Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : JULIEN CHAMPAGNE
  • : Site consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.
  • Contact

Profil

  • ARCHER
  • hermétiste
  • hermétiste


...consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.


Peintre et dessinateur, Julien Champagne est surtout connu de nos jours pour avoir illustré les ouvrages de Fulcanelli, un mystérieux alchimiste contemporain.

Et pourtant, il figure au Bénézit, la "Bible" internationale des créateurs. Et suivant son ami Eugène Canseliet, il fut bien un maître du pinceau et du crayon.

C'est à la découverte de cet artiste méconnu, mais profondément attachant, que je voudrais vous inviter. Je voudrais aussi vous demander de ne pas hésiter à enrichir mes articles de vos propres commentaires et de vos découvertes personnelles.

Bon voyage donc au pays légendaire de Julien Champagne.

Recherche

10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 23:53

moreuxalchimiecouv.champagne

 

En cette veille de Saint Stanislas où nos pensées se tournent vers nos frères polonais, une fois de plus durement éprouvés par l'histoire des hommes, je me suis laissé dire qu'au laboratoire et dans nos régions les influx cosmiques ne sont pas encore au rendez-vous des chercheurs.

 

Qu'ils nous rejoignent donc pour l'instant dans nos études livresques, et retrouvons ensemble, en 1924, un Julien Champagne cette fois-ci non plus copiste, ni auteur, mais lecteur.

 

Lecteur à la mine de crayon, il va sans dire. Et donc annotant assidûment les objets d'une attention soutenue, souvent sévère, parfois bienveillante. En 1923, pour mémoire, Eugène Canseliet vient de recevoir de Fulcanelli les brouillons du Mystère des Cathédrales et des Demeures Philosophales, qui ne seront publiés respectivement qu'en 1926 et 1930.

 

Mais voici que cette année-là paraît de l'abbé Théophile Moreux un petit livre au titre magnétique, L'Alchimie moderne, et bien entendu notre "Hubert" se...précipite.

 

alchimiemoreuxportrait.champagne

 

Astronome, l'abbé Moreux (1867-1954) est un berrichon qui dès avant la première guerre mondiale a publié plusieurs études de vulgarisation, aux titres évocateurs: Qui sommes-nous? D'où venons-nous? Où allons-nous? Cette relation de Camille Flammarion a donc fait et fera montre d'une belle ouverture d'esprit, dont témoignent notamment des ouvrages tels que L'Atlantide a-t-elle existé (1924) ou La science mystérieuse des pharaons (1925).

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9ophile_Moreux

http://encyclopedie.bourges.net/abbemoreux.htm

http://www.massanne.com/component/virtuemart/?page=shop.product_details&category_id=17&product_id=223

 

Voici donc bien a priori un personnage et une oeuvre qui pouvaient être du goût d'un Julien Champagne, dont je me propose de vous faire part ici et maintenant d'une partie des approbations, commentaires et critiques de L'alchimie moderne:

 

Page 20

Moreux: Ces appellations: mercure, soufre, air, etc...n'ont rien de commun avec les substances vulgaires décorées de ce nom. Ce ne sont que des symboles philosophiques.

Champagne: Très bien.

 

Page 71

Moreux: L'idée de l'unité de la matière à travers ses aspects multiples et variés ne date pas d'aujourd'hui. Les Grecs la professaient ouvertement; ils la tenaient des Egyptiens. Plus d'un savant moderne n'a cure de ces affirmations: "Ce ne sont dit-on, qu'intuitions de génie." Une telle réponse est enfantine.

Champagne: Très bien.

 

moreuxtelescope.champagne

 

Page 14

 

moreuxpierrephilosophale.champagne

 

Page 15

Moreux en réponse à sa question: L'histoire de cette merveille, c'est toute celle de la chimie ancienne que l'on appelait autrefois l'Alchimie, en deux mots: Al Chimie. Et la Chimie, Chimia, n'était que le nom ancien donné à l'Egypte.

Champagne: Non; le début seulement, l'alpha. Erreur Ximuo= la matière muée.

 

Page 17

Moreux (illustration intitulée Cristaux de neige vus au microscope. Tous sont bâtis sur le type d'un polygone à six côtés).

Champagne: Le symbole de la pierre philosophale ou Sceau de Salomon est également une étoile à six pointes. Ce n'est, en somme, comme la neige, qu'une Eau condensée (métallique).

 

Page 19 (Artero me renvoie sur ce point aux Demeures Philosophales)

Moreux: D'où les Egyptiens tenaient-ils cette science avancée? D'après eux d'une personnage fameux, probablement mythique, Hermès Trismégiste. Nous possédons encore une traduction latine d'un des prétendus écrits de cet énigmatique égyptien, la Tabula Smaragdina, conçue d'ailleurs en un langage mystique et incompréhensible. Ce serait, au dire des vieux alchimistes, le plus ancien document traitant de l'Alchimie.

Champagne: Erreur encore. Hermes=Mercure. C'est donc le mercure qui parle dans ce texte. La Table d'Emeraude fut écrite en grec primaire. La matière première de l'oeuvre est de couleur verte, d'où son nom d'Emeraude des Philosophes. La Table n'est autre chose que la nomenclature, le tableau de ses propriétés. Et c'est la matière elle-même qui exprime ses vertus. Elle a, en elle, les trois principes (Trismégiste).

 

christsirene.champagne

 

Page 22

Moreux (illustration intitulée Le mariage philosophique du soufre et du mercure se fait dans l'oeuf des philosophes, sorte de ballon où s'élaborera le grand oeuvre. Le résultat est la pierre philosophale représentée ici par un enfant nouveau-né.)

Champagne: Erreur encore. Ce n'est pas un enfant, c'est un ange. La matière est d'abord volatile, d'où ses ailes. Elle devient fixe par la cuisson et perd ainsi ses attributs aériens.

 

Page 23

Moreux: Cet enfant nouveau-né, ce produit mystérieux capable de tout muer en or, c'est la pierre philosophale.

Champagne: Non, erreur. C'est le soufre philosophique, et sa puissance est faible. La pierre est autre chose.

 

Page 45 (Artero me renvoie encore sur ce point aux Demeures Philosophales)

Moreux: "Je lui montrerai dans l'atome "une infinité d'Univers, dont chacun a son firmament, ses planètes, sa terre, en la même proportion que le monde visible." (Pascal)

Champagne: Fut un grand alchimiste, ainsi qu'on l'apprit à sa mort, au moment de l'ensevelir.

 

reimsviergealchimique.champagne

 

Page 72

Moreux: Il est tout simplement merveilleux que des hommes ayant vécu des dizaines de siècles avant nous aient émis de semblables conclusions.

Champagne: La science ne doit jamais nier ce qu'elle n'est pas en mesure de réaliser.

 

Page 91

Moreux: Maintenant Rutherford, en possession d'une technique rigoureuse, s'attaque aux éléments lourds. Ceux-ci, n'en doutons pas, seront dissociés les premiers.

Champagne: Partir de poids atomiques lourds pour aboutir, par désintégration, à des poids de plus en plus légers, cela est l'enfance de l'art, mais ne réalise pas du tout le problème de la transmutation, qui exige au contraire que l'on parte des corps légers, plus simples, pour obtenir des corps lourds, plus complexes. Dissocier est le propre de l'analyse, ce qu'il faut c'est la synthèse.

 

abbémoreux2010.champagne

 

alcideallevychardusoleil.champagne

 

Théodore M. pcc ARCHER

Partager cet article
Repost0
27 mars 2010 6 27 /03 /mars /2010 18:22

arrabal2.champagne


Grâce à Michel Dziwak et à La Pierre Philosophale, notre attention est pour ainsi dire appelée sur le premier roman du célèbre et sulfureux dramaturge espagnol Fernando Arrabal: La vierge rouge, Acropole, Paris, 1986.

