Décidément, Julien Champagne est gâté par l'actualité en ce début d'année 2022, ce qui ne peut à l'évidence que nous réjouir.
Cette fois-ci, il figure en bonne place dans la première biographie de Robert Ambelain (1907-1997), que nous devons à Arnaud de L'Estoile, et qui vient de paraître aux Editions Télètes.
Disons d'emblée que notre biographe du jour n'en est pas à son coup d'essai, puisqu'il a notamment déjà écrit sur divers ésotéristes contemporains, tels Papus, Eliphas Lévi et Guaïta, qui d'ailleurs ont tous curieusement en commun de s'être intéressés à l'alchimie.
Voici donc sans conteste un sérieux petit ouvrage, concocté par un auteur de surcroît diplômé d'histoire et dont l'ouverture d'esprit transparaît dans la façon dont il cite ses sources aussi bien en bibliographie que dans le corps du texte.
C'est ainsi qu'il n'ignore ni ne feint d'ignorer (entre autres) Serge Caillet, ni Gérard Galtier, ni Gino Sandri, qu'il s'agisse d'Ambelain lui-même, ou plus généralement des diverses branches concernées de la franc-maçonnerie, ou encore du martinisme.
Au contraire, et bien évidemment, s'agissant comme nous le verrons ci-après de Champagne, il se réfère honnêtement à son biographe attitré, notre compère Jean Artero.
Précisons également que selon nous il nous montre bien la complexité du "personnage" Robert Ambelain, de ses engagements précoces en Action Française à sa participation ultérieure la résistance antinazie pendant la seconde guerre mondiale, de l'astrologie à la magie, du martinisme et de la gnose aux Loges (même si son évident attrait pour les rites et les grades de toutes sortes nous laisse quelque peu perplexes).
Pour en venir finalement à l'hermétisme, il tient une place modeste mais significative dans le parcours d'Ambelain. Qualifiée d'astrologique, son oeuvre de jeunesse Dans l'ombre des cathédrales est cependant placée explicitement dans l'orbe fulcanellienne.
De même, son accointance probable avec le Grand Lunaire (puis l'AROT), où il retrouvera, nous confirme L'Estoile, Julien Champagne et Eugène Canseliet (voire Claude d'Ygé) ne saurait être considérée comme résultant uniquement d'une démarche magiste.
De même encore, Ambelain aura été visiblement un proche d'un Jules Boucher (1902-1955), ou d'un Robert Amadou (1924-2006), tous deux impliqués dans le "dossier Fulcanelli", dossier auquel Arnaud consacre au demeurant plusieurs pages bien senties.
C'est ainsi en particulier que Robert Ambelain avait en 1939 souligné le fait que "la Vierge noire de Marseille est celle du dessin original de Julien Champagne, le savant illustrateur du Mystère des Cathédrales."
Dans son essai présent, L'Estoile cite alors aussitôt Artero, ce dernier remarquant pour sa part à ce sujet précis en 2014 : "Ambelain distingue bien entre Fulcanelli l'auteur et Champagne l'illustrateur. Pour lui, à cette époque, Julien n'est pas Fulcanelli et l'identification entre les deux personnes fera bien l'objet d'une construction subséquente."
ARCHER