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  • : Site consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.
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...consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.


Peintre et dessinateur, Julien Champagne est surtout connu de nos jours pour avoir illustré les ouvrages de Fulcanelli, un mystérieux alchimiste contemporain.

Et pourtant, il figure au Bénézit, la "Bible" internationale des créateurs. Et suivant son ami Eugène Canseliet, il fut bien un maître du pinceau et du crayon.

C'est à la découverte de cet artiste méconnu, mais profondément attachant, que je voudrais vous inviter. Je voudrais aussi vous demander de ne pas hésiter à enrichir mes articles de vos propres commentaires et de vos découvertes personnelles.

Bon voyage donc au pays légendaire de Julien Champagne.

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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 23:56

  CaptureF.champagne-copie-1

 

Chers tous et chères toutes, je voudrais commencer ce dernier post de l'année en rendant un hommage particulier à Henri La Croix Haute, dont j'apprends qu'il vient de s'éteindre à un âge canonique, et à ce que l'on m'a rapporté dans toute la lucidité qui serait celle d'un Adepte.

 

Comme son maître Henri Coton, à qui nous avons consacré un article, il était un fidèle de l'alchimie de Pierre Dujols, et parce qu'en alchimie  nous n'avons pas d'adversaire et encore  moins d'ennemi, peu nous chaut qu'il fut comme son prédécesseur hostile à l'approche Fulcanelli-Champagne-Canseliet.

 

Pour en venir à cette dernière, il me semble bien qu'une reproduction anastatique de l'édition originale du Mystère des Cathédrales vient  d'être publiée aux Etats-Unis par Martino fine books, et est disponible pour un prix modique, aussi bien sur Abebooks que sur Amazon.

 

Certains la qualifieront peut-être d'édition pirate, mais les questions de copyrights ne sont pas de notre compétence,  par conséquent nous espérons bien que les Demeures Philosophales connaîtront bientôt le même sort heureux.

 

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"By coincidence", notre ami Richard Khaitzine vient  également de nous gratifier d'une belle étude parue chez Edite sur Notre-Dame de Paris, et sa dimension hermétique.

 

Je la considère personnellement comme un essai d'une grande maîtrise, qui a été réalisé manifestement dans le  même esprit que ce modeste blog, qui vise précisément entre autres à ouvrir  à une vision alchimique de certaines réalités, pour ne pas dire de la réalité ou de la surréalité dans son ensemble.

 

Ajoutons donc qu'il constitue une remarquable introduction, en particulier, au Mystère fulcanellien, dans la mesure où il nous conduit du profane au...sacré.

 

Et nous ne sommes aucunement choqué, pour notre part, quand l'auteur, au détour d'un passage d'un des chapitres les plus importants de son travail (Du Mystère des Cathédrales aux Demeures Philosophales), qualifie les deux ouvrages actuellement parus de Fulcanelli de "grande mystification". Mystification sans doute, puisqu'on est là en ésotérisme, mais alors, quelle stature, quelle allure, quelle hauteur de vues!

 

HO4.champagne

 

Et maintenant, dans cette inactualité alchimique décidément des plus riches, comment ne pas nous féliciter coram publico de la parution si attendue du quatrième numéro de la revue annuelle Historia Occultae, éditée par L'Oeil du Sphinx (OdS) de Philippe Marlin.

 

Vous pourrez y retrouver notamment deux recensions du premier colloque Fulcanelli, l'une de votre humble serviteur (mais vous la connaissez déjà), l'autre de Serge Caillet, au travers d'une analyse de certains ouvrages qui ont été présentés à ce séminaire. A ce propos, précisons qu'aux dernières nouvelles les actes du dit colloque devraient finalement paraître en 2012.

 

Je relève également le fait que le si méritant directeur de HO, Dominique Dubois, s'y fait l'écho (bienveillant, il va sans dire) de la publication de La Vie Minérale d'un certain Julien Champagne. Enfin, entre autres articles passionnants, Brice Michel s'efforce de mieux cerner ce fameux Grand Lunaire ou Très Haut Lunaire, dont notre "Hubert" est réputé avoir fait partie.

 

Y parvient-il totalement? C'est une autre question, car pour moi ce cercle ne fut pas une secte finalement, et encore moins un groupement parapolitique de type cagoulard, mais s'apparente plus à une fraternité comme celle des Veilleurs (où nous retrouvons JC), avec un noyau plus ou moins réduit semble-t-il à un septénaire, dont je n'exclus pas a priori qu'on puisse y trouver notamment Eugène Canseliet.

 

DD.champagne 

 

En définitive, mon seul regret dans cette affaire est certainement que le compte-rendu de notre compère Walter Grosse sur les conditions de l'admission de Canseliet justement à la Société française des Gens de Lettres, ou SGL, en 1962, n'ait pu paraître comme initialement prévu dans cette livraison de HO.

 

Souhaitons donc qu'il soit publié prochainement, car l'intérêt de ce dossier conservé aux Archives Nationales me semble certain.

 

Voici en résumé ce qu'on m'en a rapporté de plus important: D'abord il comporte une pièce consacrée au contrat entre  Eugène et les éditions Omnium pour la seconde édition  des Fulcanelli, d'où il ressort qu'EC affirme ses droits non seulement sur le texte mais aussi sur les illustrations de Julien Champagne.

 

Ensuite, Eugène Canseliet autorise par écrit la SGL à considérer que pour le Mystère et les Demeures, son pseudonyme est Fulcanelli.

 

ahscanseliet.champagne2-copie-1

A défaut de pouvoir produire pour l'instant les pièces en question, et dans l'attente de pouvoir prendre connaissance  du point de vue de WG dans cette affaire, je vous soumets une dédicace inédite de JC (AHS Fulcanelli) à EC.

 

Je précise qu'elle ne fait pas partie du dossier SGL, mais émane d'un collectionneur bonapartiste qui l'a confiée à nos chers Suffren et Pénélope.

 

Et que je n'ai pas de raison particulière de douter de son authenticité, bien au contraire.

 

Il me semble qu'elle se  passe de commentaire, et pourtant comment ne pas relever cette chaleur particulière de Julien envers Eugène le philosophe, mais aussi le disciple et finalement l'ami et le frère...

 

Canseliet qui figure d'ailleurs au nombre de Ces voix que j'entends encore, le beau recueil d'entretiens que Madeleine Chapsal vient de faire paraître chez Fayard en cette fin 2011.

 

Oui, il ne suffit pas de lire Eugène, il faut l'entendre, le voir... Ce qu'a fait notre auteur en 1964 à  Savignies. Tenez, un court extrait:

 

"Il s'est absenté un instant. J'en profite pour demander à sa femme: Enfin, l'alchimie, qu'est ce que  c'est? Une science, un art? Je crois que c'est une science, me dit-elle, mais demandez plutôt à mon mari.

 

Dès que Canseliet est de retour, je lui pose la question. Il arque plus encore ses hauts sourcils. L'alchimie? Mais c'est un art, bien sûr!

 

Et il m'offre quelques morceaux d'une curieuse matière qu'il sort d'un flacon: c'est brillant, c'est lourd, c'est vert...Prenez, me dit-il, c'est de l'esprit universel, je l'ai convaincu de se fixer sur ce fondant."

 

VKARii.champgne

 

Pour presque terminer, je crois devoir aussi saluer la publication, toujours en 2011, d'Alchymie a Rudolf II (Artefactum, Prague).

 

Dû pour l'essentiel à l'éminent professeur Vladimir Karpenko, ce fort volume en tchèque comporte, outre un résumé en anglais, une formidable collection d'illustrations centrée sur l'alchimie rudolphine.

 

Il s'agit là à mon avis de la plus belle iconographie alchimique qu'on ait vue depuis longtemps. Une traduction est annoncée, espérons qu'elle voie rapidement le jour, pourquoi pas d'ailleurs en français.

 

Je vous en propose une "evidence" succinte, au travers de ce superbe blason hermétique en couleurs de Michel Maier.

 

karpenko.champagne

 

MMVK.champagne

 

Enfin, je vous dis non pas adieu, mais au revoir. Et oui, Julien Champagne vous tire quelque peu sa révérence. Archer va devoir en 2012 se consacrer avec son complice Jean Artero à la rédaction d'une bio de JC, donc la période de nos articles mensuels touche à sa fin, au moins provisoirement.

 

Mais à nos quelques dizaines d'abonné(e)s, à nos si fidèles lecteurs et nos toujours adorables lectrices, que nous remercions encore pour leur intérêt sans faille envers nos 275 articles réalisés en 6 années, nous précisons bien que ce blog devrait si Dieu veut rester vivant.

 

Nous continuerons donc à répondre à vos si riches commentaires, à actualiser nos articles parus, à  en écrire de nouveaux si l'actualité l'exige...Si de votre côté, et je pense spécialement aux familles de Fulcanelli, de Champagne et de Canseliet et à leur entourage, vous pensez pouvoir enrichir notre connaissance de "l'apôtre de la science hermétique", notamment dans la perspective de notre petit travail en cours, n'hésitez pas à nous contacter.

 

En attendant, bonnes fêtes de fin d'année, et bon début d'année 2012.

 

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pcc ARCHER

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 21:14

 chamuel1892.champagne

 

Julien Champagne (1877-1932) a-t-il personnellement connu Albert Poisson (1868-1893 ou -1894), dont il fut un lecteur assidu (notre article Albert Poisson et Julien Champagne)? Nous ne pouvons en être sûrs pour l'instant, même si tous deux ont eu leurs habitudes à la Librairie du Merveilleux de Chamuel (notre article Champagne et l'archange), puis de Dujols et Thomas, ces derniers étant pour le coup des proches de Champagne.

 

Dès 1892  en tout cas cette librairie nous a gratifié d'une Bibliographie de la science occulte, dont l'Atelier Empreinte de Rennes-leChâteau a eu la bonne idée, voici quelques mois, de proposer à la vente une réimpression récente.

http://www.atelier-empreinte.com/

 

Notre ami Bernardo me signale d'ailleurs ces jours-ci que cette bibliographie est disponible à la BNF (Gallica):

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65536s.r=Papus.langFR

 

Comme on pourra le vérifier aisément, la rubrique alchimie de ce catalogue est essentiellement occupée par un "auteur maison", Poisson en personne.

 

poissonchamuel1.champagne

 

poissontheories.champagne

 

On y retrouvera sans grande surprise ses principaux ouvrages alors à la vente, mais aussi des "brochures" encore non parues, et présentées comme étant sous presse (merci à Hélias de sa contribution aux illustrations).

 

La Lettre sur la magie de Roger Bacon, traduite et commentée par Albert, semble effectivement avoir été éditée en 1893 sous le titre de Lettre sur les prodiges de la nature et de l'art et sur la nullité de la magie.

 

Mais quid de cette autre brochure, cette fois de Poisson lui-même, intitulée tout bonnement Paris alchimique?

 

chamuelpoisson2.champagne 

 

chamuelpoisson3.champagne

 

lettreprodigespoisson.champagne

 

Reconnaissons en toute simplicité que nous ignorions jusqu'alors si cet essai, lointain prédécesseur de celui de Bernard Roger (Paris et l'alchimie, Alta, 1981), était ou non paru.

 

En fait il nous semblait que non, mais un autre de nos compagnons, Simplet en l'occurence, vient tout juste de le découvrir dans le numéro de février 1893 de la revue L'Initiation:

http://crptrad.aecoute.info/old/download.php?op=geninfo&did=266

http://www.martinismeoperatifquebec.org/monument.pdf

 

Qui plus est, il en existe aussi un manuscrit....

 

Wpoisson1.champagne

Dès 2006 l'Espagnol José Rodriguez Guerrero signalait l'existence d'un fonds Poisson à la Wellcome Library de Londres.

http://www.revistaazogue.com/expo1.htm

 

En 2009 le Britannique Adam McLean a entrepris d'en rendre public le détail.

http://www.alchemydiscussion.com/view_topic.php?id=276&forum_id=8

 

Ce fonds est désormais parfaitement identifié et il est accessible aux chercheurs.

