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  • : Site consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.
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...consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.


Peintre et dessinateur, Julien Champagne est surtout connu de nos jours pour avoir illustré les ouvrages de Fulcanelli, un mystérieux alchimiste contemporain.

Et pourtant, il figure au Bénézit, la "Bible" internationale des créateurs. Et suivant son ami Eugène Canseliet, il fut bien un maître du pinceau et du crayon.

C'est à la découverte de cet artiste méconnu, mais profondément attachant, que je voudrais vous inviter. Je voudrais aussi vous demander de ne pas hésiter à enrichir mes articles de vos propres commentaires et de vos découvertes personnelles.

Bon voyage donc au pays légendaire de Julien Champagne.

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8 octobre 2006 7 08 /10 /octobre /2006 18:23


Dans son livre Fulcanelli dévoilé (Dervy, 1992 et 1996), Geneviève Dubois affirme que Julien Champagne séjourna un certain temps près de Bourges:

"En 1921 Jean-Julien Champagne est invité à venir travailler sur le tracé d'un plan de réfrigirateur au chateau de Léré, dans le Berry.

Cette demeure appartient à Pierre, l'un des fils de Ferdinand de Lesseps."

Rappelons au passage que Serge Hutin identifiait précisément Fulcanelli à Pierre de Lesseps (revue Le monde inconnu N°118, 1990).

"Le constructeur du canal de Suez, précise Dubois, avait acheté cette propriété laissée à l'abandon avec l'argent provenant de la vente d'un bien situé près de Paris et appartenant à sa belle-mère.

Il fit cultiver les terres, construisit une ferme modèle et restaura le vieux chateau, possession d'Agnès Sorel."

Geneviève a apparemment tiré ces dernières informations d'un article de Ferdinand de Lesseps: Trente ans de ma vie, paru en 1887 dans la Nouvelle Revue. Curieux tout de même, de voir apparaître dans ce paysage la favorite de Charles VII, que l'alchimiste Jacques Coeur fut accusé d'avoir empoisonnée, alors qu'il fut au moins son ami.

A Léré, poursuit Dubois, "J.Champagne enseigne également le dessin. Il utilise aussi, à volonté, le laboratoire mis à sa disposition pour continuer ses expériences alchimiques.

Mais il reste peu de temps dans le Berry puisqu'en 1922 il revient à Paris."

Une autre version de ce séjour dans le Cher de Julien Champagne se trouve dans le "dossier Fulcanelli" du numéro IX des Cahiers de la revue La tour saint Jacques (numéro spécial Parapsychologie, 1962), sous la plume de Robert Ambelain:

"En 1921, Ferdinand de Lesseps fit construire au chateau de Leroi un laboratoire d'alchimie destiné à son propre fils qui commença à y travailler avec Champagne pour maître...

Nous n'avons pu identifier le chateau de Leroi, et ne sommes même pas certain de l'orthographe du nom.

Peut-être s'agit-il du chateau de Leré, dans l'arrondissement de Bourges, qui appartient maintenant à la famille Varenart de Billy...

C'est durant son séjour au château de Leroi, où il était "officiellement" professeur de dessin du jeune de Lesseps, que Champagne connut les sculptures de l'hotel Lallemand (sic), à Bourges...

Combien de temps demeura-t-il au château de Leroi? Nous ne savons, mais il est certain que, arrivé en 1921, il en était parti en 1922."

Dans la même revue, Eugène Canseliet répliquant à Ambelain propose encore une autre orthographe pour ce château, et paraît considérer que Champagne y a résidé plus longtemps que ne le pensent Ambelain et Dubois, avant de rejoindre comme lui la rue Rochechouart à Paris:

"Quant aux livres, ils étaient à peu près absents de sa mansarde qui, probablement, n'avait pas douze mètres carrés de superficie et se montrait fort semblable à la mienne, louée, elle aussi, au retour de Loroy, dans le printemps de 1925."

Relevons enfin le fait que dans son livre paru en 1976, The alchemist of the rocky mountains (Paracelsus Research Society), l'alchimiste américain Frater Albertus (Richard Albert Riedel, 1911-1984) affirme que Fulcanelli opéra en 1937 une transmutation devant témoins au château de Léré, près de Bourges, château qui était alors la propriété de Pierre de Lesseps:

http://homepages.ihug.com.au/~panopus/rockymts/chapt4.htm

Walter Grosse pour sa part, dans son blog consacré à Fulcanelli, estime que Léré appartenait à Paul de Lesseps:

http://www.fulgrosse.com/article-3362253.html

Sur Paul de Lesseps, on pourra se reporter à mon article Champagne et Paul de Lesseps du 23 juillet 2006. Le château de Léré existe bien en tout cas, il est même classé monument historique depuis...1922:

http://www.patrimoine-de-france.org/oeuvres/richesses-23-8092-64309.html#fiche

Cette demeure, oeuvre de la famille de Louzeau, et dite château de Villattes, remonte à la fin du XVème siècle ou au début du XVIème.

Elle est aux dernières nouvelles propriété d'une société privée. Mais je n'ai pu établir pour l'instant de lien confirmé avec la famille de Lesseps.

J'aime beaucoup, en tout cas, ce qui est dit sur le site ci-dessus de son oratoire, aménagé dans la tour d' angle nord-est; il présente un rare décor peint à la fin du XVIIème siècle : dans une architecture de marbre feint, les seigneurs de Villattes invoquent le Saint-Esprit.

Quant à Loroy, située également en Berry, il s'agit en fait d'une abbaye cistercienne du XIIIème siècle, hélas ruinée au cours des guerres de religion.

Alain-Fournier y aurait situé le cadre de l'étrange fête de son roman récemment porté à l'écran: Le grand Meaulnes. "Féérie pour une autre fois", eût conclu Louis-Ferdinand Céline.


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6 octobre 2006 5 06 /10 /octobre /2006 21:24



Voici maintenant une oeuvre de Julien Champagne en couverture d'une revue. Cette première ne sera sans doute pas la dernière.

Vous avez bien sûr reconnu le frontispice du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli, déjà plusieurs fois évoqué ici (Champagne et Fulcanelli, 31 janvier 2006, Champagne en 1912, 17 juillet 2006, et D'Henri Chacornac à Champagne, 26 juillet 2006).


La revue dont il s'agit est Initiation et Science, revue des époux Lavritch, qui annonce ainsi dans son numéro 44 de 1957 la réédition des ouvrages de l'Adepte dévolu au XXème siècle (deuxième édition des livres de Fulcanelli, confer mon post Julien Champagne à l'Omnium Littéraire, 9 mars 2006).

Dans cette même livraison d'Initiation et Science, on peut lire un intéressant article de Claude d'Ygé, intitulé Le Mystère des Cathédrales et l'énigme Fulcanelli.


Dans cet article, Claude d'Ygé de Lablatinière (1912-1964) passe en revue deux hypothèses émises quant à l'identité de Fulcanelli: Fulcanelli serait Pierre Dujols ou Julien Champagne.

Rappelons à ce propos l'étroitesse des liens entre Julien Champagne et le libraire et ésotériste Pierre Dujols de Valois, ami proche de Fulcanelli (Julien Champagne et le libraire du merveilleux, 19 avril 2006). Mais qui est Claude d'Ygé?


Pour Serge Hutin, dans le numéro 63 d'Initation et Science (1965), il fut initié à l'alchimie par son père, qui était avocat.

Je suis certain qu'entre les deux guerres mondiales il fut un proche du cénacle d'ésotéristes que l'on trouvait dans l'entourage de Maryse Choisy comme CJF l'écrit dans sa préface à l'édition Bailly de son deuxième ouvrage publié.

