Chers tous et chères toutes, je voudrais commencer ce dernier post de l'année en rendant un hommage particulier à Henri La Croix Haute, dont j'apprends qu'il vient de s'éteindre à un âge canonique, et à ce que l'on m'a rapporté dans toute la lucidité qui serait celle d'un Adepte.
Comme son maître Henri Coton, à qui nous avons consacré un article, il était un fidèle de l'alchimie de Pierre Dujols, et parce qu'en alchimie nous n'avons pas d'adversaire et encore moins d'ennemi, peu nous chaut qu'il fut comme son prédécesseur hostile à l'approche Fulcanelli-Champagne-Canseliet.
Pour en venir à cette dernière, il me semble bien qu'une reproduction anastatique de l'édition originale du Mystère des Cathédrales vient d'être publiée aux Etats-Unis par Martino fine books, et est disponible pour un prix modique, aussi bien sur Abebooks que sur Amazon.
Certains la qualifieront peut-être d'édition pirate, mais les questions de copyrights ne sont pas de notre compétence, par conséquent nous espérons bien que les Demeures Philosophales connaîtront bientôt le même sort heureux.
"By coincidence", notre ami Richard Khaitzine vient également de nous gratifier d'une belle étude parue chez Edite sur Notre-Dame de Paris, et sa dimension hermétique.
Je la considère personnellement comme un essai d'une grande maîtrise, qui a été réalisé manifestement dans le même esprit que ce modeste blog, qui vise précisément entre autres à ouvrir à une vision alchimique de certaines réalités, pour ne pas dire de la réalité ou de la surréalité dans son ensemble.
Ajoutons donc qu'il constitue une remarquable introduction, en particulier, au Mystère fulcanellien, dans la mesure où il nous conduit du profane au...sacré.
Et nous ne sommes aucunement choqué, pour notre part, quand l'auteur, au détour d'un passage d'un des chapitres les plus importants de son travail (Du Mystère des Cathédrales aux Demeures Philosophales), qualifie les deux ouvrages actuellement parus de Fulcanelli de "grande mystification". Mystification sans doute, puisqu'on est là en ésotérisme, mais alors, quelle stature, quelle allure, quelle hauteur de vues!
Et maintenant, dans cette inactualité alchimique décidément des plus riches, comment ne pas nous féliciter coram publico de la parution si attendue du quatrième numéro de la revue annuelle Historia Occultae, éditée par L'Oeil du Sphinx (OdS) de Philippe Marlin.
Vous pourrez y retrouver notamment deux recensions du premier colloque Fulcanelli, l'une de votre humble serviteur (mais vous la connaissez déjà), l'autre de Serge Caillet, au travers d'une analyse de certains ouvrages qui ont été présentés à ce séminaire. A ce propos, précisons qu'aux dernières nouvelles les actes du dit colloque devraient finalement paraître en 2012.
Je relève également le fait que le si méritant directeur de HO, Dominique Dubois, s'y fait l'écho (bienveillant, il va sans dire) de la publication de La Vie Minérale d'un certain Julien Champagne. Enfin, entre autres articles passionnants, Brice Michel s'efforce de mieux cerner ce fameux Grand Lunaire ou Très Haut Lunaire, dont notre "Hubert" est réputé avoir fait partie.
Y parvient-il totalement? C'est une autre question, car pour moi ce cercle ne fut pas une secte finalement, et encore moins un groupement parapolitique de type cagoulard, mais s'apparente plus à une fraternité comme celle des Veilleurs (où nous retrouvons JC), avec un noyau plus ou moins réduit semble-t-il à un septénaire, dont je n'exclus pas a priori qu'on puisse y trouver notamment Eugène Canseliet.
En définitive, mon seul regret dans cette affaire est certainement que le compte-rendu de notre compère Walter Grosse sur les conditions de l'admission de Canseliet justement à la Société française des Gens de Lettres, ou SGL, en 1962, n'ait pu paraître comme initialement prévu dans cette livraison de HO.
Souhaitons donc qu'il soit publié prochainement, car l'intérêt de ce dossier conservé aux Archives Nationales me semble certain.
