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  • : Site consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.
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...consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.


Peintre et dessinateur, Julien Champagne est surtout connu de nos jours pour avoir illustré les ouvrages de Fulcanelli, un mystérieux alchimiste contemporain.

Et pourtant, il figure au Bénézit, la "Bible" internationale des créateurs. Et suivant son ami Eugène Canseliet, il fut bien un maître du pinceau et du crayon.

C'est à la découverte de cet artiste méconnu, mais profondément attachant, que je voudrais vous inviter. Je voudrais aussi vous demander de ne pas hésiter à enrichir mes articles de vos propres commentaires et de vos découvertes personnelles.

Bon voyage donc au pays légendaire de Julien Champagne.

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18 août 2006 5 18 /08 /août /2006 19:30

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Dans son Fulcanelli, qui suis-je? paru en 2004 chez Pardès, Patrick Rivière, considérant Julien Champagne, "à l'équivoque personnalité", ne réfute pas l'hypothèse selon laquelle Louise Barbe aurait servi de modèle à notre peintre pour son tableau Le Vaisseau du Grand OEuvre, réalisé en 1910 (voir notamment mes posts Champagne et Julien Champagne du 30 janvier 2006, Champagne et Louise Barbe du 31 janvier 2006, et Un modèle de Champagne du 12 février 2006).

Mais il présente une alternative. Parmi les relations d'Irène Hillel-Erlanger, figurait, outre Louise Barbe, "l'actrice Mme Roggers, épouse de l'écrivain Claude Farrère, auteur entre autres, d'un curieux roman sur la prolongation de la vie: La Maison des Hommes vivants."

Dans une phrase...alambiquée, il me semble qu'il considère que cette Mme Roggers aurait pu elle aussi poser "nue, investie du rôle de la Pierre Philosophale parée de mille feux scintillants et dans un cadre où le symbolisme alchimique transparaît puissamment. Portant en son front le diamant étincelant de Grâce, elle exerce néanmoins par sa nudité troublante la fascination érotique que suscitait la comtesse Véra".

Rivière fait bien sûr ici référence aux Voyages en kaléïdoscope d'Hillel-Erlanger, où Véra symbolise le siècle, pour faire simple, et Grâce l'éternelle alchimie.

Je n'ai pas trouvé mention de cette possibilité dans un ouvrage similaire et antérieur du même auteur, Fulcanelli, Vecchi, 2000.

 

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Il m'a semblé que cette proposition méritait examen. J'ai donc cherché à me documenter sur cette Mme Roggers, en fait Henriette Rogers, et j'avoue qu'en examinant les trois portraits joints qui sont tous de Paul Nadar, vers 1904, je suis resté et je reste dubitatif.

Personnellement je trouve que notre actrice d'Henriette ressemble au moins autant à la dame du tableau que celle photographiée comme étant Louise Barbe. Eugène Canseliet dans ce cas se serait trompé, et pourquoi pas: Errare humanum est.

Je vous propose à ce stade de vous fournir sous peu d'autres vues de Roggers, que j'espère pouvoir accompagner de nouveaux documents sur le Vaisseau du Grand OEuvre, ainsi la comparaison sera plus aisée.

Mëme si un doute subsiste, dans l'intervalle, et éventuellement au-delà, je n'écarte donc pas du tout, pour ma part, la possibilité que Julien Champagne ait utilisé les "services" d'Henriette Roggers, que ce fût pour Le Vaisseau du Grand OEuvre ou, disons, en d'autres occasions.

Mais qui était Mlle Roggers, puisque dans la collection Nadar elle apparaît alternativement comme Mme et Mlle?

 

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Henriette Roggers (1881-1950) est loin d'être une inconnue des planches françaises et même internationales.

D'une jeunesse tumultueuse probablement, je retiendrai qu'elle eut vraisemblablement une liaison avec notre toujours sémillante et quasi-universelle Nathalie Clifford Barney, et passe aussi -nobody's perfect- pour avoir été la maîtresse de Maxime Gorki.

Sa carrière d'actrice parisienne n'a certes pas été de second plan. Dès 1901, elle apparaît à L'Oeuvre dans Le Roi Candaule, d'André Gide. En 1903, Nozière écrit un article sur elle dans la revue Le Théatre.

En 1904, année où Nadar la photographie, elle joue dans Maison de Poupée, d'Henrik Ibsen, toujours à l'OEuvre. Tiens, habile transition avec mon dernier post, le metteur en scène est un certain Maurice Prozor. En 1906, elle fait la couverture de La revue théatrale.

En 1907, elle a migré au Théatre de la Renaissance, où elle joue Samson d'Henry Bernstein  avec le père de Sacha, Lucien Guitry; et en 1908 Le Théatre, sous la plume de Sée, lui consacre un nouvel article.

Elle accompagne Lucien Guitry lors de l'inauguration du théatre brésilien de Rio de Janeiro en 1911.

Toujours en 1911, elle apparaît - belle fidélité - avec le même Lucien Guitry au Théatre français, dans Le tribun, de Paul Bourget. En 1912, encore un article du Théatre...

En 1919, elle se marrie avec l'homme de lettres Claude Farrère, que nous évoquerons plus loin.

Elle a été brièvement pensionnaire de la Comédie Française (1923-1934). Nous avons donc affaire en la personne d'Henriette Roggers à une "théatreuse" de renom, photographiée non seulement par Nadar, mais aussi par d'autres artistes connus, tels Reutlinger, Sanitas, ou Paul Boyer, particulièrement dans la période 1902-1908.

En 1910, on peut dire par conséquent qu'elle est une "star", ou eût préféré Eugène Canseliet une véritable étoile, certes pleine de grâce.

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Disons aussi tout de même quelques mots de l'heureux et courageux mari de cette femme adulée.

Claude Farrère (1876-1957) est loin d'être un inconnu lui aussi, puisqu'au grand dam de François Mauriac d'ailleurs, il fut élu "contre" Paul Claudel à l'Acédémie Française.

Il est donc Immortel! Né Frédéric-Charles Bargone il fut d'abord officier de marine, puis démissionna à l'issue de la première guerre mondiale, l'année de son mariage.

Dès avant la guerre, il avait cependant publié plusieurs romans, et même en 1905 obtenu le prix Goncourt pour Les  Civilisés.

Nombre de ses oeuvres sont marquées par son passé de militaire, en particulier par ses séjours en Extrême Orient.

En 1921, il fait partie avec d'autres, comme Pierre Loti, de ceux qui saluent la révolution kémaliste en Turquie, et le cliché joint le montre aux côtés de Mustapha Kemal.

Il était loin d'être dépourvu de bravoure, ce qui peut paraître comme la moindre des choses pour un militaire, mais après tout mérite d'être tout de même salué. En 1932 encore, il s'interposa entre le président de la République Paul Doumer et son assassin, recevant deux balles dans le bras.

http://www.academie-francaise.fr/immortels/base/academiciens/fiche.asp?param=567
http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Farr%C3%A8re

 

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Claude Farrère est également un auteur bien connu des amateurs de fantastique, notamment pour son recueil L'autre côté (1928), dont le titre rappelle d'ailleurs un livre similaire d'Alfred Kubin.

Certaines de ses nouvelles ont été reprises dans la revue Fiction.

La Maison des Hommes Vivants remonte pour sa part à 1911, un an après la réalisation par Julien Champagne du Vaisseau du Grand OEuvre.

http://mesimaginaires.free.fr/co2/lamaisondeshommesvivants.htm

Dans ce livre, Farrère nous relate une sombre histoire de vampire psychique, et Patrick Rivière n'a pas tort d'y voir des références à la prolongation de la vie, dont Julien Champagne arguera à la même époque auprès de Serge Voronoff:

"Ainsi le marquis Gaspard, propriétaire de la mystérieuse maison, explique-t-il à André Narcy son incroyable longévité.

Page à Versailles au temps du roi Louis XV, c'est là qu'il rencontra pour la première fois le célèbre comte de Saint Germain.

Il s'appelait alors Tzagory et arepentait les rues du monde depuis des décennies grâce au Secret de Longue-Vie."

 

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17 août 2006 4 17 /08 /août /2006 19:51


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Avec le traîneau à hélice ( voir mes posts Champagne et le traîneau à hélice du 14 février 2006 et Julien Champagne ingénieur de Nicolas II du 19 mars 2006), voici donc maintenant la plus
atypique des oeuvres de Julien Champagne connues à ce jour.

