Calendrier a décidemment raison. En dépit de ce que je pensais, et affirmais par conséquent, dans mon article Champagne au mont Saint Michel du 26 novembre 2006, et de façon plus précise dans sa partie consacrée aux commentaires, Allieu et Lonzième dans leur précieux Index Fulcanelli font bien mention de la légende qui dans l'édition Omnium Littéraire des Demeures Philosophales est associée aux première et quatrième de couverture.
Je rectifie donc de moi même, dont acte, et mea culpa. J'ai par contre vainement cherché dans le même ouvrage une indication équivalente concernant les illustrations similaires du Mystère des Cathédrales, dont il s'agit en ce jour de la Saint Ambroise. Y trouverez-vous une nouvelle imprécision de ma part? J'attends sur ce point vos remarques éclairées.
Ces "culs de lampe", pour reprendre l'expression consacrée, qui ornent la première publication du premier ouvrage de Fulcanelli, ont d'ailleurs le privilège, si je ne me trompe à nouveau, de figurer dans toutes les éditions, Schemit comme Omnium, et finalement Pauvert.
La question suivante, pour reprendre un mode de raisonnement très anglo-saxon, est bien entendu d'où viennent-elles. Et puis après un Français s'exclamera bien sûr: Mais qu'est-ce que tout cela signifie, bon Dieu?
Si j'avais sur ce dernier point à faire un pari, je dirais que très probablement l'image ci-dessus nous offre une représentation du miroir de la nature, où la mort est centrale, mais d'où la vie masculine et féminine jaillit quasi miraculeusement.
Et que cette vie et même cette survie naturelle et surnaturelle, bref cette vie double, prend appui sur l'image ci-dessous.
Voilà de belles paroles, me direz-vous, mais revenons-en à la question fondamentale de l'origine de ces emblèmes symboliques. Et me voici bien embarrassé.
J'ai à tout hasard ouvert pour répondre à cette interrogation légitime les exemplaires dont je dispose en ce moment des ouvrages de ce bon docteur Witkowski sur L'art profane à l'église (1908) dont nous avons déjà dit quelques mots à propos de la cathédrale de Nantes (François II et Julien Champagne, 27 septembre 2006).
Et, par chance et avec sans doute aussi l'aide des "destins", j'y ai trouvé une piste sur ces oeuvres, une indication, en tout cas, que je vous soumets illico.
Nous sommes ici dans la Somme, en la cathédrale d'Amiens, et plus précisément devant une des cent vingt stalles du choeur.
Convenez avec moi que s'il n'y a pas forcément identité complète, du moins la ressemblance des deux dessins ( le Witkowski au-dessus, le Fulcanelli au-dessous) est plus que frappante.
Naturellement, si je puis dire, Witkowski interprète et décrit ce motif à sa manière, autrefois inimitable. Pour lui, il représente
"le culte de la volupté. Deux ribauds supplient l'idole de leur âme, les mains jointes, de partager "son coeur et le reste." Ils sont enchaînés à leur passion par une chaîne de fleurs."
Quant au premier dessin de Champagne, que Witkowski ne reproduit pas, il renverrait, sauf erreur de ma part, et toujours selon lui, à la
"lubricité. Tandis qu'une "fillette" se mire dans un miroir, son galant de passage tient derrière elle une tête de mort, l'image de la brièveté des charmes féminins et de l'existence, ou encore un avertissement des dangers du libertinage:
Il n'est fisicien ne mire
Tant saiche les aultres guerir
Quy à ce myrouer ne se mire
Et que tous ne faillent mourir."
Voici, amies lectrices et amis lecteurs, l'état présent de mes recherches sur ce point, que je soumets encore une fois (encore une foi) à votre sagacité.
Et ceci n'est pas un vain mot, puisque je tiens ici à remercier tous ceux et celles qui lisant ce "blog" ou ne le lisant pas, m'ont permis enfin de découvrir la dernière édition roumaine du Mystère des Cathédrales.
J'y ai notamment appris de son préfacier Dan Alexe que selon Sarane Alexandrian, dans son Histoire de la philosophie occulte (Seghers, 1983, Petite Bibliothèque Payot, 1994), Fulcanelli ne serait autre que Julien Champagne.
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