Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : JULIEN CHAMPAGNE
  • : Site consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.
  • Contact

Profil

  • ARCHER
  • hermétiste
  • hermétiste


...consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.


Peintre et dessinateur, Julien Champagne est surtout connu de nos jours pour avoir illustré les ouvrages de Fulcanelli, un mystérieux alchimiste contemporain.

Et pourtant, il figure au Bénézit, la "Bible" internationale des créateurs. Et suivant son ami Eugène Canseliet, il fut bien un maître du pinceau et du crayon.

C'est à la découverte de cet artiste méconnu, mais profondément attachant, que je voudrais vous inviter. Je voudrais aussi vous demander de ne pas hésiter à enrichir mes articles de vos propres commentaires et de vos découvertes personnelles.

Bon voyage donc au pays légendaire de Julien Champagne.

Recherche

10 mai 2025 6 10 /05 /mai /2025 13:25

 

Grâce à l'un de vous, que nous remercions d'entrée de jeu, nous avons appris récemment la parution début mai 2025 d'un texte inédit de Jean Laplace, publié aux éditions milanaises Archè: Finis Gloriae Mundi, texte tiré d'un manuscrit autographe et sous-titré Documents pour servir à l'étude de la fin du monde.

Aussitôt commandé auprès des éditions françaises de la Tarente, le petit ouvrage dont il s'agit nous a semblé très vraisemblablement authentique, bien que les photos produites de l'écriture de l'auteur soient d'une qualité insuffisante pour se prononcer en toute certitude.

Finis Gloriæ Mundi. Documents pour servir à l’étude de la fin du monde.

Archè Edizioni - L’œuvre inédite du regretté Jean Laplace (1951-1996) que nous présentons ici est l’étude qu’il rédigea sur le vrai Finis Gloriæ Mundi du Maître Fulcanelli, et dont, après sa disparition, une certaine « envie » a empêché jusqu’à maintenant la publication :

Nous estimons en effet très possible que cet essai élaboré de 1978 à 1982 environ (Eugène Canseliet, notre principale source actuelle sur tout ce qui concerne le troisième ouvrage actuellement non paru de Fulcanelli appelé justement Finis Gloriae Mundi étant justement décédé en 1982, Jean Laplace put alors consulter certaines archives le concernant de son disciple) se soit trouvé, à l'état d'original ou de copie, auprès d'amis et de relations de l'auteur (tels par ordre alphabétique que Séverin Batfroi, Birgit Böhnke, Roger Bourguignon, Bernard Chauvière, Robert Delvarre, Paolo Lucarelli, Joëlle Oldenbourg, Bernard Renaud de la Faverie, et Martin Steiner).

A l'inverse, nous ne sommes pas certains pour l'instant que lesdits documents soient ici présentés au complet, puisque malgré la qualité évidente de la documentation réunie à leur sujet par Alexandre de Dannan qui les édite et les présente, ce dernier ne nous a pas paru le garantir expressément. Il se pourrait bien, selon nous, qu'à ce manuscrit ait succédé un tapuscrit qui le modifiait et que le tout n'aurait en fait constitué que la première partie (un tiers environ) d'un écrit plus volumineux, dont le projet n'aurait hélas pas été mené à bonne fin.

Et comme Jean Laplace, avec qui nous avions correspondu, hélas trop brièvement, lors de son exil bâlois, est bien connu des lecteurs et lectrices de ce blog (cf. nos articles De Champagne à Jean Laplace et Julien Champagne à l'Index Canseliet), disons quelques mots de son éditeur du moment:

home fr

 

Alexandre de Dannan est le nom de plume d'un couple de chercheurs italiens en ésotérisme (vraisemblablement Alessandro Boella et Antonella Galli, voir les clichés ci-dessus), couple manifestement lié aux éditions Archè. Parmi leurs ouvrages précédemment parus, on peut citer leur Baphometica, aperçus sur le Graal et l'Ordre du Temple (2005) et leur Federico Gualdi, un Rose-Croix méconnu (2006), ou plus récemment leur édition du Grand Or potable des anciens Philosophes de François du Soucy (2024).

