Nous n'en avons certes pas fini avec la croix d'Hendaye (Hendaye de Champagne, 6 novembre 2006).
La planche XXXVII de l'édition Omnium Littéraire (1957) du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli y est également consacrée, et détaille cette fois les quatre faces du piédestal de cette "croix cyclique", toutes dessinées par Julien Champagne, même si son nom n'apparaît pas de nouveau.
Dans l'édition Pauvert, la planche photographiée qui lui correspond porte le numéro XLVIII. Voyons ce que ce piédestal a à nous dire.
La première face est la même que nous avions rencontrée sur la planche précédente, qui représentait le monument dans son intégralité, elle est donc d'une certaine façon répétée, comme pour souligner son importance.
C'est elle surtout qui est au pied (pes) de la croix, et donc on peut supposer que c'est elle qui supporte l'essentiel de la signification du monument.
Fulcanelli semble indiquer qu'elle est en relation avec la lettre S dont le déplacement souligne l'ésotérisme de l'inscription qui surplombe le soleil.
"C'est la trace hélicoïdale du soleil parvenu au zénith de sa courbe à travers l'espace lors de la catastrophe cyclique."
Fulcanelli ne commente guère la deuxième face du piédestal: "L'une porte l'image du soleil, l'autre celle de la lune."
Il la laisse donc volontairement dans une obscurité qui finalement sied bien à l'astre des nuits. Mais le sculpteur paraît en ayant ciselé un visage somme toute assez classique dans la tradition du symbolisme lunaire nous inciter à la regarder comme un pendant de la face solaire précédemment examinée.
Seulement celui-ci est vu de profil, de biais dirais-je presque...La lune, qui concentre l'humidité des rayons du soleil, qui préside aux marées, nous apparaît donc ici comme en quelque sorte s'éloigner de notre hémisphère.
On peut y voir a contrario une confirmation de ce que l'autre moitié du globe sera lors de la prochaine tribulation soumise aux eaux du Déluge.
Sur le troisième motif, Fulcanelli n'est pas plus disert que sur le précédent. "Le troisième montre une grande étoile."
Il n'y a sans doute pas que la dimension de cet astre à considérer, cependant. Cette étoile est il est vrai bien plus volumineuse que ses soeurs représentées sur le premier dessin, et qui entourent un soleil qui semble lui aussi avoir envahi le ciel...
Mais voyez comme notre étoile en diffère, à quatre petites étoiles à six branches, nombre de branches assez usuel en fait, répond d'une certaine façon "une seule étoile", mais géante pour le coup, et à huit branches, phénomène nettement plus rare.
On y a vu Vénus, je veux bien; mais cette étoile me semble plutôt emblématique, avant tout, du "grand roi l'effrayeur" nostradamique des derniers temps, bref de l'étoile Absinthe de l'Apocalypse.
La dernière face du piédestal est plus aisée, je trouve, à décrypter et d'ailleurs Fulcanelli s'attache longuement à la mettre en exergue.
Cette figure géométrique n'est autre, selon lui, que le schéma adopté par les initiés pour caractériser le cycle solaire.
"C'est un simple cercle que deux diamètres, se coupant à angle droit, partagent en quatre secteurs.
Ceux-ci sont chargés d'un A qui les désignent comme les quatre âges du monde, dans cet hiéroglyphe complet de l'univers, formé des signes conventionnels du ciel et de la terre, du spirituel et du temporel, du macrocosme et du microcosme, où l'on retrouve, associés, les emblèmes majeurs de la rédemption (croix) et du monde (cercle)."
Cette même face du piédestal de la croix d'Hendaye se retrouve à l'identique au pied d'une croix parente, que l'on peut admirer dans la même région basque, en ce petit village de Sare qui m'a il y a quelque temps accueilli pour un bref séjour estival.
O moun païs...Saran astia!
Cette croix hélas moins bien conservée que celle de l'église Saint-Vincent jouxte l'édifice paroissial de Sare et avait été en son temps signalée par Luis Otero dans son livre: Fulcanelli, une biographie impossible.
Elle est bien sûr à nouveau mentionnée par Axel Brücker dans son ouvrage plus récent: Fulcanelli et le mystère de la croix d'Hendaye.
A l'inverse, elle est ignorée dans le livre de Jay Weidner et Vincent Bridges : The mysteries of the great cross of Hendaye, que cite Brücker et sur lequel nous reviendrons peut-être.
Curieusement, il y a tout de même au moins un point commun entre ces deux ouvrages sur la croix d'Hendaye: "Otero? Connais pas." How strange!
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