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  • : Site consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.
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...consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.


Peintre et dessinateur, Julien Champagne est surtout connu de nos jours pour avoir illustré les ouvrages de Fulcanelli, un mystérieux alchimiste contemporain.

Et pourtant, il figure au Bénézit, la "Bible" internationale des créateurs. Et suivant son ami Eugène Canseliet, il fut bien un maître du pinceau et du crayon.

C'est à la découverte de cet artiste méconnu, mais profondément attachant, que je voudrais vous inviter. Je voudrais aussi vous demander de ne pas hésiter à enrichir mes articles de vos propres commentaires et de vos découvertes personnelles.

Bon voyage donc au pays légendaire de Julien Champagne.

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21 mai 2006 7 21 /05 /mai /2006 19:30

1914texier.champagne




Nous n'en avons certes pas fini avec les principaux lieux fulcanelliens de l'aventure de Julien Champagne: Paris, Amiens, Bourges, mais aussi bien d'autres.

Après la célébration hier en Arles de la Saint Constantin, je voudrais ce soir réparer, ou plutôt commencer de réparer, un "oubli" provisoire d'une grande demeure philosophale de province,
largement célébrée pourtant dans Les Demeures Philosophales de Fulcanelli.

Je veux parler ici de Dampierre sur Boutonne, que nous avons évoqué jusqu'à présent dans un seul post, celui du 26 février 2006.

Qui était Léon Vincent, dont je vous propose ci-dessus une élévation du chateau de Dampierre, réalisée en 1892?

Né en 1866, décédé en 1921, il fut, comme Julien Champagne élève de l'Ecole des Beaux Arts (promotion 1885 suivant certaines sources, 1898 selon d'autres).

Originaire du Finistère, et devenu architecte en chef des Monuments Historiques, il se spécialisa sur le tard dans l'art monumental de Bretagne, celui de Nantes en particulier, mais fut aussi  restaurateur d'Hennebont.

Ce noble voyageur séjourna aussi dans d'autres provinces, telle celle de Corse (1888). Son deuxième prénom? Pierre.


Pour Louis Audiat (1833-1903), historien de Bernard Palissy dans ses rapports avec l'alchimie
(1868),  et auteur d'une Epigraphie santone et aunisienne (1870), le chateau de Dampierre

"est un véritable dévergondage d'énigmes, de sentences, d'adages et de proverbes. Il semblerait que l'auteur ait voulu rivaliser avec les Emblèmes d'Alciat, ou mettre, en 1535, sur la pierre, les Devises héroïques que Claude Paradin, chanoine de Beaujeu, devait imprimer en 1557.

La galerie, fort remarquable, a sa voûte divisée en une foule de caissons, dont chacun montre une image, ordinairement accompagnée d'écriture."

C'est cette galerie du premier étage, dessinée par Julien Champagne, qui doit de toute évidence être ici examinée plus en détail.



La planche XXIV de l'édition originale des Demeures Philosophales de Fulcanelli est précisément consacrée à cette "galerie haute", et est remplacée dans la réédition Pauvert par un cliché photographique (planche XXVI).

En voici la présentation par Fulcanelli:

"La galerie haute, dont le plafond est si curieusement orné, occupe toute la longueur du bâtiment élevé entre les tours.

Elle prend jour...par cinq baies que séparent des colonnes trapues, munies, à l'intérieur, de supports engagés recevant les retombées d'arcs.

Deux fenêtres à meneaux droits et linteaux rectilignes s'ouvrent aux extrémités de cette galerie.

Des nervures transversales empruntent la forme surbaissée des baies et sont coupées par deux nervures longitudinales parallèles, déterminant ainsi l'encadrement des caissons qui font l'objet de notre étude."

Et Fulcanelli d'ajouter, un peu plus avant:

"Les figures de Dampierre n'auraient jamais été publiées en totalité. Toutefois, il en existe une reproduction dessinée d'après l'original et conservée au musée de Saintes. C'est à ce dessin que, pour certains motifs imprécis, nous avons eu recours, afin de rendre notre description aussi complète que possible."

Questions: Où est actuellement cette reproduction dessinée, et qui en fut l'auteur? Peut-être pas Jules Robuchon, auteur de ce cliché tiré vers 1865, qui est extrait de ses Paysages et monuments du Poitou:


http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-julien-champagne-dans-pierre-35788387.html

 
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20 mai 2006 6 20 /05 /mai /2006 19:02



Vous savez, l'Arlésienne, c'est cette amoureuse enflammée qui s'en va et revient, cher Julien Clerc.

Après quelques jours d'absence forcée, nous voici de retour et je voudrais ce soir vous entraîner à nouveau sur la piste d'une autre danseuse que celle de Georges Bizet:

Je veux donc vous reparler maintenant du fameux Finis Gloriae Mundi, le troisième livre non publié de Fulcanelli, déjà évoqué. Nous savions déjà qu'il est probable que Julien Champagne ait travaillé à ses illustrations.

En voici maintenant une preuve, ou si vous préférez une quasi-preuve, que je vous propose d'aller chercher dans un premier temps dans un numéro de la revue de Paul Le Cour et Jacques d'Arès, Atlantis, numéro consacré à la "mémoire vivante" (suivant l'expression de Stanislas Klossowski de Rola) du disciple de Fulcanelli, et ami de Julien Champagne, Eugène Canseliet.


Dans ce numéro d'Atlantis, Lucien Gérardin a écrit un article intitulé "En souvenir" (d'Eugène Canseliet).

