Représentations respectives de l'obéissance et de la persévérance suivant l'acception moralisante traditionnelle, les deux médaillons ci-dessus du porche central de Notre Dame de Paris constituent la planche VIII de l'édition originale du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli, illustrée par Julien Champagne.
Le premier symbolise en alchimie la Conjonction du Soufre et du Mercure, et le Second y est dénommé L'Athanor et la Pierre.
"C'est un griffon que l'on voit inscrit dans le cercle suivant, commente Fulcanelli.
Le monstre mythologique dont la tête et la poitrine sont celles de l'aigle, et qui emprunte au lion le reste du corps, initie l'investigateur aux qualités contraires qu'il faut nécessairement assembler dans la matière philosophale.
Nous trouvons en cette image l'hiéroglyphe de la première conjonction, laquelle ne s'opère que peu à peu, au fur et à mesure de ce labeur pénible et fastidieux que les philosophes ont appelé leurs aigles.
La série d'opérations dont l'ensemble aboutit à l'union intime du soufre et du mercure porte aussi le nom de Sublimation.
C'est par la réitération des Aigles ou Sublimations philosophiques que le mercure exalté se dépouille de ses parties grossières et terrestres, de son humidité superflue, et s'empare d'une portion du corps fixe, qu'il dissout, absorbe et assimile."
Fulcanelli est nettement moins disert à propos du motif suivant:
"Sur le septième bas-relief de cette série, - le premier à droite, - nous remarquons une coupe longitudinale de l'Athanor et l'appareillage interne destiné à supporter l'oeuf philosophique; de la main droite, le personnage tient une pierre."
Rappelons que la tradition alchimique exige que cet Athanor, ou four de l'alchimiste, dans lequel ce dernier va s'efforcer de susciter une génération, soit construit des mains mêmes de l'artiste.
Dans son Alchimie expliquée (Pauvert, 1972), Eugène Canseliet divulguera une part de ses essais personnels dans ce domaine, en citant ce passage d'une de ses lettres à un ami "Labourant" comme lui, au début des années 1950:
"A l'égard de mon appareil en construction, de mon athanor dirai-je donc, tes suggestions sont très pertinentes.
Le rôle et l'intérêt de la balance, crois-le bien, ne m'échappent pas, laquelle doit-être, ainsi que tu l'auras toi-même envisagé, un trébuchet, devant la double nécessité du montage et de la précision.
Le creuset...évidemment, ne peut être soutenu au-dessus de la flamme du brûleur, que par un dispositif plongeant de l'extérieur et de haut en bas..."
"Les motifs ornant le côté droit sont de lecture...ingrate", se désole à cet endroit Fulcanelli.
"Noircis et rongés, ils doivent surtout leur détérioration à l'orientation de cette partie du porche. Balayés par les vents d'ouest, sept siècles de rafales les ont effrités jusqu'au point de réduire certains d'entre eux à l'état de silhouettes mousses et floues."
Il en est particulièrement ainsi du motif de l'Ahanor, dont pour se faire une meilleure idée et pour ainsi dire afin de se servir de lui dans le but de remonter le temps destructeur, on pourra comparer ici un cliché contemporain aux dessins de Julien Champagne, d'abord celui de l'édition 1957 du Mystère, puis, finalement, celui, bien plus net, de l'édition 1926 et originale.
La netteté relative de cette dernière apparaît sans aucun doute bien plus satisfaisante: Voyez encore une fois l'Athanor!
http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-julien-champagne-a-l-athanor-83878892.html
ARCHER