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  • : Site consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.
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...consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.


Peintre et dessinateur, Julien Champagne est surtout connu de nos jours pour avoir illustré les ouvrages de Fulcanelli, un mystérieux alchimiste contemporain.

Et pourtant, il figure au Bénézit, la "Bible" internationale des créateurs. Et suivant son ami Eugène Canseliet, il fut bien un maître du pinceau et du crayon.

C'est à la découverte de cet artiste méconnu, mais profondément attachant, que je voudrais vous inviter. Je voudrais aussi vous demander de ne pas hésiter à enrichir mes articles de vos propres commentaires et de vos découvertes personnelles.

Bon voyage donc au pays légendaire de Julien Champagne.

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26 novembre 2024 2 26 /11 /novembre /2024 17:17

Dans ce blog initié en 2006, nous avons eu tôt fait de croiser la route de l'égyptologue hétérodoxe et hermétiste Jacques Grimault (voir notamment notre article Champagne en Atlantis en 2009, et plus récemment nos contributions intitulées Champagne en autobiographie et Alkemia de Champagne).

Il vient cet été de se signaler à nouveau à notre vigilante attention, au travers de la publication de quatre livrets, tous parus de juin à août 2024, si l'on en croit Amazon, où on peut se les procurer, et tous édités par son association de La Nouvelle Atlantide.

A tout seigneur, tout honneur, donc commençons notre modeste recension par Le Fulcanelli de Wikipédia rectifié par un alchimiste (Grimault himself, pensons nous), puisque est reproduit en couverture le frontispice du Mystère des Cathédrales, où comme vous pouvez le constater apparaît le nom de Julien Champagne.

Maître Jacques tient aussitôt parole et reproduit la version la plus récente de l'entrée fulcanellienne des Wikipèdes avec des interpolations critiques (et même très critiques) de son cru. Voici donc à notre sens une première démarche originale et dont l'utilité pour les chercheurs et autres étudiants ès Fulcanelli ou ès alchimie ne saurait être mésestimée.

Malheureusement, si Jacques Grimault reconnaît bien à Julien Champagne le sérieux de son savoir hermétique, il le présente aussi comme un dépravé, d'une manière que pour notre part nous trouvons abusive. De même, il a un peu tendance (nous semble-t-il) à mépriser systématiquement ceux qui sont après tout ses confrères en études fulcanelliennes ("comme toujours chez les fulcanellistes, aucune preuve concrète"). Pour une approche plus nuancée desdits fulcanellistes (dont Grimault), nous vous renvoyons donc au travail substantiel de l'ami Jean Artero (Fulcanelliana, Arqa, 2017).

Pour nous, en fait, la partie la plus pertinente du présent travail de Jacques est constituée par le développement final qu'il y propose, s'agissant de sa compréhension de l'alchimie. Donnant, fictivement ou non, la parole à un Philosophe anonyme, Grimault en produit une missive dont je voudrais extraire pour vous cette phrase magnifique: "La citadelle alchimique, si elle est presque imprenable, contient en vérité un trésor: la vie elle-même."

Le second opuscule produit par Jacques Grimault (cette fois sous son nom) devrait selon moi vous intéresser autant que le premier, chers amis et chères amies. Cette Chronologie générale de l'affaire Fulcanelli pourrait bien elle aussi constituer pour nous tous une sorte de "boite à outils" méthodologique. Outre un rappel historique détaillé année par année, il propose en effet (comme quelque part le bouquin d'Artero mentionné ci-dessus)  une liste des principaux "fulcanellisables", et surtout il la complète par une série de tableaux analytiques les répartissant suivant des critères précis:

Naissance ou non en 1839 (année supposée de naissance de Fulcanelli), Polytechnicien ou pas (Fulcanelli est présumé avoir été taupin), place dans l'économie et la société (Fulcanelli est présenté comme ayant appartenu à un milieu aisé et plutôt "en vue")...

Evidemment et donc sans surprise nos lectrices comme nos lecteurs auront probablement deviné en considérant ce qui précède que Grimault Jacques en conclut sans barguigner à la pertinence solitaire de son hypothèse de prédilection: Fulcanelli aurait été un de ses parents, le scientifique Albert Auguste Cochon de Lapparent. Pour l'anecdote, j'ai été ravi d'apprendre de Jacques, qui plus est preuve à l'appui, que ce Lapparent a fait changer son patronyme, qui au départ était celui de L'Apparent.

 

Dans la huitième livraison de la revue trimestrielle d'alchimie traditionnelle dénommée Alkemia, dirigée par Grimault encore et toujours, et dont on peut penser qu'il est en fait l'homme orchestre, puisqu'aucune contribution n'est signée, il est insisté particulièrement sur le cas du fulcanellisable de feu Richard Khaitzine, Alphonse Jobert, dont vous aurez compris que notre Jacques rejette la candidature avec des arguments qui peuvent paraître rejoindre ceux de Jean Artero. Pour notre part, nous reconnaissons volontiers que les autres items abordés, il est vrai le plus souvent au travers de textes anciens (le Mutus Liber et la Rosée, le Mercure et le Feu, la Pierre) sont ceux qui nous ont le plus intéressé.

Last but not least, notre Jacques nous a finalement gratifiés ces derniers mois d'un petit Dossier des transmutations alchimiques qui n'est pas non plus sans mérite, et très honnêtement au demeurant, se réfère explicitement à l'essai bien connu de  Bernard Husson sur le sujet.

Nous avons été surpris à l'inverse de constater que n'y est pas abordée la transmutation de 1922 à Sarcelles, à laquelle ont participé et Fulcanelli, et ses disciples Julien Champagne et Eugène Canseliet, alors que cet événement notoire figure bien (cf. ci-dessus) dans la Chronologie de  l'affaire Fulcanelli. Chronologie dans laquelle Jacques Grimault mentionne également et expressément les deux oeuvres actuellement parues de Julien Champagne: Le Procédé Yardley et La Vie Minérale (dans les deux cas aux éditions Les Trois R, 2011 et 2015). Depuis 2023 les éditions Decoopman ont également publié ses commentaires au traité classique (et anonyme) intitulé Science écrite de tout l'art hermétique. 

Reprenant notre pensum d'hier et puisque nous sommes en la Saint Séverin, nous voudrions avoir une pensée publique pour l'alchimiste Séverin Batfroi (1946-2024) dont nous avons vu récemment sur la page Facebook de notre autre compère Yves Artero qu'il nous a quittés il y a peu.

Séverin connaissait et appréciait ce blog et nous avions correspondu un temps avec lui il y a bien des années maintenant, hélas. Comme son ami également disparu Guy Béatrice, il avait été un des principaux élèves français d'Eugène Canseliet, après le décès duquel il avait pris ses distances avec ce qu'il appelait plaisamment le "marigot" alchimique et s'était sauf erreur orienté vers une approche plus exclusivement spirituelle du Savoir (celle de l'islam soufique).

On lui doit plusieurs ouvrages de valeur, dont ses Alchimiques métamorphoses du Mercure universel (Guy Trédaniel, 1977), largement consacré aux fresques du monastère de Cimiez, sur les hauteurs de Nice, et chez le même éditeur son Alchimie et révélation chrétienne (1976), essai dont il nous avait confié préférer une version ultérieure: La Voie de l'alchimie chrétienne (Mercure Dauphinois, 2005). 

