Voici le livre le plus récent à ma connaissance sur lequel une oeuvre de Julien Champagne paraît en couverture.
Il s'agit de la troisième édition de l'ouvrage d'Eugène Canseliet qui est consacré à Deux Logis Alchimiques, la villa Palombara à Rome, en Italie, et le chateau du Plessis Bourré en France.
Je note au passage qu'il s'agit là avant le travail de Jean Laplace, qui est lui intégralement voué au four alchimique suisse de Winterthur, de la première tentative effectuée pour déborder du cadre exclusivement français en ce qui concerne les "demeures philosophales".
En effet, Fulcanelli n'a fait pour sa part que rédiger un chapitre de ses Demeures qui traite du cadran solaire britannique d'Holyrood.
Eugène Canseliet étant décédé en 1982, voici donc la première édition post-mortem de son travail, puique les deux précédentes éditions avaient été soumises de son vivant à son approbation, soit celle originale de Jean Schemit en 1945, puis en 1979 celle de Jean-Jacques Pauvert.
Cette dernière publication en date n'a donc pu être approuvée que par les héritiers de ses droits, et donc je suppose par un ou des membres de sa famille.
Due à Jean-Claude Bailly, en 1998, elle a fait l'objet comme l'édition originale d'un tirage restreint, qui semble pour l'essentiel avoir été limité à mille exemplaires numérotés.
A cette occasion, Bailly a fait réaliser, je suppose à titre publicitaire, un certain nombre de vignettes, dont nous reproduisons ici un exemplaire, en même temps que le cliché de la couverture de sa réédition.
Avant d'en revenir à Julien Champagne, je voudrais souligner le fait que les trois éditions à ce jour des Deux Logis Alchimiques de Canseliet sont toutes les trois différentes l'une de l'autre.
Toutes diffèrent par ajouts et soustractions. C'est ainsi que l'édition Bailly se distingue en particulier par une postface "bio-bibliographique" de Richard Caron et par l'inclusion d'une étude inédite de Canseliet dénommée "Réflexions Alchimiques sur la Nativité."
Le tableau de Champagne qui est reproduit sur la couverture et la vignette est bien entendu Le Vaisseau du Grand OEuvre.
Il a été réalisé en 1910, de même que le frontispice du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli, et comme plusieurs autres oeuvres d'"Hubert."
Ce tableau a fait l'objet et du premier post en date de ce blog, et du dernier en date.
On pourra en particulier se reporter à ce dernier pour reconstituer son historique, du moins tel que vu par votre serviteur.
Une des questions que pose ce magnifique ouvrage, d'inspiration clairement alchimique, est celui du modèle qui a posé pour Julien Champagne.
La thèse la plus répandue à ce jour conduit, avec Geneviève Dubois notamment, à privilégier une participation de Louise Barbe, chimiste chez Poulenc Frères, alchimiste, et première épouse du docteur Serge Voronoff.
Sans contredire formellement Dubois, Patrick Rivière a récemment proposé une autre piste, qui serait celle de l'actrice Henriette Roggers, laquelle épousa plus tard Claude Farrère.
Les deux jeunes femmes semblent avoir eu en commun de fréquenter certains salons de la bonne société, comme celui d'Irène Hillel-Erlanger, l'auteur des Voyages en kaléïdoscope.
Pour Geneviève Dubois, le portrait du modèle en question, qui constitue une des planches des éditions Pauvert et Bailly des Deux Logis, est celui de Louise Barbe.
Patrick Rivière paraissant émettre un doute, j'ai cherché à en savoir plus sur Mlle ou Mme Henriette Roggers.
Voici donc à nouveau et ci-dessus un certain nombre de photos de cette actrice, prises entre 1900 et 1910. Elle est alors au Théatre parisien de la Renaissance, ou à celui du Vaudeville, ou à La Galerie du Théatre.
http://www.abebooks.fr/servlet/SearchResults?bx=off&sts=t&ds=30&vci=2769696&bi=0&y=14&kn=
roggers&x=59&sortby=2
Si comme Patrick et moi vous doutez, reportez-vous au cliché du premier post de ce blog, et si vous le souhaitez bien sûr, dites m'en des nouvelles!
Dans son Paris, Secrets et Mystères (Le Mercure Dauphinois, 2006), Richard Khaitzine semble se rallier à l'hypothèse de Rivière:
"Pourquoi en faire mystère? La dame en question s'appelait Madame Rogers (sic) et était l'épouse de l'officier de marine et écrivain Frédéric Bargone, dit Claude Farrère."
Dans le CD-ROM sur Fulcanelli réalisé en 2000 avec Johan Dreue (Chronique d'un mystère annoncé) Khaitzine dit explicitement avoir bénéficié "photos à l'appui" d'une confidence d'Olivier Renaud
pour qui "la dame du portrait" n'était autre que Madame Roggers.
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