Né en 1932, année de la mort de Julien Champagne, il l'a écrit semble-t-il directement en français, ce qui n'est pas   rien, même s'il s'est établi en France dès 1955.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fernando_Arrabal
http://librerohumanoide.blogspot.com/2008/03/la-virgen-roja.html

En contrepoint, l'histoire est la suivante: une femme (Aurora), nourrie d'une éducation soignée (elle connait par cœur les règles de Flamel à neuf ans) envisage d'avoir une fille qu'elle formera à la réalisation de l'œuvre, œuvre que l'auteur ne précise guère dans un premier temps.


Son père lui présente un certain Nicolas Trévisan qu'il aimerait bien lui voir épouser. Elle lui préfère un inconnu pour se faire simplement engrosser. Après la naissance, la fillette, de son prénom Vulcasaïs, se révèle précocement douée pour l'étude et préfère contempler les gravures de Julien Champagne aux jeux de son âge.


Sous la férule de sa mère, « elle apprit rapidement à maintenir, avec un art consommé, le feu du fourneau. »

Si la mère fut « toujours captivée par la voie humide, longue et ingrate", sa petite "comprend sans aucune explication, combien la transmutation diffère grandement des opérations analogues que lui enseigne son professeur de chimie. »


Bref, Fernando nous entraîne, à coups d'innombrables citations puisées aux meilleures sources ou d'enseignements de son crû, à l'accomplissement du Grand-Œuvre.


On connait l'intérêt d'Arrabal pour l'alchimie et son œuvre y fait maintes fois référence, ajoute Michel, mais il est curieux que ce roman soit si peu cité dans la sphère hermétique.

Même en Espagne où il parut un an après son édition française, sous le titre La Virgen roja (Seix Barral, Barcelone, 1987), dans une version castillane qui serait due à à l'auteur lui-même, peu d'articles semblent avoir développé l'aspect alchimique de l'œuvre, (on y remarquera l'influence prépondérante de Fulcanelli).

http://www.arrabal.org/fvierge.html
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/2770
http://newsfernandoarrabal.blogspot.com/2007/11/agulha.html
http://librerohumanoide.blogspot.com/2008/03/la-virgen-roja.html

 

viergerouge.champagne


Vous avez dit Julien Champagne? En fait il n'apparaît qu'une seule fois dans cette oeuvre de fiction, lorsque Aurora emmène sa fille Vulcasaïs dans une échoppe de livres d'occasion:

"Haussée sur tes petits pieds, tu contemplais des gravures de Julien Champagne. Tu paraissais si absorbée que le propriétaire de la boutique s'approcha de toi et te demanda en souriant:

- Elles te plaisent donc tant?

- Oui, beaucoup.

- Tu veux les acheter?

- Oh, oui."


arrabalfernando.champagne


Fulcanelli pour sa part n'est jamais nommé, directement du moins, car son pseudonyme est tout de même repris partiellement dans la dénomination de Vulcasaïs.

Cependant, les évocations plus ou moins biaisées de ses ouvrages abondent dans celui de Fernando Arrabal. On  trouve en effet dans ce dernier, souvent au travers des rêves d'Aurora, maintes évocations des symboles décrits et décryptés dans les Demeures Philosophales.

Quant au Mystère des Cathédrales, il est à mon sens encore plus fréquemment tout simplement paraphrasé, et parfois reproduit quasiment in extenso.

Sans prétendre à une recension exhaustive, je vous en livrerai seulement quelques exemples qui j'espère vous paraîtront...parlants, ou si vous préférez chantants:

"Je savais que tu jetterais bas l'antique sagesse des savants et la vieille science des scientifiques. Avec la bonté comme clé secrète, tu ouvrirais le sanctuaire de la Nature."

"Ma fille vivra ombragée par le chef-d'oeuvre de la nature: l'arbre de vie."

VIRGEN ROJA SUDAMERICANA.champagne


"Par l'intermédiaire du souffle divin se résolvait l'impossibilité de dialoguer qu'éprouvèrent nos ancêtres au pied de la Tour de Babel."

"La foi me menait tout droit à la vérité."

"Le savant auteur instilla en moi, page après page, sans la moindre adulation, son magistère merveilleusement limpide, d'une exacte pureté et si simple."

"La matière vive s'est toujours soumise aux vicissitudes de l'esprit."

"Si le Chevalier avait été un adepte, il aurait réservé les clés qui ouvrent les arcanes vers la voie sèche, courte et facile."

"Tu étais le plus grand trésor qui pouvait être au monde, un rayon de soleil capté et concentré sous une forme matérielle."

"La mort me surprit tant, moi qui l'avais toujours considérée comme un signe du travail régulier et efficace de la Nature."

"Le feu s'éteint lorsque l'oeuvre se consume."

"Vanités,  illusions, erreurs, mes nom et prénoms s'effritèrent en poudre  calcinée. Comme le phénix, je renaquis de ces cendres."

"Tu posséderais le triple don de sagesse, fortune et félicité. Tu serais le miroir où se reflèterait l'humanité."

 

arrabalpipe.champagne


arrabal5.champagne


Arrabal nous livre donc ici une fable certes emplie de pantagruèlerie, mais aussi bardée, lardée en tous cas, de références alchimiques.

Au passage, cet anarchiste, de droite, de gauche, d'en bas, d'en haut ou peut-être mieux du milieu, se livre à une féroce satire et de l'emprise de l'opinion publique sur la vie des gens, et de l'inanité des prétendus savoirs officiels.

Par où naturellement il rejoint aisément l'ésotérisme d'une alchimie forcément contestataire. Pour autant jusqu'à quel point le brillant amateur d'échecs qu'est Fernando, - lequel m'a-t-on affirmé aime à défier au jeu des rois, si proche de l'art royal, un certain Jorge Camacho, disciple d'Eugène Canseliet que nous avons déjà rencontré ici, - pour aussi féru d'alchimie qu'il soit, est-il proche de l'alchimie traditionnelle?

Je me suis laissé dire qu'il aurait peu goûté, en fait, certain reportage vidéo, réalisé en conjonction avec La vierge rouge, et  probablement connu d'un Bernard Renaud, où des alchimistes d'un calibre proche de celui de Robert Delvarre ou Roger Bourguignon  se livraient  à des manipulations pourtant parfaitement canoniques,  incluant, références livresques à l'appui, la séparation des ténèbres et de la lumière.

Initialement destinée à  FR3,  cette émission a été enregistrée et quelques copies doivent en exister, mais il me paraît vraisemblable qu'elle n'ait jamais été diffusée. On pourrait donc presque reprendre à son propos celui d'Eugène Canseliet sur Fulcanelli, dans l'interpétation transparente de Fernando Arrabal:

"Nul n'est prophète en son pays. Ton enveloppe s'est évanouie et éclipsée. Seul flamboie et surnage ton souvenir."

J'ajouterai seulement: Et ton OEuvre.

k karras bath.champagne



ARCHER

Partager cet article
Repost0
19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 10:27

JC1898.champagne



Avant d'ouvrir à nouveau les carnets de croquis de Julien Champagne, permettez-moi un petit mot sur le
quatrième anniversaire de ce blog: Comme le temps passe...

Un peu plus de 250 articles, avec en moyenne deux commentaires par article, quelque 150.000 lecteurs,
et de l'ordre de 700.000 pages vues: Allons, grâce à vous le début est excellent, mais you know, it's a long way.

La preuve: Nous voici non plus en 2010 mais en 1898, "Hubert" a une vingtaine d'années, et je parierais presque que voici sans doute un de ses tout premiers autoportraits.

Il continue à saisir sur le vif certaines scènes de sa vie quotidienne, et croque ainsi par exemple, si je puis dire, son toutou...Toto.

toto.champagne


Dans le même temps, cependant, il me semble qu'au-delà de telle académie de l'atelier de Léon Gérôme son intérêt pour les vieilles pierres et leur histoire tend à s'affirmer.

Julien ne se contente pas de les dessiner, il annote ses esquisses d'extraits d'auteurs choisis, parmi lesquels par exemple Victor Hugo, à propos de la Tour Saint-Jacques parisienne, chère au coeur de tout alchimiste.

