Dans son René Guénon témoin de la tradition (Guy Trédaniel, 1978), Jean Robin dit à propos du docteur Rouhier, déjà rencontré dans notre post Champagne au grand lunaire du 25 juin 2006:
"Il écrivit entre autres, sous le pseudonyme de R.P. Sabazius, Envoûtement et Contre-Envoûtement, et appartenait de surcroît à une société secrète appelée le "Très Grand Lunaire", dont l'enseignement était basé sur les ouvrages de Lotus de Païni, Schwaller de Lubicz, Fulcanelli et Aleister Crowley, et qui comptait parmi ses membres Jules Boucher, Jean Marquès-Rivière et Robert Ambelain.
On trouvera des renseignements sur ce T.G.L. (rebaptisé pour la circonstance "Très Haut Lunaire") dans Les Sociétés secrètes de Paris, par Pierre Geyraud, éditions Emile-Paul, 1938."
Hélas, je n'ai pas trouvé dans le dernier volume cité de mention de Marquès-Rivière, et je ne suis donc pas en mesure de confirmer pour l'instant l'appartenance de Rivière au Grand Lunaire, ce qui l'aurait relié directement à Julien Champagne.
Mais je considère cependant cette appartenance comme possible, voire probable, si je prends en compte d'une part le livre de Geyraud, où je vois effectivement écrit que "La magie et le Mystère de la Femme" de Lotus de Païni fait partie des enseignements de la secte en question, et d'autre part que celle-ci comprenait, outre un journaliste réputé, de simples exécutants.
Et également ce que Marie-France James nous explique dans son ouvrage Esotérisme et christianisme autour de René Guénon (NEL, 1981):
"Rivière se trouva obsédé en permanence par des êtres du monde intermédaire dont il n'arrivait pas à se débarrasser.
En dernier recours, il avait dû faire appel au grand exorciste de l'archidiocèse de Paris, le Père Joseph de Tonquédec s.j.
Réintégré dans le giron de l'Eglise, il fournit au Voile d'Isis un article mettant en garde les lecteurs contre Le danger des plans magiques (1931)."
Mais qui était ce Rivière qui se fit appeler Marquès? Toujours selon James, il est né Jean-Marie Paul Rivière en 1903.
Fréquentant précocement la Société Théosophique, il est reçu macon au milieu des années 1920 à la Grande Loge de France et y fait la connaissance de Guénon, qui l'introduit dans le cercle du Voile d'Isis.
Sa collaboration y est bientôt interrompue, un an avant le décès de Julien Champagne, par l'article mentionné ci-dessus et par son ouvrage anti-maçonnique sur La trahison spirituelle de la franc-maçonnerie (Editions des Portiques, 1931, Deterna, 2010).
Je note en outre que Marquès-Rivière pourrait selon certaines informations avoir été proche également, à la même époque, de la Fraternité des Polaires.
En 1940, il fera paraître un de ses travaux les plus connus, Histoire des doctrines ésotériques, (Payot) où je crois bien me souvenir que Fulcanelli est mentionné.
Puis il s'engage dans la croisade du régime de Vichy contre les Loges maçonniques, et devient co-rédacteur en chef, avec Robert Vallery-Radot, des Documents maçonniques dirigés par Bernard Fay (1941-1944).
A la fin de la seconde guerre mondiale, il fera le choix de l'exil et Walter Grosse me précise aimablement qu'il serait décédé en 2000.
Pour en terminer pour l'instant avec Marquès-Rivière, alias Verax, je citerai également de lui Talismans, amulettes et pentacles (Payot, 1938) et Rituels secrets de la franc-maçonnerie (Plon, 1941) qui actuellement encore font l'objet de rééditions, au moins à l'étranger.
http://touscesgens.hautetfort.com/archive/2006/09/16/jean-marques-riviere.html
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