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  • : Site consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.
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...consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.


Peintre et dessinateur, Julien Champagne est surtout connu de nos jours pour avoir illustré les ouvrages de Fulcanelli, un mystérieux alchimiste contemporain.

Et pourtant, il figure au Bénézit, la "Bible" internationale des créateurs. Et suivant son ami Eugène Canseliet, il fut bien un maître du pinceau et du crayon.

C'est à la découverte de cet artiste méconnu, mais profondément attachant, que je voudrais vous inviter. Je voudrais aussi vous demander de ne pas hésiter à enrichir mes articles de vos propres commentaires et de vos découvertes personnelles.

Bon voyage donc au pays légendaire de Julien Champagne.

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1 janvier 2008 2 01 /01 /janvier /2008 00:00

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Bonne année à chacune et chacun, de la part de Julien Champagne et de la mienne. Un an se meurt, un autre naît, c'est la vie qui va. Et revient.

Pour l'hermétiste en général,et l'alchimiste tout spécialement, la mort n'est qu'un prélude indispensable à une nouvelle naissance. Elle est donc perpétuellement vaincue, et cette loi mère s'applique notamment au cycle annuel. Le solstice d'hiver que nous venons de passer ensemble est donc l'annonciateur pur et simple d'un renouveau, celui de l'équinoxe de printemps.

Voici en substance selon moi le message de ces superbes stalles de la cathédrale Notre-Dame d'Amiens, auxquelles Kristiane Lemé-Hébuterne vient de consacrer tout un volume, paru fin 2007 aux éditions Picard, et adorné de splendides clichés de Christophe Petit.
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C'est en tout cas dans cet esprit que je vous présente les deux pendentifs en question, retenus par Fulcanelli pour figurer comme culs-de-lampe dans son oeuvre, après avoir été selon toute vraisemblance dessinés par Julien Champagne, et dont le premier est photographié sous deux coutures.

Je les reproduis donc dans l'ordre inverse de celui choisi par Kristiane, l'interprétation que j'en fais me semblant être à l'opposé de la sienne. Je la rejoins cependant quand elle les range dans la catégorie de la vie morale, que pour ma part j'appellerai tout simplement Philosophie.

Mais pour elle nous passons ici d'une "femme nue" (pendentif du bas) à une allégorie de "la jeune femme et la mort", côté jeune femme, puis côté mort. L'alchimie prend le pari contraire, et débute par le solve.

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Mais donnons la parole à Lemé-Hébuterne. Dans les deux cas, son discours est principalement descriptif:

"Une jeune et jolie femme nue est agenouillée entre deux hommes âgés. Tous trois portent une guirlande de feuillage traités dans le style de la Renaissance. Les chanoines Jourdain et Duval ont baptisé ce pendentif "culte de la volupté", mais on peut y voir une sculpture ornementale comme la Renaissance les aimait, sans y mettre une intention morale."

"Une jeune femme vêtue d'une robe au décolleté carré, aux manches bouillonnantes, coiffée d'un bonnet ajusté sous un voile orné aux oreilles de grosses volutes, demande à un miroir rond sur pied de lui renvoyer son image.
Sur l'autre côté du pendentif, un jeune homme lui tend une tête de mort."

En fait les chanoines Duval et Jourdain ont dès 1844 publié une monographie sur les stalles d'Amiens, et celle plus générale de Georges Durand sur l'église Notre-Dame,qui inclut une étude du mobilier,  est citée par Fulcanelli dans le Mystère des Cathédrales. Elle est parue en 1901-1903...aux éditions Picard.

Witkowski, grâce à qui nous avions initialement identifié l'origine de ces motifs, et qui a aussi inspiré Fulcanelli s'agissant entre autres de la cathédrale de Nantes, n'est donc pas forcément la source unique des dessins jusqu'alors non référencés de Julien Champagne:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-4822749.html
http://www.archerjulienchampagne.com/article-3982459.html

D'autant qu'un certain Eugène Viollet-le-Duc, bien connu de notre Adepte de prédilection, ne s'est pas fait faute lui non plus de les mentionner dans son monumental Dictionnaire raisonné d'architecture (1856):

http://chateau.rochefort.free.fr/viollet-le-duc/Stalle.php

"On ne saurait trop étudier,écrit-il, les assemblages de ces grands ouvrages de menuiserie du XVe siècle et du commencement du XVIe, alors que les traditions gothiques n'étaient pas encore perdues. Sous une apparence très compliquée, la structure est toujours simple et conçue en raison de la qualité de la matière. 

Les stalles du choeur de la cathédrale d'Amiens, par exemple, qui sont chargées d'une quantité prodigieuse de détails, présentent une structure de bois très bien combinée et très simple. Ces stalles sont aujourd'hui au nombre de cent seize; elles furent commencées en 1508 et achevées en 1522 par deux maîtres menuisiers, Alexandre Huet et Arnoult Boullin, sous la direction de Jean Turpin, et par le tailleur d'ymages Antoine Avernier."

Pourquoi finalement Fulcanelli n'a-t-il pas commenté ces emblèmes qu'il a pourtant sans aucun doute sélectionnés? L'hypothèse selon laquelle ils lui sont trop proches personnellement et auraient ainsi pu nuire à son  anonymat ne me séduit guère.

Je pencherais plutôt pour un choix délibéré qu'il a fait de les présenter comme une partie muette du livre, de façon à mieux souligner leur importance. En iconographie alchimique, aucun détail n'est secondaire. Dans un post précédent, j'évoquais ainsi à propos du miroir de la vie et de la mort qui nous est présenté en permanence à tous et à toutes l'expression de miroir de la nature.

Miroir de Vérité, Speculum Veritatis...Peut-être deux têtes sous le même bonnet.

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Eugène Canseliet, disciple de Fulcanelli comme Julien Champagne  en est l'illustrateur,  n'aborde pas non plus d'ailleurs le sujet des stalles dans ses écrits totalement ou partiellement consacrés à Amiens, comme par exemple dans son bel article paru en 1963 dans le numéro de la revue Atlantis qui est consacré au symbolisme de cette Notre-Dame, et dont est extrait le dessin ci-dessous.

En attendant de retourner comme moi en terre picarde visiter cette demeure philosophale "où souffle l'esprit", lisez, lisez le bel essai de K.L. (pardon, Kristiane Lemé), et si le c(h)oeur vous en dit, pourquoi ne pas nous laisser tenter aussi par un premier petit parcours virtuel?

http://www.stalles-dg.info/

Encore bonne année 2008. A bientôt j'espère...au joli pays de Julien Champagne. Où à la fin des fins, si du moins il y en a une, c'est toujours la vraie vie qui emporte la victoire.

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3 décembre 2007 1 03 /12 /décembre /2007 12:20


milosz.champagne.jpg
Pour terminer l'année en beauté, si possible, j'espère bien avoir l'occasion de rendre à qui de droit le beau livre qu'Alexandra Charbonnier a consacré au poète franco-lituanien Oscar Vladislas Milosz, qui appartint à un vieux clan de la noblesse polonaise de Lusace, celui des Lubicz.

En fait Alexandra a écrit deux ouvrages sur lui: L'étoile au front (Dervy, 1993) et Le poète (L'Age d'Homme, 1996). Je vous recommande chaleureusement et particulièrement la lecture du premier, qui nous plonge d'emblée dans une atmosphère ô combien julienchampagnesque.

C'est que le pastel ci-dessus d'Henri de Groux nous montre en 1918 un Milosz qui fréquentait alors assidûment certains salons parisiens comme celui des Lesseps...

http://www.archerjulienchampagne.com/article-1781038.html

initiation.champagne.jpgComme Eugène Canseliet qui l'y rencontra, et donc probablement comme Julien Champagne, et sûrement comme Fulcanelli.

"Au sein du cercle que formaient les logis de la rue Saint-Benoît et de l'avenue Montaigne, écrit ainsi Canseliet dans ses Alchimiques mémoires, j'ajoute maintenant le poète Oscar-Wadislas de Lubicz-Milosz, que nos hôtes tenaient en grande estime."

Champagne l'appelait-il "la classe" comme il le fit pour Raymond Roussel, né comme lui et comme Milosz en 1877? C'est fort plausible. 

rousselot.champagne.jpg
Canseliet semble également indiquer que Milosz, qui partage avec "Hubert" une certaine prédilection pour les prénoms interchangeables, de Vladislas à Venceslas, voire pour les noms, de Lubicz à Lusace, fit partie de l'entourage d'un autre écrivain fulcanellien, Anatole France.

http://www.archerjulienchampagne.com/article-1968775.html

Il est vrai que tous deux furent des habitués d'un autre salon de la Belle Epoque, celui de l'Amazone Nathalie Clifford Barney.

http://www.archerjulienchampagne.com/article-4849361.html

C'est d'ailleurs à la collection de cette dernière, qui à la mort du poète en 1939 fonda une société de ses amis, qu'appartint la statue ci-dessous de Milosz qui fut réalisée par Léon Vogt.