Car ces Vierges qui l'inspirent, ces marmousets qu'il s'amuse déjà à reproduire, elles sont ici la plupart du temps des oeuvres sculptées ou architecturales d'art gothique.

Rien de surprenant après cela qu'il se soit déjà essayé précocement, dès cette époque à l'étude de Notre
Dame de Paris: Le futur illustrateur de l'oeuvre de Fulcanelli a commencé, croyons-nous, son cheminement.
 

tourstjacques.champagne


Dans sa récente communication sur le mystère alchimique de Fulcanelli et Eugène Canseliet, Jean Artero avait relevé le fait qu'à ce jour aucune monographie publiée n'a été consacrée au "scribe" de Fulcanelli.

Il a cité cependant le petit livre d'hommage si émouvant que Judith Henry a dédié à la mémoire vivante de Canseliet, et il aurait  pu, à mon avis, ajouter à cette sorte d'exception le bel essai d'Hervé Rougier: Alchimie et art de vivre dans le sillage d'Eugène Canseliet (Rafael de Surtis, 2007).

Car s'il est bien vrai que nombre de revues, déjà mentionnées ici, telles Atlantis, La Tourbe des Philosophes, ou Prisme, ont voué un de leurs cahiers spéciaux au maître alchimiste de Savignies, la seule étude de fond qui lui ait été réservée et que nous avons déjà citée également, celle de Cédric Mannu sur Eugène philosophe hermétique, n'est pas encore éditée à ce jour.

Souhaitons avec Artero qu'elle le soit prochainement. Or, il y a au moins un point commun entre la conférence inspirée de Rougier et le mémoire de maîtrise de Mannu: Lionel Poilâne (1945-2002).

absideNDparis.champagne


Mannu comme Rougier nous rappellent en effet tous deux que ce boulanger d'exception, de renommée internationale, comme d'autres prématurément disparu, fit réaliser pour la seconde échope famiale, sise à Paris au 49 du boulevard de Grenelle, une série de neuf médaillons alchimiques.

Cette boulangerie est ainsi devenue une des plus récentes de nos demeures philosophales, et ces médaillons furent en fait réalisés, nous dit-on, d'après les dessins d'Eugène Canseliet.

Leur créateur semble bien avoir été Pierre Mestre, potier de tradition à La Borne, près d'Henrichemont, dans le Cher.

Rougier les a d'ailleurs longuement décrit dans un autre de ses ouvrages, qui semble actuellement épuisé: Mémoires d'un chêne dans l'Albigeois (Lacour, 1996).

canselietrougier.champagne


Rien de surprenant d'ailleurs à ce que Lionel se soit intéressé à l'alchimie au point de faire appel à un Canseliet: La relation de la boulange au labeur philosophique de l'alchimiste a déjà été maintes fois soulignée, de l'évangélique allégorie du grain qui meurt ou du solve au coagula ou à la fermentation panaire.

Au tour du boulanger d'oeuvrer: Il met, nous explique Rougier, la main à la pâte. Poilâne, nous rappelle-t-il, est l'auteur d'un livre qu'il a écrit à la lueur du four, et Hervé d'ajouter qu'il le range sur la même étagère que les ouvrages de Fulcanelli et de Canseliet: Guide de l'amateur de pain (Laffont, 1981).

Ô le pain! précise-t-il encore, est l'anagramme exclamative de Poilâne..."La vocation du boulanger, telle la vocation de l'alchimiste.

A présent, il fait nuit. Très légèrement vêtu, le boulanger pétrit la pâte. "Cette opération, note Lionel Poilâne, exige de l'expérience, car elle nécessite une appréciation instinctive sur le comportement de la pâte." Au pétrissage fait suite la pesée, l'attention au poids, et enfin la mise au four. A travers le soupirail on aperçoit la lune croissante..."



poilane.champagne


Pour Rougier comme pour Prisme, le mot-clé est dans tous les cas l'harmonie, et nous retrouvons aussi sous sa plume cette idée que je viens d'exprimer à propos de Champagne: Celle d'un cheminement.

"Quand vous marchez, la terre, le ciel, tout s'allège. Vous n'êtes plus dans l'attente. La rencontre est là, vécue pédestrement, la Nature apparaît comme une féerie. De toute évidence, l'harmonie émane du concours des quatre éléments qui agissent les uns sur les autres de concert."

C'est exactement, conclut-il, ce qui apparaît au cours de l'enseignement altruiste d'Eugène Canseliet, le moins envieux des alchimistes. "Alchimie et art de vivre, d'être au coeur vivant du monde, cela est à l'unisson, inséparable, comme se manifestent dans l'harmonie, aux yeux du voyageur, renouvelant sans cesse leurs métamorphoses, le ciel, les eaux, l'étendue de toutes les terres."

Lisez Hervé, vous ne serez pas décu, croyez-moi. Tenez, il a encore la sagesse de finir son opus par une citation des plus idoines: "C'est ici qu'il y a lieu et opportunité de rappeler ce qu'écrivit Pierre Jean Fabre de Castelnaudary, dans son Abrégé des secrets chymiques, Louis XIII régnant:

poilanepoids.champagne


"L'Alchymie n'est pas tant seulement un Art ou science pour enseigner la transmutation métallique, mais une vraie et solide science, qui enseigne de connaître le centre de toutes choses; en langage divin on l'appelle l'Esprit de Vie."

Dans la marge de ce paragraphe figurent ces quelques mots de la main de Fabre: Vraie définition de l'Alchymie.

Alchymie dont la saga fulcanellienne a produit nombre d'avatars, notamment harmoniques ou du moins musicaux, dont voici à ma connaissance un des plus récents:

http://www.lastfm.fr/music/Lagartija+Nick/_/Fulcanelli

Poilanefour.champagne


Et toujours pour ne pas conclure signalons aussi que Walter Grosse vient pour sa part de débuter un blog sur Eugène Canseliet:

http://elcanseliet.blogs.sapo.pt/

ARCHER

Partager cet article
Repost0
17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 09:43

BECKchristinedesuede.CHAMPAGNE


A la belle âme d'Odile Duchamp (1953-2009) qui telle sainte Roseline cachait sous son tablier des brassées de roses.
"Heureux celui qui entend la parole de Dieu, et qui la garde," affirme l'Evangile selon saint Luc, autrement dit de la Lumière.

Cette Lumière est pour les alchimistes l'émanation du feu divin. Nous le voyons bien, en particulier dans les Trois anciens traités d'Alchimie d'Eugène Canseliet, quand l'auteur commente ainsi le portrait ci-dessus reproduit en couleurs de Christine de Suède par David Beck, toujours visible semble-t-il au musée national de Stockholm:

"La reine de Suède, ayant orné sa coiffure d'un frais bouquet de fleurs champêtres, appuie sa main, pour la lecture, sur la boule qui est communément l'hiéroglyphe de la première matière. L'écharpe vole au vent et l'eau s'étend à l'horizon."

Et d'emprunter à la brochure d'une exposition qui en 1966 fut réservée à Christine dans la capitale suédoise un passage qui complète son propos: "On a parfois voulu voir dans cette peinture l'allégorie des trois éléments représentés, le quatrième étant l'apanage de la Reine, c'est-à-dire le feu."

atlantisnumero1.champagne


Or ce feu invisible de l'émanant doit être orienté. Toutes les églises ont leur abside tournée vers le sud-est, leur façade vers le nord-ouest, tandis que les transepts, formant les bras de la croix, sont dirigés du nord-est au sud-est, constate Fulcanelli à l'orée de son Mystère des Cathédrales.

"C'est là une orientation invariable, poursuit-il, voulue de telle façon que fidèles et profanes entrent dans le temple par l'Occident, la face portée du côté où le soleil se lève, vers l'Orient, la Palestine, berceau du christianisme. Ils quittent les ténèbres et vont vers la lumière."

De ce Mystère paru pour la première fois en 1926, nous avons vu que Paul Le Cour, alias Pélékus, s'était fait l'écho élogieux au début de 1927 dans la revue AEsculape. Il apparaît également dès les tout premiers numéros du périodique de l'association Atlantis, fondée avec Philéas Lebesgue, ami et voisin d'Eugène Canseliet.