C'est encore la décidémment inépuisable Geneviève Dubois qui nous présente et qui reproduit dans son livre Fulcanelli dévoilé cette "pendulette sculptée par Champagne."

Malheureusement, les détails qu'elle fournit à son sujet sont du genre elliptique: "Nous possédons la photographie d'une très belle pendulette en bois, sculptée par lui-même et représentant une
église gothique; ce qui démontre déjà son intérêt pour le Moyen Âge."

Soyons juste avec Dubois, cependant; elle nous offre aussi un essai de datation de ce travail, qui pour elle est contemporain de la scolarité de Julien aux Beaux Arts de Paris.

Comme "Hubert" sortit de cette Ecole en 1900, et puisque les autres oeuvres présentées par Geneviève comme remontant à la même période ne sont pas antérieures à 1895, notre pendulette a donc dû
être réalisée dans le courant du dernier lustre du XIXe siècle.

 

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Nantis de ce balluchon substantiel certes, mais un tantinet maigrichon, voyons ce qu'en ont dit à ce jour les "champagnologues" et autres "fulcanellistes".

Et bien, nous ne sommes guère plus avançés à ma connaissance à l'issue de cet examen. La plupart de mes éminents confrères ou  consoeurs vont, me semble-t-il, dans le sens de Dubois: Voyez
comme Julien Champagne s'est précocement intéressé à l'art goth; et de conclure triomphalement, à l'instar d'Evelyne Segaud: On vous avait bien dit que Champagne n'était autre que Fulcanelli!

Quelques uns,  plus avisés à mon sens, préfèrent tirer de cet ouvrage un argument qui leur permet de mettre en exergue l'habileté manuelle de Champagne, habileté que nous retrouverons
effectivement quelques années plus tard à l'occasion de l'épisode du traîneau à hélice.

Mais justement, comment cette habileté manuelle, fruit certes d'un don inné, mais confortée sans doute par un apprentissage spécifique, est-elle venue à Julien?

Il était fils de cocher, et non comme Eugène Canseliet d'un maçon-sculpteur. Et ce ne sont sans doute pas les cours du peintre Léon Gérôme qui en ont fait, ni un dessinateur industriel, ni un
mécanicien, ni un menuisier, ni un horloger...

 

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Arrivé à ce stade de la réflexion, je voudrais vous proposer une hypothèse de travail. Admettons que cette pendulette ait été construite vers 1897. Julien Champagne a alors une vingtaine
d'années.

Si ce chef-d'oeuvre n'est pas le produit de l'enseignement des Beaux Arts, de quel enseignement est-il le produit?

En regardant les photos qui illustrent ce post, je pense que certains d'entre vous ont déjà compris: Vous avez dit chef-d'oeuvre? Mais cette expression nous vient tout droit du compagnonnage.

Rassurez-vous, je ne vais pas me lancer dans un cours sur les compagnons, j'en serais sans doute incapable, en particulier  dans les limites de ce post, et de toute façon ce serait hors
sujet.

Mais des compagnons, il y en a eu de toutes sortes, depuis le Moyen Age. Et pas seulement des maçons ou des charpentiers; tenez, voyez ci-dessus cettte belle horloge du XVIIIe siècle.

Et ce beffroi du XIXe, il ne présente pas des similitudes avec le travail de Champagne? Et les travaux ci-dessous, réalisés en bois au XIXe ou au XXe siècle?

 

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Après leur tour de France, qui les conduit de logis en logis compagnonnique, où il reçoivent assistance, encouragement et conseils, les compagnons ont à prouver leur maîtrise en réalisant ce
qu'il est convenu d'appeler un chef-d'oeuvre.

Ce chef-d'oeuvre consiste souvent en une maquette du travail effectif que nos ouvriers auront à réaliser plus tard en grandeur réelle. Un certain nombre de chefs-d'oeuvre de compagnons,
particulièrement réussis, et donc exemplaires, sont traditionnellement exposés:

http://www.compagnons.org/musee/musee_tours.htm
http://perso.orange.fr/erwan.levourch/chefsdoeuvre.htm
http://www.123travail.com/galeries.photos/p1005004.htm

Pour avoir une meilleure connaissance des traditions du compagnonnage, voici quelques liens:

http://genhames.free.fr/compagnonnage.htm
http://www.compagnonnage.info/
http://compagnon1850.free.fr/compagnons.htm

 

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Et en revenant maintenant  à Julien Champagne, je voudrais signaler un autre fait qui tendrait à conforter mon hypothèse: qu'il ait effectué ou non un tour de France, voire d'Europe, notre
homme était d'une nature...pérégrinante.

Nous l'avons trouvé auprès de Fulcanelli à Marseille, à Grasse avec Schwaller, en particulier,  mais d'après Walter Grosse il se serait aussi, à la demande de son Maître, rendu en
Grande-Bretagne... Un autre axe de recherche, effectivement, les demeures et cheminements de Julien, cher Walter!

Certes, il a parfois dessiné ou peint les ouvrages de Fulcanelli sur documents, comme le carroir doré de Romorantin,  mais tel n'est pas forcément le cas général.

Et puis, on ne peut pas ne pas mentionner le rapport qui existe entre compagnonnage et alchimie, et ce depuis les frimasons et autres tailleurs de pierre ou d'image médiévaux.

Dans le numéro d'Atlantis consacré à Eugène Viollet-Le-Duc, qui y est qualifié d'Adepte (N°311, 1980 ), Eugène Canseliet reviendra sur ces "logeurs du bon Dieu", tout en faisant état de la solide
amitié qui l'unit au compagnon charpentier et écrivain Raoul Vergez, Béarnais l'ami du Tour de France:

http://www.afikoor.com/fr/temas/raoul/raoulcomp.htm

Vergez, auteur notamment d'un livre sur Les illuminés de l'Art Royal (Julliard, 1976). Son sous-titre? Huit siècles de compagnonnage. L'Art Royal, c'est aussi, vous le savez, un des multiples
noms de l'alchimie.

Je terminerai enfin, vous voudrez bien me le pardonner, par une anecdote personnelle. Il y a une vingtaine d'années, je me trouvais en déplacement aux îles Canaries. En dehors de la "solfatare"
de Tenerife, je crois bien que mon souvenir le plus marquant est celui de ma rencontre inopinée d'un compagnon, vraisemblablement espagnol, en costume traditionnel.

A quelle étape de son Tour se trouvait-il, en cette région océanne? Toujours est-il que de noir vêtu, nanti d'un tricorne tout droit sorti du XIXe siècle ou si vous voulez de De Falla, fièrement
campé sur son bâton de marche compagnonnique, il arborait bravement sa cocarde de pélerin, aux couleurs traditionnelles de son "ordre": blanc, vert, jaune, orange, rouge.

"Ainsi se développent, au fronton des cathédrales gothiques, nous explique Fulcanelli dans son Mystère des Cathédrales, les couleurs de l'OEuvre, selon un processus circulaire allant des
ténèbres, - figurées par l'absence de lumière et la couleur noire, -  à la perfection de la lumière rubiconde, en passant par la couleur blanche, considérée comme étant moyenne entre le noir
et le rouge."

Et plus loin, citant Le Chemin du Ciel Chymique de Jacobus Tollius:

"La Terre est noire, l'Eau est blanche; l'air, plus il approche du Soleil, et plus il jaunit; l'aëther est tout à fait rouge. La mort de même, comme il est dit, est noire, la vie est pleine de
lumière; plus la lumière est pure, plus elle approche de la nature angélique, et les anges sont de purs esprits de feu."

Entre le jaune et le rouge, l'orange est une couleur transitoire, quant au vert, regardons la nature qui nous entoure et dont nous faisons partie: La terre est noire, mais elle peut aussi être verte.


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15 août 2006 2 15 /08 /août /2006 16:25

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Avec Henri Coton, dit Coton-Alvart, nous avons affaire à un homme qui semble plutôt hostile à Julien Champagne, Eugène Canseliet et même Fulcanelli, autant le dire d'emblée.

Ce n'est pas à mon avis une raison suffisante pour ne pas évoquer sa mémoire, et outre celle de l'objectivité nécessaire, j'en vois plusieurs.

D'abord, il a connu semble-t-il Julien Champagne. Je dirai aussi que son parcours d'alchimiste est de qualité, et que son oeuvre mérite d'être connue, au delà même du "cercle des
philosophes."

Et puis, il fumait le calumet de la paix...

