D'après Axel Brücker (Fulcanelli et le Mystère de la Croix d'Hendaye, Séguier, 2005, http://site.voila.fr/fulcanelli), le modèle de Julien Champagne pour le tableau reproduit ci-dessous du Vaisseau du Grand OEuvre, et reproduit aussi dans son livre, aurait été Louise Barbe.
Cette chimiste rencontrée par Champagne dans les salons des de Lesseps était aussi alchimiste à ses heures et mourut selon certaines sources en 1910 dans l'explosion de son laboratoire, selon d'autres en 1919.
Champagne, le tableau ayant fait sensation, dut s'employer à rassurer le mari de Louise Barbe, Serge Voronoff, du Collège de France, épousé en 1897.
Louise Barbe fréquentait chez Irène Hillel-Erlanger (1878-1920) et apparaîtrait dans le roman à clefs de cette dernière, Voyages en kaléidoscope (1919), dont l'hermétisme attira l'attention de Fulcanelli et Canseliet.
Sur son site référencé ci-dessus, Brücker reproduit également des dessins de Julien Champagne,
réalisés pour Fulcanelli sur la croix cyclique d'Hendaye.
Constatant comme d'autres que l'origine de cette croix reste inconnue, Axel affirme tout de même qu'elle fut probablement déplacée vers 1855 puis 1930, et que lors de ce dernier voyage elle aurait été retournée.
Il ne cite pas en référence de son étude le Guide des Pyrénées mystérieuses de Bernard Duhourcau (Tchou, 1973) qui cependant aborde le sujet de l'histoire de la croix d'Hendaye, comme l'a récemment souligné un bloggeur hispanophone, Julio Arrieta:
http://blogs.elcorreodigital.com/gabinetesecreto/tags/fulcanelli
"Dans la ville, une grande croix de pierre se dresse contre l'église; elle est plantée sur un dé dont les quatre faces sont sculptées de symboles mystérieux. Sur trois de ses faces, on voit une étoile, un croissant de lune, une tête solaire; sur la quatrième, quatre A.
La représentation du soleil et de la lune se rapporte, d'après la tradition chrétienne, aux phénomènes astronomiques qui accompagnèrent la mort du Christ sur la croix. Et dans l'imagerie basque, ce thème est l'un des plus fréquents: on peut y voir un lien secret entre le christianisme qu'ils pratiquent aujourd'hui et leurs anciennes croyances astrales."
Sans doute notre auteur a-t-il considéré que cette indication était trop vague. A l'inverse il cite volontiers l'ouvrage de l'abbé Manolo Michelena, Hendaye, son histoire (Haize Garbia, 1987) pour qui:
"La religion antique des Basques était une religion naturaliste: culte du feu, du soleil, de la lune. Le père Labayru dit textuellement que "le soleil fut pour les Basques le père et le dieu et que la lune eut aussi son culte."
L'abbé est d'ailleurs assez disert, finalement, sur la croix d'Hendaye, en reproduisant notamment une peinture par P.G. Tillaud, dont l'original ne doit pas manquer d'intérêt. Il cite également à son propos le manuscrit de l'histoire d'Hendaye de G. Olphe-Galliard:
"Du côté extérieur de l'église, près de l'entrée latérale, on peut voir la célèbre croix de pierre, avec ses signes astraux, que d'aucuns, à tort ou à raison, qualifient de cabalistiques." (Michelena)
"Les bras, aux extrémités dentelées, portent l'expression O CRUX AVE SPES UNICA. La croix est placée sur un socle. Sur la face antérieure est représenté un soleil dont le cercle enferme une tête de monstre et est cantonné par quatre étoiles. Sur la face latérale de droite, un cercle partagé de quatre cantons, dont chacun porte un A, initiale de Andaye. Sur la face latérale de gauche, un croissant de lune à profil humain." (Olphe-Galliard)
Et Michelena de poursuivre: "Cette croix provient du cimetière communal. Elle fut transportée près de l'église en 1842. Son origine est inconnue; peut-être fin du 17ème siècle ou début du 18e. Elle fait partie des traditions ésotériques de l'antique philosophie d'Hermès. Curieusement, l'Eglise ne l'a jamais condamnée. Pourquoi?"
Puis il nous présente une interprétation du symbolisme du monument, due semble-t-il à une demoiselle Ph. Mollères, dont il reconnaît explicitement qu'elle s'inspire de celle du "grand savant" qu'est Fulcanelli:
"Face 1: le soleil, symbole du principe actif et chaud.
Face 2: la lune, symbole du principe passif et froid. Soleil et lune ne peuvent être dissociés.
Face 3: l'étoile, symbole de la lumière spirituelle.
Face 4: la plus ésotérique...C'est un siple cadre de deux diamètres en forme de croix, partagé en quatre secteurs, avec la lettre A, qui les désignent comme les quatre âges du monde: or, argent, bronze et feu, qui reviennent périodiquement. Le cercle, c'est le monde, et la croix, c'est sa rédemption.
Au Moyen Age, les quatre A étaient représentés par les quatre évangélistes entourant le Christ, figure humaine et vivante de la croix rédemptrice."
http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-28341651.html
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