Lucien Gérardin, ingénieur électronicien de formation, s'est intéressé très tôt à l'alchimie et a en 1972 publié un livre à son sujet: L'alchimie, tradition et actualité (Culture, Art & Loisirs, Bibliothèque de l'irrationnel, collection dirigée par Louis Pauwels).

Dans Le feu du soleil, Eugène Canseliet l'a sévérement qualifié de "journaliste" de l'alchimie.

Pourtant si on en croit Lucien Gérardin, ses relations avec "le maître de Savignies" ont été précoces, et leur première rencontre remonterait à 1952.

Toujours est-il que dans son article précité, Lucien Gérardin se demande s'il est certain que le Finis Gloriae Mundi, qui rappelons fut retiré par Fulcanelli des dossiers remis pour rédaction à Eugène Canseliet, ait disparu à tout jamais.

Peut-être, ajoute-t-il, le journal non publié d'Eugène Canseliet contient-il à ce sujet quelques informations. Et il précise:

"En tout cas, cet ouvrage était également illustré par J.J. Champagne; Eugène Canseliet a publié une illustration à ce sujet dans une réédition des Fulcanelli. En voici une autre, inédite:"


Lucien Gérardin ne fournit aucun autre détail sur l'origine de ce document, manifestement signé par Julien Champagne (même si le cliché est proposé à l'envers) , ni sur la localisation de la scène représentée.

Il faudra attendre la publication par Archimed Diffusion du CD-ROM consacré à Fulcanelli: La chronique d'un mystère annoncé (2000) pour en savoir un peu plus.

Nous y apprenons qu'un chapitre du Finis Gloriae Mundi devait être intitulé: Le labarum de Constantin, et être illustré par ce dessin.

Et que le modèle de l'illustrateur Julien Champagne lui a été fourni par le tombeau de l'empereur
Constantin...en Arles.

Voici un cliché de ce tombeau:


Cette fois-ci, le cliché est pris à l'endroit...

Ce tombeau ou sarcophage romain est effectivement parfois dit de Constantin II (né en Arles, 314-340, à distinguer de son père Constantin I, 272-337).

Il a parfois été reproduit, et on le retrouve sur certaines gravures, dont  un rare dessin  du XIXème siècle, où l'on peut contempler un autre côté du sarcophage.

La gravure ci-dessous, qui en témoigne, est extraite de l'ouvrage d' Abel Hugo (1798-1855), frère aîné de Victor Hugo, La France pittoresque (1835), qui commence ainsi:

"La connaissance complète des beautés pittoresques, des curiosités naturelles, des richesses territoriales de la France, doit être véritablement une source de juste et noble orgueil pour un Français."



Puisque nous en sommes rendus au labarum de Constantin, comment ne pas nous rappeler, finalement,  avec Archimed Diffusion,  de la citation suivante du Mystère des Cathédrales
de Fulcanelli:

"N'oublions pas qu'autour de la croix lumineuse vue en songe par Constantin apparurent ces paroles prophétiques qu'il fit peindre sur son labarum:

In hoc signo vinces; tu vaincras par ce signe.

Souvenez-vous aussi, alchimistes mes frères, que la croix porte l'empreinte des trois clous qui servirent à immoler le Christ-matière, image des trois purifications par le fer et par le feu."

In hoc signo vinces: cette phrase figure également à La Neuville Vault, sur le tombeau d'Eugène Canseliet.

 

http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-l-arlesiana-di-champagne-35788346.html

 


champagne-arles2


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14 mai 2006 7 14 /05 /mai /2006 11:44


Retournons au ciel, ou redescendons sur terre, ce qui en alchimie revient un peu au même, et retrouvons Julien Champagne au porche central de Notre Dame de Paris. Bonjour, Julien...

La planche VI de l'édition originale du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli que vous avez dessinée comporte deux médaillons, l'un à gauche intitulé La Salamandre - Calcination, et à droite le second qui est appelé Préparation du Dissolvant Universel.

Ces médaillons font dans l'édition Pauvert de 1964 (troisième édition du Mystère) l'objet de clichés et y portent les numéros VIII et IX respectivement.


Nous avons déjà approché la salamandre dans un post précédent, consacré à l'hotel du Bourgtheroulde à Rouen (Champagne et la salamandre, 1er mars 2006).

Voici ce que Fulcanelli en dit cette fois:

"Une femme, aux longs cheveux mouvants comme des flammes, vient ensuite. Personnifiant la Calcination, elle presse sur sa poitrine le disque de la Salamandre "qui vit dans le feu et se nourrit du feu."

Ce lézard fabuleux ne désigne pas autre chose que le sel central, incombustible et fixe, qui garde sa nature jusque dans les cendres des métaux calcinés, et que les Anciens ont nommé Semence métallique.

Dans la violence de l'action ignée, les portions adustibles du corps se détruisent; seules les parties pures, inaltérables, résistent et, quoique très fixes, peuvent s'extraire par lixivation."

Mais notre Adepte ajoute aussitôt, peut-être parce qu'il en a beaucoup dit, qu'il s'agit là de l'expression spagyrique de la calcination, et qu'il faut bien distinguer entre la calcination vulgaire des laboratoires chimiques, et celle que l'Initié opère dans le cabinet des philosophes.

Il reviendra plus loin dans Le Mystère des Cathédrales sur le thème de la salamandre, à propos du combat singulier des corps chimiques, dont la combinaison procure le dissolvant secret, et qui est notamment illustré par le combat de la rémore et de la salamandre décrit par le "philosophe hermétique" De Cyrano Bergerac.


Fulcanelli ajoute dans son livre que nous découvrirons bientôt d'autres figures se rapportant soit à la fabrication, soit aux qualités de ce feu secret enclos dans une eau, qui constitue le dissolvant universel.