Dans son livre Fulcanelli dévoilé, Geneviève Dubois en dit quelques mots à propos de la fraternité des Veilleurs de René Schwaller (voir notre post Champagne par Geneviève Dubois du 13 mai
2006):

"Le chimiste et astrologue Henri Coton dit Alvart...eut pour disciple le docteur Emerit. Henri Coton naquit en 1894 et décéda en 1988.

Il quittera rapidement les Veilleurs pour se réfugier dans une solitude salutaire qui lui permit de menter à bien ses travaux alchimiques. Il obtint la pierre selon un témoin qui le connut
pendant quinze ans."

Mais voilà, dans la revue Avec Regards (N°2, ca 1991), Geneviève Dubois ajoutera :

"Dans le cercle extérieur des "Veilleurs", on trouvait un curieux personnage, qui en son temps défrayait la chronique. L'artiste-peintre Jean Julien Champagne avait rencontré René Schwaller à
Paris en 1913, à la "Closerie des Lilas", célèbre brasserie de Montparnasse. C'est là qu'il lui avait montré un manuscrit de Newton concernant l'alchimie.

Il faut dire que Champagne s'intéressait à cette science depuis son adolescence et qu'il avait toujours eu un laboratoire. Comme Schwaller et son groupe des Veilleurs était entièrement tourné
vers cette occupation, le contact s'établit malgré le peu de sympathie que Champagne inspirait à Aor...

Les Frères d'Elie furent donc liés à Champagne qui, lui, travaillait pour les de Lesseps et avait pris, en 1915, pour disciple le jeune Eugène Canseliet...

A l'époque, tous se rendaient à la Librairie du Merveilleux, 35 rue de Rennes à Paris où ils pouvaient échanger fructueusement avec le libraire Pierre Dujols, érudit, alchimiste et descendant des
Valois. C'était un ami intime de Champagne qui avait aussi une amitié très forte pour l'associé de Dujols, Thomas qui fut tué en 1914 et qui était maçon.

Henri Coton-Alvart dira plus tard sa grande admiration pour Dujols qu'il considérait comme un maître en matière d'alchimie, et son mépris pour Champagne."

Il faut dire que Pierre Dujols a même, selon Dubois, été le maître en alchimie d'"Alvart". En tout cas, il paraît établi à ses yeux qu'Henri Coton connaissait Julien Champagne.

http://www.eklectic-librairie.com/ArticlesAuteurs/GenevieveDubois.htm

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Mais qui est l'"adepte" Henri Coton? Fils d'une émailleuse et d'un sculpteur, peintre-héraldiste, il entrera par la suite comme ingénieur chimiste à la Société alsacienne des explosifs.

Dans un des livres qu'Alexandra Charbonnier a consacré à Oscar Vladislas de Lubicz Mislosz (1877-1939), le poète lituanien grand ami de René Schwaller (O.V. Milosz, L'Age d'Homme, 1996), Henri Coton apparaît bien dans le cercle intérieur des Veilleurs, les frères d'Elie, et Alvart y est son nomen mysticum, comme Aor y est celui de Schwaller.

Il les quitte en 1921 pour suivre sa propre voie. De 1927 à 1935, il apparaît ensuite dans l'entourage de Paul Le Cour et de sa revue Atlantis. Il semble alors avoir cantonné ses apparitions
publiques à certains salons, comme celui de la toujours inévitable Nathalie Clifford Barney, à Paris, ou à Nice celui de Maurice Prozor.

Il s'était retiré de la vie active à Taillebourg, dans les Charentes, mais possédait aussi un laboratoire d'alchimie près de Saint-Paul de Vence, dans les Alpes Maritimes. Pour Geneviève Dubois,
il  aurait accédé à l'adeptat dans les années 1970.

Henri Coton a peu publié de son vivant, et c'est son disciple en alchimie Henri La Croix Haute - le Dr Emerit étant surtout astrologue - qui a rassemblé une partie de ses écrits dans le recueil
intitulé Les deux lumières (Dervy, 1996), puis dans son volume Propos sur Les deux lumières (Le Mercure Dauphinois, Geneviève Dubois éditeur, 2001).

Notons également qu'Alvart paraît avoir inspiré beaucoup des pensées développées par son ami Robert Hollier, un médecin aveugle de Lyon qui fut président d'Atlantis, dans son livre Tohu Bohu (Omnium Littéraire, 1972).

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Dans le livre qu'il a consacré à René Schwaller (Dervy, 2003), Erik Sablé affirme que Coton fut en fait vice-président des Veilleurs (le président en étant René Bruyez). Le même Coton en aurait
bien fait partie du cercle intérieur de 12 membres, que Sablé dit s'être appelé "Les Frères de l'Ordre mystique de la résurrection."

Pour lui, c'est sans doute Alvart qui fut à l'origine des connaissances de Schwaller en alchimie.

Avant de quitter Henri Coton, dont on souhaiterait savoir plus, notamment quant à ses rapports avec Julien Champagne, qu'ils fussent ou non mauvais, voyons ce qu'il pensait du Grand OEuvre
alchimique:

"Le monde créé contient en lui un principe hostile qui a provoqué l'événement qualifié de chute. Ce monde montre en toutes ses parties un dramatique mélange de vie de mort, de sagesse et d'absurdité. La notion centrale de l'hermétisme est l'intervention efficace, curative et prépondérante de l'unité manifestée pour surmonter le facteur pathogène du monde.

Mystiquement, c'est le Christ (Louis Cattiaux, dans son admirable Le Message retrouvé, ne dit pas autre chose, lui qui réalisa le Grand-Œuvre sans faire de bruit) ; physiquement, c'est la pierre philosophale. Elle existe partout présente, car sans une étincelle de cet agent, il n'y aurait ni vie ni permanence.

La pierre philosophale n'est ni une création ni une fabrication de l'alchimiste. Tout ce que celui-ci peut faire est de la prendre là où elle est, la rassembler, la séparer de sa gangue, la purifier, la placer dans son vaisseau et suivant le cas l'administrer à qui en bénéficiera ou la renvoyer dans sa pureté de lumière au monde céleste d'où elle est venue. »

http://www.france-spiritualites.com/PHenriCotonAlvart.html

Et pour ne pas terminer  cette première approche des liens entre Alvart et "Hubert" sur un...lien informatique, mentionnons l'amitié qui unit les Coton et les Celli, Rose Celli, qui en 1925 eut le prix Fémina,  était une amie de la comtesse Prozor, et son compagnon, le peintre Elmiro Celli (vers 1870-1954), fut un frère d'Elie.

Les Celli furent également proches de Milosz (Pierre d'Elie) et des Schwaller (René Schwaller aurait aidé le peintre, comme il aida Carlos Larronde). On trouve d'ailleurs un tableau d'Elmiro en couverture de l'ouvrage d'Isha Schwaller, La lumière du chemin, dont je reproduis ici l'image anglo-saxonne. Ce tableau a fait partie de la collection d'Aor et d'Isha. Son titre? "La voie de la lumière".

 

http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-d-henri-coton-a-champagne-123372019.html

 

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13 août 2006 7 13 /08 /août /2006 19:27

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La planche XII de l'édition originale du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli, illustré par Julien Champagne, est de nouveau consacrée à deux médaillons du porche central de la cathédrale Notre Dame de Paris.

Dans l'édition Pauvert, les dessins d'"Hubert" ont été remplacés par deux clichés séparés, qui portent respectivement les numéros XX et XXI.

Les intitulés de photos et dessins restent quant à eux identiques dans les deux versions du livre; le bas-relief de gauche étant celui de La Connaissance des Poids, celui de droite est dans les deux cas dénommé La Reine terrasse le Mercure, Servus Fugitivus.

Notons en passant que là encore les dénominations moralisantes de cathéchistes en mal d'enseignement exotérique restent sans doute plus simples, mais ne laissent pas de laisser songeur.

Pour un spectateur non averti, en effet, je veux bien admettre que le terme de "dureté" puisse presque instinctivement s'appliquer au médaillon de droite; mais pour voir dans son pendant de gauche une représentation de la "luxure", il faut comme dit l'autre se lever tôt.

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Hervé Delboy y est parvenu, et j'en profite pour resignaler son site, excellent à tous points de vue et qui constitue pour le chercheur une mine quasi inépuisable:

http://hdelboy.club.fr/gobineau.html

S'agissant de ce premier bas-relief, le commentaire de Fulcanelli est le suivant: "Voici maintenant l'allégorie du poids de nature: l'alchimiste retire le voile qui enveloppait la balance."