On doit notamment en effet à Claude d'Ygé deux anthologies hermétiques de qualité, préfacées toutes deux par Eugène Canseliet, Anthologie de la poésie hermétique (Montbrun, 1948, puis Dervy, 1976) et Nouvelle Assemblée des Philosophes Chymiques, Dervy, 1954 et 1972, puis Bailly, 1991).

Dans cette dernière édition, on pourra lire également le texte de d'Ygé sur les Rose-Croix et les rosicruciens, paru en 1936 dans le premier numéro de la revue Les études mystérieuses. La même année, il avait publié un article dans Consolation, "la revue de Jules Boucher et Maryse Choisy."

Parmi les proches de d'Ygé à cette époque, on peut citer, outre Eugène Canseliet, Alexandre Rouhier, Robert Ambelain, Gaston Sauvage...On est vraiment très près,ici, de Julien Champagne. Mentionnons aussi sa relation avec Pierre Geyraud, alias Pierre Guyader, connu pour ses ouvrages sur l'occultisme à Paris, et que nous avons rencontré en évoquant le Grand Lunaire.

Claude d'Ygé aurait également participé aux activités du groupe inspiré et dirigé à Montparnaux par la sulfureuse Maria de Naglowska, qui édita en 1932, l'année même de la mort de Champagne, La lumière du sexe (Editions de la Flèche, chez l'auteur).

D'Ygé aurait fait partie de ses disciples sous le nomen de Frater Lug. Après 1945, il fut employé à la librairie ésotérique parisienne Saint-Jacques. Il manifesta l'intention d'en ouvrir une lui-même, mais "Le Songe Verd" ne vit jamais le jour.

Il était alors un ésotériste connu et reconnu, fréquenté notamment par Henri Hunwald, René Alleau, Bernard Husson et...Michel Butor, qui sera plus tard l' auteur il est vrai du très alchimique Portrait de l'artiste en jeune singe (1967).



Selon CJF, d'Ygé serait également l'inspirateur, pour le moins, de l'Anthologie de l'alchimie de Bernard Husson (Belfond, 1971).

Quand la mort emporta Claude d'Ygé, il préparait une nouvelle édition très augmentée de son premier livre, ainsi que deux ouvrages plus personnels: Le symbolisme des pierres précieuses, pour lequel il s'était fait conseiller par Alexandre Rouhier, et Verbe, son et lumière.

Le manuscrit de ce dernier travail, en particulier, semble avoir mystérieusement disparu. Les deux, en fait, pour CJF.


Le premier livre paru de Claude est significativement  dédié "aux F. de la Fraternité d'Héliopolis qui date de toujours."

Pour nous faire une petite idée de la qualité et de la hauteur de la pensée de ce libraire bibliopole dont le parcours me fait finalement penser à celui de Pierre Dujols, voici pour terminer un court extrait de son deuxième ouvrage édité:

"Que ceux qui pensent que l'Alchimie est strictement de nature terrestre, minérale et métallique, s'abstiennent.

Que ceux qui pensent que l'Alchimie est uniquement spirituelle s'abstiennent.

Que ceux qui pensent que l'Alchimie est seulement un symbolisme utilisé pour dévoiler analogiquement le processus de la "Réalisation spirituelle", en un mot, que l'homme est la matière et l'athanor de l'OEuvre, qu'ils abandonnent."

http://touscesgens.hautetfort.com/archive/2007/01/12/d-yge-de-lablatiniere-claude-d.html



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3 octobre 2006 2 03 /10 /octobre /2006 12:42

 

 

 

 

 

 

Dans mon dernier message consacré à Maryse Choisy (Julien Champagne entre chien et chat, 21 septembre 2006), je n'avais pas tort, finalement, de vous recommander son livre Sur le chemin de Dieu on rencontre d'abord le diable (Emile-Paul, 1977).

Cet ouvrage, qui en fait relate ses mémoires de 1925 à 1939, la révèle effectivement d'abord pour ce qu'elle est, c'est-à-dire une femme forte, à la personnalité à la fois...fragile et affirmée, bref attachante.

Oh dans ces "mémoires d'une pudique impudeur", il n'est pas directement question de Julien Champagne, bien sûr.

Mais on y retrouve, tenez, René Guénon, rencontré chez Paul Bourget, vers 1925 justement:

"Soudain je fus prise d'une crise de prophétie.

- Vous ne resterez pas à Paris. Vous retournerez en Orient. Non, pas en Asie...Plutôt en Méditerranée. Vous deviendrez une sorte de demi-dieu. Vous serez suivi par toutes les personnes qui recherchent les vérités secrètes. Une doctrine sortira de vous...

Il répliqua sur le même mode d'outre-monde, la voix vêtue de voiles:

- Vous aussi, vous deviendrez très célèbre...Mais les gens ne comprendront pas de suite votre rire. Vous serez grande."

Rapprochons-nous encore d'"Hubert", et voici l'inquiétant docteur Alexandre Rouhier (Champagne au Grand Lunaire, 25 juin 2006), et cette fois, en outre, c'est la peintre qui parle, après la deuxième guerre mondiale et le grave accident  qui frappa Maryse en 1945, lequel lui inspire un tableau:

"Ca commençait à ressembler à un paysage un peu terrifiant...de l'eau sous les montagnes, un défilé, un vieux Temple...

Dans le catalogue de la galerie de la rive gauche où j'exposai mes oeuvres en 1947, cette toile portait le titre de Temple englouti.

Enthousiasmé par le quelque chose d'étrangement inquiétant qui se dégage de cette peinture, le Dr Rouhier tint à l'accrocher dans sa librairie Véga.

J'eus beaucoup d'occasions de la vendre. J'ai refusé. Je ne saurais dire pourquoi j'y tiens."

Mais revenons à l'époque de Julien Champagne, et sans nous éloigner pour autant du soufisme guénonien retrouvons en 1932...Carlos Larronde (Le maître verrier et Julien Champagne, 21 septembre 2006).

"Mon premier maître fut soufi. Il se nommait Richardson. Selon la coutume musulmane nous l'appelions Murchid.

Ses disciples étaient des écrivains et des journalistes. Fernand Divoire m'introduisit dans ce cercle où je revis Carlos Larronde, qui était quelqu'un d'important à la radio.

Murchid nous enseigna la méditation, le vide, le lotus et quelques autres exercices de yoga. Un peu courte, sa philosophie. En revanche, son intuition nous étonnait."

En fait, Richardson prédit l'assassinat du président de la République Paul Doumer, survenu la même année. Curieusement, toujours en 1932, Ralph Soupault caricaturait dans le magazine Comoedia un gouvernement de femmes, où Choisy était Président du Conseil...

"Cet événement nous secoua", commente brièvement Maryse Choisy à propos de la disparition de Paul Doumer, et non de la mort de Champagne. Et elle ajoute aussitôt:

"Moi je créai un hebdomadaire ésotérique: Votre Bonheur, puis Consolation. Henri Bergson me donna un brillant article pour le premier numéro...

Après quelque temps, je me vis entourée de petits mages qui rêvaient d'aventures faustiennes. Ils évoquaient un ange dont le nom se terminait en ael et s'étonnaient qu'il cassât de la vaisselle.

Après Péladan je découvrais qu'il était dangereux de fréquenter des alchimistes et des groupes d'occultistes sans être rattachée à quelque vraie et grande Eglise.

Je cherche Dieu dans tous les cieux. Depuis trois ans je suis inquiète. Je demande des prêtres à tous mes amis...Il y a beaucoup de demeures dans la maison du Père."