"Or, précise t-il aussitôt, la matière qui sert à le préparer fait précisément l'objet du quatrième motif: un homme expose l'image du Bélier et tient, de la dextre, un objet qu'il est malheureusement impossible de déterminer aujourd'hui.

Est-ce un minéral, un fragment d'attribut, un ustensile ou encore quelque morceau d'étoffe? Nous ne savons. Le temps et le vandalisme ont passé par là.

Toutefois, le Bélier demeure, et l'homme, hiéroglyphe du principe métallique mâle, en présente la figure. Cela nous aide à comprendre les paroles de Pernety: "Les Adeptes disent qu'ils tirent leur acier du ventre d'Ariès, et ils appellent aussi cet acier leur aimant."

Il y aurait sans doute encore bien des choses à dire, cher Julien, sur le dissolvant universel, qui est selon toute vraisemblance un des secrets du Grand OEuvre.

Mais je préfère, et j'espère que vous en serez d'accord, laisser sur ce sujet le dernier mot à Fulcanelli, qui toujours dans Le Mystère des Cathédrales, conclut ainsi:

"Le mercure vulgaire, dépourvu d'agent propre, pourrait devenir une eau utile à l'OEuvre.  Le servus fugitivus dont nous avons besoin est une eau minérale et métallique, solide, cassante, ayant l'aspect d'une pierre et de liquéfaction très aisée.

C'est cette eau coagulée sous forme de masse pierreuse qui est l'Alkaest et le Dissolvant universel."

http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-julien-champagne-ed-il-solvente-universale-35788319.html

 



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13 mai 2006 6 13 /05 /mai /2006 15:26

 



Arrivé à ce stade du blog Julien Champagne, il me paraît juste de rendre explicitement hommage au travail réalisé sur Fulcanelli par Geneviève Dubois.

Son livre Fulcanelli dévoilé, paru en 1992 aux éditions Dervy, porte d'abord en couverture un portrait de Julien Champagne, qui est sans doute comme déjà signalé un auto-portrait, et dont on peut se demander où il se trouve actuellement.

L'explication de cette couverture est simple, Dubois identifie plus ou moins - à mon avis de façon aventurée - Champagne à Fulcanelli. Mais le fait seul, significatif en lui-même, reste là, bien présent: Julien Champagne fait la couverture de ce livre.

Ensuite, et surtout, le livre de Geneviève comporte une "foultitude" d'informations et de documents sur Julien Champagne, sur Eugène Canseliet, sur Fulcanelli, et en général sur le mouvement ésotérique français du XXème siècle, qui en fait un ouvrage de référence, une mine dans laquelle, quelque soient certaines zones d'ombre ou inexactitudes, il est loisible à chacun de puiser pour
démêler l'écheveau du "mystère Fulcanelli", ou du "mystère Champagne".

C'est ce qui motive sans doute le succès de cet ouvrage, reparu en 1996, et traduit en plusieurs langues, l'italien d'abord (Mediterranee, 1996), et puis récemment l'anglais (Destiny Books, 2006).

J'en profite pour signaler que le livre de Patrick Rivière sur Fulcanelli vient lui aussi d'être anglicisé
(Red Pill Press, 2006).

Julien Champagne figure également en pleine couverture de l'édition italienne du livre de Dubois, mais sa présence est hélas bien plus discrète sur la jaquette de sa publication américaine.

Geneviève Dubois anime en outre les éditions du Mercure  dauphinois, à Grenoble, ville alchimique distinguée, et y a fait paraître plusieurs ouvrages d'intérêt, parmi lesquels une oeuvre collective intitulée: Ces hommes qui ont fait l'alchimie du XXème siècle (1999).

http://www.lemercuredauphinois.fr/index.htm


Parmi ces alchimistes du XXème siècle, on retrouvera avec plaisir dans ce livre, traduit, lui, en espagnol (Obelisco, 2002), diverses personnalités éminentes, comme Pierre Dujols et Antoine Jobert, le premier étant comme déjà souligné un intime de Julien Champagne, et le second quelqu'un qu'il a pu connaître. J'en dirais autant d'Henri Coton-Alvart.

Et Champagne lui-même, me direz-vous?  Il apparaît au chapitre consacré à Fulcanelli  et Eugène
Canseliet.

Rédigé par Geneviève Dubois (G.D., ô Grasset d'Orcet), ce chapitre comporte au moins une indication précise, que j'ai trouvé significative, et dont je cite la version espagnole:

"En 1917, Eugène Canseliet supera el bachillerato en lenguas clàsicas en Aix-en-Provence y luego regresa a Paris en compania de Fulcanelli.

En esta época, en Paris, la Societad Teosofica cuenta entre sus miembros a Jean-Julien Champagne, el amigo de Fulcanelli, a quien Eugène Canseliet habia conocido también en Marsella, René Schwaller de Lubicz, Henri Coton-Alvart. Pierre Dujols, que escribia para Le Théosophe, habia de convertirse en el maestro de Henri Coton-Alvart.

En 1919, todos se retiran de la Sociedad Teosofica para consagrarse a la creacion de un grupo que llevrarà por nombre Les Veilleurs."

Fulcanelli, ami de Champagne: On voit bien ici que l'identification par Dubois de Fulcanelli à Champagne est "fluctuante".

