Il était une fois, à Reims, une maison du XIIème siècle, dont le seul tympan survécut à la tourmente des siècles (elle aurait été détruite en 1918). Il s'en alla dormir au Musée lapidaire de la ville. Fulcanelli le tira de son sommeil pour l'édification du lecteur de ses Demeures Philosophales, et Julien Champagne le dessina (planche II des Demeures, ci-dessus).
"Ce tympan, précise Fulcanelli, est conservé au Musée lapidaire de Reims, établi dans les locaux de l'hopital civil (ancienne abbaye de Saint-Rémi, rue Simon). On le découvrit vers 1857, lors de la construction de la prison, dans les fondations de la maison dite de la Chrétienté de Reims, située sur la place du Parvis, et qui portait l'inscription: Fides, Spes, Caritas. Cette maison appartenait au chapitre."
On sait que la foi, l'espérance et la charité représentent pour le christianisme les trois vertus théologales, comme la force, la justice, la prudence et la tempérance, étudiées à Nantes dans les Demeures, en sont les vertus cardinales. Mais c'est le tympan lui-même, et non les vertus, qui cette fois fixe et retient, dirons-nous, l'attention de Fulcanelli:
"Voici l'admirable tympan qui décorait, au lointain XIIème siècle, la porte d'entrée d'une ancienne maison rémoise. Le sujet, fort transparent, se passerait aisément de description. Sous une grande arcade en inscrivant deux autres géminées, un maître enseigne son disciple et lui montre du doigt, sur les pages d'un livre ouvert, le passage qu'il commente.
Au-dessous, un jeune et vigoureux athlète étrangle un animal monstrueux, - peut-être un dragon, - dont on n'aperçoit que la tête et le col. Il voisine avec deux jouvenceaux étroitement enlacés.
La Science apparaît ainsi comme dominatrice de la Force et de l'Amour, opposant la supériorité de l'esprit aux manifestations physiques de la puissance et du sentiment."
En ce lendemain d'une fête de la Saint-Valentin elle-même soumise à la tyrannie de l'argent, voici une bien austère et bien belle leçon. Mais Fulcanelli poursuit:
"Comment admettre qu'une construction, signée d'une telle pensée, n'ait point appartenu à quelque philosophe inconnu? Pourquoi refuserions-nous à ce bas-relief le crédit d'une conception symbolique émanant d'un cerveau cultivé, d'un homme instruit affirmant son goût pour l'étude et prêchant d'exemple?
Nous aurions donc le plus grand tort, assurément, d'exclure ce logis, au frontispice si caractéristique, du nombre des oeuvres emblématiques que nous nous proposons d'étudier sous le titre de Demeures Philosophales."
Tiré de son long endormissement, le tympan de la maison rémoise, magnifiquement reproduit par Julien Champagne, ouvre donc bien le cycle des Demeures de l'illustre et mystérieux Fulcanelli.
Et sans doute était-il, de fait, salubre que cet enseignement écrit et dessiné d'un maître et de son disciple et illustrateur, fût dispensé dans la cité royale où, un siècle plus tard, vint fleurir le sourire lumineux, et le regard empreint de foi, d'espérance et de charité, d'un ange ailé.
Quoiqu'il en soit, il semble qu'une copie de ce tympan ait figuré ou figure au musée des monuments français, à Paris:
http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/memoire_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_1=Cmemo1&VALUE_1=51454&FIELD_2=Cedif&VALUE_2=tympan&FIELD_3=Caut&VALUE_3=&FIELD_4=Adresse&VALUE_4=&FIELD_5=L%e9gende&VALUE_5=&FIELD_6=Cnum&VALUE_6=&FIELD_7=TOUT&VALUE_7=&FIELD_8=COULEUR&VALUE_8=%20&NUMBER=2&GRP=0&REQ=%28%2851454%29%20%3aCOM%2cDPT%2cINSEE%2cPAYS%2cREG%2cLIEU%20%20ET%20%20%28%28tympan%29%20%3aOBJT%2cEDIF%2cSUJET%2cTICO%2cEDIARCH%2cSTRUCT%2cSITE%20%29%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=9&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=1&MAX3=50&DOM=Tous
Le musée rémois qui abrite l'original s'apelle désormais saint-Rémi...
http://www.itinerairesbis.com/choix_monde/musee/stremi/remi.htm#fronton
http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-32326155.html
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