Dans la réédition 1996 par Allia des Voyages en kaléidoscope de la très fulcanellienne Irène Hillel-Erlanger, nous apprenons en outre de la postface de Jacques Simonelli que cette dernière reçut Milosz.

miguel.champagne.jpg
Mais plus proches encore de Champagne si c'est possible, deux amis de Milosz et de Julien suffiraient au besoin à justifier ce post.

Milosz était comme tant d'autres en ce temps là un familier de La closerie des lilas. Peut-être comme notre artiste favori y rencontra-t-il un certain René Schwaller, auquel un lien très fort l'attacha jusque vers 1924, au point qu'il autorisa René à porter le nom des Lubicz. Oscar fit d'ailleurs un temps partie du réseau schwallerien des Veilleurs (sous le nomen de Pierre d'Elie).

http://www.archerjulienchampagne.com/article-1762862.html

Il en était de même de Louis Allainguillaume, que nous voyons ci-après en compagnie de Milosz, et qui resta jusqu'à la fin de ce dernier un ami de Julien Champagne.

http://www.archerjulienchampagne.com/article-2047948.html

barney.champagne.jpg
Vous vous doutez bien qu'il m'est impossible dans le cadre d'un seul article de rendre justice à l'oeuvre considérable de Milosz. Je vais donc me borner à donner une petite idée de sa dimension ésotérique, hermétique et bien sûr alchimique, non sans préciser qu'on la retrouve aussi dans sa vie même.

Cette dimension transparaît dès son roman de L'Amoureuse Initiation (1910), et sera bientôt confortée par un Miguel Manara (1912), "mystère" bien proche en vérité de l'auteur du Finis Gloriae Mundi. Suivront en 1924 les poèmes philosophiques de l'Ars Magna, un des noms de l'alchimie, puis en 1927 les Arcanes....

Même les Contes lituaniens de ma mère l'Oye (1933), illustrés comme ici par Adomas Galdikas, fleurent bon leur Perrault, si cher à Fulcanelli. Et donc la cabale de la loi mère.

arcanes.champagne.jpg
D'ailleurs Milosz ne parlait-il pas aux oiseaux, dans sa résidence bellifontaine? "Il avait, témoigne Paul Léautaud, installé pour les oiseaux des mangeoires dans la forêt de Fontainebleau et il allait voir régulièrement ses frères ailés.

Dès que ceux-ci l'entendaient siffler le grand air wagnérien au moyen duquel Siegfried déloge de sa tanière l'épouvantable Fafner, ils arrivaient en nuée, l'entourant et lui répondant par des louanges formulées en divers langages."

Cela fait image, prononce le d'ordinaire si caustique Léautaud, une image merveilleuse, comme celle d'un enchanteur.

allainguillaume.champagne.jpg
Milosz s'affirmait d'ailleurs comme un alchimiste, "par hérédité", précisait-il. S'il n'oeuvra pas au fourneau comme
Champagne, la dimension spirituelle de l'alchimie lui était donc des plus familières.

On peut s'en douter quand on examine les armes de son clan, et les siennes propres, dont l'ordonnancement général évoque dans les deux cas certain écu final qui nous rapproche encore d'"uber campa agna."

De même Oscar avait comme d'autres pris l'abitude en certaines occasions, comme on peut le voir ci-dessous, de signer d'un paraphe rappelant les dites armes, d'une part, et d'autre part nettement ésotérique et au cas particulier, selon Charbonnier, rosicrucien.

contes.champagne.jpg
Son inspiration alchimique transparaît des plus clairement dans sa Nuit de Noël de l'Adepte (1922), poème méconnu qu'il ponctue d'un significatif: "C'est la vie délivrée."

Cette nuit comme relevé sobrement par Alexandra est bien celle d'une renaissance. L'Adepte renaît à une dimension différente de la vie.

Pour son amie Renée de Brimont, sur qui il nous faudra peut-être revenir, il est incontestable que Milosz croyait à l'alchimie. "Il croyait à sa nécessité, à sa réalité....sur le plan spirituel. S'il pressentit l'alchimie comme un retour à l'unité sur le plan physique, il ne s'en est ouvert à personne."

blason.champagne.jpg

armes.champagne.jpg
Il paraît cependant évident que Vladislas ait fréquenté des alchimistes. Fulcanelli, Canseliet, Champagne, Schwaller ont ou ont dû connaître Milosz.

C'est au cours de certaines des conversations que le poète eut avec eux ou quelqu'un d'autre que Venceslas a pu trouver matière à conforter sa foi première en la réalité de l'alchimie.

Une foi qui éclate - certes discrètement - dans une lettre écrite trois années avant son décès: "Une substance physique m'a été mise pour ainsi dire dans les mains, qui explique la longévité des personnages compris dans la généalogie d'Adam."

signure.champagne.jpg
Enfin comment ne pas revenir sur cette saisissante coïncidence de l'attrait commun de Fulcanelli et Milosz pour Juan de Valdes Leal, ce peintre espagnol du XVIIème siècle dont voici un saisissant portrait de Miguel Manara (1681).

Il est ici représenté en train d'édicter la règle de la Fraternité sévillanne de la Charité. Pour Jean Laplace comme pour H. Elie, ce tableau est à l'évidence initiatique.

Et il est de fait que si l'allure de Miguel est fort didactique, celle de son petit acolyte et loyal serviteur incite manifestement à la pratique du tacere zoroastrien.

manara.champagne.jpg
Mais laissons pour terminer la parole à Milosz lui-même:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Oscar_Venceslas_de_Lubicz-Milosz
http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Oscar_Vladislav_de_Lubicz_Milosz

"Il n'est pas de désir si pur, si élevé, si ardent que cette terre, dont la réalisation inespérée puisse engendrer une joie comparable à celle de la régénération simultanée et de l'esprit, et du minéral, ce dernier figurant, en l'occurence, la "perfection de la restitution" de la Nature tout entière."



ARCHER DE LUBICZ

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9 novembre 2007 5 09 /11 /novembre /2007 12:56

Mlle-Lenormand.champagne.jpg
Grâce à Jim Ketchum (J.K., of course), que je remercie encore,  il est sans doute temps de revenir sur l'identification proposée par les experts de la "réunion des musées nationaux" français entre notre Julien Champagne et un certain J.Champagne, auteur de la série des Soirées parisiennes:  

http://www.archerjulienchampagne.com/article-6323545.html
http://www.archerjulienchampagne.com/article-6581060.html

et de certaines gravures romantiques déjà commentées comme cette Mademoiselle Lenormand qui ne peut
que nous inciter à abattre certaines de nos cartes.

Pas plus que les autres, cette gravure consacrée à la célèbre cartomancienne, qui fleure bon son début du XIXème siècle, ne me semble être l'oeuvre de notre artiste, né en 1877 et décédé en 1932.

Pour moi c'est Jim qui a raison, jusqu'à preuve du contraire, contre l'avis émis par les experts, auxquels je voudrais ici lancer un défi.

worldfamouswomen.champagne.jpg
Ketchum a en effet eu raison selon moi d'attirer mon attention sur un livre publié en 1881 par un ancien consul des
Etats-Unis à Paris, et qui est consacré comme vous le voyez à toutes ces "femmes d'influence" qui ont au cours des siècles marqué l'histoire internationale, de l'antiquité aux temps modernes.

Frank Goodrich, puisque tel est le nom de l'auteur, y traite notamment de certaines de nos héroïnes nationales, comme Jeanne d'Arc ou Diane de Poitiers.

Diane qui est bien reconnaissable à mon avis sur cette splendide gravure extraite de son livre, et qui est l'oeuvre d'un certain...J.Champagne.

Il vous sera d'ailleurs loisible de comparer ce portrait à celui que j'ai déjà publié dans ce blog, puisque nous avons déjà rencontré la duchesse à propos du chateau de Dampierre-sur-Boutonne:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-3647621.html

dianadepoitiers.jchampagne.jpg
Mais venons-en, voulez-vous, au point selon moi capital. Voici donc une gravure de J. Champagne, figurant dans un livre publié en 1881. Ceci au moins est incontestable.

Et bien, rappelons-nous maintenant  de l'année de naissance de Julien Champagne: 1877. Quelle qu'ait pu être la précocité de son talent, Julien n'est pas l'auteur de ces dessins, le bon sens désormais nous commande de le penser - et de le dire.

J'observe d'ailleurs que le J. Champagne en question, comme vous pourrez vous en rendre compte ci-après, est l'auteur de la majorité des illustrations du livre de Goodrich.

