Dans son livre Fulcanelli dévoilé, Geneviève Dubois attribue l'initiation alchimique de Julien Champagne à Félix Gaboriau, né en 1861 et mort en 1911.
Elle ajoute que Gaboriau consacra sa vie et le petit héritage dont il disposait à une revue théosophique, Le Lotus.
Elle reproduit également deux lettres de Félix adressées en 1887 et 1888 à un correspondant qui ne semble pas être Champagne, mais plutôt un journaliste de l'entourage de Papus, voire Papus lui-même. Ces lettres sont conservées à la bibliothèque municipale de Lyon.
Ce Gaboriau n'est donc pas l'auteur de romans policiers Emile Gaboriau (1832-1873), auteur en particulier de L'affaire Lerouge (1866), chère à André Gide, et précurseur de Maurice Leblanc et de son Arsène Lupin. Mais qui était Félix Gaboriau?
Force est de constater que nous disposons à ce stade de peu d'éléments à son sujet, et que sur ce point comme sur tant d'autres toutes précisions seront les bienvenues.
Il semble que dans le cadre du mouvement martiniste, Papus, autrement dit Gérard Encausse (1865-1916) -nos photos - soit en 1887-1888 précisément, entré en relation avec Félix "Krishna" Gaboriau (FKG), Breton, intransigeant et ardent de conviction, directeur de la revue Le Lotus rouge.
Nous retrouvons ici la mouvance martiniste (se réclamant de Louis-Claude de Saint-Martin) que nous avons déjà rencontrée à propos de Jules Boucher.
Papus est notamment l'auteur d'un Traité de science occulte (1888), et aussi de La pierre philosophale (1889).
Mais quid du Lotus, qui se situe lui clairement dans une perspective théosophique? Voici ce que j'en sais pour l'instant. Il parut au moins de 1887 à 1889. Baptisé "revue des hautes études théosophiques", il aurait été fondé par le spirite René Caillié (1831-1986), bien en cours à l'époque dans les cercles papusiens et qui serait également à l'origine d'une Fraternité de l'Etoile...
Je relève dans ce Lotus,dès 1887, un article de Papus intitulé La pierre philosophale prouvée par les faits. Puis la même année un De l'alchimie. Et un La table d'émeraude d'Hermès. Dans le même temps, aucun article signé Gaboriau n'a de titre à connotation alchimique.
Le Lotus fait parallèlement une place significative à la théosophe Helena Petrovna Blavatsky (1831-1891), auteur bien connue des livres Isis dévoilée (1877) et la Doctrine secrète (1888), mais aussi d'un article sur l'alchimie au XIXème siècle.
Nous retrouvons donc sans trop de surprise Gaboriau dans une revue théosophique londonienne
d'obédience "blavatskienne", Lucifer, parue de 1887 à 1897. Gaboriau y paraît de nouveau, brièvement, en 1888, associé à un certain A. Froment. Mais toujours pas d'alchimie dans son propos, apparemment.
En fait, il semble bien que dès 1888 Gaboriau et Froment aient quitté la société théosophique. On trouvera un écho des relations tendues de Félix avec Blavatsky dans le livre de Charles Blech, Histoire de la ST en France (Adyar, 1933).
Il aurait ensuite traduit l'ouvrage de Franz Hartmann: Une aventure chez les Rose-Croix (1893) que Chacornac publia en 1913 (réédition par L'Or du Temps, Grenoble, en 1981). Et Julien Champagne dans tout çà? Mystère.
http://maxjulienchampagne.over-blog.it/article-gaboriau-e-champagne-gaboriau-et-champagne--35786808.html
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