Il me semble curieux que personne à ce jour ne paraisse s'être intéressé aux imprimeurs des livres de Fulcanelli, et par voie de conséquence de Julien Champagne.
Pour ne pas être trop long, je vais me concentrer provisoirement sur les impressions françaises du premier ouvrage de Fulcanelli: Le Mystère des Cathédrales.
Et je me contenterai de vous renvoyer au surplus - de façon certes un peu...cavalière, mais je l'avoue - au toujours excellent Index Fulcanelli de Lonzième et Allieu (Allieu, 1992).
Et je vous proposerai de remonter dans le temps, et donc de commencer par la troisième édition du Mystère, celle de Pauvert (JJ Pauvert et JJ Champagne, 18 juin 2006).
Nous voici donc d'emblée au coeur non européen de l'Europe, ou plutôt devrais-je dire sans doute en son coeur le plus mondial.
C'est en effet dans la francophone et vaudoise cité de Lausanne, où mourut Viollet-le-Duc, qu'en 1964 fut imprimée l'édition Pauvert du Mystère des Cathédrales.
Que l'imprimerie en question se soit intitulée Héliographia, voilà qui a dû beaucoup plaire et à Fulcanelli, et à Champagne, et à Eugène Canseliet. Bref, cela ne manque sûrement pas de sel.
J'avoue que je connais mal l'historique de cette imprimerie, parfois qualifiée je ne sais trop pourquoi de "populaire", et dont l'activité est attestée dès 1945.
Hélas, elle a fermé depuis, et sa succursale genevoise était-elle même déclarée en faillite il y a une bonne dizaine d'années.
Nous allons nous rendre compte au travers de ce qui suit que son cas n'est pas vraiment isolé.
Le second imprimeur de Champagne et Fulcanelli fut en 1957 l'imprimeur Oberthur, qui présida à à Rennes et Paris à la deuxième édition du Mystère des Cathédrales par l'Omnium Littéraire, autrement appelé Editions des Champs Elysées (Julien Champagne à l'Omnium Littéraire, 9 mars 2006).
Riche d'une tradition d'imprimerie qui remonte au début du XIXème siècle:
http://www.oberthur.com/imprimerie
l'imprimerie Oberthur a en tant que telle fermé ses portes en 1984. Ses activités ont été reprises et réorientées, si je puis dire, par le groupe FCO (et non FCH).
Sur l'aventure Oberthur (1842-1983), qui en fait se poursuit, je voudrais signaler ici le beau livre de Louis Jénin, L'imprimerie Oberthur à livre ouvert (titre très alchimique, ma foi), Eljie, 2001. Hélas, il n'y est pas question des Fulcanelli.
Last but not least, l'édition originale du Mystère par Schemit en 1926 (Jean Schemit éditeur de Champagne, 30 avril 2006) fut imprimée par P. Daupeley-Gouverneur à Nogent-le-Rotrou, autrefois capitale du Perche, et sise aujourd'hui en Eure-et-Loir, à l'ouest de Chartres.
Daupeley-Gouverneur était lui aussi un imprimeur de tradition. J'en ai trouvé une trace des activités dès 1844. En 1880, un G. Daupeley-Gouverneur a même publié un ouvrage intitulé Le compositeur et le correcteur typographe.
Comme je l'écrivais déjà le 28 avril 2006, dans mon article Découverture de Champagne, et bien malheureusement, "il semble que cette imprimerie, qui a utilisé les planches originales ou des copies des planches de Julien Champagne, ait cessé ses activités à la fin du XXème siècle."
D'après Ibrahim, qui a pu consulter une partie du "journal grebiche" de l'imprimeur, Le Mystère des Cathédrales ayant été en principe tiré à 300 exemplaires pour Jean Schemit, ce qui ne peut être vérifié pour l'instant, Les Demeures Philosophales, elles, ont en tout cas fait l'objet d'un tirage à 330 exemplaires, et non à 300 ou 500 comme avancé ordinairement.
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