Les années 2009 et 2010 resteront décidémment des années fastes pour la mémoire vivante d'Eugène Canseliet puisqu'après la conférence organisée en Atlantis par Jacques Grimault, après l'entretien accordé à Baglis TV par Jean Artero, et aussi (ne l'oublions pas) après la parution grâce à Sylvaine Canseliet d'un nouveau recueil des articles du "maître de Savignies", voici qu'est éditée en Arqa une version profondément remaniée du mémoire universitaire de Cédric Mannu sur ce philosophe hermétique:
http://www.editions-arqa.com/editions-arqa/spip.php?article368
Dans ce fort volume paru en novembre dernier, qui constitue en fait la première biographie de Canseliet, Mannu nous fait d'ailleurs l'amitié de citer ce blog, ce dont nous nous empressons de le remercier, car les bonnes manières doivent être saluées si on ne veut qu'elles se perdent. Il dit aussi avoir comme nous apprécié le premier livre de Jean Artero (Présence de Fulcanelli).
Voici donc enfin posé le cadre public d'une étude sérieuse de la vie et de l'oeuvre de celui qu'Artero a qualifié récemment (après d'autres) de plus grand alchimiste du XXème siècle.
On ne pourra donc ici que s'en réjouir, en recommandant la lecture de ce travail particulièrement fouillé, qui fait honneur à son auteur - et d'ailleurs à son éditeur.
De l'émouvante préface de Béatrix Canseliet (fille d'Eugène et mère de Sylvaine) on pourra par exemple retenir ainsi ces mots si vrais et tellement porteurs de sens:
"Très Sainte Philosophie!" Combien de fois aurais-je entendu cette affirmation énoncée, tel un constat à l'endroit de cette Philosophie très sainte et très pure. Cet état de conscience dont parlait mon père, cette pureté de l'esprit, du corps et de l'âme, cette élévation, cette assomption vers le Créateur, cette communion entre Amour et Connaissance, qui conduit à la perfection de l'être, fut la voie constante de l'unique disciple de Fulcanelli."
Le livre de Cédric présente par lui-même, au demeurant, une unité certaine, qui à notre sens peut être trouvée dans l'approche "philosophique" justement qui nous semble être la sienne, et qui le conduit à mettre simultanément en exergue et la sociabilité, et le secret tous deux si présents chez Canseliet.
Comme relevé par Artero à Baglis, on y trouvera en outre de précieux détails sur les conditions matérielles de l'édification de l'oeuvre d'Eugène, notamment sur ce mécénat qui explique en partie (en partie seulement à mon avis) que Canseliet, sans qu'il se soit jamais enrichi, ait du moins pu pourvoir à ses besoins et à ceux de ses proches.
Enfin, Cédric Mannu nous pardonnera peut-être d'ajouter que cette "bio" contient in fine un petit traité d'alchimie d'un certain C.M.
Et Julien Champagne me direz-vous? Et bien il n'est pas au coeur du sujet de Mannu, mais son livre recèle tout de même le concernant bien des notations intéressantes, telles que celle-ci, sur laquelle on souhaiterait des développements:
"C'est sans doute Gaboriau qui a mis Champagne en contact avec Dujols, de même que plus tard Dujols mettra Champagne en contact avec les de Lesseps et les de Lesseps avec Fulcanelli."
Ou encore: "Canseliet subit des vols pendant son infarctus. On lui déroba des traités anciens, des carnets de laboratoire, un tableau du Grand Lunaire, dessiné par Jean-Julien Champagne, qui représentait un baphomet, et des notes." A propos de notes, Cédric reproduit finalement une série de feuillets annotés, "la plupart de la main d'Eugène Canseliet lui-même", qui rappelle fortement celle d'un fichier, comme en ont confectionné et Canseliet, et Champagne, et Fulcanelli.
Quant à Thierry Garnier, des éditions Arqa, il vient de faire coup double puisque il nous proposait déjà, en octobre 2010, un traité anonyme contemporain, dont le titre paraît inspiré de Louis Grassot, Le Grand OEuvre dévoilé:
http://www.editions-arqa.com/editions-arqa/spip.php?article366
Constitué de lettres extraites d'une correspondance, ce traité émane d'un alchimiste dont dans sa présentation François Trojani, qui semble l'avoir bien connu, remarque qu'"il affirmait que les ouvrages de Fulcanelli entrouvraient, sans contestation possible, la porte de l'art d'Hermès, en ajoutant qu'ils bouclaient aussi définitivement le cycle et tout le passé du Parergon de cet art."
On y trouvera au demeurant bien des remarques substantielles, qu'il s'agisse de l'art en question, ou de Fulcanelli et Champagne, ou de Canseliet, comme celle-ci: "Beaucoup ont mis en doute ce que nous a laissé à réfléchir Eugène Canseliet, lorsqu'il nous compte son "voyage en Espagne" pour y rencontrer l'incontournable Fulcanelli. La chose est certainement vraie à la lettre, sauf que, on s'en doute, il n'a eu nul besoin de se rendre en Espagne pour que la rencontre ait lieu, pour le revoir et se voir formuler les limites de sa mission par l'Adepte."
Pour clore cette "brève" mensuelle d'une actualité si riche, je m'en voudrais de ne pas signaler (et recommander si besoin est) le coffret de DVD du Voyage alchimique proposé par Patrick Burensteinas:
http://www.voyage-alchimique.com/
Y figure entre autres une belle étude de la correspondance entre les bas-reliefs et les vitraux de Notre Dame de Paris, et s'agissant des bas-reliefs de Chartres (j'en reproduis deux ci-dessus) une démonstration - le mot n'est pas trop fort - de leur similitude de conception et de sens avec ceux de Paris et Amiens (sujet déjà abordé en Atlantis par Artero).
Patrick qui au demeurant participera finalement avec Jean au prochain colloque Fulcanelli du Pradet (Var) en mai 2011, en lieu et place de Walter Grosse, retenu au Portugal comme d'ailleurs déjà signalé, ce colloque étant à notre sens unique, notamment dans la mesure où il constitue une première mondiale.
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