Grâce à l'excellente librairie historique parisienne Fabrice Teissèdre, qui par conséquent mérite bien son patronyme d'élection de Le Curieux, nous avons pu récemment accéder à un petit ouvrage bien illustré sur le tombeau nantais de François II, duc de Bretagne.
Comme nous le savons, ledit monument funéraire est abordé en longueur dans Les Demeures Philosophales de Fulcanelli, et nous nous en sommes fait l'écho ici-même à plusieurs reprises, au travers notamment de l'évocation des illustrations de Julien Champagne qui l'agrémentent et le mettent en valeur.
On ne trouve pas dans les Demeures de référence à l'opuscule qui nous occupe aujourd'hui, et qui se présente à nous comme une sorte de "notice". En voici l'intitulé, reproduit ci-dessus: Tombeau de François II, et de Marguerite de Foix, par Michel Columb, dessiné par E. de la Michellerie, et gravé sur acier par L. Normand Fils Ainé, accompagné d'un texte explicatif et de notices historiques sur François II et Anne de Bretagne.
Il est paru en 1841 à Nantes, comme il se doit, chez Forest, libraire au Quai de la Fosse, lequel Forest l'a également imprimé.
Forest, alias de Lamoré ou Lamorée, n'est au demeurant pas tout à fait un inconnu, du moins pour les lecteurs de Ouest-France:
https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/histoire-jules-vincent-lamore-dit-forest-1er-photographe-de-nantes-en-1839-1876a263-62ba-325d-bf63-62a7a4899252
De même, E. de la Michellerie (de son prénom de plume, puisque ce Michellerie s'appelait au civil Cyprien Français Hugues) est un dessinateur de renom:
http://expositions.bnf.fr/cnac/grand/cir_2406.htm
Quant au graveur L. Normand, il pourrait s'agir en fait de l'architecte Louis-Marie Normand, qui, en digne fils de son père Charles, réalisa planches d'architecture et gravures au trait (en particulier de monuments funéraires).
Si maintenant nous nous intéressons au contenu des deux textes courts présentés anonymement sur Anne et François, reconnaissons d'emblée qu'ils sont certes pertinents, mais au fond assez peu substantiels, si on prend pour référence la glose fulcanellienne.
On s'amusera cependant de constater que le sculpteur du tombeau, Michel Colombe, est pour l'occasion plaisamment orthographié Columb. Ceci nous force aussi à nous rappeler qu'au temps jadis l'orthographe générale -et celle des noms tout spécialement- était assez fluctuante, ce qui naturellement ne pouvait que favoriser le recours à la Cabale phonétique ou solaire.
Et nous renforce dans notre conviction d'ésotériste fidèle à la Tradition qu'on ne peut savoir où on va ni même ou l'on est si on ne sait d'où on vient. Relevons encore le fait que, pour le scripteur, Colombe serait originaire soit de Nantes, soit de Saint-Pol-de-Léon, où nous nous sommes au demeurant rendus récemment. Fulcanelli penche manifestement pour cette dernière option.
Enfin, le même scripteur anonyme avance à propos de la duchesse Anne et d'une des Vertus représentées une hypothèse hardie et intéressante:
"On reconnaît dans la Justice les traits d'Anne de Bretagne. Son costume et ses attributs sont ceux de reine et de duchesse, avec la couronne fleurdelisée et fleuronnée sur la tête."
Dans ses Demeures, Fulcanelli se fera plus tard l'écho d'une telle opinion: "Notre Vertu a le front ceint d'une couronne ducale, ce qui a pu laisser croire qu'elle reproduisait les traits d'Anne de Bretagne."
Finalement, les gravures elles-aussi, du moins dans leur ordonnancement, pourraient plaider pour une connaissance de cet estimable ouvrage par l'auteur du Mystère des Cathédrales et son illustrateur. Mais bien sûr le talent d'"Hubert" est sans conteste supérieur. Peut-être voyons-nous manifestée en cette occasion la différence qui peut exister entre un simple dessinateur (si l'on peut dire et sans offense), et un peintre et artiste.
Un excellent artiste de plus, suivant son jeune ami Eugène Canseliet, et un artiste dans tous les sens du terme, dont comme vient de le rappeler Danièle Balland sur Facebook nous commémorons ce jour le quatre-vingt-dixième anniversaire de la mort terrestre.
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