Une indication de plus sur une possible "British connection" de Julien Champagne et de Fulcanelli: Nous voici donc de retour, un an après presque jour pour jour, à Edinburgh:
http://www.archerjulienchampagne.com/article-1861874.html
Dans mon article précédent sur le gnomon du palais royal écossais (Julien Champagne au cadran solaire, 12 février 2006), je ne crois pas avoir fait mention des lignes qu'y consacre Geneviève Dubois dans son Fulcanelli dévoilé (Dervy, 1992 et 1996):
"Quant au cadran solaire d'Holyrood qui fait l'objet d'un chapitre dans les Demeures Philosophales, d'aucuns se sont empressés d'y voir la preuve de l'appartenance de Fulcanelli à un milieu aristocratique.
En effet, et nous pouvons en témoigner, il n'est pas possible d'accéder à ce monument qui se trouve dans les jardins privés de la famille royale d'Angleterre. Nous avons simplement pu obtenir une photocopie du dessin à la bibliothèque d'Edimbourg."
Cette inaccessibilité du gnomon a été contestée. Quoiqu'il en soit, la gravure reproduite par Dubois est superbe, et je vous l'offre à mon tour. Mais laissons Geneviève poursuivre son argument:
"Nous restons persuadés que René Schwaller qui fut membre de la Société Théosophique a communiqué une photographie ou un dessin à Julien Champagne par le canal de la théosophe Lady Caitness. "
Intéressante hypothèse, sur laquelle nous reviendrons peut-être. Champagne aurait connu Lady Caitness ou Caithness? Lui aussi semble avoir été un temps un familier de la Société Théosophique, mais nous ne savons rien de ses éventuelles relations avec Schwaller avant 1913.
"Lady Caitness réunissait dans son hotel particulier de l'avenue Wagram tout le milieu ésotérique de l'époque. Elle avait d'ailleurs été à l'origine de la création de l'Eglise gnostique et représentait en France la Société Théosophique.
Son époux était Lord James Barogill, chef du clan Sinclair et 14ème comte de Caitness. Il fut inhumé en l'ancienne chapelle royale de Marie Stuart à Holyrood.
Lady Caitness était très introduite dans le milieu mondain anglais, elle vouait un culte à Marie Stuart dont elle se croyait la réincarnation depuis, qu'en l'abbaye d'Holyrood, elle avait eu une expérience avec la défunte reine."
C'est tout? C'est tout, pour l'instant en tout cas. Mais, supposition pour supposition, je m'en vais maintenant vous en proposer une seconde, qui d'ailleurs n'est pas forcément contradictoire de la première.
Il était une fois...une American Lady nommée Mary Alice Morse (1851 ou 1853-1911), originaire du Massachussets:
http://en.wikipedia.org/wiki/Alice_Morse_Earle
http://womenshistory.about.com/od/writers19th/p/alicemorseearle.htm
Mariée à un new-yorkais, Henry Earle en 1874, elle changea son nom en celui de Alice Morse Earle, sous lequel elle est connue comme écrivain.
Après la mort de son mari, elle effectua plusieurs voyages en Europe et en 1909 se rendit en Egypte, mais au cours de la traversée vécut un naufrage qui à la longue lui fut fatal.
Cette féministe était aussi une passionnée des "good old times", et en particulier des jardins à l'anglaise, et de sa vingtaine de livres je vous suggère de retenir pour l'instant:
Old time gardens, Mc Millan, London & New York, 1901 et
Sun dials and roses of yesterday, idem, ibidem, 1902.
Elle disait par exemple, à propos des jardins:
"Half the interest of a garden is the constant exercise of the imagination. You are always living three, or indeed six, months hence. I believe that people entirely devoid of imagination never can be really good gardeners. To be content with the present, and not striving about the future, is fatal."
Comme vous l'avez deviné, elle évoque dans le second ouvrage cité le gnomon d'Edinburgh, et elle aussi en propose un dessin que je reproduis également.
Esquissant son histoire, elle précise qu'il fut restauré sur instructions de la reine Victoria, et qu'il fut copié dans un certain nombre d'endroits.
1902...Voilà un livre disponible à Londres et donc presque sur "le continent" qui aurait fort bien pu tomber entre les mains de Fulcanelli et de Julien Champagne, ne croyez-vous pas?
Il a été très opportunément reproduit en 1971 et 1984 par Charles Tutlle (Rutland, Vermont, Etats-Unis, et Tokyo, Japon).
Quelques petits détails pour terminer, qui peuvent avoir leur importance. D'abord, le sous-titre du livre est "parlant":
"Garden delights which are here displayed in very truth and are moreover regarded as emblems".
Ensuite et enfin, voici quelques titres de chapitres qui j'espère achèveront de vous convaincre: Rosa solis, rose plate and rosee. Emblem of the rose in English history. Et "last but not least":
The Rosicrucians.
Non seulement Miss Earle n'ignore pas la Real history of the Rosicrucians de Waite, mais elle se réfère expressément au renouveau rosicrucien de 1892-1893 à Paris, se moquant gentiment au passage du Sar Péladan...
Une dernière citation d'Alice, qui me paraît bien avoir traversé le miroir:
"Whether the Rosicrucians were all alchemists, or whether the alchemists were a physical branch of the Rosicrucians, matters little.
The art and mystery of alchemy formed an important part of this as of all the mystic religions.
When scoffers say in triumph that the Rosicrucians could never have turned base metal into gold, else they would have transformed the world with their wealth, the true "grooms" answer that when they had acquired the power of transmutation into gold, these adepts had ceased to desire wealth."
Et si j'ose dire pour couronner le tout, voici un portrait de Marie Stuart, reine d'Ecosse et des Ecossais, peint au XIXème siècle par un certain J. Champagne:
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