Cet ouvrage est d'ailleurs rare, mais pas impossible à trouver, en plus il vient d'être réimprimé. Pour celles et ceux qu'il intéresse, voyez:

http://auctions.overstock.com/WORLD-FAMOUS-WOMEN-GORGEOUS-BINDING-ENGRAVINGS-1881/Books/item/43121075
http://www.amazon.fr/World-Famous-Women-Influence-Earliest/dp/1430461756/ref=sr_1_12/403-7199443-2189225?ie=UTF8&s=english-books&qid=1194629578&sr=1-12
http://www.bibliopoly-search.com/servlets/server?_config_=bibliopoly&_action_=MainFrameFromStaticPages&_display_action_=DisplayBook&_book_id_=
7787106&_price_=45.00&_currency_=USD

http://www.polybiblio.com/secondli/23100.html
http://digital.lib.lehigh.edu/trial/pocahontas/images.php?id=20

listofportraits.champagne.jpg
La question suivante, sur laquelle j'aimerais bien avoir des avis aussi autorisés que ceux des experts de nos
musées, est naturellement qui peut bien être ce J. Champagne, apparemment inconnu au bataillon...pardon, au 
Bénézit.

Compte tenu de la connotation plutôt anglo-saxonne du livre de Goodrich, serait-ce finalement et tout simplement un de nos cousins d'outre-Manche ou d'outre-Atlantique?

Pourrait-il au contraire être de la famille de Julien Champagne? D'après Walter Grosse, un oncle de ce dernier était lui-même dessinateur.

Mais voilà, Louis Emile Champagne (1842-1908) a-t-il pu vraiment signer ses oeuvres J. Champagne? Avons-nous affaire ici à un "prénom d'artiste"? Peut-être pourrons-nous en savoir plus dans quelque temps, après tout l'espoir fait vivre.

 

Aux dernières nouvelles, et sous réserve de confirmation, notre J. Champagne lithographe serait en fait Jules Champagne, dont l'oeuvre est bien liée à celle de Montaut, comme évoqué dans notre article sur "les soirées parisiennes."

Il apparaît comme tel dans la base de données Mnémosyne de l'Institut national de recherches pédagogiques (INRP):

http://www.inrp.fr/mnemo/web/vueNot.php?interf=fr

 

D'après cette notice,  consacrée à  un bal d'enfants  qui semble être la huitième gravure des soirées parisiennes, et fut réalisée vers 1860, Jules Champagne était un dessinateur-lithographe, et a produit de l'ordre de deux cent planches de sujets gracieux entre 1852 et 1870.

 

On trouvera d'ailleurs une reproduction de la gravure sur mademoiselle Lenormand qui est copiée ci-dessus dans une notice de la New York Public Library qui est consacrée au travail de Jules Champagne:

http://digitalgallery.nypl.org/nypldigital/dgkeysearchresult.cfm?word=Champagne%2C%20Jules&s=3&notword

=&f=4

 

Enfin, Jules Champagne apparaît comme l'auteur des portraits d'un ouvrage traduit sous le titre de The court of Napoleon, encore de Frank Goodrich (Derby & Jackson, New York, 3ème édition en 1858).

 

 

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Dans l'attente d'en savoir plus sur Jules Champagne, je voudrais pour terminer mon épistole désormais mensuelle ou quasiment vous donner certaines nouvelles de l'actualité immédiate de Julien.

D'abord d'Argentine, sans trop de surprise j'espère depuis mon article au tango de Champagne:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-12259594.html

Comme en fait presque foi ce cliché de couverture, la revue Alas del Sur de Victoria Asis réserve dans sa livraison
de septembre-octobre 2007 une place de choix à notre artiste et au blog d'Archer.

Qu'elles (Vic et Alas) en soient chaleureusement remerciées ici, et souffrez que j'en indique aussitôt
les coordonnées courriel:

alasdelsur2000@hotmail.com

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Ensuite et enfin...du Vanuatu, puisqu'un céleste agriculteur de là-bas, répondant au doux sobriquet
de Pseudo-Démocrite, aussi hispanophone que francophone et érudit, vient de consacrer un article
à certains dessins de Champagne sur le chateau de Dampierre (again):

http://quaestiones.blogspot.com/
http://quaestiones.blogspot.com/2007/10/castillo-de-dampierre-fulcanelli-y.html


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Mais vous aurez bien sûr reconnu mon article sur la constance de Julien Champagne:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-4121689.html

Quelle bonne fortune! Assez critique envers Fulcanelli, plutôt indulgent avec son prédécesseur
Louis Audiat, notre Démocrite m'intéresse surtout en ceci qu'il rapproche certains emblèmes
de la demeure philosophale en question des écrits d'Alciat (1531, 1536) et des Devises héroïques 
de Claude Paravin (1551,1557).

 

 

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7 octobre 2007 7 07 /10 /octobre /2007 17:35

aesculape1927a.champagne.jpg
En l'honneur de Ferdinand de Lesseps et de l'émir Abd-el-Kader, voici avec un peu d'avance sur notre timing prévu ou annoncé "une goutte d'or" mensuelle qui nous permet de nous rappeler, après un été maussade,  que le soleil fulcanellien d'automne est un astre froid.

J'aurais pu l'intituler aussi Champagne en 1927, ou Asklépios de Champagne, mais j'ai pensé que la revue Aesculape, vouée aux lettres et aux arts dans leurs rapports avec les sciences et la médecine,  ce qui est un bien beau programme, méritait bien un coup de chapeau particulier.

On y trouve en effet, sous la plume de Paul Le Cour, un des tout premiers articles consacrés à Julien Champagne et Fulcanelli, sinon le premier.

Rappelons que l'édition originale du Mystère des Cathédrales est de 1926...L'auteur de cet article a-t-il été alerté par Eugène Canseliet, préfacier et rédacteur du Mystère? C'est bien possible.

Nous avons déjà rencontré Paul Le Cour dans ce blog, et l'y avons présenté naguère, au prétexte d'un tour pendable que lui joua paraît-il Julien Champagne:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-2082647.html

aesculape1927b.champagne.jpg
Aussi je vais me contenter cette fois-ci de commenter brièvement son article, d'ailleurs très élogieux dans l'ensemble.

Fulcanelli a visiblement séduit Paul Le Cour, puisque "l'ésotérisme des cathédrales" s'ouvre par une citation bien sentie de l'auteur du Mystère.

Le Cour qualifie d'emblée l'ouvrage de fort curieux et d'admirablement présenté, ce qui est aussi à mon sens un compliment déguisé pour Champagne et Canseliet.

Il pronostique qu'il deviendra à bref délai une rareté, et a donc analysé avec perspicacité la modicité du tirage initial (300 exemplaires, semble-t-il) au regard de l'intérêt du livre.

Comme il ressort des illustrations que je reproduis, son attention a été essentiellement captivée par les médaillons hermétiques de Notre-Dame de Paris.



aesculape1927c.champagne.jpg
aesculape1927d.champagne.jpg

Pour Le Cour, le premier médaillon représenté ici représenterait moins l'alchimie que l'initié, "dont le front touche les nues  et qui possède la souveraineté donnée par la connaissance du livre fermé."

Une telle interprétation est à mon avis moins contradictoire que complémentaire de celle de Fulcanelli, et reste en tout cas très similaire.

De même, l'alchimiste protégeant l'athanor permet au fondateur d'Atlantis de préciser que "le grand oeuvre a pour but non seulement la transmutation en or de métaux vils mais aussi la confection de l'Eli-xir." Et Paul d'insister sur la validité de cette étrange orthographe...

Le Cour qui n'ignore cependant ni la Sainte-Chapelle, ni Amiens ni Bourges, émet encore cette remarque digne d'intérêt:

"J'ai constaté qu'à Chartres se trouvent à peu près les mêmes figures qu'à Paris." Et ni Champagne ni Fulcanelli je crois ne le contrediraient sur ce point:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-1766811.html


EC2007.champagne

Mais j'ai déjà traité à mon humble niveau de tous ces bas-reliefs de Notre-Dame de Paris, et vous me pardonnerez j'espère de vous renvoyer aux articles idoines:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-1793068.html
http://www.archerjulienchampagne.com/article-2447744.html
http://www.archerjulienchampagne.com/article-2716962.html

Le Cour, après avoir remarqué que le Mystère a dû nécessiter à son auteur de longs travaux, si l'on en juge par la date de certains dessins, qui remontent à 1910, conclut en déclarant qu'il a retrouvé dans cette oeuvre "avec un vif intérêt, des idées chères à un hermétiste connu en raison de son immense érudition: Pierre Dujols." 

Si d'aventure, amies et amis, vous rencontriez dans la même revue Aesculape le compte-rendu qu'y fit Paul en janvier 1931 des Demeures Philosophales de Fulcanelli, je vous saurais gré de m'en faire part.

De 1927 à 2007, quatre générations ou presque ont passé...Je m'en voudrais de ne pas vous signaler pour conclure ce "post" la parution il y a quelques semaines seulement d'un nouveau livre, post-mortem justement, d'Eugène Canseliet, dont vous voyez ci-dessus un cliché de la couverture.

Cet ensemble d'articles est une suite de son Alchimie, paru en 1964. Il comporte deux inédits, dont un au moins me semble important, sur les universaux. Hélas, je n'en ai pu en trouver jusqu'alors qu'un exemplaire unique.