 

Wpoisson2.champagne

 

Wpoisson3.champagne

On y trouve une bonne quinzaine de manuscrits, dont celui qui nous intéresse aujourd'hui:

http://archives.wellcome.ac.uk/DServe/dserve.exe?dsqIni=Dserve.ini&dsqApp=Archive&dsqDb=Catalog&dsqCmd=NaviTree.tcl&dsqField=RefNo&dsqItem=MS3930/3939#HERE

 

Ce manuscrit (3939) du début des années 1890 a pour titre Les monuments alchimiques de Paris. Signé de Philophotes, pseudonyme bien connu d'Albert Poisson, il se compose d'une vingtaine de feuillets qui constituent à mon avis une version plus ou moins aboutie du "Paris alchimique" évoqué ci-dessus.

 

Parmi les autres documents du fonds, mentionnons au passage l'intérêt de celui sur cette Société hermétique des Protylites (manuscrit 3941) que Poisson paraît avoir envisagé de mettre sur pied, toujours vers 1890.

 

Wpoisson4.champagne

 

La provenance du fonds Poisson de la Wellcome apparaît comme clairement établie: Il provient de la vente Sotheby's (1934) de la bibliothèque parisienne de Lionel Hauser (les manuscrits sont estampillés de son sceau L.H.).

http://archives.wellcome.ac.uk/DServe/dserve.exe?dsqIni=Dserve.ini&dsqApp=Archive&dsqDb=Catalog&dsqCmd=show.tcl&dsqSearch=%28RefNo==%27MS3930%2F3939%27%29

 

Féru d'hermétisme, ce banquier fut un ami et probablement un mécène d'Eugène Canseliet. Il passe également pour avoir été un agent d'affaires de l'écrivain Marcel Proust.

 

Wpoisson5.champagne

 

Dans ses Monuments alchimiques, Albert insiste beaucoup, naturellement, sur ceux dûs à son cher Flamel. Il n'en demeure pas moins qu'on y trouve également la cathédrale Notre-Dame de Paris, dans la lignée de Laborde, Montluisant, Cambriel et autres, mais aussi la Sainte Chapelle.

 

Nous avons donc affaire avec ce texte à un véritable précuseur du Mystère des Cathédrales, et même des Demeures Philosophales, bref à une sorte de prélude à l'oeuvre de Fulcanelli, d'autant que Poisson n'hésite pas à s'écarter sur un feuillet de son propos parisien, en mentionnant de façon laconique l'hôtel Jacques Coeur de Bourges et une "méson" montepellieraine d'Arnaud de Villeneuve.

 

Il est vrai que Fulcanelli lui-même reprendra (aussi?) à son compte d'autres études modernes antérieures à son oeuvre et centrées cette fois sur des monuments non français, telles celles de Jacob et Haatan sur le poële alchimique suisse de Winterthur (1896 et 1902). Son disciple Canseliet fera plus tard de même, tout en la critiquant, avec celle, "inestimable"  de Pietro Bornia sur la porte hermétique de la villa romaine Palombara, parue en 1895 dans la revue L'Initiation de ce "bon Papus" à qui Chamuel confia la direction de la bibliographie mentionnée au début de cet article, que nous ouvert sous l'égide décidément propice de La Librairie du Merveilleux.

 

poissonhistoire.champagne

 

parischartresreims.champagne

 

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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 17:50

OdRpeintureAlexandreBonnindeFraysseix

Charly et quelques autres, comme l'ami Stibia ou Pierre, nous sauront peut-être gré de revenir brièvement ce mois sur le chapitre Louis d'Estissac des Demeures Philosophales, que nous avons déjà abordé à deux reprises (articles Champagne de Coulonges à Terre Neuve et Julien Champagne cheminant).

 

Il n'est probablement pas inutile de rappeler, en préambule, que le titre complet du dit chapitre est en fait Louis d'Estissac, gouverneur du Poitou et de la Saintonge, grand officier de la Couronne et philosophe hermétique. Et que Fulcanelli y écrit que Rabelais, possiblement précepteur de d'Estissac et qui fut son hôte vers 1550, en son Pantagruel, dénomme le château de ce philosophe (Coulonges-sur-l'Autize), Coulonges-les-Royaux.

 

Notre Adepte souligne également, ainsi que nous l'avions évoqué en son temps, le fait que de Coulonges, édifié de 1542 à 1568, "le mobilier, les porches, les pierres sculptées, les plafonds,  et jusqu'aux tourelles d'angle, tout a été dispersé" ultérieurement. Certaines de ces pièces furent acquises par un aquafortiste célèbre, Etienne-Octave de Guillaume de Rochebrune, et servirent à la réfection et à l'embellissement de sa propriété de Fontenay-le-Comte, en Vendée.

 

C'est grâce à cet Octave que nous voudrions maintenant entrer dans le vif de notre sujet mensuel.

 

eau forte,Octave de Rochebrune.champagne

 

"M. de Rochebrune, précise Fulcanelli en note, né à Fontenay-le-Comte en 1824, et mort au château de Terre Neuve en 1900, était le grand-père du propriétaire actuel, M. du Fontenioux."

 

Contrairement au petit-fils, avec qui des contacts ont pu être noués en vue de la parution des Demeures, son aïeul était donc un presque contemporain de Fulcanelli (1839?-?), qui tout en se concentrant sur l'interprétation hermétique des motifs de la cheminée du grand salon, n'en liste pas moins, de façon assez inhabituelle chez lui, peut-être pour complaire à  cette famille, et "pour l'agrément des amateurs", précise-t-il, certaines des curiosités qu'abrite le manoir actuel.

 

Sur la vie et l'oeuvre de Rochebrune, qui fut aussi graveur, sculpteur et collectionneur d'oeuvres d'art, quelques sites permettent d'obtenir des précisions significatives, comme:

http://www.fontainesdefrance.info/biographies/biorochebrune.htm

http://figuresherminoises.over-blog.com/article-octave-de-rochebrune-1824-1900--40745134.html

http://recherche-archives.vendee.fr/archives/catalogue/personne/Rochebrune,%20Octave%20de/Z

http://www.culture.fr/recherche/?typeSearch=collection&SearchableText=Rochebrune+Octave+Guillaume+de&portal_type=CLT_Site_Note

 

Mentionnons aussi en particulier de René Vallette (René de Thiverçay) et Emile Boutin, Octave de Rochebrune, sa vie, son oeuvre (Lussaud, Fontenay-le-Comte, 1925) et d'Adélie Avril un mémoire d'histoire de l'art dont on peut souhaiter qu'il soit édité sur Le château de Terre Neuve (université de Rennes, 2007).

 

robuchon.champagne

 

Sur le château de Terre Neuve justement, Fulcanelli semble avoir consulté une étude non publiée, puisqu'il évoque sa lecture d'"une monographie manuscrite, probablement rédigée par M. de Rochebrune."

 

Ce dernier fut donc d'une certaine façon son propre Julien Champagne en même temps que son propre Eugène Canseliet, puisqu'il a également dessiné certaines parties de son château sur lesquelles Fulcanelli ne s'est pas attardé, comme cette autre cheminée monumentale, vraisemblablement érigée, elle, dans l'atelier d'imprimerie et de gravure du propriétaire des lieux.

 

Provient-elle également de Coulonges? Il est au moins permis de le supposer, pour peu qu'on en juge par les caissons du plafond qui la surplombe.

 

Et sans doute certains de ses motifs pourraient-ils eux aussi se prêter à une exégèse alchimique, si du moins on pouvait les voir représentés en gros plan, comme ces sirènes dont on se plaît à imaginer qu'elles sont peut-être "noires et enceintes."

 

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"Le plus beau plafond du château de Coulonges, celui qui en ornait jadis le vestibule et la salle du trésor, couvre maintenant le grand salon de Terre Neuve, dénommé l'Atelier", précise Fulcanelli. Et d'ajouter:

 

"Il est composé de près de cent caissons, tous variés; l'un de ceux-ci porte la date de 1550 et le monogramme de Diane de Poitiers."

 

L'Adepte renvoie alors son lecteur à sa leçon sur Dampierre-sur-Boutonne, autre demeure que nous avons déjà maintes fois parcourue ensemble (voir en particulier notre article de Diane de Poitiers à Champagne), et que nous allons retrouver dans quelques lignes.

 

Dans cette attente, je ne peux que relever immédiatement cette curieuse expression de salle du trésor, qui nous fait aussitôt penser à celle de l'hôtel Jacques Coeur (article Julien Champagne dans la chambre du trésor), ainsi qu'aux kaléidoscopiques Voyages d'Irène Hillel Erlanger (article Irène Hillel et Julien Champagne).

 

 

rochebrune.champagne

 

Nous ne savons pas, pour l'instant du moins, si le manuscrit de Rochebrune étudié par Fulcanelli a été finalement publié.

 

En tout cas l'auteur des Demeures paraît avoir ignoré, à moins qu'il ne l'ait délibérément passé sous silence, l'existence de plusieurs documents sur Terre Neuve, édités en 1887 et dont une partie émane d'Octave.

 

Il est vrai que les deux cahiers de la collection Paysages et monuments du Poitou, imprimés à Paris par Motteroz, n'ont apparemment été tirés qu'à 400 exemplaires, selon toute vraisemblance largement réservés à leurs souscripteurs.

 

Il est non moins vrai que certains écrits d'Octave sont peut-être encore à découvrir, qu'il s'agisse d'autographes ou d'imprimés à petit nombre, voire de recueils présentant le caractère d'un exemplaire unique, comme ces Etudes historiques et artistiques sur le Poitou et la Vendée, de Rochebrune et Benjamin Fillon (Clouzot, Niort, 1887), avec cette belle gravure représentant l'atelier de l'artiste, vu à travers sa porte :

http://www.binoche-renaud-giquello.com/html/fiche.jsp?id=1552896&np=6&lng=fr&npp=20&ordre=1&aff=1&r=

 

porteatelierterreneuve.champagne

 

1887 encore...Donc si Fulcanelli a bien compulsé le manuscrit de Rochebrune sur le château, et si ce dernier était similaire ou identique à ce qui fut publié cette année là, l'éventuelle, voire probable, première rencontre entre les deux hommes a bien peu de chances d'être postérieure.

 

Mais ce qui est relativement surprenant en fait, c'est surtout que Fulcanelli connaissait parfaitement l'existence de ces fameux Paysages et Monuments du Poitou.

 

Il la cite, non pas à propos de Coulonges, mais dans son examen des emblèmes hermétiques de...Dampierre-sur-Boutonne.

 

Doutant que Jeanne de Vivonne pût être l'inspiratrice des célèbres caissons de cette autre demeure philosophale, il stipule: "Telle était la question que nous nous posions en feuilletant le beau recueil de Jules Robuchon" et en donne aussitôt en note la référence précise: Paysages et monuments du Poitou, photographiés par Jules Robuchon. Tome IX: Dampierre-sur-Boutonne, par Georges Musset, Paris, 1893.

 

 

Jules Robuchon4022.champagne

 

Fulcanelli connaissait donc également, au moins de nom, le photographe Jules Robuchon (1840-1922), à propos duquel nous avons déjà dit quelques mots, justement dans un article sur Dampierre (Constance de Champagne).

 

Savait-il qu'il fut membre de la Société des Antiquaires de l'Ouest? On peut le supposer, sans plus, puisqu'il mentionne seulement l'appartenance à cette société de Georges Musset.

 

Comme on peut le vérifier sur nos reproductions, la dite SAO comprenait quoiqu'il en soit des membres de qualité, du moins à nos yeux, comme encore René Vallette...

 

Et Octave de Rochebrune.

 

FRM0002-retchampagne

 

Aussi connu comme sculpteur, Jules César Robuchon, à qui l'on doit en particulier un buste de l'archéologue Léon Palustre (1838-1894), que Fulcanelli cite dans ses Demeures à propos de Dampierre et de Nantes, est resté célèbre comme photographe, au point qu'un artisan de nos relations, à qui nous avons récemment confié la reproduction de certains de nos clichés joints, s'est parfaitement et spontanément souvenu de sa contribution dans son domaine de prédilection.