Voilà qui, je crois, est clair. Nous reviendrons plus tard, j'espère, sur Votre Bonheur et Consolation.
Dans l'attente, je vous propose de savourer avec moi la première et la dernière phrase de ces mémoires de Maryse Choisy, dont le titre me rappelle beaucoup cette citation du "grand intuitif" que fut Emile-Jules Grillot de Givry, in Le Grand OEuvre: Celui qui ne descend pas ne montera pas:

http://www.evene.fr/tout/grillot-de-givry

"J'écris pour les berceaux...je regarde le monde avec des yeux qui ne sont pas encore nés. Dans le lait de la tendresse humaine je verse l'élixir de ma propre vie." Et

"Tant que mes projets s'inscriront dans le plan du cosmos, il ne peut rien m'arriver de fâcheux. Mon Dieu, que votre volonté soit faite!"

 

Ou encore, dans L'être et le silence (éditions du Mont-Blanc, Genève, 1964):

 

"Peut-être ne puis-je écrire que pour les berceaux?". Et ibidem, "tout vieillard qui ne s'est pas construit un corps glorieux retombera en enfance."

http://touscesgens.hautetfort.com/archive/2007/09/02/maryse-choisy.html

 

mc.champagne

 

 

Plus près encore si c'est possible de l'alchimie, lisons ensemble ce bref et beau poème extrait de son recueil Fugues (Jean-Renard, Paris, 1942):

 

Déjà curieusement intitulé Harmonie des sphères, il s'achève de façon éloquente ou comme on voudra limpide: "Dans l'Athanor le ciel vient boire."

 

mcathannor.champagne

mc1942.champagne

 

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2 octobre 2006 1 02 /10 /octobre /2006 11:27


Il est peut-être opportun que je vous signale la parution de la deuxième partie de mon petit article sur Julien Champagne dans la livraison de ce mois de l'excellente revue électronique mensuelle de Thierry Emmanuel Garnier, La lettre de Thot (N°46, octobre 2006):

http://thot-arqa.org/arcadia/accueil.html

Je suppose que votre attention aura été attirée, quand vous aurez lu ces quelques lignes, par les illustrations qui se trouvent à la fin de l'articulet en question, et que je reproduis ici.

Le thème du dessin de Julien Champagne dont il s'agit nous est déjà connu, puisque nous en avons déjà traité en son temps (Champagne aux métaux planétaires, 7 avril 2006). Il s'agit, à nouveau, d'une des planches originales du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli, qui a été illustré par Julien Champagne.


Le dessin du haut était jusqu'alors inédit. Il avait été confié à la revue Arcadia, à fins de publication, par le libraire parisien Dominique Nicol, que nous avons déjà rencontré (De Nadar à Champagne, 7 mai 2006), et dont la librairie L'Oiseau Livre:

http://www.galaxidion.com/oiseau/

semble décidémment être une mine ouverte à l'attention du chercheur.

Ce dessin est actuellement détenu en collection privée.
Voici donc une sûre indication du fait que les planches originales des Fulcanelli n'ont pas disparu en totalité.

Cette excellente nouvelle nous permet à l'évidence d'augurer d'autres découvertes à venir, d'oeuvres déjà connues ou non de Julien Champagne.

Et sans vouloir faire de peine à Evelyne Segaud, au contraire, ni d'ailleurs aux éditeurs successifs des Fulcanelli, quelle qualité de trait, quand on compare cette épreuve aux reproductions jusqu'alors offertes aux lecteurs du Mystère des Cathédrales, quel talent!

 

On pourra d'ailleurs admirer une nouvelle reproduction du travail à la gouache de Julien Champagne dans l'excellent site La rue de l'alchimie, qu'Ibrahim vient opportunément de mettre à jour début 2009:

 

http://hermetism.free.fr/Julien_Champagne_Metaux_planetaires.htm

 



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1 octobre 2006 7 01 /10 /octobre /2006 19:13


Au tournant du mois, je vous propose de revenir sur l'astrologie de Julien Champagne, avec laquelle nous nous sommes déjà familiarisés par deux fois (Astrologie de Champagne, 28 mai 2006, et Champagne en verseau, 10 juin 2006).

Ce coup-ci, l'horoscope d'Hubert est tiré par Evelyne Segaud, que nous avons également rencontrée à deux reprises (Julien Champagne versus Evelyne Segaud, 8 avril 2006, et Julien Champagne en Eliphas Lévi, 10 septembre 2006).

Le thème natal ci-dessus est tiré de son livre Pourquoi Jean Julien Hubert Champagne était bien Fulcanelli, les preuves (L'auteur, 2001). Je crois que le mieux est de lui laisser la parole:

"La meilleure façon de parvenir au résultat, c'est de déterminer si Jean Julien Hubert Champagne avait bien les capacités requises, non seulement pour rédiger mais surtout pour créer Le Mystère des Cathédrales et Les Demeures Philosophales.

Le meilleur moyen d'y parvenir est d'analyser son thème astrologique natal, et particulièrement les données correspondant à la carrière professionnelle grâce à laquelle il resterait connu. Regardons pour cela où le Milieu du Ciel (MC) prend naissance, et quels sont les planètes et astéroïdes qui occupent la maison X.

Le MC prend naissance en Capricorne, à 2°, ce qui donne une maison X sous une puissante influence saturnienne. Rappelons, pour ceux qui ont fait un peu d'astrologie, qu'une maison X capricornienne implique, bien sûr, un désir de gloire, mais signifie également une notoriété arrivant en général en fin de vie, à moins bien sûr que le Soleil ou une fécondation lunaire soient présents.

Or, Le Mystère des Cathédrales parut en 1926, Les Demeures Philosophales en 1930, et Julien Champagne mourut en 1932, sans avoir beaucoup profité de la notoriété qu'auraient pu lui donner ses ouvrages.

La maison X trouve de l'aide auprès des signes zodiacaux suivants: Verseau (demi-sextile), Lune noire moyenne en Verseau (demi-sextile), Soleil en Verseau (demi-sextile). Nous retrouvons ici l'importance saturnienne, puisque le Verseau est une autre demeure de Saturne, bien qu'avec un symbolisme différent de celui du Capricorne.

C'est en effet le siège de l'Idéal humain, des groupements sociaux, de la technologie et de la recherche. Or ici la Lune noire moyenne, en conjonction avec le Soleil, féconde particulièrement ce signe, offrant une aide précieuse, dans le domaine de la recherche, à la réalisation de la carrière.

Continuons: Saturne en Poissons se trouve en sextile avec le MC Capricorne, c'est-à-dire qu'il participe activement à sa propre réussite, aidé de plus par le demi-sextile entre le MC et son autre demeure le Verseau. Une parfaite harmonie saturnienne!

Saturne se trouve ici en Poissons, en maison XII, celle des choses occultes, donc de l'occultisme, comprenant la religion. Saturne religieux, en sextile avec le MC, relié (à 1° près) par demi-sextile au Soleil en Verseau, signe de la recherche, représente donc l'aide apportée par la religion au domaine de la recherche, aboutissant à la carrière professionnelle. Résultat: Le Mystère des Cathédrales.

Le MC forme ensuite un trigone avec Neptune en début Taureau d'une part, et Chiron en fin de Bélier d'autre part, le tout en maison I (celle de la personnalité, de l'ego). Chiron, ce savant puissant, se trouve en Bélier, signe créatif par excellence puisque celui de l'énergie primitive ayant servi à créer êtres et choses, en conjonction avec Neptune l'inspirateur, et le Taureau, domaine de la vache féconde, de la bonne nourriture et de la cuisine.