Il est préfacé par Sylvaine Canseliet, fille de Béatrix, d'une manière émouvante qui rappelle tout à fait les accents si personnels de son aïeul. Autant dire que ce début apparent d'une trilogie à venir nous semble des plus prometteurs, d'autant qu'en quatrième de couverture, et nous en terminerons là-dessus pour ce soir, figure à nouveau "l'alchimie, dessin de Jean-Julien Champagne." 

  

 

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9 septembre 2007 7 09 /09 /septembre /2007 11:00

 

andreaetleandreo.champagne.jpg
Fulcanelli, qui est aussi le maître de Julien Champagne, a comme tous les Adeptes le don d'ubiquité. Il est ici, il est ailleurs...

Il est, mesdames et messieurs, le vrai furet du bois. Il y a déjà quelques décennies, on l'a vu jusqu'au Brésil, et en Argentine, contrée de l'oeuvre au blanc dont les armes arborent un soleil central.

L'Argentine au nom si alchimique, nation homothétique de l'Espagne, autre nation gitane où l'art de la danse est tout enclos.

Et patrie du tango...et du Toulousain Carlos Gardel. Danse d'amour par excellence, le tango me paraît également 
emblématique de cet art d'harmonie, de la "muy grande" harmonie au rythme de l'univers, bref de cet art de musique 
qu'est l'alchimie.

Il met en scène le sublime ballet dansé par l'homme et par la femme alchimiques dans leur quête de l'androgynat de l'âge d'or. Je ne suis donc pas surpris que la première photo qui nous est proposée ce jour soit celle d'Andrea et Leandro.

Vous pourrez la retrouver, ainsi que bien d'autres, sur ce beau site voué au tango:

http://perroquet.canalblog.com/albums/tango/photos/2407299-andrea_leandro.html

qui très naturellement nous dit d'entrée de jeu: "garde tes rêves d'enfant." La Science, après tout, cela sert aussi à cela, à garder, alors comme dit le chanteur, gardons nous vivants.

scientiaservat.champagne.jpg
Je ne suis nullement étonné non plus d'avoir récemment, et fortuitement comme il se doit, découvert qu'une poétesse
argentine, dûment inspirée par Fulcanelli et Julien Champagne, a dédié sur la "toile" à ce dernier un joli poème de sa façon.

Je l'ai déjà signalé à Sylvie, que je salue à nouveau, dans un de nos commentaires, mais j'ai finalement pensé qu'il méritait un article à part entière:

http://www.escritorium.com/848/tango-gonzalez-eyroa/iris-a-jean-julien-champagne/

Iris

A Jean-Julien Champagne

J'espère que vous me pardonnerez de citer d'abord ce texte fleuri au parfum de l'iris, cousin du lys sacré entre tous, tel qu'il se présente au "sol cadente", dans la langue du grand initié que fut Cervantès:

En un hilar de filigranas de oro y plata
haré con su nombre
luminosa huella que me guíe
hasta encontrarle y no perderme,
por caprichosas nébulas.

Oh! rémora obscura detén
la nave de mis sueños has que se diluyan
en las aguas de tu mar.

Iris! diosa mía,
la de los siete velos de colores
dame de beber de tu profano grial
la ansiada pócima, dulce nepente

dejar de ser . . .
Y con la cruz de Hundaya
ponle fin a mis delirios
de encontrarle . . .

Mais je voulais aussi vous proposer une traduction de mon crû, bien qu' étant loin de pouvoir me présenter comme un hispanisant très distingué. Merci d'avance par conséquent de votre indulgence et de vos "propuestas."

Bien entendu, l'auteur de ce poème y chante la seule quête qui vaille, celle de l'amour. Et c'est la même bien sûr que celle du Graal:

En un filet filigrané d’argent et d’or
De son nom je tisserai
La trace lumineuse me guidant
Je le trouverai sans me perdre
Dans les brumes incertaines

O rémora obscur
Qui stoppe la nef de mes rêves
Dans les eaux de ta mer dissous

Iris ma déesse arc-en ciel
Aux sept voiles des couleurs
De ton Graal profane fais moi goûter
La liqueur convoitée
Et succulente hostie

Ne plus être
Et par la croix d’Hendaye
Mettre fin à mon délire
De le trouver

victoria.champagne.jpg
Née en 1944, Victoria Asis dirige la revue littéraire Alas del Sur. Elle a déjà publié deux recueils, Voces del Paraiso en 2002, et en 2004 Duo.

Comme il se doit Duo a été écrit à quatre mains et est aussi l'oeuvre du poète brésilien Iacyr Anderson Freitas. Victoria a de son côté déjà été traduite en portugais du Brésil.

http://www.ciudaddemujeres.com/poemario/A/AsisVictoria.htm

Victoria, voici ta première traduction en français. Elle est sûrement imparfaite, mais j'espère avoir quand même donné
à nos lecteurs une petite idée de la qualité de tes vers et avant tout de leur musique de "cante jondo." C'est pour toi mon cadeau de bienvenue au pays légendaire de Julien Champagne.

Un beso.

Je ne voudrais pas quitter la contrée du tango sans vous dire quel a été mon plaisir d'y retrouver, cette fois, en meilleur format, hum...ce tableau de Kees van Dongen dont je vous ai déjà, en tout bien tout honneur, entretenu à propos d'Irène Hillel Erlanger.

L'archange ou du moins l'ange du tango sans doute a dû bien heureusement passer par là! Mais au-delà même de la dimension érotique évidente, et si vous doutez au départ, comme il est normal, de l'hermétisme de ce tableau, je vous demande,amies et amis, d'essayer de concentrer votre attention sur les chaussures de la dame, la droite et la gauche.

Pour les non initiés, je veux parler ici du vert et du rouge, et notamment du lion vert et de son rouge avatar. Mais voici
plutôt Tilla, à qui j'adresse incontinent, en sus de mes remerciements, mes hommages les plus empressés:

http://www.rsagala.com/tilla.html

vandongentango.champagne.jpg



Et puis un tango sans musique, est-ce encore un tango, je vous le demande. Alors de l'immense poète belge et cependant francophone Jacques Brel, pourquoi ne pas méditer et pratiquer cet(te) épique Rosa?

http://www.youtube.com/watch?v=v6rLLE48RL0&mode=related&search=

Laisse aller, Julien, ce n'est pas encore une valse, mais c'est déjà un tango, celui de la plus belle des fleurs.



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9 août 2007 4 09 /08 /août /2007 09:43

                              

Pour fêter comme il se doit dignement et ludiquement la Saint Amour, que diriez vous d'un petit vert de Champagne?

Parfumé au lotus, exceptionnellement, un peu d'exotisme ne saurait nuire en été. En fait la fleur de lotus que je voudrais vous présenter n'est autre que la femme peintre et écrivain Lotus de Païni.

Mais si, elle a quelque chose à voir avec Julien Champagne. Et même pas mal à voir. Au départ pourtant l'information dont nous disposons semble ténue:

D'après Pierre Geyraud entre autres, le groupe occultiste du Grand ou Très Haut Lunaire, auquel Champagne s'était acoquiné, s'inspirait entre autres de l'oeuvre de Fulcanelli et de celle de...Lotus de Païni.

Voici me semble-t-il une raison déjà suffisante pour découvrir cette dame, qui de surcroît est comme "Hubert" et comme il se doit une artiste méconnue. De là à penser qu'elle et lui à l'inverse se soient connus, il n'y a qu'un pas que je serais presque tenté d'allègrement franchir.

Ceci dit, je n'ai aucune indication précise pour l'instant de l'appartenance de Lotus au Grand Lunaire. Mais alors, avant et après notamment, c'est une toute autre histoire.

Née italienne dans la région de Ferrare, nous apprend son futur biographe Marc Le Gouard, qui lui a déjà consacré un important article en 2002 dans la revue Politica Hermetica, de Païni s'appelle en fait Elvezia Gazzotti.

Sa mère étant française, elle passe son adolescence sur la Côte d'Azur, avec sa soeur...Fiametta, et y suit des cours de peinture. En 1888 ou 1889, elle envoie à un Salon parisien un premier tableau qui est aussitôt remarqué, et qui inaugure sa carrière de peintre. Elle sera aussi sculpteur.

Ce tableau, qui a fait le 18 avril 2007 l'objet d'une vente par Sotheby's à New York, est celui de Théodora, impératrice byzantine. Reproduit ci-dessus, il est certainement hors de prix et qui plus est...sans prix. Je pense qu'il est emblématique et du profond féminisme de Lotus et de son mysticisme bien particulier, et peut-être de son attrait pour Puvis de Chavanne.

Elle se marie vers 1890 au baron italien Nicolas Païni, qui riche rentier cela va sans dire possède une résidence à Nice, et dont elle divorcera après quelques années.

A partir de 1897 notre baronne habite Paris et y expose sous sa nouvelle signature de "Lotus". Là non plus, il n'y a pas de hasard, puisqu'elle est dès ce moment sous l'influence de la théosophe Helena Petrovna Blavatsky.