En outre, même brièvement, il semble bien, si on en croit Geneviève,  que Julien Champagne ait adhéré, comme d'autres de ses amis et relations, à la Société Théosophique.

http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-champagne-di-genevieve-dubois-35788301.html


Agneau mystique -10-van eyck.champagne


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8 mai 2006 1 08 /05 /mai /2006 17:42


Dans l'édition originale du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli (1926), le médaillon de la cathédrale d'Amiens, intitulé La Coction Philosophique, et dessiné par Julien Champagne, fait l'objet de la planche XXIII.

Ce médaillon du portail du Sauveur, nous le retrouverons illustré par un cliché photographique, à la planche XXXIV de l'édition Pauvert (1964).

Fulcanelli n'a pas négligé, dans ses ouvrages, de se pencher sur les descriptions et interprétations de ses devanciers, s'agissant des monuments qu'il nous propose d'examiner.

C'est ainsi qu'à propos de la cathédrale d'Amiens en général, et de ce motif en particulier, il fait ouvertement référence à l'ouvrage de Georges Durand, Monographie de l'église cathédrale d'Amiens (Picard, 1901).

Et de citer son auteur, qui penche pour ce quadrilobe à une représentation de l'apostasie:

"C'est un personnage nu-tête, imberbe et tonsuré, clerc ou moine, vêtu d'une robe descendant à mi-jambe, munie d'un capuce...

Jetant à côté de lui ses braies et ses chaussures, sortes de demi-bottes, il semble s'éloigner d'une jolie petite église aux fenêtres longues et étroites, au clocher cylindrique et en porte à faux, que l'on aperçoit dans le lointain."


La leçon de Fulcanelli est évidemment bien différente:

"L'église est plutôt un athanor, et son clocher élevé en dépit des règles les plus élémentaires de l'architecture, le four secret renfermant l'oeuf philosophal. Ce four est muni d'ouvertures par lesquelles l'artisan observe les phases du travail.

Un détail important et bien caractéristique a été oublié: nous voulons parler du cintre évidé dans le soubassement.

Or, il est difficile d'admettre qu'une église puisse être bâtie sur voûtes apparentes et semble ainsi reposer sur quatre pieds.

Il n'est pas moins hasardeux d'assimiler à un vêtement la masse souple que l'artiste montre au doigt.

Ces raisons nous ont conduit à penser que le motif d'Amiens relevait du symbolisme hermétique et représentait la coction ainsi que l'appareil ad hoc.

L'alchimiste désigne, de la main droite, le sac au charbon, et l'abandon de ses chaussures montre assez jusqu'où doivent être poussés la prudence et le souci du silence dans cette besogne cachée."

Dans ses Demeures Philosophales, Fulcanelli précisera en outre, à propos du grimoire du chateau de Dampierre, ce qui explique que cette coction soit qualifiée de philosophique:

"Il ne s'agit point en ce lieu du feu des cuisines, de nos cheminées ou des hauts fourneaux...".


Et dans son introduction au Mutus Liber (Pauvert, 1967), Eugène Canseliet, pour sa part,  reviendra sur cette dialectique des interprétations, classique et hermétique, de la symbologie ecclésiale:

"Notre maître, Fulcanelli, a surabondamment prouvé qu'une grande partie de la décoration dans les églises, depuis l'humble paroissiale jusqu'à la plus riche cathédrale, ne peut s'expliquer, de manière satisfaisante, du seul point de vue de la religion ou de la morale.

Très souvent la science hermétique y devint le prétexte de compositions allégoriques, comme ce fut le cas, en particulier, pour les Notre-Dame de Paris et d'Amiens, dont les petits bas-reliefs, alignés et superposés tout le long du soubassement, avant Fulcanelli étaient identifiés avec l'expression singulière des vertus et des vices.

Faute due à la stérile routine, que Bernard Champigneulle a commise à son tour, dans la classique introduction d'un album magnifique, édité en grand format."

Canseliet fait ici référence au livre Amiens, composé de photographies de Jean Roubier, publié en 1955 aux éditions du Cerf.

Ne quittons pas la cathédrale d'Amiens, dont la conservation est comme celle de ses soeurs actuellement menacée par l'incurie des pouvoirs publics, nationaux, régionaux et locaux, et par celle du clergé, laïcisé et ignare, sans saluer un artiste contemporain, amoureux de ces édifices pluricentenaires, et qui y a consacré une série de peintures et de dessins, dont est extraite l'oeuvre ci-dessus.

Entreprise salubre, qu'il convenait sans doute de saluer. Vous pourrez retrouver Earl Mayan, puisqu'il s'agit de lui, sur son site favori:
 
http://home.earthlink.net/%7Eklavir/index.html

http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-cozione-di-julien-champagne-35788276.html




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7 mai 2006 7 07 /05 /mai /2006 12:02


Pourquoi ce superbe portrait de Nadar par Carolus-Duran, réalisé en 1896 et qui fait aujourd'hui partie des collections du Musée de l'air et de l'espace?

Si Charles Duran (1837-1917), portraitiste renommé dès 1869, a peint cette huile sur toile, c'est que le photographe Félix Tournachon, alias Nadar (1820-1910) fut au XIXème siècle une des célébrités du "tout Paris".

C'est ainsi qu'en 1854 il produisit son Panthéon Nadar, une série de plus de trois cents clichés de notoriétés du moment.

Félix Tournachon trouve également sa place dans ce Musée, car il fut aussi un aérostier confirmé.
En 1858 il produisit la première photographie aérienne à bord de son ballon Le Géant. Il fonda la revue L'Aéronaute, et en 1871, créa la première compagnie d'aérostiers du siège de Paris.

"Touche à tout", caricaturiste à ses heures, journaliste, nouvelliste, écrivain (d'opposition, il va sans dire), il fut aussi collectionneur et mécène...