 

Fils d'imprimeur-typographe, originaire de Fontenay-le-Comte, il reçut d'abord une formation de lithographe, avant de découvrir dans les années 1860 la photographie, qui devint dès lors sa vraie passion, conjuguée avec un goût prononcé pour l'archéologie.

 

C'est ainsi qu'il parcourut avec son barda et par tous les moyens de transport envisageables, la pluralité des régions de l'Ouest de la France. Egalement libraire-éditeur, il est spécialement resté dans la mémoire collective pour le grand nombre de cartes postales réalisées à la suite de ses multiples pérégrinations, ce qui le rapproche de Julien Champagne, dont certains des dessins constituent manifestement des reproductions généralement fidèles de ce type de positifs (Chartres, Vitré...).

 

Citons sur Jules César les ouvrages de Francis Ribemont: Jules Robuchon, imagier de la Vendée et du Poitou (L’Horizon chimérique, Bordeaux, 1999) et de de Christophe Vital, Jean-Pierre Remaud et Serge Bauchet, La Vendée sous l'oeil de Robuchon (Somogy, La Roche-sur-Yon, 2008).

http://le-cercle-histo.over-blog.fr/article-robuchon-un-regard-poitevin-fontenay-le-comte-vendee-1999-71030353.html

http://recherche-archives.vendee.fr/archives/catalogue/personne/Robuchon,%20Jules-C%C3%A9sar/Z

http://www.cparama.com/forum/jules-robuchon-photographe-editeur-poitiers-t3429.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Robuchon

 

 

 

JR.champagne

 

Pour en venir maintenant au contenu de nos deux cahiers sur Coulonges et Terre Neuve (cinquante-neuvième à soixante-deuxième livraisons des Paysages et monuments du Poitou), je dirai d'abord que naturellement s'y trouve reproduite sous la forme d'une photographie de Jules Robuchon, la cheminée "XVIème siècle provenant du château de Coulonges-les-Royaux" sur laquelle disserta Fulcanelli.

 

Duquel nous apprenons en particulier que "la cheminée du grand salon, achetée à Coulonges, fut réédifiée au château de Terre Neuve en mars 1884." Incroyable précision, que trois ans plus tard, les dits cahiers, lesquels ne contredisent aucunement, pour autant, les assertions de l'auteur des Demeures, ne m'ont pas paru recéler.

 

Ensuite, qu'il est bien exact que de multiples parties du monument originel ont été transportées à leur emplacement actuel: "Le premier appartement intéressant que nous trouvons dans l'aile du fond porte le nom de Salle du Trésor: c'est la première pièce à plafond plat. Quarante-cinq caissons représentant des fleurons variés à l'infini et d'un modelé très savant la composaient. Toutes ces pierres ont été transportées à Terre Neuve; elles recouvrent le plafond du grand atelier."

 

De cet atelier, la porte d'entrée, "XVIe siècle, ordre dorique, provenant du château de Coulonges" et notamment décorée de trois salamandres, animal cher à François 1er comme aux alchimistes, est également photographiée par Jules César (J.C.). Lequel prit encore un cliché d'un tapis des Gobelins, ultérieurement donné par Louis XIV à Voyer d'Argenson, garde des Sceaux, dont l'intérêt pour l'alchimie est notoire...

 

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Il n'est pas fait mention dans ces livraisons de Paysages et monuments du Poitou d'un séjour à Terre Neuve de François Rabelais, mais on y rappelle "le long séjour" que fit au couvent des Cordeliers de Fontenay celui qui, par anagramme de son patronyme se fit aussi appeler, comme le souligne Eugène Canseliet, Seraphin Calobarsy.

 

Fulcanelli le présente comme un possible précepteur de Louis d'Estissac. Les liens entre les deux hommes sont confirmés par Mireille Huchon dans sa récente biographie de l'abstracteur de quintessence Alcofibras Nasier (NRF Gallimard, 2011).

 

Huchon n'hésite pas au demeurant à consacrer dans cet ouvrage plusieurs pages à l'alchimie de Rabelais: "L'alchimiste s'affiche" dès 1534, note-t-elle ainsi courageusement.

 

Voici donc tranchée, d'une certaine façon, la question que posait dès 1971 la revue Atlantis dans sa livraison de mars-avril: Rabelais était-il alchimiste? Quelque peu, y répondait Jacques d'Arès, tout en présentant son élève Louis d'Estissac comme un opératif.

 

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Pour terminer (provisoirement, si Dios quiere), je voudrais saluer ici, en changeant d'octave, l'heureuse initiative de Diffusion rosicrucienne, qui propose à la vente depuis peu un enregistrement des fugues de l'Atalante fugitive de Michel Maier.

 

On pourra au demeurant en écouter de brefs extraits gratuits en suivant le premier lien ad hoc:

http://www.drc.fr/prodManuel/pres-produit/zoom-produit/1816/atalanta-fugiens-_-cd.html?manuel_redir=pres-produit&cat=155

http://recherchestraditions.blogspot.com/2011/10/atalanta-fugiens-cd-michael-maier.html

 

Il ne s'agit pas là d'une première, je crois qu'il y a eu au moins un précédent britannique (écossais, si je ne me trompe pas), mais cette composition tchèque de Vagantes, dûe en 2004 à Martin Konvalinka est sans doute la plus récente, et me paraît en tout cas excellente.

 

La musique, de Maier ou pas, est destinée à être jouée. Et l'alchimie est art de musique et d'harmonie. Dans la notice qui accompagne le CD, Konvalinka émet finalement une hypothèse des plus intéressante, et qui de toute façon ne devrait pas choquer nos frères et soeurs en Hermès, en assignant à chaque fugue telle planète et/ou tel élément: Elémentaire, mon cher Rochebrune.

 

 

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pcc ARCHER

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18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 17:27

gabriel.champagne (2)

 

Atchoum en soit chaleureusement remercié, en cette fin d'été, nous allons pouvoir grâce à lui rendre hommage à un  scientifique qui était aussi un humaniste, et dont l'intérêt pour l'alchimie a été précoce, profond et  durable.

 

Gabriel Edmond Monod, dit Monod-Herzen (1899-1983) était pratiquement un contemporain d'Eugène Canseliet, puisqu'il est né la même année que lui et nous a quittés un an après lui.

 

Comme je voudrais concentrer mon propos sur son apport à l'hermétisme,  aussi substantiel que méconnu, je vous invite si vous voulez découvrir une personnalité aussi riche dans toutes ses facettes, à consulter certains sites qui l'évoquent, et où vous pourrez notamment vous rendre compte que cet homme de réflexion fut également un homme d'action:

 

http://www.monod-herzengabriel.fr/accueil/accueil.html 

http://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=86219 

http://yoga-associationmosaique.blogs.letelegramme.com/archive/2010/11/30/gabriel-monod-herzen.html

 

Comme d'autres alchimistes de son époque, à commencer par Julien Champagne, il fut proche dans sa jeunesse, ou plutôt dès son jeune âge, de la Société Théosophique.

 

lotus1932.champagne

 

C'est donc dans la revue de la ST française, Le Lotus Bleu, qu'un tout jeune homme publia un des premiers compte-rendus parus sur l'édition originale des Fulcanelli.

 

Nous avons déjà relevé celui de Paul Le Cour dans le périodique médical AEsculape (cf. notre article  AEsculape de Champagne), sur le Mystère des Cathédrales de 1926, celui de Monod a trait aux Demeures Philosophales (1930).

 

Il est précoce, puisque je pense qu'il est paru en mai 1931.

 

Comme l'article de Gabriel Edmond est assez bref, ouvrant en fait la rubrique bibliographique de la fin de la livraison ad hoc du Lotus Bleu, j'ai pensé que le mieux était sans doute, avant de le commenter un tantinet, de vous le livrer dans son intégralité.

 

GMHDP1.champagne

 

Comme on voit, Monod-Herzen se réfère d'emblée à la première oeuvre de Fulcanelli, dont il connaît donc l'existence, sans que nous puissions être sûrs qu'il l'ait lue, car il ne semble pas faire de distinction particulière, sur le fond, entre Mystère et Demeures.

 

On se réjouira, je pense sur ce blog, qu'il ait été sensible à l'esthétique du livre qu'il a eu entre les mains, et en particulier à ses splendides  illustrations. Voici donc apparaître d'emblée Julien Champagne.

 

Monod s'interroge ensuite rapidement sur le fait que cet ouvrage ait pu être écrit par un ou plusieurs auteurs...Pas mal, en 1931. Et voilà donc aussitôt devant nous Fulcanelli et Eugène Canseliet.

 

Et puis, Gabriel Edmond n'est manifestement pas un novice. Il est  déjà conscient des particularités du symbolisme alchimique, de ses pièges, qu'on ne peut déjouer sans une étude approfondie, de sa cabale...Pour lui, Fulcanelli est certes très instruit, mais ni plus charitable ni plus envieux que ses prédécesseurs. Nous n'y contredirons pas.

 

GMHDP2.champagne

 

 

A l'inverse, nous devenons un peu plus sceptiques quand notre théosophe affirme que Fulcanelli ne donnerait aucune directive (ou presque) sur la façon d'extraire la vérité alchimique dont il se fait un héraut.

 

Je me demande même, à sa lecture, s'il a bien compris que l'alchimie a exigé, exige, non seulement l'étude et la prière de l'oratoire, mais aussi la confirmation, ou une confirmation, par le laboratoire, dont récemment encore Patrick Lebar et Roger Bourguignon, viennent, chacun à sa manière, de nous entretenir publiquement:

http://www.editions-arqa.com/editions-arqa/spip.php?rubrique53

 

Enfin Gabriel Edmond Monod nous prouve qu'on peut  avoir trente ans, et faire montre d'un esprit critique acéré, allant jusqu'à découvrir quelques anomalies, qu'il prend peut-être un peu hâtivement  pour des erreurs, dans le texte et les illustrations des Demeures.

 

Peut-être aurait-il été mieux inspiré, à mon humble avis, d'y relever comme des sortes d'indications, dans certains cas au moins.

 

gabriel.champagne (1)

 

Prenons rapidement quelques exemples. Factuellement, on verra qu'il a raison (cf. notre article Constance de Champagne) sur le "prudentia linitur dolor."

 

Il serait aisé de plaider la faute de typographie, mais surtout, en quoi ceci grève-t-il la leçon de Fulcanelli? De même (cf. encore notre article ci-dessus) sur le "luz in tenebris lucet", son point de vue nous semble un peu réducteur.

 

Pourquoi évoquer, certes négativement, une erreur inexpliquable du graveur, bien invraisemblable, alors que ce mot de luz, considéré comme espagnol par  Fulcanelli, l'est bien en effet, et que l'auteur des Demeures, loin d'ignorer l'hébreu, y fait précisément référence à propos de ce motif?

 

Cela n'enlève rien, cependant, au mérite de l'analyse sur ce point de Monod-Herzen, ni à sa...lucidité générale, puisqu'il conclut, malgré de "petites imperfections", à la valeur considérable de l'ouvrage dans son ensemble.

 

gmhtabula.champagne

 

Ensuite, Gabriel Edmond a eu le mérite de poursuivre assidûment son étude de l'alchimie, puisqu'on lui doit au moins deux ouvrages significatifs sur ce sujet:

 

De mon point de vue, son étude sur L'alchimie méditerranéenne, centrée en fait sur la Table d'Emeraude, et publiée elle aussi sous les auspices de la  S.T. (Adyar, 1963), reste une des approches modernes les plus intéressantes sur le Credo des alchimistes, avec d'ailleurs des références à Julius Ruska et Paul Chevallier qui prouvent le sérieux et l'honnêteté de Monod.

 

Un Chevallier que n'ignora pas non plus, d'ailleurs, un Eugène Canseliet, dont le petit essai sur la Tabula Smaragdina, récemment publié par Arqa, mérite lui aussi pour l'occasion d'être à nouveau salué...

 

Enfin, Monod-Herzen a aussi approfondi son interprétation du symbolisme alchimique, et bien qu'édité après son décès, son Alchimie et son code symbolique (Rocher, 2000), reste un outil de travail des plus utiles, avec d'autres, comme (notamment) ceux de Suzanne Colnort-Bodet et Léon Gineste.