C'est ainsi que fin 1927 Atlantis organisa une excursion au sanctuaire druidique de Chartres, dont voici un extrait du compte-rendu: "Au dehors, sous les porches, Paul Le Cour exposa les commentaires de Fulcanelli dans Le Mystère des Cathédrales, d'une pénétration plus grande que celle de Huysmans."

atlantisannonceeomdc1.champagne


Début 1928 encore, Paul Le Cour rendant compte du livre de Jérôme Carcopino sur la basilique pythagoricienne de la Porte Majeure à Rome, observe: "Le symbolisme initiatique domine ici. A droite de l'entrée deux personnages, un homme et une femme, sont séparés par un tronc d'arbre autour duquel s'enroule un long serpent. A l'une de ses branches pend la Toison d'or.

On retrouvera à Bourges, bien des siècles après, le même tableau dans la chapelle de Jehan Lallemant. Ceci nous montre l'existence d'une continuité d'idées de l'antiquité à nos jours à travers le christianisme qui les a conservées sous des voiles. Le bélier à la toison d'or n'est-il pas cet agneau couché sur le livre aux sept sceaux? C'est la brebis (Rachel) qui porte la toison d'or, est-il dit dans les textes sacrés."

Enfin, Atlantis ne manque pas dès ses livraisons initiales de publier des encarts publicitaires de libraires amis, tel Emile Nourry, qui renonça à publier le Mystère, ou Jean Schemit, qui édita "le seul livre moderne qui jette sur la vieille Alchimie une lumière nouvelle".

Son rédacteur et préfacier Eugène Canseliet et son illustrateur Julien Champagne sont dûment mentionnés dans ces encarts, et c'est après le décès de Champagne que Canseliet commencera vraiment une longue collaboration aux activités et publications d' Atlantis.


atlantisannonceeomdc2.champagne


Eugène Canseliet, qui correspondit si longuement aussi avec un hermétiste suédois de ses amis, Arne Wettermark, notamment à propos de Christine de Suède, rappelle dans son ouvrage précité que Christine, dans le temps de son abdication, fit graver une médaille qui porte à l'avers son effigie et au revers la couronne royale, avec ces mots:

ET SINE TE - ET SANS TOI

Il ajoute aussitôt: "La souveraineté terrestre, sans l'emblème ordinaire des privilèges du sang! La fille de Gustave-Adolphe avait choisi la véritable royauté, celle que confère le Grand OEuvre physique, auquel elle caressait le dessein de travailler, dans la Ville du Pape." Soit Rome, la Ville éternelle.

Dans ses alchimiques mémoires de la revue La Tourbe des Philosophes, déjà maintes fois citée dans ce blog, Canseliet est d'ailleurs revenu sur son amitié avec Wettermark. Ce dernier a lui-même signé dans le même périodique (N°27, 1985) un article intitulé Christine de Suède, Roy par la grâce de Dieu.

Il y affirme notamment, argumentation à l'appui,  qu'on peut considérer que cette dernière pratiquait déjà l'alchimie avant son abdication, et qu'elle avait (comme d'autres) dénommé cet Art la Science des Roys.

Dans son ouvrage paru lui en 1991 (Queen Christina of Sweden and her Circle, E.J. Brill), Susanna Akerman pour sa part et en outre rapporte cette maxime de Christine selon laquelle:

"La Chimie est une belle science, elle est l'anatomie de la nature et la seule véritable clé qui ouvre tous les trésors."


sinete.champagne


A chacun et chacune, excellente année en Hermès.

guisurarbre.champagne


ARCHER

Partager cet article
Repost0
6 décembre 2009 7 06 /12 /décembre /2009 17:56

GJ.champagne

 

Un colloque d'alchimie en plein Paris, en ce début du XXIème siècle, et un colloque où s'est invité Julien Champagne, voici un pari réussi le 28 novembre 2009 de l'association Atlantis, présidée par Jacques Grimault, association fondée rappelons le en 1926, l'année même de la parution du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli.

Organisée en l'honneur d'Eugène Canseliet, disciple de Fulcanelli, cette manifestation qui est intervenue dix ans après le mémorable colloque Canseliet mis sur pied à l'occasion du centenaire de sa naissance, en 1899, a réuni de cent à cent cinquante personnes, ce qui est sans conteste un beau succès.

La famille Canseliet et ses amis proches y était fort bien représentée, notamment par les présidentes d'honneur du colloque, Béatrix Canseliet, fille d'Eugène, et sa propre fille Sylvaine.

Cette dernière, qui a courageusement entrepris de faire éditer ou rééditer par Guy Trédaniel les nombreux articles de son aïeul, dont elle annonce après le volume 2007 une seconde livraison en 2010, a d'ailleurs tenu à rappeler que sa famille entend toujours faire respecter ses droits, s'agissant en particulier des oeuvres de Fulcanelli.



Des interventions des conférenciers, je retiendrai principalement qu'à une approche essentiellement historique de l'alchimie a succédé une vision plus contemporaine et plus thématique à la fois.

Joseph Davidovits a à mon avis très heureusement dégagé les origines et la dimension absolument religieuses de l'alchimie et de la chimie de l'ancienne Egypte, puis Alain Queruel a à son tour disserté sur les apports qui furent ceux des alchimistes médiévaux à la science actuelle.

Jacques Grimault, qui donne par ailleurs des conférences sur l'alchimie, a notamment insisté sur la nécessité plus impérieuse que jamais d'oeuvrer pour la préservation du patrimoine culturel considérable qui est celui de l'alchimie, aussi bien en matière scientifique qu'artistique, philosophique ou spirituelle.

Enfin Roland Narboux a justement présenté un panorama berrichon de ce patrimoine, et j'ai pour ma part été séduit par son rappel à propos de Bourges du fait qu'aussi bien l'hotel Lallemant - c'est bien connu - que le palais Jacques Coeur (ceci est moins su) conservent aujourd'hui encore dans la pierre la mémoire de leur alchimiste ou de leurs alchimistes.

On pourrait en dire autant, au demeurant, de bien des cathédrales (à commencer par Paris) et de bien des demeures philosophales ou logis alchimiques.


Patrick Rivière s'est en ce jour de saint Jacques, patron des alchimistes, livré à une brillante étude du symbolisme alchimique du pélerinage de Compostelle, dont depuis Nicolas Flamel et Fulcanelli nous savons bien qu'une partie doit s'effectuer par voie de terre, et l'autre reste maritime.

J'ai également relevé avec intérêt qu'il a bravement conclu son propos par une déclaration coram publico sans ambigüité sur l'inanité des recherches sur l'identité d'Adeptes de l'alchimie comme Fulcanelli.

Enfin Jean Artero a cherché à mettre en relief la nature même du mystère alchimique, telle qu'elle ressort de l'oeuvre écrite de Fulcanelli, l'apport considérable, voire unique,  de ce dernier à l'alchimie traditionnelle, et le sens de l'engagement alchimique d'Eugène Canseliet.

Il a conclu par une petite analyse du symbolisme de l'écu final de Canseliet, "abrégé de la voie sèche" en alchimie, et in fine sur l'importance du sel principe et des adjuvants salins dans la pratique alchimique (Quand sel y est est d'ailleurs le titre d'un des chapitres de son livre Présence de Fulcanelli).


C'est surtout Artero en fait qui a insisté sur l'importance de Julien Champagne dans l'élaboration du corpus fulcanellien. Voici donc une transcription que j'espère fidèle de quelques uns de ses propos à ce sujet:

"Pour conclure, ou plutôt pour ne pas conclure, mais pour terminer cette réflexion d’aujourd’hui, je souhaite appeler votre attention sur l’importance des illustrations en alchimie, notamment vis-à-vis des textes. Ces derniers, nous expliquent à l'unisson Fulcanelli et Canseliet, restent fréquemment trompeurs. Ils voilent autant qu'ils dévoilent. 

