En cette veille de Saint Stanislas où nos pensées se tournent vers nos frères polonais, une fois de plus durement éprouvés par l'histoire des hommes, je me suis laissé dire qu'au laboratoire et dans nos régions les influx cosmiques ne sont pas encore au rendez-vous des chercheurs.
Qu'ils nous rejoignent donc pour l'instant dans nos études livresques, et retrouvons ensemble, en 1924, un Julien Champagne cette fois-ci non plus copiste, ni auteur, mais lecteur.
Lecteur à la mine de crayon, il va sans dire. Et donc annotant assidûment les objets d'une attention soutenue, souvent sévère, parfois bienveillante. En 1923, pour mémoire, Eugène Canseliet vient de recevoir de Fulcanelli les brouillons du Mystère des Cathédrales et des Demeures Philosophales, qui ne seront publiés respectivement qu'en 1926 et 1930.
Mais voici que cette année-là paraît de l'abbé Théophile Moreux un petit livre au titre magnétique, L'Alchimie moderne, et bien entendu notre "Hubert" se...précipite.
Astronome, l'abbé Moreux (1867-1954) est un berrichon qui dès avant la première guerre mondiale a publié plusieurs études de vulgarisation, aux titres évocateurs: Qui sommes-nous? D'où venons-nous? Où allons-nous? Cette relation de Camille Flammarion a donc fait et fera montre d'une belle ouverture d'esprit, dont témoignent notamment des ouvrages tels que L'Atlantide a-t-elle existé (1924) ou La science mystérieuse des pharaons (1925).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9ophile_Moreux
http://encyclopedie.bourges.net/abbemoreux.htm
Voici donc bien a priori un personnage et une oeuvre qui pouvaient être du goût d'un Julien Champagne, dont je me propose de vous faire part ici et maintenant d'une partie des approbations, commentaires et critiques de L'alchimie moderne:
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Moreux: Ces appellations: mercure, soufre, air, etc...n'ont rien de commun avec les substances vulgaires décorées de ce nom. Ce ne sont que des symboles philosophiques.
Champagne: Très bien.
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Moreux: L'idée de l'unité de la matière à travers ses aspects multiples et variés ne date pas d'aujourd'hui. Les Grecs la professaient ouvertement; ils la tenaient des Egyptiens. Plus d'un savant moderne n'a cure de ces affirmations: "Ce ne sont dit-on, qu'intuitions de génie." Une telle réponse est enfantine.
Champagne: Très bien.
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Moreux en réponse à sa question: L'histoire de cette merveille, c'est toute celle de la chimie ancienne que l'on appelait autrefois l'Alchimie, en deux mots: Al Chimie. Et la Chimie, Chimia, n'était que le nom ancien donné à l'Egypte.
Champagne: Non; le début seulement, l'alpha. Erreur Ximuo= la matière muée.
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Moreux (illustration intitulée Cristaux de neige vus au microscope. Tous sont bâtis sur le type d'un polygone à six côtés).
Champagne: Le symbole de la pierre philosophale ou Sceau de Salomon est également une étoile à six pointes. Ce n'est, en somme, comme la neige, qu'une Eau condensée (métallique).
Page 19 (Artero me renvoie sur ce point aux Demeures Philosophales)
Moreux: D'où les Egyptiens tenaient-ils cette science avancée? D'après eux d'une personnage fameux, probablement mythique, Hermès Trismégiste. Nous possédons encore une traduction latine d'un des prétendus écrits de cet énigmatique égyptien, la Tabula Smaragdina, conçue d'ailleurs en un langage mystique et incompréhensible. Ce serait, au dire des vieux alchimistes, le plus ancien document traitant de l'Alchimie.
Champagne: Erreur encore. Hermes=Mercure. C'est donc le mercure qui parle dans ce texte. La Table d'Emeraude fut écrite en grec primaire. La matière première de l'oeuvre est de couleur verte, d'où son nom d'Emeraude des Philosophes. La Table n'est autre chose que la nomenclature, le tableau de ses propriétés. Et c'est la matière elle-même qui exprime ses vertus. Elle a, en elle, les trois principes (Trismégiste).
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Moreux (illustration intitulée Le mariage philosophique du soufre et du mercure se fait dans l'oeuf des philosophes, sorte de ballon où s'élaborera le grand oeuvre. Le résultat est la pierre philosophale représentée ici par un enfant nouveau-né.)
Champagne: Erreur encore. Ce n'est pas un enfant, c'est un ange. La matière est d'abord volatile, d'où ses ailes. Elle devient fixe par la cuisson et perd ainsi ses attributs aériens.
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Moreux: Cet enfant nouveau-né, ce produit mystérieux capable de tout muer en or, c'est la pierre philosophale.
Champagne: Non, erreur. C'est le soufre philosophique, et sa puissance est faible. La pierre est autre chose.
Page 45 (Artero me renvoie encore sur ce point aux Demeures Philosophales)
Moreux: "Je lui montrerai dans l'atome "une infinité d'Univers, dont chacun a son firmament, ses planètes, sa terre, en la même proportion que le monde visible." (Pascal)
Champagne: Fut un grand alchimiste, ainsi qu'on l'apprit à sa mort, au moment de l'ensevelir.
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Moreux: Il est tout simplement merveilleux que des hommes ayant vécu des dizaines de siècles avant nous aient émis de semblables conclusions.
Champagne: La science ne doit jamais nier ce qu'elle n'est pas en mesure de réaliser.
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Moreux: Maintenant Rutherford, en possession d'une technique rigoureuse, s'attaque aux éléments lourds. Ceux-ci, n'en doutons pas, seront dissociés les premiers.
Champagne: Partir de poids atomiques lourds pour aboutir, par désintégration, à des poids de plus en plus légers, cela est l'enfance de l'art, mais ne réalise pas du tout le problème de la transmutation, qui exige au contraire que l'on parte des corps légers, plus simples, pour obtenir des corps lourds, plus complexes. Dissocier est le propre de l'analyse, ce qu'il faut c'est la synthèse.
Théodore M. pcc ARCHER