 

MHC2.champagne

 

 

Et puisque nous sommes en train de rejoindre progressivement l'actualité, relevons avec plaisir le fait que la dernière livraison de la revue Atlantis, au second trimestre de 2011, vient de consacrer l'essentiel de son propos (et sa couverture) à l'alchimie, au travers d'un dossier spécial sur Rouen, cathédrale alchimique.

 

Dû à Jean-Pierre Bollen, ce dossier d'une grande érudition vient après d'autres travaux récents, tel celui sur Chartres de Patrick Burensteinas, conforter encore les vues de Fulcanelli sur le mystère de  nos cathédrales.

 

Bollen y avance au demeurant avec plus ou moins de justesse l'idée que la basilique n'ait pas été évoquée par Fulcanelli ou Eugène Canseliet, ce qui ne nous semble pas absolument incontestable.

 

Si on ouvre l'Index Canseliet de Jean Laplace, il est vrai, certes, que Rouen n'y figure pas; mais dans celui de Bernard Allieu et Bernard Lonzième sur Fulcanelli, c'est le contraire qu'on pourra vérifier, y compris pour sa cathédrale.

 

atlantisrouen3.champagne

 

 

Ceci dit, reconnaissons volontiers que ce monument n'avait pas été jusqu'alors traité comme il convenait dans sa dimension alchimique, et donc sachons gré à Jean-Pierre, fin connaisseur et de l'alchimie et de notre belle Normandie, d'y avoir consacré l'étude générale qu'effectivement il méritait, à l'instar de ceux de Paris, d'Amiens, et d'autres sans doute.

 

"Parmi les édifices qui nous offrent des roses étoilées à six pétales, reproduction du traditionnel sceau de Salomon, citons la cathédrale Saint-Jean de Lyon...le portail de la Calende à la cathédrale de Rouen..."  (Fulcanelli, Mystère).

 

Un des intérêts de l'étude de Bollen est d'ailleurs de chercher à retrouver une parenté d'inspiration entre les divers édifices, et de dégager ainsi certaines similitudes, déjà évidentes à Paris et Amiens, puis à Chartres, et désormais aussi à Rouen.

 

Il en fournit en particulier une démonstration illustrée à propos du "combat des deux natures", que je ne reproduis pas  ici, car malheureusement certains clichés ne sont pas, à la reproduction atlantéenne, d'une qualité suffisante.

 

 

 

atlantisrouen2.champagne

 

Espérons donc que cet article pourra être repris, éventuellement en livret ou en livre, et dans l'attente contentons-nous de savourer comme il le mérite ce "bel ouvraige", au travers en particulier de deux des médaillons rouennais:

 

L'un a trait selon l'auteur, que nous suivons volontiers, à la création du monde (et ajouterons-nous pour notre part aux conditions de l'OEuvre).

 

L'autre est ainsi commenté par Jean-Pierre Bollen, à qui bien sûr nous entendons laisser ici le dernier mot:

 

"L'alchimiste de la cathédrale de Rouen a reçu le Lion Vert et il nous le montre en transmutation...Il se trouve, ici, en plein  travail de l'union du fixe et du volatil."

 

atlantisrouen1.champagne

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9 août 2011 2 09 /08 /août /2011 00:32

arsonneau1.champagne

 

Dans les mélanges offerts à Antoine Faivre (Esotérisme, gnoses et imaginaire symbolique, Peeters, Louvain, Belgique, 2001), Didier Kahn s'interroge gravement sur la présence et surtout, dit-il, sur l'absence, de l'alchimie dans l'architecture civile et religieuse.

 

S'agissant du château de Dampierre-sur-Boutonne, il a eu un prédécesseur, apparemment méconnu au surplus de Fulcanelli, qui ne le cite pas (le prédécesseur, bien sûr).

 

Avec ce livret d'André Arsonneau intitulé Chronique dressée sur le Chateau-Gaillard et Dampierre (Lafond-Debenay, Niort, 1875), nous tenons là d'ailleurs une des plus anciennes descriptions des célèbres caissons hermétiques sinon alchimiques.

 

On ne sait trop qui était cet André Arsonneau, dirait à ce stade un Robert Halleux, qu'il ait ou non comme nous la tentation de relever le double A (ou AA) de son nom, mais on connaît de ce patronyme un André Arsonneau, qui était laboureur à Dampierre de surcroît.

 

 

arsonneauDP01.champagne

S'il s'agit bien de notre homme, comme c'est possible, voire probable, on lui doit également un Almanach du bon laboureur (Saint-Maixent, Reversé, et Niort, Clouzot, 1879).

 

Las, pour AA nos fameux caissons, qu'il étudie en détail pour tâcher de justifier sa thèse, racontent en fait "l'histoire mise sous emblêmes d'un château plus ancien, lequel a existé à cent pas de là": le Château-Gaillard.

 

Son fascicule est malheureusement peu illustré, et en outre la lithographie annoncée du château de Dampierre manque à notre exemplaire, mais deux reproductions idoines nous permettront de constater qu'il est bien rare qu'on ait totalement tort, ou au contraire absolument raison.

 

Comme Fulcanelli, Arsonneau doute que les trois croissants mêlés et le double D enlaçant un H se rapportent forcément à Henri II et Diane de Poitiers (cf. notre article De Diane de Poitiers à Champagne).

 

ArsonneauDP02.champagne

A l'inverse, sa méconnaissance de l'ancienne notation "chymique" conduit André à une interprétation peu canonique et alambiquée de ces autres hiéroglyphes, respectivement du Soufre et du Feu, eux aussi  commentés dans Les Demeures Philosophales (article Champagne au colloque Canseliet), qui le fait finalement conlure à son leit-motiv intangible: l'arbre qui les porte est celui de Chateau-Gaillard.

 

Fallait-il pourtant assassiner proprement Arsonneau André comme l'a fait dans le Bulletin de 1883 de la Société des Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis (Mortreuil, Saintes, et Picard, Paris) un Louis  Audiat, il est vrai professeur de réthorique, au collège de Saintes, justement?

 

Pour lui, cette Chronique est "une grossière mystification, dont les idées et le style révèlent le faux à plein." Il est vrai qu'Audiat est lui même le distingué auteur d'une Epigraphie santone et Aunisienne (Orliaguet, Saintes, 1870), où il avait préalablement traité du même sujet.

 

Il est de fait, également, que dans son article ci-dessus mentionné il réserve l'essentiel de ses foudres à  un confrère (comme un certain docteur Arsonneau, à vrai dire), l'abbé Jules Noguès, curé de Dampierre, et à sa monographie historique et archéologique précisément intitulée Dampierre-sur-Boutonne (Hus, Saintes, 1883). Mais comme les travaux de Louis et Jules sont, eux, relevés par Fulcanelli, je vous propose d'en rester pour l'instant à l'ouvrage d'André Arsonneau.

audiatbib.champagne

 

A la décharge d'Audiat, rendons au demeurant hommage à sa consciencieuse objectivité, puisque et Noguès et Arsonneau figurent à son catalogue de 1885 de la bibliothèque de la ville de Saintes.

 

En fait, le fascicule d'Arsonneau est bien loin d'être inintéressant, et on y trouve entre autres une foultitude de notations des plus parlantes, comme cette appréciation sur les origines du nom de Dampierre. Il viendrait selon lui de Dominus Petrus, Monseigneur Pierre. "On tire encore ce mot de Dama-Petra, Pierre Dame".

 

Il rapporte également certaines des inscriptions du château, comme ces deux, dont l'une écrite en lettres dorées sur une planche détachée de l'une des deux poutres (la plus au midi) du lambris peint dans la salle des gardes, au premier étage. Là se trouve une grande et superbe cheminée à colonnes, dorée et peinte, qui porte  aussi ses inscriptions. Voici l'inscription de cette planche (André en donne le latin, puis sa traduction française, qui est la suivante):

 

"Des exploits glorieux, une âme courageuse, une bonne renommée qui ne faillit pas, des richesses médiocres, bien acquises, honnêtement accrues, ont toujours  passé pour un don de Dieu, posé au-delà des atteintes de l'envie, et devant être à toujours un titre de gloire et un exemple devant la postérité."

 

audiatarticle.champagne

 

L'autre inscription, poursuit-il, se lit sur chacun des côtés de la grande cheminée. La main de justice y porte une balance, et tient enchaînée les passions (cette fois, donnons-en le latin): DAT IVSTVS. FRENA SVPERBIS.

 

J'ai voulu ensuite collationner les légendes des caissons proprement dits, pour comparer les leçons de Louis  à celles de Fulcanelli. Au-delà de différences somme toute mineures apparemment, seules deux des notations, qui il faut le noter sont données dans le même ordre par les deux auteurs, m'ont paru nettement dissemblables.

 

Là où Fulcanelli ne lit plus que CO.PIA, Arsonneau discerne SCO.PIACA.NON et suppose vindictam po CO.PLACA.NON.  ultos manes: je demande raison; apaise les manes de celui qui n'est point vengé (article Constance de Champagne).

 

Au même article, on pourra vérifier que Fulcanelli  ne distingue pas, contrairement à Arsonneau, les lettres du phylactère acompagnant "une fleur épanouie sous un soleil ardent." Pour ce dernier, de l'inscription rongée on ne distingue que ORAS. Et il s'interroge: Faudrait-il la restaurer par flori noxoe HORAS astro ducente fervido. Un soleil ardent apporte à cette fleur des heures funestes? "Un soleil qui fait jeter à la fleur toute sa force de végétation, puis qui la brûle."

 

saintes.champagne

 

Il est curieux de relever, pour en terminer avec ce mensuel devoir de vacance, que dans ses Demeures Fulcanelli rapporte pourtant:

 

"D'après M. le docteur Texier, à l'obligeance de qui nous devons ce renseignement, les figures de Dampierre n'auraient jamais été publiées en totalité. Toutefois, il en existe une reproduction dessinée d'apès l'original et conservée au musée de Saintes.C'est à ce dessin que, pour certains motifs imprécis, nous avons eu recours afin de rendre notre description aussi complète que possible."

 

Cette reproduction est peut-être (ou non) la même que celle signalée page 130 dans le Recueil des Actes de la Commission des arts et monuments de la Charente-Inférieure - et Société d'archéologie de Saintes (1908-1912):

 

En 1909, "M. l'abbé E. Clénet signale dans le volume des Mémoires de la Société historique et scientifique des Deux-Sèvres l'hommage offert au musée de Niort par M. A. Bouneault d'un album contenant les relevés faits sur place des caissons du château de Dampierre-sur-Boutonne."

 

Ne méprisons pas, par conséquent, des contributions à la recherche comme celle d'Arsonneau, qui à propos de notre "dragon qui veille" (article Frustration de Champagne) réussit en outre à trouver des accents quasiment fulcanelliens:

 

"A diverses époques, il a été fait mention de dragons ou serpents monstrueux, vus en différents lieux, par exemple ceux de Régulus, de Saint-Georges, de Mons, de Rouen, de l'île de Rhodes, etc.

 

A ces récits de la bonne Légende, la Science, son adversaire instruit, secoue d'habitude la tête avec prétention et répond: "fable". 

 

Mais a-t-elle tout vu, cette dame la Science, non exempte aussi de se tromper, elle dont les disciples titrés donnèrent si peu de nos inventions, persécuteurs souvent du génie qui découvre?

 

Où a-t-elle pris le droit de crier "impossible!" sur telle oeuvre non réapparue de la création? Elle, éclose d'hier, envieuse et voyant si court, incapable de pénétrer seulement les mystères d'un brin d'herbe, veut-elle avoir sondé les forces premières de la Nature, et oser dire à cette épouse éternelle de l'Univers: "Tu n'as jamais eu la puissance de produire cela."

 

stolcius.champagne

Daniel Stolcius

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4 juillet 2011 1 04 /07 /juillet /2011 14:05

mysteredelamortnegrecharles.champagne

 

Le testament de Julien, nous l'avons déjà évoqué en son temps et ici même (à la fin de notre article de ce blog qui est intitulé Champagne en 1931) et nous en avons même reproduit la partie finale, ponctuée par une signature qui nous est désormais ô combien familière.

