Après la controverse Voronoff, venons en à la controverse Lisieux, que pas plus la précédente nous n'avons la prétention de trancher dans l'immédiat. Aussi toutes les opinions, sur ce point également , seront les bienvenues.
De quoi s'agit-il, pour reprendre la célèbre question prêtée au maréchal Foch? Dans les Demeures Philosophales de Fulcanelli, tout un chapitre est consacré au manoir de "La salamandre de Lisieux."
Bien connue autrefois des Lexoviens, cette modeste demeure du XVIème siècle, sise au numéro 19 de la rue aux Fèvres, précise Fulcanelli, est d'origine incertaine et ignorée du grand public.
Dans sa préface à la deuxième édition des Demeures (Omnium Littéraire, 1960), Eugène Canseliet regrette que ce manoir ait été détruit en 1944.
Mais voilà, nous dit-on aujourd'hui, le logis alchimique en question n'aurait pas été réduit en miettes lors des bombardements "libérateurs" des alliés à la fin de la seconde guerre mondiale;
il aurait été, vers 1899 puis en 1912, donc peu avant le premier conflit mondial, démonté pierre par pierre et relevé à Etretat.
Ce qui est exact, c'est que l'on peut trouver de nos jours à Etretat un hotel restaurant, dont nous avons pu goûter le charme, et qui ressemble à s'y méprendre à la demeure de Lisieux.
Une bonne occasion, en tout cas, pour les "contempteurs" honnis par Frédéric Nietzsche, de s'en prendre à Fulcanelli, Canseliet, Champagne...
Au fait, qui nous dit que la "méson" d'Etretat n'est pas une reproduction pure et simple de celle de Lisieux? N'est-il pas plus réaliste de proposer qu'elle en soit la copie exacte ou presque exacte?
Dans ses Deux Logis Alchimiques (Pauvert, 1979), Eugène Canseliet revient sur le motif croqué
par Julien Champagne (planche VII des Demeures): La Salamandre et le Singe au Pommier (au pommier, et non à l'oranger):
"Il est évident que la Nature se réjouit de la Nature, et que la Nature maintient la Nature, et que la Nature vainc la Nature, et qu'elle domine. Par cette sentence, tout l'OEuvre est pénétré...
C'est l'explication de l'anthropoïde, tout à la fois conduit et conducteur que, de son côté, en cette même moitié du XVIème siècle, l'Adepte inconnu de Lisieux faisait sculpter, sur le pilier de son manoir, cueillant et mangeant les pommes du Jardin clos des Hespérides.
Hélas, qu'est devenu ce logis médiéval, sous les bombardements qui détruisirent, sur le beau sol de France, ce qui constituait le meilleur du patrimoine national?"
Et Fulcanelli dans tout çà, me direz vous? Reprenons d'abord sa description du motif dont il s'agit:
"Sur le pilier médian du rez-de-chaussée, le visiteur découvre un curieux bas-relief. Un singe y est occupé à manger les fruits d'un jeune pommier, à peine plus élevé que lui."
Et voici maintenant le commentaire d'"un homme pour l'éternité", en référence à Thomas Morus:
"Devant ce sujet, qui traduit pour l'initié la réalisation parfaite, nous abordons l'OEuvre par la fin. Les brillantes fleurs, dont les couleurs vives et chatoyantes faisaient la joie de notre artisan, se sont fanées et éteintes les unes après les autres;
les fruits ont alors pris forme et, de verts qu'ils étaient au commencement, s'offrent maintenant à lui parés d'une brillante enveloppe pourprée, sûr indice de leur maturité et de leur excellence.
C'est que l'alchimiste, dans son patient travail, doit être le scrupuleux imitateur de la nature, le singe de la création, suivant l'expression génuine de plusieurs maîtres.
Guidé par l'analogie, il réalise en petit, avec ses faibles moyens et dans un domaine restreint, ce que Dieu fit en grand dans l'univers cosmique."
http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-champagne-lexovien-35787901.html
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