Parmi les librairies anciennes fréquentées par Julien Champagne, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème, celle des frères Chacornac mérite une mention particulière, de même que la Librairie du Merveilleux de Chamuel et Dujols, déjà évoqués.
Pour Walter Grosse, d'ailleurs, les deux entreprises auraient été liées:
http://www.fulgrosse.com/article-2787865.html
Il estime en effet qu'en 1901 Henri Chacornac est devenu propriétaire de La Librairie du Merveilleux.
Né en 1855, Henri Chacornac épousa vers 1875 la fille de de l'écrivain Jules Lermina (1839-1915);
membre du "club Dumas" et admirateur de Cyrano Bergerac, ce dernier semble s'être intéressé de près à l'alchimie.
Il a en particulier publié en 1890 L'élixir de vie.
Sa fille Marie-Pauline donnera deux fils à Henri Chacornac, Paul, né en 1884, l'année même de la création de la "maison Chacornac", et Louis, venu au monde en 1890. Louis sera d'abord le gérant de la bibliothèque Chacornac, alors que Paul se consacrera sutout à l'écriture.
Pour Walter Grosse, c'est par l'intermédiaire des frères Chacornac que Julien Champagne a en 1905 fait la connaissance de Fulcanelli.
C'était, estime-t-il, grâce à son travail de reliure et de "cataloguage" de livres anciens.
Si nous nous intéressons d'abord au catalogue Chacornac, force est de constater une certaine prégnance de l'alchimie, et de l'ésotérisme en général.
En 1890, nous trouvons d'Albert Poisson les Cinq traités d'alchimie. Le même Poisson récidivera en 1893 avec son Nicolas Flamel. En 1897 paraît le Traité des causes secondes de Jean Trithème. En 1899 Henri Chacornac préface lui même le Traité de réintégration des êtres de Martines de Pasqually.
Nous avons aussi dès 1902 l'Esquisse du tout universel de Jacob, présenté par Papus. De Papus justement, La science des mages est éditée en 1905. En 1908 mentionnons le De signatura rerum de Jacob Boehme, traduit par Sédir. Puis en 1910 La philosophie occulte de Henri Corneille Agrippa, ainsi que L'amphithéatre d'éternelle sapience d'Henri Khunrath.
En 1912 suivront les Cinquante merveilleux secrets d'alchimie de Phaneg (Georges Descormiers). L'Hermès dévoilé de Cyliani, si cher à Eugène Canseliet, sera publié en 1915. En 1925 paraîtra de Emile Jules Grillot de Givry une édition de La monade hiéroglyphique de John Dee. La lumière tirée du chaos de Louis Grassot sera mise en vente en 1930, de même que le Dogme et rituel de haute magie d'Eliphas Lévi.
Si on veut absolument sortir du strict domaine de l'occulte, Chacornac a également publié en 1924 les Ennéades de Plotin...
Parallèlement l'aventure de la revue Le voile d'Isis se poursuit. En 1933 cette revue d'inspiration de plus en plus guénonienne deviendra Etudes traditionnelles, qui paraît toujours.
Contrairement peut-être à son frère Louis, décédé à 65 ans en 1955, Paul Chacornac, qui quittera ce monde à 79 ans passés, en 1964, est aussi écrivain; on lui doit, outre une histoire de l'astrologie médiévale qui est restée hors commerce, un livre sur Eliphas Lévi (1926), une note bibliographique à l'édition des Noces chymiques de Jean Valentin Andreae (1928), Le comte de Saint Germain (1947), La vie simple de René Guénon (1958), enfin Grandeur et adversité de Jean Trithème (1963).
Toujours situées quai saint Michel à Paris, la librairie et les éditions Chacornac deviendront ensuite les Editions Traditionnelles, sous la houlette d'André Villain. Ce dernier décéda en 1985. Les Editions Traditionnelles ont récemment déménagé et se trouvent désormais rue des Fossés
Saint Bernard.
La librairie de Nicole et André Braire est d'ailleurs à vendre, ce couple préférant se consacrer exclusivement à l'édition.
Devenant aveugle sur ses vieux jours, Paul Chacornac n'est pas resté sans descendance. Qui est ce Jacques Chacornac, employé d'un kiosque parisien, à qui André Braire remit il y a quelques années un certain nombre de souvenirs de famille, dont le livret militaire de l'aîné des frères Chacornac?
http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-champagne-nel-paese-charconac-35788569.html
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