En 1899 elle présente ainsi au Salon de la société nationale des beaux arts La vie, grand tableau qu'elle présente comme le premier d'une série inspirée par une pensée philosophique...

lavielotus.champagne.jpg

En 1900 elle se remarie d'ailleurs à Londres avec un médecin, Paul Pératé, devenu par la suite Péralté, après avoir avec lui rejoint la Société Théosophique. Nous voici donc bien tout près de Julien Champagne, dont nous avons évoqué les liens avec la ST (Champagne au lotus bleu, Champagne au lotus rouge).

Sur le cliché ci-dessus, nous la voyons peignant la même année dans le parc de la résidence normande d'une de ses grandes amies.

Avec son nouvel époux, Lotus entreprend les traditionnels pélerinages initiatiques de l'Inde (1904) et de l'Egypte (1910). Elle en revient passionnée d'égyptologie et son mari et elle nouent alors de fortes relations avec le musée Guimet.

Dès 1908, elle a commencé à écrire et certains de ses articles sont clairement ésotériques, comme cette année là justement "la tradition mystique iranienne"; elle rattache en particulier à ce courant de pensée le culte de Mithra, mais aussi de nombreuses sectes de gouliards, dont elle suit la filiation jusqu'à la révolution de 1789. Tout cela fleure bon son Fulcanelli, son Dujols et son Grasset d'Orcet.

En 1910, elle quitte le mouvement théosophique, que comme d'autres elle trouve trop orientalisant, pour suivre dans sa scission de 1913 l'anthroposophe allemand Rudolph Steiner. Elle le rejoint bientôt dans son Goethanum où nous la voyons ci-dessus jouer de la truelle pour son édification initiale, vraisemblablement à l'époque du premier conflit mondial.

 

En 1914, Edouard Schuré, qui fut une des premières lectures ésotériques du jeune Canseliet, est ébloui lui aussi par Steiner.

C'est grâce à lui que Lotus Péralté peut publier à ce moment son premier ouvrage significatif, L'ésotérisme de Parsifal, cet ésotérisme wagnérien auquel plus tard le même Canseliet consacrera un écrit.

Pour elle, comme pour Dujols, Canseliet, Fulcanelli  et d'autres, "le poème roman aussi bien que le fabliau de Parisfal sont la traduction exotérique de la légende de l'ésotérisme chrétien au moyen âge."

Notons également en 1926, année de parution du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli, l'article de Lotus sur Le jeu de la balle d'or au Mexique, qui paraît tout simplement dans le Voile d'Isis, revue de la Bibliothèque Chacornac que nous retrouvons donc encore une fois.

Au passage, si vous lisez ou relisez Fulcanelli, vous y trouverez confirmation du fait qu'il est un des rares auteurs alchimiques à évoquer par instants la civilisation de l'Amérique pré-colombienne. Pour Païni, le jeu dont il s'agit est d'origine atlante, ce qui a dû faire plaisir à Paul Le Cour.

 

C'est alors le temps pour Païni de la publication de ses livres majeurs, édités comme ceux de Fulcanelli à faible tirage: Les trois totémisations (1924), La magie et le mystère de la femme (1928), et ce livre au titre si alchimique de Pierre Volonté, paru en 1932, année de la mort de Champagne. Pour les deux derniers, Lotus choisit de s'appeler L.E. Païni (L pour Lotus, et E pour Elvezia).

Si nous suivons Le Gouard, un des traits marquants de son oeuvre est alors un primitivisme philosophique proche en un sens de Paul Gauguin ou du Douanier Rousseau en peinture: " Pour Lotus, le primitif qui communie naturellement avec la cosmicité est un mystique, il possède de façon innée le vrai sens religieux." Voici bien entendu pour moi une bonne raison d'attribuer à notre fleur la couleur verte.

Pour elle, de fait, "le penseur est vert."

Nous sommes ici exactement à mon avis dans "l'âge d'or" fulcanellien, que pour sa part elle appelle magnifiquement les grands lointains, lointains qui sont peut-être nos grands prochains.

"C'était le temps du rêve, l'alcheringa, dit la tradition australienne. L'homme vivait dans l'au-dedans des choses, dans les forces spirituelles, dans les lois de son être; il vivait la synthèse, le plein de son âme de feu astral. C'était une immersion dans la cosmicité, l'Age d'Or."

Son dernier livre paru, en 1934, se dénommera significativement Le mysticisme intégral: Saurons nous opérer cette métamorphose qui transformera notre physique et, écrit Le Gouard, nous permettra de nous élancer vers de nouveaux buts, au point de nous même devenir des systèmes solaires?

 

LoupPainiFem.champagne

  

C'est alors dans les années 1930 que Lotus de Païni compte parmi ses amis bien des personnes qui gravitent dans les milieux surréalistes, comme ces Penrose (!) qui furent proches de Paul Eluard, lui-même comme nous l'avons vu intime d'un modèle de Julien Champagne.

Païni décédera à un âge très avancé, en 1953. Jusqu'au bout, elle aura, - fort modestement, il est vrai, - foi en ses idées, notamment celles exposées dans sa trilogie: "Ces trois études, qui contiennent la somme du totémisme magique, ne sont que de simples efforts pour pousser les battants de la grande porte qui bée sur les très larges et lointaines perspectives de la surprenante science d'autrefois."

Seule La magie et le mystère de la femme a été rééditée pour l'instant, toujours en tirage limité et donc à l'usage du happy few stendhalien.

Cette réédition est intervenue en 2003, grâce aux éditions Arma Artis, bien connues des amateurs d'ésotérisme en général et en particulier d'alchimie.

De ces armes de l'art, il convenait me semble-t-il que votre humble serviteur se fasse ce jour un des plus humbles hérauts.

Elles figurent si je puis dire d'entrée de jeu dans le traité que l'on ne peut qualifier que d'à la fois splendide et héliaque de l'alchimiste Salomon Trismosin, supposé mentor de Paracelse: le Splendor Solis.

Parmi les proches de Julien Champagne que Lotus influença, et qui peut être l'influencèrent également, figure selon Emmanuel Dufour-Kowalski un certain René Schwaller de Lubicz, égyptologue et alchimiste de son état...et lui aussi inspirateur du Grand Lunaire.

D'après lui, l'approche de Païni semble s'être tissée comme en contrepoint de la doctrine lubiczienne. Pour elle, en effet, "nous emplissons d'âme , d'intelligence et de sensibilité l'Univers qui (à son tour) participe de la conscience qui s'éveille."

A l'inverse, si on retient la thèse de Le Gouard, la découverte de Lotus par André Breton, qui selon Geneviève Dubois notamment connut Fulcanelli, a été plus tardive. Il la situe après la mort de Païni, en 1954.

André, comme Champagne grand ami de Canseliet, sur qui il nous faudra peut-être revenir, et qui apparement sans l'avoir jamais rencontrée rendra à Lotus en 1957 dans son Art magique cet hommage vibrant:  "Païni rend grâces à la seule magie d'avoir successivement dotée la créature humaine du Sentir, du Penser et du Vouloir."

Il lui consacrera en 1962 un collage de son crû, reproduit en couverture par Arma Artis, où apparaît le lotus, l'oeil de la vision et le chiffre trois, semi masqué, pour les trois totémisations de Païni, de la trilogie fulcanellienne ou des trois oeuvres de l'alchimie.

Pour Alexandre Rouhier, relation de Julien Champagne et chantre du Grand Lunaire, qu'elle cite dans son Magie et mystère de la femme, Lotus est "la plus grande ésotériste de notre époque."

Comme quoiqu'il en soit cette époque, d'après Païni soi même, n'est ni la seule ni la plus importante, j'ai choisi de terminer cet ex-voto par la reproduction d'un artiste français anonyme de la fin du XVIIème siècle ou du début du suivant.

Harmonie de la glace blanche et du feu pourpre, sympathie du fou et de sa sophia, bref, voici un hymne à l'amour qui je l'espère vous complaira, et que j'ai de mon propre chef, car il ne porte aucun titre, intitulé, allez savoir pourquoi: Rose, c'est la vie. 

"Il me paraît essentiel de concevoir l'univers des choses dans leur parfaite solidarité, et sentir l'âme couler à travers toutes ces choses vivantes." (Lotus de Païni)

Encore? Encore: "L'univers est bien de l'âme qui se réalise." Nous nous trouvons ici à mon sens sur un plan de réalité bien supérieur à celui évoqué par une George Sand, écrivant pourtant de façon similaire: 

"La nature est éternellement belle et généreuse. Elle possède le secret du bonheur et nul n'a su le ravir."

 

LDPsignure.champagne

 

 

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2 juillet 2007 1 02 /07 /juillet /2007 11:18




Il y a autour de Julien Champagne, il faut bien le dire, beaucoup de personnes liées à la société Poulenc Frères.

