Imprimé l'an dernier (en 2021, donc), l'ouvrage de Johan Dreue intitulé Théorie alchimique de la fin du monde et publié par l'auteur (éditions Arl) doit sans aucun doute retenir l'attention des curieux de l'oeuvre fulcanellienne, et a minima de ceux qui s'intéressent au mystère de son troisième livre non paru (le Finis Gloriae Mundi).
Notre auteur préféré du moment ne nous est certes pas inconnu, car il est de ces fulcanellistes distingués auxquels Jean Artero a récemment consacré un petit essai (Fulcanelliana, Arqa, 2017).
Partisan comme feu Patrick Rivière de l'identité de l'Adepte avec la personne de Jules Violle, Johan est au demeurant un écrivain prolifique autant que prolixe, dont on pourra se faire une bonne idée de la production en parcourant le site qu'il anime:
https://toysondor.blog/boutique-de-larl/
Avant d'en venir au contenu de cet essai brillant dans le fond autant que touffu dans la forme, remarquons que Dreue n'y craint pas de se signaler à nous comme FCH (Frère Chevalier d'Héliopolis).
Pour le reste, il nous semble qu'il reprend à son compte, en les citant longuement, certains travaux d'un autre hermétiste de qualité, dont nous nous sommes déjà fait l'écho ici: feu Jean Laplace.
http://www.archerjulienchampagne.com/article-3402402.html
Il en est ainsi en particulier des écrits de ce dernier intitulés Révélations Alchimiques sur la Fin du Monde et Le Four de Winterthur. On a même parfois un peu de mal en lisant Johan à distinguer ce qui provient de lui et ce que l'on doit à Jean.
Toujours est-il que selon Dreue il est indubitable que la nature apocalyptique de certaines caractéristiques du four helvète permet de rapprocher ce Logis alchimique de ceux qui devaient être étudiés dans le Finis fulcanellien.
Comme vous le savez, une partie des développements en question a pu être publiée à compter de 1957 dans les rééditions du Mystère des Cathédrales et des Demeures Philosophales.
Après Winterthur, sur lequel il insiste longuement, et là est probablement l'originalité principale de ce travail très fouillé, Johan Dreue aborde donc aussi bien Hendaye que Dammartin et Melle (assez brièvement pour les deux derniers). Et naturellement revient aussi sur l'hôpital sévillan dit de la Charité et des tableaux de Juan de Valdes Leal qu'il abrite.
Evidemment Johan ne peut s'empêcher, s'agissant des personnes cette fois, de revenir sur les faits et gestes de Jules Violle, en l'appelant Fulcanelli, ce qui est critiquable en toute rigueur, mais aussi bien excusable.
En outre, il paraît prêter à un Henry Dunant, un Antoine d'Abbadie, ou moins près de nous à un Vincent Depaul une importance qui pourra surprendre, et que je vous laisse découvrir par vous même.
Julien Champagne est pour sa part assez peu présent au cas particulier. Curieusement, la seule illustration de lui que reproduit Dreue est celle de la fontaine parisienne du Vertbois. Allusion au Déluge "final"?
Final ou pas, le prochain versement de la boule terrestre, telle est peut-être en effet la question. Dans ses Mémoires récemment évoquées par nous (Julien Champagne en Paginanda), l'alchimiste Bernard Chauvière rapporte qu'il pourrait intervenir dès 2025, selon Eugène Canseliet.
Pour Johan, il se situerait plutôt vers 2030. La fin ainsi prévue de la gloire du monde est-elle pour autant une ou même la fin du monde? Tel n'est pas notre sentiment personnel, ni présumons nous celui de Johan Dreue. Disons plutôt bibliquement: A nouveaux cieux, terre nouvelle (et vice versa).
Arrivé à ce point de notre réflexion, je voudrais évoquer brièvement devant vous l'oeuvre d'un essayiste belge récemment disparu: André Charpentier (alias d'André Raeymaeker). Né en 1934 et décédé en 2020, ce pythagoricien dans l'âme a, semble-t-il, pris le temps de faire imprimer peu de temps avant sa mort son étude intitulée L'ésotérisme de Virgile. Il semble en rester quelques exemplaires à la vente auprès de la revue Le miroir d'Isis.
Vous pouvez au demeurant vous faire une idée de ce livre sur le site de la librairie Arca: https://www.arca-librairie.com/lus-pour-vous/classiques/319-charpentier-les-mysteres-du-pantheon-romain
Quant à son parcours général, littéraire aussi bien que philosophique, il reste grâce à lui globalement accessible sur la Toile: https://clavisquadraturae1com-76.webself.net/
Pour André, et telle est son approche de l'apocalypse, ou révélation, "la fin de notre cycle doit être strictement analogue à son début, c'est-à-dire intemporelle."
Qu'il s'agisse d'en finir ou pas, par conséquent, terminons cet articulet par le blason si alchimique des Pfau, créateurs du poêle de Winterthur.
Pfau, ou en allemand paon. Le paon est selon Fulcanelli "l'image mythique de la nature en pleine activité." L'alchimie serait elle donc intrinsèquement panthéiste? Tel est assez notre point de vue, effectivement. En grec, Pan signifie le Tout. Un Tout divin, qui ne saurait à l'évidence avoir ni commencement, ni fin.
Soit dit simplement et honnêtement, c'est-à-dire sans chercher aucunement à nous parer...des plumes du paon.
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