Si la qualité de leur présent travail est certaine, nous sommes malgré tout dans l'obligation de regretter publiquement l'ambiguïté voulue du titre choisi par eux ou pour eux. En effet ce Finis Gloriae Mundi (FGM) n'est pas le Finis fulcanellien, pas plus que ne l'était celui de Jacques d'Arès et Jean-Marc Savary (et Boella et Galli insistent eux mêmes sur ce dernier point).

A notre sens donc, un intitulé certes moins vendeur tel que celui de l'actuel sous-titre (Documents pour servir à l'histoire de la fin du monde) aurait été intellectuellement et philosophiquement plus approprié (nous croyons même savoir que le livre définitif devait s'appeler Sic transit Gloria Mundi).

Rappelons en effet que ledit FGM fut retiré par Fulcanelli à Eugène Canseliet entre la parution de son Mystère des Cathédrales (1926) et celle de ses Demeures Philosophales (1930). A l'occasion de la reparution de ces deux oeuvres (1957 pour l'un, et 1960 pour l'autre), Canseliet les enrichit de deux chapitres du Finis qui lui avaient été laissés par l'Adepte (respectivement La Croix cyclique d'Hendaye et Paradoxe du progrès illimité des sciences).

Les pièces diverses du FGM que Jean a pu consulter chez Eugène après son décès se résumaient donc pour l'essentiel au synopsis de l'ouvrage (ici reproduit après Laplace par "Alexandre") et à quelques documents d'archives certes parfois importantes comme le texte intitulé Feu qui le précède, ou encore les instructions de Fulcanelli à Julien Champagne pour le dessin du frontispice du Finis ( Champagne qui eut tout de même le loisir d'illustrer notamment et Hendaye et le Paradoxe).

 

 

C'est donc cet ensemble de textes et d'illustrations subsistant du FGM autrefois complet qui servit de guide ou si l'on veut d'inspiration à Jean Laplace pour sa recherche sans doute inachevée de "documents pour servir à l'étude de la  fin du monde".

Inachevée, écrivons nous, car si on confronte le synopsis dont il vient d'être question au "pensum" de Jean, on voit tout de suite que le compte, comme on dit, n'y est pas (ce qui bien entendu n'enlève rien à son mérite, car le travail de recherche accompli est manifestement conséquent, lequel lequel fut conduit, affirme-t-il, avec la bénédiction de Canseliet).

Voici donc nous semble-t-il les principales thématiques abordées par Laplace dans cet ouvrage qui renvoient directement au synopsis en question (nous les mentionnons dans l'ordre de ce dernier, en regard des trois parties du Finis):

I. La décadence de notre civilisation et la déchéance des sociétés humaines: Effets néfastes de l'enseignement officiel. Les cycles successifs scellés dans les couches géologiques.

II Témoignages terrestres de la fin du monde: Les quatre Âges.

III Les causes cosmiques du bouleversement: Ascension solaire au zénith du pôle et retour en sens contraire provoquant le renversement de l'axe, le déluge et la fusion à la surface du globe.

Jean Laplace a donc à notre avis fait le pari audacieux de commenter en son absence actuelle le troisième opus de Fulcanelli. En témoignent notamment selon nous son insistance sur l'histoire antique (Egypte, mais aussi Grèce et civilisations amérindiennes) et sur quelques exemples concrets du millénarisme hermétique dans l'art occidental moderne (Hendaye et Valdes Leal, auteur d'un tableau précisément appelé Finis Gloriae Mundi: voyez notre article du même titre).

Toutefois nous venons d'apprendre de bonne source que c'est un autre tableau de ce peintre espagnol qui devait initialement servir de frontispice au Sic transit Gloria Mundi de Laplace: In ictu oculi (En un clin d'oeil).

  

 

Jean a également bien fait, pensons nous, de ne pas jouer sur les peurs, même si le sujet s'y prête on ne peut mieux. Certes, comme le rappelle avec insistance son éditeur à la fin de sa quatrième de couverture, il écrivait il y a environ quatre décennies que "moins d'un cinquantenaire reste encore à parcourir sur la grande horloge cyclique" (avant le prochain bouleversement).