Or deux arts nécessitent les mêmes qualités: la cuisine et la chimie, puisque dans les deux cas il s'agit de combiner des éléments en vue d'un résultat escompté. Le don pour la science chimique offre ici un terrain propice à la réalisation de la carrière. Par ailleurs, l'alliance Chiron-Neptune, Chiron se trouvant en Bélier, permet à l'inspiration neptunienne de guider la créativité du savant Chiron.

Voyons maintenant les aspects figurant sur l'autre côté du MC. Jupiter, à 23° en Sagittaire, est en conjonction avec la maison X. Jupiter, maître du Sagittaire, est ici chez lui et doublement, puisqu'en maison IX, amplifiant le secteur de l'ésotérisme qui, grâce à la conjonction de la planète avec le MC, jouera un rôle capital dans la réalisation de celui-ci, d'autant que le MC se trouve de plus en demi-sextile avec le signe du Sagittaire.

Nous trouvons ensuite un sextile MC - signe du Scorpion. Le sextile MC - Scorpion représente l'alchimie "fertilisant" le MC pour aider à sa réussite. Nous avons ensuite un trigone MC - signe de la Vierge, signe dominé par Mercure le rationaliste, qualité essentielle à la recherche quelle qu'elle soit.

Un quiconce avec le Lion, signe dominé par le Soleil, et Priape, symbole d'une activité inlassable, le tout en maison V, maison des enfants, qu'ils soient de chair, de pensée ou d'art, nous donne une idée de l'importance des oeuvres réalisées pour la carrière.

Enfin, dans la maison X elle-même, nous trouvons: Pallas en parfaite conjonction avec le MC, en conjonction avec Vénus et Cérès, celle-ci étant en conjonction avec Vesta, elle-même en conjonction avec la maison XI.

Nous avons ici, dans la définition du rôle joué par Pallas (ou Palladion), étant donné le sextile qu'elle forme avec le signe alchimique du Scorpion, un rapport évident avec l'alchimie, point fort du natif. Prédestination alchimique s'il en fut d'avoir, en parfaite conjonction avec le MC, cette Pallas ou Palladion!

Dans le thème, Pallas est en conjonction avec Vénus, maîtresse du signe de la Balance, domaine du couple, des associations, de la justice, de l'art, mais aussi de la religion. Vénus est aussi maîtresse du Taureau, ce signe donne parfois un don pour la chimie.

Dans le cas de Champagne, Vénus agit sous son triple aspect: art (peinture), religion (les peintures illustrant Le Mystère des Cathédrales) et chimie.

La Vénus de Champagne est particulièrement fécondée par:

- un sextile Noeud lunaire Nord - Saturne en Poissons en maison XII (peinture des oeuvre religieuses en rapport avec l'alchimie: conjonction Vénus - Pallas - MC)

- un trigone avec la Lune en Taureau en maison I, la Lune étant elle-même en conjonction avec Neptune l'inspirateur (travaux d'art)

- un demi-sextile avec Junon en Sagittaire en maison VIII (alchimie-ésotérisme)

- un trigone avec le Noeud Sud en Vierge (méthode et rationalisme)

- un demi-quintile avec la Lune noire vraie en Verseau en maison XI (technique, recherche)

- un demi-quintile avec le signe du Sagittaire (ésotérisme)

- un bi-quintile avec le signe des Gémeaux (communication, écriture)

- sa conjonction avec Cérès, déesse de la moisson, la rend particulièrement féconde, d'autant que cette dernière est aidée par:

. un demi-sextile avec Mercure en Verseau XI (intellect donnant des dons pour la technologie et la recherche d'autant plus poussés que Mercure est en conjonction avec le Soleil et les deux Lunes noires, vraie et moyenne)

. un sextile avec le Noeud Nord en Poissons en XII, lui-même en conjonction avec Saturne (religion, occultisme)

- un trigone avec la Lune en Taureau (art, alchimie)

- un quinconce avec la maison III (communication, écriture)

- un demi-sextile avec la maison IX (ésotérisme)

- un trigone avec le Noeud Sud en Vierge (méthode, rationalisme)

- un demi-quintile avec Mars en Sagittaire en maison VIII (travail alchimique et ésotérisme)

- un quintile avec le Scorpion (alchimie).

La conjonction de Cérès avec Vesta, déesse indiquant où brûle la flamme intérieure du natif (ici en Capricorne, maison X, indiquant le désir de gloire), assure la réalisation de ce désir. Or Cérès se trouve en conjonction, non seulement avec Vesta et Vénus, mais aussi avec le MC et Pallas, dont nous avons vu le rapport avec l'alchimie.

De tout ce qui précède, on peut tirer les conclusions suivantes, absolument évidentes: les dons de peintre de Jean Julien Hubert Champagne n'ont eu comme utilité que d'aider à la réalisation de la carrière que lui imposait son destin: la recherche alchimique, ceci de diverses façons: conrètement (pratique de la science alchimique), étude des philosophies ésotériques, peinture et enfin écriture.

Le MC de Champagne, par sa conjonction avec Pallas ou Palladion, indiquait une spécialisation sans équivoque: l'alchimie, point fort du natif. Il devint un excellent peintre, mais manqua toujours, dans ce domaine, de ce que l'on a coutume d'appeler le génie."

Voire...


Pousuivant notre petit tour du monde des publications fulcanelliennes, je voudrais pour terminer signaler aujourd'hui l'abondance des éditions hispaniques, à l'intention de nos amies et amis espagnols et hispanophones.

Cette couverture de Las Moradas Filosofales (Les Demeures Philosophales) de Fulcanelli est celle de l'éditeur Plaza & Janes, à Barcelone, en Espagne, en 1969. Elle s'inspire pour l'essentiel de l'édition Pauvert de 1965 et elle est bien complète des préfaces d'Eugène Canseliet

Elle sera réimprimée en 1973. En 1977, Plaza & Janes en était à la cinquième édition...En 2000 les Ediciones Indigo ont à leur tour publié les Demeures Philosophales, toujours "en Barcelona."

En 1989, Miguel Anguel Munoz Moya les a éditées également, mais...à Séville. A ma connaissance, il n'a toutefois fait paraître que le premier tome des Demeures.



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29 septembre 2006 5 29 /09 /septembre /2006 13:18


La sixième série des caissons alchimiques de la galerie haute du chateau de Dampierre-sur-Boutonne, dessinée par Julien Champagne, constitue la planche XXXI de l'édition originale des Demeures Philosophales de Fulcanelli.

Ce dessin de Julien Champagne est également reproduit dans l'édition Pauvert, où la planche correspondante porte le numéro XXXIII. Passons comme à l'accoutumée ces caissons en revue, l'un après l'autre.


"Là où Louis Audiat reconnaît la figure de Dieu le Père, nous voyons simplement celle d'un centaure, qu'une banderole, portant les sigles du sénat et du peuple romain, cache à demi. Le tout porte un étendard dont la hampe est solidement fichée en terre", explique Fulcanelli.

"Il s'agit donc bien, poursuit-il, d'une enseigne romaine, et l'on peut conclure que le sol sur lequel elle flotte est lui-même romain. D'ailleurs, les lettres .S.P.Q.R. abréviatives des mots Senatus PopulusQue Romanus accompagnent ordinairement les aigles et forment, avec la croix, les armes de la Ville éternelle."

Pour cet auteur, les alchimistes nomment terre romaine et vitriol romain la substance terrestre qui fournit le dissolvant des Sages, sans lequel il serait impossible de réduire les métaux en eau mercurielle, ou, si l'on préfère, en vitriol philosophique.

Fulcanelli semble alors indiquer que ce vitriol est double, et cite à ce propos Basile Valentin: "L'on peut, de Mars et de Vénus, faire un magnifique vitriol dans lequel les trois principes se rencontrent, lesquels servent souvent à l'enfantement et production de notre pierre."


