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  • : Site consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.
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...consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.


Peintre et dessinateur, Julien Champagne est surtout connu de nos jours pour avoir illustré les ouvrages de Fulcanelli, un mystérieux alchimiste contemporain.

Et pourtant, il figure au Bénézit, la "Bible" internationale des créateurs. Et suivant son ami Eugène Canseliet, il fut bien un maître du pinceau et du crayon.

C'est à la découverte de cet artiste méconnu, mais profondément attachant, que je voudrais vous inviter. Je voudrais aussi vous demander de ne pas hésiter à enrichir mes articles de vos propres commentaires et de vos découvertes personnelles.

Bon voyage donc au pays légendaire de Julien Champagne.

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25 juin 2006 7 25 /06 /juin /2006 12:05

 


Parmi les personnages fréquentés par Julien Champagne au sein du groupe "magiste" du Grand Lunaire, dit aussi parfois Très Haut Lunaire, figurent, outre Jules Boucher, déjà portraituré, Gaston Sauvage et Alexandre Rouhier.

C'est de ce dernier que je vous dire quelques mots aujourd'hui, Rouhier dont grâce à Fulgrosse je peux enfin vous présenter une photo des plus rares, qui est extraite du livre opportunément intitulé Call no man Master de Joyce Collin-Smith (Gateway Books, 1988 et Authors OnLine, 2004).

Le docteur Alexandre Rouhier (1875-1968) s'est d'abord fait connaître comme pharmacologue. En 1926, il donna à l'Institut métapsychique international une conférence sur Les plantes divinatoires, reprise la même année dans la Revue métapsychique, et qui sera publiée en 1927 aux éditions Gaston Doin.

La même année, il fait paraître aux mêmes éditions son oeuvre la plus connue, consacrée au Peyotl, "la plante qui fait les yeux émerveillés", qui est en fait le plus célèbre des hallucinogènes, et sert de base à la mescaline. Ce livre est alors préfacé par le professeur Emmanuel Perrot.

Les travaux de Rouhier sur les drogues suscitent aussitôt un intérêt significatif outre-Rhin, et il est rapidement traduit en allemand (Die Hellsehen hervorrufenden Pflanzen, Max Altman, Leipzig, 1927).

Ils seront réédités après la deuxième guerre mondiale, en France comme en Allemagne (Le peyotl, Trédaniel, 1975 et 1989, Die Hellsehen hervorrufenden Pflanzen, Express Edition, Berlin, 1986, et VWB, Berlin, 1996).



Mais Alexandre Rouhier est bien entendu ausi un ésotériste à la personnalité complexe. En 1935 il préfacera le Traité élémentaire de géomancie d'Eugène Caslant (Revue métapsychique, 1936, réédition Trédaniel, 1990).

Enfin, sous le pseudonyme de Petrus Talemarianus, il fera paraître en 1949, aux éditions Véga, De l'architecture naturelle ou rapport sur l'établissement, d'après les principes du Tantrisme, du Taoïsme, du Pythagorisme & de la Cabale, d'une "Règle d'Or" servant à la réalisation des lois de l'harmonie universelle & contribuant à la réalisation du grand oeuvre. Cette somme est, il convient sans doute de le relever, illustrée par le peintre Marcel Nicaud.

 

architecturenaturellevega.champagne




On verra encore apparaître le docteur Rouhier, curieusement dénommé Antoine pour l'occasion, justement comme directeur commercial des éditions Véga, créées en 1929.

Selon  Marie-France James, dans son livre Esotérisme et christianisme autour de René Guénon (NEL, 1981), il rompt avec ce dernier philosophe alors au Caire, en Egypte, renonçant à publier ses oeuvres, vers 1930, alors même qu'il devient propriétaire de la librairie Véga. Nous aurons probablement à revenir ultérieurement sur l'entourage de cette librairie à l'époque de Julien Champagne.

Et Julien Champagne, précisément, et le Grand Lunaire, dans tout çà, me direz-vous?

J'ouvre donc avec vous l'opuscule de Pierre Geyraud sur Les sociétés secrètes de Paris (Emile Paul frères, 1938) et nous lisons au chapitre consacré au T.H.L. (Très Haut Lunaire):

"Le T.H.L. est une société luciférienne...Le Pape noir est, comme les autres dirigeants, alchimiste...Il y a là un éditeur de la rive gauche."

Je pense que cet éditeur de la rive gauche, et de la main gauche, est A. Rouhier.

"Un artiste-dessinateur."

Et voici Julien Champagne.