 

Le moment est sans doute venu d'y revenir, et d'en donner de nouveaux extraits, significatifs à notre sens d'une personnalité de grande qualité, et non dépourvus au demeurant d'un certain intérêt pour l'histoire de l'hermétisme contemporain.

 

Quoiqu'il nous soit parvenu complet en apparence, grâce à l'obligeance de Xavier, que nous ne remercierons jamais assez de sa générosité, il se trouve dans un état tel que nous préférons en réserver la transcription totale, en espérant que peut-être notre compère Artero voudra bien l'inclure dans la biographie qu'il compte consacrer à "Hubert."

 

Ce document olographe nous semble rigoureusement authentique, il va sans dire, et on pourra constater sans surprise excessive qu'il est adressé à la soeur de notre artiste et alchimiste, qu'il appelle ici Reine, et non Renée.

 

test1.champagne 

Cette année là, Julien Champagne se sent gravement malade et semble même se savoir être condamné à une mort qu'il pressent comme prochaine.

 

N'ayant pas de descendance prouvée à notre connaissance, il se tourne donc assez naturellemment vers "Renée", dont il paraît avoir été plus proche sur le tard que de son frère Félix, sachant qu'une brouille pourrait même avoir éloigné l'un de l'autre les deux frères, que ce fût ou non durablement.

 

Comme nous l'avons déjà constaté récemment, Reine et Julien, ainsi sans doute que son beau-frère Gaston  Devaux, ont sans doute partagé aussi certaines préoccupations alchimiques (cf. Esmeralda de Champagne). 

 

En tout cas, nous allons bientôt pouvoir vérifier ensemble à quel point Champagne croyait pouvoir se fier à sa soeurette, et à quel point également il a eu raison de le faire.

 

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Bien évidemment, il n'est pas question d'alchimie stricto sensu dans ces quatre feuillets, mais au delà du fait que Julien cherche bien sûr à rassurer Reine et à la consoler, c'est toute une philosophie de la vie et de la mort qui s'y exprime librement, et presque joyeusement.

 

On y retrouve donc sans peine les conceptions et les valeurs propres à l'hermétisme et partagées avec bien des ésotérismes, pour lequel (et lesquels) la mort corporelle est finalement surtout un passage obligé vers une forme de renaissance.

 

Pour sa part, l'esprit, que Champagne estime être forcément ailé, aura dès lors accès à  la connaissance totale, non seulement du continuum matière-espace-temps, mais du mystère de la destinée de l'homme.

 

Faute d'avoir complètement abouti dans son entreprise alchimique, "Hubert" en réaffirme donc les fondements principaux et ce que la Science ne lui a pas offert, il espère simplement que la Religion le lui apportera.

 

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Cette mort qui est communément considérée comme un scandale, et dont on veut parfois imputer la responsabilité de l'existence au Créateur même, Julien se la représente donc comme une authentique bénédiction.

 

Pour lui elle est l'expression même de la mansuétude divine, puisqu'aussi bien en naissant nous sommes -chaque jour- condamnés à mourir.

 

Et c'est bien sûr la vision traditionnelle qui conclut en définitive cette démonstration de sagesse si bien sentie: Les élus (oserons-nous ajouter: enfants d'Elie?) ont pour domicile le ciel.

 

On le voit, tel membre de la famille d'Eugène Canseliet (je crois me souvenir qu'il s'agit de sa fille Isabelle), avait bien raison, ayant lu certaine correspondance émamant de Champagne, de conclure à l'expression qu'elle y a trouvé d'une belle individualité.

 

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Maintenant, il m'est impossible de continuer à passer sous silence plus longtemps le fait que Jean-Julien a donné à sa soeur aimée des instructions particulièrement nettes sur la façon dont il comptait être enterré.

 

Comme on pourra le vérifier en relisant mon article "Renée Devaux et Julien Champagne", Reine s'en est fait ensuite l'écho on ne peut plus fidèle dans sa lettre bien connue à René Schwaller, qui s'était offert à financer la sépulture de son ami.

 

Est-elle bien fleurie, désormais, la tombe de notre "apôtre de la science hermétique"? Et qui, dans la descendance de Renée, de Félix, ou autre, me rejoindra quand je prône, avec Ibrahim notamment, la restauration de la stèle voulue par Champagne, et mystérieusement disparue il y a quelques années?

 

Comme ce blog a aussi ou surtout pour objet d'honorer sa mémoire, je crois qu'il fallait que ceci soit de nouveau rappelé, puisqu'il en a notamment encore été question au récent colloque Fulcanelli.

 

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Comme je viens de mentionner Schwaller, dit Aor, au "nom de lumière et d'or", nous allons à ce stade entrer dans des détails apparemment triviaux du testament de Julien, où sont également mentionnées de petites sommes d'argent.

 

Mais en fait, nous trouvons ici bien plutôt la confirmation du lien très fort qui unissait Julien à René, lien que nous avons souligné à maintes reprises.

 

Champagne a donc été rétribué après sa prise de fonctions comme directeur technique des laboratoires Suhalia, fondés en Suisse par Schwaller, et à l'existence relativement éphémère.

 

Il me semble que ce fait n'était pas bien connu jusqu'alors, il est désormais établi comme il méritait de l'être, et nous avons ici à nouveau devant nous un autre Julien que, par exemple, "l'ingénieur de Nicolas II" du fameux traîneau à hélice: Le scientifique, le chercheur, le chimiste.

 

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Le legs enfin, consenti à Reine par Champagne, dont nous n'évoquerons pour l'instant qu'une partie, est visiblement très large, même si ses biens matériels restent modestes.

 

Il s'accompagne de quelques dons divers, comme un portrait laissé à une dame Bergeron, sur qui et sur lequel on aimerait en savoir plus.

 

Il va de soi que l'oeuvre du peintre et dessinateur revient ainsi, dans son ensemble, à sa soeur, mais Julien lui laisse aussi la propriété de ses livres.

 

Nous savons donc désormais qui a hérité légalement et directement de l'ensemble de la bibliothèque de Julien Champagne.

 

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Eugène Canseliet, qui fut l'élève et l'ami d'"Hubert" pendant presque vingt ans, n'est cependant pas oublié. Outre le fait que le premier avait prêté au second des ouvrages que Reine est chargée de lui restituer, elle pourra aussi, précise Champagne, lui donner les livres dont elle n'aurait pas l'usage.

 

Et puis Julien laisse à Eugène ce mystérieux fichier, comme déjà indiqué, et comme prouvé désormais, fichier qui ne peut être à mon avis qu'alchimique et dont on peut, et même on doit, continuer à sa demander ce qu'il est devenu.

 

Comme ceux de Fulcanelli, de Canseliet lui-même...

 

Je m'en voudrais, finalement, de ne pas mettre en garde contre les interprétations erronées et éventuellement malveillantes qui pourraient être faites de l'expression "brave garçon" utilisée par Champagne à propos d'Eugène: Il convient selon moi de la prendre dans un sens positif, celui de la bienveillance, justement, d'un ami aîné pour son disciple, et cadet de plus de vingt années.

 

gaia.champagne

 

On retrouvera avec plaisir Julien Champagne, Eugène Canseliet et bien sûr Fulcanelli dans le numéro spécial que la revue Planète Gaïa vient en juin 2011 de consacrer à l'alchimie.

 

C'est toujours une joie pour nous de saluer la parution d'une nouveauté significative dans notre domaine de prédilection, même si nous regrettons que Jean-Julien y soit très injustement qualifié de "rapin", ce que vient opportunément démentir, aux yeux de tous, le choix de la couverture de cette livraison, représentant bien sûr le magistral Vaisseau du Grand OEuvre de Champagne.

 

On pourra donc lire avec intérêt dans cette publication les articles que Planète Gaïa a réunis sur la Science des Sciences, en particulier et dans l'ordre alphabétique ceux de Georges Combe sur Le voyage alchimique de Patrick Burensteinas, de Geneviève Dubois sur Henri Coton-Alvart, d'Arnaud de l'Estoile sur Roger Caro et la voie dite du cinabre, enfin de Richard Khaitzine (conseiller de rédaction) sur L'histoire moderne de l'alchimie.

 

Ce dernier article, notamment, comporte une chronologie détaillée qui pourra rendre d'éminents services à certains chercheurs.

http://www.planetegaia.com (Internet)

http://www.planetegaia.fr (blog)

contact@planetegaia.com (courriel)

 

trismosin.champagne.ipg

 

Bon été à chacune et à chacun, qu'il soit illuminé pour vous par la splendeur du soleil.

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5 juin 2011 7 05 /06 /juin /2011 23:22

claviculegutenberg.champagne

 

Après le décès de Julien Champagne, en 1932, on pouvait craindre que nonobstant son testament en faveur de sa soeur Reine (Renée) Devaux, la bibliothèque d'"Hubert" ait été dispersée, d'autant que certains familiers ont pu y avoir accès, de son vivant ou plus tard.

 

Pensons ici, notamment, à Jules Boucher. Ces craintes peuvent être partiellement confirmées par la récente découverte, dans une bibliothèque d'outre-Atlantique, d'un manuscrit alchimique ayant appartenu à Champagne.

 

Sachons d'abord gré de cette trouvaille à L'Homme de Tête, dont les mérites en hermétisme ne sont plus à démontrer, de toute façon, de même que sa prodigieuse discrétion. Il est vrai que les deux vont souvent de pair.

 

Et reconnaissons aussi les mérites, et du collectionneur avisé qui a su faire profiter de ses trésors une "public library" digne de ce nom, et des conservateurs de cette institution nord-américaine pour leur érudition, une érudition remarquable qui leur a, entre autres, permis d'identifier formellement et expressément un des ex-libris de Julien (qui fut réalisé par lui en 1906).

 

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Précisons d'emblée qu'il s'agit bien entendu pour nous de complimenter par là publiquement la Houghton Library de l'Université Harvard de Cambridge (Massachusetts, Etats-Unis d'Amérique).

 

Comme on le verra ci-dessous, ces "librarians", qui décidément font honneur à leur honorable corporation, ont de même su conserver la mémoire de l'origine de leur acquisition. Si je les suis bien, celle-ci remonte à 1940 (quelques années donc après la disparition de Julien Champagne) et a été permise par un financement du fonds Peter Paul Francis Degrand (originaire de Boston, 1787-1855) pour l'acquisition d'ouvrages scientifiques français.

 

Mais notre étonnement va grandissant quand nous constatons qu'avant Julien Champagne un premier détenteur du manuscrit alchimique a tout simplement été Rémi Pierret, alchimiste parisien du dix-neuvième siècle, si nous en croyons du moins la mention vraisemblablement autographe portée à l'encre rouge dès les premières pages du traité.

 

De nos jours peu usitée, cette encre a aussi été utilisée par "Hubert" pour annoter certains de ses livres, et surtout, elle a effectivement été employée par ailleurs par Pierret lui-même.

 

Clavicule01.champagne

 

Cela, Hélias nous l'a rappelé, nous le savions déjà grâce à Alkest, qui dans son forum  alchimique de La Librairie du Merveilleux a bien voulu reproduire la page de garde de l'ouvrage Histoire de la Philosophie Hermétique, de Nicolas Lenglet Du Fresnoy, dont Rémi possédait le second tome de l'édition (originale) de 1742.

 

Cette fois, Rémi Pierret a agrémenté son livre de son nom, suivi de trois points probablement maçonniques que l'on retrouve d'ailleurs, non plus en triangle, mais à l'horizontale, dans notre manuscrit "américain."

 

Comme nous n'en saurons pas plus dans l'immédiat sur la provenance exacte du dit manuscrit, en 1940, nous sommes donc conduits à nous interroger sur la façon dont il a pu passer de Pierret à Champagne.

 

Et pour cela à regarder dans un premier temps du côté de Rémi Pierret, de qui hélas nous connaissons très mal la biographie.

 

Clavicule02.champagne.

 

En effet, force est de constater que l'essentiel des sources écrites est à ce jour concentré dans le si utile petit volume de Victor-Emile Michelet, Les Compagnons de la Hiérophanie (on aura noté le C.H., Michelet est aussi l'auteur d'un Le Secret de la Chevalerie).

