour maître...

Nous n'avons pu identifier le chateau de Leroi, et ne sommes même pas certain de l'orthographe du nom.

Peut-être s'agit-il du chateau de Leré, dans l'arrondissement de Bourges, qui appartient maintenant à la famille Varenart de Billy...

C'est durant son séjour au château de Leroi, où il était "officiellement" professeur de dessin du jeune de Lesseps, que Champagne connut les sculptures de l'hotel Lallemand (sic), à Bourges...

Combien de temps demeura-t-il au château de Leroi? Nous ne savons, mais il est certain que, arrivé en 1921, il en était parti en 1922."

Dans la même revue, Eugène Canseliet répliquant à Ambelain propose encore une autre orthographe pour ce château, et paraît considérer que Champagne y a résidé plus longtemps que ne le pensent Ambelain et Dubois, avant de rejoindre comme lui la rue Rochechouart à Paris:

"Quant aux livres, ils étaient à peu près absents de sa mansarde qui, probablement, n'avait pas douze mètres carrés de superficie et se montrait fort semblable à la mienne, louée, elle aussi, au retour de Loroy, dans le printemps de 1925."

Relevons enfin le fait que dans son livre paru en 1976, The alchemist of the rocky mountains (Paracelsus Research Society), l'alchimiste américain Frater Albertus (Richard Albert Riedel, 1911-1984) affirme que Fulcanelli opéra en 1937 une transmutation devant témoins au château de Léré, près de Bourges, château qui était alors la propriété de Pierre de Lesseps:

http://homepages.ihug.com.au/~panopus/rockymts/chapt4.htm

Walter Grosse pour sa part, dans son blog consacré à Fulcanelli, estime que Léré appartenait à Paul de Lesseps:

http://www.fulgrosse.com/article-3362253.html

Sur Paul de Lesseps, on pourra se reporter à mon article Champagne et Paul de Lesseps du 23 juillet 2006. Le château de Léré existe bien en tout cas, il est même classé monument historique depuis...1922:

http://www.patrimoine-de-france.org/oeuvres/richesses-23-8092-64309.html#fiche

Cette demeure, oeuvre de la famille de Louzeau, et dite château de Villattes, remonte à la fin du XVème siècle ou au début du XVIème.

Elle est aux dernières nouvelles propriété d'une société privée. Mais je n'ai pu établir pour l'instant de lien confirmé avec la famille de Lesseps.

J'aime beaucoup, en tout cas, ce qui est dit sur le site ci-dessus de son oratoire, aménagé dans la tour d' angle nord-est; il présente un rare décor peint à la fin du XVIIème siècle : dans une architecture de marbre feint, les seigneurs de Villattes invoquent le Saint-Esprit.

Quant à Loroy, située également en Berry, il s'agit en fait d'une abbaye cistercienne du XIIIème siècle, hélas ruinée au cours des guerres de religion.

Alain-Fournier y aurait situé le cadre de l'étrange fête de son roman récemment porté à l'écran: Le grand Meaulnes. "Féérie pour une autre fois", eût conclu Louis-Ferdinand Céline.


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6 octobre 2006 5 06 /10 /octobre /2006 21:24



Voici maintenant une oeuvre de Julien Champagne en couverture d'une revue. Cette première ne sera sans doute pas la dernière.

Vous avez bien sûr reconnu le frontispice du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli, déjà plusieurs fois évoqué ici (Champagne et Fulcanelli, 31 janvier 2006, Champagne en 1912, 17 juillet 2006, et D'Henri Chacornac à Champagne, 26 juillet 2006).


La revue dont il s'agit est Initiation et Science, revue des époux Lavritch, qui annonce ainsi dans son numéro 44 de 1957 la réédition des ouvrages de l'Adepte dévolu au XXème siècle (deuxième édition des livres de Fulcanelli, confer mon post Julien Champagne à l'Omnium Littéraire, 9 mars 2006).

Dans cette même livraison d'Initiation et Science, on peut lire un intéressant article de Claude d'Ygé, intitulé Le Mystère des Cathédrales et l'énigme Fulcanelli.


Dans cet article, Claude d'Ygé de Lablatinière (1912-1964) passe en revue deux hypothèses émises quant à l'identité de Fulcanelli: Fulcanelli serait Pierre Dujols ou Julien Champagne.