Mais il rappelle aussi aux esprits chagrins, anxieux ou craintifs que la "fin de la gloire du monde" dont il s'agit n'est pas la fin du monde, et même assez peu la fin d'un monde en définitive: "L'étude des cycles se heurte aux apparences de continuité que l'histoire donne au temps; elles naissent du fait qu'un seul hémisphère est entièrement détruit lors de chaque catastrophe, tandis que l'autre conserve un noyau de civilisation qui se redéveloppe par la suite."

D'un abord difficile, cette prose posthume de Laplace a donc malgré tout plusieurs mérites. Un autre de ces mérites est de nous montrer que le millénarisme fulcanellien n'est pas forcément innovant en alchimie. Il cite ainsi Philalèthe: "Croyez jeunes néophytes, croyez, vieillards, parce que le temps est aux portes, je n'écris pas ces choses d'une vaine pensée, mais je vois en esprit lorsque nous, les Adeptes, nous reviendrons des quatre angles de la terre."

Et Laplace de poursuivre: "Ce qui crée l'Arche n'est rien d'autre que la Force forte de toute force exaltée dans la Pierre Philosophale...Voilà pourquoi, la Pierre Philosophale marquant la vie, il est dit qu'il n'y a qu'un seul refuge, car chaque Adepte est le centre d'une Arche, mais ceux-ci se réunissant probablement au même endroit, il est écrit que la vie se réfugie en un seul espace."

 

Signalons pour finir aux Curieux et aux Curieuses cet autre intérêt du présent opuscule, qui réside dans le fait que son auteur nous rappelle in fine la loi d'analogie qui prévaut entre macrocosme et microcosme, et donc entre l'Apocalypse géologique et historique et l'Apocalypse (ou révélation) chymique du laboratoire: 

"Les travaux du laboratoire révèlent la nécessité du déluge: sans le bouleversement, l'éternité de Nature ne se pourrait; l'excessive humidité ne peut cependant pas, à elle seule, rénover la nature; simultanément, le feu doit exercer ses vertus purificatrices."

Et Jean Laplace d'appeler aussitôt à la rescousse le Cosmopolite: "Cela arrive en quelques lieux lorsque des pores de la Terre sont bouchés, en telle sorte que l'humidité n'y peut pénétrer: et alors, par la correspondance des deux soleils, céleste et centrique (parce qu'ils ont entre eux une vertu aimantine) le Soleil enflamme la Terre. Et ainsi quelque jour le monde périra."

 

Et pour ne pas conclure mentionnons la belle bibliographie de Laplace qui ponctue la forte et riche introduction d'Alexandre de Danann.

A ma connaissance cependant, la meilleure étude biobibliographique de Jean est celle d'un autre Italien, et elle aussi est récente.

Rédigée dans la langue de Dante, elle est due à notre ami transalpin Luca Dragani, et figure à la livraison de décembre 2023 de la revue semestrielle Bérénice, par ailleurs majoritairement consacrée à notre poète national Guillaume Apollinaire:

Bérénice 65 Speciale Apollinaire: RIVISTA SEMESTRALE DI STUDI COMPARATI E RICERCHE SULLE AVANGUARDIE (El Doctor Sax - Beat & Books) : Giansante, Gabriella, Bertozzi, Gabriel-Aldo: Amazon.fr: Livres

Luca qui est aussi mélomane et nous avait déjà gratifiés il y a quelque temps d'un petit livre sur la relation entre la musique et l'alchimie:

Racconti sonori e di alchimia : Dragani, Luca: Amazon.fr: Livres

Luca Dragani - YouTube

 

Mais revenons finalement à l'actualité et même à un futur certes proche puisque nous venons d'apprendre que La Nouvelle Atlantide organise le 24 mai prochain à Paris un colloque autour de l'énigme Fulcanelli et de l'opus fulcanellien:

Colloque Fulcanelli 2025 | Jean Artero & Jacques Grimault | La Nouvelle Atlantide

Ce colloque nous semble être la suite directe d'un événement analogue, également parisien, précédemment prévu en 2021 par la même association, avec la participation de Cédric Mannu, auteur en particulier d'un ouvrage consacré à Eugène Canseliet (Arqa, 2010).

Le colloque en question avait été annulé pour des raisons techniques (la salle qui devait l'accueillir n'étant plus disponible). Cette fois le biographe de Canseliet aurait nous a-t-on dit décliné l'invitation qui lui a été lancée. 