Soit, me direz vous, mais quel rapport précis avec Julien Champagne, même si nous avons visiblement affaire à deux artistes, inventeurs de surcroît? Nous l'allons voir, mais d'abord, vous devez savoir que les deux hommes peuvent être aussi rapprochés l'un de l'autre par une autre de leurs passions communes, l'alchimie.

Car Nadar - ceci est peu connu - a écrit un traité d'alchimie; il est même en vente actuellement à l'excellente librairie de Dominique Nicol, L'oiseau livre, dont je ne résiste pas au plaisir de reproduire l'enseigne, car elle me paraît non seulement esthétique, mais "topique".


Voici un lien vers cette librairie:

http://www.galaxidion.com/oiseau/

Et voici l'annonce du libraire sur notre traité, dont le prix hélas avoisine ceux des éditions originales
des Fulcanelli illustrés par Julien Champagne:

"NADAR - LES DICTS & FAICTS DU CHIER CYRE GAMBETTE LE HUTIN en sa court. Chez l'auteur, 1881-82, 1 vol. in12 relié dos cuir, 43pp. Tirage limité à 300 exemplaires. N°93." 

Et il ajoute:

"Ouvrage très rare. Curieux livre d'alchimie à classer avec celui d'Hillel Erlanger : Voyage en kaleïdoscope. L'auteur signe en sous-titre : EXPOSES PAR MON SIEUR NADAR. ABSTRACTEUR DE QUINTE ESSENCE. 

Son prologue ne laisse aucun doute sur le sujet caché dont il traite, en voici le contenu : 

"Amy lecteur, si tu es bien advisé et friant de haulte graisse, tu liras ceste chronicque chronicquante dont l'auctheur, sous l'emblesme d'un fol, cele un saige, curieux de sapience et florisseulx de science philosophicale. Ne t'arrestes ny reschignes aux aspretés du languaige anticque comme au pets d'un asne, mais bien chausse tes lunettes sur l'aureille gauche pour ouyr plus clair : romps l'os et trouveras medulle à sugcer. Amen". 

Nadar n'est autre que le grand photographe du XIXè siècle qui fut introduit dans les milieux de l'ésotérisme par C. Flammarion."

Voici la couverture d'un autre livre très rare de Nadar, qui est lui de 1883, et fait référence au premier mentionné:


Camille Flammarion, comme dirait Frédéric Courjeaud, nous nous approchons de Fulcanelli, et donc de Julien Champagne...

Dans son ouvrage très bien écrit, Fulcanelli une identité révélée (Claire Vigne, 1996), Courjeaud, qui identifie Fulcanelli à Flammarion, ne me paraît pas cependant prononcer le nom de Nadar.

Le père de Camille fut pourtant employé aux studios Tournanchon-Nadar, du frère du "grand Nadar".

Soit, me direz vous, mais encore une fois quid de Julien Champagne et de la famille Nadar? J'ouvre donc maintenant le livre de Richard Khaitzine, Fulcanelli et le cabaret du chat noir (Ramuel,
1997) et je lis avec vous:

"Dans un catalogue Nadar, consacré à la mode, sont inclus deux portraits, le premier de Paul de Lesseps, le second de son frère Bertand.

La notice précise que Bertrand avait le génie de la mécanique et qu'il fabriquait un traineau à moteur, lequel fut acquis par le tsar de Russie."

En 1885, Nadar réalisa un portrait de Ferdinand de Lesseps. En 1886, avec son fils Paul (1856-1939), il "interviewait"  pour le compte du Journal illustré le centenaire  Eugène Chevreul, qui recevait autrefois le jeune Fulcanelli.

Paul, dont un portrait figure ci-dessous, sera considéré plus tard comme le père du photojournalisme; mais où donc ai-je lu qu'il travailla comme Julien Champagne pour le compte de la famille Lesseps?


Mais tout simplement dans le livre même de Richard Khaitzine que je viens juste de mentionner:
"Le fils Nadar fut le secrétaire de Charles de Lesseps."

 

Pour Robert Greaves, auteur d'un Nadar quand même! (Les éditions d'en face, 2010), dont le précurseur fut son Nadar ou le Paradoxe vital (Flammarion, 1980), Félix Tournachon aurait été en 1842 secrétaire de Charles de Lesseps, rédacteur en chef du journal Le Commerce.

 

Toujours d'après Greaves, "Charles de Lesseps fils" vint visiter Félix à la mort de son épouse Ernestine, en 1909. Dans son Nadar (Gallimard, 2010), Stéphanie de Saint Marc confirme la relation professionnelle, mais aussi affectueuse de Nadar avec Charles de Lesseps, et revient longuement sur l'entretien avec Chevreul, non sans l'illustrer.

 

chevreulnadar1886.champagne

http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-da-nadar-a-champagne-35788257.html



 
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6 mai 2006 6 06 /05 /mai /2006 21:31



De retour à Bourges, devant l'hotel Jacques Coeur, nous voici face à La Mérelle de Compostelle,
et à la planche XXVIII de l'édition originale du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli, qui constitue sans nul doute un des chefs-d'oeuvre, cette fois signé, de Julien Champagne.

Dans son ouvrage, Fulcanelli commente très succintement ce motif:

"La Mérelle de Compostelle, sur laquelle nous aurions bien des choses à remarquer, sert, dans la symbolique secrète, à désigner le principe Mercure, appelé encore Voyageur ou Pélerin.

Elle est portée mystiquement par tous ceux qui entreprennent le travail et cherchent à obtenir l'étoile (compos stella).