 

 

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11 octobre 2024 5 11 /10 /octobre /2024 18:38

Dans son blog bien connu des internautes, Serge Caillet se présente à nous comme un historien de l'occultisme: Serge Caillet - Bloc-notes d'un historien de l'occultisme

Parmi ses nombreux ouvrages, on peut citer effectivement Monsieur Philippe, l'ami de Dieu, Dervy, 2013, ou encore La tradition martinésiste, Le Mercure Dauphinois, 2021.

En fait, l'école dont il nous semble se réclamer est principalement celle du martinisme, même s'il aurait dans un premier temps, nous explique-t-on, rencontré l'alchimie grâce à ses lectures de Jacques Bergier, avant de devenir l'élève et le collaborateur de Robert Amadou (sur ce dernier voir notamment notre article Champagne et le secrétaire de Fulcanelli). 

De cet engagement, il nous paraît que son nouvel ouvrage sur Robert Ambelain, le théosophe clandestin (éditions de la Tarente, 2024), témoigne une nouvelle fois si besoin était: Robert Ambelain, le théosophe clandestin (latarente.fr) 

Ce titre de théosophe clandestin a été au demeurant décerné à Ambelain par son "compagnon" Amadou, nous explique Caillet, lequel a aussi été un proche de Robert. Voyez d'ailleurs sur Ambelain notre modeste contribution:  (Julien) Champagne à l'ombre de Robert Ambelain.

Vous y constaterez notamment que ce dernier, auteur après la mort de Julien d'un livre inspiré par Fulcanelli (Dans l'ombre des cathédrales, 1939) distinguait bien à l'époque ce dernier de son illustrateur, Champagne donc. Il n'est pas certain à notre connaissance que Robert et Julien se soient connus, mais Serge Caillet nous explique qu'après le décès de ce dernier (1932), Ambelain fit la connaissance (en 1935) d'un proche de Champagne, Jules Boucher, lequel était à l'inverse convaincu de l'identité Fulcanelli-Champagne (à propos de Boucher, vide Champagne et Jules Boucher et Initiation de Champagne).

Comme nous nous intéressons ici surtout à l'auteur du Mystère des Cathédrales et des Demeures Philosophales ainsi qu'à notre artiste de prédilection ("Hubert", donc), tout ce qu'a écrit notre historien de l'occultisme sur le groupe du Grand Lunaire (ou Très Haut Lunaire) à propos d'Ambelain nous a forcément passionnés, puisqu'en firent partie et Champagne et son disciple d'alors Eugène Canseliet, et Jules Boucher.

Compte tenu de notre connaissance certes limitée du sujet mais qui est tout de même bien réelle (relisons ensemble Champagne au Grand Lunaire, Très Haut Champagne et Julien Champagne sur Vega) nous avons été quelque peu surpris que Serge n'émette aucun doute sur la dimension "luciférienne" du Lunaire, et à l'inverse paraisse s'interroger sur le fait qu'un Robert Ambelain ou un Alexandre Rouhier aient pour le moins eu quelques liens avec lui.

A contrario, nous nous nous réjouissons que comme nous ici même (cf. Maryse Choisy et Julien Champagne, Champagne entre chien et chat), Caillet mette à son tour le projecteur sur l'Association pour la Rénovation de l'Occultisme Traditionnel (AROT) où et Ambelain et Boucher ont pu jouer un rôle de direction comme de rédaction vers le milieu des années 1930, en particulier au travers du magazine Consolation.

Que l'AROT soit ou non émanée du Lunaire, et l'affirmative ne nous surprendrait pas outre mesure, Serge Caillet a encore le mérite de remarquer à son propos qu'un certain Claude d'Ygé (confer de Claude d'Ygé à Champagne) en a lui aussi fréquenté le cercle de qualité.

Lablatinière a ainsi, écrit-il, publié dans le magazine ci-dessus mentionné, avant, nous rappelle-t-il encore, de rejoindre après 1945 Eugène Canseliet dans la revue des époux Lavritch (Jean et Sophie ou Sonia), Initiation, Magie et Science, puis Initiation et Science (voyez Julien Champagne à l'Omnium Littéraire et Réimpressions de Champagne).

Enfin, nous ne pouvions rester insensibles, évidemment, au fait que l'historiographe d'Ambelain ait écrit, à propos de notre compère Jean Artero et de son livre sur Julien que son essai de 2014 peut être considéré comme fondamental. Venant de lui, c'est un beau compliment. Qu'il en soit ici chaleureusement remercié, même si notre petit blog n'est pas cité dans sa somme considérable sur le "théosophe clandestin."

Nous venons également d'apprendre avec un peu de retard, mais comme dirait Charles Perrault, avec aussi un plaisir extrême, que l'ami Bernard Allieu vient très opportunément de rééditer au printemps dernier le traité d'alchimie classique capital qu'est le Mutus Liber d'Altus, avec les commentaires de Magophon (Pierre Dujols, encore un proche de Champagne):

Éditions Les Trois R - Fiche LE LIVRE D'IMAGES SANS PAROLES (MUTUS LIBER) (les3r.fr)

Cette petite et discrète mais sérieuse maison d'édition des 3R qu'il dirige avec une constance rare est donc de nouveau à l'honneur, après avoir entre autres publié deux ouvrages de Julien, La Vie minérale et Le manuscrit Yardley (Champagne et la Vie minérale, Champagne au grand R, Champagne et le manuscrit Yardley).

La Vie minérale dont la première édition aux 3R avait d'ailleurs attiré l'attention d'un certain Serge Caillet, qui s'en était fait l'écho sur son blog: Décidément, le macrocosme est petit.

 

 

Autres éditeurs de talent, et autre bonne nouvelle, pour terminer. Nous avons déjà croisé à plusieurs reprises la route de Bernard Renaud de la Faverie, libraire (La Table d'Emeraude à Paris, où Claude d'Ygé oeuvra après 1945), puis directeur de revue alchimique (La Tourbe des Philosophes) et finalement responsable éditorial des éditions Dervy (voir en particulier Champagne avant la Grande guerre et Julien en Paginanda).

Il est cette année à l'initiative  d'une autre parution, cette fois chez Venus d'ailleurs, autre maison que nous avons là aussi rencontrée, et même récemment (Julien Champagne pour Bernard Roger, Selena de Champagne).

D'obédience surréaliste, Venus d'ailleurs vient en effet de faire reparaître il y a a peu La Pierre Philosophale de l'écrivain, poète et peintre mauricien Malcolm de Chazal, un court essai sur la mythologie de l'ancienne Isle de France, qui avait été publié en 1950 à très peu d'exemplaires.

La pierre philosophale – VENUS D'AILLEURS (venusdailleurs.fr)

Peut-être le moment est il venu pour nous de rendre hommage à cet hermétiste de talent que fut Chazal (1902-1981), descendant d'une famille d'origine forézienne et dont un ancêtre, François de Chazal de la Genesté (1731-1795), aurait fondé sur cette île au XVIIIème siècle une société hermétique d'orientation rosicrucienne (Fulcanelli le cite comme un Adepte de l'alchimie).

Malcom s'est surtout fait connaître en littérature après la Seconde Guerre mondiale et ses écrits attirèrent en particulier sur lui l'attention d'André Breton, bien que Chazal déclinât toujours de rejoindre l'école surréaliste.  Parmi ses essais j'ai particulièrement apprécié L'homme et la Connaissance (Pauvert, 1974), qui me l'a fait découvrir, et plus tard Sens plastique (Gallimard, 1985).

