Cosy Ray nous propose à nouveau deux toiles énigmatiques, d'auteur et d'époque non précisés, et dont le caractère hermétique peut, là encore, paraître probable.
Voici ce qu'il nous en dit, et je vous invite à essayer comme moi d'exercer sur ces peintures toute votre sagacité:
"La seconde s'intitule "la folie victorieuse" et la première "petit vent de folie sur Saint Mathurin de Larchant".
Larchant où au moyen âge se déroulait un bien curieux pélerinage, qui se poursuit toujours de nos jours au premier lundi de Pentecôte.
"Les pèlerins venaient prier Saint Mathurin qui, né à Larchant, y avait sa sépulture depuis le IIIème siècle vraisemblablement.
Ils lui demandaient la guérison de toutes les affections mentales que le moyen âge attribuait à la possession démoniaque.
Saint Mathurin, plus puissant que le démon, l'obligeait à quitter les pauvres corps qu'il possédait et martyrisait. On prétend, mais c'est pure calomnie que j'ai tort de rééditer, que le bon saint ramenait au bien même les méchantes femmes, et que, de ce chef, sa clientèle était fort nombreuse."
(Eugène Thoison, L'église de Larchant, 1896)."
Je me dois d'avouer à ce stade que mes propres recherches à partir de ces éléments pourtant substantiels n'ont guère porté de fruit.
Après avoir cependant remarqué que l'orthographe de thoison est une ancienne version du mot toison, comme dans l'ordre de la thoison d'or, et que ce Thoison (1846-1910), qui a concentré une bonne part de ses recherches sur le vieux Gâtanais, devait comme Eugène Canseliet être une personne "bien née", je n'ai plus guère que deux observations à faire.
Saint Mathurin est un saint du Bas Empire, un saint thaumaturge qui plus est, oublié jusqu'au IXème-Xème siècle, où il fut redécouvert.
Au XIème siècle, le chapitre de Notre Dame de Paris décida de faire édifier à Larchant (Seine et Marne) une église qui serait construite sur le même plan que la cathédrale parisienne.
Pour en savoir plus sur l'histoire de ce lieu et de cette demeure, je vous invite à visiter, notamment, le site de l'association culturelle de Larchant:
http://www.larchant.com/
Enfin, deux points me semblent devoir être encore relevés. D'abord, on peut se poser la question de savoir si ce vent de folie qui a frappé et frappe toujours Larchant peut être un vent - ou un van -
chymique.
Il me paraît que la réponse pourrait bien être affirmative, si on se réfère à notre post précédent sur La Ferté et surtout à Fulcanelli dans ses Demeures Philosophales, illustrées par Julien Champagne, au chapitre intitulé L'homme des bois.
"Mercure apparaît sous l'aspect d'un fou de cour. On le voit, coiffé du capuce à pélerine d'où pointent deux longues oreilles, tenir un caducée en guise de marotte...
Le mercure, appelé fou du Grand OEuvre, à cause de son inconstance et de sa volatilité, voit sa signification confirmée dans la première lame du Tarot, intitulée le Fou ou l'Alchimiste."
Ite missa est, Deo gratias!
Relevons finalement le fait que Larchant a inspiré plusieurs artistes, peintres et dessinateurs, dont Théodore Rousseau (1812-1867), Balthus (1908-2001), parent de l'alchimiste Stanislas Klossowski de Rola, en 1939, et notre contemporaine Anne-Marie Besnard (en 2002, 2004...), dont voici une vue de l'église de Larchant aux "Glycines", qui me rappelle la Suisse romande de la fin de mon enfance, et que je dédie à la mémoire vivante du "père aub" et de la "mère aub" de Nyon.
http://besnard.vitrail.free.fr/Atelier.html
http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-champagne-et-larchant-83879546.html
ARCHER