Comme Walter Grosse a déjà consacré à cette entreprise devenue par la suite Rhone Poulenc un article documenté, je ne vais certes pas vous en infliger une nouvelle mouture:

http://www.fulgrosse.com/article-2427770.html

Il n'est pas sans intérêt, cependant, de noter que la firme en question, pharmaceutique au départ, a ensuite englobé dans ses activités d'autres secteurs, notamment ceux de la chimie et de l'agrochimie:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Rh%C3%B4ne-Poulenc

Aujourd'hui, ses savoir-faire et ses parts de marché sont détenus respectivement par Sanofi Aventis, Rhodia et Bayer. Nous avons donc affaire ici à un grand groupe économique.


La Poulenc Frères avait été créée sous ce nom vers 1895-1900, les sources d'information à ce sujet n'étant pas concordantes, par les fils ou les neveux du pharmacien Etienne Poulenc (1825-1878), Camille (1864-1942), Emile (1855-1917) et Gaston (1852-1948).

http://www.ac-grenoble.fr/risqmaj/realisations/38/pompidou/2000/historiq.htm

Comme nous le montre le premier cliché de cet article, les frères Poulenc ont en fait assez rapidement diversifié leurs activités, des produits chimiques aux appareils de laboratoire et autres instruments de précision.

Il n'est peut-être pas sans intérêt également de noter leur attirance  pour la photographie, qui reste encore de nos jours connue d'un certain nombre d'amateurs.


Mais le plus connu des Poulenc reste sans conteste Francis (1899-1963), fils d'un des fondateurs de la Poulenc Frères, vraisemblablement Emile, puiqu'il perdit son père très tôt.

Aucun rapport pour le coup avec l'alchimie, pourrait-on penser. Pas sûr. Ce célébrissime compositeur fut un ami des poètes Apollinaire, Eluard...

http://www.37-online.net/histoire/personnes/poulenc.html

Eluard dont une maîtresse passe pour avoir été le modèle du tableau de Julien Champagne: Le Vaisseau du Grand OEuvre. Louise ou Margerite Barbe, elle-même alchimiste, travailla pour les Poulenc (première employée Poulenc).

http://www.archerjulienchampagne.com/article-1855487.html


Sur les poèmes d'Apollinaire, Poulenc créa ainsi les mélodies du Bestaire (1918) et des Calligrammes (1948). Et sur ceux d'Eluard, les airs de Tel jour, telle nuit (1937) et du...Travail du peintre (1953).

Elevé religieusement, il s'éloigna un temps de l'Eglise, probablement sous l'influence d'une maman agnostique, mais s'en rapprocha sur le tard, ce qui nous valut entre autres ses Litanies à la Vierge noire de Rocamadour (1936).


Enfin, outre ses Miroirs brûlants (1938), son opéra bouffe des Mamelles de Tirésias (1947) porte pour le moins un titre aux connotations non seulement apollinariennes, mais aussi alchimiques.

Quand on veut bien se souvenir qu'au sein du groupe des six dont il fit partie nous trouvons un Erik Satie, proche de Joséphin Péladan, et comme Poulenc de Jean Cocteau, il devient incontestable, finalement que Francis a dû baigner dans le milieu ésotérique du début du XXème siècle.




Mais pour en revenir à la Poulenc Frères proprement dite, elle est présente dans un événement majeur de la vie de Julien Champagne, celui de la transmutation de Sarcelles en 1922:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-1851159.html

A cette transmutation, opérée par Eugène Canseliet sous la direction de Fulcanelli, assistent en effet, outre Julien Champagne, un certain Gaston Sauvage (deuxième employé Poulenc).

De ce dernier, on sait peu de chose, en dehors de ses liens avec Champagne, sinon qu'il était chimiste à la Poulenc Frères, et plus précisément selon Walter Grosse agrochimiste.

http://www.archerjulienchampagne.com/article-3239739-6.html

Walter a écrit au détenteur actuel des archives Poulenc; curieusement, il ne s'y trouverait aucune mention d'un quelconque Gaston Sauvage. C'est en tout cas ce qu'il s'est vu répondre aux dernières nouvelles.


Champagne fut un proche de Gaston Sauvage, lui-même ami d'une autre de ses relations, Jules Boucher, également employé Poulenc (troisième employé Poulenc):

http://www.archerjulienchampagne.com/article-1868575.html

Boucher (alias J.B.) à la mort de Julien (1932) "hérita" d'un certain nombre de documents et plus généralement de biens ayant appartenu à Champagne.

C'est ainsi qu'il se trouva en possession d'un livre de Stanislas de Guaïta (Le Serpent de la Genèse) dont un chapitre (Magie des Transmutations) fut annoté par Champagne, certaines notes étant en outre signées Fulcanelli:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-5348400-6.html
http://www.archerjulienchampagne.com/article-5977594-6.html

A la mort de Boucher (1955), cet ouvrage  fut recueilli par Gaston Sauvage, lequel vivait encore en 1964 selon Eugène Canseliet.

D'après le libraire parisien qui vient de vendre ce livre, il comporte désormais un bristol explicatif de la main de Gaston Sauvage.


Dans son entretien sur Fulcanelli avec Guy Bechtel, Canseliet confirme et précise en 1974 à propos de Gaston Sauvage: "Il travaillait chez Poulenc, où il a découvert le Stovarsol, un médicament contre la syphilis."

A propos de la transmutation de Sarcelles, il affirme que Sauvage n'a jamais parlé. "Il avait reçu ce qu'il faut pour cela."

Curieusement, le Stovarsol semble avoir été "inventé" en ou vers 1922. Mais je n'ai pas trouvé jusqu'alors à son propos la moindre trace de Gaston Sauvage...


Suivant certaines sources ce médicament dérivé de l'arsenic serait le résultat des travaux du pharmacien Ernest Fourneau (1872-1949), au nom prédestiné et qui travailla pour la Poulenc Frères:

http://www.pasteur.fr/infosci/archives/fur0.html

D'après d'autres informations, il aurait été mis au point par une collaboratrice de Fourneau, Thérèse Boyer (1892-1978), ingénieur chimiste de son état et qui épousa précisément à cette époque Jacques Tréfouël (1897-1977), églement chimiste et  pour qui elle oeuvrait.

http://www.pasteur.fr/infosci/archives/trf0.html
http://www.pasteur.fr/infosci/archives/trt0.html

http://www.biam2.org/www/Sub509.html


Dans son entretien cité ci-dessus avec Bechtel, et dont nous ne possédons bien entendu que la relation de ce dernier, Canseliet a encore fait une étrange déclaration à propos de Sauvage:

"C'était un grand ami de Rouhier, dans la chambre duquel j'ai ensuite installé mon laboratoire." De Rouhier et comme ce dernier et Boucher de Champagne, puisque tous firent partie de la confrérie initiatique du Grand Lunaire:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-3112353.html

Alexandre Rouhier était pharmacologue de profession. Je me suis laissé dire qu'en fait sa thèse sur les plantes hallucinogènes d'Amérique du Sud avait été financée par...Poulenc (quatrième employé Poulenc). De même source on m'indique aussi que l'alchimiste Henri Coton, autre relation de Julien Champagne fut également employé par la même firme (cinquième employé Poulenc).

http://www.archerjulienchampagne.com/article-3552044-6.html

Comme il n'y a pas de hasard, le sixième employé Poulenc sur lequel je m'en vais maintenant achever ma petite démonstration, et qui est comme Barbe une employée, est bien plus proche encore de notre artiste.

Souvenez-vous, Sauvage et Boucher probablement aussi furent présentés à Champagne par une de ses cousines, qui travaillait chez Poulenc.

D'après un certain J.B., cette cousine s'appelait en fait Marguerite de Saint-Acheul, et était employée comme chimiste et comme Jules Boucher lui-même, aux usines chimiques Poulenc de Vitry-sur-Seine, dans les années 1922-1925:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-2357896.html

Julien Champagne se trouve donc bien, quelque part, "en famille" chez les Poulenc.


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3 juin 2007 7 03 /06 /juin /2007 18:00


Vous souvenez-vous de Carlos Larronde, dont le portrait est ici tiré par Chana Orloff? Nous avons déjà rencontré ce Veilleur, membre des Frères d'Elie de René Schwaller, en particulier lorsque nous avons évoqué la vie et l'oeuvre du maître verrier Richard Burgsthal:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-3826243.html

Comme Schwaller...et Julien Champagne, comme Burgsthal aussi, et d'ailleurs avec lui, Larronde a cherché à retrouver le secret peut-être alchimique des rouges et des bleus des vitraux médiévaux de la cathédrale de Chartres.

Soit, me direz-vous, mais quid novi sur Carlos? Et bien, mais un livre bien sûr, et même plusieurs. D'abord, il apparaît en 2005 et 2006 dans les ouvrages qu'Emmanuel Dufour-Kowalski a consacrés à Schwaller de Lubicz (L'oeuvre au rouge, L'Age d'Homme, 2005 et La quête alchimique, Archê, 2006):

http://www.archerjulienchampagne.com/article-6060781.html

Ensuite, figurez vous que notre Carlos Larronde est en fait surtout passé, ô bien discrètement, à la postérité parce qu'il fut (aussi) un des pionniers de la radio française de l'entre deux guerres.