Dans sa préface à La Pierre Philosophale, Patrick Lepetit, auteur pour sa part chez Selena d'une synthèse sur Surréalistes et alchimie (2023), nous apprend que Chazal considérait la nature comme "signature de Dieu", et pourtant on m'avait dit que l'alchimie n'était guère présente dans La Pierre.

 

A sa lecture, je m'en étais rapidement convaincu, du moins jusqu'au moment où j'ai abordé le "dernier mot" qui conclut l'opuscule, comme une sorte de testament, si l'on veut, et dont je m'en voudrais d'omettre de vous donner finalement un aperçu: 

"Une suprême vérité se dégage de l'arcane de la roche: la pierre philosophale.

La pierre philosophale est le geste condensé de l'esprit qui met en une seule forme toutes les formes vivantes et qui dans l'universalité des formes retrouve la Forme Unique, - livrant ainsi la vérité quintessentielle mythique dernière, qui est la fusion du Tout."

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14 septembre 2024 6 14 /09 /septembre /2024 13:18

Comme l'an dernier, peu de faits nouveaux sont venus cet été à notre connaissance concernant l'alchimie fulcanellienne telle qu'on peut l'appréhender, principalement au travers de la vie et de l'oeuvre de Julien Champagne et de ses nombreuses relations.

Notre frustration aurait donc continué une nouvelle fois d'être grande si sur Facebook Enrique Corzo ne s'était derechef signalé à notre attention en revenant il y a quelques heures sur le plus célèbre tableau de notre peintre favori: Le Vaisseau du Grand OEuvre (1910):

(1) Facebook

Fulcanelli | Facebook

Délaissant peu ou prou la dimension ésotérique de cette merveilleuse composition, Enrique a concentré son propos sur la question de l'identité de la dame qui lui a servi de modèle, identité sur laquelle nous nous sommes nous même interrogés à plusieurs reprises et qui nous paraît encore mal établie à ce jour.

Pour lui, il s'agirait ici tout bonnement de la princesse Louise d'Orléans (1882-1958), dont il nous présente deux photos d'époque que je reproduis ci-dessus et ci-dessous.

Bien entendu, il affirme que Louise, épouse de Charles de Bourbon, aurait posé devant "Hubert" avec l'assentiment ou à l'instigation de son mari, dont on se souvient qu'il est son Fulcanelli ou si l'on veut son "fulcanellisable" (et  celui de son père Javier; voyez notre récent article Champagne au Bourbon).

C'est ainsi que Corzo estime que Louise de Bourbon serait bien plutôt que Louise Barbe la mystérieuse L.B. dudit Vaisseau.

Connaissant la rigueur et la précision du trait de Julien Champagne, ancien élève de l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, j'avoue que l'aplomb de l'ami Enrique Corzo dans cette affaire m'a quelque peu laissé pantois, quand il nous permet candidement de nous rendre compte par nous-même des ressemblances mais aussi des différences physiques entre Louise d'Orléans et la présumée "Dame Nature" du chef-d'oeuvre de notre artiste, dissemblances au demeurant rapidement relevées in situ par Thomas Dufresne.

J'ai donc cherché de mon côté à découvrir d'autres clichés de la belle princesse. En voici par conséquent deux autres, qui je le reconnais humblement me laissent passablement perplexe. Celui du haut ne plaide guère à mon sens pour la thèse de notre estimable chercheur espagnol, mais celui du bas, à l'inverse...

Quoiqu'il en soit, Alain Inaudi a bien eu raison de faire aussitôt remarquer sur la page Facebook de notre compère Yves Artero qu'on aimerait en savoir plus, notamment sur les liens éventuels entre l'aïeule de feu le roi Juan Carlos d'Espagne et le poète français bien connu Paul Eluard:

Facebook

Voyez à ce sujet notre articulet de 2006 intitulé Julien Champagne, où d'ailleurs il est précisé que Jean Laplace, s'exprimant sur notre égérie picturale du moment, indiqua avoir été frappé par le titre de noblesse qui était le sien, et ce bien sûr sans la nommer.

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9 mai 2024 4 09 /05 /mai /2024 20:38

En mai fais ce qu'il te plaît, nous recommande un adage selon nous très alchimique. Retrouvons donc avec grand plaisir notre correspondant et ami hispanisant Zaporogue, déjà rencontré récemment (voir Mondanités de Champagne).

Cette fois, je voudrais saisir l'occasion qui m'est ainsi offerte de le remercier pour nous avoir signalé un article bien intéressant de l'estimable journal parisien Le Temps (ancêtre du quotidien Le Monde, sauf erreur) paru à l'été 1932, quelques semaines avant le décès de notre cher Julien Champagne:

Le Temps 7 juillet 1932 - (7-juillet-1932) | RetroNews - Le site de presse de la BnF

Dans une chronique intitulée Autour de l'athanor, le journaliste et homme de lettres Henry Bidou (1873-1943) nous y entraîne au domicile d'un banquier dénommé Lionel Hauser (1868-1958), photographié ci-dessus en famille, qui fut un cousin éloigné, ami et financier du célèbre écrivain Marcel Proust (1871-1922), ce dernier étant par ailleurs un lecteur assidu dudit Bidou Henry - Lionel, lui, était aussi de la famille du philosophe Henri Bergson (1859-1941)...

Chronique au demeurant spécialement intéressante, puisque si l'athanor d'Hauser nous est présenté comme inactif depuis un certain temps, la bibliothèque du banquier s'avère particulièrement riche, nous explique Bidou, en ouvrages alchimiques, ainsi qu'en livres sur l'alchimie.  

 

Riche en effet, elle l'était, nous explique-t-on, de plus de mille livres imprimés et de plus de cent manuscrits (1200 et 150 respectivement, pour être précis), de Nicolas Flamel ou Basile Valentin à Johann Conrad Barchusen, Michel Maier, Guillaume Salmon  et  Louis Figuier notamment

Mais Lionel n'est pas pour autant un simple collectionneur puisque selon son interlocuteur il se fait, au cours de leur conversation à bâtons rompus qui les conduit à ouvrir certains des ouvrages mentionnés ci-dessus, un défenseur et illustrateur de la pensée des anciens alchimistes, et n'hésite pas à expliquer pourquoi et comment, selon lui, cette science qui a été cachée de tous temps, gardait encore tout son intérêt au XXème siècle.

Aux noms d'alchimistes précédemment cités, ajoutons maintenant celui d'Albert Poisson, hermétiste contemporain dont un manuscrit au titre très fulcanellien faisait aussi partie de la collection de l'amateur éclairé d'alchimie (cf. notre petit pensum intitulé Julien Champagne et les monuments alchimiques).

La bibliothèque hermétique de Lionel Hauser, qui n'est pas sans nous rappeler ce qu'Eugène Canseliet nous a rapporté de celle de Fulcanelli, semble avoir été dispersée en 1934 par la multinationale américaine d'origine britannique Sotheby's, mondialement connue pour ses ventes d'oeuvres d'art et d'objets de collection:

Catalogue of the very extensive and important library of early books and manuscripts relating to alchemy & the occult & physical sciences, the property of M. Lionel Hauser ... and of four important mediaeval manuscripts, the property of a gentleman which will by sold by auction, by messrs. Sotheby and Co ... on Monday, the 16th of April, 1934 and two following days .. - Catalog - UW-Madison Libraries (wisc.edu)

Mais ne quittons pas Eugène Canseliet trop précipitamment, puisque lui aussi, nous confie-t-il, a eu accès (avant Henry Bidou) à la bibliothèque de Lionel Hauser. Cette confidence, il nous l'a faite dans un numéro de la revue Initiation & Science (le XLV de 1958), quand, à propos des oeuvres de Nicolas Flamel, d'Antoine-Joseph Pernety, de Denis Molinier, et de Kernadec de Pornic, il nous indique, s'agissant tout spécialement de celle de ce dernier, en avoir pris copie "il y a trente cinq ans, rue de la Victoire (à Paris, ndlr), sur l'exemplaire de la riche bibliothèque alchimique réunie par notre ami le banquier Lionel Hauser et dispersée à Londres."