L'enseignement suprême, ajoute Pierre Geyraud, est notamment basé sur les livres de Fulcanelli. Dans un ouvrage postérieur, L'occultisme à Paris (Emile Paul, 1953), Pierre Geyraud au chapitre Alchimie attribuera même à Julien Champagne, qu'il confondait avec Fulcanelli, le titre de co-fondateur du Grand Lunaire:

"Il contribua à constituer, dans les parages de l'église Saint-Merri, une société luciférienne très fermée, dont il dessina lui-même...le Baphomet."

"Quelque temps après, en 1932, Champagne devait mourir d'une mort affreuse et lente, rue Rochechouart, pour avoir trahi la secte."

Alexandre Rouhier est mentionné par Robert Amadou comme sataniste, "dans l'ombre de Fulcanelli", in Le feu du soleil, Pauvert, 1978. Amadou le gratifie encore du pseudonyme de R.P. Sabazius.

Sabazius aurait, toujours d'après Robert Amadou, ibidem, écrit un ouvrage intitulé Envoûtement et contre-envoûtement (Editions Occulta, ca 1937, fac-similé Editions J.B.G.,1977).

Amadou dit vrai, et hélas ce petit livre laisse à la lecture une impression pour le moins troublante:

sabazius.champagne.jpg

Rouhier est également un des personnages d'un curieux récit romancé de Teddy Legrand, Les sept têtes du dragon vert, paru en 1933 et que les éditions M.C.O.R. ont eu la bonne idée de refaire paraître, à tirage limité, en 2007.

 



Il y apparaît comme d'autres ésotéristes, tels que Sédir. Alexandre y est ce "pharmacien connu" qui a consacré un ouvrage fort bien fait au peyotl, objet depuis 1918, selon Legrand, de recherches scientifiques dans les laboratoires européens.

Dans ses Alchimiques mémoires de la revue La tourbe des philosophes (N°15-16, 1981), Eugène Canseliet précisera que comme Gaston Sauvage et Jules Boucher, Alexandre Rouhier (doctor Sabazius) travaillait au laboratoire Poulenc.

 

Ariane Touze, dans son catalogue 6 de la librairie ésotérique Le Songe de Polia (Librairie Dévotions de Fonteneilles, par Souppes sur Loing), affirme au printemps 2011 que "la thèse du docteur Rouhier sur le peyotl et son voyage au Nouveau Mexique furent financés par les laboratoires Poulenc.

 

Ce fut dans leurs locaux qu'il rencontra Gaston Sauvage et d'autres personnages que l'on retrouvera dans l'énigmatique société du "Grand Lunaire" souvent évoquée dans l'énigme Fulcanelli."


Mais laissons à Eugène Canseliet le mot de la fin de ce post. Dans Le feu du soleil, op.cit., il affirme:

"Alexandre Rouhier, Gaston Sauvage et Jules Boucher...entraînèrent, plus ou moins, ce pauvre Julien Champagne, dans une assez fâcheuse collaboration qui lui aliéna, sans espoir, la protection puissante de Fulcanelli."

 Et à titre anecdotique mentionnons les dires de Gilette Ziegler dans son Histoire secrète de Paris (Stock,
 1967). Pour elle le Très Haut Lunaire aurait été fondé en 1896 par un Américain, Aleister Crosby.

 Le premier "pape" du T.H.L. aurait été un autre Américain, Albert Pike. Elle paraît considérer que cette
 société était encore active au moment où elle écrivit son livre.

 

 http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-champagne-au-grand-lunaire-83879101.html

 


 ARCHER

 