Vous admettrez que cette explication semble s'imposer avec plus d'évidence que la précédente. Comme quoi le dit alchimiste n'est pas forcément le doux rêveur que l'on a parfois pu dépeindre.

Hélas, les choses se compliquent aussitôt, car les secrets des poids sont parmi les mieux gardés de la science alchimique.

"Le mercure philosophique, précise cependant Fulcanelli, résulte de l'absorption d'une certaine partie de soufre par une quantité déterminée de mercure; il est donc indispensable de connaître exactement les proportions réciproques des composants."

J'ai dit les secrets des poids, car il y a le poids de nature et les poids de l'art, nettement distingués les uns des autres par Fulcanelli dans ses Demeures Philosophales, au chapitre consacré à
la cathédrale de Nantes (Les gardes du corps de François II).

Pour en rester au poids de nature, Fulcanelli y estime qu'il se réfère aux proportions relatives des composants d'un corps donné:

"S'il est question de valeurs quantitatives au sein d'une combinaison synthétique et radicale, - comme celle du soufre et du mercure principe unis dans le mercure philosophique, - c'est le poids de nature qui est alors considéré...

Le poids de nature est toujours ignoré, même des plus grands maîtres. C'est là un mystère qui relève de Dieu seul et dont l'intelligence demeure inacessible à l'homme.

L'OEuvre débute et s'achève par les poids de l'art...Mais, entre ces extrémités, l'artiste n'a point à se servir de la balance, le poids de nature intervenant seul..."

Autrement dit, le poids de nature est essentiellement variable, et est soumis, ajoute Fulcanelli, aux qualités, naturelles ou acquises, de l'agent comme du sujet initial. Le voile représenté sur ce médaillon ne pourra donc être ôté que par la pratique et par l'opérateur lui-même.

 

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Une fois n'est pas coutume, Fulcanelli semble établir un lien entre les deux médaillons présentés ici. Malheureusement, aux secrets des poids succèdent immédiatement ceux des mercures. Voici la description par notre auteur du second bas-relief:

"Une reine, assise sur un trône, renverse d'un coup de pied le valet qui, une coupe à la main, vient lui offrir ses services." Là encore, la scène représentée paraît scrupuleusement évoquée.

Mais voilà, le courroux de la reine est justifié par le fait que son valet de pied lui présente un breuvage qui n'est pas celui qu'elle souhaite. Notons que le supérieur va terrasser l'inférieur.

Il y a plusieurs mercures, et le mercure initial, celui des philosophes, n'est sans doute pas le mercure commun.

"Le disciple, développe Fulcanelli au chapitre Le grimoire du chateau de Dampierre des Demeures, représente le premier mercure, de qualité froide et passive, que certains dénomment fidèle et loyal serviteur, et d'autres, eu égard à sa volatilité, servus fugitivus, l'esclave fugitif."

Le maître, ou la reine, est le soufre actif du métal dissous, estime-t-il. Et le valet ou mercure de la dissolution, me direz-vous?

Revenons au Mystère:

"Le servus fugitivus dont nous avons besoin est une eau minérale et métallique, solide, cassante, ayant l'aspect d'une pierre et de liquéfaction très aisée.

C'est cette eau coagulée sous forme de masse pierreuse qui est l'Alkaest et le Dissolvant universel."

Et grâce au Forum de la Librairie du Merveilleux, et tout spécialement à Ibrahim:

http://forum.aceboard.net/50340-2498-11107-1-CHAMPAGNE.htm#vb

admirons ensemble pour terminer le vitrail correspondant à ce motif du servus fugitivus:

 

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http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-julien-champagne-et-le-servus-fugitivus-121287358.html

 

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12 août 2006 6 12 /08 /août /2006 14:38

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Si j'avais à résumer le post qui va suivre, je le ferais de la manière suivante: il est très probable que Julien Champagne ait connu Assan Farid Dina (1871-1928), explorateur, astronome et alchimiste, célèbre après la première guerre mondiale, et actuellement presque tombé dans l'oubli.

Il l'a connu selon moi avant-guerre, à la librairie Chacornac, où il a pu également rencontrer Fulcanelli, comme bien d'autres passionnés d'ésotérisme.

Ce post est donc une sorte de suite à mes précédents "digests" liés aux Chacornac: Champagne au pays Chacornac, 3 juin 2006, Champagne en 1912, 17 juillet 2006, et D'Henri Chacornac à Champagne, 26 juillet 2006.

Comme Dina fut aussi un mari de Mary Wallace Shillito (1876-1938), au moins indirectement liée à Gaston Sauvage et directement à Alexandre Rouhier, on pourra utilement se reporter également à mes articulets consacrés au Grand Lunaire, groupe occultiste fréquenté par Julien Champagne (Champagne et Jules Boucher, 13 février 2006, Champagne au Grand Lunaire, 25 juin 2006, Champagne: sur les traces de Gaston Sauvage, 8 juillet 2006).


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Finalement, les faits sont simples: Mary et Assan se sont connus à la librairie Chacornac, et il me paraît évident qu'ils aient été des relations de Paul Chacornac, qui pourrait bien les avoir présentés l'un à l'autre, suivant les moeurs du temps.

Ils se sont épousés en 1913. Je rappelle que le fameux catalogue bibliographique Chacornac au frontispice de Champagne est, lui, de 1912. Je reviendrai tout à l'heure sur Wallace Shillito, faisons d'abord (pardon mesdames) un petit tour en Dina.

Petit-fils d'un maharadjah de Lahore, fils d'ingénieur, natif de l'île Maurice, alors comme l'Inde colonie britannique, il commence sa vie en parcourant le monde, des Afriques à la Chine. C'est en rentrant de Chine qu'il revient séjourner à Paris, et se marie.

Dans un des très rares ouvrages qui lui soit consacrés : Assan F. Dina ou le sphinx des Avenières, Pascal Haüsermann ( Yva Peyret, Suisse, 1994) se montre très vague sur la formation professionnelle de son héros, la qualifiant simplement de "solide".

Solide, elle devait l'être puisque dès 1916 Dina publie son premier ouvrage, La Science philosophique, peut-être sous le pseudonyme d'AMA, puis en 1917, sous le nom de ADINA, L'astre-Dieu, que ne mentionne pas Haüsermann.

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Il est probable qu'il ait été à ce moment et pour un temps proche de René Schwaller. En effet, il semble qu'il ait collaboré avec lui pour une de ses plaquettes ésotériques, intitulée Nécessité.


Erik Sablé dans son livre sur Schwaller (Dervy, 2003) écrit que cette brochure fut signée Ahor Mahmut Alliah (AMA). Aor deviendra plus tard le nomen mysticum de Schwaller.

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Dina rédige parallèlement, dès 1917, un troisième livre, La Destinée, La mort et ses hypothèses, qui ne paraîtra qu'en 1927.


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Si on ouvre L'astre-Dieu, éloquemment sous-titré La chair tangible de l'infini, on se trouve face à une pensée complexe, celle d'un "astronome spiritualiste".

Passionné d'assyriologie, Dina n'a pas oublié ses origines hindoues, et manifestement chez lui astronomie et astrologie ne sont pas contradictoires.

Deux citations, simplement, pour s'en convaincre, au ton d'ailleurs assez fulcanellien ou, si vous préférez, malgré l'anachronisme, teilhardien:

"Il est maintenant démontré que le Soleil n'est pas seulement notre noyau, mais que son être est constitué par tout son Univers avec les planètes, et tous les espaces contenus en lui...

Ainsi que nous le voyons, le Soleil, âme immense, nous contient en ses flancs comme une goutte de rosée dans le calice d'une fleur. Par lui toutes les vies existent et sont agissantes; par sa il nous soutient dans l'Infini "comme une rangée de perles", dit la Bhagavad Gita."

Et l'esprit de l'alchimie, qu'il mentionne à plusieurs reprises, n'est pas loin non plus de  cet extrait:

"Il ne faut pas désespérer de rencontrer un jour un Pygmalion pour animer cette matière. Car la vie est, comme toute chose, un mystère de notre ignorance, et sa création n'est pas un privilège réservé à Dieu; ni un sacrilège, ainsi qu'on se complaît à nous en effrayer avec l'image du géant Prométhée.

Ce qui nous manque encore, c'est la formule pour faire l'oeuvre du Créateur."

Sur Dina, je vous engage à visiter à l'occasion l'excellent site La rue de l'alchimie:

http://hermetism.free.fr/Avenieres/avenieres%2084.htm

 

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Venons-en maintenant à Mary. Après avoir battifolé en sapphique compagnie, ainsi que sa soeur Violette, prématurément décédée, cette héritière d'une riche famille américaine de Cincinnati, descendant peut-être d'Oliver Cromwell, choisit visiblement de "faire une fin" en épousant Dina.