Puis-je d'ailleurs émettre l'opinion que ceci s'adresse à tous les auteurs alchimiques, Canseliet et Fulcanelli y compris?

Tous les alchimistes sans exception doivent en effet à l’obédience de réserver à leurs semblables les arcanes principaux de leur Science, de leur Art. Voilà qui me conduit à vous demander de ne pas négliger dans l’étude de l’œuvre fulcanellienne l’importance des illustrations de Julien Champagne, qu’aucune photographie ne saurait valablement remplacer.

Julien qui fut un ami aîné, mais proche d'Eugène, au point que ce dernier nous a expliqué être persuadé que Fulcanelli lui a adressé, à la mort de Champagne, et pour l'en consoler, un alchimiste turc du nom de Moktar Pacha, dont il est bien sûr question dans mon livre.

Rappelons tout de même que les seules éditions de ses livres qui furent approuvées par Fulcanelli sont celles où figurent les dessins de son illustrateur."

 

Souhaitons par conséquent qu'Atlantis, qui a manifestement entrepris de réimprimer les premiers numéros de sa revue et vient fin 2009 de publier une livraison spéciale sur l'alchimie, puisse faire paraître les actes de ce colloque, colloque dont une réédition est dès à présent prévue en 2012.

Et à chacune et chacun, joyeux Noël!



ARCHER

Partager cet article
Repost0
10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 10:08




Célébrer les morts, c'est une manière comme une autre d'honorer les vivants. Et s'il est permis avec Maurice-Consantin Weyer, qui met en scène certain Archer canadien, de se pencher avec nostalgie sur notre passé, ne manquons pas de faire renaître aussi celui de notre prochain.

Il est notre présent comme nous sommes son avenir. Sa mémoire nourrit notre imaginaire, et la transmission de sa parole se trouve au coeur même de notre appréhension spirituelle de la Tradition. Chère Fanny, voyez en ce deux cent cinquantième article du blog de Julien Champagne comme mes compatriotes Elmiro et Rose Celli reposent en paix au pied de la croix, cachés tous deux derrière la pierre du soleil.

Mais qu'ont-ils à nous dire, Rose et Elmiro, en ces lendemains de Toussaint? Et quels rapports, déjà avec notre cher "Hubert"?

Je pense qu'Elmiro est le mieux placé pour nous répondre dans un premier temps, grâce notamment aux écrits d'Alexandra Charbonnier sur Milosz.



"Je suis né en Italie, dans une famille de musiciens ambulants très pauvres. Enfant, je joue instinctivement du violon pour gagner ma vie, ce qui me conduit au conservatoire de Bologne, puis à celui de Paris. Mais mes amis ne se trompaient pas en disant déjà que j'avais une oreille de peintre et un oeil de musicien.

Vers 1912, une illumination me fait me tourner vers la peinture, et j'appelle précisément mon approche personnelle celle de la peinture de sensations. Je commence à exposer dans l'immédiat après-guerre (1919-1920) à la même période où je rencontre ma future femme.

Mes tableaux de l'époque témoignent déjà de ma sensibilité ésotérique: Prière à la Nature, Commencement, Gestation, Initiation, Vision, Le Feu, Alchimie.

Comme l'indique l'article me concernant du dictionnaire Bénézit, j'exposerai de 1920 à 1927 au Salon d'Automne, aux Indépendants et à la Nationale.

rosecellisignure.champagne



La principale toile de moi qui est actuellement accessible au grand public est ce Chemin de Lumière qui fit partie de la collection de René  et  Isha Schwaller et aurait rejoint depuis la bibliothèque de la fondation Bozawola.

J'ai noué des relations avec Aor et Isha en 1916-1917 et je suis alors entré dans son groupe des Veilleurs, dont j'ai fait partie du cercle intérieur des frères d'Elie.  Rose et moi avons un temps rejoint son phalanstère de Suhalia, dont Julien Champagne devait être le directeur de recherche.

En 1920 je me suis installé provisoirement à Théoule, auprès du maître verrier Richard Burgsthal. Puis j'ai gagné l'Algérie, où nous avions à ce moment dans l'idée de refonder un groupe de Veilleurs.

De retour à Saint-Paul de Vence, j'y ai repris mes travaux et Rose n'a pas manqué de témoigner plus tard qu'une bonne part de ceux-ci se sont toujours déroulés dans mon laboratoire d'alchimie."

http://www.archerjulienchampagne.com/article-3826243.html
http://touscesgens.hautetfort.com/archive/2006/08/18/celli-elmiro.html


Rose confirme aussitôt, puis: "Je suis née en Algérie, comme mon frère le poète Edmond Brua, et à part Elmiro ma grande passion au delà de mes études littéraires à l'école normale supérieure de Sèvres a toujours été l'écriture, ce qui a fait de moi assez rapidement une proche de Milosz et plus tard de Jean Giono.

Charbonnier rapporte à ce sujet que j'ai obtenu un prix littéraire (Fémina, 1925). Dans Comme l'eau (1930) j'ai bien pu comme avancé par Geneviève Dubois livrer sous forme de roman à clefs un épisode de la vie du Veilleur Henri Coton, alchimiste aussi connu sous le nom d'Alvart. Nous étions amis des Coton.

Elmiro et moi avons aussi à une époque fréquenté divers salons, à Paris celui de Nathalie Clifford Barney et à Nice celui de nos autres amis les Prozor, Maurice et Greta. Greta avec laquelle j'ai aussi échangé une correspondance, notamment en 1927 au sujet de l'alchimie de Coton.

Mon rôle auprès de mon mari ne doit pas être sous-estimé, y compris au plan alchimique. Je l'ai aidé au laboratoire, j'y ai tenu des notes, j'ai recopié des traités classiques de l'alchimie.

http://www.archerjulienchampagne.com/article-4849361.html
http://www.archerjulienchampagne.com/article-3552044.html
http://www.lemercuredauphinois.fr/data/pages_site/bio_henri.php

Dans le même temps et tout en restant romancière j'ai commencé une oeuvre de traductrice, avant de bifurquer finalement vers les contes pour enfants, qui ont assis ma notoriété (Boucle d'or et les trois ours, Le bateau de pierre...). Tout ceci sans oublier de promouvoir l'oeuvre d'Elmiro, bien entendu comme dans cet article de La revue métapsychique de mon ami Hubert Larcher que j'ai rédigé en 1967 sur "Elmiro Celli et la peinture de sensation."

http://touscesgens.hautetfort.com/archive/2006/08/18/celli-rose.html


Ce qui nous conduit en définitive à évoquer également ici la mémoire d'Hubert Larcher (1921-2008), docteur en médecine  qui hélas nous quitté récemment et qui écrivit ceci, dans la livraison 35 (1996) de l'excellente revue des Amis de Milosz, patronnée par André Silvaire:

"J'avais commencé à étudier la médecine à Montpellier lorsque passant mes vacances à Saint-Paul ma mère me dit qu'il s'y trouvait un alchimiste du nom d'Elmiro Celli.

Je n'eus alors de cesse de le rencontrer et nous devînmes amis au point qu'il me permit de visiter son laboratoire, m'enseigna des éléments de son art et me conseilla sur le choix des verreries indispensables et d'un athanor."

Dans ce même numéro de revue on trouvera en outre divers articles sur "deux amis de Milosz, Rose et Elmiro Celli", dont un de Rose, Cet arbre mort devenu ange, et un autre de Milosz sur Elmiro: Un paysagiste mystique. Ce dernier est extrait du catalogue  de l'exposition  Celli, organisée par L'Affranchi en 1919.

celliexpo.champagne


Ami de Jean Guitton, Hubert Larcher est plus connu comme tanathologue que comme alchimiste. Il fut d'ailleurs en 1966 l'un des fondateurs de la société de tanathologie.

Dès 1957 il a cependant publié un essai retentissant intitulé Le sang peut-il vaincre la mort (Gallimard) qui a été réédité en 1990 par Désiris sous un autre titre, plus poétique (La mémoire du soleil) et dont les préoccupations alchimiques sont loin d'être absentes, comme l'a tout de suite vu certain disciple de Fulcanelli et ami de Julien Champagne: Eugène Canseliet.