 

Ces "souvenirs du mouvement hermétiste à la fin du XIXème siècle", rédigés par un des siens, ont été publiés par Dorbon-Aîné (s.d., généralement considérés comme de 1937), et réédités à Nice par Bélisane en 1977.

 

Michelet (1861-1938) y évoque la figure de Pierret à l'occasion de son éloge d'Albert Poisson, autre alchimiste moderne favori de Julien Champagne, auquel nous avons déjà consacré un article de ce blog:

 

"Est-ce Poisson qui découvrit Rémi Pierret? En tout cas il fut un des visiteurs familiers de ce curieux homme, concierge d'une maison qui ne paraissait certes pas luxueuse. Il était savetier de son métier. Or, dans sa loge, voisinant avec les plaques de cuir et les souliers rapetassés, couvrait les murs une des plus belles bibliothèques d'alchimie du XIXème siècle."

 

Clavicule08.champagne

 

"Dans son étroite loge aux fumets coriaces, poursuit Michelet, je me suis assis près du pied de fer à côté d'Albert Poisson, Guaïta, Papus, Marc Haven, et nous causions avec l'amical savetier comme avec un bon compagnon d'études.

 

Le pauvre Rémi Pierret eut la douleur d'être contraint à vendre ses chers livres. Il s'en défaisait peu à peu, le coeur gros. La plupart allèrent chez Guaïta et Papus."

 

Michelet ajoute que Poisson, parfois présenté par ailleurs comme un disciple de Pierret, avait lui-même constitué une précieuse bibliothèque qu'il légua à Papus et Marc Haven.

 

Clavicule03.champagne

 

Dans son essai sur L'alchimie en Espagne à l'époque moderne (Azogue, Madrid, 2007), José Rodriguez Guerrero évoque l'influence de Pierret sur Poisson et affirme que "les manuscrits du cordonnier Pierret sont actuellement dispersés dans des bibliothèques du monde entier:"

 

http://www.revistaazogue.com/Azogue5-12.pdf

 

Il cite, références à l'appui, la Wellcome Library de Londres, la Bibliotheca Philosophica Hermetica d'Amsterdam, et bien sûr la Houghton Library (mais apparemment pour un autre manuscrit, le MS Fr 561).

 

D'autres livres, de Pierret ou non, pourraient donc, notamment dans ces bibliothèques, porter un ex-libris de Julien Champagne.

 

pierretLL.champagne

 

Quoi qu'il en soit, si on suit Guerrero quand il affirme que Rémi Pierret est né en 1820 et décédé en 1893, il semble peu probable que Champagne, né lui en 1877, ait pu connaître personnellement celui que Poisson appelait, paraît-il, "le dernier alchimiste parisien."

 

On en est donc réduit pour l'heure aux conjectures, et à pointer du doigt, en particulier, une librairie telle que La Librairie du Merveilleux, de Lucien Chamuel puis de Pierre Dujols et Alexandre Thomas, tous deux amis proches de Julien Champagne, et à laquelle furent liés les Papus, Guaïta, Poisson, Haven, ci-dessus mentionnés.

 

Simplet vient au demeurant de nous prouver que d'autres ouvrages ayant appartenu à Champagne ont bel et bien échappé à ses héritiers, à moins qu'ils ne s'en soient défaits, puisqu'il a retrouvé dans un catalogue de 1982 de l'excellente Librairie du Graal (Paris), au milieu d'un lot de livres dûs à François Jollivet-Castelot (1868-1939), un exemplaire annoté par "Hubert" de La Science alchimique (Chacornac, 1904).

 

Il est vrai que nous avons pu constater, avec la récente publication de La Vie Minérale (manuscrit de 1908) de Julien Champagne (Les 3R, Le Mesnil Saint Denis, 2010) combien la pensée de Julien fut proche, à un certain stade, de celle de François, auquel un article de ce blog est d'ailleurs dédié.

 

libgraaljuin1982.champagne

 

Pour en revenir à La Clavicule de la Science Hermétique, ce rare traité anonyme du XVIIIème siècle est souvent considéré comme un classique.

 

On arrive encore à s'en procurer des éditions anciennes, certes à prix d'or, comme à la remarquable et bien connue librairie parisienne L'Intersigne, ou récemment encore à la non moins remarquable échoppe L'Escalier des Sages (Colombes).

 

Ecrit en latin en 1732, ce traité fut originellement publié en 1746 à Marburg, puis en 1751 à Amsterdam, avec traduction française en regard. Elle fut rééditée en 1786 (s.l.) puis a été rendue de nouveau disponible par Jean-Claude Bailly (1985) et Gutenberg Reprints (2006).

 

On  pourra en trouver un aperçu gratuit mis en ligne, toujours en 2006, dans EzoOccult:

http://www.esoblogs.net/3323/la-clavicule-de-la-science-hermetique/

 

Clavicule04.champagne

 

Parfois réputé islandais ou norvégien, son auteur, fidèle à l'anonymat de la Tradition, pourrait selon Hjalmar Fors être en fait le comte suédois Gustav Bonde (1682-1764), ou au moins avoir été lié à lui:

http://www.euchems.org/binaries/33_Fors_tcm23-139378.pdf

 

Son opuscule ne paraît pas avoir été cité par Eugène Canseliet, mais il apparaît brièvement, et par deux fois, dans Les Demeures Philosophales de Fulcanelli.

 

La première est une citation de La Clavicule par l'auteur du Mystère des Cathédrales qui reste apparemment de portée assez générale, à propos de la difficulté qu'on éprouve à déchiffrer l'énigme alchimique:

 

"Mais voici la première et véritable cause pour laquelle la nature a caché ce palais ouvert et royal à tant de philosophes, même à ceux nantis d'un esprit très subtil; c'est que, s'écartant dès leur jeunesse du chemin simple de la nature par des conclusions de logique et de métaphysique, ils s'imaginent et jurent que cet art est plus profond, plus difficile à connaître qu'aucune métaphysique, quoique la nature ingénue, dans ce chemin comme dans tous les autres, marche d'un pas droit et très simple." 

 

Clavicule05.champagne

 

La seconde mention du même traité par Fulcanelli pourra, elle, apparaître comme plus signifiante, en même temps qu'elle va nous rapprocher de Julien Champagne.

 

Cette fois, il ne s'agira pas d'une citation, mais d'une sorte de renvoi à La Clavicule, évidemment en forme d'approbation.

 

Pour Fulcanelli, en effet, la croix, ou X, ou dix, est le nombre complet de l'OEuvre, "car l'unité, les deux natures, les trois principes et les quatre éléments donnent la double quintessence, les deux V, accolés dans le chiffre romain X, du nombre dix.

 

Dans ce chifre se trouve la base de la Cabale de Pythagore, ou de la langue universelle, dont on peut voir un curieux paradigme au dernier feuillet d'un petit livre d'alchimie."

 

Clavicule06.champagne

 

Et Fulcanelli de renvoyer de nouveau à La Clavicule, ici encore dans son édition néerlandaise de 1751 (il cite alternativement le titre français et celui latin: Clavicula Hermeticae Scientiae, ab hyperboreo quodam horis subsecivis consignata Anno 1732).

 

Voici pourquoi nous avons choisi de reproduire la Cabale en question, en espérant pouvoir nous prévaloir de l'aimable autorisation de la Houghton Library.

 

On pourra constater de la sorte combien la synthèse magistrale de Fulcanelli s'accorde parfaitement avec le point de vue (un peu plus) développé par notre anonyme...scandinave.

 

En effet, ce dernier n'hésite pas pour sa part à cabaliser davantage que son successeur gaulois, et à assortir les V et X relevés par Fulcanelli d'un L qui lui permet de composer LVX, autrement dit lux, lumière.

 

Clavicule09.champagne (2) 

Quant à Champagne, et bien, en parcourant le Corollaire ci-dessous, nous pourrons nous persuader que ce que l'auteur de La Clavicule attend du Géomètre a dû fortement l'inspirer.

 

"Que le Géomètre, lisons-nous, apprenne de là que la quadrature du cercle et le mouvement perpétuel scavoir par la circulation des quatre éléments."

 

Telle est, commentera plus tard "Hubert" en marge d'un livre de l'astronome Théodore Moreux (L'alchimie moderne, 1926) une définition possible de la pierre philosophale.

 

Pemettez-moi de vous rappeler sur ce point précis notre récent article intitulé Champagne astronomique.

 

Clavicule09.champagne (1)

 

De façon non moin récente, l'actualité alchimique reste toujours aussi intense, aussi bien en France que dans d'autres pays.

 

Dans le notre, Thierry Garnier et ses éditions Arqa poursuivent vaillamment leur route, en  publiant un texte inédit d'Eugène Canseliet sur la Table d'Emeraude, présenté par Cédric Mannu, et en nous proposant des clichés de laboratoire dûs à Roger Bourguignon.

http://www.editions-arqa.com/editions-arqa/

 

Réjouissons nous également comme il convient de la naissance des éditions Alkemia, de Pierre Alexandre Nicolas:

http://www.alkemia.fr/page_alkemia.htm

 

En Italie, Captain Nemo vient de faire paraître une belle édition critique des Récréations Hermétiques d'un anonyme français du XIXème siècle, qui par un juste retour des choses mériterait bien d'être "translatée" de l'italien.

http://www.lulu.com/product/hardcover/récréations-hermétiques/15348795

 

CNrécréations.champagne

 

Saluons donc en cette occasion la belle vitalité de "l'école italienne", animée notamment par les disciples du regretté Paolo Lucarelli, lui-même élève d'Eugène Canseliet, dont on pourra notamment consulter avec profit les Lettere musulmane, riflessioni sull'Alchimia (Magnanelli, Torino, 1998).

 

A sa suite, outre Nemo, d'autres alchimistes continuent de publier sub rosa, tel Gratianus dont il convient de citer Incontri con il maestro, introduzione all'alchimia operativa (Magnanelli, Torino, 2000) et Verso l'arca d'argento, i mesteri del cammino di Santiago (Mimesis, Milano, 2011).

 

Enfin, n'oublions pas non plus, pour autant, les anciens qui nous précédèrent sur le chemin, à quelque siècle qu'ils appartiennent et quelque soit leur nation, leur langue ou leur obédience.

 

Parmi ceux-ci, je voudrais citer en conclusion de cette épistole mensuelle le Suisse C.G. Jung, dont la riche bibliothèque alchimique nous est désormais au moins partiellement rendue accessible, Jung dont comme celui de Champagne et d'autres l'ex-libris est particulièrement suggestif.

http://www.e-rara.ch/alch/nav/classification/1133851?offset=1

 

CGJ.champagne

Carl Gustav Jung

pcc ARCHER

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9 mai 2011 1 09 /05 /mai /2011 19:14

armes-valentin.andreae.champagne 

 

SG.champagne

 

Les armes parlantes de Johann Valentin Andreae nous aideront peut-être à bien rendre compte du récent colloque Fulcanelli, qui s'est tenu le 7 mai 2011 au Pradet, dans le Varois français, colloque où après tout il a aussi été question non seulement d'Héliopolis, mais aussi de R+C.

 

Disons d'emblée que cette première mondiale semble avoir été un sucès complet, de l'avis général, et que nous ne pouvons ici que nous en féliciter.

 

Parfaitement organisée par la librairie toulonnaise La Table d'Hermès, d'Antoine Palfroy, en outre président de l'Association de la Société Savante Amicale (ASSA), et par les Editions de la Pierre Philosophale, de Serge Goasguen, la journée consacrée au séminaire s'est déroulée dans une excellente ambiance, associant bonne humeur et ouverture d'esprit.

http://www.librairie-tablehermes.com/fr/

 

Les quelque cent auditeurs payants recensés témoignent à eux seuls de la vitalité du courant alchimique, non seulement en France métropolitaine, mais aussi en Europe (Belgique, Danemark, Espagne, Suède...) et en Amérique (Antilles françaises, Equateur, Etats-Unis...) notamment.

 

Parmi les rencontres informelles qu'il était possible de réaliser tout au long de la session, mentionnons dans l'ordre alphabétique celles de Franck Agier, Daniel Bleux, Christer Böke, Jean-Luc Chaumeil, Bernard Chauvière, Frédérick Coxe, Daniel Dumolard, Geneviève Dubois, Pierre-Alexandre Nicolas, Philippe Subrini...

