En mémoire cette fois de Frédéric Nietzsche et de ses Considérations inactuelles, voici un autre dessin de Julien Champagne, plus ancien je pense que celui de Walter Grosse que nous avons récemment reproduit, et qui est, lui, daté de 1979.
Il a été réalisé lui aussi à partir de l'aquarelle déjà citée d'Eugène Canseliet (Canseliet peint Julien Champagne) et son auteur, qui l'a signée KRJ, n'est autre que Kenneth Rayner Johnson, l'auteur de la première biographie en anglais qui ait été consacrée à Fulcanelli.
Publiée en 1980 à Jersey par Neville Spearman, elle n'a pas été traduite en français; à l'inverse, elle l'a été récemment en russe (Aenigma, Moscou, 2009), mais d'abord en espagnol (El misterio Fulcanelli, Martinez Roca, Barcelone, 1981), édition hispanique dans laquelle on retrouve le portrait ci-dessus de Julien Champagne, et dont la jaquette de couverture comporte la curieuse question suivante:
?Està vivo Fulcanelli? Cette question est sans doute motivée par la relation que donne l'auteur du fameux voyage en Espagne d'Eugène Canseliet, dans les années 1950, au cours duquel Canseliet aurait rencontré un Fulcanelli vivant, plus que centenaire à l'état-civil, et pourtant rajeuni.
Dans son ouvrage, Kenneth Rayner Johnson développe surtout, et longuement, la thèse de Robert Ambelain dans Les cahiers de la tour Saint Jacques (Dossier Fulcanelli: Fulcanelli, alias Julien Champagne). Il la préfère visiblement à la thèse inverse, défendue par Eugène Canseliet.
Sur Julien Champagne, il n'apporte que peu de notations personnelles , relevant toutefois que Jules Boucher (voir notre post précédent sur cette relation de Julien) aurait dit à Robert Ambelain que Champagne avait horreur de l'occultisme "de la main gauche" - entendez de la magie noire,
pour faire simple, - et l'aurait fréquemment averti de rester à l'écart des groupes pratiquant ce type d'ésotérisme.
KRJ commente aussi son dessin en trouvant une certaine ressemblance entre son modèle et le jeune Salvador Dali, ce qui est plutôt flatteur...pour Dali.
Il mentionne également, toujours à propos d'Ambelain, le fameux traineau à hélice, précisant: "He was eventually presented to Nicholas II." Ceci pour répondre à une question qui m'a été posée.
Au total, un livre intéressant, en dépit de sa sinistre couverture, et qui a précédé d'une bonne vingtaine d'années la traduction en anglais d'une autre biographie de Fulcanelli, celle de Geneviève Dubois, qui vient de paraître début 2006 (Fulcanelli and the alchemical revival, Destiny Books).
Il est vrai que le livre de Dubois, lui, paru chez Dervy en 1992, avait déjà reparu antérieurement, mais en italien (Fulcanelli, Mediterranee, 1996).
Ne quittons pas Kenneth Rayner Johnson sans mentionner, finalement, que sur sa page de titre intérieure il n'hésite pas à transcrire le nom de Fulcanelli en utilisant l'écriture même de Julien Champagne:
http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-inactualite-de-julien-champagne-35787687.html
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