Lors de notre post du 25 février 2006, nous avons déjà traité de Julien Champagne comme Héraut mystique de Thiers, au travers d'une gravure extraite du chapitre des Demeures Philosophales de Fulcanelli qui est consacré à cette surprenante effigie.
En voici une seconde, qui constitue la planche XVII des Demeures, et est simplement intitulée: Thiers
( Puy-de-Dôme) Maison de l'Homme des Bois (XVe siècle).
J'en profite également pour vous montrer un cliché de la maison dans son état actuel, où l'on peut voir en particulier que la chapelle cornière a disparu.
Mais l'Homme des Bois, grâce à Dieu, veille toujours sur cette demeure. Si je vous offre aussi un gros plan de ce philosophe et de l'extrémité de son bâton de pélerin, c'est que je voudrais en profiter pour revenir brièvement sur cette marotte, dont la signification profonde a déjà été soulignée précédemment.
"Le fou, disions nous finalement avec Fulcanelli, emblème humanisé des enfants d'Hermès, évoque encore le mercure lui-même, unique et propre matière des sages."
Ajoutons aujourd'hui, toujours avec cet Adepte:
"C'est cet artifex in opere dont parle l'Hymne de l'Eglise chrétienne, cet artisan caché au centre de l'ouvrage, capable de tout faire avec l'aide extérieure de l'alchimiste. C'est donc lui le maître absolu de l'OEuvre, le travailleur obscur et jamais oisif, l'agent secret et le fidèle ou loyal serviteur du philosophe.
Et c'est cette incessante collaboration de la prévoyance humaine et de l'activité naturelle, cette dualité de l'effort combiné et dirigé vers un même but, qu'exprime le grand symbole thiernois. "
Et Fulcanelli de compléter encore son enseignement relatif à ce symbole:
"Au surplus, la marotte des fous, qui est positivement un hochet..., objet d'amusement des tout petits et joujou du premier âge, ne diffère pas du caducée. Les deux attributs offrent entre eux une évidente analogie, quoique la marotte exprime, en plus, cette simplicité native que possèdent les enfants et que la science exige des sages...
Tracez un cercle à l'extrémité supérieure d'une verticale, ajoutez au cercle deux cornes, et vous aurez le graphique secret utilisé par les alchimistes médiévaux pour désigner leur matière mercurielle."
En définitive, pour l'auteur des Demeures Philosophales, le nom même de la marotte, "diminutif de mérotte, petite mère, selon certains, ou de Marie, la mère universelle, selon d'autres, souligne la nature féminine et la vertu génératrice du mercure hermétique, mère et nourrice de notre roi."
Il n'est jusqu'au grelot, accessoire des marottes de fous, ajoutera l'Adepte à la fin de son étude du grimoire du chateau de Dampierre, toujours dans les Demeures, qui n'ait lui aussi un sens caché.
Le diable n'est décidémment pas le seul à être dans les détails, il y est sans aucun doute en excellente compagnie.
On pourra si on veut trouver plusieurs autres images de la maison thiernoise de l'Homme des Bois sur l'excellent site des Amis de l'Alchimie:
http://alchimie-pratique.org/
http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-julien-champagne-a-la-marotte-83879168.html
L'origine de la demeure philosophale de Thiers reste obscure, y compris aux yeux des Thiernois, selon Fulcanelli. La seule possibilité que nous ayons trouvée mentionnée à ce jour figure au bas d'une carte postale ancienne, reproduite ci-dessous.
G. D'O, ô cher Grasset d'Orcet, y émet l'opinion que la maison "de l'homme des bois" fut construite en 1423 par un certain Guillaume de Bouilhé du Chariol, seigneur de Thiers.
Il existe une généalogie de cette famille, dont le nom est parfois aussi écrit Bouillé, voire Boulier:
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5664976k/f5.image
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5664976k/f6.image
Notre homme pourrait donc être, sous toute réserve, Guillaume III de Boulier ou Bouillé du Chariol, décédé en 1428, dont l'épouse puis la veuve Dame Phélipe de Montrevel, nous apprend notre généalogiste, "eut pour son lot la tour et hôtel de Tihert, situés en Auvergne."
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