Bonne année à chacune et à chacun, en espérant que "sur le chemin", comme dirait l'ami Philippe Subrini, alors que d'autres préfèreraient peut-être l'expression "sur la voie", nous soyons d'une part débarrassés de cette fichue pandémie, et d'autre part que nous puissions tous et toutes reprendre sereinement notre progression sur le sentier hermétique.
Et justement, voyez-vous, un petit livre vient de paraître, qui pourrait bien nous y aider. Imprimé en décembre 2021 pour les éditions Paginanda, dont il inaugure en quelque sorte le parcours, ce nouvel ouvrage de Bernard Chauvière, parfaitement intitulé Mémoires d'un Alchimiste contemporain, vient opportunément, nous semble-t-il, nous conforter dans notre idée que ce sentier, que nous pourrions aussi qualifier d'alchimique, demeure bien ouvert aux curieux de l'Art.
Et certes Bernard n'est en aucune façon un inconnu pour nous, puisque nous l'avons déjà rencontré à plusieurs reprises lors de notre propre cheminement (cf. notamment nos articles Champagne et Cimiez et Champagne séraphique).
A propos de Cimiez justement, nous nous devons de signaler tout l'intérêt qui se dégage de la peinture reproduite sur la couverture du livre de Chauvière: Un cygne s'y exprime vaillamment, à propos duquel le phylactère de rigueur nous explique: DIVINA SIBI CANIT ET ORBI. "Il chante divinement pour soi et pour le monde."
Ouvrons Les Douze Clefs de la Philosophie de Basile Valentin, traité commenté par Canseliet, et nous y verrons que le Philosophe de Savignies en esquisse un décryptage: "Le cygne a toujours été regardé, par les alchimistes, comme un emblème du mercure; il en a la couleur et la mobilité, ainsi que la volatilité proclamée par ses ailes...Son sifflement, qui ne manque pas de surprendre l'opérateur à ses débuts, est nommé le chant du cygne (le signe chantant), parce que le mercure, voué à la mort et à la décomposition, va transmettre son âme au corps interne issu du métal imparfait, inerte et dissous."
Quant au parcours cette fois de Bernard Chauvière, il est au demeurant particulièrement intéressant, puisque nous le voyons au fil de ses "alchimiques mémoires" passer de Louis Pauwels et Jacques Bergier (Le matin des magiciens) à son maître (et le notre, oserons-nous affirmer) Eugène Canseliet. Mais bien sûr la dédicace à Chauvière d'un Bergier se confessant alchimiste vaut ici son pesant d'or pur.
Un autre intérêt de ce parcours alchimique de Bernard Chauvière, tel qu'il le décrit lui-même, est naturellement de nous présenter ses compagnons de route, tels le Belge Emmanuel d'Hooghvorst, ou plus près de nous feu Jean Laplace, feu notre ami Roger Bourguignon (alias Roger Beaulieu), ou Joëlle Oldenbourg et Robert Delvarre, que nous ne saurions non plus méconnaître.
Selon nous, malgré tout, l'apport principal de ces Mémoires réside incontestablement dans le domaine pratique de l'alchimie: Pour nous, Bernard Chauvière a pu, sans doute aucun, s'aventurer assez loin dans le labora, et comme il l'affirme d'ailleurs, se trouve désormais aux abords de ce troisième OEuvre que nous lui souhaitons évidemment de mener à bien. En témoigne en tout cas probablement le cliché ci-dessous, qu'il intitule lui-même Les colombes de Diane.
Et Julien Champagne dans tout cela, me direz-vous? Et bien je dois avouer que de mon point de vue l'apport de Bernard à son sujet est, disons, médian. D'un côté il nous rapporte une confidence de Canseliet sur certain tableau vu chez ce dernier: "Le cadre en bois, c'est Champagne qui l'a fait; il était très habile de ses mains."
Et d'un autre, il affirme: "Je ne me permettrai pas de juger Julien, que certaines personnes tentent de réhabiliter (sic) sous prétexte que Canseliet ne voyait en lui que l'illustrateur de Fulcanelli." Hum, répondrons-nous. Le même Eugène a par ailleurs (et ce n'est tout de même pas rien) qualifié son ami aîné Julien Champagne d'"excellent artiste."
Quoi qu'il en soit, nous sommes heureux, en ce début de l'an de grâce 2022, de complimenter et Bernard Chauvière et Bernard Renaud de la Faverie, son éditeur, pour la qualité de leur travail, auquel nous souhaitons le succès le plus grand, en espérant il est vrai que quelques menues erreurs typographiques que nous y avons relevées puissent être gommées à l'avenir.
Longue vie par conséquent aux éditions Paginanda et notamment à leur collection si bien dénommée: La Table d'Emeraude!
Signalons enfin que les "alchimiques mémoires" de Chauvière, au demeurant présentées par Renaud, sont désormais disponibles à la FNAC:
https://livre.fnac.com/a17044030/Bernard-Chauviere-Memoires-d-un-Alchimiste-contemporain#omnsearchpos=1
Et qu'ils ont fait récemment, à juste titre selon nous, l'objet d'une recension élogieuse de la part de BAGLIS TV.
https://www.baglis.tv/livres/3980-memoires-d-un-alchimiste-contemporain-bernard-chauviere.html
Je m'en voudrais, finalement, chers amis et chères amies, d'omettre d'attirer in fine votre aimable attention sur "le côté obscur de la force" de l'essai qui nous occupe. Il y est aussi question de la fin de la gloire du monde.
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