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commentaires

S
Je viens de vous envoyer un message mais peut-être que de laisser un commentaire ici sera plus simple pour vous de me répondre. Est-ce que de l'Architecture Naturelle de Petrus Talemarianus demeure un ouvrage intéressant à lire ou vous le déconseillez? Merci.<br /> <br /> Simon
Répondre
A
Avec plaisir, Simon.<br />
S
Merci pour votre réponse. Je vais alors me le procurer et l'explorer pour ses idées en faisant fi des convictions et des pratiques "étranges" de l'auteur lui-même. Il est parfois difficile dans l'hermétisme de démêler ceux qui transmettre les connaissances dans un but altruiste, lumineux, désintéressé et dans l'amour de Dieu de ceux qui ont parfois une grande part d'ombre et qui semblent dévier du principe divin. Alexandre Rouhier devait être d'une grande érudition en la matière mais il semble avoir choisi un chemin assez ténébreux pour son cheminement personnel. Cependant, je peux comprendre que les grands initiés de l'hermétisme ont tellement accumulés de connaissances que certains d'entre eux font l'erreur de penser qu'ils peuvent se jouer de la divine providence. Ceci démontre seulement que certains adeptes, de leur vivant (dans leur vie actuelle), n'avaient pas le cœur assez pur pour gravir la montagne en toute humilité. Je vous remercie encore pour votre réponse et je vais continuer à explorer ce magnifique blog. J'y trouverai sûrement des pépites plus rayonnantes en terme d'oeuvrant pour le Grand Oeuvre que ce mystérieux et sombre Alexandre Rouhier. :)
A
Je ne le déconseille pas, il est intéressant du point de vue de l'histoire des idées.
W
    Ne m'a perçu :<br />     L'effet de la Pierre Philosophale c'est identique au Peyotl. Mais je n'ai pas dit que la Pierre était fait de drogues hallucinatoires, divinatoires ou autres...
Répondre
A
Je vais vous faire une confidence: je n'ai pas la Pierre Philosophale et je n'ai jamais goûté au Peyotl.Mais je crois que leurs effets sont différents, et que la comparaison tournerait à l'avantage de la Pierre.
W
    Cher ami,<br />    Dans le 2ème préface du “ Les Demeures Philosophales ”, Mr Canseliet a écrit quelque chose comme :<br />  <br /> <br />     "Seulement l’Adepte – c’est-à-dire (...) l’homme qui possède la Pierre Philosophale – peut prévoir ce qui est capable de lui menacer l'existence : les maladies, les accidents et, surtout, la violence criminelle. Le Philosophe qui ne l'a réussi, par plus près que soit de son objectif quel que soit la science qu'ait acquis de la Grand Œuvre, accompagnée, parfois, d’une ou plusieurs médecines intermédiaires, ne pourrait pas cependant atteindre, de manière absolue et souveraine, la faculté de pénétrer dans l'avenir, ni d'ailleurs, de lire dans le passé".<br />  <br /> <br />     La Pierre Philosophale est comme les plantes divinatoires, comme le Peyotl, avec laquelle l'avenir peut être prévu.<br />  <br /> <br />     La chimie organique et l'alchimie ont une relation très étroite. La spagyrie se base sur la chimie inorganique…<br />  <br /> <br />     Fulcanelli, dans son livre “ Les Demeures Philosophales ”, ‘Alchimie et Spagyrie’ :<br />  <br /> <br />     "(...) un spagyriste cantonné dans le royaume minéral et qui abandonnait volontairement les quintessences animaux et les alcaloïdes végétaux"...<br />  <br /> <br />     Alchimiste est le contraire de spagyriste et, par conséquent, l’alchimiste n'abandonne pas les quintessences animaux et les alcaloïdes végétaux... avec lesquelles il manipule le royaume minéral !!!<br />  <br /> <br />  
Répondre
A
Je crois que vous citez d'après des traductions portugaises des Fulcanelli, ici celle des Demeures Philosophales.Voici d'abord les textes correspondants en français: "L'Adepte, c'est-à-dire...l'homme qui possède la Pierre Philosophale, peut seul prévoir tout ce qui est capable de menacer son existence: les maladies, les accidents, et, surtout, la violence criminelle. Le Philosophe qui n'a pas réussi, si près du but qu'il se trouve, quelque science qu'il ait acquise du Grand OEuvre, avec, parfois, l'une ou plusieurs des précieuses médecines intermédiaires, ne saurait pourtant atteindre, de manière absolue et souveraine, à la faculté de pénétrer l'avenir, non plus, d'ailleurs, qu'à celle de lire dans le passé." (Eugène Canseliet, deuxième préface).L'archimiste (et non l'alchimiste) était, en définitive "un spagyriste cantonné dans le règne minéral et qui délaissait volontairement les quintessences animales et les alcaloïdes végétaux" (Fulcanelli, Alchimie et spagyrie).Que dire de plus? Je ne suis pas sûr que le peyotl permette de voir l'avenir ou le passé, il doit plutôt faire accéder à un autre niveau de réalité, ou d'irréalité.Je déconseillerai son usage, ainsi que celui des drogues en général. Il n'a rien à voir avec l'alchimie. Dans le numéro consacré à la drogue des Cahiers de la tour saint-Jacques (1960), Eugène Canseliet a présenté "Quelques réflexions alchimiques sur les drogues".Après avoir considéré l'ambiguité étymologique entre drogue et médicament, que résume bien l'anglais drug, il y rapproche cette dénomination de celle de draco:"Draco qui caudam devoravit: le dragon qui dévora sa queue".Et il oriente bien, finalement, ces réflexions vers la médecine:"Tout produit de la végétation est capable de devenir le facteur de miracles thérapeutiques.""Oui, que d'inimaginables ressources le règne végétal réserve à la médecine."