 

Les "conférenciers" nous ont appris que, dans l'attente de la publication écrite des actes du colloque, prévue dans quelques mois, Baglis TV mettrait en ligne, dans quelques semaines, certaines au moins des prestations effectuées.

 

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Le programme prévu a été intégralement respecté. Jean Artero (Présence de Fulcanelli, 2008 et Alchimie de Lesseps, 2010, parus chez Arqa) a commencé par caractériser l'alchimie de Fulcanelli, qui pour lui est avant tout une alchimie de la lumière.

 

Puis Patrick Burenteinas, auteur notamment de Le disciple, trois contes alchimiques (2004) et de De la matière à la lumière (2009), ouvrages parus au Mercure Dauphinois, qui intervenait en lieu et place de Walter Grosse, finalement retenu au Portugal, a concentré son propos sur le fait qu'en alchimie opérative, s'il n'y a qu'une lumière, il y a des ténèbres: L'alchimie est donc bien une quête de la lumière dans la matière.

 

Christian Dumolard (Croquis alchimiques du plafond de l'hotel Lallemant à Bourges, L'Or du Temps, 1982 et 1991) s'est ensuite interrogé sur le sens des erreurs apparentes qu'il a décelées dans l'oeuvre écrite de Fulcanelli, notamment en matière architecturale, ainsi que sur la signification de certaines anomalies ou silences fulcanelliens.

 

Michel Dziwak, auteur de Voir les étoiles au fond du puits (La Pierre Philosophale, 2011) a mis à son tour en perspective la relation complexe qui s'est depuis quelques siècles instaurée entre la science officielle et l'alchimie.

 

Enfin René Lachaud (L'Egypte ésotérique des Pharaons, Trajectoire, 2008) a fourni à l'auditoire une démonstration sur une alchimie égyptienne bien plus ancienne et sophistiquée qu'on ne le croit généralement.  S'il se confirme qu'il prépare un livre à ce sujet, la lecture devrait en être passionnante.

 

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Et Julien Champagne dans tout ça? Nous y venons. D'abord, plusieurs intervenants (Artero et Dumolard au moins) ont plaidé pour une reparution des ouvrages de Fulcanelli tels qu'il les approuvés, c'est-à-dire non  seulement avec le texte d'Eugène Canseliet, mais aussi avec les illustrations d'"Hubert": Affaire à suivre.

 

Ensuite, un temps fort du colloque a incontestablement été la présentation par Phillipe Buchelot (Belgique) du livre de Filostène (Fulcanelli exhumé, La Pierre Philosophale, 2011).

 

Dans cette publication se trouve la reproduction d'une lettre de Pierre Dujols à Paul Decoeur qui vient manifestement à l'appui de la thèse de Walter Grosse, déjà examinée ici-même, et d'ailleurs récemment reprise par son auteur (Le puzzle Fulcanelli, La Pierre Philosophale, 2011): Fulcanelli ne serait autre que Decoeur.

 

Datée de 1911, la missive de "Magophon" est très troublante, puisqu'il y qualifie Decoeur de Vulcain Solaire, en le complimentant de son succès en alchimie, intervenu à ce qu'il dit deux ans plus tôt (1909).

 

pdfilostene.champagne

 

Probablement authentique, ce document n'est pas pour autant définitivement probant. Vulcain Solaire est-il bien Fulcanelli? Ce dernier est il arrivé au bout de sa quête en 1909 (cela semble précoce)?  Si Decoeur est Fulcanelli, son décès en 1923 pour l'état-civil est-il compatible avec l'activité postérieure de Fulcanelli (1924, assiste aux obsèques d'Anatole France, 1925, approuve la préface de Canseliet au Mystère des Cathédrales, etc)?

 

Mais à l'inverse, il est impressionnant de contater que Dujols et Decoeur sont liés, et liés en alchimie. D'autant que l'épistole de "Magophon" à "Vulcain Solaire" est adressée aux bons soins de Charles de Lesseps, fils de Ferdinand, ce que Filostène explique par le fait que Decoeur serait en fait  secrètement apparenté aux Lesseps. Voici donc pour la première fois à notre connaissance établi le lien Dujols-Lesseps.

 

Filostène paraît d'ailleurs avoir accès à une documentation sur cette époque, dont il n'utilise qu'une partie dans ce livre, et qui lui viendrait indirectement d'un secrétaire de Dujols. C'est ainsi qu'il nous gratifie de documents aparemment inédits, comme le portrait reproduit ci-dessus de "Magophon" en 1885, ou celui (ci-dessous, non daté dans le livre)...du père de Julien Champagne.

 

Ce dernier, cocher chez les Lesseps depuis 1896, aurait ensuite fait entrer Julien à leur service. Alphonse Hubert Champagne est qualifié au verso du cliché de "fiacre et messager fidèle de Charles de Lesseps."

 

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Pour en revenir à la correspondance de Dujols, finalement, Julien Champagne y est bel et bien mentionné, et pas sur un mode mineur, puisque nous y trouvons la confirmation de l'existence d'une étude (alchimique?) sur la cathédrale de Chartres, que Dujols a "rendue" à Champagne.

 

La fin du paragraphe est particulèrement étonnante: Dujols avoue à Decoeur qu'il ignore si Champagne compte s'en inspirer pour un texte à publier sur cette cathédrale, et paraît solliciter l'avis de Decoeur.

 

Quoiqu'il en soit, on voit bien ici la force de la relation Dujols-Champagne (et on ne peut que s'interroger sur l'auteur des quinze feuillets dont il s'agit, même si ce n'est en principe ni Champagne, ni Decoeur). Cette étude actuellement disparue pourrait avoir constitué un projet pour un possible chapitre Chartres du Mystère des Cathédrales.

 

chartres.filostene.champagne

 

Toujours dans la lettre à Decoeur, Dujols paraît mentionner leur maître commun en alchimie, "notre bon vieux maître, véritable Chouan  et disciple breton des anciens druides."

 

Ce chouan a été identifié par Filostène et Nicodème (Le Maître secret de Fulcanelli, La Pierre Philosophale, 2011) comme étant le Nantais Pierre Aristide Monnier (1824-1899), auteur notamment du traité alchimique Clef de Saint-Jean et de Michel de Nostredame (Mazeau, 1872 et Arma Artis, 1983), dû en apparence à un certain "M.A. de Nantes."

 

L'excellent livre de Nicodème a fait l'objet au colloque d'une non moins remarquable communication d'Eric Calendrier. Décidémment, les éditions de La Pierre Philosophale viennent de prendre un beau départ, avec aussi, toujours en 2011, La clé alchimique de l'oeuvre d'Hergé, d'Etienne Badot, et...La pierre philosophale scientifique, de Walter Grosse.

http://lapierrephilosophale.free.fr/editions/index.html

 

Notre conclusion sera donc simple: des colloques comme celui-ci, on en re-de-mande!

 

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VIIIèmeclef.XVIIèmeS.champagne

 

Les deux ARCHERs de Basile Valentin,

premier ou véritable initiateur, resté anoNyme, de Fulcanelli

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1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 17:17

durer.champagne

 

Albrecht Dürer fut il affilié à l'ordre écossais du Chardon mentionné par Fulcanelli dans ses Demeures Philosophales, au chapitre consacré au palais Holyrood d'Edimbourg, palais déjà "maltraité" à deux reprises dans notre petit bloc-notes?

 

En tout cas pour Fulcanelli cet ordre, créé en 1540 par Jacques II, roi d'Ecosse, se composait originairement de douze chevaliers, comme toutes les fraternités dérivées de la Table ronde.

 

Selon lui, cette Chevalerie ne fut pas complètement étrangère, en effet, à l'édification du curieux Sundial du palais qu'il étudie dans ce chapitre, et il en trouve la preuve dans la présence, sur plusieurs faces du solide, de l'emblème du chardon.

 

On y compte en effet, observe-t-il, six capitules floraux et deux tiges fleuries de l'espèce dite serratula arvensis. Et d'ajouter: "Ne peut-on reconnaître dans la prépondérance évidente du symbole, l'affirmation d'un sens secret imposé à l'ouvrage et contresigné par les Chevaliers?"

 

Cette étude fulcanellienne clôt en fait l'édition originale des Demeures (Schemit, 1930). Or, dès 1926, nous trouvons son "illustrateur" Julien Champagne tout occupé du symbole en question, si on en croit une pièce d'archive familiale inédite que je vous propose d'explorer maintenant avec vous (je vous laisse à penser de quelle famille il s'agit).

 

Comme ce document non signé comporte deux écritures différentes, qu'elles appartiennent ou non à la même personne, je livre ci-contre à votre examen des spécimens des graphies considérées, dont l'une fait immédiatement suite à l'autre.

 

Et je soumets à votre sagacité la transcription intégrale de ce document, en rejetant mes quelques commentaires à la fin de celui-ci:

 

sundialXIX.champagne

 

Première écriture

 

"23 juillet 1926

Hier, j'ai reçu ta bonne lettre et aujourd'hui le rouleau contenant l'Illustration (interpolation d'Archer: il s'agit ici manifestement de la revue portant ce titre). L'une et l'autre m'ont fait le plus vif plaisir et je t'en remercie beaucoup.

 

La carte postale de Stirling, avec l'image de la maison fatale, est bien intéressante. Mais je regrette de causer tant de souci à ton aimable correspondant, d'autant que je vais malheureusement être obligé de faire encore appel à sa sollicitude.

 

C'est à propos du cadran solaire du palais Holyrood d'Edimbourg, et j'aurais besoin de quelques précisions à son sujet. Voilà deux mois environ que je l'étudie et j'ai fini par en découvrir la clé. Il est bien entendu que ce fameux "Sundial" n'a jamais été une oeuvre de gnomonique. J'ai vu du premier coup à quelle science il se rapportait.

 

Restait à l'analyser. Par malchance, sur les trois faces latérales de l'icosaèdre (il en compte dix), je n'en ai qu'une de visible, la seconde est vue obliquement et la troisième complètement noyée dans l'ombre. Sur l'unique face, voici ce que l'Initié peut lire (en grossissant l'image de trois diamètres): "...et ajoute un grain de cire (trois grammes quatre-vingt-deux) et jette sur Mercure..."

 

JCsundial19261.champagne

 

Cela est écrit en caractères hiéroglyphiques si peu connus qu'il n'y a peut-être pas dix personnes au monde qui les puissent traduire. D'ailleurs l'expression de cadran solaire donné à ce polyèdre est, cabalistiquement, exacte. (Ici un mot grec), voisin du mot (mot grec) dans la langue des Oiseaux, signifie le "développement en cercle des replis du grand serpent", ce qui équivaut à la "marche du soleil dans l'OEuvre de la Création."

 

Le cristal en question est donc bien l'indication hiéroglyphique du grand-oeuvre solaire, lequel comporte, en effet, dix parties, dix clefs ou opérations. C'est la dernière ou l'avant-dernière que je t'ai traduite.

 

Il me faudrait les autres, ou tout au moins les signes (très simples) qui figurent sur les autres faces. Or deux difficultés se présentent. Premièrement je désire ne pas donner la raison exacte capable de motiver ma demande. En second lieu il est possible qu'il n'existe pas d'autre carte ou photo dans le commerce.

 

A ces deux restrictions on peut en ajouter une troisième, celle d'une accessibilité réservée. J'ai en effet tout lieu de croire, étant donnée la conservation parfaite du petit édifice (il a environ trois mètres de haut et le polyèdre cinquante centimètres) qu'il se trouve placé au milieu d'une propriété particulière et que sa visite est soumise peut-être à quelque autorisation préalable.

 

Cela m'a beaucoup tracassé, mais j'ai pris le parti d'essayer malgré tout. Je vais donc demander à notre brave Ecossais s'il lui serait possible, ou de se procurer des photos, ou d'inscrire lui-même, à pied d'oeuvre, les signes inconnus sur un graphique dessiné d'avance et qui accompagnera ma demande.

 

Afin d'éviter toute erreur de compréhension, je ferai traduire ma lettre en langue anglaise et il pourra répondre dans la même langue. Un camarade, scientifique et professeur d'anglais, se chargera de la remettre en français.