Notons tout de même, messieurs, que si cette compagnie était sapphique, elle n'en était pas moins charmante et distinguée, puisque dans l'entourage des deux soeurs, nous trouvons notamment au début des années 1900 la poétesse Renée Vivien, ainsi que l'inévitable Nathalie Clifford Barney.

Quand on lit Haüsermann, on est tout de même frappé par la complexité des relations entre le mari et la femme.

Ayant hérité à Cruseilles, près d'Annecy, en Haute Savoie d'un chateau, Les Avenières, Mary s'y installe avec Assan, mais lui vit presque en permanence dans son cabinet, se consacrant à ses chères études, et elle continue à vivre entourée de dames, de la région ou de passage, bien entendu en tout bien, tout honneur.

Parmi les amies de Mary, je crois qu'il faut citer Marcelle Sénard, bien connue dans les milieux astrologiques pour son étude du Zodiaque (1948, réédité en 2004).

 

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N'exagérons pas tout de même, le couple est bien implanté dans la région, son train de vie fait qu'il rayonne naturellement, Madame a ses oeuvres, Monsieur...

Et bien Monsieur ne fait pas que passer à la loupe ses tablettes assyriennes, il s'active aussi à l'extérieur de son cabinet, de deux façons.

D'abord, il projette d'installer dans la région un télescope géant, qu'il financerait. Pour en reconnaître l'emplacement, il sillonne les airs avec son bi-plan Farman, et puis, parce qu'il est sérieux, il réussit à intéresser à son projet les autorités nationales. Après tout, il ne s'agit ni plus ni moins que de construire le plus grand téléscope mondial.

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Le général Gustave Ferrié (1868-1932), pionnier de la télégraphie sans fil, qui était originaire de la région, est en relation suivie avec Dina. Le projet connaît un retentissement mondial (Time Magazine, 10 décembre 1923).

Finalement, le montage capotera, mais partiellement seulement. En fait, il sera reporté et déplacé, et Dina reste à l'origine de l'installation de l'observatoire...de Haute Provence:

http://www.obs-hp.fr/www/preprints/pp156/pp156.pdf

Et puis, et peut-être surtout, en accord avec Mary - car ces deux là ont bien trouvé un accord - Assan transforme Les Avenières.


h.champagne

Je ne suis pas encore allé dans ce chateau, aujourd'hui reconverti en hotel restaurant de luxe, mais je le ferai sûrement à la première occasion, car si j'ai bien lu, Dina en a fait une sorte de demeure philosophale.

On pourrait croire qu'il n'a fait qu'en transformer l'intérieur, mais non, le parc lui-même, un peu comme à Dampierre sur Boutonne, a été aménagé pour traduire les préoccupations hermétiques des occupants de cette maison.

Pour Haüsermann, par exemple, les prés, devant l'ancienne ferme, sont agrandis pour qu'ils forment, vus depuis Cruseilles, un papillon dont la tête est le château. Des bouquets d'arbres sont plantés pour former la tache des ailes...

Même le jardin à la française a été construit de manière à permettre des manifestations particulières aux solstices.

Mais il  semble bien que le coeur battant des Avenières se situe dans ses murs, dans l'oratoire ou chapelle, achevé en 1917, et qui n'est pas d'une certaine façon sans rappeler celui de l'hotel Lallemant de Bourges.

Dina a signé cette oeuvre: A. Dina, et l'a fait sous cette maxime que ne renieraient pas bien des alchimistes: "L'Univers est un Oeuf - L'Oeuf est un Univers."

 

g.champagne

Pour Haüsermann, cette chapelle est un grand livre ouvert de la connaissance traditionnelle. J'ajouterai qu'à mon avis le syncrétisme de Dina y est manifeste.

Rama y cotoie Hermès...Je reconnais humblement que mes compétences limitées en matière d'hindouisme me conduisent naturellement à m'intéresser surtout à la vision d'Hermès de Dina.

Contrairement à la représentation unique de Rama, celle d'Hermès se prolonge d'ailleurs au travers des vingt-deux arcanes majeurs du Tarot, représentés sur les murs de la nef, dont voici quelques
échantillons:

http://www.chateau-des-avenieres.com/uk/histoire.htm

Naturellement Dina a marqué son Tarot de quelques particularités; par exemple il a orné l'oreille de la sagesse de la carte de l'Amoureux d'une boucle en forme de rose-croix...

Voyez aussi la lame de l'Etoile, arcane 17, cher à André Breton: "Dieu termina au 7ème jour tout l'ouvrage qu'il avait fait." Et observez certains détails comme cet oiseau sur un arbre perché, il a sûrement beaucoup à nous dire, certes dans sa langue.

A propos de message, voici un autre ouvrage, celui là spécialement consacré à la chapelle, que je vous signale à toutes fins utiles:

http://alain.bocher.free.fr/message.jpg

Il est du tarologue et peintre contemporain Alain Bocher.

 

chateau-de-avenieres.champagne


La fin de l'histoire des Dina, car hélas toute histoire a une fin, mais cette fin lui permet aussi de se transformer en une autre histoire, est comme il se doit des plus étranges.

En 1928, Assan et Mary reviennent de Ceylan où est enterrée la mère de Dina. Ils fêtent leurs quinze ans de mariage sur le paquebot, à quelques heures de Suez...Dina décède dans des conditions mystérieuses, semble-t-il. Il sera enterré au Caire.

Rentrée seule en France, Wallace Shillito se lie avec le philosophe René Guénon, rencontré en 1929 à ...c'est cela, vous avez deviné. Paul Chacornac traite d'ailleurs de cet épisode dans son livre La vie simple de René Guénon.

Et voilà que Mary et René partent ensemble pour l'Egypte en 1930. René Guénon y restera, vivant et converti à un certain islam, disons ésotérique, pour ne pas dire soufi.

Mary se remariera dès 1930  avec le musicien belge Ernest Britt, qui semble avoir sérieusement écorné sa fortune. Les Avenières sont vendues en 1936, un divorce intervient en 1937, elle meurt à Genève en 1938, apparemment dans un accident.

 

cygne.champagne

D'après Marie-France James, dans son livre Esoterisme et christianisme autour de René Guénon (NEL, 1981), Mary et René s'étaient entendus dès 1929 sur la création de la librairie Véga, qui serait chargée de publier le corpus guénonien.

Britt, le nouveau mari de Shillito, était comme il va de soi hostile aux idées de Guénon. C'est ainsi que "madame Britt" dut céder la librairie à son directeur commercial, le docteur Antoine Rouhier. Nous connaissons la suite.

Dans le même ouvrage, James appelle l'Egypte "la terre du Sphinx". Curieux destin tout de même que celui de Mary, qui dut laisser en terre d'Egypte et Assan, et René.

Notons aussi comme notre liste égyptienne s'allonge: Schemit, Schwaller...pour ne pas réévoquer bien sûr le sphinx du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli, illustré par Julien Champagne.

Dina est appelé par Haüsermann le sphinx des Avenières. A part lui, y en a-t-il d'autres? Il y en a au moins un, reproduit dans son essai.

Assan était un zoroastrien convaincu, et il n'ignorait pas que les adeptes de ce culte étaient aussi des disciples du feu. Sur ce sphinx là, on retrouve une maxime proche de celle qui clôt le
premier livre de Fulcanelli: pouvoir.

 

sperandum.champagne

Maxime proche, donc,  de l'"oser" du Mystère. Devise volontariste qui d'une certaine façon est équilibrée par, trouve son pendant dans le Sperandum Est qu'on peut également admirer dans le
même chateau.

Signe d'attente, si l'on veut, mais alors d'attente active, et avec un peu de chance, cygne d'espérance. La mort n'est qu'une étape vers une autre vie.


http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-sphinx-de-champagne-121287289.html
sphinxaveni-res.champagne

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11 août 2006 5 11 /08 /août /2006 11:51

p52c.champagne

Voici maintenant, extraits de l'édition italienne du livre de Geneviève Dubois, Fulcanelli dévoilé, deux dessins de Julien Champagne.

Celui de droite est signé, et porte la date du 31 mai 1898. Si on suit Dubois, Champagne était alors étudiant à l'Ecole des Beaux Arts de Paris, sous la houlette de Léon  Gérome, Ecole dont
il sortit en 1900  ( voir à ce sujet mes posts du 1er février 2006: Champagne et Léon Gérome et du 19 février 2006:  les condisciples de Julien Champagne) ou pour Walter Grosse en
1901.

