Notre ami belge Philippe Buchelot commet sans doute une bonne action en diffusant enfin ce Rapport Fulcanelli de mai 2013, qui vient en quelque sorte corroborer la thèse des chercheurs Fulgrosse (portugais) et belge (Filostène), selon laquelle Paul Decoeur (1839-1923) a été un artisan, voire le principal instigateur selon eux, de l'oeuvre de Fulcanelli.
S'il ne sont pas des faux, et rien ne prouve qu'ils le soient, les documents présentés sont en effet de nature à éclairer la genèse du Mystère des Cathédrales et (par voie de conséquence) des Demeures Philosophales.
Que le dit Rapport soit ou non comme il est prétendu le résultat d'un travail universitaire sur le sujet, et que Buchelot et son entourage y soient ou non étrangers, "les fées sont là."
Certes, on pourra s'étonner de l'anonymat voulu par le rédacteur, et encore plus de celui qui entoure son témoin principal, présenté comme un ancien "commis et employé" de Jean Schemit (1868-1945), employé actuellement presque centenaire (il serait né en 1915), au point qu'il est permis de se demander si le Rapport émanant pour l'essentiel de son témoignage hypothétique ne proviendrait pas plutôt tout simplement de l'exploitation du "fonds Filostène."
Il n'en reste pas moins vrai que nous avons là, mis à notre disposition, et presque gracieusement, toute une série d'informations on ne peut plus précieuses. Jugez-en plutôt:
Dès 1922, il appert que Paul Decoeur (?: D.P.) et Pierre Dujols (1862-1926) auraient convenu auprès du premier éditeur des Fulcanelli de s'associer sous le nomen de "Vulcains de Sainte-Illide" en vue de l'édition d'un ou de plusieurs ouvrages. Pour mémoire, Dujols est né à Saint-Illide.
Eugène Canseliet (1899-1982) est mentionné dans cet écrit comme scripteur des dites oeuvres, qui à ce titre percevra les droits d'auteur dûs à D.P., soit la moitié du tout. Ce "libre engagement" aurait été suivi d'un contrat signé en 1926.
La moitié seulement, car le registre Schemit des droits d'auteur dont la couverture et des extraits sont également produits nous démontre que le reliquat était dû à Pierre Dujols, puis à sa veuve "née Charton", suivant sa succession légale.
Ceci valait dès 1926, année de publication du Mystère, mais aussi en 1930, année de celle des Demeures, et encore, comme il semble indubitable au vu de nos clichés, en 1932, année du décès de Julien Champagne.
Marie-Louise Charton (1868-1954), épouse puis veuve de Pierre Dujols, aurait-elle donc été lésée à partir de 1945 de ses droits sur les Fulcanelli?
D'après le commis de Schemit, il a reçu durant plusieurs années Canseliet, qui venait percevoir l'argent des droits d'auteur pour son compte personnel et pour le compte de "Madame veuve Pierre Dujols née Charton."
Evidemment, la question n'est pas anodine, les époux Dujols ayant eu deux filles, Marguerite, née en 1888 et Yvonne, née en 1900, si j'en crois Fulgrosse. Et on m'assure par ailleurs qu'elles ne sont pas forcément restées sans descendance...
Quoiqu'il en soit, tout ceci semble contredire l'assertion d'Eugène Canseliet selon laquelle il était le seul "ayant-droit" des ouvrages de Fulcanelli, texte comme illustrations.
En outre, pour notre commis de librairie, Julien Champagne aurait servi de truchement entre le rédacteur des Fulcanelli (Canseliet) et Pierre Dujols, et au décès de ce dernier les notes originales servant à l'élaboration de ces oeuvres auraient été confiées au beau-frère de Champagne, Gaston Devaux, qui aurait donc joué un certain rôle, notamment après la publication du Mystère et avant celle des Demeures.
Enfin, il affirme que Canseliet comme Champagne se sont estimés partiellement ou totalement spoliés de leur travail, estimant que Madame Dujols n'avait en rien participé à l'effort de son mari.
Champagne en particulier "se serait usé les yeux pour fournir une bonne partie des textes" du Mystère, et par conséquent aurait fait des pieds et des mains pour s'opposer à la publication des Demeures.
S'il ne tint pas rigueur de tout cela à Canseliet, il aurait rompu pour cette raison tout lien avec Madame Dujols.
De nouveau, toutes ces informations vont à l'encontre des dires d'Eugène Canseliet, puisque ce dernier a affirmé qu'il n'avait reçu aucun droit sur les éditions Schemit, de par la volonté même de Fulcanelli. Et de toute façon, c'est à ma connaissance la première fois que des détails filtrent sur le contrat Schemit ou les contrats Schemit (on n'en a pas non plus pour les éditions Pauvert).
Albin Michel vient ce mois de septembre 2013 de faire paraître l'édition française du dernier livre du biologiste britannique Rupert Sheldrake: The science delusion, freeing the spirit of enquiry.
Elle porte ici le beau titre de Réanchanter la science, et se présente à nous comme un essai contre le dogmatisme, qui nous paraît particulièrement bienvenu.
Pour l'auteur en effet, la nature n'est pas forcément une machine sans but, et la matière n'est pas forcément inconsciente, enfin la médecine mécaniste n'est pas forcément la seule. Comme on le voit, l'espoir reste permis.
http://www.drc.fr/catalogue/noel2008/reenchanter_science/courriel_reenchanter_science.html
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