Rien de surprenant, dès lors, que Jacques Coeur ait fait reproduire, à l'entrée de son palais, l'icon peregrini si populaire chez les souffleurs du moyen âge."

A propos des caissons de l'hotel Lallemant, dans la même ville, il précise simplement, dans le même livre:

"Une large coquille, notre mérelle..."

Il y a là visiblement une allusion à la coquille saint Jacques, chère à Jacques Coeur, pour des raisons évidentes.

Fulcanelli, dans ses Demeures Philosophales, reviendra sur les "coquilles du genre peigne, ou mérelles de Compostelle".

A propos de l'initié Louis d'Estissac, déjà mentionné, il y insiste à nouveau sur les matières initiales, dont l'une

"aqueuse et froide, substance passive (est) représentée sous l'aspect d'une coquille marine, que les philosophes nomment Mérelle,...mère de la lumière."


Il existe peu de portraits de Jacques Coeur. Je sais que Joëlle Oldenbourg, en cherche un qui serait authentique. Au-dessus de la coquille saint Jacques que nous venons de commenter suivant Fulcanelli, en voici un, sculpté dans la pierre. Celui qui figure ci-dessous l'est peut-être moins.



C'est ici le lieu, en tout cas, de signaler sur les mystères alchimiques de Bourges, l'excellent DVD d'Alain Lancelot, réalisé en 2005:

http://www.alainlancelot.com/dvd.php

S'il n'y cite pas Julien Champagne, malheureusement, du moins Fulcanelli, Canseliet et Jacques Coeur y sont-ils mentionnés.

Et, chère Joëlle, le fait qu'il ne soit pas certain  que "maître Jacques" n'ait pas survécu à sa, à notre dernière croisade.

En date, serais-je tenté d'ajouter, et non de conclure.


http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-julien-champagne-alla-merella-35788232.html

 

OLDENBOURGhyem.champagne

 

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4 mai 2006 4 04 /05 /mai /2006 06:58


J'ai hésité à adopter un titre inverse, "Robert Ambelain à l'ombre de Champagne", mais il me semble finalement que l'ombre est bien du côté d'Ambelain.

Mon propos n'est pas ce soir de vous entretenir de l'oeuvre abondante de cet auteur prolifique, né en 1907 et décédé en 1997, mais de revenir maintenant avec vous sur son enquête, plusieurs fois mentionnée, qui concerne "le dossier Fulcanelli" (Cahiers de la revue La tour saint Jacques, 1962).

Je pense en fait que cette enquête est sujette à caution, ou du moins doit être remise en perspective.

Vous vous souvenez sans doute que dans un de mes posts précédents, consacré à Jean Schemit, j'ai évoqué la visite d'Ambelain  au premier éditeur  de Julien Champagne. Cette visite avait pour but de solliciter l'autoristation de Schemit pour la publication dans le livre d'Ambelain d'une gravure de Julien, figurant dans l'édition originale du Mystère des Cathédrales.

Cette gravure est reproduite ci-dessus, et représente la Vierge Noire de Marseille, que nous avons également abordée précédemment.

Elle figure dans un ouvrage de jeunesse qu'Ambelain écrivit en 1937, à trente ans, et qui fut publié en 1939: Dans l'ombre des cathédrales.

Ce livre vient d'être réédité tel que, par les éditions Bussière (2001), Ambelain n'ayant jamais, au témoignage émouvant de sa fille, Liliane Douguet Ambelain, qui y figure, traduit en actes son intention de le remanier.

http://www.robert-ambelain.book.fr/

Robert Ambelain intitule cette gravure "la vierge noire chrétienne", probablement en référence aux Isis d'origine païenne. En tout cas, le modèle est bien le même que celui du Mystère des Cathédrales, comme on pourra le vérifier ci-après:

Et quoiqu'il en soit, il s'agit sans doute là de la gravure de Julien Champagne qui a été (re)publiée le plus récemment.

J'ai déjà dit qu'Ambelain avait dédié Dans l'ombre des cathédrales à Fulcanelli. Voici le texte de cette dédicace:

"A la mémoire de Fulcanelli artisan du Grand OEuvre, Philosophe du Feu, dont les merveilleux enseignements nous ont permis cette imparfaite ébauche d'Esotérisme Hermétique."

Et de fait, dans son ouvrage, l'auteur multiplie les citations du Maître, toujours approbatrices, même s'il se défend d'avoir écrit un livre d'alchimie; Ambelain préfère déjà, en effet, la magie à l'alchimie, et cite aussi les articles de son ami Jules Boucher (J.B.) parus quelques mois auparavant dans la revue Consolation.

ambelaindédicaceombre.champagne

 

 

ambelainsignure.champagne

 

Mais voici ce qui importe surtout, à mon sens; c'est la façon dont dans son livre Ambelain présente "la vierge mère":

"La Vierge Noire de Saint-Victor, de Marseille, illustrant le présent ouvrage, est celle du dessin original de Jean-Julien Champagne, le savant illustrateur du "Mystère des Cathédrales".

C'est à l'obligeance de M. Jean Schemit, l'éditeur des deux ouvrages de Fulcanelli, qui nous en donna l'autorisation, que nous devons de la reproduire ici."

Ma conclusion est simple: en 1937, et contrairement à ses affirmations de 1962, Ambelain distingue bien entre Fulcanelli l'auteur et Champagne l'illustrateur. Pour lui, à cette époque, Julien Champagne n'est pas Fulcanelli, et l'identification entre les deux personnes fera bien l'objet d'une construction subséquente.





Dans l' édition Bussière de 2001, qui encore une fois est "anastatique", Ambelain, que nous voyons ici photographié en 1988, contredit donc sans s'être autrement  démenti ses propos de 1962.