Nous avons donc affaire ici quoiqu'il en soit à un autre modèle de Julien Champagne, qui fut probablement une jeune femme de son entourage de l'époque, qu'il fût artistique ou familial, voire
personnel.

Pour ma part je trouve ce portrait d'une inconnue plus qu'émouvant, il est d'une sobriété presque classique et en même temps, il nous permet de nous remémorer toute une époque, que l'on dit 
belle: 1898, mais c'est une année où Renoir  a son bras droit paralysé par l'arthrose,  et continuera pourtant à peindre, où Degas reconnu comme un maître par Pissaro peint danseuses et nus...

dessin1.champagne

Nous sommes en pleine affaire Dreyfus, et en pleine affaire Fachoda, Lewis Carroll, Stéphane Mallarmé et Pierre Puvis de Chavannes, Gustave Moreau, Charles Garnier nous quittent, Herbert George
Wells publie La guerre des mondes, Pierre et Marie Curie découvrent polonium et radium,
Louis Renault construit une nouvelle boite de vitesses, Eugène Ducretet fait une démonstration de transmission sans fil (TSF) entre la tour Eiffel et le Panthéon de Paris...

Malheureusement dans son ouvrage pourtant si riche en informations de toutes sortes, Dubois ne donne aucun autre détail sur ces dessins, qu'il s'agisse de leur provenance ou du modèle de Julien
Champagne.

Nous restons donc à leur sujet un peu sur notre faim, qui est grande d'en savoir plus. Comme je crois l'avoir déjà indiqué, Geneviève précise cependant aussi, ce qui ne peut qu'accroître notre
frustration:

"De cette période reste un excellent tableau représentant l'évêque de Bordeaux". Mais elle n'en dit pas plus,  et ne reproduit pas non plus le tableau en question, que Walter Grosse croit
pouvoir être un portrait de l'évèque gnostique Léonce Eugène Joseph Fabre des Essarts, dit Tau Synésius:

http://www.fulgrosse.com/article-4753485.html

A la décharge de Dubois, le sujet de son livre étant Fulcanelli, et les dessins ou le tableau épiscopal  n'ayant en principe rien à voir ni avec cet alchimiste, ni avec l'alchimie, cet
auteur a pu légitimement considérer que ces oeuvres de Champagne ne présentaient qu'un intérêt anecdotique.

Tel n'est certainement pas notre point de vue, et en attendant d'en savoir et donc de pouvoir en dire davantage, je concluerai en remarquant que décidémment Julien Champagne, en tant qu'artiste,
ne fut pas "que" l'illustrateur des oeuvres de Fulcanelli.

dessin2.champagne

http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-disegni-di-julien-champagne-121286633.html

 

jcdessinscadre.champagne

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10 août 2006 4 10 /08 /août /2006 13:34

stgeorges.champagne

Depuis mon post du 17 juillet 2006: Champagne en 1912, il ne fait guère de doute dans mon esprit que Julien Champagne et Paul Sédir aient fréquenté ensemble la librairie Chacornac, et qu'ils s'y soient connus.

Je reproduis à nouveau ci-dessus le dessin qui jouxte le frontispice du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli, dans la bibliographie Chacornac parue deux ans après la réalisation de ce "symbole alchimique de J. Champagne".

Lui aussi pourrait être de Julien en théorie, mais finalement j'en doute (voir Julien Champagne et Saint Marcel, 27 avril 2006). Voici en tout cas son intitulé, peu lisible sur mon cliché:

"Le portail droit de Notre-Dame Symbole alchimique sculpté dans la pierre ( Ancien lieu de rendez-vous des Alchimistes des siècles passés)."

A propos d'illustrations, je noterai également que la "bibliographie alphabétique et critique" de 1912 diffère sensiblement des autres catalogues Chacornac que je connais. Elle est bien plus richement illustrée.

Dans les années 1900, ces catalogues sont ornés de quelques dessins, généralement signés OW ( Oswald Wirth, à mon avis). Ceux des années 1930 en sont totalement dépourvus. Il semble donc que nous ayons affaire à un document particulier, et rare.

Pour en revenir à cette bibliographie introduite par Papus, elle est préfacée et fait l'objet de notices explicatives de Sédir; autant dire qu'il en est l'auteur principal, sinon unique. Le dernier portrait de lui ici présenté est d'ailleurs de 1912.

 

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Nous avons déjà rencontré Paul Sédir en évoquant Lucien Chamuel (Champagne et l'archange,  25 mai 2006).

Compte tenu de sa tonitruante entrée en occultisme, à dix-neuf ans, il n'est pas étonnant qu'Yvon Le Loup (1871-1926) se soit octroyé ou se soit vu attribuer un nom de plume rappelant "l'homme de désir" de Louis-Claude de Saint-Martin dans son Crocodile.

Sa vie professionnelle semble avoir été particulièrement terne, à l'inverse; employé à la Banque de France à compter de 1892, il y resta jusqu'à la fin de son existence.

L'année précédente, il avait commencé à écrire pour L'Initiation ses premiers articles, signés de son pseudonyme.

Outre Chamuel et Papus, comme déjà dit, il fut un proche de Stanislas de Guaïta et sa rencontre ultérieure avec Maître Philippe incita celui qu'on appelait "le théosophe d'Amboise" à évoluer vers un mysticisme qui le conduisit à fonder en 1920 son propre mouvement, les Amitiés Spirituelles, toujours actif aux dernières nouvelles.

Ne quittons pas l'homme Le Loup sans mentionner sa dévotion pour sa femme Alice, épousée en 1889 et décédée en 1909, que Maître Philippe guérit d'un mal apparemment incurable en 1905, avec sur cette âme sensible ô combien un effet que chacun peut imaginer, du moins je l'espère.

Un peu d'humanité dans ce monde de brutes, cela fait du bien; il est vrai que j'ai vu sur une de ses photos, que je ne donne pas cette fois, que Sédir a fumé la pipe; c'est une de mes maximes préférées, savez-vous, "un homme qui fume la pipe ne peut pas être totalement mauvais".

Plus pessimiste que moi peut-être, Paul aurait écrit: "Il est très rare qu'on veuille délibérément être mauvais, mais il est très fréquent qu'on ne veuille pas être meilleur."

 

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Mais l'oeuvre, me direz-vous? Elle est abondante et diverse, et je partage personnellement l'idée de ceux qui trouvent que l'essentiel s'en trouve peut-être dans les études de Sédir sur le rosicrucianisme.

Gnostique, membre de l'Hermetic Brotherhood of Luxor, il appartint également à l'ordre kabbalistique de la Rose-Croix de Guaïta.

Je citerai donc en premier lieu son Histoire des Rose-Croix (Librairie du XXe siècle, 1910), suivie d'une Histoire et doctrine des Rose-Croix, (Bibliothèque des Amitiés Spirituelles, 1932), devenue plus tard Les Rose-Croix (Amitiés Spirituelles, 1953, 1964...).

Ces ouvrages ne sont pas trop difficiles à trouver soit en librairie, soit en ligne, en français comme dans d'autres langues:

http://pros.orange.fr/jean-paul.barriere/divers2/lesrose.htm
http://www.moup.org/Files/Sedir-History_and_Doctrine_of_the_Rose-Croix.pdf

On y trouvera en particulier de précieuses indications sur l'esprit du rosicrucianisme et celui de...l'alchimie, qui nous rapprochent bien sûr de Julien Champagne.

 

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Parmi les autres ouvrages d'Yvon Le Loup,  citons son étude sur Jacob Boehme (Chamuel, 1897), Boehme dont il traduira le De Signatura Rerum (Chacornac, 1908) et dont il préfacera De l'Election de la Grâce (Chacornac, 1928).

Ce qui nous conduit tout naturellement à évoquer d'autres préfaces et traductions de ses inspirateurs, traduction de la Theosophia Practica de Johann Georg Gichtel (Chamuel, 1898), préfaces à l'Histoire philosophique du genre humain, d'Antoine  Fabre d'Olivet (Chacornac, 1910) et bien entendu aux Nombres de Saint-Martin (Chacornac, 1913).

Sédir relatera également sous forme de fiction sa rencontre avec Maître Philippe, dans le volume Initiations qui en 1924 en était déjà à sa troisième édition aux Amitiés Spirituelles.

