Walter Grosse m'a récemment soufflé une excellente idée, qui est d'insister davantage sur les lieux de Julien Champagne, et c'est vrai que j'ai jusqu'alors surtout traité de ses oeuvres, de ses
proches...
Il y a bien eu le post sur sa dernière demeure : Julien Champagne, apôtre de la science hermétique, le 25 février 2006, mais depuis lors, on ne peut pas dire que j'aie été très disert sur le
sujet.
Et bien, on va tâcher de remonter dans le temps! Pour aujourd'hui, je vous propose de partir d'une brève indication retrouvée dans l'excellent livre de Luis Miguel Martinez Otero sur Fulcanelli,
Une biographie impossible (édition originale espagnole Obelisco, 1986, traduction française chez Arista, 1989).
Je ne connais pas d'autre édition de cet ouvrage, qui pourtant fourmille si on le lit attentivement de détails précieux et sur la personnalité profonde et même sur l'identité de l'Adepte.
Oh, elle est brève, au cas particulier, cette information, imprécise, même: 1897, Fulcanelli a 58 ans, Champagne fait son service militaire.
Pas de quoi faire un post, donc, même si je n'ai lu cela nulle part ailleurs. Seulement voilà...
L'ami Zadith est passé par là, et heureusement, dans le Forum de la Librairie du Merveilleux:
http://forum.aceboard.net/?login=50340
http://forum.aceboard.net/50340-2490-11094-1-CHAMPAGNE.htm
Et de nous signaler un très curieux article de René Marlière dans le numéro 368 de la revue Atlantis, consacré en 1992 aux demeures philosophales méconnues.
Oui, je sais, l'auteur a pu être inspiré par Otero. Mais tout de même, voici ce qu'il nous y dit en substance:
"L'abbaye bénédictine du Bec-Hellouin fut elle une demeure philosophale? De la florissante école du XIème siècle il reste des bâtiments conventuels reconstruits au XVIIIème siècle alignant 40
fenêtres apparemment identiques et pourtant toutes différentes; et la tour Saint Nicolas du XVème siècle.
Au sommet de celle-ci, sur un merlon sculpté, parmi d'autres graffiti, il en est un, bien dessiné, très creusé, qui a dû exiger un long travail à son auteur, J.Champagne.
Des inscriptions voisines situent l'ensemble de ces gravures personnelles à la fin du XIXème siècle.
Champagne avait vingt ans en 1897 et le Bec-Hellouin, depuis l'Empire, était un haras militaire chargé de la remonte. Julien Champagne fit-il son service dans la cavalerie? Et son esprit, de ce
fait ou pour toute autre raison locale, s'ouvrit-il à la cabale?"
Que l'esprit de Julien Champagne se soit ouvert à la cabale, me semble un fait avéré si on prend en compte son goût patenté des mystifications et surtout un précoce intérêt pour l'alchimie, qui
paraît même antérieur à sa majorité. S'il est le J.Champagne qui a laissé son nom au faîte de la tour Saint Nicolas, il avait déjà sans doute à ce moment oeuvré dans son propre laboratoire.
Ceci mis à part, tout ce que nous dit René Marlière dans ces quelques lignes me semble confirmé par les faits.
L'abbaye du Bec-Hellouin, dans l'Eure, dont l'orthographe capricieuse : Helluin, Halluin, Hallouin...semble faite pour décourager les curiosités, est une des plus anciennes de France, et son
jumelage avec celle de Canterbury, en Angleterre, pratiquement millénaire:
http://www.jedecouvrelafrance.com/f-2576.eure-abbaye-bec-hellouin.html
http://www.abbayedubec.com/
http://www.monum.fr/visitez/decouvrir/fiche.dml?lang=fr&id=68
http://www.visitorama.com/ppi/27/abbaye-Bec-Hellouin.htm
http://www.normandieweb.org/27/brionne/lebechellouin/index.html
Elle est également connue de certains universitaires ou autres amateurs spécialisés de par les marques de maçons ou tailleurs de pierre qu'on peut y trouver. Parmi les artisanats locaux, j'ai
relevé la présence d'un atelier de céramique, d'une poterie...
Cependant, sauf à en savoir plus sur la signification profonde de ces quarante fenêtres qui ont tant frappé Marlière, où à y découvrir des motifs ésotériques, dans la tour ou dans le
cloître, qui remonte également au XVème siècle, je n'ai rien trouvé pour l'instant de probant pour pouvoir l'ériger au rang de demeure philosophale.
Elle en tout cas n'en a pas besoin, elle a bien d'autres mérites. Tenez, prenez un de ses abbés les plus connus, Anselme d'Aoste (1033-1109).
En voilà un encore dont le patronyme est du genre balladeur. Car nous avons affaire ici également Anselme du Bec, à Anselme de Canterbury, ou Cantorbury, dont il fut plus tard archevèque, et puis
un peu plus tard bien sûr...à Saint Anselme.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Anselme_de_Cantorb%C3%A9ry
http://perso.orange.fr/sos.philosophie/anselme.htm
Il a tout de même réussi à précéder Thomas d'Aquin, Descartes, Leibniz et Kant en s'aventurant sur le terrrain de la recherche d'une preuve ontologique de l'existence de Dieu. Cette preuve, il la
voulait rationnelle, déjà: "Dieu est parfait, donc il existe."
Personnellement, cependant, ce que je préfère en lui, c'est un autre aspect de sa pensée: Il met l'homme au centre de la création, réfléchit sur le sens de l'incarnation...et cherche même à
trouver d'autres arguments prouvant l'existence de la divinité, qui seraient cosmologiques.
Là on se rapproche clairement d'une démarche alchimique, à mon sens, d'autant que cet homme de raison était aussi un homme d'intuition. Après tout, il aurait aussi bien pu écrire: "Nous
ressentons Dieu comme parfait, donc il existe."
Vous doutez, hommes et femmes de peu de foi? Alors, voici la citation de ce docteur de l'Eglise, père de la scolastique, que je préfère:
"Je ne cherche pas à comprendre afin de croire, mais je crois afin de comprendre. Car je crois ceci: A moins que je croie, je ne comprendrai pas."
http://www.mariedenazareth.com/2286.1.html
AVMGP
Ave , Virgo , Maria , Gratia Piena
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