Avec Henri Coton, dit Coton-Alvart, nous avons affaire à un homme qui semble plutôt hostile à Julien Champagne, Eugène Canseliet et même Fulcanelli, autant le dire d'emblée.
Ce n'est pas à mon avis une raison suffisante pour ne pas évoquer sa mémoire, et outre celle de l'objectivité nécessaire, j'en vois plusieurs.
D'abord, il a connu semble-t-il Julien Champagne. Je dirai aussi que son parcours d'alchimiste est de qualité, et que son oeuvre mérite d'être connue, au delà même du "cercle des
philosophes."
Et puis, il fumait le calumet de la paix...
Dans son livre Fulcanelli dévoilé, Geneviève Dubois en dit quelques mots à propos de la fraternité des Veilleurs de René Schwaller (voir notre post Champagne par Geneviève Dubois du 13 mai
2006):
"Le chimiste et astrologue Henri Coton dit Alvart...eut pour disciple le docteur Emerit. Henri Coton naquit en 1894 et décéda en 1988.
Il quittera rapidement les Veilleurs pour se réfugier dans une solitude salutaire qui lui permit de menter à bien ses travaux alchimiques. Il obtint la pierre selon un témoin qui le connut
pendant quinze ans."
Mais voilà, dans la revue Avec Regards (N°2, ca 1991), Geneviève Dubois ajoutera :
"Dans le cercle extérieur des "Veilleurs", on trouvait un curieux personnage, qui en son temps défrayait la chronique. L'artiste-peintre Jean Julien Champagne avait rencontré René Schwaller à
Paris en 1913, à la "Closerie des Lilas", célèbre brasserie de Montparnasse. C'est là qu'il lui avait montré un manuscrit de Newton concernant l'alchimie.
Il faut dire que Champagne s'intéressait à cette science depuis son adolescence et qu'il avait toujours eu un laboratoire. Comme Schwaller et son groupe des Veilleurs était entièrement tourné
vers cette occupation, le contact s'établit malgré le peu de sympathie que Champagne inspirait à Aor...
Les Frères d'Elie furent donc liés à Champagne qui, lui, travaillait pour les de Lesseps et avait pris, en 1915, pour disciple le jeune Eugène Canseliet...
A l'époque, tous se rendaient à la Librairie du Merveilleux, 35 rue de Rennes à Paris où ils pouvaient échanger fructueusement avec le libraire Pierre Dujols, érudit, alchimiste et descendant des
Valois. C'était un ami intime de Champagne qui avait aussi une amitié très forte pour l'associé de Dujols, Thomas qui fut tué en 1914 et qui était maçon.
Henri Coton-Alvart dira plus tard sa grande admiration pour Dujols qu'il considérait comme un maître en matière d'alchimie, et son mépris pour Champagne."
Il faut dire que Pierre Dujols a même, selon Dubois, été le maître en alchimie d'"Alvart". En tout cas, il paraît établi à ses yeux qu'Henri Coton connaissait Julien Champagne.
http://www.eklectic-librairie.com/ArticlesAuteurs/GenevieveDubois.htm
Mais qui est l'"adepte" Henri Coton? Fils d'une émailleuse et d'un sculpteur, peintre-héraldiste, il entrera par la suite comme ingénieur chimiste à la Société alsacienne des explosifs.
Dans un des livres qu'Alexandra Charbonnier a consacré à Oscar Vladislas de Lubicz Mislosz (1877-1939), le poète lituanien grand ami de René Schwaller (O.V. Milosz, L'Age d'Homme, 1996), Henri Coton apparaît bien dans le cercle intérieur des Veilleurs, les frères d'Elie, et Alvart y est son nomen mysticum, comme Aor y est celui de Schwaller.