Enfin, comment ne pas revenir un instant sur le mystique que fut Le Loup, un mystique que je serai tenté de qualifier de christique, le meilleur livre de lui à conseiller sur ce plan étant peut-être Les guérisons du Christ, toujours disponible actuellement.

Toute bibliographie étant partielle et partiale, en voici une autre de Sédir, dont je me suis d'ailleurs inspiré:

http://www.livres-mystiques.com/partietextes/Besson/Biobesson/biblio.htm

 

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De la guérison à la médecine, universelle ou non, il n'y a qu'un pas, si l'on veut être optimiste, pas que je vais maintenant et allègrement franchir avec vous.

Parmi les ouvrages traduits par Sédir, figure dès 1897 le livre de Saturnus (Theodor Krauss), Iatrochimie et Electro-Homéopathie (Chacornac).

Voulez-vous une oeuvre de Le Loup en personne? Voici La Médecine occulte, revue de toutes les thérapeutiques, alchimique, magnétique, astrale, religieuse, théurgique, La Maison d'Art (1900), puis Beaudelot, 1910.

Et puis, parce qu'il nous faut maintenant y arriver, en 1896 déjà, Sédir avait préfacé L'Hylozoïsme, L'Alchimie, Les Chimistes unitaires (Chamuel), d'un certain Jollivet-Castelot.

François Jollivet-Castelot (1868-1937), qui dès 1897 publiera chez Chamuel Comment on devient alchimiste, qui la même année fondera avec Jean Delassus et Edouard d'Hooghe la Société Alchimique de France...

Coïncidence, engouement passager d'un touche-à-tout, d'un curieux perpétuel? Pas du tout.

 

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Le martiniste Jollivet-Castelot, en qui certains, à tort sans doute, ont cru reconnaître Fulcanelli, a aussi fondé plusieurs revues: L'Hyperchimie (et les éditions du même nom), mais aussi Rose-Croix...

Dans son livre Fulcanelli dévoilé, Geneviève Dubois situe en 1896 la fondation de L'Hyperchimie, "revue mensuelle d'alchimie, d'hermétisme et de médecine spagyrique". Elle ajoute que cette revue parut une dizaine d'années.

Le directeur en était Jollivet, et le rédacteur en chef...Paul Sédir. Dans son livre, Les religions inconnues (NRF, 1928), E.Gascoin nous le confirme si besoin était:

"L'alchimiste, écrivait Sédir, rédacteur en chef de l'Hyperchimie, est guidé par la loi des analogies, c'est-à-dire, suivant l'opération qu'il entreprend, par la méthode de correspondance, par celle des signatures..."

 

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Jollivet-Castelot comme Sédir, Phaneg, auteur d'un traité d'alchimie, Papus...ont tous,enfin, fréquenté les cours de l'Ecole Hermétique, ex Groupe Indépendant d'Etudes Esotériques, nous rappelle également Dubois.

Dans un article sur Paul Sédir, "ésotériste chrétien", publié en 1948 dans le numéro IX de la revue Initiation & Science, Robert Caborgne, secrétaire de l'association pour la rénovation de l'occultisme traditionnel (AROT), affirme:

"C'est à Paris que Paul Sédir eut son laboratoire alchimique. Là se retrouvaient Albert Poisson, Abel Haatan, Marc Haven et le docteur Bourcart, ancien élève de Polytechnique qui, sous le pseudonyme de Jacob, écrivit l'Esquisse hermétique du grand Tout universel, suivie de l'étude analytique d'un athanor alchimique."

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Finalement, quand on regarde un cliché comme celui de ce groupe d'amis, on peut se demander qui ne s'y est pas occupé d'alchimie. Le Maître Philippe, peut-être. Je ne connaissais pas Rosabis, dont le "nom de guerre" me semblait cependant suffisamment parlant, jusqu'à ce que je lise sous la plume de Marie-Sophie André et Christophe Beaufils (Papus, biographie, Berg, 1995) qu'il s'agit en fait d'un ingénieur dénommé Pierre Bardy.

 

Marc Haven (Emmanuel Lalande), gendre de Philippe, a produit une thèse de médecine sur Arnaud de Villeneuve et préfacé comme Pierre Dujols le Mutus Liber, livre muet de l'alchimie.

Pour en savoir encore un peu plus sur Sédir, voici sa biographie, je devrais dire son éloge par Emile Besson, des Amitiés Spirituelles, en 1971:

http://www.livres-mystiques.com/partietextes/Besson/Biobesson/biosedir.html

Il y a eu aussi dès 1926 un numéro spécial Paul Sédir, du Voile d'Isis, revue à laquelle il avait également prêté sa plume.

En 1971, les Amitiés Spirituelles ont publié un Sédir, l'homme et l'oeuvre. Et pour conclure, comment ne pas vous signaler à propos d'Yvon l'excellent site de Roland Soyer:

http://www.livres-mystiques.com/homepage/presenta.html

Cliquez sur Sédir...et sachez que Roland Soyer est aussi l'auteur d'un article que je trouve particulièrement attachant, où il relate ses années de formation:

http://www.livres-mystiques.com/Temoignage/formation/formatio.html

Son premier maître? Eugène Canseliet.

http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-champagne-et-l-homme-de-desir-120342334.html

 

Roland Soyer.champagne 

 

dedicacesedir.champagne

amicorum.champagne

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8 août 2006 2 08 /08 /août /2006 11:11

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La planche XI de l'édition originale du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli, illustré par Julien Champagne, comporte deux motifs en médaillon, figurant tous deux au porche central de Notre-Dame
de Paris.

Celui de gauche s'intitule La Cohobation, et celui de droite Origine et Résultat de la Pierre. Dans l'édition Pauvert du même ouvrage, les clichés correspondants, sans doute dûs à Pierre Jahan, portent respectivement les numéros XVIII et XIX.

Que nous en dit Fulcanelli dans son livre?


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"Auprès du contrefort qui sépare le porche central du portail nord, le premier motif nous présente un cavalier désarçonné se cramponnant à la crinière d'un cheval fougueux.

Cette allégorie a trait à l'extraction des parties fixes, centrales et pures, par les volatiles ou éthérées dans la Dissolution philosophique. C'est proprement la rectification de l'esprit obtenu et la cohobation de cet esprit sur la matière grave.

Le coursier, symbole de rapidité et de légèreté, marque la substance spirituelle; son cavalier indique la pondérabilité du corps métallique grossier. A chaque cohobation, le cheval jette bas son cavalier, le volatil quitte le fixe; mais l'écuyer reprend aussitôt ses droits, et cela tant que l'animal exténué, vaincu et soumis, consente à porter ce fardeau obstiné et ne puisse plus s'en dégager.

L'absorption du fixe par le volatil s'effectue lentement et avec peine. Pour y réussir, il faut employer beaucoup de patience et de persévérance et réitérer souvent l'affusion de l'eau sur la terre, de l'esprit sur le corps.

Et c'est seulement par cette technique, - longue et fastidieuse, en vérité, - que l'on parvient à extraire le sel occulte du Lion rouge avec le secours de l'esprit du Lion vert..."

Fulcanelli revient un peu plus avant dans son texte sur le même motif, pour souligner qu'en dépit des outrages du temps et des déprédations de toutes sortes dont elle a été victime, Notre-Dame conserve en elle-même le coloris orginal des figures de son grand porche.

"Guillaume de Paris, dont nous devons bénir la perspicacité, sut prévoir le préjudice considérable que le temps porterait à son oeuvre.

En maître avisé, il fit reproduire minutieusement les motifs des médaillons sur les vitraux de la rose centrale. Le verre vient ainsi compléter la pierre et, grâce au secours de la matière fragile, l'ésotérisme reconquiert sa pureté primitive.

On découvrira là l'intelligence des points douteux de la pratique. Le vitrail, par exemple, dans l'allégorie de la Cohobation (premier médaillon), nous présente, non un vulgaire cavalier, mais un prince couronné d'or, à veste blanche et bas rouges."

Combien voudrions-nous pouvoir admirer ces vitraux avec vous, et, au moment où l'on constate les ravages sur nos verrières médiévales de la pollution industrielle, combien il nous faut souhaiter que les trésors de nos basiliques, parisiennes et autres, ne soient pas abandonnés à l'indifférence d'édiles surtout intéressés par leur notoriété immédiate, ni à celle d'un clergé ô combien séculier!

 

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"Au second médaillon, poursuit Fulcanelli, l'Initiateur nous présente d'une main un miroir, tandis que de l'autre il élève la corne d'Amalthée; à ses côtés se voit l'Arbre de Vie.