Notons enfin qu'il travailla un temps comme assistant chercheur au Laboratoire de chimie organique de l’Ecole Polytechnique (1948-1951), sous la direction du Professeur Pierre Baranger (passionné de mystique et d’alchimie).

http://www.metapsychique.org/Hubert-Larcher.html

Sur Celli, Larcher, et tant d'autres alchimistes vivants ou pas de notre belle Provence, et sur certaines demeures philosophales somptueuses comme Cimiez et Saorge, je vous recommande en outre chaudement un petit livret fort bien fait de l'UNIA, paru à Nice en cette fin d'année de l'an de grâce 2009: "Alchimie et Alpes maritimes, une quête":

http://www.universite-nice-inter-ages.fr/?uniaPage=26&acti=ALCHIMIE%20ALPES%20MARIT

"Le paranormal, nous n'y croyons pas, nous l'étudions."


 

ecelllisignure.champagne



ARCHER

Partager cet article
Repost0
11 octobre 2009 7 11 /10 /octobre /2009 21:43


Xavier en attendant de vos bonnes nouvelles voici en cette Saint Firmin quelques souvenirs de notre Julien favori. 1897...le peintre, dessinateur et alchimiste a vingt ans.

C'est le bel âge du printemps, et Julien Champagne en profite pour visiter, carnet de croquis à la main, le musée de Picardie de la bonne ville d'Amiens.

Actuellement fermé pour travaux, ce musée fondé au siècle dernier sous l'égide de la Société des Antiquaires abrite nombre de chefs d'oeuvre universels.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_de_Picardie
http://www.amiens.fr/decouvrir/musee/index.asp



S'il ouvre à nouveau comme prévu le mois prochain, peut-être pourrons nous bientôt, comme Hubert le fit en son temps, admirer notamment ce Saint Eustache, ou plus exactement ce "fragment de sculpture" du XVIème siècle qui plut tellement à l'illustrateur futur des oeuvres de Fulcanelli.

Ou encore du même siècle fossoyeur d'un moyen âge encore bien présent ce Saint Michel terrassant le dragon. Mythe à propos duquel l'Adepte dévolu au XXème siècle dissertera à maintes reprises:

"Ce combat singulier des corps chimiques dont la combinaison procure le dissolvant secret (et le vase du composé) a fourni le sujet de quantités de fables profanes et d'allégories sacrées." (Mystère)

"La lutte courte mais violente livrée par le chevalier ne cesse que par la mort des deux champions (en hermétique, l'aigle et le lion) et leur assemblage en un corps nouveau dont la signature alchimique est le griffon." (Demeures)


Ou encore (Demeures toujours):

"Longin, dans la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, joue le même rôle que Saint Michel et Saint Georges; Cadmos, Persée, Jason font un geste semblable chez les païens.

Il perce d'un coup de lance le côté du Christ, comme les chevaliers célestes et les héros grecs transpercent le dragon. C'est là un acte symbolique dont l'application positive au travail hermétique s'avère lourd de conséquences heureuses."

Mais voici que cette même année nous retrouvons cette fois Julien dans l'atelier de Léon Gérôme.


Et certes nous savions bien déjà que Champagne en fut l'élève distingué:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-1752591.html

Mais en voici désormais deux nouvelles preuves, et des plus esthétiques comme il se doit. Il me semble bien émouvant de penser, au demeurant, que Julien dut cotoyer, mais aussi tutoyer, nombre des jeunes condisciples ici représentés, qu'il ne manqua pas pour autant de croquer.

Et devant l'amicale insistance d'Edith, je ne peux clore mon petit article de ce mois sans signaler publiquement, à l'attention générale, une heureuse initiative d'Ibrahim, qui nous propose sur son excellent site déjà maintes fois nominé (je renomme La rue de l'Alchimie) une version en ligne des textes des deux ouvrages cités ci-dessus de Fulcanelli:

Fulcanelli complet en pdf avec les illustrations originales


Ni bien sûr passer sous silence une des prochaines conférences de l'association Atlantis, d'heureuse mémoire et toujours vivace, qui sera à Paris le mois prochain (novembre 2009) consacrée à "l'alchimie aux mille visages."

En ce cent-dixième anniversaire de la naissance d'Eugène Canseliet, cette conférence est de surcroît placée sous la présidence d'une de ses filles, Béatrix, et de Sylvaine, sa petite fille:

http://www.atlantis-site.com/activites/conferences.php?m02

http://www.atlantis-site.com/activites/programme.pdf

Puis pour finir ou plutôt continuer en harmonie, et en beauté, je vous propose de découvrir une toute récente symphonie concertante pour violoncelle du compositeur tchèque Jan Valta, précisément consacrée à Fulcanelli et tout bonnement intitulée:  Fulcanelli.

http://www.youtube.com/watch?v=YM9k35LA4_8

http://www.youtube.com/user/JanValta77 

http://www.projectfulcanelli.com/
ARCHER

Partager cet article
Repost0
13 septembre 2009 7 13 /09 /septembre /2009 10:43


Julien Champagne, en rédigeant en 1908 son traité de La vie minérale, qui attend toujours son éditeur,

http://www.archerjulienchampagne.com/article-32335725.html

fait référence à un "prix Nobel" 1920 de physique d'origine française mais de nationalité suisse, et Polytechnicien de Zürich, bien oublié actuellement du grand public: Charles Edouard Guillaume (1861-1938):

http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_%C3%89douard_Guillaume
http://www.worldtempus.com/fr/encyclopedie/index-encyclopedique/horlogers-celebres/guillaume-charles-edouard/
http://www.cartage.org.lb/fr/themes/Biographies/mainbiographie/G/guillaume/guillaume.htm
http://en.wikipedia.org/wiki/Charles_%C3%89douard_Guillaume
http://nobelprize.org/nobel_prizes/physics/laureates/1920/guillaume-bio.html

Fils d'horloger, il reste connu en Helvétie en raison des application de ses découvertes d'alliages utiles en horlogerie. Guillaume entra en 1883 au Bureau international des poids et mesures de Paris (BIPM), dont en 1902 il devint directeur adjoint, et qu'il dirigera de 1915 à 1936.


Parmi ses ouvrages, il nous semble impossible de ne pas citer ici La vie de la matière (1899). Relevons aussi en 1907 cette fois son Des états de la matière...

En 1908 "Hubert" mentionne dans son essai une déclaration éclairante de Guillaume:

"Monsieur Charles Edouard Guillaume, physicien au Bureau international des poids et mesures, à Paris, a fait à Neufchatel, devant la Société helvétique des sciences naturelles, une conférence qui par certains de ses côtés, aurait vivement scandalisé les naturalistes d'il y a vingt ou trente ans.

L'auteur, grand partisan de la vie de la matière, a fait l'expérience suivante. Il a introduit dans un ballon de verre du mercure et de l'acide sulfurique. Le ballon fut ensuite plongé dans un amalgame de sodium soumis à un courant électrique de l'extérieur à l'intérieur.

Or le sodium, sous l'influence de l'électrolyse, a traversé le verre et est allé se dissoudre dans le liquide du ballon. Si le verre est à la base de sodium, on peut le faire traverser,  pour toute molécule plus petite,  par du lithium, par exemple.


Le sodium du verre s'en va le premier, et à mesure qu'il est remplacé par le lithium, on voit le verre prendre un aspect laiteux.

Ajoutons que la densité et la consistance du verre diminuent simultanément. On obtient du reste le même effet lorsque l'expérience se produit avec le sodium chaud ou froid. Dans le second cas, l'effet se fait attendre plus longtemps.

M. Guillaume trouve avec raison que cette expérience, de même que beaucoup d'autres dirigées dans le même but, démolissent la notion surannée de la matière inerte."

Notamment de la matière minérale, si nous suivons bien Julien Champagne...Mais n'est-il pas intéressant de nous rappeler à ce stade que Charles Edouard fait également partie des rares savants contemporains de l'époque qui sont favorablement mentionnés par un certain Fulcanelli?