Le sujet de ce bas-relief est assez singulier, selon Fulcanelli. "On y voit un jeune gladiateur, presque un enfant, s'acharnant à taillader, à grands coups d'épée, une ruche emplie de gâteaux de miel et dont il a ôté le couvercle. Deux mots en composent l'enseigne: .MELITVS.GLADIVS. Le glaive miellé."

Pour l'auteur, cet acte bizarre d'adolescent fougueux et emporté, livrant bataille aux abeilles comme Don Quichotte à ses moulins, n'est au fond que la traduction symbolique du premier travail, variante originale du thème si connu et si souvent exploité en hermétisme, le frappement du rocher.

"Le gladiateur tient la place de l'alchimiste. La jeunesse du personnage exprime cette simplicité qu'il faut savoir observer tout au long de l'ouvrage. D'autre part, si l'Adepte de Dampierre accorde la préférence au gladiateur, c'est pour signifier que l'artiste doit travailler ou combattre seul contre la matière."

Quant à la ruche, elle doit le privilège de figurer la pierre à cet artifice cabalistique qui fait dériver ruche de roche par permutation de voyelles.

"Les maîtres de l'art nous affirment qu'il faut commencer par frapper la pierre, roche ou ruche, qui est notre matière première, avec l'épée magique du feu secret, afin de déterminer l'écoulement de cette eau précieuse qu'elle renferme dans son sein. Car le sujet des sages n'est guère qu'une eau congelée."


"Le soleil, perçant les nues, darde ses rayons vers un nid de farlouse, contenant un petit oeuf et posé sur un tertre gazonné. Le phylactère, qui donne au bas-relief sa signification, porte l'inscription: .NEC.TE.NEC.SINE.TE. Non pas toi, mais rien sans toi."

Allusion au soleil, père de la pierre, suivant Hermès et la pluralité des philosophes hermétiques, avance Fulcanelli.

"L'astre symbolique, figuré dans sa splendeur radiante, tient la place du soleil métallique, ou soufre."

C'est ce soufre, conjoint au mercure, qui collabore à la génération de l'oeuf des philosophes en lui donnant la faculté végétative.

"Ce père réel de la pierre est donc indépendant d'elle, puisque la pierre provient de lui, d'où la première partie de l'axiome: nec te; et comme il est impossible de rien obtenir sans l'aide du soufre, la seconde proposition se trouve justifiée: nec sine te."


"Clos de son étroit couvercle, la panse rebondie mais fendue, un vulgaire pot de terre remplit, de sa majesté plébéienne et lézardée, la surface de ce caisson.

Son inscription affirme que le vase dont nous voyons l'image doit s'ouvrir de lui-même et rendre manifeste, par sa destruction, l'achèvement de ce qu'il renferme: .INTVS.SOLA.FIENT.MANIFESTA.RVINA."

Ce sujet est selon Fulcanelli d'autant plus original que son symbolisme se rapporte à la voie sèche, dite encore OEuvre de Saturne, aussi rarement traduite en iconographie que décrite dans les textes.

"Basée sur l'emploi de matériaux solides et cristallisés, la voie sèche (ars brevis) exige seulement le concours du creuset et l'application de températures élevées."

Mais à l'inverse de la voie humide, dont les ustensiles de verre permettent le contrôle facile et l'observation juste, la voie sèche ne peut éclairer l'opérateur, à quelque moment qu'il soit du travail.

"Pourtant, à l'extrémité de sa carrière, l'investigateur apercevra un signe, le seul, celui dont l'apparition indique le succès et confirme la perfection du soufre par la fixation totale du mercure; ce signe consiste dans la rupture spontanée du vaisseau."


"Une main céleste, dont le bras est bardé de fer, brandit l'épée et la spatule. Sur le phylactère, on lit ces mots latins: PERCVTIAM.ET.SANABO. Je blesserai et je guérirai."

Pour Fulcanelli, l'épée qui blesse et la spatule chargée d'appliquer le baume guérisseur ne sont en vérité qu'un seul et même agent, doué du double pouvoir de tuer et de ressusciter, de mortifier et de régénérer, de détruire et d'organiser.

"L'investigateur en possession du dissolvant, seul facteur susceptible d'agir sur les corps, de les détruire et d'en extraire la semence, n'aura qu'à rechercher le sujet métallique qui lui paraîtra le mieux approprié à remplir son dessein.

Ainsi, le métal dissous, broyé, "mis en pièces", lui abandonnera ce grain fixe et pur, esprit qu'il porte en soi, gemme brillante, parée de magnifique couleur, première manifestation de la pierre des sages, Phoebus naissant et père effectif du grand Elixir."


"Un lierre est figuré enroulé autour d'un tronc d'arbre mort, dont toutes les branches ont été coupées de main d'homme. Le phylactère qui complète ce bas-relief porte les mots: .INIMICA.AMICITIA. L'amitié ennemie."

Fulcanelli estime que la pierre, c'est-à-dire le sujet minéral des philosophes, est figurée sur le présent motif par le lierre, plante vivace, d'odeur forte, nauséabonde, tandis que le métal a pour représentant l'arbre inerte et mutilé.

"Notre arbre, étant à la fois scié et étreint, nous devons penser que le créateur de ces images a désiré indiquer clairement le métal et l'action dissolvante exercée contre lui...Mais le métal, quoique entièrement attaqué, n'est solubilisé qu'en partie.

Aussi est-il recommandé de réitérer fréquemment l'affusion de l'eau sur le corps, pour en extraire le soufre ou la semence "qui fait toute l'énergie de notre pierre;"

Et le soufre métaliique reçoit la vie de son ennemi même, en réparation de son inimitié et de sa haine.

"Cette opération, que les sages ont appelée réincrudation ou retour à l'état primitif, a surtout pour objet l'acquisition du soufre et sa revivification par le mercure initial."


"Perçant les nuées, une main d'homme lance contre un rocher sept boules qui rebondissent vers elle. Ce bas-relief est orné de l'inscription: .CONCVSSVS.SVRGO. Heurté, je rebondis."

Image, commente Fulcanelli, de l'axiome hermétique Solve et coagula, dissous et coagule. Ce sont les fruits du labeur hermétique que la main céleste jette contre le rocher, emblème de la substance mercurielle.

"Chaque fois que la pierre, fixe et parfaite, est reprise par le mercure afin de s'y dissoudre, de s'y nourrir de nouveau, d'y augmenter non seulement en poids et en volume, mais encore en énergie, elle retourne par la coction à son état, à sa couleur et à son aspect primitifs."

On peut donc dire qu'après avoir touché le mercure elle revient à son point de départ.

"Ce sont ces phases de chute et d'ascension, de solution et de coagulation qui caractérisent les multiplications successives qui donnent à chaque renaissance de la pierre une puissance théorique décuple de la précédente."


"C'est un arbre mort, aux branches coupées, aux racines déchaussées, que nous présente ce bas-relief.

Il ne porte point d'inscription, mais seulement deux signes de notation alchimique gravés sur un cartouche; l'un, figure schématique du niveau, exprime le Soufre; l'autre, triangle équilatéral à sommet supérieur, désigne le Feu."

Fulcanelli rappelle ici que l'arbre desséché, que nous avons déjà rencontré ailleurs, est un symbole des métaux usuels réduits de leurs minerais et fondus, auxquels les hautes temprératures des fours métallurgiques ont fait perdre l'activité qu'ils possédaient dans leur gîte naturel.

"C'est pourquoi les philosophes les qualifient de morts et les reconnaissent impropres au travail de l'OEuvre, jusqu'à ce qu'ils soient revivifiés, ou réincrudés selon le terme consacré, par ce feu interne qui ne les abandonne jamais complètement."