Canseliet a donc vu la bibliothèque de Hauser vers 1922 ou 1923, soit au moment de la transmutation de Sarcelles, dont il fut acteur et Julien Champagne témoin, et presque à l'époque où ils résidaient tous deux dans un même immeuble parisien de la rue Rochechouart (1925 ou environ). Et il l'a vue fréquemment, ajoute-t-il finalement, cette fois à propos d'Altus et de son Livre Muet (Pauvert, 1967). Si on le lit bien, il paraît cette fois nous renvoyer à "plus de quarante années" plus tôt, c'est-à-dire avant 1927 (l'édition originale du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli est parue chez Schemit en 1926).

Outre Canseliet, Hauser pourrait avoir eu comme visiteur (et peut-être inspirateur) de sa collection d'ouvrages d'alchimie un autre ami de Champagne, en la personne de René Schwaller (1887-1961). Ce dernier aurait bénéficié de ses subsides après leur rencontre en 1913, puis au cours de la première guerre mondiale (1914-1918) et par gratitude, pourrait on dire, aurait conseillé son bienfaiteur dans le domaine de l'hermétisme (voir à ce sujet l'ouvrage d'Alexandra Charbonnier sur Milosz, L'Âge d'Homme, 1996, et le livre en italien de Schwaller, Adamo Uomo Rosso, Mediterranee, 2006).

Enfin, souhaitons après tout cela que la famille de Lionel Hauser puisse avoir la satisfaction de voir revenir à elle un tableau de Marie-Madeleine qui lui fut subtilisé par les Allemands, cette fois au cours de la seconde guerre mondiale (1939-1945). Peint par le Néerlandais Adriaen van der Werff (1659-1722), il faisait toujours aux dernières nouvelles l'objet d'un litige avec la société d'enchères londonienne (et internationale) Christie's. En ce joli mois de mai, mois de Marie, espérons que notre voeu soit exaucé, et que cette représentation de "la petite fiancée du Christ", avec sa dimension peut-être alchimique, si on en croit Brigitte Barbaudy (dans son Marie-Madeleine et le Grand-OEuvre, MCOR, 2004), ou le regretté Richard Khaitzine (Marie-Madeleine et Jésus, MCOR, 2005), retrouve enfin son (ou sa) propriétaire légitime.

Voici, quoiqu'il en soit, que nous est ainsi finalement offerte, grâce à Marie encore, une Madeleine toujours verte, véridique, mais chaste et donc partiellement vêtue, au parfum viride et par conséquent printanier, et bien sûr éminemment...proustienne. 

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24 avril 2024 3 24 /04 /avril /2024 23:29

Après notre post récent sur les mystères de Séville selon Cédric Mannu (cf. notre Julien Champagne et Valdes Leal), nous retrouvons ce dernier avec plaisir, puisqu'il vient de nous informer de la reparution de son essai consacré à Fulcanelli et intitulé L'Adepte Contemporain, essai dont nous vous avions déjà signalé l'existence il y a une dizaine d'années (voyez l'article intitulé Ymages de Champagne).

Curieusement d'ailleurs, ces Ymages étaient consacrées à un livre préfacé par nous, et dont la couverture comme celle de la nouvelle mouture de l'ouvrage de Cédric comporte une une reproduction de l'écu final du Mystère des Cathédrales (premier livre paru du maître de Julien Champagne, qui dessina l'écu, et d'Eugène Canseliet, qui mit en forme ce chef d'oeuvre de l'Art hermétique).

Précisons d'emblée, avant d'entrer plus avant dans le vif du sujet, que cette nouvelle édition de l'étude de Mannu (ou si l'on veut de C. De Man) a été réalisée au début de 2023 par Books on Demand, sive BoD, pour Media Eternité Sacré, que Cédric gère semble-t-il avec Marie-Ange Mannu, avec aussi, apprenons nous in fine, "l'aimable participation de la librairie Cadence" de Lyon, et donc singulièrement de son libraire actuel, Dorian Jullien (en photo ci-dessus).

Livre - L'Adepte Contemporain - C. de Man - Media Éternité Sacré (sacre.tv)

Pour la vente en ligne, relevons le fait que Cadence porte l'heureuse dénomination d'Eklectic:

MANNU Cedric Fulcanelli, l´Adepte Contemporain (édition 2024, tirage limité) Librairie Eklectic (eklectic-librairie.com)

Comme nous avons pu comparer les deux versions de L'Adepte contemporain, celle initialement éditée par Shop My Book en 2013 et la nouvelle, notre constat premier est que cette dernière est dans l'ensemble identique sur le fond à la première, mais que cette révision se caractérise aussi par une augmentation significative du propos.

C'est ainsi notamment que tout en maintenant globalement son assertion argumentée selon laquelle Fulcanelli ne serait autre que notre Gustave Eiffel national, l'auteur passe en revue en guise d'introduction, nous semble-t-il, les principales autres hypothèses formulées ici ou là au sujet de l'identité de l'Anonyme fulcanellien.

Ce qui le conduit logiquement, selon nous, à faire (favorablement) état des travaux de notre compère Jean Artero sur Fulcanelli, notamment son Fulcanelliana (Arqa, 2017). On voudra bien, par conséquent, nous excuser de nous y référer à notre tour, sachant que l'intérêt de la recherche effectuée par "De Man" n'y est pas mise en doute.

Pour Jean, cependant, à l'époque en tout cas, rien ne permettait dans la démonstration alors conduite de conclure à un quelconque intérêt d'Eiffel pour l'alchimie. De même, la chronologie fulcanellienne de Canseliet (Canseliet sur qui s'appuie principalement Mannu) ne plaide guère en faveur d'Eiffel (né par exemple en 1832, alors que la naissance de Fulcanelli se situerait en ou vers 1839).

Mais il est vrai que pour Cédric, et Artero l'avait bien relevé en son temps, l'hypothèse Gustave n'est avancée que de façon relative, dans la mesure où on n'a pas, en l'espèce, voulu déroger à "la règle du mystère."

 

Pour en presque terminer sur cette publication si notable, mentionnons aussi parmi d'autres ajouts (en annexes cette fois), ceux de deux "Demeures Philosophales":

- la tour Eiffel, suivant une démonstration par ailleurs en ligne (pas si convaincante, à notre point de vue) de Jean-Paul Héber, 

- l'hôtel particulier appelé La Rose du Ciel à Marseille, vu (plus sérieusement, selon nous) par feu notre ami Christophe de Cène (cf. notamment Champagne avant la grande guerre et Champagne de Bartholdi).

Sauf erreur de notre part, c'est au demeurant dans cet ajout provenant en fait de l'ami Christophe que notre blog Julien Champagne est mentionné. Nouvelle preuve en tout cas de "l'éclectisme" de Cédric Mannu, cet ajout final provient d'un essayiste dont le fulcanellisable favori n'est pas Gustave Eiffel, mais Albert de Lapparent, Lapparent qui est d'ailleurs aussi celui de Jacques Grimault (vide de nouveau sur tout cela le Fulcanelliana de Jean Artero).