C'est à ce titre principalement qu'un professeur émérite de l'université britannique de Leeds, Christopher Todd pour ne pas le nommer, vient de lui consacrer un essai à la fois inspiré et documenté, bellement  et d'ailleurs alchimiquement intitulé Carlos Larronde, poète des ondes (L'Harmattan, 2007).



En fait, selon Christopher, ce titre enviable de "poète des ondes" lui fut tout simplement donné par ses confrères journalistes.

Chère Sylvie, notre Carlos était en fait un basque girondin, même s'il naquit en 1888 en...Argentine. Très tôt, il manifesta des goûts particulièrement éclectiques. C'est ainsi qu'encore adolescent, il correspondit avec Camille Flammarion sur divers sujets d'astronomie.

Il lui dédia même un poème, car il fut très tôt féru de littérature comme de théâtre. En 1912, Larronde "monte" à Paris.

Et là, très vite, fréquentant le café littéraire à la mode de l'époque, La Closerie des Lilas, il rencontre successivement, en 1913, Milosz, puis sans doute grâce à ce dernier, Schwaller. La même année que Julien Champagne, et de surcroît au même endroit...

Avec ses amis Louise Lara et Claude Autant (le futur cinéaste) il fonde le Théâtre idéaliste et y donne libre court à son mysticisme (Claudel, Péguy, Barrès, Saint-Pol-Roux, Maeterlinck) et à son modernisme (Apollinaire, Marinetti, Honegger).

Au lendemain de la guerre, "Jacques d'Elie" et sa femme rejoignent à Saint-Rémy-lès-Chevreuse l'ordre des Veilleurs de Schwaller, dont il est considéré alors comme l'éveilleur. "Je n'instruis pas, j'éveille", écrira magnifiquement Rudolf Steiner.

Steiner dont le Goetheanum servit sans doute de modèle à Schwaller pour en 1922 transporter ses fidèles à la station scientifique Suhalia, près de Saint-Moritz, en Suisse. Larronde, que l'on voit ci-dessus dans l'habit de l'ordre en compagnie d'André Fourcine, Veilleur également, est de l'aventure, mais plutôt comme visiteur occasionnel.

Que fait-il là-bas? Profondément épris des joies du travail manuel, il apprend à travailler le verre. En fait, dès cette époque, il connaît aussi et suit dans leurs retraites successives le pianiste et maître verrier Richard Burgsthal et sa femme, la compositrice Rita Strohl, à l'"oeuvre" ou art cosmique de laquelle il consacrera un livre publié en 1931.

En 1922, Larronde est ainsi à Saint-Cyr-sur-Mer. "Au premier essai, j'ai réussi un beau verre d'un violet pourpre. Au deuxième, j'obtins des plaques du même bleu outremer qu'on admire à la cathédrale de Clermont et du bleu royal absolument pur qui fait la splendeur des vitraux de Chartres."

 

artcosmique.champagne


En 1925, Burgtshal et Larronde, que l'on voit ici crayonné par Luis de la Rocha,  autre Veilleur, passionné d'alchimie, et comme Champagne dessinateur et peintre, commencèrent à travailler pour les Monuments Historiques.

Ils restaurèrent ainsi les vitraux des cathédrales de Morsain, Carcassonne, Narbonne, et à Avignon ceux du Palais des Papes, et surtout on leur confia la réfection des verrières du choeur de la cathédrale d'Albi, achevée en 1929.

Pour Todd, cet épisode de la vie de Larronde est bien central: "il a tout quitté au début des années 1920 pour devenir maître verrier."

Entretemps, Carlos s'était épris de Charlotte Fourcine. Leur fils Olivier, né en 1927, devait lui aussi devenir plus tard écrivain...En 1929, Larronde regagne la capitale. Il reste pourtant ébloui par "ses vitraux."

C'est alors que commence vraiment sa carrière radiophonique, assez symboliquement par sa collaboration à la revue Lumière et radio. En 1935, Carlos Larronde "invente" le journal parlé moderne à Radio-Cité. Il passera à la radio d'Etat en 1938, et décèdera d'une crise cardiaque deux ans plus tard. Dans l'esprit de Carlos, la radio était d'abord un "huitième art."

Il ne faudrait pas pour autant méconnaître d'autres dimensions de sa riche personnalité: Larronde fut aussi le romancier cryptique du Parc aux chevreuils (1923), écrit "à clefs" où selon Alexandra Charbonnier il met en fait en scène Milosz et son entourage, l'essayiste lyrique de La couronne de l'unité (1930), le poète des Cristaux (1931) et de ses "haïkus"...



Enfin, il fut un pionnier de la critique et du théâtre radiophoniques. Ce théâtre qui d'ailleurs le passionna d'emblée, comme on l'a vu, et qui lui inspira des pièces aux titres "curieux", ou au choix parlants: La mort sera le réveil (1914), Le mystère de la fin du monde (1917), Le chant des sphères (1936), et un fantastique et utopique Sixième continent (1938).

Voulez vous que je vous fasse lire un peu de Larronde? Voici donc quelques pensées de lui, que je trouve significatives:

"Non, il ne faut pas considérer les auditeurs comme des aveugles...Ils sont des "sur-auditifs". Sachons leur donner tout ce que l'ouïe, le sens subtil et intérieur par excellence, peut accueilir de lyrisme, de rêve ou d'évocation. Sachons en faire des voyants."

"L'homme est un résumé de l'univers. il contient l'unité, son origine, la dualité, matrice de la création, la trinité qui crée, les quatre éléments qui construisent, les sept planètes à travers lesquelles la création s'accomplit."

Et finalement, de son inédit le plus important, intitulé Désir, âme du monde, ce titre d'un des chapitres: La vie est un chant.


Larronde a aussi en 1908 écrit une pièce en un acte, intitulée La chimère. En sa mémoire, je vous propose en ce jour de la Trinité cette chimère moderne, humoristique il est vrai mais finalement non moins réelle que d'autres. Elle me semble nous poser la même question oedipienne que le sphinx cher à Fulcanelli, et à Julien Champagne.





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8 mai 2007 2 08 /05 /mai /2007 13:38

Voulez vous un conseil? Allez au musée Carnavalet, et si vous voulez retrouver l'atmosphère des Soirées parisiennes de Julien Champagne:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-6323545.html

prenez rendez-vous au département des dessins et gravures, qui n'est accessible au chercheur que de cette façon. L'accueil y est excellent, et le dépaysement garanti.

C'est ce que j'ai fait moi-même ces derniers temps, et quand je suis arrivé à me persuader que le classement par auteur était inexistant, j'ai pu profiter des joies discrètes mais finalement incommensurables de la recherche par thèmes: moeurs, topographie, bals, concerts...

Après, naturellement, il faut se rendre compte qu'il y a des classeurs pour grands formats, et qu'il y a également ceux réservés aux petits. Mais au bout du compte le résultat a été significatif, sans compter que le bonheur est dans l'attente, comme disent -entre autres- les bédouins.

Nous connaissions déjà les numéros 3 et 5 de la série des Soirées: Concert à la chaussée d'Antin et Fête de banlieue.

Je peux vous dire que le 4 est consacré à un Thé au faubourg Saint Germain, auquel j'adorerais participer pour une foultitude d'excellentes raisons. Et je vous présente ci-dessus Un punch d'artiste (numéro 9).

Le numéro 11 s'intitule bizarrement Un lansquenet au quartier Brédal. Mais bien entendu je ne suis pas certain d'avoir en une visite épuisé les charmes du Carnavalet, je ne saurais être aussi prétentieux.

La signature imprimée de Champagne qui figure en bas à droite des gravures est peu lisible sur leurs reproductions en ligne, néanmoins si on les agrandit:

http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/23/43/31/antin.champagne.jpg
http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/23/43/31/banlieue.champagne.jpg

on obtient un résultat satisfaisant, que je vous livre ci-après:


Lithographie de J.Champagne donc, et je ne connais pas d'autre Champagne convenable au Bénézit actuellement.

Quant à l'imprimeur de cette série, il est parfois mentionné comme étant lui aussi parisien: "Paris, publié par E. Sinnett, édit. Galerie Colbert, 10."

Ce qui me conduit à évoquer illico une piste que vient à l'instant de me proposer une toute jeune ancienne étudiante de l'école des beaux arts d'Amstelodami, romancière à ses heures gagnées:

"Quand j'étais à mon école, je me souviens que les artistes, pour gagner leur pain, travaillaient souvent dans les ateliers de gravure.

Comme pour imprimer des estampes il faut une connaissance assez profonde de la chimie, il est possible que notre Champagne fut tout simplement  le graveur des Soirées parisiennes."