Le miroir symbolise le début de l'ouvrage, l'Arbre de Vie en marque la fin, et la corne d'abondance le résultat.

Alchimiquement, la matière première, celle que l'artiste doit élire pour commencer l'OEuvre, est dénommée Miroir de l'Art...

Ce sujet, si vulgaire et si méprisé, devient par la suite l'Arbre de Vie, Elixir ou Pierre philosophale, chef-d'oeuvre de la nature aidée par l'industrie humaine, le pur et riche joyau alchimique.

Synthèse métallique absolue, elle assure à l'heureux possesseur de ce trésor le triple apanage du savoir, de la fortune et de la santé.

C'est la corne d'abondance, source intarissable des félicités matérielles de notre monde terrestre..."

 

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Dans ses Deux Logis Alchimiques (Schemit, 1945, Pauvert, 1979, et Bailly, 1998), Eugène Canseliet insistera à nouveau sur ce thème, à propos de la sirène noire et enceinte, peinte au plafond de la salle des gardes du château du Plessis-Bourré, dans le Maine-et-Loire:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_du_Plessis-Bourr%C3%A9

"Je suis noire mais belle - Nigra sum sed formosa - déclare, au premier chapitre du Cantique des Cantiques, la Grande Dame, qui est épouse excellement, tandis qu'au château du Plessis-Bourré, elle contemple son obscure beauté dans le miroir de l'art qui est issu d'elle-même.

Au-dessous de l'objet pesant, une corne d'abondance paraît en souligner la réfléchissante vertu..."


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Oui, réfléchir, méditer, et puis voir, contempler la Merveille. En bas près des porches, comme en haut, sur les rosaces et même parmi les gargouilles de la galerie haute. La Grande Dame, Notre-Dame continue d'y veiller sur son, sur ses alchimistes.

 

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http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-cohobation-de-julien-champagne-120342281.html
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7 août 2006 1 07 /08 /août /2006 13:45





C'est à Axel Brücker que revient le mérite d'avoir, dans son Fulcanelli et le mystère de la croix d'Hendaye (Séguier, 2005), attiré l'attention sur Pierre Jahan et son oeuvre.

Personnellement, je ne considère pas que ce photographe de renom ait dépossédé Julien Champagne de l'illustration des livres de Fulcanelli, à partir des éditions Pauvert, mais plutôt qu'il en a prolongé le travail.

En attendant, peut-être, une prochaine publication de ces livres, qui rende à nouveau justice au talent d'Hubert...

Mais la photographie, comme la peinture, ou le dessin, entre autres, est elle aussi un art et ce désormais depuis plusieurs siècles.

Avec Pierre Jahan (1909-2003), nous nous trouvons donc en bonne compagnie. "Véritable alchimiste de la photo, nous dit Brücker, il développait et "tirait" lui-même ses photos en noir & blanc, dans son atelier ou même dans son appartement, dans lequel il avait installé un laboratoire."

Dès 1929, il devint "photographe-illustrateur", ainsi qu'il se définit lui-même, travaillant pour des revues de prestige comme L'Illustration.

Dans les années 1930, il commence à exposer, avec Henri Cartier-Bresson, Man Ray...son inspiration étant encore très classique, comme en témoigne sa Vierge à l'enfant de 1938.



Dès 1940, cependant, il commence à produire des études de nu.



Pour Brücker, sa plus grande rencontre, son plus génial modèle et maître sera Jean Cocteau, dont il fera les plus beaux portraits, de même qu'il photographiera aussi Colette, ou Picasso.

En 1946, Cocteau co-signera avec lui La mort et les statues (Editions du Compas), dont est extrait le Centaure reproduit ici. Ce volume semble avoir été repris par Seghers en 1977.


En 1949, s'inspirant peut-être des livres de Fulcanelli, Jahan sortira avec Jean-François Noël le premier volume de ses Gisants (Paul Morihien, éditeur) , photographies en pleine ou double page des tombeaux les plus magnifiques comme celui de Blanche de Castille ou Catherine de Médicis. Les photos seront accompagnées de textes de Cocteau.



C'est probablement cet ouvrage des Gisants, consacré à vingt cinq reines et rois de France, et agrémenté de notices historiques de Philippe Erlanger,  qui donnera ensuite à Jean-Jacques Pauvert et Eugène Canseliet l'idée de demander à Pierre Jahan de photographier les monuments du Mystère des Cathédrales, et, plus tard, une partie de ceux des Demeures Philosophales.

En 1950, Pierre Jahan rejoint le Groupe des XV, aux côtés notamment de Robert Doisneau.

Toujours en 1950, ce digne successeur de Julien Champagne a publié aux éditions du Cerf des extraits illustrés du poème de Charles Péguy : Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres.

Toutefois, cet ouvrage pourrait être une reprise d'une édition antérieure, de 1940 ou du moins des années 1940.

Il existe peu de textes consacrés à Pierre Jahan et à son oeuvre; citons cependant le Des mains parlent de la collection Photogalerie, aux éditions Ides et Calendes, de Neuchâtel (Suisse), qui est paru en 2002, aux bons soins d'Alain Fleig:

http://www.idesetcalendes.eu/index.php?module=produit&prd_id=175

Et ne quittons pas l'ami Pierre sans mentionner l'intérêt de certains des collages photographiques d'un Jahan qui fut à certains égards, lui aussi, proche du surréalisme:

http://www.parisenimages.fr/hist-bio.php
http://www.articite.com/events-arts-visuels/nov05/44.htm

 

http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-de-champagne-a-pierre-jahan-120342180.html



Ah, oui, j'oubliais; dans les éditions Pauvert des Fulcanelli, "la plupart" des photographies sont de Pierre Jahan, mais les autres?

D'après Richard Caron, dans l'édition Bailly des Deux Logis Alchimiques d'Eugène Canseliet (1998), sur laquelle il nous faudra revenir, les autres clichés auraient été pris par un certain R.J. Ségalat.

R.J. comme Roger-Jean, sans doute, encore un Vaudois!



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1 août 2006 2 01 /08 /août /2006 14:30

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Parmi les oeuvres de jeunesse de Julien Champagne, à caractère non alchimique, répertoriées par Geneviève Dubois dans son livre Fulcanelli dévoilé, figurent trois aquarelles de 1895.

Dubois emploie d'ailleurs à leur propos une expression curieuse, écrivant "nous possédons trois aquarelles", ce qui peut prêter à interprétation.

Elle n'en reproduit qu'une, datée du 9 août 1895, intitulée Beauvoir-Rivière, soleil couchant, un paysage de...campagne que voici donc, soumis à notre sagacité, et pour l'instant hélas en noir et blanc.

La commune de Beauvoir-Rivière était, ceci ne devrait pas nous surprendre, une commune du département de la Somme.

Les recherches à son sujet sont de nos jours un peu compliquées par cet "était", justement. En 1974, un regroupement de communes l'a rapprochée de Wavans-sur-Authie, et la nouvelle municipalité, dite désormais Beauvoir-Wavans, a changé de nom.

Elle a de plus changé de département, et se trouve désormais sise dans le Pas-de-Calais. D'une façon que je trouve très symbolique, on y trouve donc "très logiquement" deux monuments aux morts, un face à l'école, l'autre en face de l'église!

Ainsi s'acharne-t-on à compliquer le devoir et le travail de mémoire dans la durée, au nom de considérations parfois bien provisoires.

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Mais je ne voudrais pas terminer ce post sur une note aussi acerbe et en tout cas mélancolique, et puisque nous voici en pleine pause estivale, je vais souhaiter à tous ceux qui peuvent et veulent en profiter de bonnes vacances, - si possible au vert, - et aux autres, bonne continuation dans leur travail et leurs chères études.

Ce blog, figurez-vous, a six mois d'existence, et sans vouloir vous infliger un bilan en règle, je veux aussi remercier sans plus attendre ses quinze mille lecteurs à ce jour.

Merci de votre attention, de votre intérêt toujours soutenu et renouvelé, et aussi de vos contributions. On en est  à peu près à un commentaire pour deux posts actuellement, ce que je trouve tout à fait encourageant.

Sans oublier, chers Walter Grosse, CosyRay et Calendrier notamment, tous ceux et celles grâce à qui il s'est trouvé très concrètement et substantiellement enrichi. Merci pour Julien Champagne, et pour son OEuvre.

A tous et toutes, je dis donc à bientôt, pour un soleil levant.

 

http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-paysage-de-julien-champagne-120342144.html





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