Mais puisque nous avons mentionné plus haut l'écu final du Mystère de Fulcanelli, rendons pour terminer la parole à Mannu, qui s'exprime ainsi à son sujet: "Canseliet a décrit le blason avec précision: "Le tirage de l'édition princeps, dans son illustration, ne possédait que trois images en couleurs, celle en cul-de-lampe final y comprise...Ceci en effet n'est pas sans relever du langage des oiseaux que, sur champ de gueules, cette céréale surmontant l'hippocampe, tous deux d'or et issant en champagne du même." 

Il a bien sûr laissé une "faute", indice difficile pour qui ne connaît pas parfaitement l'héraldique. L'orge -céréale maîtresse- qui indique la présence de l'or philosophique naissant et qui permet à l'Artiste de s'écrier: "Or, j'ai!", tant il a oeuvré pour ce Soufre."

 

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2 avril 2024 2 02 /04 /avril /2024 18:22

L'ami Phil Leroux, que nous venons de rencontrer dans notre article immédiatement précédent, a également appelé récemment notre attention sur divers ouvrages concernant L'alchimie de La cathédrale de Chartres, dont un qui vient de paraître en ce début d'année 2024 chez Alkemia éditions, et qui porte précisément ce titre.

Il s'agit là hélas d'un ouvrage posthume de Jean-Pierre Bollen, décédé peu avant que son livre à l'état de projet soit en 2017 parvenu à Pierre-Alexandre Nicolas, qui dirige cette Alkemia avec sa compagne Salima Boudieb, lequel l'a, ainsi que cette dernière, comprenons nous, mis en forme, corrigé, préfacé, et finalement publié, ce qui constitue sans doute une bonne action.

En effet, nous pouvons de ce fait faire notre profit de quelques cinq décennies de recherches de l'auteur sur l'édifice chartrain, recherches d'un radiesthésiste qui fut aussi, semble-t-il, un amoureux de Science et, nous dit-on, un alchimiste opératif.

Au demeurant, nous avions déjà rencontré Bollen au cours du déjà long périple de ce blog, à propos d'une autre cathédrale alchimique, celle de Rouen, au coeur de cette Normandie qui lui fut si chère et à laquelle la regrettée revue Atlantis consacra en 2011 une de ses couvertures (cf. notre petit pensum intitulé Rentrée de Champagne).

De même Nicolas est pour nous tout sauf un inconnu, puisqu'il a aussi participé d'une façon ou d'une autre à divers colloques dont nous nous sommes fait l'écho ici même (voyez nos deux articulets Champagne au colloque Canseliet et Champagne au colloque Fulcanelli).

Au passage, notons encore que dans le numéro de la revue Atlantis que nous venons de mentionner figure également un certain Yonnel Ghernaouti, qui vient de consacrer tout un développement à l'étude que nous allons maintenant vous commenter brièvement:

Lumières de Chartres : Le secret alchimique des bâtisseurs dévoilé… - Journal de la Franc-maçonnerie 450.fm

Pour nous, Bollen s'inscrit, s'agissant de Chartres, parmi les meilleurs spécialistes de la cathédrale chère entre autres à Charles Péguy, aux côtés d'un Louis Charpentier, qu'il mentionne en bibliographie, ou d'un CELJ, cher Phil Leroux, qu'à l'inverse il ne semble pas connaître.

A la suite de Fulcanelli, qu'il appelle curieusement Fulcanelli-Champagne, Bollen a dans notre esprit le grand mérite d'élargir le spectre des cathédrales françaises dont la dimension alchimique ne doit pas être ignorée, en rapprochant des églises de Paris et d'Amiens, celles de Rouen et désormais de Chartres.

 

 

C'est ainsi par exemple que, comme à Rouen précédemment, il rapproche tel médaillon chartrain (photographié ci-dessous) de tel autre de Notre-Dame de Paris, et que pour nous limiter au fameux "combat des Natures" fulcanellien, il écrit à propos de la discorde du porche sud (voué selon la symbologie classique aux vices et aux vertus): 

"Un homme et une femme se disputent et en viennent aux mains. Aux pieds de l'un, un pot est tombé et se vide d'un liquide auprès d'une Pierre. A Notre-Dame, dans la même scène, on distingue la Pierre Philosophale qui chute à mi-hauteur entre les deux personnages." Nous pouvons à ce sujet précis nous référer à notre Champagne à l'entrée du Sanctuaire (2006).

Jean-Pierre nous intéresse également quand il nous dit que certaines scènes ésotériques de Chartres ont été martelées, non pas comme on le croit d'habitude par mécréance ou simplement désir de nuire (par les "racailles" de l'époque, donc) mais parfois par souci de voiler des détails trop explicites pour les profanes, aux yeux des initiés, bien sûr; et sur ce point particulier, nous aimerions disposer de quelques témoignages ad hoc d'autres experts. A l'inverse, nous le suivons pour notre part sans hésiter quand il critique vertement telle ou telle restauration qui est en fait une altération, peut-être due à l'esprit du temps (une des Vierges noires chartraines a ainsi...blanchi).

Enfin, nous nous devons de témoigner ici personnellement qu'il a raison de convoquer à propos de Chartres certaines manifestations telluriques, qu'on peut ou non, comme on voudra, relier à la Vouivre. Nous pouvons de notre côté certifier les avoir ressenties en bonne compagnie au puits des Saints-Forts de la cathédrale, il y a (hélas) déjà bien longtemps.

Le hasard, qui selon certains n'existe pas, fait parfois bien les choses, selon d'autres. En effectuant quelques recherches sur ce qui précède, nous sommes tombés en arrêt devant un autre Alkemia, un périodique celui-là, une "revue d'alchimie vraie", publiée sous la direction de Jacques Grimault, qu'on ne présente plus (cf. Julien Champagne en Atlantis: et oui, Atlantis encore et toujours!).

Dans sa septième livraison, parue en 2022, vous pourrez constater ci-dessous qu'il est rendu hommage à Julien Champagne (décédé en 1932) et à son jeune ami Eugène Canseliet (mort en 1982) en une sorte d'anniversaire, ni notre compère Jean Artero, ni Geneviève Dubois, ni Cédric Mannu (entre autres) n'ayant de leur côté, nous explique-t-on, publié à cette occasion. 

Alkemia édite donc en solo un extrait d'un nouvel opus à paraître dudit Grimault Jacques, qui sera paraît-il intitulé Fulcanelli: L'Enquête définitive, opus que nous attendons donc dès à présent avec tout l'intérêt et toute la patience requis. L'hommage rendu à Canseliet comme à Champagne est au demeurant tout relatif, le premier étant supposément vaniteux, et le second prétentieux, selon Grimault évidemment. Mais on ne saurait nier qu'il est rendu, si on ne veut pas être taxé de malhonnêteté.

D'autant qu'on trouvera aussi dans l'hommage en question plusieurs passages des plus intéressants, notamment sur la façon d'interpréter les illustrations des ouvrages d'alchimie, comme le frontispice du Mystère des Cathédrales fulcanellien ou le tableau de Julien dénommé Le Vaisseau du Grand OEuvre, commandé par Fulcanelli, affirme Jacques, ou dixit Eugène "dont Fulcanelli ordonna la pensée". A propos de ce tableau, Jacques Grimault estime que son modèle pourrait être une cousine de Champagne, Marguerite (dite Louise) Barbe de Saint-Acheul.