"Il ne suffit pas au philosophe, lisons-nous ainsi au chapitre Chimie et philosophie des Demeures philosophales, de noter seulement l'allongement d'une barre de fer soumise à la chaleur, il lui faut encore rechercher quelle volonté occulte oblige le métal à se dilater.

Cette volonté métallique, l'âme même du métal, est nettement mise en évidence dans l'une des belles expériences faites par Charles Edouard Guillaume. Un barreau d'acier calibré est soumis à une traction continue et progressive dont on enregistre la puissance à l'aide du dynamographe. Quand le barreau va céder, il manifeste un étranglement dont on relève la place exacte.

On cesse l'extension et l'on rétablit le barreau dans ses dimensions primitives, puis l'essai est repris. Cette fois l'étranglement se produit en un point différent du premier. En poursuivant la même technique, on remarque que tous les points ont été successivement éprouvés, en cédant les uns après les autres à la même traction.

Or si l'on calibre une dernière fois le barreau d'acier en reprenant l'expérience du début on constate qu'il faut employer une force très nettement supérieure à la première pour provoquer le retour des symptômes de rupture.


M. Guillaume conclut de ces essais, avec beaucoup de raison, que le métal s'est comporté comme l'eût fait un corps organique. Il a successivement renforcé toutes ses parties faibles et a augmenté à dessein sa cohérence pour mieux défendre son intégrité menacée. Un enseignement analogue se dégage de l'étude des composés salins cristallisés..."

Et Fulcanelli d'en déduire, à l'issue d'une démonstration appuyée sur d'autres exemples, que la mort, corrolaire de la vie, étant la conséquence directe de la naissance, il s'ensuit que les métaux et minéraux manifestent leur soumission à la loi de prédestination qui régit tous les êtres créés.

"Naître, vivre, mourir ou se transformer sont les trois stades d'une période unique embrassant toute l'activité physique. Et comme cette activité a pour fonction essentielle de se renouveler, de se continuer et se reproduire par génération, nous sommes amené à penser que les métaux portent en eux, aussi bien que les animaux et les végétaux, la faculté de multiplier leur espèce.

Telle est la vérité analogique que l'alchimie s'est efforcée de pratiquer."



Au-delà même de la référence commune à Guillaume, on voit donc bien la communauté de pensée qui dans ces extraits au moins rapproche le Champagne de 1908 du Fulcanelli des Demeures (publiées pour la première fois en 1930).

Gardons nous pour autant de toute conclusion hâtive: Plus direct, moins lyrique que celui de Fulcanelli, le style de Champagne s'en distingue nettement. Beaucoup plus que son futur maître en alchimie, il emploie la nomenclature moderne de la chimie.

Bien plus, et à l'inverse, son approche de la cabale hermétique semble rudimentaire à l'époque, et sur le fond il nous semble dans nombre de passages plus proche en définitive du vitalisme hyperchimique ou si l'on veut de la spagyrie que de la légendaire alchimie.

Mais Champagne avec La vie minérale témoigne pour autant, et avec quel brio, qu'il est passé ou se trouve sur le point de passer "sur les banc d'une autre école" (Fulcanelli).



Ne quittons pas d'ailleurs M. Guillaume sans nous remémorer le fait qu'il fut, comme Fulcanelli, un des rares proches d'un autre Nobel, Pierre Curie.

A cette proximité Fulcanelli-Curie, Artero consacre d'ailleurs tout un chapitre de son Présence de Fulcanelli, où il s'appuie pour l'essentiel sur le témoignage d'Eugène Canseliet. Mais voici pour l'instant une preuve éclatante de la proximité Guillaume-Curie. Nous sommes en 1904, au BIPM:

http://www.bipm.org/fr/si/history-si/radioactivity/familles_curie_guillaume.html

1904...L'an prochain, Julien Champagne rencontrera Fulcanelli.

ARCHER

Partager cet article
Repost0
6 août 2009 4 06 /08 /août /2009 12:33


Saluons d'emblée, et avec la joie qui convient, la parution si attendue du livre de notre ami portugais Walter Grosse sur Fulcanelli (Un secret violé, Grosse, Seixal, 2009).

Non content en effet de tenir depuis plusieurs années un blog sur notre Adepte, auquel nous nous sommes si souvent référé:

http://fulgrosse.over-blog.com/

Fulgrosse de son pseudonyme vient en effet de prendre la courageuse décision de s'auto-éditer, et de le faire en français. Espérons que les 500 premiers exemplaires de son ouvrage (500, tirage selon selon certains de l'édition originale des Demeures Philosophales de Fulcanelli) trouveront rapidement preneurs et rencontreront également un écho des plus favorables.

Je le souhaite, en tout cas, car la ténacité et le talent de ce chercheur trentenaire me semblent en tous points dignes d'éloge.

La méthode qu'il suit pour tenter de résoudre l'énigme de l'identité de Fulcanelli n'est pas d'ailleurs sans rappeller celle de Frédéric Courjeaud (Une identité révélée, Claire Vigne, 2006): Grosse dresse la liste des paramètres biographiques à prendre en compte, puis procède par éliminations successives.

S'appuyant sur une solide connaissance de "l'équation biographique" de Fulcanelli, Walter a cherché, et c'est sans nul doute un des points forts de sa démarche, à en retrouver la trace, dans les archives en général et en particulier dans celles de l'état-civil...et de l'état militaire.


Et de l'état militaire car pourquoi ne pas le dire d'entrée de jeu, son Fulcanelli à lui n'est pas Camille Flammarion mais un polytechnicien nommé Paul Decoeur (1839-1923 ou 1924). Fulgrosse au sujet de Polytechnique met d'ailleurs à juste titre l'accent sur le témoignage peu connu de Paolo Lucarelli dans son édition transalpine du Mystère des Cathédrales, en 2005.

Walter Grosse argumente sur la disparition de Decoeur en 1924, car on s'en souvient c'est celle où Fulcanelli et Canseliet assistèrent ensemble aux obsèques d'Anatole France.

Les quelques objections principales que je voudrais cependant formuler en toute amitié sur ce travail des plus estimables sont les suivantes:

Grosse me paraît restreindre sa recherche à l'excès, en fait aux "X Ponts" (et Chaussées) et de plus aux Polytechniciens restés sans descendance, voire célibataires (il s'apuie à ce sujet sur le témoignage écrit reçu par lui de Béatrice Canseliet, fille du disciple de Fulcanelli, toujours en 2005).

Pour Grosse, Decoeur, qui n'a guère laissé d'autres écrits que des brevets et n'a pas eu semble-t-il de son vivant une notoriété des plus significatives, est bien cependant ce Fulcanelli qui fut l'intime de la famille Lessseps et de combien d'autres "célébrités du temps."

Bien plus, une approche que je qualifierai volontiers de résolument rationaliste conduit Walter à remettre en question certains invariants du "mythe" Fulcanelli.

C'est ainsi que pour lui l'hypothèse d'un Fulcanelli qui a effacé toutes ses traces n'a aucun fondement. Il ne croit pas, dit-il de plus, en un Fulcanelli plus que centenaire et donc sa thèse présente est qu'Eugène Canseliet a perpétué le mythe selon lequel il était encore vivant en 1952.

waltergrosse.champagne


Tout ceci me rappelle fortement ce qu'André Rolland de Renéville écrivait en février 1953 dans sa critique de la N.R.F. consacrée au Mythe de Rimbaud de René Etiemble:

"Après avoir postulé que tout ce qui est mythe tient de l'erreur à demi-volontaire ou du simple mensonge, Etiemble entreprend de démontrer que chacun des essayistes qui s'est attaché à décrire la vie de Rimbaud ou à expliquer son expérience n'a guère fait que s'interpréter lui-même en terme de fable...

Notre mentor ne serait-il pas à son tour prisonnier d'une illusion? Dans ce cas, la sienne serait le mythe du mythe."