Un dernier mot peut-être, sur la préface de Gérard Kloppel qui ouvre cette réédition: Elle contient à mon avis une contre-vérité, quand le préfacier affirme qu'en 1939 les ouvrages de Fulcanelli s'arrachaient à prix d'or. Nous avons déjà vu que c'est faux, au moins jusque 1945.

Ce qui est vrai depuis, et encore de nos jours, c'est que les éditions originales de ces livres sont très prisées, et constituent un bon indicateur de la "cote" et de Fulcanelli et de Julien Champagne.

A titre indicatif donc, il faut actuellement compter presque mille euros pour se procurer l'édition Schemit des Demeures Philosophales, et plus de mille pour celle du Mystère des Cathédrales.

Consolez vous cependant, la réédition Omnium Littéraire est un peu plus accessible, et les rééditions Pauvert encore davantage, mais ces dernières ne comportent pas la plupart des illustrations de Julien Champagne, qui y sont remplacées par des clichés...

 

http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-champagne-all-ombra-di-robert-ambelain-35788211.html

 

ambjeune.champagne



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3 mai 2006 3 03 /05 /mai /2006 22:01


Nous voici de retour à Notre Dame de Paris, au portail de la Vierge. La planche de l'édition originale du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli, non signée par Julien Champagne, est intitulée: Le Chien et les Colombes, et porte le numéro XVI.

Celle de l'édition Pauvert, également reproduite, le XXVII.

"Si, quittant le tympan, nous explique Fulcanelli, nous abaissons le regard vers la partie gauche du soubassement, divisé en cinq niches, nous remarquerons entre l'extrados de chaque arcature de curieuses figurines.

Voici, en allant de l'extérieur vers le pied-droit, le chien et les deux colombes, que nous rencontrons décrits dans l'animation du mercure exalté; ce chien de Corascène, dont parlent Artéphius et Philalèthe, qu'il faut savoir séparer du compost à l'état de poudre noire, et ces Colombes de Diane, autre énigme désespérante, sous laquelle la spiritualisation et la sublimation du mercure philosophal sont cachées."


Dans ses Demeures Philosophales, Fulcanelli reviendra sur le chien de Corascène, ou Khorassan, ou soufre, qui tire son appellation du mot grec Korax, équivalent de corbeau.

De même, il y précisera à propos des colombes de Diane qu'on peut les envisager comme deux parties du mercure dissolvant, - les deux pointes du croissant lunaire, - contre une de Vénus, laquelle doit tenir étroitement embrassées ses colombes favorites.

Eugène Canseliet, disciple unique de Fulcanelli jusqu'à preuve du contraire, s'attachera pour sa part à préciser encore le sens de ces énigmes.

Dans ses Deux Logis Alchimiques, il indique que le vocable Khorassan indique l'origine de cette âme métallique, effectivement extraite de la partie ténébreuse que les alchimistes désignent également par l'expression tête de corbeau.

"Celle-ci, orde, noire et puante, peut être regardée telle une déjection du mercure philosophal."

Quant au mystère des colombes de Diane, il y revient dans son recueil Alchimie:

"Sans la chaleur suffisante,...le mercure des philosophes, solide au degré ordinaire, ne se liquéfierait pas en sa convexité, ni - le feu poussé au blanc - ne donnerait, en vapeurs condensées, ses aigrettes royales et frissonnantes, ses cristaux ténus et candides, que Philalèthe pour sa part, séduit par le duvet immaculé, nomma fort pertinemment les colombes de Diane."

Nous nous trouvons donc ici introduits derechef, grâce à Fulcanelli, Julien Champagne et Eugène Canseliet, au charme discret , mais singulier et bien réel, du bestiaire alchimique.

http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-julien-champagne-delle-colombe-35788168.html

 


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30 avril 2006 7 30 /04 /avril /2006 19:23

facture.schemit.champagne

 

Après avoir rendu justice aux époux Lavritch de l'Omnium Littéraire, deuxièmes éditeurs de Fulcanelli et donc de Julien Champagne, il n'est que temps de s'incliner devant le premier, Jean Schemit (1868-1945).

A l'âge de quinze ans, il commença de travailler pour le libraire Honoré Champion (1846-1913), dont la maison toujours active de nos jours fut fondée en 1874.

Il y apprit son métier, et dès 1900 nous trouvons Jean Schemit établi à son compte. Nous allons résumer sa contribution personnelle, mais notons dores et déjà que le fils d'Honoré, Pierre Champion (1880-1942) était un médiéviste distingué et que le jeune Anatole France, qui selon Richard Khaitzine fréquentait assidûment la librairie famililale, fut son témoin lors de son mariage.

Avant d'avoir eu l'audace de publier les Fulcanelli illustrés par Julien Champagne, dont certains exemplaires, rappelons-le, restaient toujours disponibles à l'état neuf à la fin de la seconde guerre mondiale, Jean Schemit fut et resta ensuite, d'ailleurs, un éclectique, que l'on pourrait de nos jours qualifier d'éditeur "culturel".

Dans le fond, il n'est pas si éloigné d'un Jean-Jacques Pauvert. La provocation en moins me direz-vous? Pas sûr.

Certes, à l'imitation de Pierre Champion justement , il édita les oeuvres de Clément Marot dans le texte de Robert Yve-Plessis (1911). Mais du même Yve-Plessis suivra en 1925 La psychose de François Villon.

Et dès 1908 Jean Schemit produisit des "Pages choisies" de Maximilien de Robespierre...