Amazon.fr - Alkemia 7, revue d'alchimie vraie, sous la direction de Jacques Grimault - Grimault, Jacques - Livres

 

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28 mars 2024 4 28 /03 /mars /2024 17:49

Restons encore un peu à Séville, cette fois en compagnie d'Enrique Corzo de Porras et de son ouvrage si documenté La identidad de Fulcanelli Parte II (2021 et pour la première version révisée, 2022), ouvrage imprimé par Amazon qui le commercialise également:

Amazon.fr - La identidad de Fulcanelli: Parte II - Corzo de Porras, Enrique - Livres

De façon éminemment sympathique à nos yeux, cet ingénieur de formation reprend à son compte le travail précédent de son père Javier Corzo Sanchez (La identidad de Fulcanelli, Circulo Rojo, 2016), qu'il essaye d'étayer encore, et d'actualiser bien sûr.

C'est en fait un des principaux points forts de ce nouvel essai que ses nombreuses références fournies, y compris s'agissant de ce blog, qui est dûment mentionné dans son livre, et à plusieurs reprises, ou encore de certaines publications de notre compère Jean Artero (il fait plusieurs fois mention de sa publication sur Julien Champagne).

A l'inverse, il est sans doute un peu dommage qu'il paraisse ignorer bien des éclaircissements de Jean sur Fulcanelli (Présence de Fulcanelli, et, qui plus est, par la suite Fulcanelliana, où Artero traite notamment de la thèse commune à Javier et à Enrique Corzo).

 

Pour le père comme pour le fils, en effet, Fulcanelli ne serait autre que Carlos (Charles) de Bourbon (1870-1949).

Et Enrique de dépenser à son tour des trésors d'érudition et d'imagination pour tâcher de nous persuader, chronologie et historique à l'appui, que par conséquent Fulcanelli ne peut certainement pas être venu au monde environ trente ans plus tôt que son "fulcanellisable." De même, après d'autres, comme Grégoire Brissé récemment, il s'efforce de rapprocher les lieux fulcanelliens de ceux fréquentés par l'infant dont il se fait lui aussi le chantre.

C'est ainsi par exemple que pour lui comme pour son père et plus récemment Cédric Mannu, le voyage espagnol d'Eugène Canseliet a eu pour cadre telle villa sévillane aujourd'hui détruite ou non, ce dont pour notre part nous nous permettons de douter quelque peu.

S'agissant de Julien Champagne enfin, notre auteur du jour nous semble un peu hésitant, pour dire le moins. Son assertion au demeurant très argumentée selon laquelle "Hubert" aurait pour environ la moitié des illustrations du Mystère des Cathédrales et des Demeures Philosophales travaillé d'après des cartes postales nous paraît bien anecdotique. Et surtout il nous paraît curieux qu'ayant lu sur cet artiste et alchimiste et ce blog et le livre de Jean Artero, il se livre à une appréciation qu'on peut trouver caricaturale de l'illustrateur des Fulcanelli, en s'appesantissant de préférence sur tous ses défauts, réels ou supposés. Tenons-nous bien, pour Corzo Champagne aurait été en fait un "Judas" pour son maître en alchimie... 

Grâce à lui, cependant, nous voudrions terminer notre article du moment par deux notes très positives. D'abord, le catalogue de la récente exposition sur Surréalisme et alchimie (voir notre Selena de Champagne) vient de paraître. Dénommé A flanc d'abîme, il nous semble tenir toutes ses promesses:

à flanc d’abîme – VENUS D'AILLEURS (venusdailleurs.fr)

On peut notamment en faire l'acquisition auprès d'une librairie qui est aussi une association, et dont le nom vaut le détour à lui seul: La Rose impossible.

La Rose Impossible | HelloAsso

 

Ensuite et finalement, l'ami Phil Leroux vient d'attirer notre attention sur un film dans lequel on voit un traîneau à hélice qui ressemble à s'y méprendre à une des versions de celui de Julien Champagne et Bertrand de Lesseps: 

https://youtu.be/1-KRkRwPUBI

Il s'agit du long métrage La reine des neiges de David Wu (2002), avec comme monarque attitrée Bridget Fonda. A mon humble avis, et en l'absence peut-être momentanée de toute indication sur la provenance de l'apparition en question, on pourrait envisager une certaine accointance avec les clichés ad hoc de Jacques Henri Lartigue:

DE J HENRI LARTIGUE A J JULIEN CHAMPAGNE - JULIEN CHAMPAGNE (archerjulienchampagne.com)

Joyeuses Pâques à chacun et à chacune.

 

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3 mars 2024 7 03 /03 /mars /2024 18:18

 

On ne présente plus Cédric Mannu. Et pourtant...N'eût été la bienveillante sagacité d'un Bertrand Favière, nous aurions pu omettre de prendre connaissance avec vous des derniers ouvrages du talentueux et incontournable biographe d'Eugène Canseliet (Arqa, 2010) et du fulcanelliste distingué de L'Adepte contemporain (Shopmybook, 2013), que nous avons déjà rencontré ici même à plusieurs reprises. 

Grâce à l'excellente librairie lyonnaise Cadence (Eklectic)  que nous ne recommanderons jamais assez à nos distingués lecteurs et à nos non moins érudites lectrices, nous avons donc pu nous procurer, sur les conseils avisés de notre ami ci-dessus mentionné, deux de ses plus récents opus. Son Grasset d'Orcet et l'alchimie (Media Eternité Sacré, 2023) que nous nous devons naturellement de vous signaler, et surtout, pour ce qui nous concerne directement, son Eugène Canseliet et le voyage en Espagne (MES encore, 2023 toujours):

MANNU Cedric Eugène Canseliet et le voyage en Espagne Librairie Eklectic (eklectic-librairie.com)

C'est pour l'essentiel de ce dernier essai que nous voudrions vous entretenir brièvement ce jour. En nous ressentant en accord avec Cédric dans l'ensemble, précisons le d'emblée.

C'est ainsi que nous pourrions tout à fait faire notre cette remarque rédigée en préambule à son développement: "Dans la pratique au fourneau, déjà, Eugène Canseliet nous confiait dans ses écrits de surprenantes révélations autour du "Miroir de l'Art"". Précisons (ce que Mannu ne fait pas) que ledit Miroir permet justement d'accéder - selon feu l'alchimiste de Savignies - à une dimension différente de l'espace-temps, dimension qui peut expliquer certains aspects de son périple espagnol, en particulier sa rencontre de 1952 avec un Fulcanelli de 113 ans à l'état-civil, mais dont le physique était celui d'une personne d'âge mûr.

Pour nous, Cédric Mannu a encore raison de nous rappeler que le voyage en question a dans un premier temps fait l'objet d'une fiction, Canseliet s'étant confié à son sujet à l'écrivain Claude Seignolle (confer son Invitation au château de l'étrange, Maisonneuve & Larose, 1969 et surtout sa version augmentée que reproduit CM, chez Walter Beckers, en 1974).

Mannu prend aussi position sur le lieu supposé de la rencontre, "dans les faubourgs de Séville", suivant Jorge Camacho et Bernard Roger, nous dit-il, et approuve la localisation proposée par Javier Corzo Sanchez (dans son livre La identidad de Fulcanelli, Editorial Circulo Rojo, 2016, ouvrage étudié comme ceux d'autres fulcanellistes - dont Cédric - par l'ami Jean Artero dans son Fulcanelliana (Arqa, 2017).