Il les quitte en 1921 pour suivre sa propre voie. De 1927 à 1935, il apparaît ensuite dans l'entourage de Paul Le Cour et de sa revue Atlantis. Il semble alors avoir cantonné ses apparitions
publiques à certains salons, comme celui de la toujours inévitable Nathalie Clifford Barney, à Paris, ou à Nice celui de Maurice Prozor.
Il s'était retiré de la vie active à Taillebourg, dans les Charentes, mais possédait aussi un laboratoire d'alchimie près de Saint-Paul de Vence, dans les Alpes Maritimes. Pour Geneviève Dubois,
il aurait accédé à l'adeptat dans les années 1970.
Henri Coton a peu publié de son vivant, et c'est son disciple en alchimie Henri La Croix Haute - le Dr Emerit étant surtout astrologue - qui a rassemblé une partie de ses écrits dans le recueil
intitulé Les deux lumières (Dervy, 1996), puis dans son volume Propos sur Les deux lumières (Le Mercure Dauphinois, Geneviève Dubois éditeur, 2001).
Notons également qu'Alvart paraît avoir inspiré beaucoup des pensées développées par son ami Robert Hollier, un médecin aveugle de Lyon qui fut président d'Atlantis, dans son livre Tohu Bohu (Omnium Littéraire, 1972).
Dans le livre qu'il a consacré à René Schwaller (Dervy, 2003), Erik Sablé affirme que Coton fut en fait vice-président des Veilleurs (le président en étant René Bruyez). Le même Coton en aurait
bien fait partie du cercle intérieur de 12 membres, que Sablé dit s'être appelé "Les Frères de l'Ordre mystique de la résurrection."
Pour lui, c'est sans doute Alvart qui fut à l'origine des connaissances de Schwaller en alchimie.
Avant de quitter Henri Coton, dont on souhaiterait savoir plus, notamment quant à ses rapports avec Julien Champagne, qu'ils fussent ou non mauvais, voyons ce qu'il pensait du Grand OEuvre
alchimique:
"Le monde créé contient en lui un principe hostile qui a provoqué l'événement qualifié de chute. Ce monde montre en toutes ses parties un dramatique mélange de vie de mort, de sagesse et d'absurdité. La notion centrale de l'hermétisme est l'intervention efficace, curative et prépondérante de l'unité manifestée pour surmonter le facteur pathogène du monde.
Mystiquement, c'est le Christ (Louis Cattiaux, dans son admirable Le Message retrouvé, ne dit pas autre chose, lui qui réalisa le Grand-Œuvre sans faire de bruit) ; physiquement, c'est la pierre philosophale. Elle existe partout présente, car sans une étincelle de cet agent, il n'y aurait ni vie ni permanence.
La pierre philosophale n'est ni une création ni une fabrication de l'alchimiste. Tout ce que celui-ci peut faire est de la prendre là où elle est, la rassembler, la séparer de sa gangue, la purifier, la placer dans son vaisseau et suivant le cas l'administrer à qui en bénéficiera ou la renvoyer dans sa pureté de lumière au monde céleste d'où elle est venue. »
http://www.france-spiritualites.com/PHenriCotonAlvart.html
Et pour ne pas terminer cette première approche des liens entre Alvart et "Hubert" sur un...lien informatique, mentionnons l'amitié qui unit les Coton et les Celli, Rose Celli, qui en 1925 eut le prix Fémina, était une amie de la comtesse Prozor, et son compagnon, le peintre Elmiro Celli (vers 1870-1954), fut un frère d'Elie.
Les Celli furent également proches de Milosz (Pierre d'Elie) et des Schwaller (René Schwaller aurait aidé le peintre, comme il aida Carlos Larronde). On trouve d'ailleurs un tableau d'Elmiro en couverture de l'ouvrage d'Isha Schwaller, La lumière du chemin, dont je reproduis ici l'image anglo-saxonne. Ce tableau a fait partie de la collection d'Aor et d'Isha. Son titre? "La voie de la lumière".
http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-d-henri-coton-a-champagne-123372019.html
ARCHER