La planche XLI des Demeures Philosophales de Fulcanelli est curieuse à plus d'un titre.
Elle est intitulée "le chevalier de l'apocalypse" et représente une sculpture que l'on est supposé, d'après le livre, trouver au porche méridional de l'église saint Pierre de Melle (Deux Sèvres).
Elle se trouve en fait au portail nord d'une autre église de la même commune poitevine, cité qui d'ailleurs est située non loin des anciennes mines des rois francs: l'église saint Hilaire.
Cette église romane des XIème et XIIème siècles se trouve sur la route du pélerinage de saint Jacques de Compostelle. C'est la plus sculptée du pays mellois, et notre cavalier en ronde-bosse
en est précisément un des fleurons.
Il représenterait selon certains Constantin trimphant du paganisme. Tel n'est pas l'avis de Fulcanelli, pour qui le dessin de Julien Champagne représente bien "le chevalier mystique dont parle le visionnaire de Pathmos, qui doit venir dans la plénitude de la lumière et surgir du feu, à la manière d'un pur esprit."
Voici la description fulcanellienne de la scène ainsi représentée:
"C'est une grave et noble statue qui, sous une arcade en plein cintre, se dresse au-dessus du porche sud, toujours soumis, à cause de son orientation, au rayonnement solaire.
L'arc et la couronne lui sont remis au milieu de l'ineffable gloire divine, dont l'éclat fulgurant consume tout ce qu'il illumine. Si notre cavalier ne montre point l'arme symbolique, il est coiffé, néanmoins, du signe de toute royauté.
Son attitude rigide, sa haute stature annoncent la puissance, mais l'expression de sa physionomie semble empreinte de quelque tristesse."
C'est que l'humanité, "mûre pour le châtiment suprême, est figurée par le personnage que le cheval renverse et piétine, sans que le conducteur en marque le plus léger souci."
Que faut-il penser de cette confusion entre églises, et entre Nord et Sud, entre eau et feu? Est-elle voulue ou involontaire? Je préfère réserver ma réponse pour l'instant.
Je rappelerai seulement ici que l'apocalypse, ou révélation en grec, n'est pas seulement annonciatrice du destin du macrocosme, mais révèle aussi celui de la matière de l'alchimiste au sein du microcosme qu'il entretient au laboratoire. Ecoutons à nouveau Fulcanelli:
"La terre, comme tout ce qui vit d'elle, en elle et par elle, a son temps prévu et déterminé, ses époques évolutives rigoureusement fixées, établies, séparées par autant de périodes inactives. Elle est ainsi condamnée à mourir, afin de renaître."
Sursis au châtiment? La jambe avant droite du destrier biblique magnifiquement reproduit par Julien Champagne a disparu de notre cliché ci-dessous, bien sûr plus récent.
Dans une note de bas de page de l'édition Pauvert des Demeures Philosophales de Fulcanelli, Eugène Canseliet précise:
"La statue équestre que dessina Julien Champagne au début de l'été 1919 est mantenant mutilée en partie.
Le cavalier a perdu son pied droit, tandis que le cheval, sans doute sous le même choc, s'est trouvé amputé, à dextre également, de sa jambe antérieure qu'il levait en piaffant."
http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-36595286.html
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