Les métaux, fixés sous la forme industrielle que nous leur connaissons, gardent encore, au plus profond de leur substance, l'âme que le feu vulgaire a resserrée et condensée, mais qu'il n'a pu détruire.

"Et cette âme, les sages l'ont nommée feu ou soufre, par ce qu'elle est véritablement l'agent de toutes les mutations...Cherchez donc le soufre dans le tronc mort des métaux vulgaires, et vous obtiendrez en même temps ce feu naturel et métallique qui est la clef principale du labeur alchimique."


"Une pyramide hexagonale, faite de plaques de tôle rivées, porte accrochés à ses parois, divers emblèmes de chevalerie et d'hermétisme, pièces d'armure et pièces honorables: targes, armet, brassard, gantelets, couronne et guirlandes.

Son épigraphe est tirée d'un vers de Virgile (Enéide, XI, 641): .SIC.ITVR.AD.ASTRA. C'est ainsi qu'on s'immortalise."

Et Fulcanelli d'identifier cette construction pyramidale, dont la forme rappelle celle de l'hiéroglyphe adopté pour désigner le feu, comme nous venons de le voir, à l'Athanor, mot par lequel les alchimistes signalent le fourneau philosophique indispensable à la maturation de l'OEuvre. Mais ce fourneau n'est pas, bien entendu, celui du vulgaire.

"La matière seule étant le véhicule du feu naturel et secret, immortel agent de toutes nos réalisations, reste pour nous l'unique et véritable Athanor (du grec Athanatos, qui se renouvelle et ne meurt jamais)."

Ce feu est double, il renferme à la fois les vertus attractives, agglutinantes et organisatrices du mercure, et les propriétés siccatives, coagulantes et fixatives du soufre.

"Ainsi, la matière détruite, mortifiée puis recomposée en un nouveau corps, grâce au feu secret qu'excite celui du fourneau, s'élève graduellement à l'aide des multiplications, jusqu'à la perfection du feu pur, voilée sous la figure de l'immortel Phénix: sic itur ad astra.

De même l'ouvrier, fidèle serviteur de la nature, acquiert, avec la connaissance sublime, le haut titre de chevalier, l'estime de ses pairs, la reconnaissance de ses frères et l'honneur, plus enviable que toute la gloire mondaine, de figurer parmi les disciples d'Elie."




La cité d'Elie n'étant autre qu'Héliopolis, on comprend mieux, désormais, pourquoi Fulcanelli recommanda à son disciple Eugène Canseliet d'user à bon escient de son titre de Frère Chevalier
d'Héliopolis.

A l'occasion du centenaire de la naissance de Canseliet, un colloque lui fut dédié en 2000 à Paris, auquel votre serviteur eut le bonheur d'assister, et qui s'acheva à La Sorbonne. Il est excessivement dommage que les actes n'en aient pas été publiés.

Nous devons donc savoir gré à Pierre-Alexandre Nicolas, des Editions Arcadis, et à sa revue L'Alchimie, d'avoir dans le numéro 6 de cette dernière, partiellement pallié ce manque, au premier trimestre 2001.

http://www.lirexpress.com/advanced_search_result.php?keywords=ARCADIS&osCsid=
a4e2eb52e5c8ca552b471e82851fd6cb&x=2&y=11

Et alors à Julien Champagne, me direz-vous, aucune revue n'a encore daigné consacrer sa couverture? Si fait, si fait, mais "demain est un autre jour".




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27 septembre 2006 3 27 /09 /septembre /2006 18:54


Fulcanelli ne le cite que dans Le Mystère des Cathédrales. Et pourtant son empreinte s'étend bien au-delà de ces quelques mentions, et marque également, en particulier, certains passages des Demeures Philosophales du même auteur.

Je veux parler ici des travaux pour le moins non conformistes du docteur Gustave-Joseph Witkowski (1844-1923), dont vous constaterez avec moi qu'il est pratiquement un contemporain du mentor de Julien Champagne et d'Eugène Canseliet.

Je ne vais pas me livrer ici à une étude bio-bibliographique de ce médecin littérateur, actuellement bien oublié, mais que nous avons déjà rencontré lors de notre article Jean Schemit éditeur de Champagne (30 avril 2006).

En effet, cet auteur méconnu qui signant G.J. s'est parfois vu gratifier du prénom de Jules ou de Jean, et dont le troisième "petit nom" était Alphonse, a comme Fulcanelli à l'origine été publié par Schemit.

J'ai déjà rappelé les titres de ces principaux ouvrages, du moins de ceux qui ont attiré sur leur rédacteur l'attention de certains ésotéristes avertis; ce sont précisément ceux que Schemit, probablement averti lui-même, a publiés.

 

witkowski2010.champagne

 

L'art profane à l'église comporte en fait deux parties: France, 1908, dont nous voyons ici la page de garde, et Etranger (même année). La première partie a été réimprimée par Nabu Press (Etats-Unis) en 2010 et 2011.

http://www.uread.com/book/lart-profane-lglise-gustave-joseph/9781142885045

Présenté comme son complément, L'art chrétien, ses licences suivra en 1912, toujours chez Schemit.

Parfois licencieux en effet, ces trois livres, qui avaient été précédés des Seins dans l'histoire (Maloine, 1903) et des Seins à l'église (Maloine, 1907), visent en fait surtout à montrer que l'art religieux ne parvient pas toujours à s'abstraire - et heureusement  estime manifestement Witkowski - des pesanteurs de la chair pour s'élever d'entrée de jeu dans les sphères célestes.

Que leur auteur fut friand chasseur d'images équivoques ou scabreuses est incontestable. Il n'empêche que le résultat de cette quête constitue un ensemble où, pour reprendre l'expression d'Eugène Canseliet, "iconographie et texte uniquement axés sur le bizarre et semblablement étrangers à l'édification, sont riches, très souvent, de cet hermétisme que Jean Schemit avait décelé, avec autant de conviction que de sagesse."

Soyons honnête cependant, et reconnaissons que si l'on excepte ses trois publications schemitiennes, le distingué et prolifique docteur n'a guère bouleversé les annales médicales et littéraires:

http://ucsfcat.ucsf.edu:2082/search/a?Witkowski%2C+G.-J.+(Gustave+Joseph)%2C+1844-1923

Aussi prenons congé de son individualité terrestre, en saluant son érudition et également son humour, certes noir, d'un genre que n'aurait probablement pas désavoué un Julien Champagne.

Voici donc le faire-part "anticipé" de décès qu'il rédigea à son propre usage, et qui figure dans le post-scriptum de son Art chrétien.

 

GJW.champagne

 

Et prenons avec Fulcanelli et son dessinateur le chemin du mausolée François II de Nantes, dessiné par Jean Perréal et sculpté par Michel Colombe,qui fait l'objet de tout un chapitre des Demeures Philosophales.

Witkowski dans son Art profane à l'église y traite bien de la statue représentant la force, que nous avons brièvement étudiée en son temps (Champagne force aimant, 11 mars 2006).

A l'époque, Nantes était en Loire-Inférieure, et c'est donc à propos de ce département que notre libertin de toubib aborde vaillamment, mais très précisément, la cathédrale Saint-Pierre et ce tombeau:

"Aux angles du tombeau de François II, duc de Bretagne, et de Marguerite de Foix, sa seconde femme, les quatre Vertus cardinales se tiennent debout.

C'est la Justice, sous les traits de la fille des défunts, Anne de Bretagne; puis la Force, la Prudence, et la Sagesse qui a un double visage de jeune femme et de vieillard.

La force porte sur chaque sein un soleil, la source de toutes les forces vives et créatrices de la Nature (figure 329)."

