Walter Grosse est persuadé que c'est par l'entremise des Chacornac que Julien Champagne a fait la connaissance de Fulcanelli.
Grâce à Calendrier, nous savons en tout cas qu'ils furent peut-être les premiers éditeurs d'"Hubert". Toujours extrait de leur Bibliographie de la science occulte (1912), voici donc, et un portrait d'Henri Chacornac (1855-1907), et sa biographie écrite par son fils Paul.
Notons au passage qu'Henri Chacornac présente cette double particularité d'être le cadet de Fulcanelli de vingt années environ, et l'aîné de Julien Champagne...d'environ vingt années.
"Vers l'année 1873, habitait au 3, Rue Jean de Beauvais, une famille de relieurs, très estimée sur la place de Paris, du nom de Chacornac.
L'un des fils, Henri Chacornac, devint en 1880 le gendre de Jules Lermina, le romancier bien connu. C'est de cette époque que date la vocation de mon père.
En 1883, il vint s'établir libraire sur le quai Montebello, dans une baraque Collet, tout contre l'Hôtel-Dieu, aujourd'hui disparu.
Les débuts furent difficiles, mais à force de patience et de courage, il parvint au résultat de ses efforts et s'installa définitivement, l'année suivante, 11, quai Saint-Michel, dans le local actuel de la Librairie.
En ce temps, Henry Chacornac s'occupait exclusivement de littérature; il édita à ses frais quelques oeuvres excellentes de Jules Lermina, Barbey d'Aurevilly, Léo Trézenick, etc...
Cependant, l'occultisme l'attirait et, en 1888, il fut l'un des premiers libraires parisiens qui, au moment où la vente de ces livres était difficile, osa entreprendre une tâche où pas mal se découragèrent.
Quelques mois plus tard, il édita son premier ouvrage d'occultisme: L'Or et la Transmutation des métaux, par Tiffereau.
L'année suivante, voulant donner plus d'extension à ses affaires, il créa la "Bibliothèque Chacornac" qui d'un meuble devint une firme célèbre.
C'est à cette époque qu'il fit la connaissance d'Albert Poisson que la mort devait ravir si rapidement à l'affection de ses amis.
En mars 1890, Henri Chacornac fit paraître son premier catalogue d'ouvrages anciens et modernes relatifs aux Sciences Hermétiques.
Sa maison devint bientôt un des centres du mouvement spiritualiste, et les chefs de chaque école devinrent ses amis.
Dans l'intervalle, un certain nombre d'ouvrages firent leur apparition et bientôt M. René Philippon lui confia la vente de la Bibliothèque Rosicrucienne.
Enfin, en 1901, mon père fit l'acquisition des livres du fonds de Sciences Occultes connu sous le nom de Librairie du Merveilleux et fondée en 1888 par Chamuel.
C'est alors et avec raison qu'il dénomma sa librairie: Librairie Générale des Sciences Occultes.
Le premier catalogue raisonné parut en 1903; 3 ans plus tard, le 2e catalogue, illustré cette fois, devint une véritable rareté.
Mais, malheureusement, la mort guettait Henri Chacornac. Décoré des Palmes Académiques en mars, il s'éteignit le 27 mai 1907, après 30 années d'un labeur acharné, de luttes continuelles, au moment où il aurait pu se reposer et recueillir le bien-être dû à son courage et à sa persévérance.
La vie de Henri Chacornac est un modèle du genre.
Fils de ses OEuvres, il sut par son honnêteté et sa bonté s'allier la sympathie de tous et l'on peut dire, sans conteste, que la Librairie Générale des Sciences Occultes est, à l'heure actuelle, la plus justement réputée des librairies spiritualistes."
J'ajouterai simplement que, dans son introduction, Papus se fait comme l'écho de l'avis reproduit ci-dessus de Paul Chacornac sur son père:
"Tous les auteurs qui ont aimé l'occulte ont gardé pour le Père Chacornac une amitié sincère doublée parfois de reconnaissance.
Sa famille rend toujours de précieux services à notre cause en éditant, à côté d'ouvrages de vente immédiate, des classiques de faible rapport commercial, mais de grande valeur intellectuelle."
Voici les auteurs alchimiques répertoriés dans ce catalogue de 1912: Roger Bacon, Jacob Boehme, John Dee, Charles Galder, Jules Grillot de Givry, Abel Haatan, Marc Haven, Jacob, Heinrich Khunrath, Albert Poisson, Saint-Thomas d'Aquin, Saint-Yves d'Alveydre, et Tiffereau.
Rappelons finalement que la partie alchimie de la bibliographie présentée par Sédir s'ouvre, comme mentionné dans mon post du 17 juillet 2006: Champagne en 1912, par le futur frontispice du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli (1926), "conçu et dessiné" en 1910 par Julien Champagne, et dont voici une nouvelle reproduction, bien plus nette encore.
http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-da-henri-charconac-a-champagne-118170121.html
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