Voici en résumé ce qu'on m'en a rapporté de plus important: D'abord il comporte une pièce consacrée au contrat entre Eugène et les éditions Omnium pour la seconde édition des Fulcanelli, d'où il ressort qu'EC affirme ses droits non seulement sur le texte mais aussi sur les illustrations de Julien Champagne.
Ensuite, Eugène Canseliet autorise par écrit la SGL à considérer que pour le Mystère et les Demeures, son pseudonyme est Fulcanelli.
A défaut de pouvoir produire pour l'instant les pièces en question, et dans l'attente de pouvoir prendre connaissance du point de vue de WG dans cette affaire, je vous soumets une dédicace inédite de JC (AHS Fulcanelli) à EC.
Je précise qu'elle ne fait pas partie du dossier SGL, mais émane d'un collectionneur bonapartiste qui l'a confiée à nos chers Suffren et Pénélope.
Et que je n'ai pas de raison particulière de douter de son authenticité, bien au contraire.
Il me semble qu'elle se passe de commentaire, et pourtant comment ne pas relever cette chaleur particulière de Julien envers Eugène le philosophe, mais aussi le disciple et finalement l'ami et le frère...
Canseliet qui figure d'ailleurs au nombre de Ces voix que j'entends encore, le beau recueil d'entretiens que Madeleine Chapsal vient de faire paraître chez Fayard en cette fin 2011.
Oui, il ne suffit pas de lire Eugène, il faut l'entendre, le voir... Ce qu'a fait notre auteur en 1964 à Savignies. Tenez, un court extrait:
"Il s'est absenté un instant. J'en profite pour demander à sa femme: Enfin, l'alchimie, qu'est ce que c'est? Une science, un art? Je crois que c'est une science, me dit-elle, mais demandez plutôt à mon mari.
Dès que Canseliet est de retour, je lui pose la question. Il arque plus encore ses hauts sourcils. L'alchimie? Mais c'est un art, bien sûr!
Et il m'offre quelques morceaux d'une curieuse matière qu'il sort d'un flacon: c'est brillant, c'est lourd, c'est vert...Prenez, me dit-il, c'est de l'esprit universel, je l'ai convaincu de se fixer sur ce fondant."
Pour presque terminer, je crois devoir aussi saluer la publication, toujours en 2011, d'Alchymie a Rudolf II (Artefactum, Prague).
Dû pour l'essentiel à l'éminent professeur Vladimir Karpenko, ce fort volume en tchèque comporte, outre un résumé en anglais, une formidable collection d'illustrations centrée sur l'alchimie rudolphine.
Il s'agit là à mon avis de la plus belle iconographie alchimique qu'on ait vue depuis longtemps. Une traduction est annoncée, espérons qu'elle voie rapidement le jour, pourquoi pas d'ailleurs en français.
Je vous en propose une "evidence" succinte, au travers de ce superbe blason hermétique en couleurs de Michel Maier.
Enfin, je vous dis non pas adieu, mais au revoir. Et oui, Julien Champagne vous tire quelque peu sa révérence. Archer va devoir en 2012 se consacrer avec son complice Jean Artero à la rédaction d'une bio de JC, donc la période de nos articles mensuels touche à sa fin, au moins provisoirement.
Mais à nos quelques dizaines d'abonné(e)s, à nos si fidèles lecteurs et nos toujours adorables lectrices, que nous remercions encore pour leur intérêt sans faille envers nos 275 articles réalisés en 6 années, nous précisons bien que ce blog devrait si Dieu veut rester vivant.
Nous continuerons donc à répondre à vos si riches commentaires, à actualiser nos articles parus, à en écrire de nouveaux si l'actualité l'exige...Si de votre côté, et je pense spécialement aux familles de Fulcanelli, de Champagne et de Canseliet et à leur entourage, vous pensez pouvoir enrichir notre connaissance de "l'apôtre de la science hermétique", notamment dans la perspective de notre petit travail en cours, n'hésitez pas à nous contacter.
En attendant, bonnes fêtes de fin d'année, et bon début d'année 2012.
pcc ARCHER