Cette figure, dont il est inutile désormais de se demander pourquoi elle a été choisie plutôt que d'autres, a été dessinée vraisemblablement par G.A. Payraud, d'après nous explique Witkowski l'Iconographie de Monseigneur Barbier de Montault.


C'est curieusement encore la force - il est vrai un des chefs-d'oeuvre et de Colombe et de Champagne - qui sera choisie pour illustrer seule le même monument dans le remarquable petit livre de Josane Charpentier, compagne de Louis Charpentier, auteur notamment des Mystères de la cathédrale de Chartres (Laffont, 1985).

Je veux parler de La France des lieux et demeures alchimiques (Retz, 1980). Préfacé par Eugène Canseliet, qui était un ami du couple, et peut-être illustré par sa fille Isabelle Canseliet, cet ouvrage gagnerait à mon avis à être repris dans une perspective plus large, vraisemblablement européenne.


Voici pour terminer ce que dit Josane de la force ainsi statufiée:

"La tête couverte d'un casque au mufle de lion, la Force porte un corselet d'armure finement ciselé.
Elle tient de la main gauche une tour, tandis que de la droite, elle en arrache un petit dragon ailé, tout en lui tordant le cou.

Pour l'alchimiste, ce dragon représente la matière première, volatile, qu'on appelle mercure commun. On peut donc considérer la tour comme l'enveloppe, la gangue ou la minière du dragon, voire son refuge, d'où il faudra l'extraire, même en employant la force, tel qu'on sépare le mercure de la matière brute.

Cette interprétation se trouve en quelque sorte confirmée, car elle porte sur ses bras une longue écharpe: elle s'est donc dévoilée et laisse supposer un sens caché, qu'il importe de découvrir.

On remarque également que les écailles, sur la gorgerette de la cuirasse, rappellent celles du dragon. Et des écailles de poisson sont disposées en demi-cercle autour de la taille. Or, le poisson est le symbole du soufre, comme le dragon est un emblème mercuriel."



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25 septembre 2006 1 25 /09 /septembre /2006 07:33


Après notre dernier article sur le manoir lexovien de la salamandre (Etoile de Champagne, 23 septembre 2006), dont nous avions alors franchi la porte, poursuivons sans nous désunir notre chemin de promenade vers le premier étage.

"Au premier étage du manoir de Lisieux, nous explique Fulcanelli dans ses Demeures Philosophales, et taillé dans le pilier gauche de sa façade, un homme d'aspect primitif soulève et paraît vouloir emporter un écot d'assez forte dimension."

Intitulée L'Homme à l'écot du poteau cornier, la planche correspondante, dessinée par Julien Champagne, porte dans l'édition originale des Demeures le numéro IV et est remplacée dans
l'édition Pauvert par une photo sensiblement différente (planche VII).


Ce symbole, qui semble fort obscur, cache cependant pour Fulcanelli le plus important des arcanes secondaires de l'alchimie.

"L'écot dont s'est saisi cet artisan d'un autre âge ne paraît guère devoir servir qu'à son génie industrieux. Et pourtant, c'est bien là notre arbre sec."

Tel est, précise-t-il bientôt, l'hiéroglyphe adopté par les philosophes pour exprimer l'inertie métallique, c'est-à-dire l'état spécial que l'industrie humaine fait prendre aux métaux réduits et fondus.

"L'ésotérisme hermétique démontre, en effet, que les corps métalliques demeurent vivants et doués du pouvoir végétatif, tant qu'ils sont minéralisés dans leurs gîtes.

Il s'y trouvent associés à l'agent spécifique, ou esprit minéral, qui en assure la vitalité, la nutrition et l'évolution jusqu'au terme requis par la nature."

Au contraire, ajoute-t-il, les minerais qui ont subi le grillage et la fusion ne possèdent pas d'agent vital propre.

"Les sages nous disent qu'ils sont morts, du moins en apparence, parce qu'il nous est impossible, sous leur masse solide et cristallisée, d'évertuer la vie latente, cachée au profond de leur être.

Ce sont des arbres morts, bien qu'ils recèlent encore un reste d'humidité, lesquels ne donneront plus de feuilles, de fleurs, de fruits, ni surtout, de semence."


Que faire à ce stade? Fulcanelli explique que la réincrudation qu'il s'agit opérer ne peut consister en un retour pur et simple du métal à son état primitif.

En effet, rappelle-t-il, suivant un axiome philosophique souvent énoncé, les corps n'ont point d'action sur les corps. Seuls les esprits sont actifs et agissants.

"L'animation du métal est réalisée par cet agent vital dont nous avons parlé. C'est lui l'esprit qui s'est enfui du corps lors de sa manifestation sur le plan physique;

c'est lui l'âme métallique, ou cette matière première qu'on n'a point voulu désigner autrement, et qui fait sa résidence dans le sein de la Vierge sans tache."

L'animation du métal, conclut-il, vitalisation de l'arbre sec, est donc à proprement parler la résurrection du mort.


Souvenons-nous que nous avons déjà rencontré, il y a tout juste un mois, l'arbre sec et l'arbre vert lors de notre examen  de la première série des caissons alchimiques de la galerie du chateau de Dampierre-sur-Boutonne (De Diane de Poitiers à Champagne, 26 août 2006).

Pour sa part, Eugène Canseliet, dans l'article de son recueil Alchimie (Pauvert, 1964) consacré à l'arbre alchimique est à son tour revenu sur le thème de l'arbre sec:

"Faut-il voir dans le chaos dont parlent les alchimistes, - et que Dieu garda sur la terre comme une parcelle précieuse de la matière primordiale, à la disposition des hommes de bonne volonté, faut-il voir dans ce chaos, cet arbre de la vie qu'on rencontre si fréquemment dans l'imagerie alchimico-religieuse?

Certes oui, parce qu'il se complète, dans l'hermétique réalisation, de l'arbre sec, hiéroglyphe du corps mort et privé d'âme, qu'il lui faudra ressusciter et animer par son eau vive.

Sur les deux parties opposées du petit monde philosophal, l'un ne saurait croître sans l'autre, tandis qu'ils poussent séparément leurs racines, le premier dans le ciel, le second au sein de la terre."


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24 septembre 2006 7 24 /09 /septembre /2006 12:22


Grâce à Walter Grosse de qui j'en profite pour recommander à nouveau le site dédié à Fulcanelli:

http://www.fulgrosse.com/

voici une adresse de Julien Champagne qui ne me paraît pas encore avoir été relevée. "Hubert" a incontestablement en 1905, époque à laquelle il a rencontré Fulcanelli, vraisemblablement dans la capitale, habité à Paris au 20 de la rue Torricelli, dans le 17ème arrondissement.

Je ne sais si vous arriverez à déchiffrer mon cliché extrait de la liste ad hoc des résidents parisiens par arrondissement, dénichée par Grosse, mais il établit qu'un Jean Julien Champagne, né le 23 janvier 1877 à Levallois Perret , élève aux Beaux Arts, vivait alors à cette adresse.

D'après Walter, il y résidait encore en 1907. Il me précise voir dans cette "liste électorale" qu'Alfred Alphonse Champagne, né à Béalcourt (Somme) le 18 décembre 1878 habitait également à cet endroit en 1905, mais plus en 1907.

Il pense qu'Alfred Alphonse pourrait être un cousin de Jean Julien. Toujours à la même adresse, il lit qu'habitait en 1905 et 1907 Alphonse Hubert Champagne, né à Paris le 5 août 1854. Pour lui, cet "agriculteur" ou employé d'agriculteur serait le père de Julien Champagne.