Si l'on veut du conventionnel schemitien, sans jeu de mot, je recommanderai La dentelle de Valenciennes d'Arthur Malotet (1927), dont est extraite la gravure ci-dessous.

Mais Jean Schemit publia aussi, dès 1908, L'art profane à l'église, de Gustave-Joseph Witkowski, et du même en 1920 Les licences de l'art chrétien, dont selon Eugène Canseliet l'érotisme mais aussi l'hermétisme le frappèrent également.

Fulcanelli devait d'ailleurs citer ces oeuvres dans les siennes.

De la même façon, Jean Schemit  "sortit" en 1910 Le genre fantastique et licencieux dans la sculpture flamande et wallonne, de Louis Maeterlinck.

La même année, il fit paraître par ailleurs, d'Etienne Deville, l'Index du Mercure de France 1672-1832, tellement prisé d'Eugène Canseliet comme livre de référence.

Avant d'en revenir à Julien Champagne, je voudrais enfin signaler l'édition par Jean Schemit, en 1908 de l'ouvrage de Francisque Pellegrin sur La fleur de la science de pourtraicture (1530, réimpression en fac-similé), puis en 1933, du livre d'Arnauld Doria, Le comte de Saint-Florentin, son peintre et son graveur, qui ne sont pas si éloignés de nos préoccupations, à mon sens.

Dans les Cahiers de la revue La Tour saint Jacques consacrés au dossier Fulcanelli en 1962, Robert Ambelain nous affirme être allé voir Jean Schemit à l'occasion de la parution de son livre, d'ailleurs dédié à Fulcanelli, Dans l'ombre des cathédrales (1939), pour en obtenir une autorisation relative à une illustration.

Jean Schemit aurait alors déclaré à Ambelain avoir rencontré Julien Champagne avant qu'Eugène Canseliet lui rendît visite, seul puis en compagnie de l'illustrateur des Fulcanelli.

Frappé par le savoir de Champagne et par la déférence de Canseliet à son égard, Schemit en conclut, selon Ambelain, que "Champagne et Fulcanelli ne faisaient qu'un."

Dans sa réponse attenante, Eugène Canseliet nie que Jean Schemit ait jamais rencontré Julien Champagne ; dans son édition du Mutus Liber, Canseliet affirmera également que Schemit ne rencontra jamais Fulcanelli...entre 1925 et 1930, ce qui ne veut pas dire, ajouterons-nous,  qu'il pense que Schemit n'ait jamais vu Fulcanelli ou su qui il est.

Et Eugène d'ajouter: "Je suis le seul nommé dans les engagements, par moi uniquement pris et signés avec Jean Schemit."



Rappelons au passage que Jean Schemit ne fut pas le premier éditeur démarché par Eugène Canseliet pour l'édition originale initiale; celle-ci fut en effet, dans un premier temps, écartée par Emile Nourry (Pierre Saintyves de son pseudonyme).

En 1944, Canseliet alla présenter à Schemit son premier livre, Deux Logis Alchimiques, que, malade, notre éditeur décida cependant tout aussitôt de publier; la parution de cet ouvrage, dont nous reproduisons la couverture, intervint l'année même de sa mort.

De cette oeuvre il conserva un exemplaire dans sa bibliothèque personnelle, orné d'une belle dédicace: "Au frère en Hermès ce livre, qui peut servir de complément précieux aux deux Fulcanelli."

Cette bibliothèque pieusement sauvegardée des années durant par Madame J.Schemit ne fut dispersée qu'en 1964.

 

Le catalogue de cette vente, dont nous avons extrait le portrait ci-dessus, qui chronologiquement du moins pourrait avoir été réalisé par Julien Champagne, et dont nous reproduisons aussi la page de garde, comporte un avant-propos d'Eugène Canseliet.

 

Pour Richard Caron, dans sa postface à la seconde réédition des Deux Logis (Jean-Claude Bailly, 1998) c'est l'épouse de Jean Schemit, Fernande, qui en fait "fit de son mieux pour faire paraître l'ouvrage que son époux avait accepté de publier de son vivant."



dédicaceDLparMadameSchemit.champagne

 

Canseliet s'y remémore en particulier le moment où Jean Schemit découvrit le manuscrit et les dessins de Julien Champagne, et  par la même occasion Le Mystère des Cathédrales:

"Ouvrage dont le frontispice, immédiatement admiré dans l'émotion intense, ne fut pas sans affermir son projet, depuis longtemps caressé, de ce voyage en Egypte, qu'il devait accomplir, quelque dix ans plus tard, dans l'enthousiasme illimité, et dont il conserva le souvenir impérissable et toujours enchanté", chère Joëlle Oldenbourg.

Dans la première réédition de ses Deux Logis par Pauvert, en 1979, Eugène Canseliet relate, avec ferveur
et ironie, les obsèques auxquelles il assista du premier éditeur de Julien Champagne et de Fulcanelli:

"C'était autrefois, devant la mort, le respect recueilli et l'émotion réelle du dernier hommage, qui sont aujourd'hui supprimés par une société française, depuis juste vingt ans, socialement "évoluée" et gagnée à la vraie grandeur."

Au cimetière du Montparnasse, la sépulture de Jean Schemit avoisine celle de Pierre Champion, et est située à quelques pas de celle où repose Guy de Maupassant, qu'il estimait beaucoup et à l'enterrement de qui il avait assisté.

 

Pour Eugène Canseliet, "il fallait bien que Jean Schemit vécût de son travail, mais sa préoccupation majeure restait celle de servir."

 


 

schemitpub.champagne

 

http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-jean-schemit-editore-di-champagne-35788116.html




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