Je m'en voudrais de ne pas relever aussi l'intéressante hypothèse émise récemment par une bachelière ès Arts d'outre Atlantique, que je salue ici ainsi que son heureux mari:

En voyant les reproductions de ces images, elle a fait remarquer qu'on enseignait aux Beaux-Arts en 1900 ce qui se faisait commercialement en 1850, et que l'Art Nouveau, du point de vue académique, était alors une hérésie.

Donc elle propose que ces dessins sont possiblement des études exécutées lors de ses cours par Julien Champagne.

Supposition d'autant plus séduisante que cette époque est précisément celle du décès du dessinateur des gravures originales, Henri de Montaut...


J'en étais là de mes satisfactions et de mes frustrations, lorsque j'ai eu brusquement l'idée saugrenue de rechercher sur la "toile" d'autres images attribuées à J. Champagne. Bien m'en a pris!

Voici donc de la prestigieuse université nord-américaine de Princeton la collection Allison Delarue:

http://libweb5.princeton.edu/visual_materials/delarue/htmls/
http://libweb5.princeton.edu/visual_materials/delarue/Htmls/contacts.html

Mon propos n'est pas "à c'tte heure" de vous infliger une bio de ce gentleman, dont les anglicistes pourront aisément transcrire une présentation in situ:

http://libweb5.princeton.edu/visual_materials/delarue/Htmls/delarue.html

Passionné de théatre, de danse et de ballets, Allison Delarue s'est constitué au fil des ans une collection qui me paraît finalement avoir été au moins partiellement mise en ligne en 1999. Et bien, si précisément nous nous rendons ensemble à la rubrique des imprimés de ballets:

http://libweb5.princeton.edu/visual_materials/delarue/Htmls/printsVB.htm

nous découvrons une nouvelle estampe des Soirées parisiennes, le Foyer de l'Opéra:

http://libweb5.princeton.edu/visual_materials/delarue/Prints/154.jpg

Elle ne m'apparaît pas être numérotée, et je me demande si on ne perçoit pas la trace d'un grattage au bas de la gravure, qui est présentée on ne sait trop pourquoi comme réalisée "d'après Julien Champagne."

Le Foyer de l'Opéra, disons tout de même au passage que c'est aussi, après tout, l'Athanor de l'OEuvre.


Remember...En ce jour du 8 mai, celui du bleuet ou du chardon, comme le 11 novembre est pour l'éternité du coquelicot, "le vieillard d'aujourd'hui est l'enfant de demain."



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30 avril 2007 1 30 /04 /avril /2007 18:40


Oui, promis, je vous en dirai un peu plus bientôt sur les Soirées parisiennes de Julien Champagne.

Disons le mois prochain? C'est cela, au joli mois de mai...Mais en attendant, et à propos de floraison, que penseriez-vous d'un Lotus bleu?

Grâce à Dieu, et à son fidèle serviteur Dubosi, voici donc avec un tout petit peu de retard le produit
d'un article du périodique du même nom, précisément consacré au centenaire (1890-1990) de cette revue théosophique.


A tout seigneur, tout honneur, revoici d'abord "Krishna", supposé maître de Julien Champagne en alchimie et fondateur de l'éphémère Lotus rouge, qui précéda le bleuet:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-5695800.html

"C'était, nous rapporte Daniel Caracostea dans sa chronique lotusienne, un jeune homme originaire de Nantes, qui, après avoir hérité, avait décidé de fonder une revue théosophique qui pourrait vivre deux ans sur ce legs.

Sur la couverture on pouvait lire "sous l'inspiration de H.P. Blavatsky." Cette dernière fit supprimer son nom à partir du numéro de décembre 1888 car Gaboriau était devenu très caustique vis-à-vis des fondateurs dans ses notes éditoriales, après les problèmes survenus au sein de la société en France à l'automne de cette même année...

En dépit de ces notes désobligeantes, le Lotus avait acquis une solide réputation de sérieux. Les articles originaux poteraient, parmi d'autres, les signatures de Amaravella, de Charles Barlet, de Stanislas de Guaita, de Papus, de l'abbé Roca...

Le dernier numéro du Lotus daté de mars 1889 ne parut que vers août 1889." Exit donc le Lotus rouge.


Avant le Lotus bleu toutefois, disons un mot de l'intermezzo de la Revue théosophique:

"Le second journal théosophique français parut en mars 1889. La comtesse G. d'Adhémar qui en était la directrice ne savait pas que Gaboriau allait faire cesser la parution du Lotus...

Le nom de Mme Blavatsky apparaissait à nouveau mais comme rédacteur en chef. La durée de vie de la revue sera encore plus brève que celle de son prédécesseur puisque dans le numéro 12 de février 1890 la comtesse écrivait qu'elle était "obligée pour des motifs personnels d'abandonner la direction de la Revue théosophique."

D'après le commandant Courmes dont nous ferons la connaissance tout à l'heure, la comtesse qui était américaine dut quitter la France pour des affaires de famille.

Parmi les auteurs non encore mentionnés qui ont écrit dans sa revue, citons Joséphin Péladan, Eugène Nuss, et Arthur Arnould.


Il semble que ce soit Arnould (1833-1895) qui ait pris la décision de fonder le Lotus bleu au début de l'année 1890.

Cet écrivain avait été membre de la Commune en 1871 et à son retour en France d'une dizaine d'années d'exil écrivit sous le pseudonyme d'Arthur Mattey.

Il adhéra à la Société Théosophique en 1888 et la dirigea en France jusqu'à sa mort. Son nom de plume théosophique était Jean Matthéus.

Sa santé étant déficiente, il fut secondé de 1891 à 1893 par Amaravella (nomen d'Emile J. Coulomb).


Après la mort d'Arthur Arnould, la direction de la revue passa entre les mains du docteur Théophile Pascal (1860-1909).

Docteur en médecine, natif du Var, il adhéra à la Société en 1891. En 1898 une dépression nerveuse l'obligea à interrompre son travail et Mme Besant l'emmena en Inde pour rétablir sa santé...

A son retour en 1899 il fut élu secrétaire général de la section française qui venait d'être fondée; poste qu'il conserva jusqu'à sa mort.


Dès 1898 cependant la direction effective du Lotus bleu incomba à "M.Dac" alias Dominique Albert Courmes (1843-1914). Il la dirigea pendant 17 ans jusqu'à sa mort.

Il s'était engagé à 17 ans dans la marine et y avait servi pendant 35 ans. Il quitta le service avec le grade de commandant et adhéra à la Société en 1876. C'est lui qui traduisit La Doctrine Secrète en français.


Et nous en arrivons maintenant à Gaston Revel...pour ne presque rien vous carcher, si, si je maintiens le carcher, c'est d'ailleurs à lui que je voulais en venir.

Mais écoutons d'abord à son sujet Daniel Caracostea:

"Gaston Revel, nommé par le Conseil de la Société Théosophique, fut le quatrième directeur du journal...

Gaston Revel avait adhéré à la Société avec ses parents, son frère et son épouse. Il dirigea diverses revues dont Le Théosophe, ainsi que les Publications Théosophiques, ancêtre des éditions Adhyar.

En cette qualité il publia la première oeuvre de Mme Blavatsky, Isis Dévoilée, de 1913 à 1921. Il mourut vers la fin de l'année 1939."

Gaston Revel (1880-1939) fut en fait un des Veilleurs de René Schwaller. Son pseudo au sein de l'ordre intérieur était Paul d'Elie.

Dans sa revue Le Théosophe parurent d'ailleurs des articles de Schwaller et d'un autre ami de Julien Champagne, Pierre  Dujols.

Après sa séparation d'avec la Société Théosophique et la dispersion des Veilleurs, nous explique Alexandra Charbonnier, Gaston Revel, grâce à sa femme, l'excellente comédienne Marcelle Rueff, devint administrateur du théatre du Vieux-Colombier.


Et le Lotus bleu, me direz-vous? En 1919, après l'expiration du mandat de M. Revel, c'est Emile Point qui diriga la revue jusqu'en 1935...

En 1990, son "rédacteur responsable" était Françoise Caracostea.


Comme Schwaller et Dujols, comme aussi le disciple de ce dernier, Henri Coton, Julien Champagne adhéra à la Société Théosophique, si on en croit Geneviève Dubois.

De cette adhésion passagère, qui a peut-être cessé en 1919 avec l'émergence des Veilleurs, serait-il possible de trouver une trace au sein des archives de la section française de la "S.T."?

Et puisqu'on m'avait à tort laissé entendre que Daniel Caracostea avait quitté cette terre, je voudrais conclure par un salut amical  à son endroit, et clore mon articulet du jour par les dernières phrases de sa chronique:

"Et l'avenir? L'aspect extérieur du Lotus bleu a été modifié mais son but n'a pas changé depuis sa fondation:

Essayer par le biais de ses articles d'inciter ses lecteurs à chercher cette autre conscience qui réside en chacun de nous.

Conscience qui une fois réalisée nous fait ressentir l'unité de toute vie, et par là même la fraternité qui unit tous les êtres."



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