Il aurait été en fait employé au ministère de l'Agriculture entre 1900 et 1914 et la famille Champagne aurait habité la rue Toricelli jusqu'au début de la première guerre mondiale.

Je relève pour ma part que la déclaration de naissance de Julien:

http://archer.over-blog.net/article-2258329.html

établit que son père, effectivement prénommé Alphonse Hubert, était cocher. Et qu'il était effectivement âgé de 23 ans en 1877.

Il est tout de même amusant de constater, et ceci devrait plaire entre autres à Patrick Rivière, que Champagne ait résidé dans la rue d'un "thermo-maître".

En effet, Evangelista Torricelli ou Toricelli (1608-1647), élève et disciple de Galileo Galilei, passe pour être l'inventeur, ou un des inventeurs, du baromètre à mercure:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Evangelista_Torricelli
http://mendeleiev.cyberscol.qc.ca/Chimisterie/2001-2002/andersonk.html
http://www.utc.fr/~tthomass/Themes/Unites/Hommes/torr/depart_torr.html



Je voudrais pour terminer ce post revenir avec vous un instant sur la dernière demeure de Julien Champagne.

Comme nous l'avons vu avec mon article du 25 février 2006:

http://archer.over-blog.net/article-1985596.html

il est enterré au cimetière d'Arnouville-lès-Gonesse, actuellement situé dans le Val d'oise (ex Seine et Oise).

Dans son Fulcanelli dévoilé, Geneviève Dubois nous précise la localisation exacte de sa tombe: carré D, numéro 45.

Elle nous fournit également deux clichés de celle-ci, dont le premier a déjà été reproduit par votre serviteur, et dont voici le second.

"La plaque a été enlevée ou volée", constate-telle avec nous. Dans Le Forum de la Librairie du Merveilleux:

http://forum.aceboard.net/?login=50340

Julien Champagne fait l'objet de deux "fils":

http://forum.aceboard.net/recherche.php?login=50340&posteur=&ou=2&forum=2498&mot=CHAMPAGNE&go=1

Sur le second, Ibrahim propose de restaurer la sépulture mutilée, et je m'associe bien sûr à cette heureuse initiative.

Ceci dit, foi de Saint Jacques, la tombe est vide, la pierre est nue, Champagne vit.


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23 septembre 2006 6 23 /09 /septembre /2006 10:18

C'est avec cette belle gravure romantique du manoir de la salamandre ou si vous préférez de la maison François 1er, à Lisieux, que je vous propose de revenir maintenant pour la troisième fois, en compagnie de Fulcanelli et de son dessinateur Julien Champagne, sur ce logis alchimique qui fut vraisemblablement édifié et occupé par un Adepte, resté dans un anonymat total.

Sans pouvoir conclure, Fulcanelli s'est cependant livré à son propos à toute une étude historique qui l'a conduit à se demander si cet alchimiste n'aurait pas été proche du groupe d'hermétistes qui à cette époque ont oeuvré, à Caen et à Flers, et qu'on connaît généralement sous le nom générique des "alchimistes de Flers": Grosparmy, Valois, et Vicot.

Sur le manoir de Lisieux et son histoire, sur laquelle nous reviendrons j'espère, n'hésitez pas dans l'attente à consulter:

http://hdelboy.club.fr/salamandre_lisieux.html
http://www.bmlisieux.com/normandie/maisonlx.htm

Dans mes précédents articles sur ce charmant édifice hélas disparu (Champagne lexovien, 17 avril 2006 et Champagne et le manoir de Lisieux, 28 aout 2006), je n'ai pas abordé l'une des pièces maîtresses de la "méson", qui est tout simplement sa porte d'entrée. Ouvrons donc ensemble cette porte, étudiée en détail par Fulcanelli dans le chapitre des Demeures Philosophales qu’il a consacré au manoir.

Et précisons d’emblée que la planche V de l'édition originale des Demeures, oeuvre de Julien Champagne, n'étant qu'imparfaitement remplaçée dans l'édition Pauvert de 1977 par un cliché que je trouve pour ma part peu élégant (planche VIII), j'ai choisi de vous en présenter un autre.



"Nous voici, nous dit donc Fulcanelli, à l'entrée, close depuis longtemps du joli manoir. La beauté du style, le choix heureux des motifs, la délicatesse de l'exécution font de cette petite porte l'un des plus agréables spécimens de la sculpture sur bois au XVIème siècle.

C'est une joie pour l'artiste, autant qu'un trésor pour l'alchimiste, que ce paradigme hermétique exclusivement consacré au symbolisme de la voie sèche, la seule que les auteurs aient réservée sans en fournir d'explication."

L'Adepte précise alors que dans l'analyse de ce paradigme, il respectera l'ordre du travail, sans se laisser guider par des considérations d'ordre esthétique ou de logique architecturale, et ce afin de rendre plus sensible aux étudiants la valeur des emblèmes examinés.

Et il enchaîne aussitôt:


"Sur le tympan de l'huis aux panneaux sculptés, on remarque un intéressant groupe allégorique composé d'un lion et d'une lionne se faisant vis-à-vis. Ils tiennent tous deux, par leurs pattes antérieures, un masque humain personnifiant le soleil, cerné d'une liane recourbée en manche de miroir."

Fulcanelli estime que lion et lionne, principe mâle et vertu femelle, reflètent l'expression physique des deux natures, de forme semblable, mais de propriétés contraires, que l'art doit élire au début de la pratique.

"De leur union, accomplie selon certaines règles secrètes, provient cette double nature, matière mixte que les sages ont nommée androgyne, leur hermaphrodite ou Miroir de l'Art.

C'est cette substance, à la fois positive et négative, patient contenant son propre agent, qui est la base, le fondement du Grand OEuvre."


"Au poteau d'huisserie gauche de la porte que nous étudions, un sujet en haut-relief attire et retient l'attention.

Il figure un homme richement vêtu du pourpoint à manches, coiffé d'une sorte de mortier, et la poitrine blasonnée d'un écu montrant l'étoile à six pointes.

Ce personnage de condition, campé sur le couvercle d'une urne aux parois repoussées, sert à indiquer,  suivant la coutume du moyen âge, le contenu du vaisseau."

C'est, ajoute Fulcanelli, la substance qui, au cours des sublimations, sélève  au-dessus de l'eau, qu'elle surnage comme une huile; c'est l'Hypérion et le Vitriol de Basile Valentin, le lion vert de Ripley et de Jacques Tesson, en un mot la véritable inconnue du grand problème.

Et il termine, naturellement, par une explication du motif de la salamandre:

"Voici maintenant le dernier sujet décoratif de notre porte. C'est une salamandre servant de chapiteau à la colonnette torse du jambage droit.

Elle nous paraît être, en quelque sorte, la fée protectrice de cette agréable demeure, car nous la retrouvons sculptée sur le corbeau du pilier médian, situé au rez-de-chaussée, et jusque sur la lucarne du grenier.

Il semblerait même, étant donné la répétition voulue du symbole, que notre alchimiste eût une préférence marquée pour ce reptile héraldique."

Pour lui, la salamandre est l'hiéroglyphe du feu secret des sages:

"Dans l'élaboration du mercure, rien ne saurait se substituer au feu secret, à cet esprit susceptible de l'animer, de l'exalter et de faire corps avec lui, après l'avoir extrait de la matière immonde...

Ce Bélier "qui cache en soy l'acier magique" porte ostensiblement sur son écu l'image du sceau hermétique, astre aux six rayons.

C'est donc dans cette matière très commune que nous devons rechercher le mystérieux feu solaire, sel subtil et soufre spirituel, lumière céleste diffuse dans les ténèbres du corps, sans laquelle rien ne peut se faire et que rien ne saurait remplacer."

 

 



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