 

Tu recevras donc, dans quelques jours, ces documents, et tu pourras les expédier à ton brave correspondant, en y ajoutant un mot si tu le juge nécessaire...L'apostille n'est jamais de trop et la recommandation joue un rôle important à notre époque."

 

Deuxième écriture

 

"D'où vient cert édifice et quel en a été le promoteur? C'est là un point mystérieux et que personne peut-être ne saurait solutionner. J'ai tout lieu de penser qu'il y eut, vers la fin du seizième siècle et le début du dix-septième, un véritable centre d'initiation écossaise à Edimbourg.

 

Il se pourrait que l'adepte connu sous le nom de Sethon, lequel révolutionna la Bavière et le Hanovre en 1602 par ses projections, soit sorti de cette fraternité ou y ait été affilié. En effet, Louis Figuier donne un document par lequel un certain Haussen, pilote hollandais, ayant fait naufrage en 1601 sur les côtes d'Ecosse, et à quelques kilomètres d'Edimbourg, fut sauvé par un alchimiste qui avait, de sa maison, assisté au naufrage.

 

Cette demeure, construite sur le rivage, s'appelle encore Sethon House, et Haussen, devenu l'ami de son sauveur, déclare avoir vu plusieurs fois Sethon transmuter devant lui, tant à Sethon House que chez lui, à Rotterdam.

 

Sethon, martyrisé en 1603 par l'Electeur de Saxe, serait mort en décembre 1603 ou janvier 1604. Le cadran d'Edimbourg serait postérieur de trente ans, mais pourrait avoir été conçu par l'un des disciples de Sethon, affiliés comme lui au centre d'Edimbourg.

 

Mais ce sont là choses bien abstraites et qui peuvent ne pas t'intéresser énormément. Pour moi, ma vie actuelle se passe dans ces abstractions, et j'y trouve le seul plaisir que m'accorde ma mauvaise et pénible destinée.

 

JCsundial19262.champagne

 

Quant à jouer un rôle quelconque dans le monde, à moins que ce ne soit par les ouvrages que je laisserai, et la Fraternité d'Héliopolis dont je suis le chef inconnu, l'âge et la santé ne me le permettent pas. C'est à revivre maintenant dans mes oeuvres que je tâche de m'appliquer, et c'est dans ce sens que j'use mes dernières forces, intellectuelles et physiques.

 

Ce n'est plus à cinquante ans, âge de la retraite pour les privilégiés de la fortune et du sort, que l'on peut espérer refaire son existence. Ce n'est plus à soi qu'il faut songer, tandis que la pierre du sépulcre s'entrebaille, mais aux jeunes, aux forts, à ceux qui ont devant eux la vie, l'espoir, l'enthousiasme. Si je parviens à réaliser ce dessein, je partirai satisfait, aussi heureux qu'on peut l'être en ce bas monde."

 

Les lecteurs et lectrices averti(e)s auront, cher Filostène, reconnu dans ces derniers paragraphes les lignes déjà mentionnées par Jean Artero dans son Alchimie de Lesseps. A-t-il raison ou pas de les relier à Julien Champagne? A chacun de se faire son opinion.

 

Quant à la mienne...je trouve pour ma part que les aspects historiques développés ci-dessus concernant Holyrood concordent pour le moins avec ceux avancés par Fulcanelli dans les Demeures.

 

A propos des concordances hermétiques éventuelles, cette fois, je relèverai simplement dans ce dernier ouvrage l'assertion suivante: "Le mot grec gnomon possède un autre sens que celui de l'aiguille chargée d'indiquer, par l'ombre projetée sur un plan, la marche du soleil. Il désigne aussi celui qui prend connaissance, qui s'instruit...l'éclairé."

 

Et cette autre: "L'icosaèdre gnomonique d'Edimbourg est bien une traduction cachée du Grand OEuvre des philosophes." Mais naturellement la glose fulcanellienne pourra paraître plus riche que les premières notations de notre scripteur.

 

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Pour en terminer avec notre "poisson d'avril", signalons d'autres exemples des actuelles ou récentes interactions franco-britanniques en matière d'alchimie:

 

Le musée parisien des lettres et manuscrits, que nous avons visité tantôt, détient plusieurs autographes d'Isaac Newton, dont un constitue une sorte de compendium de ses philosophales lectures:

http://www.museedeslettres.fr/public/detail_oeuvre.php?id=106&PHPSESSID=37a247569e9e0dc613c84aa63b397592

 

Les éditions Sesheta viennent de leur côté de réaliser la première publication française d'une oeuvre de Sigismond Bacstrom, qui n'est autre que son Anthologie alchimique:

http://www.sesheta-publications.com/Collection-Rose-Croix-Collectanea-Rosicruciana.html

 

Et finalement, pour en revenir en France, saluons la parution du premier numéro de la revue Aletheia, proposé par la librairie lyonnaise Cadence, de si heureux aloi:

http://www.eklectic-librairie.com/domaine-revues-ref-aletheia001-revue-aletheia-etudes-initiations-traditions-1.html

 

On y retrouvera entre autres avec le plus grand plaisir et Patrick Rivière, et Claude d'Ygé, et Eugène Canseliet. Canseliet qui a naturellement fortement inspiré L'art du boulanger, de Jacques Troger (Massanne, 2011), consacré au message alchimique de la boulangerie parisienne Poilâne, évoqué ici même il n'y a guère.

http://www.massanne.com/component/acajoom/mailing/view/listid-2/mailingid-22/Itemid-5000.html

 

Massanne qui désormais propose également à la vente La Vie Minérale de Julien Champagne:

http://www.massanne.com/boutique.html?page=shop.product_details&flypage=flypage.tpl&product_id=232&category_id=17

 

Au mois prochain, Um Gottes Willen.

 

ARCHERARABE.champagne

 

ARCHER

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 19:08

mannuarqa.champagne

 

Les années 2009 et 2010 resteront décidémment des années fastes pour la mémoire vivante d'Eugène Canseliet puisqu'après la conférence organisée en Atlantis par Jacques Grimault, après l'entretien accordé à Baglis TV par Jean Artero, et aussi (ne l'oublions pas) après la parution grâce à Sylvaine Canseliet d'un nouveau recueil des articles du "maître de Savignies", voici qu'est éditée en Arqa une version profondément remaniée du mémoire universitaire de Cédric Mannu sur ce philosophe hermétique:

 

http://www.editions-arqa.com/editions-arqa/spip.php?article368

 

Dans ce fort volume paru en novembre dernier, qui constitue en fait la première biographie de Canseliet, Mannu nous fait d'ailleurs l'amitié de citer ce blog, ce dont nous nous empressons de le remercier, car les bonnes manières doivent être saluées si on ne veut qu'elles se perdent. Il dit aussi avoir comme nous apprécié le premier livre de Jean Artero (Présence de Fulcanelli).

 

Voici donc enfin posé le cadre public d'une étude sérieuse de la vie et de l'oeuvre de celui qu'Artero a qualifié récemment (après d'autres) de plus grand alchimiste du XXème siècle.

 

cm.champagne

 

On ne pourra donc ici que s'en réjouir, en recommandant la lecture de ce travail particulièrement fouillé, qui fait honneur à son auteur - et d'ailleurs à son éditeur.

 

De l'émouvante préface de Béatrix Canseliet (fille d'Eugène et mère de Sylvaine) on pourra par exemple retenir ainsi ces mots si vrais et tellement porteurs de sens:

 

"Très Sainte Philosophie!" Combien de fois aurais-je entendu cette affirmation énoncée, tel un constat à l'endroit de cette Philosophie très sainte et très pure. Cet état de conscience dont parlait mon père, cette pureté de l'esprit, du corps et de l'âme, cette élévation, cette assomption vers le Créateur, cette communion entre Amour et Connaissance, qui conduit à la perfection de l'être, fut la voie constante de l'unique disciple de Fulcanelli."

 

chartrescavalier.champagne

 

Le livre de Cédric présente par lui-même, au demeurant, une unité certaine, qui à notre sens peut être trouvée dans l'approche "philosophique" justement qui nous semble être la sienne, et qui le conduit à mettre simultanément en exergue et la sociabilité, et le secret tous deux si présents chez Canseliet.

 

Comme relevé par Artero à Baglis, on y trouvera en outre de précieux détails sur les conditions matérielles de l'édification de l'oeuvre d'Eugène, notamment sur ce mécénat qui explique en partie (en partie seulement à mon avis) que Canseliet, sans qu'il se soit jamais enrichi, ait du moins pu pourvoir à ses besoins et à ceux de ses proches.

 

Enfin, Cédric Mannu nous pardonnera peut-être d'ajouter que cette "bio" contient in fine un petit traité d'alchimie d'un certain C.M.

 

trojani.champagne

 

Et Julien Champagne me direz-vous? Et bien il n'est pas au coeur du sujet de Mannu, mais son livre recèle tout de même le concernant bien des notations intéressantes, telles que celle-ci, sur laquelle on souhaiterait des développements:

 

"C'est sans doute Gaboriau qui a mis Champagne en contact avec Dujols, de même que plus tard Dujols mettra Champagne en contact avec les de Lesseps et les de Lesseps avec Fulcanelli."

 

Ou encore: "Canseliet subit des vols pendant son infarctus. On lui déroba des traités anciens, des carnets de laboratoire, un tableau du Grand Lunaire, dessiné par Jean-Julien Champagne, qui représentait un baphomet, et des notes." A propos de notes, Cédric reproduit finalement une série de feuillets annotés, "la plupart de la main d'Eugène Canseliet lui-même", qui rappelle fortement celle d'un fichier, comme en ont confectionné et Canseliet, et Champagne, et Fulcanelli.

 

ft.champagne

 

Quant à Thierry Garnier, des éditions Arqa, il vient de faire coup double puisque il nous proposait déjà, en octobre 2010, un traité anonyme contemporain, dont le titre paraît inspiré de Louis Grassot, Le Grand OEuvre dévoilé:

 

http://www.editions-arqa.com/editions-arqa/spip.php?article366

 

Constitué de lettres extraites d'une correspondance, ce traité émane d'un alchimiste dont dans sa présentation François Trojani, qui semble l'avoir bien connu, remarque qu'"il affirmait que les ouvrages de Fulcanelli entrouvraient, sans contestation possible, la porte de l'art d'Hermès, en ajoutant qu'ils bouclaient aussi définitivement le cycle et tout le passé du Parergon de cet art."

 

On y trouvera au demeurant bien des remarques substantielles, qu'il s'agisse de l'art en question, ou de Fulcanelli et Champagne, ou de Canseliet, comme celle-ci: "Beaucoup ont mis en doute ce que nous a laissé à réfléchir Eugène Canseliet, lorsqu'il nous compte son "voyage en Espagne" pour y rencontrer l'incontournable Fulcanelli. La chose est certainement vraie à la lettre, sauf que, on s'en doute, il n'a eu nul besoin de se rendre en Espagne pour que la rencontre ait lieu, pour le revoir et se voir formuler les limites de sa mission par l'Adepte."

 

chartreschevalier.champagne

 

Pour clore cette "brève" mensuelle d'une actualité si riche, je m'en voudrais de ne pas signaler (et recommander si besoin est) le coffret de DVD du Voyage alchimique proposé par Patrick Burensteinas:

 

http://www.voyage-alchimique.com/

 

Y figure entre autres une belle étude de la correspondance entre les bas-reliefs et les vitraux de Notre Dame de Paris, et s'agissant des bas-reliefs de Chartres (j'en reproduis deux ci-dessus) une démonstration - le mot n'est pas trop fort - de leur similitude de conception et de sens avec ceux de Paris et Amiens (sujet déjà abordé en Atlantis par Artero).

 

Patrick qui au demeurant participera finalement avec Jean au prochain colloque Fulcanelli du Pradet (Var) en mai 2011, en lieu et place de Walter Grosse, retenu au Portugal comme d'ailleurs déjà signalé, ce colloque étant à notre sens unique, notamment dans la mesure où il constitue une première mondiale.

 

UCAchampagne

pcc ARCHER

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