Rappelons à ce propos l'étroitesse des liens entre Julien Champagne et le libraire et ésotériste Pierre Dujols de Valois, ami proche de Fulcanelli (Julien Champagne et le libraire du merveilleux, 19 avril 2006). Mais qui est Claude d'Ygé?


Pour Serge Hutin, dans le numéro 63 d'Initation et Science (1965), il fut initié à l'alchimie par son père, qui était avocat.

Je suis certain qu'entre les deux guerres mondiales il fut un proche du cénacle d'ésotéristes que l'on trouvait dans l'entourage de Maryse Choisy comme CJF l'écrit dans sa préface à l'édition Bailly de son deuxième ouvrage publié.

On doit notamment en effet à Claude d'Ygé deux anthologies hermétiques de qualité, préfacées toutes deux par Eugène Canseliet, Anthologie de la poésie hermétique (Montbrun, 1948, puis Dervy, 1976) et Nouvelle Assemblée des Philosophes Chymiques, Dervy, 1954 et 1972, puis Bailly, 1991).

Dans cette dernière édition, on pourra lire également le texte de d'Ygé sur les Rose-Croix et les rosicruciens, paru en 1936 dans le premier numéro de la revue Les études mystérieuses. La même année, il avait publié un article dans Consolation, "la revue de Jules Boucher et Maryse Choisy."

Parmi les proches de d'Ygé à cette époque, on peut citer, outre Eugène Canseliet, Alexandre Rouhier, Robert Ambelain, Gaston Sauvage...On est vraiment très près,ici, de Julien Champagne. Mentionnons aussi sa relation avec Pierre Geyraud, alias Pierre Guyader, connu pour ses ouvrages sur l'occultisme à Paris, et que nous avons rencontré en évoquant le Grand Lunaire.

Claude d'Ygé aurait également participé aux activités du groupe inspiré et dirigé à Montparnaux par la sulfureuse Maria de Naglowska, qui édita en 1932, l'année même de la mort de Champagne, La lumière du sexe (Editions de la Flèche, chez l'auteur).

D'Ygé aurait fait partie de ses disciples sous le nomen de Frater Lug. Après 1945, il fut employé à la librairie ésotérique parisienne Saint-Jacques. Il manifesta l'intention d'en ouvrir une lui-même, mais "Le Songe Verd" ne vit jamais le jour.

Il était alors un ésotériste connu et reconnu, fréquenté notamment par Henri Hunwald, René Alleau, Bernard Husson et...Michel Butor, qui sera plus tard l' auteur il est vrai du très alchimique Portrait de l'artiste en jeune singe (1967).



Selon CJF, d'Ygé serait également l'inspirateur, pour le moins, de l'Anthologie de l'alchimie de Bernard Husson (Belfond, 1971).

Quand la mort emporta Claude d'Ygé, il préparait une nouvelle édition très augmentée de son premier livre, ainsi que deux ouvrages plus personnels: Le symbolisme des pierres précieuses, pour lequel il s'était fait conseiller par Alexandre Rouhier, et Verbe, son et lumière.

Le manuscrit de ce dernier travail, en particulier, semble avoir mystérieusement disparu. Les deux, en fait, pour CJF.


Le premier livre paru de Claude est significativement  dédié "aux F. de la Fraternité d'Héliopolis qui date de toujours."

Pour nous faire une petite idée de la qualité et de la hauteur de la pensée de ce libraire bibliopole dont le parcours me fait finalement penser à celui de Pierre Dujols, voici pour terminer un court extrait de son deuxième ouvrage édité:

"Que ceux qui pensent que l'Alchimie est strictement de nature terrestre, minérale et métallique, s'abstiennent.

Que ceux qui pensent que l'Alchimie est uniquement spirituelle s'abstiennent.

Que ceux qui pensent que l'Alchimie est seulement un symbolisme utilisé pour dévoiler analogiquement le processus de la "Réalisation spirituelle", en un mot, que l'homme est la matière et l'athanor de l'OEuvre, qu'ils abandonnent."

http://touscesgens.hautetfort.com/archive/2007/01/12/d-yge-de-lablatiniere-claude-d.html



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