Dessinée par Julien Champagne, la planche XIII de l'édition originale du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli représente deux médaillons du porche central de Notre Dame de Paris.
Respectivement consacrés à l'idolatrie et à l'avarice suivant l'interpétation moralisante classique, ils désignent en alchimie Le Sujet des Sages pour l'un, et pour le second Le Régime de Saturne.
Dans l'édition Pauvert du même ouvrage, ces bas-reliefs constituent les planches XXII et XXIII, et l'ordre de succession en est inversé.
Pour Fulcanelli, le médaillon consacré au Sujet des Sages n'est qu'une répétition fragmentaire de celui intitulé Origine et Résultat de la Pierre (voir mon post Cohobation de Julien Champagne du 8 août 2006).
Sur ce nouveau bas-relief, "l'Adepte s'y retrouve, mains jointes, dans l'attitude de la prière, et semble adresser des actions de grâce à la Nature, figurée sous les traits d'un buste féminin que reflète un miroir.
Nous reconnaissons, là, poursuit-il, l'hiéroglyphe du sujet des Sages, miroir dans lequel "on voit toute la nature à découvert."
Ce qui nous renvoie à mon post du 8 mars 2006, Champagne héritier de Jean Perréal, où j'évoquais la prudence, qui fait partie des gardes du corps de François II, également étudiés par Fulcanelli, mais dans Les Demeures Philosophales:
"Sujet des sages, Miroir de l'Art sont des synonymes hermétiques qui dérobent au vulgaire le nom véritable du minéral secret.
C'est dans ce miroir, disent les maîtres, que l'homme voit la nature à découvert."
"Un vieillard transi de froid, et courbé sous l'arc du médaillon suivant, s'appuie, las et défaillant, sur un bloc de pierre; une sorte manchon enveloppe sa main gauche."
Et Fulcanelli de commenter:
"Il est facile de reconnaître ici la première phase du second OEuvre, alors que le Rebis hermétique, enfermé au centre de l'Athanor, souffre la dislocation de ses parties et tend à se mortifier.
C'est le début, actif et doux, du feu de roue symbolisé par le froid et par l'hiver, période embryonnaire où les semences, encloses au sein de la terre philosophale, subissent l'influence fermentative de l'humidité.
C'est le règne de Saturne qui va paraître, emblême de la dissolution radicale, de la décomposition et de la couleur noire."
Du régime au règne de Saturne, il semble qu'il n'y ait qu'un pas, mais est-ce le bon, et Fulcanelli ne serait-il pas envieux dans ce passage?
Plus avant dans Le Mystère des Cathédrales, il semble assimiler le régime de Saturne à la voie sèche, qu'il opppose à la voie humide, réputée sophistique:
"Cette voie abrégée, couverte d'un voile épais, a été nommée par les Sages le Régime de Saturne. La cuisson de l'OEuvre, au lieu de nécessiter l'emploi d'un vase de verre, ne réclame plus que le secours d'un simple creuset."
Dans ses commentaires aux Douze clefs de la philosophie de Basile Valentin (Minuit, 1956), Eugène Canseliet reviendra également sur le régime de Saturne:
"Le Cosmopolite dépeint allégoriquement le feu secret comme le gardien inexorable, le juge et le geolier des prisons où le soufre demeure captif et soumis à sa volonté.
Et si l'Adepte le nomme Saturne, ce n'est pas qu'il veuille nous indiquer d'où ce feu tire son origine, mais seulement pour marquer la coloration noire qu'il prend avec le composé, laquelle coloration est le signe manifeste de l'accès au premier régime de l'OEuvre, le commencement, le réveil de la vie minérale."
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