A la villa aujourd'hui détruite qui nous est ainsi proposée, j'avoue que pour ma part je tends à préférer l'hacienda campagnarde photographiée naguère par feu Patrick Rivière, hacienda que sauf erreur ne mentionne pas Cédric Mannu.

Enfin, il est peut-être un peu dommage que notre auteur du jour ne s'appesantisse pas un tant soit peu, quand il traite des tableaux sévillans de Juan de Valdès Leal et du Finis Gloriae Mundi fulcanellien, sur les travaux de feu Jean Laplace, comme ceux que nous avions abordés dans ce blog il y a maintenant quelques années:

DE CHAMPAGNE A JEAN LAPLACE - JULIEN CHAMPAGNE (archerjulienchampagne.com)

JULIEN CHAMPAGNE ET LE FINIS GLORIAE MUNDI - JULIEN CHAMPAGNE (archerjulienchampagne.com)

A l'inverse, s'agissant cette fois de l'énigme Fulcanelli, à laquelle CM se réfère également, nous nous devons de noter qu'il nous semble voir juste quand il rappelle qu'"après notre travail sur Eugène Canseliet nous avons proposé l'idée d'un collège à l'origine du phénomène, donc plusieurs personnes travaillant de concert." Et qu'il a encore raison, par conséquent, quand en citant favorablement le travail de notre compère Jean Artero sur Julien Champagne (Le Mercure Dauphinois, 2014), il conclut qu'"on ne peut pas circonscrire Fulcanelli à la seule identification" avec ce dernier, quelque "fort singulière et prometteuse qu'elle puisse être."

Un peu en marge de notre sujet principal, je dois avouer que dans ce livret Cédric est par contre plus conventionnel à mon avis quand il aborde justement les relations de Champagne et Canseliet avec le Grand Lunaire (voir nos articles immédiatement précédents). En grossissant un peu le trait, pour Mannu, le GL était magiste (malgré Gino Sandri, qu'il mentionne pourtant) et Julien Champagne en était un pilier, contrairement à Eugène Canseliet.

Tout cela mériterait sans doute, pour nous en tout cas, d'être quelque peu nuancé. En ce qui concerne la participation certaine au premier cercle du Grand Lunaire, telle qu'elle ressort des tableaux désormais connus de Marcel Nicaud en 1947, nous citerons dans l'ordre alphabétique Robert Ambelain, Jules Boucher (dont vous trouverez ci-dessus le portrait aimablement communiqué par Fecit), Julien Champagne et Alexandre Rouhier.

Enfin, pour ce qui est des tableaux attestés mais non produits à ce jour, ce sont jusqu'à preuve du contraire (et toujours dans le même ordre) les portraits d'Eugène Canseliet, Maryse Choisy et Marcel Nicaud.

En addendum, finalement, je m'en voudrais de ne pas mentionner le travail sérieux sur l'alchimie en général dont vient de nous gratifier le vétérinaire et homéopathe Denis Crépin, féru de théologie et de catharisme, et dont l'éclectisme est donc visiblement une des qualités.

Même s'il mentionne à peine Fulcanelli (et pas du tout Julien Champagne ou Eugène Canseliet), son Alchimie, L'âme du monde (Geuthner, 2022), au titre éloquent, mérite assurément le détour, malgré telle ou telle affirmation malheureuse selon nous, par exemple celle-ci: "Il n'existe pas de relation de cause à effet entre les phénomènes cosmiques et les événements terrestres et en particulier humains."

Alchimie, l'âme du monde - De la Perse et de... de Denis Crépin - Grand Format - Livre - Decitre

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26 février 2024 1 26 /02 /février /2024 20:48

Zaporogue nous fournit une occasion de publier un article vers le 29 février. Qu'il en soit chaleureusement remercié, notamment parce que semblable opportunité ne se produit qu'une fois toutes les quatre années, et aussi (et surtout) parce qu'elle va nous permettre de découvrir ou redécouvrir ensemble certains aspects picturaux de l'oeuvre de Julien Champagne.

Les aspects en question peuvent être aisément accessibles, pensons nous, en feuilletant les livraisons de La Revue Mondaine (et parisienne) d'avril 1907:

La Revue mondaine : organe de l'Union mondaine, artistique, financière, immobilière et sportive | 1907-04 | Gallica (bnf.fr)

 

 

Dans la rubrique beaux arts et expositions, notre trentenaire d'alors y fait l'objet de moult compliments de la part d'un certain critique dénommé Paul Hebert, s'agissant du moins de ses qualités esthétiques de "peintre puissant."

Hebert mentionne en particulier quelques oeuvres de Champagne qui pour l'instant restent inconnues de vos serviteurs, telles celles sur le "lac St-James" au bois de Boulogne, près de Paris, ainsi que "L'écluse de Janville", dans l'Oise cette fois. "L'alter Ego" de son côté n'est pas autrement désigné, mais figure dans l'énumération de Paul juste avant un portrait qui est lui abondamment commenté, car il arrête nous dit on bien des visiteurs.

Ce portrait, qui nous est peut-être connu à l'inverse des peintures précédentes, est celui de "l'ami Max", un élégant artiste nous explique-t-on, qui peint dans un amusant éclairage. Voyez à ce sujet nos articles De Champagne à Cédric Mannu (2008) et Champagne en Arqa (2010). Dans ce dernier post, vous trouverez la reproduction d'une peinture pouvant faire penser à celle que décrit la Revue Mondaine.

 

Le hic, car il y en a un, réside dans le patronyme de ce Max qui fut donc l'ami de Champagne. Pour nous en 2008 et 2010, il s'agit de Roset, alors que pour Paul Hebert on devrait écrire Rozet. 

Selon lui en tout cas, le doute n'est pas permis. Son Max Rozet est le fils d'un statuaire bien connu. Parvenus à ce stade de notre petit récit, rendons à Zaporogue ce qui lui appartient en propre. D'après son enquête personnelle, ce fils, Max Rozet, donc, né en 1882 et possiblement décédé vers 1936, fut comme Julien un élève de l'Ecole parisienne des Beaux Arts.

Son père, le "statuaire bien connu" de la Revue Mondaine, ne serait autre que René Rozet (1858-1939). 

Mentionnons encore le fait qu'en 1907 Julien Champagne se trouve pour l'occasion en bien belle compagnie, puisque lui succède dans les recensions en question un certain Maurice Denis, dont nous n'avons pas résisté au plaisir de reproduire ci-dessus une des Maternités, oeuvre qui prolonge immédiatement le petit encart que nous venons d'analyser pour vous.

D'un artiste à l'autre à nouveau, j'en terminerai pour ce soir en rendant grâces cette fois à Fecit pour m'avoir transmis ce beau cliché d'une toile (jusqu'alors inconnue de nous) de Marcel Nicaud, ce peintre que nous avions de nouveau rencontré un peu plus tôt dans ce mois à propos du Grand Lunaire et de Vega, et toile qui nous semble nous renvoyer pour l'essentiel...à l'élément Terre, comme eût sans doute dit le docteur Watson.

Ne vous rappelle-t-elle pas d'un côté certain frontispice, et de l'autre certain ex-libris d'un non moins certain Julien Champagne? Elle n'est ni datée ni signée au recto, mais au verso, et cette fille du roi (mage) Balthazar nous paraît bien nous clamer, géomancie ou pas: Nigra sum, sed formosa.

Valete!