 

Les deux autres intervenants ont confirmé leur participation. Il s'agit d'une part de Jacques Grimault, hermétiste auteur notamment de L'affaire Fulcanelli (La Nouvelle Atlantide, 2015) et d'autre part de notre complice l'ésotériste Jean Artero, que nous connaissons tous et toutes, entre autres pour son Julien Champagne (Le Mercure Dauphinois, 2014).

 

ARCHER

Partager cet article
Repost0

commentaires

B
Petite coïncidence personnelle entre deux des thèmes abordés dans cet article : je possède un livre datant de 2003 sur Nostradamus, signé par un certain Antoine Plussihem (qui n’est autre que le pseudonyme de Jacques Grimault... donc celui de la conférence). Il y est question de l’année 2032 comme date possible d’un changement d’ère, avec à la clé de graves bouleversements climatiques, entre autres... Grimault s’appuie apparemment sur un quatrain de Nostradamus et un passage de l’Apocalypse selon Saint Jean. Mais j’avoue ne pas avoir compris le calcul.<br /> <br /> Or, je tombe dans cet article sur un extrait, celui où Jean Laplace écrivait, il y a environ quarante ans, qu’« il reste moins d’un cinquantenaire à parcourir sur la grande horloge cyclique » ! ce qui nous ramène à 2032 environ.<br /> <br /> Je me demande aussi s’il (Laplace) tenait cette information d’Eugène Canseliet… Même si l’on sait que Canseliet n’a jamais lu le FGM.
Répondre
A
Merci Bruno pour cette précision concernant Canseliet et le Finis. Pour Vinci le sujet est aussi d'intérêt. Mais on peut douter à notre avis que ce dernier ait forcément inspiré Fulcanelli.
B
Bonjour ARCHER :)<br /> Je tiens cette information d’un entretien assez connu d’Eugène Canseliet, diffusé à la radio dans l’émission de Jacques Chancel. J’ai retrouvé le moment précis où Canseliet répond par la négative à la question de Chancel : « Avez-vous lu le FGM ? ». Cela se trouve à la minute 36 de l’enregistrement suivant : https://youtu.be/hDAgZVmhlyA?t=2180.<br /> Par ailleurs, j’ai toujours entendu parler de cette histoire du manuscrit du FGM conservé sous forme d’un paquet "cacheté à la cire".<br /> <br /> Je souhaiterais également partager une observation (que certains ont peut-être déjà faite) et qui pourrait retenir l’attention de vos lecteurs : il existe une analogie frappante entre la synopsis du Finis Gloriae Mundi et certains écrits de Léonard de Vinci (cela dit, rien de surprenant à cela, si l’on admet que Fulcanelli et Léonard de Vinci relèvent de la même Tradition). Cette correspondance apparaît notamment dans le livre "Léonard de Vinci – Textes choisis", édité par Péladan en 1907, où l’on retrouve des thématiques similaires : la décadence de la civilisation, des bouleversements géologiques (passés et futurs), voire un basculement des pôles. Sur ce dernier point, on peut lire chez Vinci des phrases saisissantes comme : « Tous les hommes changeront d’hémisphère immédiatement » ou encore « Tous les animaux se mouvront d’Orient en Occident, et aussi du Nord au Midi, et réciproquement en sens inverse. » Reste à savoir si l’auteur fait ici allusion à des prophéties touchant à l’aviation ou, plus étrangement, aux mouvements artificiels des animaux dans les zoos ! le doute demeure.
A
Merci, Bruno, pour ce commentaire substantiel. Nous ne pouvons pas dire pour l'instant si Jean Laplace tenait l'estimation en question d'Eugène Canseliet. <br /> Dans ces Documents Danann pointe en note de bas de page les travaux de Jean Phaure et Gaston Georgel, le premier nous orientant vers la période 2026-2030 et le second pointant cette dernière année. <br /> De notre côté, nous nous interrogeons aussi sur la portée de votre affirmation selon laquelle "on sait que Canseliet n'a jamais lu le Finis."<br /> Des précisions de votre part à ce sujet seraient les bienvenues.