Gino Sandri vient de faire paraître ce mois de septembre 2013 aux éditions Arqa un livre plus intéressant qu'il n'y paraît de prime abord sur le Grand Lunaire:
http://www.editions-arqa.com/editions-arqa/spip.php?article2818
http://www.arqa-editions.com/arqa/index.php?id=100&PHPSESSID=42124fba5affbb0f3f731ad112004eed
http://www.editions-arqa.com/editions-arqa/spip.php?article2804
http://www.editions-arqa.com/editions-arqa/spip.php?article2787
On connaît bien ici l'existence de cette "société secrète", ou du moins discrète, à l'activité de laquelle Julien Champagne aurait été mêlé, comme nous l'avons déjà évoqué.
Certes, on pourra objecter à l'auteur de cet ouvrage qu'il ne nous offre finalement, tout bien considéré, et nonobstant la richesse de son inconographie et de sa bibliographie, qu'un survol synthétique d'informations déjà connues dans l'ensemble, et de surcroît surtout orientées sur la personne du magiste Robert Ambelain (1907-1997), dont au demeurant les liens avec Julien ne semblent pas des plus établis, même s'il a dédié, comme nous l'avons vu, une oeuvre de jeunesse à Fulcanelli.
Il reste que le Grand Lunaire ou Très Haut Lunaire, comme il est également appelé, n'avait jusqu'alors à notre connaissance fait l'objet d'aucun ouvrage dédié, et que cette Assemblée ou Fama paraît bien s'être réclamée, entre autres, de l'opus fulcanellien.
On y retrouvera sans surprise Jules Boucher (1902-1955), ami de Champagne, comme nous le savons, de même que l'énigmatique Gaston Sauvage, employé comme lui de la Poulenc Frères, qui assista en 1922 à la transmutation de Sarcelles, opérée par Eugène Canseliet sous la direction de Fulcanelli en présence de Julien.
Gino Sandri, qui a rencontré Canseliet, comme nous le démontre le cliché ci-dessous, insiste d'ailleurs à juste titre sur la prégnance dans ce milieu de l'entreprise Poulenc, qui sponsorisa également un autre intervenant du G.L. ou T.H.L., comme déjà dit ici: Alexandre Rouhier (1875-1968).
De même, Sandri confirme la relation que nous avions signalée entre (maints membres de) l'AROT (Association pour la Rénovation de l'Occultisme Traditionnel) de Maryse Choisy (1903-1979) et le Grand Lunaire, le rôle joué par Jean Marquès-Rivière (1903-2000), etc, mais l'essentiel nous semble être ailleurs.
En effet, Gino corrobore dans ce petit essai ce qui nous avait déjà été soufflé par ailleurs sur le Très Haut Lunaire. S'appuyant sur le livre d'Ambelain consacré à La Franc-Maçonnerie oubliée (Laffont, 1988), il estime que Canseliet lui-même y aurait appartenu, comme Champagne.
Mais il va plus loin...
Dans un autre ouvrage du même Ambelain, La géomancie chinoise (Laffont, 1991), ce dernier nous révèlerait, en outre, qu'en 1947, le peintre Marcel Nicaud, attaché aux Musées nationaux français, aurait à la demande de Rouhier, réalisé des portraits à l'huile de lui-même, de Jules Boucher, d'Eugène Canseliet...
Dont celui, par conséquent, qui orne la couverture du livre de Gino Sandri.
Lequel ajoute (à bon droit, croyons-nous): "Robert Amblelain omet volontairement d'écrire que Marcel Nicaud réalisa en fait sept portraits, parmi lesquels celui d'une femme, que le docteur Rouhier disposa dans sa maison de Bourron-Marlotte, et que ces sept personnes avaient toutes un rapport avec l'affaire qui nous occupe."
Ainsi, ajoute-t-il en note de bas de page, qu'un certain portrait de Julien Champagne. Je formule l'hypothèse que ce dernier portrait est connu, et qu'il figure dans les livres de Geneviève Dubois sur Fulcanelli et sur les alchimistes du XXème siècle.
Enfin, je me permets d'adhérer à la "conclusion provisoire" qui est celle de Gino Sandri:
"Il a bien existé un cercle rassemblant les personnes nommées, qui se réunissait dans le centre du vieux Paris...Quant aux cérémonies en usage, elles ne ressemblaient pas nécessairement aux descriptions complaisamment publiées." Et d'en finir par cette phrase bien sentie: Ne s'agit-il pas (en l'occurrence) de créer une nasse et de détourner l'attention d'un autre cercle, vraiment confidentiel celui-là?
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