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3 février 2024 6 03 /02 /février /2024 18:05

Les éditions finistériennes Philomène Alchimie s'étaient déjà signalées depuis quelques années à l'attention des hermétistes par plusieurs éditions ou rééditions de traités ou d'études de qualité, telle cette Clef du laboratoire hermétique d'un anonyme, en 2017, puis en 2020 ce Discours philosophique de Sabine  Stuart, ou ce Traité du Feu et du Sel de Blaise Vigenère (2021), en 2023 encore ce Cours d'Alchimie d'Alphonse Jobert, et enfin tout récemment (2024) ce Message Retrouvé de Louis Cattiaux.

édition d'ouvrages traitant d'alchimie et de symbolisme | Editions Philomene Alchimie - Art et Symboles

Leur créateur Jean-Marie Groult nous propose ces jours-ci un nouvel ouvrage, inédit cette fois, de Christian Ficat: Sagesse secrète du docteur Rouhier, paru ce mois, semble-t-il. Ce livre est, nous assure-t-on, la première synthèse publiée sur le célèbre pharmacien, et comme ce dernier est loin d'être un inconnu pour les lecteurs et lectrices de notre petit blog, nous nous faisons un devoir et un plaisir de brièvement le présenter à leur aimable attention.

Sur Alexandre Rouhier, voyez en particulier certains de nos articles précédents, comme Champagne au Grand Lunaire ou Très Haut Champagne.

 

Relevons au demeurant le fait que Christian Ficat cite aussi bien notre petit travail en ligne sur Julien Champagne et alentours que le pensum que l'ami Jean Artero lui a consacré au Mercure Dauphinois, ce qui nous honore tous deux, bien évidemment.

Il ne manque pas non plus de remercier, outre son éditeur pour son engagement, Jean-Claude Bailly, pour son érudition et sa générosité, ainsi que Jean-Marie Castex, qualifié pour sa part de "fidèle apôtre de la Science hermétique", ce qui n'a pu manquer de nous frapper, comme vous vous en doutez. En fait, ayant eu l'heur de rencontrer (intellectuellement) ces deux derniers messieurs, nous nous permettons d'emboîter illico le pas à notre auteur du moment, et à les saluer ici, et l'un, et l'autre. 

Si Alexandre Rouhier fut notamment pharmacien, Christian Ficat fut, lui, chirurgien de profession. C'est sans doute son métier qui l'a conduit à développer une réflexion qui l'a incité à tangenter les conceptions trinitaires traditionnelles (corps, âme, esprit), puis à nous gratifier d'un premier essai paru en 2021 chez Dervy: Enjeux de l'imaginaire, mythes, symboles et théories.

Préfacé...par lui-même, ce qui pourra amuser tout autant qu'éclairer (Tricat nous explique qu'en chirurgie on a coutume de se référer à la maxime "aide-toi, car le ciel ne t'aidera pas"), il nous indique d'entrée de jeu et comme en passant ce qui constitue selon nous l'essentiel de ses trouvailles sur Rouhier: Sous le pseudonyme parlant d'Alexandre Pavot (parlant car Alexandre s'est d'abord fait connaître par son livre sur Le peyotl, la plante qui fait les yeux émerveillés, Doin, 1927) , ce dernier est selon lui l'auteur de trois écrits d'inspiration initialement théosophique, puis orientale - hindoue et chinoise, en fait:

La règle d'or, L'auteur, 1932 (puis Véga, 1952), La force du silence (Véga, 1951), enfin Sagesse secrète et Tao d'Occident (Véga, 1954). "Ces trois ouvrages, résume-t-il de façon extrêmement percutante, traitent essentiellement des rapports fondamentaux qui peuvent exister entre l'esprit humain et l'esprit qui régit l'univers, (esprit) généralement qualifié de Dieu." Ici, nous semblons bien rejoindre dans une certaine mesure la pensée d'un Fulcanelli, pour qui l'alchimie, chimie spiritualiste,  est précisément la Science qui peut permettre à l'alchimiste d'"entrevoir Dieu à travers les ténèbres de la substance."

Selon Christian, Pavot-Rouhier  est aussi (avec son ami Francis Warrain) le Rouhier-Talemarianus du monumental ouvrage De l'architecture naturelle (Véga, 1950), qui pourrait passer pour une prolongation ou une synthèse de la trilogie ci-dessus. Mais à côté du Rouhier métaphysicien nous découvrons ou redécouvrons dans ce livre le Rouhier magiste, le Rouhier-Sabazius d'Envoûtement et Contre-envoutement (Occulta, 1937) et le Khamballah-Rouhier de Géomancie traditionnelle (Véga encore et toujours, 1947).

C'est au demeurant un des mérites de l'ouvrage de Christian Ficat, il nous replonge dans l'univers de libraire-éditeur qui fut aussi celui d'Alexandre Rouhier, avec sa librairie Véga et les éditions du même nom, qui doivent leur patronyme à l'étoile la plus brillante de la constellation de la Lyre: Véga fut autrefois l'étoile polaire et devrait le redevenir en principe du fait de la précession des équinoxes.

Mais restons un moment sur ce magiste de Rouhier, que l'on voit ci-dessus près de la tombe de Gurdjieff, et puis après peint par Marcel Nicaud, un proche, l'illustrateur du Talemarianus et l'auteur de la galerie de portraits déjà évoquée du Grand Lunaire, où figure entre autres notre cher Julien Champagne (voir aussi notre Champagne au tableau de maître).

S'agissant de Julien Champagne, je noterai volontiers que Ficat relève bien, contrairement à d'autres, qu'il n'est pas "que" l'illustrateur de Fulcanelli. Il n'ignore pas en particulier, et il l'écrit, ce qui est encore mieux, qu'"Hubert" est aussi l'alchimiste auteur inter alia de La Vie Minérale (3R, 2010). Dont acte.

Sur Le Grand Lunaire, à l'inverse, il ne nous est pas apparu clairement que nous ayons beaucoup progressé depuis la parution du petit livre sur le sujet de Gino Sandri que nous avons déjà évoqué ici même (Le Grand Lunaire, Arqa, 2013), et que Christian mentionne également, il faut le lui reconnaître.

Les principaux membres du groupe portraiturés par Marcel Nicaud en 1946 ou 1947 sont donc vraisemblablement, outre lui-même et Julien Champagne, Alexandre Rouhier, Jules Boucher, Robert Ambelain, et last but not least Eugène Canseliet plus une dame non connue de façon certaine (de très bonne source nous venons d'apprendre que le portrait de Canseliet existe bien; quant à la dame en question, il s'agit en fait nous dit-on maintenant de Maryse Choisy).

Et Sandri de conclure, comme déjà souligné en son temps: "Il a bien existé un cercle rassemblant ces personnes, qui se réunissait dans le centre du vieux Paris...Quant aux cérémonies en usage, elles ne ressemblaient pas nécessairement aux descriptions complaisamment publiées." Gino finit son propos par cette phrase bien sentie: "Ne s'agit-il pas (ici en l'occurrence) de créer une nasse et de détourner l'attention d'un autre cercle, vraiment confidentiel celui-là?"

Sagesse de Rouhier, nous explique enfin Ficat. De fait, il nous prouve bien aussi in fine qu'en 1946 l'hermétiste Louis Cattiaux lui dédicaça son maître livre Le Message retrouvé, traité "d'ombre et de lumière", et ce "en témoignage d'admiration pour sa connaissance certaine du FEU." Ceci doit peut-être nous rappeler finalement que dans L'architecture naturelle, Talemarianius-Rouhier s'essaie à dégager une "règle d'or servant à la réalisation des lois de l'harmonie universelle et contribuant à l'accomplissement du Grand OEuvre."

 

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