Le mythe alchimique de Fulcanelli devrait donc, selon nous, permettre une approche englobante, qui ne s'interdira pas l'appréhension du mystère dans sa réalité profonde, mystère dont témoigne cette belle illustration de l'alchimiste de Notre Dame, que produit Walter Grosse, illustration dont le héros est très opportunément qualifié de gnome, et qui se trouve de plus frappée au coin de la Rose.

J'ai donc un peu de mal à suivre notre auteur quand il balance à soutenir la véracité du témoignage d'Eugène Canseliet, en assurant après d'autres que son périple marseillais, niçois et aixois des années 1915-1917 serait en fait une habile fiction permettant de voiler la localisation du domicile parisien de Fulcanelli.

Et pourtant, que de pépites issent de ce tamis d'orpailleur aux mailles un peu trop serrées à mon goût! Nous en apprenons plus, grâce à Walter, sur l'histoire de l'usine à gaz de Sarcelles, cher OrnithOrynque, usine où eut lieu la désormais célèbre transmutation de 1922, sur Gaston Sauvage, chimiste de Poulenc qui y assista, sur Mariano Ancon, peintre ami d'Eugène Canseliet et Julien Champagne, sur Henri Steineur, compagnon de ce dernier...

S'agissant de Champagne, d'ailleurs, Grosse formule une hypothèse que je trouve bien intéressante, et qui gagnerait à être davantage étayée: Julien se serait fait passer volontairement pour Fulcanelli afin de brouiller encore les pistes menant à l'Adepte.

Et puis à la fin de son opuscule si instructif, comment ne pas être frappé par cet aréopage de Polytechniciens contemporains de Fulcanelli et tous plus ou moins en relation les uns avec les autres, qui se sont également intéressés peu ou prou, voire adonnés à l'alchimie. Voici qui promet je crois, dans la perspective de la suite que Walter Grosse compte dès à présent donner à "Un secret violé."

En complément plus qu'en opposition à ce travail en devenir, ou si l'on veut en contrepoint, je tiens à signaler à l'attention générale la qualité de l'étude de Leo Krugerman, que d'ailleurs Fulgrosse mentionne sur son site: "Une lecture maçonnique des enseignements de Fulcanelli."

 

Oeuvre d'un chercheur d'Uruguay, cette remarquable vision de la pensée de Fulcanelli, dans une perspective maçonnique spiritualiste, mérite d'être elle aussi connue.

 

Rédigée en 2007, elle a été publiée en ligne en 2008-2009 et se trouve donc désormais à la portée de chacun:

http://www.freemasons-freemasonry.com/fulcanelli-indice.html

 

Après s'être demandé si l'identité de Fulcanelli a une importance quelconque, et y avoir répondu manifestement par la négative, Krugerman évoque brièvement les accointances maçonniques et rosicruciennes de la philosophie de l'Adepte, puis se livre à un examen fouillé des diverses facettes de son oeuvre, sans en oublier ni les références à l'architecture, ni celles à l'eschatologie.

 

Mais surtout, il s'attache à définir et illustrer de façon convaincante tous les aspects de la "chimie spirituelle" que constitue en fait l'alchimie fulcanellienne, et sans négliger l'oratoire nous fait bel et bien pénétrer dans le "légendaire laboratoire" de Fulcanelli.

 

leokrugerman.champagne





ARCHER

Partager cet article
Repost0
6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 12:14




Pour  un alchimiste, la vie est une, même s'il n'y a pas qu'une vie. Donc non seulement il n'y a qu'un pas de la vie minérale à la végétale (ou à l'animale), mais la vie minérale est par essence animale et végétale.

Et c'est un chant, la vie, une vibration, picturale, musicale notamment. Nous nous trouvons donc maintenant, me semble-t-il, en situation d'admirer ensemble ce très beau tableau réalisé en 1900 par un certain Julien Champagne.

A cette époque, notre « Hubert » vient de terminer ou est en train d’achever son parcours estudiantin à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris.

Nous voici donc, si j’ose dire plantés devant ce qui est encore une œuvre de jeunesse, même s’il est aisé de constater comme le trait s’est en quelques années considérablement affermi, et combien s’est enrichi la palette.



Heureuse trouvaille par conséquent de la talentueuse galeriste de la rive gauche de la Seine, providentiellement nommée, du moins est-ce mon avis, Marie Watteau :

www.mariewatteau.com
http://pagesperso-orange.fr/marie.watteau/Artistes/Pages/Champagne.htm

On pourra si l’on veut admirer rue de Beaune cette belle œuvre, qui attendait encore acquéreur ces jours derniers.

Et certes Marie qui s’est heureusement pour nous faite une spécialité de la fin du XIXème siècle et du début du XXème ne l’a pas dénichée par hasard, puisqu’elle cherche précisément depuis quelque temps à acquérir des dessins ou peintures de Julien, passionnée qu’elle est par le génie de l’auteur du Vaisseau du Grand œuvre (1910). Auteur qui rappelons-le tout de même figure au Bénézit.


Sur cette toile que pour notre part nous avons pu contempler grâce à l’obligeance et à la gentillesse également expertes de Sophie de Saint Phalle, collaboratrice de Watteau, nous ne disposons hélas que de peu d’informations: "Intérieur d'une serre" serait le nom de ce tableau de 54x73cm.

En effet, son dernier propriétaire en date semble ne pas avoir été conscient de la personnalité de Champagne.

Pour autant, et même si le peintre n’a pas apposé au verso de sa toile son cachet de prédilection : « Julien Champagne, artiste peintre », tout simplement peut-être parce qu’il n’en disposait pas à l’époque, sa signature, que nous reproduisons ici en positif et en négatif, et qu’il a fait suivre comme ailleurs parfois de l’année de sa création, témoigne suffisamment à mon sens du fait que nous avons devant nous une œuvre authentique, et jusqu’alors inconnue.

Mais me direz-vous où peut bien se trouver cette belle serre, ce jardin tropical ou jardin d’hiver dont la mode au tournant des deux siècles précités s’était déjà largement affirmée ? Je parierais volontiers pour la région parisienne, qui était après tout la région de prédilection de Jean-Julien.


Et je me plais à penser que nous pourrions nous trouver tout simplement au Muséum d’histoire naturelle de Paris, si cher au grand savant que fut Eugène Chevreul, lequel lui légua d’ailleurs sa collection de livres d’alchimie. Chevreul, qui fut par ailleurs un ami aîné de Fulcanelli.

Mais puisque nous voici en train de remonter dans le temps, je voudrais presque conclure mon petit pensum du mois courant en offrant à Marie et Sophie, en manière de remerciement pour nous avoir obligeamment signalé et fait admirer cette superbe découverte, une reproduction d’un tableau de 1880, cette fois, et qui est une œuvre « orientaliste » de Luc-Olivier Merson.

Convenons ensemble que cette vision qu’il nous propose de la fuite en Egypte de la Sainte Famille est pour le moins inhabituelle.

Luc nous présente donc une vision symbolique ou symboliste, comme on voudra, de cet épisode biblique. Vision qui au demeurant ne nous surprend que partiellement, après notre lecture des quelques lignes que lui consacre Eugène Canseliet dans son édition du Livre Muet.




« Le sphinx protège et domine la science », proclame pour sa part le frontispice fulcanellien du Mystère des Cathédrales, dessiné par Julien Champagne dès 1910.

Et quelle magnifique illustration, également, du caractère œcuménique de la science et de la religion alchimiques !

Je terminerai donc ce petit laïus en vous signalant une œuvre musicale originale de notre cousin du Québec Christopher Cousineau, dont l’Electric Chamber Orchestra s’inspire très régulièrement de l’œuvre de Fulcanelli et de celle de Julien Champagne:

http://www.myspace.com/thecrucibleece

Je trouve qu’elle complète d’heureuse façon ce petit tour d’horizon conjoncturel de l’Art, des arts et de leurs artistes, puisqu’elle s’intitule tout simplement La danse de Sophia :

« La vie, ça se danse. »



pcc ARCHER

Partager cet article
Repost0