A quelques jours maintenant de cet équinoxe de printemps cher aux alchimistes, pourquoi ne pas nous intéresser à une Vierge noire, dont un surnom traditionnel est curieusement Notre Dame la
Verte?
Nous voulons parler ici de Notre Dame de Confession, Vierge noire des cryptes de l'abbaye saint Victor, à Marseille. Elle ouvre, symboliquement, le Mystère des Cathédrales de Fulcanelli, dont elle fournit la première planche, comme il se doit illustrée et signée par Julien Champagne.
"Notre Dame de Confession, célèbre Vierge noire des cryptes saint Victor, à Marseille, nous offre un beau spécimen de statuaire ancienne, souple, large et grasse. Cette figure, pleine de noblesse, tient un sceptre de la main droite et a le front ceint d'une couronne à triple fleuron", commente brièvement Fulcanelli.
Mais quel est pour lui le sens ésotérique des Vierges noires? Elles figurent, dit-il, "dans la symbolique hermétique, la terre primitive, celle que l'artiste doit choisir pour sujet de son grand ouvrage.
C'est la matière première, à l'état de minerai, telle qu'elle sort des gîtes métallifères, profondément enfouie sous la masse rocheuse."
Soit, dira-t-on, mais quid de la verdeur de cette Vierge noire? Fulcanelli ajoute, toujours dans le Mystère des Cathédrales: "Dans le cérémonial prescrit pour les processions de Vierges noires, on ne brûlait que des cierges de couleur verte."
Fulcanelli reviendra sur ce thème printanier dans ses Demeures Philosophales, au chapitre consacré au cadran solaire du palais Holyrood d'Edimbourg. Citant l'abbé Laurin, et sa Notice sur l'antique abbaye saint Victor de Marseille (1915, nombreuses rééditions), et Hippolyte Matabon et sa Légende des cierges verts (1889), il précise, s'agissant de la légende:
"Cette légende contient, derrière le voile allégorique, la description du travail que doit effectuer l'alchimiste pour extraire, du minéral grossier, l'esprit vivant et lumineux, le feu secret qu'il renferme, sous forme de cristal translucide, vert, fusible comme de la cire, et que les sages nomment leur vitriol." Et de rapporter cette naïve et précieuse tradition hermétique.
Quant à l'histoire de cette statue, elle est ancienne. On affirmait autrefois qu'elle avait été rapportée par Lazare, et sculptée par saint Luc dans un bois de fenouil. En réalité, elle serait du XIIIème siècle, et en bois de noyer très sombre. Son autre surnom de Feunou serait issu, non pas de fenouil, mais du feu nouveau.
Il semble attesté qu'à la Chandeleur, la Vierge était et est habillée de vert, et que les fidèles appelés à la procession reçoivent des cierges bénis de couleur verte. Sur le pouvoir de ces cierges, un curieux ouvrage existerait, de l'abbé Ballydau: Secrets puissants et protecteurs de Notre Dame la Verte.
Dans son ouvrage sur Saint Victor (Imprimerie marseillaise, 1927) le chanoine Joseph Berenger s'attache en tout cas à décrire l'usage ancien, qui dit-il n'existe plus:
"A la fête de la Chandeleur l'on mettait des croix de cire sur les portes des salles et des chambres, et le peuple venait en foule à Saint-Victor prendre, avec un morceau de linge, du feu bénit, un des cierges et de l'huile des lampes qui brûlaient dans l'église inférieure."
Voulez vous pour terminer une précision sur l'office actuel? On le célèbre dans les catacombes et
la tradition est de toucher la robe verte de la statue avec des cierges verts et de ne les allumer
qu'ensuite.
On y vend des patisseries dont la fabrication est gardée secrète de père en fils et qui se confectionnent elles aussi dans les catacombes; elles portent le nom de navettes et affectent très exactement la forme de la barque d'Isis.
http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-champagne-et-la-vierge-noire-35787091.html
ARCHER