Après deux premiers posts sur les époux Dina (Champagne: sur les traces de Gaston Sauvage, 8 juillet 2006, et Sphinx de Champagne, 12 août 2006), je vais ce soir vous entraîner à nouveau dans leur demeure philosophale des Avenières.
J'ai déjà produit des portraits de Assan Farid Dina, mais pas encore de son épouse Mary Shillito. En voici donc trois, tous des plus rares.
Le premier, hélas peu suggestif, est extrait du livre électronique d'Alain Bocher de Trégor, Message à la Femme du Verseau, que je vous recommande à nouveau, cette fois après en avoir pris connaissance.
J'en ai extrait également la lame de l'ermite, qui conclut ce courrier, et qui fait partie du tarot de la chapelle des Avenières. J'y reviendrai tout à l'heure.
Les deux autres clichés m'ont été fournis par un aimable correspondant, membre de l'association culturelle La Salévienne, qui s'efforce de préserver et promouvoir le patrimoine historique de cette région de Savoie.
La seconde photo est inédite, elle est extraite d'un reportage sur la banquet qui a suivi en 1931 l'inauguration de la route de La Salève, financée par Mary.
Pour l'ensemble de ses bonnes oeuvres, notre héritière s'était l'année précédente vu décerner la croix de chevalier de la légion d'honneur.
Enfin, le dessin qui la représente est extrait d'un article d'un périodique savoyard, Le Messager, ô Hermès. Cet article paru en 2003 prouve à l'évidence que le souvenir des Dina reste vivace, au moins localement.
Soit, me direz-vous, mais quoi de neuf sur le fond? Et bien nous avançons, lentement, mais nous avançons. Avec quelques nouvelles réponses, et aussi avec de nouvelles questions.
Prenez Mary Shillito. Décédée à 62 ans, en 1938, d'un arrêt du coeur consécutif à un accident, elle est morte et enterrée à Genève.
Fille de Gordon et de Jane Gaff Shillito, elle serait donc bien née en 1876, et non en 1878 comme elle le prétendait, peut-être en se rajeunissant de deux ans par coquetterie.
Mary a eu une descendance, puisque ses obsèques ont été payées par sa petite fille, Béatrice Shillito.
Notez que le sénateur Fernand David, qu'on a vu inaugurer avec elle la route ci-dessus mentionnée, et qui a probablement préfacé un ou des ouvrages de Gaston Sauvage, ami de Julien Champagne, a eu également un ou des petits enfants.
Sur Mary Shillito, je vous engage à visiter à l'occasion l'excellent site La rue de l'alchimie:
http://hermetism.free.fr/Avenieres/avenieres%2054.htm
Et Assan Farid Dina? Et bien, il semble qu'il soit né à Pamplemousse (île Maurice), encore que son acte de naissance n'ait encore pu être localisé.
Lui aussi paraît avoir encore des descendants, peut-être ceux de son frère. Comme la famille de Mary, celle d'Assan paraît actuellement non francophone mais anglophone, et toutes deux auraient des résidents britanniques et/ou nord-américains.
Parmi les inconnues qui concernent Dina, je mentionnerai le lieu de son tombeau, égyptien, sans doute, mais est-il à Suez, comme on le prétend parfois, ou au Caire, comme le dit entre autres Alain Bocher?
Tout cela est certes bel et bon, objecterez-vous à nouveau, mais quid du château des Avenières, cher à Mary comme à Assan?
Le livre d'Alain Bocher fourmille à son sujet d'informations et d'illustrations intéressantes, en particulier il présente une série assez complète, je trouve, de vues sur sa chapelle alchimique.
Je suis d'ailleurs encore à la recherche d'une autre source d'information, mentionnée sur le site de La Salévienne: un article de J.F. de Moussy de Sales, Historique et symbolisme du château des Avenières, paru en 1996 dans la Revue Savoisienne de la Société Florimontane d'Annecy.
Mais dans l'attente, que nous apprend Bocher?
Il nous dit notamment que le tarot de la chapelle des Avenières a sans doute été conçu par Oswald Wirth, dont nous avons vu le rôle voisin de celui de Julien Champagne auprès des Chacornac.
Il nous dit aussi que Wirth, "incontournable artiste peintre", était à une époque comme René Guénon un proche de Mary Shillito.
Que les Guénon comme les Wirth sont venus se reposer aux Avenières. Que Papus y ait venu également, ainsi que le Maître Philippe de Lyon "dont l'atelier et l'athanor de la rue aux Boeufs à Lyon étaient très souvent désertés pour se joindre à ses amis au château des Avenières."
Je crois donc que cette boucle là est désormais bien bouclée, même s'il faudra peut-être encore la reboucler.
Pour l'instant, nous allons refermer ce post sur cette splendide lame de l'Ermite, - hermit en anglais, - conçue par Dina et peut-être Wirth.
Coiffé d'un bonnet que l'on pourrait croire phrygien, vêtu de pourpre, l'initié s'avance, sur un chemin de braises, tenant haut sa lanterne aux foudres de Zeus. L' a-t-il allumé, ce feu du soleil, à un volcan?
Georges Humbert vient en tout cas de consacrer un bien beau petit livre aux Avenières, à l'occasion du centenaire de ce château, intervenu il y a quelques mois:
http://www.1berger.com/unberger.html
"Mon petit doigt m'a dit" qu'il est même préfacé par un connaisseur: André Dussolier.
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